L’IHEDN sensibilisera le monde financier aux enjeux de défense
L’IHEDN* développera une formation à destination des organismes financiers privés pour leur instiller une « culture défense » et atténuer leur frilosité à soutenir la BITD française. Cet établissement public concrétise par là une idée lancée le mois dernier par les députés Jean-Louis Thiériot (LR) et Françoise Ballet-Blu (LREM), auteurs d’un rapport parlementaire sur le financement de l’industrie de défense.
La défense, un monde peu connu des financiers
Présentée le 17 février à la commission Défense de l’Assemblée nationale, puis formellement initiée un mois plus tard : rarement une proposition issue d’un rapport parlementaire n’aura pris corps si rapidement. Cette semaine, Jean-Louis Thiériot s’est dit « heureux de ce travail parlementaire qui débouche sur du concret », à l’issue d’un entretien avec le directeur de l’IHEDN, le général de corps d’armée Patrick Destremau.
Quelques semaines plus tôt, les deux co-rapporteurs faisaient un constat inquiétant, celui d’une méconnaissance globale des banquiers et investisseurs privés vis-à-vis du secteur de la défense. Une méconnaissance qui contribue à alimenter leur réticence à financer les entreprises de la BITD, au détriment principalement des PME et ETI.
Selon les députés, « il y a donc urgence à améliorer la connaissance du monde de la défense, de ses enjeux et de ses pratiques par les banques et les investisseurs, afin qu’elle soit perçue comme ce qu’elle est : une industrie de souveraineté ».
Faire émerger une culture de souveraineté
Entre autres solutions, les rapporteurs proposaient alors de rassembler les représentants d’organismes bancaires et de fonds d’investissement, les responsables de la conformité et dirigeants de PME et d’ETI au sein d’un court cycle de conférences et de visites de terrain placé sous l’égide de l’IHEDN. L’objectif ? Faire se rencontrer les mondes militaire, industriel et financier et constituer une forme de culture de souveraineté propice à l’alignement des intérêts de chacun.
Placé sous la tutelle du Premier ministre, l’IHEDN promeut depuis 1936 une culture de défense française auprès de hauts fonctionnaires, cadres, journalistes et autres responsables civils ou militaires. Ses sessions, cycles et actions d’information rassemblent plus de 11 000 auditeurs et participants chaque année, ce qui en faisait l’acteur idéal pour articuler le mécanisme de sensibilisation souhaité par les députés.
L’idée aura rapidement fait son chemin, poussée par l’intérêt constaté lors des auditions conduites par les députés dans le cadre de leur mission d’information. Le contenu de ce séminaire est désormais fixé. Il aura par ailleurs vocation à devenir régulier « pour rappeler aux banques leur devoir de soutenir les intérêts français », ajoutait Jean-Louis Thiériot sur les réseaux sociaux.
Vers une offre remodelée
La mise en place de cette nouvelle formation croisée intervient à l’heure où l’IHEDN parachève une transformation entamée il y a deux ans. Cette nouvelle organisation, approuvée en novembre 2020, doit être mise en œuvre lors de la rentrée des sessions de septembre 2021.
Il en ressort premièrement une réarticulation des sessions nationales au sein d’une session nationale unique. Celle-ci reposera sur un socle commun à tous les auditeurs ensuite décliné en cinq majeures : politique de défense, armement et économie de défense, enjeux et stratégies maritimes, souveraineté numérique et cybersécurité, et une nouvelle majeure dédiée à la défense et à la sécurité économique.
Cette réforme n’entraînera pas une diminution du nombre d’auditeurs, mais au contraire une hausse sensible. Ainsi, la session nationale aura une capacité d’accueil de 250 auditeurs par an. Soit une quarantaine de plus que le total des quatre sessions préexistantes.
L’échelon régional, deuxièmement, reprendra le même schéma avec un tronc commun portant sur les grandes questions de sécurité de défense auquel s’adossera une spécialisation sur les enjeux locaux. Chaque année, l’IHEDN organisera jusqu’à huit sessions régionales réunissant chacune entre 40 et 50 auditeurs sur tout le territoire national. Les cycles jeunes, enfin, ne seront pas modifiés.
*Institut des hautes études de défense nationale