La ministre des Armées annonce un « financement exceptionnel » pour la recherche aérospatiale française
L’événement n’a pas suscité autant d’attention qu’il en aurait mérité… À l’heure où l’on parle pourtant de plus en plus de développer des engins hypersoniques, le projet « HEXAFLY-INTernational » a officiellement été lancé en octobre 2018.
D’origine européenne, ce programme visait initialement à mettre au point un concept d’avion civil de transport de classe Mach 8. Élargi à d’autres acteurs [Russie, Australie et Brésil], il affiche l’objectif de réaliser, d’ici 2020, des essais en vol d’un planeur hypersonique.
Et l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] y tiendra un rôle important dans la mesure où il participe « à la conception mécanique de la chaîne d’actionnement des élevons, au management thermique du véhicule, ainsi qu’au suivi des essais au sol. » Et ce centre français de recherche d’ajouter : « . Il s’agit notamment d’essais aérodynamiques en soufflerie, mais aussi d’essais de combustion préfigurant, au-delà du présent programme, les éventuels essais en vol d’une version propulsée du véhicule. »
Ce projet démontre, s’il en était encore besoin, l’excellence de la recherche aérospatiale française, tant dans le domaine civil que militaire. Sa réputation est internationalement reconnue, la Nasa, par exemple, en ayant fait son premier partenaire en recherche aéronautique, Ce qu’a rappelé Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une visite au site de l’ONERA implanté à Palaiseau, ce 10 janvier.
« Les stato-réacteurs qui sont l’une des clés de voûte de notre dissuasion aéroportée ont vu le jour dans les ateliers de l’ONERA. En étudiant l’aérodynamique, la furtivité, les matériaux, la navigation inertielle et la pénétration des défenses adverses pour la composante aéroportée, l’ONERA se place parmi les acteurs indispensables de notre dissuasion et donc de notre souveraineté », a en effet souligné Mme Parly. « Vos travaux et vos innovations servent des femmes et des hommes, qui prendront les airs et défendront la France. Votre travail, c’est pour eux, pour tous les pilotes qui, demain, en opération comme à l’entrainement s’empareront du ciel », a-t-elle insisté.
Pour la première visite, depuis 20 ans, d’un ministre des Armées à l’ONERA, et outre la Médaille de l’aéronautique qu’elle lui a remis, Mme Parly n’est pas venue les mains vides. Ainsi, elle a annoncé un investissement « exceptionnel » pour garantir l’avenir de ce centre de recherches.
« 160 millions d’euros, voilà l’enveloppe majeure que nous vous accordons. 160 millions pour mener à bien vos projets, pour permettre à votre expertise de pleinement s’exprimer. 160 millions d’euros pour réussir le projet déterminant de regroupement de vos trois implantations d’Ile de France, ici à Palaiseau, sur le plateau de Saclay », a détaillé la ministre.
Le regroupement des deux autres implantations franciliennes de l’ONERA [celles de Meudon et de Châtillon] à Palaiseau est en effet un dossier qui traîne depuis déjà près de 20 ans. Comme a eu l’occasion de l’expliquer Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées en avril dernier, au Sénat, il « doit notamment permettre à la fois un fonctionnement intégré des différents départements de l’ONERA et […] des économies de fonctionnement. » En outre, avait-elle continué, « il est aussi prévu une implantation de l’ONERA à proximité directe du nouveau bâtiment ‘Pôle de mécanique’ de l’École polytechnique et de l’École nationale supérieure de techniques avancées, l’ENSTA, laquelle s’inscrit dans l’objectif de renforcer les liens entre l’ONERA et ces écoles. »
« La logique de ce regroupement à Palaiseau procède aussi de la proximité du potentiel scientifique unique en France qui se trouve autour du plateau de Saclay », avait encore précisé Mme Darrieussecq. Quant au financement de cette opération, il devait être assuré, « pour l’essentiel », par la vete des emprises de Châtillon et de Meudon. Et, à l’époque, un plan de financement était à l’étude en misant sur « un prêt de la Banque européenne d’investissement, la BEI, afin de pouvoir lancer ce projet sans faire appel à la mobilisation de crédits budgétaire. »
Finalement, le prêt de la BEI, d’un montant de 47 millions d’euros, servira à moderniser le parc de souffleries de l’ONERA, qui est le plus important d’Europe. Dans son discours, Mme Parly a parlé d’un « prêt exceptionnel » étant donné qu’il est le premier que la BEI accorde à un « organisme de défense. »