Feu vert sénatorial pour une hausse de 3,3 Md€ des dépenses militaires

Feu vert sénatorial pour une hausse de 3,3 Md€ des dépenses militaires

– Forces opérations Blog – publié le

Les sénateurs ont adopté hier matin un budget de 50,5 Md€ pour la mission Défense, l’une des rares rescapées de la chasse aux économies conduite par le nouveau gouvernement. Et un vote qui permet de sanctuariser la hausse de 3,3 Md€ fixée dans la loi de programmation militaire. 

« Oui, la programmation militaire est protégée au regard des risques qui pèsent sur notre pays », déclarait le ministre des Armée Sébastien Lecornu, ce samedi en amont du vote du Sénat. Désormais adoptée, cette hausse de 7% des crédits s’avère primordiale « pour poursuivre notre réarmement dans un contexte sécuritaire durci », complétait-il dans la foulée. Une fois définitivement adoptée, cette marche portera à 7,5 Md€ le sursaut financier consenti en faveur des armées depuis 2022. 

« Est-ce que c’est suffisant ? », questionnait le ministre des Armées en écho aux inquiétudes de plusieurs sénateurs quant à l’ampleur de l’effort nécessaire pour répondre efficacement aux enjeux sécuritaires. « J’ai toujours considéré que c’était un plancher et non pas un plafond », répondait-il. Rehausser ce plafond n’aura cependant rien d’évident au vu de l’état de santé des finances publiques. 

La programmation reste un processus « vivant », notait Sébastien Lecornu tout en assumant « quelques décalages par rapport à ce qui a été voté par la LPM ». Quelques adaptations et autres redéfinitions des priorités marquent donc ce PLF 2025, à l’exemple des accélération annoncées en matières d’intelligence artificielle (300 M€, dont 100 M€ supplémentaires) et de recomplètement des stocks de munitions (1,9 Md€). 

Plusieurs points d’attention demeurent, dont celui d’une hausse du report de charges privilégiée pour s’assurer de clôturer la gestion 2024 dans les cordes. Ceux-ci dépasseraient désormais les 7 Md€ selon les dernières estimations sénatoriales. Ce sont autant de paiements reportés à plus tard et risquant donc de grever les prochaines annuités de la LPM. « Si j’avais pu en faire moins j’en aurais fait moins », indiquait un ministre invitant à ne pas s’en inquiéter. « Je préfère quand même passer des commandes à nos industriels pour respecter le physique de la programmation militaire », s’est-il justifié. 

L’exercice s’accompagne également d’un petit coup de rabot : 57,2 M€ de crédits et autant en autorisations d’engagement annulés par voie d’amendement gouvernemental « afin d’atteindre la cible de déficit public de 5,4 % de PIB en 2025 fixée par le Premier ministre et de garantir la soutenabilité de la trajectoire des finances publiques ». L’essentiel sera ponctionné sur la masse salariale, les équipements étant totalement préservés. 

« Ces montants, qui n’affectent pas les objectifs ni la trajectoire d’augmentation des moyens prévue par la loi de programmation militaire, pourront toutefois être amenés à évoluer notamment compte tenu de l’abandon, annoncé par le Premier ministre, de l’ajout de deux jours de carence pour les agents de la fonction publique », précisait le gouvernement. 

Crédits image : EMA COM

Le Pentagone dévoile son programme d’investissement pour 2025

Le Pentagone dévoile son programme d’investissement pour 2025

Le Pentagone vient de dévoiler ses priorités d’investissement pour l’année suivante. Sans surprise, il se tourne vers des technologies de pointe pour assurer un approvisionnement suffisant aux États-Unis.

par Cédric Bonnefoy – armees.com – publié le

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Le Pentagone dévoile son programme d’investissement pour 2025 | Armees.com

En 2025, le Pentagone va continuer d’investir dans de nombreuses technologies, ciblant celles jugées vitales pour les États-Unis.

Le Pentagone lève le voile sur son programme d’investissement pour 2025

Une fois de plus, il s’agit d’une stratégie ambitieuse et minutieusement élaborée pour renforcer la sécurité nationale des États-Unis, sans oublier de stimuler l’innovation technologique. Cette initiative est orchestrée par le Bureau du Capital Stratégique (OSC), créé en 2022 sous l’impulsion du secrétaire à la Défense Lloyd Austin. Son objectif est clair : canaliser les ressources du secteur privé vers des technologies de pointe essentielles à la défense nationale et à l’avantage stratégique des États-Unis.

Le programme d’investissement 2025 du Pentagone cible principalement quinze segments industriels jugés critiques pour la sécurité nationale. Il inclut donc des domaines comme la fabrication de microélectronique, la biomanufacture, les technologies spatiales et les capteurs avancés. Ces priorités reflètent une vision stratégique à long terme visant à réduire les dépendances, à renforcer les chaînes d’approvisionnement et à anticiper les besoins de défense à l’échelle mondiale, mais surtout aux États-Unis.

Selon le rapport, l’investissement dans l’espace est considéré comme crucial pour maintenir un avantage concurrentiel face aux autres puissances mondiales. L’accent est mis sur le développement de vaisseaux spatiaux et de systèmes associés, qui joueront un rôle central dans la surveillance, la communication et la sécurité globale. Parallèlement, la biochimie, notamment la biomanufacture, est identifiée comme une industrie clé pour produire des solutions innovantes dans de nombreux domaines.

Le secteur privé mis à contribution

Depuis sa création, l’OSC déploie plusieurs outils financiers pour dynamiser les investissements dans ces secteurs critiques. Parmi les initiatives phares figure le programme SBICCT (Small Business Investment Company for Critical Technology), visant à attirer des capitaux privés vers les entreprises spécialisées dans les technologies de défense. En 2024, l’OSC a approuvé 13 fonds privés dans le cadre de ce programme. En octobre dernier, l’organisation a également annoncé un programme de prêts directs de 1 milliard de dollars destiné aux entreprises engagées dans la fabrication de composants de défense stratégiques. Cette initiative vise à surmonter les « points de strangulation » des chaînes d’approvisionnement et à accélérer la production dans 31 technologies critiques.

La stratégie du Pentagone s’étend sur plusieurs strates, des investissements immédiats à ceux s’échelonnant sur quinze ans. À court terme, l’objectif est de réduire les dépendances stratégiques et de sécuriser les approvisionnements essentiels. À moyen terme, soit entre deux et sept ans, l’OSC prévoit de renforcer la production américaine et alliée dans les technologies clés, notamment par des collaborations internationales. Enfin, à long terme, l’accent sera mis sur la commercialisation et la durabilité des innovations technologiques, permettant aux avancées de s’imposer durablement sur le marché.

Motion de censure: le général Desportes alerte sur des « conséquences graves » pour les armées

Motion de censure: le général Desportes alerte sur des « conséquences graves » pour les armées

Censure du gouvernement : quelles conséquences sur les armées ?
Le vote d’une motion de censure et la destitution du gouvernement serait un coup dur pour l’Armée française privée de hausse de budget alerte le général Vincent Desportes. Avec des « conséquences graves », en pleine guerre en Ukraine et avec le retour de la menace djihadistes après la prise de la ville d’Alep en Syrie.

La censure du gouvernement et sa destitution qui s’annonce après l’utilisation du 49.3 lundi par le Premier ministre Michel Barnier, pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’armée française. C’est l’alerte lancée ce mardi sur RMC et RMC Story par le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, professeur de stratégie à Sciences Po et HEC, alors que la guerre en Ukraine fait rage.

Pour le militaire, ceux qui voteront la censure sont « irresponsables »: « Je suis plus qu’inquiet. La France était péniblement en train de reconstituer ses armées depuis 2017. C’est un coup très dur porté aux armées. Concernant la défense, voter la censure aujourd’hui est irresponsable et ceux qui le feront en porteront les responsabilités et les conséquences seront graves« , alerte le général.

« Notre armée sera affaiblie« 

Vincent Desportes estime aussi qu’une censure pourrait avoir des conséquences pour la France, l’industrie de défense française et aussi pour l’Ukraine en guerre avec la Russie depuis février 2022. Une censure entraînerait des problèmes au niveau des équipements, des munitions, des blindés: « Il y aura un trou et un retard. La crédibilité de la France au sein de l’Europe est menacée », juge-t-il.

« Notre armée de 2025 sera affaiblie par rapport à 2024 », prévient le général.

Se reconstituer ou continuer d’aider l’Ukraine

Le lancement du porte-avions successeur du Charles de Gaulle pourrait être retardé, les avions de chasse pourraient ne pas être livrés et le parc de blindés, « dont on a cruellement besoin comme on le voit en Ukraine », ne sera pas renouvelé. Les commandes qui devaient être passée avec ce budget ne le seront pas et la France devra revoir à la baisse ou annuler les grands exercices prévus avec l’Otan en 2025.

Et la France qui a promis 3 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine devra arbitrer entre dépouiller ses armées ou continuer son effort, en raison d’un budget constant bloqué par l’absence de gouvernement et de budget: « Avec cet argent nous devions reconstituer notre stock de munition et racheter des canons Caesar que nous avons donné à l’Ukraine, et bien nous ne pourrons pas ».

Une nouvelle menace en Syrie

Des conséquences industrielles pourraient également entraîner une hausse du chômage. « L’industrie de défense française c’est plus de 200.000 emplois dans 4000 entreprises réparties sur le territoire qui étaient en train d’embaucher parce qu’il y avait un effort de défense. Cet effort va s’arrêter net et une partie de ces emplois est directement menacé », craint l’ancien directeur de l’École de guerre.

Armée phare de l’Europe et moteur en matière de défense selon le général, la France « face à la menace, choisi de bloquer son effort de défense », déplore-t-il, alors qu’une nouvelle menace grandit dans le Nord de la Syrie depuis la prise d’Alep par des rebelles djihadistes: « Nous devrons déployer des soldats en masse dans les rues de France. Et c’est à ce moment-là que certains irresponsables veulent censurer, en prenant ce risque-là, le Premier ministre », conclut le général.

De potentiels coups de pouce budgétaires envers la filière drone

De potentiels coups de pouce budgétaires envers la filière drone

– Forces opérations Blog – publié le

Deux amendements au budget 2025 des armées ont été adoptés cette semaine en commission défense de l’Assemblée nationale, l’un visant à accélérer sur les munitions téléopérées et l’autre à favoriser le développement d’un drone MALE souverain. 

Colibri, Larinae, Toutatis, Veloce 330, etc. : la filière industrielle nationale et les armées françaises avancent à marche forcée sur la question des munitions téléopérées (MTO). Pour une frange non négligeable de la commission défense, « il convient de mobiliser les moyens adéquats pour accélérer et amplifier cette tendance ». En résulte cet amendement cherchant à abonder le programme le programme 146 « Équipement des forces » de 10 M€ supplémentaires en 2025, des moyens ponctionnés sur le programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense ». 

Près de 50 M€ ont été engagés cette année dans l’opération « drones de contact » pour progresser sur le sujet. De quoi soutenir un effort de rattrapage marqué par la commande d’une solution de courte portée souveraine, une MTO conçue par Delair et KNDS France et héritée de l’appel à projet Colibri. Après le succès des premiers tests réalisés dernièrement par la DGA, l’année 2025 sera celle de la livraison des premières MTO CP commandées cette année via l’incrément 1 du programme. 

Ces fonds additionnels contribueraient à « augmenter les ressources en munitions téléopérées », un atout « incontournable » selon un récent rapport parlementaire. L’ajout proposé par les parlementaires viendrait rehausser la ligne de 150 M€ affectée l’an prochain à l’opération mais essentiellement dévolue au lancement en réalisation de l’incrément 2, celui consacré à l’achat de systèmes de drones tactiques légers (SDTL). 

Si la première proposition consiste à accentuer l’existant, la seconde implique un surplus d’audace. Dans un autre amendement adopté en commission, une quarantaine de députés proposent d’allouer 40 M€ au programme 146 pour donner sa chance au drone MALE Aarok dévoilé en juin 2022 par Turgis & Gaillard. Là aussi, la démarche exigera de prélever des crédits et autorisations d’engagement sur le programme 144.

« Le coût unitaire estimé entre 5 et 10 millions d’euros, il conviendrait de doter nos armées de quatre de ces appareils, investissement relativement peu important au vu des gains capacitaires et des retombées économiques pour le pays que l’acquisition de tels appareils engendrerait », commentent les auteurs du texte.  

Derrière les objectifs chiffrés, il s’agit surtout de créer l’occasion de « payer pour voir ». Un souhait exprimé en octobre 2023 par l’ex-chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, le général Stéphane Mille, et qui fournirait l’amorce nécessaire pour avancer dans le développement de l’appareil, en vérifier la pertinence opérationnelle et, surtout, s’assurer de ne pas rater un autre virage technologique important. 

Ne pas s’interdire de donner sa chance à d’autres idées, qu’elles soient souveraines ou non, n’est pas sans rappeler cette logique de captation accélérée de l’innovation promue depuis peu par les armées. Une mécanique incrémentale d’achats rapides mais limités en volume dont les effets bénéfiques se font déjà ressentir dans l’armée de Terre. Reste que, si ces amendements cherchent à stimuler l’activité dans un domaine majeur sans grever lourdement le budget, tous deux restent des propositions qui doivent encore franchir l’essentiel du processus d’adoption du projet de loi de finances.

SNU : le Parlement supprime le financement, la fin est proche

SNU : le Parlement supprime le financement, la fin est proche

Par Paolo Garoscio – armees.com –  Publié le 31 octobre 2024

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snu-financement-suppression-senat-budget-echec-macron – © Armees.com

La suppression des crédits alloués au Service National Universel (SNU) dans le cadre du budget 2025 est un signal fort qui marque une rupture nette dans les ambitions initiales du gouvernement. Créé pour renforcer la cohésion nationale, ce dispositif, pourtant inscrit dans les promesses de campagne d’Emmanuel Macron, semble aujourd’hui pris dans les mailles de l’austérité. Le SNU, critiqué pour son coût et son efficacité limitée, pourrait bien disparaître.

Le SNU : un projet qui n’a jamais fonctionné

Le Service National Universel est né en 2019, conçu comme un prolongement du service militaire traditionnel, bien que strictement civil et volontaire dans sa forme initiale. Structuré autour d’un séjour de cohésion et d’une mission d’intérêt général, le SNU vise à inculquer aux jeunes des valeurs de discipline, de solidarité et de respect de l’autorité. Dans cette logique, le port de l’uniforme et la levée des couleurs, éléments symboliques du dispositif, se veulent un écho à l’héritage militaire et républicain français.

Cependant, la Cour des comptes, dans son rapport de septembre 2024, pointe une série d’écueils : un coût sous-évalué, estimé entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an, et des objectifs flous qui mettent en question sa légitimité. Ces critiques posent une question essentielle : dans quelle mesure le SNU peut-il véritablement combler le fossé entre les aspirations civiques et les exigences budgétaires de l’État ?

L’austérité face au SNU : une question de priorités financières

Le ministre des Sports et de la Jeunesse, Gil Avérous, a admis le 28 octobre 2024 l’impossibilité de généraliser le SNU pour des raisons budgétaires, soulignant ainsi les limitations financières d’un projet ambitieux mais coûteux. Cette déclaration trouve écho dans le contexte actuel, où le budget fait face à une pression accrue, alors que les priorités stratégiques se tournent vers la modernisation des forces et la préparation aux défis géopolitiques.

En comparaison, l’efficacité perçue du SNU semble décalée des besoins opérationnels et de la formation civique des jeunes, d’autant plus que les bénéfices attendus sont jugés insuffisants. « Pour l’instant, en 2025, j’ai les crédits du même montant que 2024 », déclarait Gil Avérous sur Sud Radio, traduisant une vision de plus en plus restrictive de l’État vis-à-vis de ce dispositif. Des crédits qui ne permettent d’accueillir que 64.000 jeunes… niveau jamais atteint par le simple volontariat.

La suppression des crédits par le Sénat : vers une fin du SNU ?

La commission des Finances du Sénat a acté, le 30 octobre, une décision plutôt attendue en faveur de la suppression des crédits du SNU. Les sénateurs, parmi lesquels Éric Jeansannetas, rapporteur des crédits de la Jeunesse, remettent en question la pertinence d’un programme jugé trop onéreux et peu efficace. Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, un amendement visant à réduire les crédits alloués au SNU de 100 millions d’euros a ainsi été adopté à une large majorité.

Pour les sénateurs, le dispositif peine à démontrer sa valeur ajoutée par rapport aux autres politiques d’engagement des jeunes. Jeansannetas a notamment déclaré : « Les objectifs font du surplace », ajoutant que le projet de généralisation du SNU à une classe d’âge entière paraît désormais « hors d’actualité ».

La fin du SNU : quelles conséquences pour l’engagement civique et la Défense ?

Si la suppression du SNU devient définitive, ce sera la fin d’un projet d’éducation civique, pourtant perçu comme un pont entre les valeurs militaires et civiques. Le retrait du SNU soulève de fait des questions sur la manière dont la France compte renforcer l’engagement de ses jeunes en l’absence de cet outil. Le service civique, bien qu’efficace, suffira-t-il pour combler les attentes des jeunes et des responsables politiques ?

Reste que le vote en Commission pourrait être contrebalancé lors des votes définitifs, surtout si Michel Barnier déclenche un 49.3 pour faire adopter le Budget 2025 par la force. Un scénario qui devient chaque jour plus plausible…


Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Notre défense ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires !

Notre défense ne doit pas être sacrifiée sur l’autel des économies budgétaires !

OPINION – Dans un monde où les tensions géopolitiques se multiplient et où la violence de certains États (Russie, Azerbaïdjan, Israël… ) est complètement désinhibée, le président de la commission de la défense nationale Jean-Michel Jacques recommande de de « respecter à l’euro près la trajectoire actée par la LPM 2024-2030 ». Renoncer menacerait l’outil militaire de la France et aurait pour conséquence aussi de fragiliser l’Europe toute entière. Par Jean-Michel Jacques, député du Morbihan, président de la commission de la défense nationale et des forces armées et rapporteur de la loi de programmation militaire 2024-2030.

« Il n'y a aucun gras dans la trajectoire » financière de la loi de programmation militaire. (Jean-Michel Jacques, ici sur la photo avec le ministre des Armées, Sébastien Lecornu)
« Il n’y a aucun gras dans la trajectoire » financière de la loi de programmation militaire. (Jean-Michel Jacques, ici sur la photo avec le ministre des Armées, Sébastien Lecornu) (Crédits : Jean-Michel Jacques)

 

« L’effort de défense est évidemment nécessaire et doit être poursuivi » : le Premier ministre Michel Barnier l’a rappelé lors de son discours de politique générale le 1er octobre dernier, et s’est par ailleurs engagé à mettre en œuvre la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Cette exigence est avant tout une preuve de lucidité au regard du contexte géostratégique. Cela implique de respecter à l’euro près la trajectoire actée par la LPM 2024-2030, c’est-à-dire de consentir à 413 milliards d’euros de besoins programmés sur la période, à un budget de la défense de 50,5 milliards d’euros pour l’an prochain et porter ce budget à 2% du PIB d’ici à 2025.

Si l’équilibre budgétaire de notre pays implique une réduction de certaines dépenses publiques, cela ne doit pas se faire au détriment de notre outil militaire et de notre autonomie stratégique. Il en va de notre sécurité, de la place de la France dans le monde mais aussi, en partie, de celle de l’Europe.

Pour un respect de la trajectoire financière de la LPM

Face au retour de la guerre en Europe, à la multiplication des menaces hybrides, à la fragmentation de l’ordre international ou au recours assumé à la violence par de trop nombreux acteurs, la France doit pouvoir compter sur des forces armées solides, réactives et cohérentes, prêtes à répondre à un brusque changement de notre situation sécuritaire, en Europe comme dans nos outre-mer ou auprès de l’un de nos partenaires stratégiques. C’est le cap fixé pour la transformation des armées par la loi de programmation militaire 2024-2030.

C’est le prix de notre liberté et la garantie de notre souveraineté. Cela a un coût, qui se matérialisera par une augmentation progressive du budget de la défense, lequel passera de 47,2 milliards d’euros en 2024 à 67,4 milliards d’euros en 2030. Un coût que les Français doivent savoir taillé au plus juste : il n’y a « aucun gras » dans cette trajectoire. Croire que la paix serait mieux assurée en baissant nos efforts et en pariant sur la bonne volonté d’États aux politiques révisionnistes ou expansionnistes déclarées serait une dangereuse illusion.

Comme l’a rappelé le Chef d’état-major des armées encore récemment : « Ne croyons pas que nous allons revenir au monde d’avant. Ce qui se met en place, nous allons devoir vivre avec ». Il n’y a pas de meilleure manière de le faire qu’en respectant à l’euro près la trajectoire fixée pour que les armées françaises soient prêtes à s’engager s’il le faut dans des guerres de haute intensité et à combattre dans tous les champs de conflictualité qu’on pourrait lui imposer, qu’ils soient physiques (terre, air, mer, spatial…) ou immatériels (cyber, informationnel…).

Un renoncement menacerait la défense nationale

L’effort français n’est pas isolé et de lui dépend la place qu’aura demain la France dans le monde. La France n’est pas la seule à constater le besoin d’un réarmement affirmé. Tous ses voisins le font : c’est vrai de la Grande-Bretagne à la Pologne en passant par l’Allemagne et la Lituanie. Soyons les fervents défenseurs de l’autonomie d’analyse, de
décision et d’action qui fait la puissance de nos armées. Assumons la modernisation de notre dissuasion, clé de voûte de notre défense, dans toutes ses composantes et dans une logique de stricte suffisance. Conservons à la France son statut de puissance d’équilibres et de Nation-cadre.

N’oublions jamais que tout renoncement menacerait notre défense nationale mais remettrait aussi en jeu la place singulière que la France a su bâtir au profit d’une Europe plus forte et plus autonome. Trahir les engagements que nous avons consenti en faveur de nos armés serait une erreur d’appréciation qui aurait pour conséquence aussi de fragiliser l’Europe toute entière.

Un budget vital pour la France

Le budget des armées est un budget vital pour la Nation aux retombées économiques importantes pour nos territoires. Après des décennies de sous-investissement, l’impulsion donnée depuis 2017 a eu non seulement un impact positif sur la modernisation de nos capacités et le quotidien de nos militaires, mais également sur les entreprises et les emplois dans nos territoires. Nous avons la chance de pouvoir compter sur une base industrielle et technologique parmi les plus larges d’Europe dont les savoir-faire sont reconnus et qui contribue positivement à notre balance commerciale tous les ans.

Gardons à l’esprit que chaque denier investi dans notre défense est créateur de croissance pour notre pays à court et à long terme ! Un euro pour notre défense aujourd’hui, ce sont deux euros de richesse créés dans dix ans : force est de constater qu’il s’agit donc là d’un retour d’investissement gagnant ! En ces temps troubles, l’enjeu est grand pour notre pays. Pour garantir la sécurité des Français, l’intégrité de notre territoire et de notre place dans le monde, continuons sur le cap tracé par la LPM 2024-2030 : oui, prolongeons l’engagement politique exigeant que nous avons pris pour nos armées et, oui, garantissons sa concrétisation par un respect à l’euro près de la trajectoire budgétaire décidée.

Rafale, drone de combat, porte-avions… Budget 2025 : où vont aller les milliards des armées ?

Rafale, drone de combat, porte-avions… Budget 2025 : où vont aller les milliards des armées ?

https://www.challenges.fr/entreprise/defense/rafale-drone-de-combat-porte-avions-budget-2025-ou-vont-aller-les-milliards-des-armees_908405


Epargné par les coupes, même si des inconnues demeurent, le ministère des Armées va voir son budget augmenter de 3,3 milliards d’euros en 2025, conformément à la loi de programmation militaire. Futur porte-avions, drone de combat UCAV, Rafale… Gros plan sur les équipements livrés et commandés.

Vue d'artiste du porte-avions de nouvelle génération (PANG).

Vue d’artiste du porte-avions de nouvelle génération (PANG). Le lancement officiel de ce programme de plus de 10 milliards d’euros est prévu en 2025 – Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome

L’essentiel est sauf. C’est le sentiment largement partagé dans les armées à l’annonce des arbitrages du projet de loi de finances (PLF) 2025. Comme prévu par la loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM), le budget de défense, si le PLF est adopté, va augmenter de 3,3 milliards d’euros l’année prochaine, à 50,5 milliards d’euros. Un effort conséquent, d’autant plus marquant qu’il tranche avec le régime sec imposé à d’autres ministères. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu assume sans ciller. « Pourquoi la défense ne fait-elle pas l’objet de coups de rabot ? Les efforts ont déjà eu lieu, assurait le ministre le 14 octobre devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Je rappelle les chiffres : 54.000 postes supprimés [de 2008 à 2013, NDLR], un régiment sur deux de l’armée de terre et 11 bases aériennes fermées. »

Comment vont se répartir ces milliards de la défense ? Les deux tiers de l’effort (31,3 milliards) portent sur les équipements. La masse salariale représente 27 % du budget (13,6 milliards). Le reste se répartit entre les coûts de fonctionnement (4,8 milliards) et la provision destinée à financer les opérations extérieures (OPEX) et missions intérieures (Missint). Cette dernière passe de 800 millions d’euros en 2024 à 750 millions en 2025.

Près de 6 milliards pour la dissuasion

Comme chaque année, la dissuasion reste un des postes majeurs de dépenses. L’investissement dans le nucléaire atteindra 5,8 milliards d’euros en 2025, soit une hausse de 500 millions d’euros. L’année 2025 verra notamment le lancement du programme de la nouvelle version du missile nucléaire stratégique M51 embarqué sur les sous-marins lanceurs d’engins (SNLE), dite M51.4, prévue pour le milieu des années 2030.

L’investissement dans la future génération de sous-marins lanceurs d’engin, dite SNLE 3G, monte également en puissance. La première tôle du premier exemplaire a été découpée en mars dernier sur le site Naval Group de Cherbourg. Le ministère des Armées a prévu d’investir 752 millions d’euros en 2025 sur ce programme, vers lequel sont fléchés 12.9 milliards d’euros en tout. Le premier SNLE 3G, qui pourrait atteindre 150m de long et un poids de 15.000 tonnes (trois fois le poids des sous-marins nucléaires d’attaque de classe Suffren), doit entrer en service en 2035. La livraison du dernier des quatre engins est prévue en 2050.

821 millions d’euros fléchés vers le drone de combat

2025 sera également l’année du lancement officiel du programme de porte-avions de nouvelle génération (PANG), un géant de 75.000 tonnes qui doit succéder au Charles de Gaulle (42.000 tonnes) à l’horizon 2038. Selon les annexes du PLF 2025, 10,9 milliards d’euros doivent être investis dans ce projet, dont 224 millions sur l’année 2025.

L’année 2025 va aussi la montée en puissance de l’investissement dans le Rafale F5, la future version connectée du chasseur français, et du drone de combat qui l’accompagnera à l’horizon 2030. Ce drone va faire l’objet, selon les annexes du projet de loi de finances, d’un investissement de 821 millions d’euros, qui s’étalera sur les prochaines années avec une montée en puissance progressive (55 millions en 2025, 190 en 2026).

500 millions pour le système sol-air SAMP/T NG

Les autres grands agrégats du budget de défense reflètent les priorités du ministère : 1,9 milliard d’euros dédié aux munitions, un chiffre en hausse de 400 millions ; 700 millions d’euros pour le spatial, avec notamment la mise en orbite, prévue en décembre, du satellite espion CSO-3 ; 450 millions d’euros pour les drones et robots ; 400 millions d’euros pour les forces spéciales ; 500 millions d’euros pour la défense sol-air (système SAMP/T NG), 500 millions pour le renseignement, 300 millions pour l’IA, 300 millions pour le cyber, et 265 millions pour la fidélisation des militaires et civils du ministère, un des chantiers majeurs de l’hôtel de Brienne.

Ces investissements importants se retrouvent dans les livraisons d’équipements attendues en 2025. Parmi les principales, le ministère attend la livraison de la frégate FDI Amiral Ronarc’h, 2 Atlantique 2 rénovés, de 14 Rafale et 12 Mirage 2000D rénovés, d’un ravitailleur A330 MRTT et un avion de transport A400M, de 6 hélicoptères Tigre HAD, mais aussi de 308 véhicules Scorpion (Serval, Griffon, Jaguar), 28 véhicules légers et 30 poids lourds dédiés aux forces spéciales, de 8.000 fusils d’assaut HK416, ainsi que de lots de torpilles lourdes F21, des missiles Exocet, Scalp et Akeron MP.

Côté commandes, outre le contrat pour le porte-avions de nouvelle génération, le PLF prévoit la commande d’une frégate FDI, de missiles Mistral, Scalp, Mica, Meteor, Akeron MP mais aussi de camions-citernes et de bâtiments hydrographiques de nouvelle génération.

700 créations de postes

L’entraînement et la maintenance bénéficient également largement de la hausse des crédits. 7,8 milliards d’euros seront consacrés à la préparation et l’emploi des forces (+ 364 millions), et 5,9 milliards d’euros au maintien en condition opérationnels des matériels.

Les RH montent également en puissance : le ministère prévoit de créer 700 postes sur l’année 2025, dont 194 dans l’IA et le numérique, 119 dans les fonctions de soutien, 170 pour la DGSE, et une soixantaine pour la dissuasion (Direction des applications militaires du CEA). Les effectifs devraient atteindre 271.100 agents, dont trois quarts de militaires et un quart de civils.

OPEX et gels de Bercy, les deux inconnues

Dans ce panorama plutôt réjouissant pour les armées subsistent quand même quelques incertitudes majeures. La première, c’est le sort des quelque 2,6 milliards d’euros de crédits gelés par Bercy sur l’exercice 2024. Sébastien Lecornu a souligné, devant le Sénat et l’Assemblée nationale, que les crédits mis en réserve avaient toujours été dégelés les années précédentes. Si ce n’était pas le cas cette année, l’hôtel de Brienne entamerait 2025 avec une sorte de déficit de 2,6 milliards d’euros, qui obérerait d’autant la hausse prévue du budget.

L’autre incertitude réside dans le financement du surcoût des opérations extérieures (OPEX) et intérieures de l’année 2024. La provision de 800 millions d’euros destinée à financer ces opérations sera, à l’évidence, insuffisante pour couvrir tous les coûts assumés par l’armée. Les déploiements en Roumanie (mission Aigle) et en Estonie (Lynx) coûtent cher : le coût de la mission Aigle avait été estimé à 700 millions d’euros en 2022 par le sénateur Dominique de Legge, rapporteur spécial des crédits de défense.

L’effort financier des armées pour la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris était quant à lui estimé entre 300 et 400 millions d’euros par le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense le 15 octobre.

300 millions d’avoirs russes récupérés

Selon la LPM, le surcoût OPEX, s’il dépasse la provision annuelle inscrite en loi de finances, est pris en charge par un effort interministériel, à due proportion des budgets respectifs des ministères. Si cet engagement n’était pas tenu, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros de dépenses imprévues que devrait honorer le ministère.

Ce dernier bénéficie certes de la baisse de l’inflation, qui lui permettra d’économiser 400 à 600 millions d’euros sur l’année 2024, selon Sébastien Lecornu. Mais cette somme a été fléchée, de même que les 300 millions d’euros issus des intérêts des avoirs russes gelés, vers l’aide à l’Ukraine. En cas de mauvaise surprise, l’hôtel de Brienne devra trouver les fonds ailleurs.

Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025

Le ministre des Armées confirme la commande du porte-avions de nouvelle génération en 2025


Dévoilé le 11 octobre, le projet de loi de finances pour l’exercice 2025 prévoit de porter le montant des crédits de la mission « Défense » à 50,54 milliards d’euros [soit + 3,3 milliards], conformément à la trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30. Et cela dans un contexte marqué par une dégradation significative des finances publiques, doublée par une situation politique incertaine, ce qui aura des incidences sur le débat budgétaire à l’Assemblée nationale.

Quoi qu’il en soit, le ministère des Armées est l’un des rares à échapper à la cure d’austérité qui s’annonce. Ce qui peut engendrer de l’incompréhension parmi une partie de l’opinion publique… Le ministre, Sébastien Lecornu, en est d’ailleurs conscient, en affirmant qu’il avait un « devoir vis-à-vis des contribuables, citoyens et électeurs » en faisant en sorte que cet argent « soit bien employé ».

Mais, ce 14 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, M. Lecornu a soutenu que le ministère des Armées avait déjà payé son écot au redressement des finances publiques.

« On a [eu] des dividendes de la paix qui ont été emmenés un peu loin dans les années 2000 et dont on voit bien que les effets ont été durables sur nos capacités militaires. […] On avait, globalement, pendant vingt ans, une richesse nationale qui avait augmenté de plus de 50 % et des dépenses militaires mondiales qui avaient augmenté de 18 % pendant que nos dépenses militaires nationales diminuaient de 17 % », ce qui s’est traduit par la suppression de 54 000 postes, d’un régiment de l’armée de Terre sur deux et de 11 bases aériennes. Et le ministre de relever également que la Marine nationale avait « 311 000 tonnes d’acier à la mer dans les années 1980 » contre 287’000 tonnes en 2019.

Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas publié le détail des livraisons et des commandes prévues en 2025. Mais devant les députés de la commission de la Défense, M. Lecornu en a donné les grandes lignes.

Ainsi, sans entrer dans les détails, un effort plus important que prévu sera fait sur les munitions dites complexes, avec une enveloppe de 1,9 milliard d’euros [+ 27 %, soit 400 millions d’euros de plus par rapport à l’exercice 2024] et il est question de renforcer les capacités permettant d’éviter un « contournement par le bas de la dissuasion ». L’espace bénéficiera d’un investissement de 870 millions d’euros [soit + 15 %] tandis que le renseignement et le cyber verront encore leurs crédits progresser [environ 13 % de plus]. Enfin, il s’agira d’accélérer le développement d’armes à énergie dirigée ainsi que les moyens relatifs aux grands fonds marins.

Mais le « gros » morceau reste encore le porte-avions de nouvelle génération [PA NG] puisque, a annoncé M. Lecornu, le ministère des Armées notifiera sa commande aux industriels l’an prochain.

« L’année 2025 sera celle de la passation de commande du porte-avions de nouvelle génération », a simplement lâché M. Lecornu.

Jusqu’à présent, cette échéance était incertaine. Et probablement qu’elle suscitera quelques commentaires négatifs [le ministre en a eu un avant goût en commission…], d’autant plus que l’investissement prévu devrait s’élever à « une dizaine de milliards d’euros », selon le dernier numéro de Cols Bleus, le magazine de la Marine nationale.

En réalité, le programme de PA NG a en quelque sorte déjà commencé étant donné que, en avril, la commande des « prestations à longs délais d’approvisionnement » ont été notifiées à MO-Porte-avions [la coentreprise de Naval Group et des Chantiers de l’Atlantique] ainsi qu’à TechnicAtome.

« Les prestations concernent la propulsion nucléaire du navire, à savoir : les chaufferies, les enceintes de confinement et la conversion énergie vapeur », avait alors expliqué la Direction générale de l’armement [DGA].

Pour le moment, le programme PA NG est dans sa phase d’avant-projet détaillé, celle-ci devant s’achever avant la fin de l’année 2025. Ce n’est qu’une fois que le dossier de lancement et de réalisation sera prêt que les contrats de développement et de production pourront être notifiés.

Selon Cols Bleus, le PA NG sera « le plus grand navire militaire jamais construit en Europe ». Et pour cause : il affichera finalement un déplacement de 80 000 tonnes [soit 5 000 de plus par rapport à ce qui avait initialement été envisagé] pour une longueur de 310 mètres. De telles dimensions supposent de lancer un chantier colossal à la base navale de Toulon, l’objectif étant de gagner 10 à 15 hectares sur la rade pour y construire des quais et un bassin dédié à ce futur navire.

PLF 2025 : le budget des armées parmi les rescapés

PLF 2025 : le budget des armées parmi les rescapés

– Forces opérations Blog – publié le

Chose promise, chose due : le gouvernement Barnier n’a pas touché à la trajectoire budgétaire des armées dans le projet de loi de finances pour 2025 dévoilé aujourd’hui. Sauf écueil parlementaire, les crédits alloués à la défense bondiront de 3,3 Md€ l’an prochain conformément à la loi de programmation militaire 2024-2030. 

Les dépenses militaires ont survécu à la vague d’austérité actée dans le PLF 2025. Quand d’autres devront se serrer la ceinture pour participer au redressement des comptes publics, les armées verront leurs crédits grimper à 50,54 Md€. De quoi fournir aux armées « les moyens de se moderniser et de préparer l’avenir pour répondre à leurs missions dans un contexte international dégradé et incertain », pointe un document publié ce soir par Bercy. 

De ce budget record, 10,6 Md€ viendront alimenter les grands programmes d’armement. Soit une hausse de 16% ou (1,5 Md€) par rapport à la loi de finances initiale 2024. Les ressources allouées au maintien en condition opérationnelle augmentent à nouveau sensiblement pour atteindre 5,9 Md€, contre 5,7 Md€ cette année.  

« Enfin, une partie de ces crédits permettra au ministère des armées de faire face à ses nombreux engagements internationaux, dans un monde marqué par un regain de violence (guerre en Ukraine, situation au Proche et Moyen Orient…) ». Un dixième de la manne sera consacrée au fonctionnement et aux activités opérationnelles, quand 1% est fléché vers les OPEX et MISSINT. Il faudra attendre la semaine prochaine et le lancement d’un cycle d’auditions pour mieux chiffrer les efforts proposés pour chaque programme.

Le document prévoit par ailleurs de renforcer les effectifs à hauteur de 700 nouveaux postes « afin de répondre aux enjeux de transformation des armées », dont 70 au profit de la Direction des applications militaire du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA-DAM). Ici aussi, la cible inscrite dans la LPM est respectée à la lettre.

L’horizon est pour l’instant dégagé, mais d’âpres discussions parlementaires sont attendues au cours des prochaines semaines. De même, l’étendue des coupes budgétaires n’est pas totalement arrêtée, car le gouvernement compte bien proposer « au cours des débats, par amendements, des économies budgétaires supplémentaires à hauteur de 5 Md€ sur les budgets ministériels, permettant d’atteindre une cible de déficit public de -5,0 % sur laquelle il s’est engagé pour 2025, et une baisse de la dépense publique primaire en volume ».

La défense de l’effort de défense pour le gouvernement Barnier

La défense de l’effort de défense pour le gouvernement Barnier

par – Forces opérations Blog – publié le

L’effort envers les armées françaises est nécessaire et sera poursuivi, a défendu hier le nouveau Premier ministre Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale.

« Face à ces conflits, face à l’instabilité persistante et grave tout autour de nous, face à toutes les menaces hybrides, l’effort de défense est évidemment nécessaire et doit être poursuivi », déclarait Michel Barnier dans une sortie concise mais à première vue encourageante sur la trajectoire budgétaire des armées. 

« Poursuivre cet effort de défense et de solidarité, c’est aussi exprimer la reconnaissance de la nation aux militaires en pensant aux 26 000 hommes et femmes déployés sur tous les théâtres d’opérations (…) C’est le sens de la loi de programmation militaire pour les années 2024-2030 que nous mettrons en œuvre », poursuivait-il sans davantage de détails. Adoptée l’an dernier, cette LPM dite « de transformation » établit à 400 Md€ le besoin en ressources budgétaires sur sept ans, un socle financier d’emblée considéré comme un minimum.

Finalement publiés le 19 septembre, les plafonds de dépenses proposés par le gouvernement précédent fixent à 50,5 Md€ les crédits alloués à la mission Défense pour l’an prochain. Soit une hausse de 3,3 Md€ conforme à la trajectoire inscrite dans la LPM. De quoi garantir la poursuite d’un réarmement et d’un développement de l’investissement militaire qui « s’inscrivent dans la situation internationale et les différentes menaces auxquelles le pays doit faire face ». 

« À la suite de la loi de programmation militaire 2024-2030, le plafond prévisionnel des dépenses du ministère des Armées augmenterait en 2025. Cet investissement supplémentaire assurerait les dépenses d’investissement et les commandes de matériel nécessaires à la modernisation de nos armées », complète un texte désormais caduc. 

Si les signaux positifs se succèdent, le couperet de la dette reste omniprésent. Le nouveau gouvernement s’y est engagé, il compte ramener le déficit à 5% en 2025 et sous la barre des 3% en 2029. Estimée à plus de 40 Md€, l’économie exigée proviendrait pour deux-tiers d’une réduction des dépenses. Le reste sera généré par de nouveaux impôts. « Ce sera très difficile », concède Michel Barnier. Le PLF devrait être adopté le 10 octobre en Conseil des ministres en vue d’une discussion engagée le 21 octobre pour la première partie du texte, le 5 novembre pour la seconde.