La réserve opérationnelle sur le territoire national
La résurgence de la menace terroriste en 2015 a engendré dans les armées des réflexions importantes, mettant en exergue le lien privilégié entre les réserves opérationnelles et la protection du territoire national.
Le déclenchement de l’opération SENTINELLE fut la réponse immédiate à cette rupture stratégique. Naturellement, la réserve fut mise à contribution pour répondre au contrat opérationnel, d’abord sur des missions de défense-protection, en remplacement des forces d’active déployées, puis très rapidement en complément de ces dernières, déployée au sein des unités PROTERRE. Un emploi systématique et plus massif de la réserve est alors décidé en 2016 en totale rupture avec les capacités générées par les budgets d’alors. On est ainsi passé, en quelques mois, d’une réserve de complément individuel, à une logique de réserve d’emploi régulier et massif. Sa contribution aux opérations sur le TN est aujourd’hui une nécessité.
Rapidement, le délégué aux réserves de l’armée de Terre (DRAT), reçoit mandat de l’EMAT pour construire une nouvelle organisation, adaptée à cette menace. Sans changer de modèle (les réservistes restent intégrés au sein des formations d’active), l’ambition est de passer d’un effectif réalisé de 15 000 (fin 2015) à plus de 24 000 réservistes (cible fin 2019). Un ordre général aux réserves est signé par le CEMAT en mars 2016, pour décrire la montée en puissance à conduire jusqu’en 2019. Ce volontarisme s’inscrira tout naturellement dans la dynamique interministérielle affirmée par la création de la Garde nationale en octobre 2016.
Aujourd’hui, c’est un effort considérable qui a été consenti pour la montée en puissance des réserves : plus de 18 000 nouveaux contrats signés depuis début 2015 et une augmentation de 500% du taux d’emploi des réservistes sur le TN (122 réservistes déployés chaque jour fin 2015, contre 632 en août 2018). Cela représente en moyenne 10% de l’engagement TN de l’armée de Terre (jusqu’à 20% en période estivale). Toutes ces évolutions se sont produites sans baisse d’exigence opérationnelle, les réservistes désignés pour les missions TN répondant aux mêmes prérequis opérationnels que leur camarades d’active.
Après trois années de montée en puissance, l’enjeu est maintenant de préserver cette dynamique qui a largement permis ces excellents résultats. L’utilité de la réserve est devenue une évidence, son emploi s’inscrit désormais dans la durée, au vu d’un contexte sécuritaire caractérisé par une menace durcie, multiforme et imprévisible. Il s’agit désormais de dépasser la simple hausse des effectifs et de bâtir une force de réserve moderne et agile, capable d’un engagement opérationnel massif sur court préavis. C’est pourquoi plusieurs réformes ambitieuses sont étudiées voire déjà mises en œuvre depuis les débuts de la montée en puissance :
– la digitalisation de la réserve, au moyen du système d’information ROC64, qui représente une modernisation sans précédent contribuant à simplifier l’administration de la réserve ;
– un modèle post-2019 plus souple pour répondre à ces nouveaux défis, permettant de conserver un haut niveau d’ambition pour la protection du TN en cas de résurgence de la menace, mais aussi d’augmenter la maîtrise des savoir-faire opérationnels collectifs des unités de réserve et des compléments individuels.
La réserve de l’armée de Terre est aujourd’hui une composante indispensable au sein des forces terrestres, pleinement intégrée aux unités d’active et capable d’assurer, avec un haut niveau de compétence et un effectif important, les missions propres à la défense du territoire national. Ce résultat est, avant tout, à porter au crédit des réservistes eux-mêmes. Doublement investis – dans leur vie civile comme dans leur engagement militaire – ces soldats sont les artisans de la cohésion nationale. Ils sont les acteurs du renforcement de la résilience de la Nation : pendant les attentats, c’est l’afflux de candidatures pour la réserve qui a illustré de façon emblématique la volonté de la jeunesse française de réagir et de faire face à la menace.
64 Réservistes Opérationnels Connectés : le nouveau système d’information de la réserve, développé par la direction de projet interarmées Réserves 2019.