Premiers de cordée : le cas Martin Fourcade

Premiers de cordée : le cas Martin Fourcade

Henri Lastenouse  – Témoignage chrétien – 5 Mars 2018

temoignagechretien.fr/articles/premiers-de-cordee-le-cas-martin-fourcade

 

Cinq fois médaillé d’or aux Jeux olympiques d’hiver, le français Martin Fourcade ne manque jamais une occasion de souligner le soutien sans faille dont il a bénéficié au sein des structures spécialisées de l’armée française, dont le site titre : « Le sous-lieutenant Martin Fourcade, sportif tricolore le plus titré de l’histoire olympique ». Plus de cent trente sportifs de haut niveau sont sous contrat avec la Défense. Ils pratiquent plutôt des sports peu médiatisés dont il est difficile de vivre. Certains pourtant ont percé le plafond de verre médiatique du fait de résultats exceptionnels, comme la vététiste Julie Bresset ou le nageur Florent Manaudou (1re classe au 68e régiment d’artillerie d’Afrique à La Valbonne, dans l’Ain), tous deux champions olympiques lors des derniers JO d’été. Un contrat avec la Défense offre également des possibilités de reconversion. Christophe Humbert, ancien champion de judo qui gère le suivi des athlètes de la Défense, est désormais enseigne de vaisseau de 1re classe.

Comparé aux autres, le palmarès de Martin Fourcade est naturellement « hors catégorie ». Il totalise sept médailles olympiques, cinq en or et deux en argent, remportées en trois olympiades, de Vancouver à Pyeongchang. Plus généralement, il a remporté vingt-deux des vingt-cinq globes de cristal mis en jeu en coupe du monde depuis 2012. Né à Céret, dans les Pyrénées, notre champion ne manque jamais une occasion d’évoquer ses racines catalanes et pyrénéennes, et la difficulté d’y construire une carrière sur les skis. L’aide de l’armée de terre a été primordiale pour lui permettre de poursuivre son apprentissage de biathlète, la contribution financière de ses parents n’étant plus suffisante pour l’emmener vers le haut niveau. Sa promotion récente au grade de sous-lieutenant a encore solidifié le lien qui l’unit à l’armée. « Jusqu’en 2008, ce sont mes parents qui m’ont financé. L’armée de terre m’a alors proposé d’intégrer l’équipe de France militaire de ski et, sans leur soutien, au moment où les sponsors n’étaient pas encore là, je sais que cela aurait été compliqué de poursuivre. J’ai un respect immense pour l’institution et une dette parce que ce sont eux qui m’ont permis d’en arriver là. »

C’est un hommage sans équivoque, au travers de l’armée française, au rôle unique que peut jouer la puissance publique dans le destin d’un homme. Et indirectement de celui de la solidarité de tous dans l’accomplissement d’un projet de vie. Un hommage aux antipodes des discours lénifiants sur le rôle essentiel des « premiers de cordée » pour la réussite de tous car, dans ce cas, c’est la base, l’armée, qui a soutenu l’excellence.

Que ce soit dans un cadre national, européen, ou même mondial, la possibilité de reconstruire de nouvelles classes moyennes qui seront le socle de la société doit retenir toute notre attention. Ce sont elles qui tirent l’ensemble et non quelques réussites vitrines dues au « hasard » de l’ascenseur social.