La Marine nationale veut un drone sous-marin océanique mis en œuvre depuis un navire de surface

La Marine nationale veut un drone sous-marin océanique mis en œuvre depuis un navire de surface

 

http://www.opex360.com/2022/07/24/la-marine-nationale-veut-un-drone-sous-marin-oceanique-mis-en-oeuvre-depuis-un-navire-de-surface/


« On l’a conçu comme un système de renseignement », avait expliqué, à l’époque, Cyril Lévy, directeur des programmes « drones » chez Naval Group. En effet, grâce à ses capteurs [radar, caméra, sonar], ce DSMO pourrait être utilisé pour patrouiller au large d’une base navale afin d’identifier d’éventuelles menaces ou bien servir d’éclaireur pour un groupe aéronaval.

Cela étant, interrogé au sujet de ce projet de Naval Group lors d’une audition au Sénat, quelques semaines plus tard, le chef d’état-major de la Marine nationale, l’amiral Pierre Vandier, s’était montré plutôt réservé à son égard.

« Il n’y a pas eu de discussion entre la Marine et Naval Group sur le drone sous-marin. C’est un projet intéressant pour les marines du Golfe persique par exemple puisqu’il s’agit d’un mini sous-marin à qui on peut confier des missions non éloignées des côtes. La Marine nationale n’a pas exprimé de besoins dans ce domaine-là », avait estimé l’amiral Vandier. « En revanche, avait-il continué, on regarde avec intérêts les développements technologiques de ce projet dans la mesure où ils pourraient converger un jour avec nos besoins militaires ».

Visiblement, la réflexion sur les drones sous-marins océaniques a avancé. En effet, le projet d’en doter la Marine nationale figure la dernière version du Document de référence de l’orientiation de l’innovation de défense [DrOID], publiée cette semaine par l’Agence de l’Innovation de Défense [AID].

« L’enjeu majeur est la capacité à faire évoluer les frégates de premier rang existantes et les sous-marins de la classe Suffren dans tous leurs domaines de lutte respectifs », explique l’AID au sujet des développements capacitaires intéressant la Marine nationale.

« Les autres enjeux concernent l’amélioration des capacités de lutte sous la mer avec des travaux sur les sonars ainsi que l’accroissement des performances de guerre électronique, des futurs moyens de guerre des mines et des futurs moyens d’interdiction », poursuit l’agence, qui n’oublie pas de citer les travaux relatifs à un nouveau système de lutte anti-torpilles, au renouvellement de la composante « porte-avions » et à la capacité de patrouille maritime aéroportée.

En outre, il s’agit également de développer davantage les technologies ayant trait au combat collaboratif, en particulier pour les navires de premier rang.

Ainsi, le DrOID évoque le développement de technologies permettant de « contrer les menaces antinavires les plus modernes tels que les missiles hypervéloces », d’optimiser la « capacité de lutte sous-marine des bâtiments de surface et des aéronefs », d’améliorer le « leurrage sonar » ou encore d’améliorer la « sécurité incendie, la résilience au choc et la maîtrise des signatures des plateformes et des navires ».

Le document insiste sur la poursuite des recherches sur les technologies nécessaires pour la maîtrise des grands fonds marins [jusqu’à – 6000 mètres], conformément à la stratégie récemment dévoilée par le ministère des Armées pour ce domaine. Ce qui suppose des efforts en matière de robotique.

À ce propos, le DrOID mentionne des « travaux de montée en maturité des technologies préparant les premières démonstrations » de drones [dont le type n’est pas précisé, ndlr] mis en oeuvre depuis un sous-marin à l’horizon 2025-26. Et il est aussi question d’un « démonstrateur de drone sous-marin océanique longue endurance pouvant être mis en œuvre et récupéré à partir d’un bâtiment de surface ». Faut-il en conclure que Naval Group a su convaincre de l’utilité de son DSMO?

Quoi qu’il en soit, lors de l’édition 2022 de « l’opération i-Naval« , organisée le 7 juillet dernier à base navale de Toulon par la Direction générale de l’armement [DGA] – Techniques Navales et l’Université de Toulon, il a été fait grand cas du « combat connecté sous-marin »… et donc de l’apport du DSMO de Naval Group mais aussi celui d’un relais acoustique sous-marin développé par Thales et Sercel Défense, d’un système de détection de menaces par la génération d’un champ électrique mis au point par Elwave, du mât hybride multicapteurs 360 [MTT1] de Photospace et de la technologie de guidage acoustique d’Arkeocean, laquelle permet de déployer un essaim de drones sous-marins.

Par ailleurs, Naval Group affiche de grandes ambitions dans le domaine des drones sous-marins, lesquelles vont se concrétiser par un investissement de 140 millions d’euros pour créer un « centre d’excellence des drones, systèmes autonomes et armes sous-marines » sur le site des Bormettes, dans le Var.

M. Lecornu : Le second porte-avions sera l’un des « gros morceaux » de la prochaine Loi de programmation militaire

M. Lecornu : Le second porte-avions sera l’un des « gros morceaux » de la prochaine Loi de programmation militaire

http://www.opex360.com/2022/07/07/m-lecornu-le-second-porte-avions-sera-lun-des-gros-morceaux-de-la-prochaine-loi-de-programmation-militaire/


 

Seulement, le président Mitterrand, élu en 1981, ayant d’autres priorités, l’ordre de construction de ce premier porte-avions nucléaire fut signé en 1986. Et le projet de son « sister-ship » fut renvoyée à des jours meilleurs… qui ne viendront pas puisqu’il sera finalement annulé durant le premier mandat de Jacques Chirac à l’Élysée.

Cela étant, à l’occasion de la Loi de programmation militaire [LPM] 2003-2008, celui-ci décida de doter la Marine nationale d’un second porte-avions, alors appelé PA2 et propulsion classique, dans le cadre d’une coopération avec le Royaume-Uni. Mais les fonds débloqués par la France pour les études préliminaires [soit 214 millions d’euros au total] servirent surtout aux… Britanniques, qui songeaient alors à doter la Royal Navy de deux porte-avions [les HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales].

Car, si, durant l’élection présidentielle de 2007, le candidat Nicolas Sarkozy s’était engagé en faveur de ce PA2, ce projet passa à la trappe par la suite. Quoi qu’il en soit, depuis le retrait du Foch et du Clemenceau, cette question du second porte-avions est désormais devenue récurrente. Et, en quelque sorte, chaque gouvernement renvoie la « patate chaude » à son successeur.

Cependant, ce sujet a été remis en selle dans la perspective du remplacement du « Charles de Gaulle » par le porte-avions de nouvelle génération [PANG].

Ainsi, dans un rapport publié en octobre 2019, le député Jean-Charles Larsonneur fit état d’une réflexion qui envisageait la construction de deux porte-avions à propulsion classique. Mais l’option nucléaire ayant finalement été retenue, la question de construire deux PANG fut renvoyée à la prochaine LPM.

Pour autant, certains parlementaires prirent date. Ainsi, dans un rapport publié en juillet 2020, les sénateurs Olivier Cigolotti et Gilbert Roger plaidèrent en faveur de deux nouveaux porte-avions à propulsion nucléaire.

« La décision de construire un deuxième porte-avions de nouvelle génération n’a pas à être prise dans le cadre de la LPM en cours mais elle devrait l’être pour la LPM suivante [post-2025]. Cette décision aurait évidemment un coût, mais elle permettrait de bénéficier d’économies d’échelle sur le coût des études. Ces économies d’échelle sont probablement assez importantes. Elles pourraient être de l’ordre de 30 % à 40 % du coût total [à confirmer par les études réalisées] », avaient ainsi expliqué les deux parlementaires.

Alors que les études concernant le PANG sont toujours en cours, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, n’a pas échappé à une question sur l’opportunité de doter la Marine nationale de deux porte-avions, à l’occasion de sa première audition à l’Assemblée nationale depuis qu’il a succédé à Florence Parly.

« Sur le deuxième porte-avions, […] c’est vraiment un des gros morceaux d’une prochaine Loi de programmation militaire. Alors, oui, il y aura une réflexion [sur ce sujet]. Et oui, elle se tiendra avec le Parlement », a répondu M. Lecornu.

Cependant, a-t-il continué, ce second porte-avions pose aussi la « question du groupe aéronaval dans son ensemble et donc ça renoue aussi avec le calendrier de l’avancement de notre classe Barracuda pour les sous-marins nucléaires d’attaque. Bref, c’est un ensemble global, sachant que le principe d’avoir toujours un porte-avions est acté ».

Quoi qu’il en soit, la question du second porte-avions en soulève d’autres. À commencer par celle du format de la Marine nationale, et en particulier du nombre de frégates de premier rang qu’elle aura à aligner, sachant que les 15 dont elle dispose actuellement est déjà insuffisant. En outre, une éventuelle réduction de la flotte de Rafale Marine, faute d’avoir d’avions neufs, n’est pas à écarter.

SNA Rubis : dernière prise de commandement et ultime mission avant retrait du service

SNA Rubis : dernière prise de commandement et ultime mission avant retrait du service

© FRANCIS JACQUOT

Par Vincent Groizeleau -Mer et Marine – publié le 01/07/2022

Doyen des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la Marine nationale et vénérable quadragénaire, le Rubis a débuté son ultime mission avant son retrait du service, prévu à la fin de cette année. Avant son appareillage de Toulon, une cérémonie s’est déroulée le mercredi 29 juin, à l’occasion de la dernière prise de commandement du bâtiment. Le vice-amiral d’escadre Jean-Philippe Chaineau, commandant les forces sous-marines et la Force océanique stratégique (FOST) a fait reconnaitre le capitaine de corvette Laurent Falhun comme nouveau et dernier pacha du Rubis. L’officier, qui succède au capitaine de frégate Nicolas Maigné, a pris la tête de l’équipage Rouge avec lequel le sous-marin va achever sa carrière (les SNA sont armés alternativement par deux équipages, le Bleu et le Rouge). La cérémonie de mercredi avait aussi pour but de rendre hommage au Rubis, premier SNA de la flotte française, qu’il sert depuis 39 ans. A cette occasion, la plupart de ses anciens commandants étaient présents, dont le vice-amiral d’escadre Hubert Foillard qui fut le premier d’entre eux.

La France va livrer un nombre « significatif » de Véhicules de l’avant blindé à l’Ukraine


 

« Pour se déplacer rapidement dans des zones sous le feu ennemi, les armées ont besoin de véhicules blindés. La France va livrer, dans des quantités significatives, des véhicules de transport de ce type, des VAB, qui sont armés », a en effet affirmé le ministre.

Mis en service il y a plus de quarante-cinq ans au sein des forces françaises [et de l’armée de Terre en particulier], qui en ont reçu plus de 4000 exemplaires, le VAB se décline en plusieurs versions, dont celle dite ULTIMA, mise au point dans les années 2010. A priori, les blindés portés à ce standard ne font pas partie de ceux envoyés en Ukraine. Du moins, c’est ce que suggère la vidéo prise en Slovaquie.

Twitter

La flotte de VAB utilisés par l’armée de Terre se réduit d’année en d’année. Si certains de ces véhicules ont été cédés à la Gendarmerie nationale lors de l’engagement de celle-ci en Afghanistan, d’autres ont été détruits en opération quand ils n’ont pas été trop usés par les rigueurs de l’environnement sahélien. En outre, ils sont progressivement remplacés par les Véhicules blindés multi-rôles [VBMR] Griffon et Serval, dans le cadre du programme SCORPION. Ainsi, au 1er juillet 2021, il ne restait plus que 2500 exemplaires encore en service.

Par ailleurs, M. Lecornu a évoqué la livraison de CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie de 155 mm] à l’Ukraine. « L’artillerie dans ce conflit est […] centrale : aussi, les canons français CAESAr – dont la réputation n’est plus à faire par leur précision et leur mobilité sur un théâtre d’opérations – ont été livrés. C’est la principale demande que les autorités ukrainiennes nous avaient formulée. Avec ces 18 canons, cela forme une unité d’artillerie complète », a-t-il soutenu.

Quant aux conséquences de ces livraisons sur les capacités de l’armée de Terre, le ministre a fait valoir que « jamais nous ne prendrions une décision qui priverait la nation française d’éléments décisifs à sa défense ». Et d’ajouter : « Ces 18 canons CAESAr peuvent contribuer à changer la vie des Ukrainiens… pour l’armée française, cela la prive d’une fraction limitée de matériels [près de 25% tout de même, ndlr] pour le cycle d’entraînement de court terme. C’est pourquoi nous demandons à nos industries de défense de se placer dans une ‘économie de guerre’ afin de reconstituer les stocks ».

En outre, et s’agissant toujours de l’Ukraine, M. Lecornu a dit avoir deux priorités. La première est d’aider l’armée ukrainienne « à tenir dans la durée ». Et, a-t-il dit, cela passe par les « stocks de munitions ».

Un sujet également sensible pour les forces françaises… qui préoccupe les parlementaires, dont Christian Cambon, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense. En décembre dernier, celle-ci avait tiré le signal d’alarme en affirmant qu’en matière de munitions, les forces françaises ne disposaient que du « strict nécessaire ».

Plus récemment, dans leur rapport – remarqué – sur l’engagement de haute intensité, les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès qui, dans un rapport sur la « haute intensité », ont préconisé un « effort financer immédiat » pour reconstituer les stocks de munitions.

Quoi qu’il en soit, pour M. Lecornu, « la coordination entre alliés, notamment dans le cadre de l’Otan mais aussi de l’UE, est très importante ». Au passage, il a précisé que la possibilité de livrer à l’Ukraine des missiles anti-navires Exocet était à en cours d’examen. Et cela alors que la Marine nationale a régulièrement dit manquer de « munitions complexes » pour faire face au « durcissement des opérations navales ».

Enfin, la seconde priorité de M. Lecornu est la formation des soldats ukrainiens à « certaines techniques de combat et au renseignement militaire ». Ce qui, explique-t-il, est « primordial, car cela permet de bien utiliser les armes livrées et d’optimiser la performance des combattants, et donc de préserver leur vie ».

À noter que, sur ce point, et lors d’une visite à Kiev, le 17 juin, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a proposé de former jusqu’à 10’000 soldats ukrainiens tous les 120 jours au Royaume-Uni.

Photo : Archive

Le Suffren, premier sous-marin nucléaire français nouvelle génération, mis en service à Brest ce vendredi

Le Suffren, premier sous-marin nucléaire français nouvelle génération, mis en service à Brest ce vendredi

  • La cérémonie officielle de mise à l'eau du Suffren à Brest, en présence d'Emmanuel Macron, le 12 juillet 2019.
    La cérémonie officielle de mise à l’eau du Suffren à Brest, en présence d’Emmanuel Macron, le 12 juillet 2019. AFP – LUDOVIC MARIN
La Dépêche – Publié le

Le premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français de nouvelle génération, le Suffren, sera mis en service à Brest ce vendredi 3 juin. Il sera inauguré en présence du nouveau ministre des Armées Sébastien Lecornu.

C’est le dernier-né de la flotte sous-marine française. Ce vendredi 3 juin verra se tenir à Brest (Bretagne) l’admission au service actif du premier sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de nouvelle génération, le Suffren. Inauguré en présence du ministre des Armées Sébastien Le Cornu, le Suffren est le premier de sa génération, conçu dans le cadre du programme Barracuda.

A lire aussi : Embarquez à bord du Suffren, le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque français lancé aujourd’hui

Long de 99 mètres pour un diamètre de 8,8 mètres, ce bâtiment à propulsion nucléaire, lourd de 5300 tonnes, peut accueillir jusqu’à 65 hommes à son bord et dispose d’une autonomie de 70 jours. Il embarque aussi tout un arsenal dernier cri : missiles de croisière navale, antinavires, torpilles lourdes, mines… Néanmoins, contrairement aux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), le Suffren ne transporte pas d’arme nucléaire.

Six nouveaux bâtiments

Ce bâtiment s’inscrit dans un projet à long terme de renouvellement de la flotte française, comme l’explique sur franceinfo Vincent Groizeleau, rédacteur en chef du site meretmarine.com : « Jusqu’ici, la Marine avait des sous-marins qui datent pour les plus anciens – les sous-marins d’attaque – du début des années 1980. Donc il devenait urgent de les remplacer. Cette nouvelle génération, six nouveaux bâtiments qui vont remplacer les anciens, sont carrément d’une autre gamme. »

Mis à l’eau en 2019 à Cherbourg, il a fallu 3 ans au Suffren pour être admis au sein du service actif de la flotte française. Cinq autres sous-marins du programme Barracuda devraient bientôt prendre la mer. Le second SNA de la classe Barracuda, le Dugay-Trouin, devrait être mis à l’eau d’ici la fin de l’été prochain, et pourrait être livré à la Marine nationale au mieux d’ici 2023.

Embarquez à bord du Suffren, le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque français lancé aujourd’hui

Embarquez à bord du Suffren, le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque français lancé aujourd’hui

  • Le Suffren est le premier d'une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque.
    Le Suffren est le premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque. PHOTO DR NAVAL GROUP
Publié le

https://www.ladepeche.fr/2019/07/12/embarquez-a-bord-du-suffren-le-nouveau-sous-marin-nucleaire-dattaque-francais-lance-aujourdhui,8309454.php

 

C’est le premier lancement de sous-marin français depuis plus de dix ans: Emmanuel Macron a célébré vendredi matin à Cherbourg la fin de la construction du Suffren, premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA), plus discrets et polyvalents. 

La cérémonie sur le site du constructeur français Naval Group à Cherbourgs’est déroulé en fin de matinée en présence du chef de l’Etat, qui a prononcé à cette occasion une allocution consacrée à la Défense. 

« Vous construisez ici notre indépendance, notre souveraineté, notre liberté d’action. Au nom de tout le pays, je veux vous dire ma fierté et vous remercier », a lancé le président aux collaborateurs de Naval Group.

Le monstre d’acier noir de 99 mètres de long tient son nom de Pierre-André Suffren, un amiral qui s’est illustré face aux Anglais au XVIIIe siècle. Il repose en ce moment sur son dispositif de mise à l’eau, sorte d’ascenseur à bateau. La mise à l’eau proprement dite n’aura lieu que fin juillet, avec trois ans de retard, avant des essais à quai, puis en mer, et sa livraison à la Marine nationale à Toulon avant l’été 2020. 

 

Le Suffren est le premier d'une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque.
Le Suffren est le premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque. PHOTO DR NAVAL GROUP

 

D’un coût de 9,1 milliards d’euros, le programme Barracuda, dont le Suffren est le premier exemplaire, vise à remplacer les six sous-marins de classe Rubis entrés en service à partir du début des années 1980. Un premier Rubis, le Saphir, vient de rejoindre Cherbourg pour y être désarmé. 
Les Barracuda, dont le dernier devrait entrer en service en 2030, sont beaucoup plus imposants que leurs prédécesseurs –5.300 tonnes en plongée contre 2.670 pour les Rubis– et offrent un « vrai saut générationnel » à la Marine nationale, observe Patrick van den Ende, spécialiste des sous-marins. 
« C’est un outil militaire qui arrive à un moment absolument indispensable », estime le chef d’état-major interarmées, le général François Lecointre. « On passe de la (Peugeot) 207 à la Formule 1 », se félicite le capitaine de vaisseau Bertrand Dumoulin, porte-parole de la Marine nationale. 

Un sous marin sans périscope ni missile nucléaire

Particularité du Suffren : il n’a pas de périscope, élément emblématique de la guerre sous la mer. Pour voir ce qu’il se passe à la surface, plus de tube coulissant traversant la coque, ce qui en faisait un point de vulnérabilité, mais des caméras placées en haut d’un mât qui retransmettent les images sur les écrans des sous-mariniers. 

 

Le Suffren est le premier d'une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque.
Le Suffren est le premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque. PHOTO DR NAVAL GROUP

 

Les SNA n’emportent pas de missiles nucléaires, contrairement aux quatre sous-marins lanceurs d’engins français (SNLE) qu’ils sont notamment chargés de protéger. Ils sont qualifiés de « sous-marins nucléaires » car leur propulsion provient d’un réacteur nucléaire compact, qui leur assure autonomie et discrétion acoustique par rapport aux sous-marins conventionnels à propulsion diesel-électrique. 

 

Le Suffren est le premier d'une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque.
Le Suffren est le premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque. PHOTO DR NAVAL GROUP

Cette discrétion devrait être « presque 10 fois » supérieure à celle des Rubis, selon Bertrand Dumoulin. 
La mission du SNA consiste à protéger les bâtiments précieux comme le porte-avions  Charles-de-Gaulle et les SNLE, traquer les sous-marins ennemis et recueillir du renseignement au plus près des côtes ennemies. Le Suffren pourra aussi déployer des forces spéciales via un hangar de pont amovible.  
« C’est une base avancée secrète et immergée pour les nageurs de combat et leur équipement, dont un mini-sous-marin », explique Bertrand Dumoulin. 
Et il aura enfin la capacité de tirer des missiles de croisière navals (MdCN), d’une portée de 1.000 kilomètres, contre des cibles terrestres.  

70 jours d’autonomie

 

Le Suffren est le premier d'une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d'attaque.
Le Suffren est le premier d’une série de six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque. PHOTO DR NAVAL GROUP

 

« S‘il devait se reproduire un raid du type de celui que nous avons dû conduire lors de l’opération Hamilton, commandée par le président de la République l’an dernier contre des installations chimiques en Syrie, on pourrait employer ce type d’armes tirées à des centaines de kilomètres depuis le dessous de la mer », selon le général Lecointre. Le Suffren pourra naviguer jusqu’à 70 jours en parfaite autonomie à 350 mètres de profondeur, selon la Direction générale de l’Armement. 

Son lancement intervient dans un contexte d’augmentation mondiale du nombre de sous-marins (+6% en 5 ans). Il y en aujourd’hui plus de 450. Si les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni sont les seuls avec la France à être dotés de SNA, de nombreux pays renouvellent leur flotte conventionnelle (Inde, Australie) et d’autres s’en dotent pour la première fois (Malaisie, Bangladesh, Vietnam). 
« En Asie du Sud et du Sud-Est, la menace chinoise incite les Etats à se doter de ces capacités parce qu’elles constituent un excellent moyen de défense, de déni d’accès et de protection des infrastructures stratégiques », explique Patrick van den Ende. Proposé aux Pays-Bas, le Barracuda est déjà un succès à l’export dans une version à propulsion diesel-électrique: 12 exemplaires ont été vendus à l’Australie.

Conservatoire Historique de l’Aéronautique Navale à Nîmes (C.H.A.N.)

Conservatoire Historique de l’Aéronautique Navale à Nîmes (C.H.A.N.)

                                                    

 

Par le Lieutenant de Vaisseau (H) Yannick RUELLAN – publié le 11 avril 2022,

En 1961, était créée sur le plateau de Garons entre Nîmes et Saint-Gilles une base Aéronautique navale pour accueillir les formations de retour d’Algérie. Pendant 50 ans cette base opérationnelle a fonctionné jusqu’au 1er juillet 2011. Après sa fermeture, l’Armée de Terre y a installé une Base de Défense et le 503ème Régiment du Train et l’ex-BAN est devenue le Quartier El Parras. Pendant ces 50 années d’existence, beaucoup de personnels se sont établis localement, à Nîmes et dans les villages environnants, à l’issue d’un contrat avec la Marine ou pour prendre leur retraite. Une amicale des Anciens de l’Aéronautique Navale les a regroupés, comptant jusqu’à 350 membres. Un certain nombre d’entre eux, soucieux de la survie du patrimoine aéronautique a mis sur pied le « Conservatoire Historique de l’Aéronautique Navale à Nîmes » en octobre 2010.

Cette association loi 1901 a pour objet :

  • D’assurer, dans le cadre de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine historique militaire, l’entretien des aéronefs mis à sa disposition par la Marine sur décision du Ministre des Armées, et de leurs zones d’exposition afin qu’ils restent en bon état de conservation et de présentation.
  • De concourir au rayonnement de l’Aéronautique Navale, de la Marine et des Armées par une présentation de ces aéronefs à un public aussi large que possible.

Deux avions mythiques de l’Aéronautique Navale les Breguet 1050 Alizé N°48 et 1150 Atlantic N°31 ont été sauvegardés en leur évitant le parc à ferraille. Ces 2 aéronefs sont exposés à l’intérieur de l’enceinte militaire, pour l’Alizé face à la stèle à la mémoire des équipages disparus devant la chapelle et pour l’Atlantic le long de la route départementale 42 bien visible des touristes y circulant.

                        

 

Il a fallu convaincre les autorités militaires du bien-fondé de ce conservatoire et dépenser beaucoup d’énergie avant d’obtenir enfin l’autorisation ministérielle.

Au cours des 11 dernières années il a fallu à une vingtaine de membres bénévoles particulièrement enthousiastes et motivés de la Section Patrimoine Aéronautique beaucoup de travail pour mettre en place ces avions, rapatrier et rechercher les pièces et équipements manquants, réparer les affres du temps, peindre les cellules. Un travail qui n’est jamais terminé car il manque toujours quelques précieuses pièces intérieures et c’est ainsi qu’en ce début avril, une équipe est partie à la base de Lann-Bihoué pour compléter les manques.

Mais les avions grâce à ce travail régulier ont fière allure et ont été présentés aux autorités Marine de passage. Des visites sont régulièrement organisées par les bénévoles de l’association au profit des stagiaires de la Préparation Militaire Marine, des élèves du Brevet d’Initiation Aéronautique, des militaires de l’Armée de Terre, d’écoles ou d’associations… Ces visites sont possibles uniquement par l’intermédiaire du CHAN.

Dernières précisions concernant ces aéronefs :

Le Breguet Br 1150 Atlantic est un avion bi-turbopropulseur de patrouille maritime qui a commencé à voler en 1961 pour être livré à la Marine fin 1965. Cinq pays (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Pakistan) ont utilisé les 87 exemplaires de série. Il a été remplacé par l’Atlantique qui arme les Flottilles basées sur la BAN Lann-Bihoué à Lorient.

Le Breguet Br 1050 Alizé est un avion de surveillance maritime et de détection de sous-marins, embarqué sur porte-avions qui a volé de 1956 à 2000. Un de ces aéronefs, le N°59 est maintenu en état de vol et présenté lors de meetings aériens par une association « Alizé Marine » basée à Nîmes Garons.

                                   

Par ailleurs le CHAN est membre fondateur de la fédération « Les Marins du ciel » qui regroupe les amicales d’anciens marins de l’aéronautique navale ainsi que les marins du ciel d’active.

Des visites sont possibles uniquement par l’intermédiaire du CHAN, pour prendre contact :

soit sur le site du CHAN : https://chan-nimes.org/)

soit par mail : president@chan-nimes.org  et/ou secretaire@chan-nimes.org.

Haute intensité : Le ministère des Armées se veut rassurant au sujet de l’état des stocks de munitions

Haute intensité : Le ministère des Armées se veut rassurant au sujet de l’état des stocks de munitions

http://www.opex360.com/2022/03/21/haute-intensite-le-ministere-des-armees-se-veut-rassurant-au-sujet-de-letat-des-stocks-de-munitions/

 

 

                   Tir ASTER 30 le 27 janvier 2021, à bord de la FREMM Normandie.

Après avoir affirmé que les forces françaises manquaient « d’épaisseur » en matière de munitions pour soutenir un conflit de « longue durée » lors d’un entretien diffusée par RFI, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, Christian Cambon [LR] a récidivé quelques jours plus tard, à l’antenne de CNews/Europe1.

« Les Russes eux-mêmes commencent à être en difficulté sur certaines munitions. Tous les pays sont confrontés à ça. Il faut savoir passer du temps de paix au temps de guerre, on ne l’a pas fait pendant 75 ans », a répondu M. Cambon alors qu’il était interrogé par Jean-Pierre Elkabbach. Et d’insister : « Nous n’avions pas des munitions en quantité suffisante pour un très long conflit ».

Puis, estimant que les forces françaises pourraient être à court de munitions « en seulement quatre jours de conflit de haute intensité », quatre députés [Julien Aubert, Laurence Trastour-Isnart, Bernard Bouley et Claude de Ganay, ndlr], ont interpellé Florence Parly, la ministre des Armées, en lui demandant de préciser les « mesures engagées » pour remédier à une telle situation.

Cependant, le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean s’est voulu rassurant. Ainsi, a-t-il rappelé, dans le cadre de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, une enveloppe de 7 milliards d’euros a été prévue pour acquérir des munitions. Et cet effort sera accentué, avec 110 millions de plus, après l’ajustement de cette même LPM, décidé l’an dernier [sans que le Parlement en soit saisi, ndlr].

« Plusieurs catégories de munitions ont été recomplétées pour éviter les ruptures capacitaires : armement air-sol et obus de 155 mm notamment », a précisé M. Grandjean, qui a également souligné que les « filières souveraines de production des bombes A2SM [Armement Air Sol Modulaire] et des corps de bombe de forte puissance ont été sécurisées ». Et cela, grâce aux investissements consentis par le groupe Rafaut pour l’usine « 4.0 » de Prouvy Rouvignies, inaugurée par Mme Parly en octobre 2019.

Par ailleurs, le porte-parole du ministère des Armées a fait valoir que des « opérations de rénovation pyrotechnique » ont permis de « consolider » le potentiel des munitions dites complexes, comme le missile de croisière SCALP, le missile anti-navire Exocet, le missile surface-air Aster et le missile air-air MICA.

« De nouvelles munitions sont en cours de développement [MICA NG, Aster 30 B1NT] , d’autres ont été développées et les stocks correspondants sont en cours de constitution [missile de croisière naval, missile moyenne portée] », a continué M. Grandjean, pour qui « nos armées sont donc prêtes à défendre nos intérêts, quel que soit le type de conflit, de basse ou de haute intensité ». Et de rappeler aussi que « c’est aussi en ce sens que la France est dotée de la dissuasion nucléaire, l’assurance-vie de la Nation ».

Sur ce point, la dissusion ne dispense pas de disposer de stocks suffisants de munitions, le recours à l’arme nucléaire ne pouvant être envisagé qu’en cas d’atteinte aux intérêts vitaux de la Nation.

En outre, M. Grandjean a aussi souligné que la France a « l’habitude et la volonté d’agir en coalition », ce qui fait que les « planifications en matière d’équipements et de munitions en tiennent naturellement compte ». Enfin, il a terminé son propos par une série de questions. « Les armées françaises ne tiendraient que quelques jours en cas de conflit? Mais contre qui? Sur quel terrain? Selon quel scénario? La remontée en puissance de nos stocks de munitions s’apprécie à l’aune d’un contexte d’emploi », a-t-il ainsi conclu.

Cela étant, et comme l’ont mis en avant les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès dans leur rapport sur la haute intensité, il y a un lien entre la préparation opérationnelle et les munitions, notamment « complexes ».

« Au terme des premières années de la LPM, les résultats en matière de préparation opérationnelle sont encore mitigés […]. L’intensité opérationnelle, la mutualisation des parcs d’entraînement, l’indisponibilité des matériels en rupture temporaire de capacité ou en maintenance et le manque d’heures de potentiel ou de munitions sont les quatre facteurs explicatifs les plus souvent cités à propos de cette sous-performance assez prévisible en début de LPM », ont écrit les deux députés.

« Dans la Marine, des stocks de munitions suffisants permettraient de s’entraîner dans de bonnes conditions, de vérifier que les systèmes fonctionnent de façon nominale », ce qui est un enjeu pour la confiance des équipages », ont-ils ainsi souligné.

Aussi, Mme Mirallès et M. Thiériot ont estimé nécessaire la reconstitution des « stocks de munitions pour faire face à un conflit de haute intensité mais aussi et avant tout pour permettre un entraînement suffisant ». Un nécessité « évoquée avec une remarquable unanimité au cours des auditions », ont-ils assuré.

Et d’expliquer : « L’effort de réparation poursuivi par la LPM s’est certes traduit par la programmation de 6,5 milliards d’euros entre 2021 et 2030. Mais pour tenir l’ensemble des contrats opérationnels des trois armées en 2030, le besoin financier complémentaire est évalué à 3,5 milliards d’euros auxquels il faut ajouter 350 millions d’euros par an pour l’entretien de ces stocks. En effet, les munitions se périment, notamment la pyrotechnie. Les munitions non utilisées doivent donc être détruites ou rénovées tous les dix ans. Et il faut en moyenne trois ans pour reconstituer des stocks ».

La France va-t-elle être obligée de revoir le format de ses forces stratégiques?

La France va-t-elle être obligée de revoir le format de ses forces stratégiques?

http://www.opex360.com/2022/03/07/la-france-va-t-elle-etre-obligee-de-revoir-le-format-de-ses-forces-strategiques/


 

 

Depuis l’effondrement de l’Union soviétique et la fin de la Guerre Froide, le format des forces stratégiques françaises, sur lesquelles reposent la dissuasion nucléaire, a drastiquement été réduit. Le programme de missile à courte portée Hadès [successeur du Pluton] fut dans un premier temps réduit, puis totalement abandonné en 1996. Même chose pour les missiles balistiques à portée intermédiaire sol-sol S3 mis en œuvre depuis le plateau d’Albion par l’armée de l’Air [et de l’Espace].

Quant à la Force océanique stratégique [FOST], elle reçut quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de type « Le Triomphant » au lieu des six initialement prévus. Cependant, la Marine nationale put conserver la Force aéronavale nucléaire [FANu], qui est dite « intermittente » car seulement employable quand un porte-avions est en mer.

Puis, à la fin des années 2010, et alors qu’elles se composaient de 9 unités dotées de bombardiers Mirage IV à la fin des années 1970, il fut décidé que les Forces aériennes stratégiques [FAS] ne compterait plus que deux escadrons dotés du missile ASMP-A [Air Sol Moyenne Portée Améliorée] à la faveur du remplacement du Mirage 2000N par le Rafale B, contre trois jusqu’alors.

Par ailleurs, en 1992, la France finit par rejoindre le Traité de non prolifération nucléaire [TNP], alors qu’elle en respectait les dispositions depuis 1968. Puis elle ratifia, comme le Royaume-Uni, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires [TICEN], le programme « Simulation » devant alors prendre le relais des expérimentations réalisées à Mururoa. Enfin, elle cessa la production de matières fissiles pour les armes nucléaires.

Avec ces mesures, la France compte actuellement moins de 300 têtes de nucléaires, trois lots de 16 missiles M51 destinés aux SNLE et 54 ASMP-A. Tels sont les chiffres qui avaient été rendu publics en 2015 par le président Hollande.

La dissuasion nucléaire française repose sur cinq principes qui concourent à sa crédibilité : la permanence, l’indépendance nationale [ou autonomie stratégique], la défense des intérêts vitaux, lesquels doivent être assez flous pour un adversaire potentiel mais dont on sait, depuis le discours prononcé par M. Macron à l’École militaire en février 2020, qu’ils ont désormais une « dimension européenne », capacité à infliger des « dommages inacceptables » et, enfin, la notion « stricte suffisance ».

Le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale de 2008 donne une définition précise de cette notion, qui sera reprise par celui de 2013. « La France continuera à maintenir ses forces nucléaires à un niveau de stricte suffisance. Elle les ajustera en permanence au niveau le plus bas possible compatible avec sa sécurité. […] Le niveau de ses forces ne dépendra pas de celui des autres acteurs dotés de l’arme nucléaire, mais seulement de la perception des risques et de l’analyse de l’efficacité de la dissuasion pour la protection de nos intérêts vitaux ».

Et d’ajouter : « Le niveau de suffisance continuera à faire l’objet d’une appréciation à la fois quantitative, concernant le nombre de porteurs, de missiles, d’armes, et qualitative, prenant en compte des défenses susceptibles d’être opposées à nos forces. Cette appréciation est régulièrement présentée au Président de la République et actualisée dans le cadre du conseil de défense restreint sur les armements nucléaires ».

En clair, la France entend maintenir sa dissuasion nucléaire au plus bas niveau possible au regard de son évaluation du contexte stratégique.

Dans son livre « Opération Poker », le général Bruno Maigret, ancien commandant des Forces aériennes stratégiques, souligne que le « concept de stricte suffisance prévient tout risque de course aux armements qui pourrait faire perdre à la France son équilibre doctrinal comme financier ». Plus loin, il ajoute, en citant M. Macron : « La stricte suffisance des forces nucléaires n’est pas dimensionnée par l’arsenal des autres acteurs, mais bien par l’impératif du « maintien de leur crédibilité opérationnelle dans la durée, au niveau […] requis par l’environnement international’. Cela signifie que ce qui dimensionne nos forces aujourd’hui et demain est le niveau de la défense adverse qu’elles devront savoir percer ».

Le contexte international doit donc être pris en compte pour déterminer le niveau de « stricte suffisance ». Du moins fait-il partie de l’équation… Or, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avec la menace nucléaire agitée par Moscou rebat les cartes. En outre, de nouvelles puissances nucléaires sont apparues depuis le début des années 1990, dont le Pakistan, la Corée du Nord et l’Inde. D’autres pays ont tenté de développemer un arsenal nucléaire… Et la Chine a visiblement l’intention d’accroître significativement le sien. Qui plus est, les armes hypersoniques ont fait leur apparition, certaines passant pour être opérationnelle. Et il faut composer avec les défenses antimissiles, le traité ABM [Anti-Ballistic Missile, signé à Moscou en 1972, ndlr] ayant été dénoncé par les États-Unis en 2002.

Étant allé beaucoup plus loin que la France en matière de désarmement nucléaire, avec une dissuasion ne reposant plus que sur une composante océanique [dont l’existence est « garantie » par les États-Unis], le Royaume-Uni a pris la mesure de cette évolution en annonçant, en mars 2021, son intention d’augmenter la taille de son arsenal nucléaire de 40%, le nombre de ses armes « stratégiques » devant ainsi passer de 180 à 260. Durant la Guerre Froide, les forces britanniques disposaient de 500 têtes nucléaires…

Pour justifier cette annonce, venue après une reprise en main de son industrie nucléaire, Londres avait mis en avant une « panoplie croissante de menaces technologiques et doctrinales » et une « menace active » incarnée par la Russie ainsi qu’un « défi systémique » posé par la Chine. Et d’ajouter : « Une dissuasion nucléaire minimale, crédible et indépendante, affectée à la défense de l’Otan, reste essentielle pour garantir notre sécurité ».

Dans ces conditions, l’évolution du contexte international invite-t-elle à reconsidérer le seuil de « stricte suffisance »? La France devrait-elle revoir le format de ses forces stratégiques, en profiter de la modernisation de ses deux composantes nucléaires, avec le SNLE de 3e génération et le missile ASN4G? Le développement d’une arme hypersonique – comme le V-MAX – peut-elle être une réponse?

Sans doute que la campagne électorale qui s’ouvre permettra d’aborder ce sujet, la dissuasion nucléaire étant du seul ressort du président de la République. En attendant, il se dit qu’un deuxième SNLE a quitté la base de l’Île-Longue peu après l’invasion de l’Ukraine. Cela ne s’était plus vu depuis la crise des Euromissiles, au début des années 1980.

La marine nationale dévoile une technologie révolutionnaire qu’elle pourrait être la seule à utiliser

La marine nationale dévoile une technologie révolutionnaire qu’elle pourrait être la seule à utiliser

ARMÉE Les gravimètres quantiques, capables de cartographier les océans avec une très grande précision, devraient faire leur apparition d’ici à 2027 sur quatre bâtiments 

 
Des membres de la marine nationale sur le pont du porte-avions «Charles-de-Gaulle» en 2015. — ANNE-CHRISTINE POUJOULAT AFP



A l’occasion de l’inauguration d’un nouveau laboratoire, le PDG de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), Bruno Sainjon, a révélé que la marine française allait prochainement être équipée de systèmes opérationnels utilisant le système Girafe (gravimètres interférométriques de recherche à atomes froids embarquables). Il s’agit d’une technologie quantique de nouvelle génération qui devrait faire son apparition sur quatre bâtiments de surface de la marine d’ici à 2026-2027, rapporte La Tribune.

« Cela fait de la marine l’une des premières armées au monde à disposer de systèmes opérationnels basés sur cette technologie quantique de nouvelle génération si on est pessimiste et, si on est optimiste, peut-être la première armée au monde », a déclaré Bruno Sainjon.

Localisation sans GPS

Développé par l’Onera, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales, en coopération avec le service hydrographique et océanographique de la marine, ce gravimètre quantique devrait permettre de cartographier les océans avec une précision inouïe. De ce fait, les navires civils et militaires pourront savoir constamment où ils se trouvent.

Mais ce système pourra surtout permettre aux navires de se passer des systèmes de positionnement par satellite américain GPS ou européen Galileo. Cela est aussi important dans le cadre de la planification et la conduite des opérations maritimes et aéromaritimes. Enfin, ce système pourra être utilisé pour d’autres applications telles que la géophysique des zones océaniques, la prospection du sous-sol marin (minerai, pétrole), la cartographie de pesanteur ou encore la navigation sans GPS.