La campagne de Russie. Lettre d’information ASAF de juillet 2018
LA RÉDACTION
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La campagne de Russie
L’équipe de France vient d’être « sacrée » championne du monde de football à Moscou. Notre pays, en liesse, reprend confiance en lui et exprime sans complexe sa fierté ; les drapeaux fleurissent et la Marseillaise ne cesse d’être entonnée. Ce retour d’une campagne victorieuse renforce, pour un temps, le sentiment d’appartenance des Français, d’autant que l’on préfère appartenir à un pays qui gagne et qui réussit ce qu’il entreprend. On est loin des propos culpabilisants d’une repentance proclamée par idéologie ou ignorance. Faisons ainsi reprendre conscience aux Français qu’ils appartiennent à une « grande Nation », qui souhaite le demeurer
1- Il est cependant évident que cette campagne victorieuse n’a pas grand-chose à voir avec une opération militaire. Point de morts ou de blessés, pas d’asservissement en cas de défaite.
Cette campagne a été conduite par un entraîneur et une équipe de 23 joueurs soutenus quotidiennement et au plus près par vingt membres du « staff » pour une campagne de cinq semaines précédée de trois semaines de cohésion à Clairefontaine.
Sept matches de 90 minutes, soit 10h30 de jeu, d’affrontement sur un terrain plat soigneusement entretenu d’environ 105 m sur 68 m et selon des règles bien précises imposées par un arbitre doté de tous les pouvoirs ou presque sur les joueurs.
Les forces et faiblesses des équipes ainsi que leur tactique et leur dispositif étaient bien connus de leurs adversaires.
Enfin cette équipe de France a été soutenue durant les cinq semaines par tous les médias et l’ensemble des Français même si ceux-ci s’avèrent parfois exigeants. Ce soutien est indispensable aux joueurs tenus de surmonter la responsabilité qui leur est imposée par la Nation.
Il n’échappe donc à personne que ces matches n’ont rien à voir avec les combats que conduisent nos soldats depuis 2013, au Sahel.
2- De cette campagne de Russie, il est pourtant possible de tirer des enseignements pour la Nation, car les principes d’action utilisés, mis en œuvre au quotidien par les militaires, sont ceux qui mènent au succès.
Un constat préalable
Les Français sont, dit-on, individualistes mais combien de pays en Europe et dans le monde possèdent autant d’équipes de niveau mondial ou européen dans les grands sports : football, handball, basket-ball, volley-ball et rugby ? Il y a sans doute un goût prononcé pour les jeux de ballon, mais aussi bien d’autres raisons qui devraient nous réjouir.
Formation et sélection sont à la base de tout succès
Il existe en France, au moins pour le football, un système de formation et de sélection remarquable, constitué par un maillage dense de centres de formation et des cadres de grande qualité qui se dévouent à former avec le souci de détecter les meilleurs et faire émerger les sujets d’élite. Outre le brassage de dizaines de milliers de jeunes entre 8 à 18 ans, ces cadres participent à l’éducation à la discipline et au respect par le biais des règles du jeu.
Le sport, école du respect mais aussi du dépassement où se croisent des jeunes venus de tous les horizons, ne constitue-t-il pas, de fait, une école de civisme performante ?
Point n’est donc besoin d’un illusoire service national universel (SNU) d’un mois (en deux fois quinze jours ???), mort-né malgré l’acharnement thérapeutique dont il est l’objet. On trouve dans l’Éducation nationale, qui dure 13 ans au minimum et où la dimension sportive pourrait être développée, tous les ingrédients pour faire d’enfants de 3 ans, des adolescents de 16 bien dans leur peau sous réserve de s’approprier et d’appliquer les principes mis en œuvre ces dernières années dans le football par Didier Deschamps : goût du travail bien fait, respect des autres et des règles.
Un sélectionneur et un staff pour l’encadrement
Il n’y a pas de succès sans chefs de valeur comme l’ont été Aimé Jacquet, Didier Deschamps ou Daniel Costantini pour le handball. Les Gaulois ont besoin de chefs dont l’autorité est reconnue, exigeants pour eux-mêmes et pour les joueurs, plaçant le travail, l’esprit d’équipe et le goût de vaincre comme conditions premières du succès.
Dans cette équipe, comme dans toute équipe gagnante, chaque joueur sait qu’il ne possède pas tous les talents mais qu’il doit s’appliquer à tirer le meilleur parti de celui dont il a hérité et à en faire bénéficier l’équipe.
Nous sommes loin du système des joueurs « vedettes » recherchant avidement le succès pour eux-mêmes, ce qui mène infailliblement aux catastrophes. C’est d’ailleurs ce qui a conduit Didier Deschamps à se priver de joueurs au talent «footballistique » indéniable, mais qui auraient pu, selon lui, nuire à la cohésion de l’équipe.
Un pays qui soutient
« Unie, la France est invincible » disait l’Empereur. La France a exprimé sa foi et son soutien indéfectible aux Bleus.
Dans moins de 4 mois nous célèbrerons l’Armistice de 1918 et l’ASAF aurait souhaité qu’à cette occasion, le message officiel rappelât que la cohésion de la Nation et la façon exemplaire dont « l’arrière a soutenu l’avant » furent les raisons premières de notre victoire sur l’Allemagne. Les Français n’ont en effet jamais cessé de soutenir leur armée jusqu’aux derniers jours de la Grande Guerre.
Ce qui était valable hier et tout au long des quinze siècles de notre Histoire l’est toujours autant, que ce soit pour gagner une coupe du monde ou pour vaincre un ennemi qui « vient égorger nos fils et nos compagnes ».
Cette victoire des Bleus rappelle à tous les Français que notre pays doit viser haut et avoir une ambition digne de son Histoire. La France ne pourra demeurer la même que si elle dépasse ses divisions, conjugue ses talents, rassemble ses forces, et si ses responsables ont pour première préoccupation de servir l’intérêt national.