A la découverte du Jaguar, le nouveau blindé, seigneur de Canjuers
Pièce maîtresse dans la transformation de l’armée de Terre, le 1er Régiment de chasseurs d’Afrique vient de recevoir ses premiers Jaguar. Des blindés aux capacités impressionnantes.
Pierre-Louis Pagès – Var matin – Publié le 10/02/2022
Que les loups ayant colonisé le plateau de Canjuers se le disent: un nouveau seigneur règne en ces lieux. Depuis décembre 2021, une vingtaine de Jaguar ont été repérés parcourant les pistes et chemins accidentés du camp militaire. Ce Jaguar n’est pas un animal, mais le dernier né des véhicules appelés à équiper prochainement l’armée de Terre. Désigné par le sigle EBRC (engin blindé de reconnaissance et de combat) dans le jargon militaire, le Jaguar fait partie du programme Scorpion. Un programme « ambitieux » de renouvellement et de modernisation des capacités de combat de nos soldats.
Des capacités de franchissement impressionnantes
Après la livraison – déjà à Canjuers – des premiers Griffon en 2019, le Jaguar est un peu comme le deuxième étage de la fusée Scorpion. Une fusée à 10 milliards d’Euros, dont deux milliards pour les 300 exemplaires du Jaguar qui seront livrés à l’horizon 2030, et qui prévoit également la livraison de 978 Serval, un nouveau véhicule blindé léger dont les premiers exemplaires arriveront en fin d’année, la modernisation de 200 chars Leclerc et l’adoption d’un tout nouveau système d’information et de combat.
Baptisé SICS, il permettra de partager en temps réel la situation tactique entre les soldats et les véhicules engagés sur le terrain, ce qui devrait garantir à nos forces une supériorité opérationnelle sur l’ennemi. Le programme Scorpion va « faire passer l’armée de Terre française de la 2G à la 5G », résume schématiquement une plaquette du ministère des Armées.
Il est capable de gravir des pentes de 50% et franchir des gués de 1,2m
Mais revenons à la star du moment: le Jaguar. Sur les 35.000 hectares de jeu qu’offre Canjuers, plus grand camp d’Europe occidentale, le blindé se joue des obstacles. « En six roues motrices, il est capable de gravir des pentes de 50% et franchir des gués de 1,2m », détaille un officier du 1er Régiment de chasseurs d’Afrique (1er RCA), désigné centre de formation et de perception unique pour les Griffon et Jaguar.
Mais ce dernier ne se distingue pas de l’AMX 10 RC, qu’il est appelé à remplacer, par sa seule agilité. « Par rapport aux anciennes générations, le Jaguar offre une meilleure protection, sa capacité d’emport de munitions (180 obus de 40 mm et quatre missiles antichars) et la portée de ses armes sont améliorées. De plus, il est équipé de capteurs d’observation très performants, ainsi que de détecteur de mouvement et d’alerte laser », précise le colonel Damien, officier de programme Scorpion.
La formation assurée par le 1er RCA
Comparé au canon de 105 mm qui équipe l’AMX 10 RC, on pourrait pourtant croire que le Jaguar ne fait pas le poids avec son « modeste » 40 mm. « Les munitions ont évolué. Avec sa capacité de tirer par rafales de 3 ou 5 obus, on obtient le même effet sur la cible », assure le lieutenant Michael, en charge de la formation pilote et tireur sur Jaguar.
Des formations assurées par le 1er RCA et qui dureront entre trois semaines pour les pilotes et tireurs et jusqu’à six semaines pour les chefs d’engins. Sur les sept régiments destinés à être « jaguarisés » d’ici 2026, le 1er Régiment étranger de cavalerie de Carpiagne (Bouches-du-Rhône) et le Régiment d’infanterie chars de marine de Poitiers seront les premiers. L’objectif affiché par l’État-major est de disposer d’une brigade armée du Jaguar projetable en opération extérieure dès 2023.