Modernisation, rigueur, le président Emmanuel Macron dessine les principes de la Loi de programmation militaire
La Voix du Nord 19/01/2018
Le président Emmanuel Macron a profité de ses vœux aux armées, ce vendredi à Toulon à bord du PBC Dixmude (photo AFP), pour présenter les grandes lignes de la prochaine loi de programmation militaire (2019-2025), attendue au programme du conseil des ministres du 7 février.
Pour « arrêter la lente érosion de nos capacités militaires », il faut des moyens. Le président le sait et veut poursuivre « un effort budgétaire inédit » vers les 2 % de PIB en 2025. Il confirme l’augmentation du budget 2018 à 34,2 milliards d’euros (+ 1,8 md, puis 1,7 md chaque année jusqu’en 2022). Il annonce une marche sévère de 3 milliards d’euros en 2023 pour tenir le cap mais ce sera un an après la prochaine élection présidentielle…
Emmanuel Macron veut une armée nouvelle mais plus rigoureuse financièrement (euphémisme). Il prévient : « Chaque dépense sera évaluée à l’aune de son utilité. » Son mot d’ordre, alors qu’il tape du doigt le pupitre : « La confiance retrouvée et l’exigence qui va avec. » L’ombre du général de Villiers plane un instant.
Son credo de la sincérisation budgétaire va amener le ministère des Armées à assumer, seul ou presque, le coût des opérations extérieures. De 450 millions sous-budgétés en 2017 à 650 M€ en 2018 et 1,1 milliard d’euros en 2020. Un écueil apparent : la tentation pour le ministère de freiner la dépense si la solidarité interministérielle disparaît…
Si le président veut donner la priorité à l’entraînement, aux infrastructures et au soutien, la Loi de programmation militaire va accélérer la modernisation des capacités : véhicules blindés médians du programme Scorpion pour l’armée de terre (les Griffon et les Jaguar pour remplacer les VAB et les AMX10), pétroliers-ravitailleurs et patrouilleurs pour la marine, avions ravitailleurs et moyens de renseignement aéroportés pour l’armée de l’air. Le renseignement et la cyberdéfense seront également renforcés.
Au bout de ce renouvellement, un nouveau contrat opérationnel : s’engager dans la durée simultanément sur trois théâtres d’opérations, dont un comme nation-cadre et un autre comme contributeur majeur d’une coalition.
Le président souhaite aussi augmenter la coopération, notamment à travers l’initiative européenne d’intervention. Il veut changer la culture européenne de défense et de sécurité : moins de normes, rapprochements industriels. « N’ayez pas peur », rappelle Emmanuel Macron qui doit reconquérir les armées après le psychodrame de juillet et la démission du général de Villiers.
Il veut enfin « innover face aux défis futurs ». Avec la Direction générale de l’armement mais aussi les industriels de défense à qui il adresse de sévères remontrances : « Nous devons aller vers un meilleur rapport coût/efficacité. » Au passage et sur un navire, il enterre un éventuel projet de deuxième porte-avions : « On pourrait tout faire. » Il ne veut pas « de batailles d’arrière-garde, de bruits de couloirs et de coursives pour que l’Etat dépense ». Il le fera pour l’accompagnement des familles et l’amélioration des conditions de vie, ce qu’attendent depuis longtemps les militaires.
Dernière chose annoncée par le président, l’ouverture du chantier du service national universel qui verra le jour avant la fin du quinquennat (une mission d’information de l’Assemblée nationale débutera sur le sujet le 31 janvier). Il concernera plusieurs ministères, » pas seulement celui des Armées « . Là aussi, les militaires respirent.