Pénurie et souveraineté
Ttu.fr – 23/01/2018
https://www.ttu.fr/penurie-et-souverainete/
Les grandes armées occidentales connaissent en ce moment une pénurie d’explosifs RDX et HMX nécessaires à la fabrication de bombes, missiles et obus d’artillerie. Le RDX, ou hexogène, est un composé explosif largement utilisé pour les chargements de bombes ou d’obus, alliant stabilité et puissance. Le HMX, ou octogène, est un explosif plus performant – et plus cher – utilisé notamment dans les têtes de missiles antichars ou les armes de pénétration.
Cette pénurie touche en particulier les Etats-Unis, qui ne disposent que d’un seul site de production opéré pour le Pentagone par BAE Systems à Holston (Kingsport, Tennessee). Un site aujourd’hui en incapacité de répondre à la forte demande interne, notamment pour le recomplètement des stocks (les Etats-Unis tirent en moyenne 40 000 bombes et missiles par an) : une situation qui a contraint les principaux munitionnaires américains (ATK, General Dynamics, Raytheon et BAE) à solliciter les deux grands producteurs européens, le français Eurenco et le norvégien Chemring Nobel.
Cette brusque augmentation de la demande, confirmant le caractère stratégique des matériaux énergétiques, a poussé Eurenco à investir pour accroître ses capacités de production. Sur son site suédois de Karlskoga, les lignes de production de RDX et HMX vont être modernisées par dégoulottage alors qu’en France, la ligne de production actuelle d’hexogène de Sorgues, qui devait fermer, va être prolongée jusqu’en 2019, en attendant l’ouverture de la nouvelle Unité de fabrication d’hexogène (UFH) en 2020.
Les besoins de l’armée de l’Air (essentiellement des bombes Mk82 et Mk84), un client privilégié pour Eurenco, ne devraient pas être impactés par cette pénurie, qui touche aussi d’autres clients du groupe en Europe et dans le reste du monde. L’armée de Terre française, qui n’utilise pas de RDX ou HMX pour ses obus de Caesar, est un peu moins impactée par ce retournement du marché. Tout comme la Chine, la Russie et leurs clients, qui recourent plus largement au TNT, un explosif plus ancien et technologiquement inférieur.
En fin d’année dernière, Eurenco a décroché l’une des plus grosses commandes de son histoire auprès de BAE UK pour fournir des centaines de tonnes d’explosifs destinés aux munitions d’obus de mortiers et d’artillerie.