Un rapport plaide pour un sursaut capacitaire de la Marine nationale afin de faire face aux défis en Méditerranée

Un rapport plaide pour un sursaut capacitaire de la Marine nationale afin de faire face aux défis en Méditerranée



 

Disputes territoriales alimentées par les convoitises de ses ressources, notamment d’hydrocarbures, durcissement des politiques d’affirmation de puissance, qui va de pair avec un réarmement significatif de certains pays riverains, instabilité dû à la situation en Libye et des conflits gelés [comme au Sahara occidental], risque de terrorisme maritime, instrumentalisation des flux migratoires dans le cadre d’une stratégie dite de « guerre hybride », trafics de drogue et d’armes, remise en cause du droit international, questions environnementales… « La zone Méditerranée sera le défi des prochaines années tant les facteurs de crise qui s’y conjuguent sont nombreux », avait affirmé le président Macron, en juillet 2020. Et, sur ce point, il est difficile de lui donner tort.

Seulement, pour faire face à de telles menaces, les forces françaises souffrent de déficits capacitaire qu’il devient urgent de combler, même si le renouvellement de certains moyens a déjà été engagé à la faveur de l’actuelle Loi de programmation militaire [LPM]. C’est en tout cas l’appel lancé par les députés Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer, dans un rapport qu’ils viennent de publier au nom de la commission de la Défense nationale.

Ces déficits capacitaires ont été mis en exergue par l’important exercice naval Polaris, qui, organisé par la Marine nationale, a eu lieu en Méditerranée, entre le 27 novembre et le 3 décembre 2021, avec une vingtaine de navires, dont le porte-avions Charles de Gaulle et le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre. Des forces navales étrangères y avaient été conviées.

Cet exercice reposait sur un scénario de « guerre complète entre deux forces symétriques déployées dans un affrontement de haute intensité, plongeant les unités dans la fulgurance des frappes ainsi que le brouillard de la guerre, épaissi par les attaques cyber, la désinformation, les brouillages radio, radar ou GPS ou encore la perte des communications satellites ».

Un précédent rapport, dédié à l’engagement de haute intensité, avait déjà indiqué que, à l’issue de cet exercice, huit navires avaient été fictivement mis hors de combat. Celui de MM. Ferrara et Michel-Kleisbauer livre d’autres détails.

Ainsi, citant le contre-amiral Emmanuel Slaars, les deux députés expliquent que Polaris 21 « a confirmé l’importante valeur ajoutée du groupe aéronaval, ainsi que la complémentarité entre l’aviation embarquée et les hélicoptères, en dépit des problèmes de disponibilité bien connus des NH-90 » et que la capacité d’embarquer des drones à bord des navires constituerait un « un atout stratégique » dans un conflit de haute intensité. Mais cet exercice a aussi permis de constater que les « axes principaux de développement » à privilégier portent sur les « capacités de nos missiles anti-navires, le volume de nos stocks de munitions ainsi que la nécessité de renforcer la sécurité de nos systèmes de communication ».

« En cas de conflit de haute intensité, l’exercice Polaris a rappelé combien nos missiles anti-navires, tels que l’Exocet, étaient devenus peu compétitifs face aux missiles supersoniques de nos compétiteurs », a d’ailleurs insisté M. Michel-Kleisbauer, lors de l’examen du rapport en commission.

Plus généralement, les rapporteurs estiment que, pour être en mesure d’anticiper et de prévenir les crises, il est nécessaire de faire un effort supplémentaire en matière de renseignement, qu’il soit d’origine humaine [ROHUM] ou d’origine électro-magnétique [ROEM].

« Il y a d’abord urgence à accroître les capacités de renseignement d’origine électromagnétique des drones Reaper actuellement en parc. Sans cesse retardé, l’ajout d’une charge utile de renseignement d’origine électromagnétique est d’autant plus nécessaire que l’actualisation de la programmation militaire décidée par le gouvernement au printemps 2021 s’est accompagnée du retrait anticipé des C-160 Transall Gabriel, dont l’efficacité était unanimement reconnue, y compris par nos alliés les plus exigeants », affirment en effet les deux députés.

Or, selon eux, l’engagement d’un MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] dans l’opération européenne Irini, lancée pour surveiller l’embargo sur les armes destinées à la Libye, n’aurait pas donné « satisfaction lors des phases de survol de la mer ». Aussi, il « convient, d’une part, d’en accroître les performances et, d’autre part, de veiller à ce que le développement de l’Eurodrone tienne compte des besoins de survol maritime », font-ils valoir.

Sur ce point, M. Ferrara a indiqué qu’il est « envisagé d’acquérir sur étagère des drones, en attendant que soit disponible le drone MALE européen » car « il y a certainement une urgence dans ce domaine ».

Toujours en matière de drones, les rapporteurs recommandent l’accélération le programme SDAM [système de drone aérien marine], afin de permettre à la Marine nationale de « rattraper le retard qu’elle a accumulé en la matière sur certains de ses concurrents ».

Quant aux capacités de combat, la question du format de la flotte de surface de la Marine devra, à un moment ou un autre, être posée… tant il est évident que le nombre de quinze frégates de premier rang est insuffisant. Les rapporteurs notent d’ailleurs qu’un tel débat a été tranché en Italie.

« En 2030, les Italiens auront ainsi 19 frégates, tandis que la France n’en aura que 15. Il est donc nécessaire de rester au niveau des Italiens, voire de les dépasser », a estimé M. Michel-Kleisbauer, devant ses collègues. « Une réflexion sur l’accroissement du nombre de nos bâtiments de premier rang, notamment les frégates, parait nécessaire en vue de consolider la position de la marine nationale, au regard du réarmement naval des puissances en Méditerranée », lit-on également dans le rapport.

Celui-ci plaide également pour accélérer la commande et la livraison des patrouilleurs océaniques, les avisos [ou patrouilleur de haute-mer] qu’ils doivent remplacer étant à bout de souffle alors que leur mission principale et de sécuriser les approches maritimes. « Au titre de la préservation de nos capacités de projection, l’accélération du programme des bâtiments ravitailleurs de force [BRF] serait opportune, afin de remédier à la réduction de capacité de 50 % des bâtiments de commandement et de ravitaillement [BCR] jusqu’en 2027 », ajoute-t-il.

Et dire qu’à la fin des années 2000, il était question de doter la Marine nationale de 17 frégates multimissions [FREMM], qui se seraient ajoutés aux deux frégates de type Horizon… Et que le programme BATSIMAR [Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime] devait permettre le renouvellement des patrouilleurs outre-Mer et celui des patrouilleurs de haute-mer [des navires essentiels à la dissuasion nucléaire puisqu’une de leurs missions est « blanchir » les approches de l’Île-Longue, où sont basés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, ndlr]. Pour des raisons budgétaires, les objectifs furent revus à la baisse ou repoussés à des jours meilleurs. Et comme le dit la fable, « la Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue »…

Haute intensité : L’aviation de combat française pourrait être anéantie en moins de cinq jours, selon un rapport

Haute intensité : L’aviation de combat française pourrait être anéantie en moins de cinq jours, selon un rapport

http://www.opex360.com/2022/02/16/haute-intensite-laviation-de-combat-francaise-pourrait-etre-aneantie-en-moins-de-cinq-jours-selon-un-rapport/


 
Les tendances et les menaces qui avaient été identifiées par la Revue stratégique de 2017 se sont non seulement vérifiées, mais aussi accélérées. Comme le « durcissement » des politiques de puissance de certains États, lesquelles s’accompagnent de stratégies dites « hybrides », qui, conçues pour rester sous le seuil de riposte ou du conflit ouvert, combinent des modes d’action militaires et non militaires, directs et indirects, légaux ou illégaux.

Aussi, la Revue stratégique actualisée en janvier 2021 estime que « l’hypothèse d’un affrontement direct entre grande puissances ne peut plus être ignorée ». Ce qui fait que, désormais, la priorité des responsables militaires français est de se préparer à l’éventualité d’un engagement dit de « haute intensité ».

Dans un rapport qui a été examiné en commission ce 16 février, les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès ont examiné les implications que cette évolution peut avoir sur les forces françaises, qui, ces dernières années, ont surtout été engagées dans des opérations de contre-terrorisme, dans un relatif « confort opératif », car évoluant dans des environnements « permissifs ».

On pourrait penser que la dissuasion nucléaire épargnerait à la France d’être engagée dans un conflit de haute intensité. Mais comme l’a expliqué M. Thiériot, il n’en est rien.

« Le concept d’emploi des forces, réactualisé par l’État-major des armées en 2021 a […] défini précisément les implications qu’auraient un conflit » de haute intensité. En somme, la France pourrait s’engager dans un [tel] conflit temporairement seule ou aux côtés de ses alliés pour mettre fin à des actions de déstabilisation de l’ordre international, particulièrement préjudiciables à ses intérêts, ceux-ci incluant l’intégrité territoriale des pays de l’Union européenne », a expliqué le député.

Et d’ajouter : « La dissuasion nucléaire et les alliances la prémunissent théoriquement d’une escalade. Cependant, les adversaires potentiels se sont évidemment adaptés à ces réalités et s’assureront de porter des coups qui pourront être durs en dessous du seuil de riposte nucléaire ou de déclenchement des clauses de sécurité collective, rappelant que la riposte nucléaire est toujours limitée aux intérêts vitaux ».

Un conflit de haute intensité pourrait avoir plusieurs causes. Comme par exemple, une « erreur de calcul », c’est à dire, selon M. Thiériot, qu’ »un État pourrait franchir un seuil jugé majeur pour un autre compétiteur sans s’en rendre compte ». Ou encore une escalade non maîtrisée, un manque de transparence sur les intentions et l’instrumentalisation d’un pays tiers par une autre puissance dans le but de s’épargner une riposte nucléaire.

Comme l’a rappelé Mme Mirallès, un possible conflit de haute intensité peut présenter plusieurs caractéristiques. D’abord, on estime que les modes opératoires hybrides seront « systèmatiquement employés aux côtés des moyens conventionnels », a-t-elle souligné. En clair, il faut s’attendre à des actions dans les champs immatériels [guerre informationnelle, attaques informatiques, etc]. La guerre électronique en sera également un aspect déterminant, comme l’a montré le conflit du Haut Karabakh, en octobre 2020, au cours duquel les forces arméniennes ont été « aveuglées » par leurs homologues azerbaïdjanaises.

Enfin, évidemment, la haute intensité suppose de lourdes pertes, tant en hommes qu’en matériels… Et sur ce point, les estimations livrées par la députée sont préoccupantes. « En extrapolant à partir des taux d’attrition constatés lors de conflits symétriques entre forces aériennes, comme la guerre du Kippour ou celle des Malouines, il est manifeste que l’aviation de chasse française pourrait être réduite à néant en cinq jours », a-t-elle avancée. Or, avec la vente de Rafale d’occasion, qui n’ont pas été remplacés dans les escadrons de l’armée de l’Air & de l’Espace, on peut s’attendre à une situation encore plus tendue. D’autant plus que se pose aussi la question des stocks de munitions.

En outre, les derniers exercices censés préparer les forces françaises au combat de haute intensité ont chacun livré leur verdict. Ainsi, les manœuvres Warfighter 2021, organisées au niveau divisionnaire en avril dernier, ont mobilisé plus de 3’000 soldats, dont un millier de français [et autant de britanniques et d’américains]. Et elles ont montré qu’il fallait s’attendre à perdre un millier de soldats en dix jours de combat… Et davantage de blessés.

Dans le domaine maritime, d’une ampleur que l’on avait plus vue depuis fort longtemps, l’exercice Polaris 21 a réuni une vingtaine de navires et plus de 6000 militaires en Méditerranée, entre le 27 novembre et le 3 décembre 2021. Le groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle y a pris part, de même que la « task force 472 », constituée autour du porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre. Ces manoeuvres ont mobilisé plusieurs bâtiments étrangers, notamment britanniques, américains, espagnols, italiens et grecs.

S’agissant des moyens engagés par la Marine nationale, des navires anciens, comme la frégate anti-sous-marine [FASM] Latouche-Tréville ainsi que les patrouilleurs de haute-mer [PHM] Commandant Birot et Commandant Ducuing, ont côtoyé des bâtiments récemment admis au service, à l’image des frégates multimissions « Provence », « Alsace » et « Aquitaine ».

Les détails de cet exercice figurent sans doute dans le rapport des deux députés [qui n’a pas encore été publié]. Mais lors son examen en commission, Mme Mirallès a indiqué que, lors d’un premier combat ayant duré une quinzaine de minutes, « deux frégates ont été envoyées [fictivement, ndlr] par le fond » et que « deux autres ont été neutralisées », ce qui représente 200 à 400 marins tués ou disparus. Au total, à l’issue de ces manoeuvres, huit navires ont été détruits. Probablement qu’il s’est agi des plus anciens… Ou pas.

Quoi qu’il en soit [et l’on aura plus de détails une fois le rapport édité], les deux députés ont identifié neuf enjeux pour l’avenir du modèle français de défense, dont  » l’anticipation », la « réactivité », « l’interopérabilité » [seule une coalition permettra de tenir dans la durée, dixit M. Thieriot], la « masse » [pour sanctuariser les fonctions stratégiques et garantir résilience face aux pertes], « l’épaisseur » [produit de la masse et de la résilience du soutien, « l’aptitude à durer est clairement trop faible aujourd’hui, selon le député], « l’arbitrage entre rusticité et technologie », la « synchronisation des effets » [c’est à dire le combat « collaboratif » pour schématiser], les « compétences » et, enfin, les « forces morales ».

« Il faut que nos forces morales […] soient suffisantes pour affronter des adversaires dont le rapport à la mort, au sacrifice et à la patrie ne sont pas nécessairement les mêmes que chez nous », a conclu M. Thiériot.

Dernière ligne droite vers la nouvelle trame missile-roquette de l’armée de Terre

Dernière ligne droite vers la nouvelle trame missile-roquette de l’armée de Terre


Élaboré depuis plus de 10 ans, le renouvellement de la trame missile-roquette de l’armée de Terre est sur le point d’aboutir. L’un de ses deux piliers, le missile MMP, est en service depuis 2017, a servi en opération et continue à évoluer grâce aux premiers retours d’expérience. Plusieurs fois retardée, la roquette de nouvelle génération pourrait quant à elle être livrée cette année, permettant à la Section technique de l’armée de Terre (STAT) de l’évaluer en vue d’une mise en service l’an prochain.  

Le Milan « normalement » bientôt à la retraite

La trame actuelle laissera bientôt place à un binôme roquette/missile multi-cibles et disposant de capacités supérieures en termes de perforation, de précision, de portée et d’acquisition d’objectifs. Cette TRM simplifiée permettra d’uniformiser les systèmes de soutien et de formation et d’alléger la charge logistique en opération.

Des cinq systèmes d’ancienne génération, le missile HOT n’est plus produit et le Javelin est sorti de l’inventaire l’an dernier et a été mis sous cocon en attente d’une décision de la Direction générale de l’armement (DGA). Le Milan sera « normalement » remplacé définitivement cette année par le MMP. Enfin, l’armée de Terre substituera l’AT4 CS et l’Eryx à la roquette de nouvelle génération au mieux « d’ici un an ou deux », explique l’adjudant-chef Mickaël, officier de marque trame missile-roquette au sein de la STAT.

Au 1er juillet, l’armée de Terre disposait encore de 343 postes Milan et 630 postes Eryx, contre 457 et 650 un an plus tôt. À l’inverse, les stocks de missiles et de postes de tir MMP se complètent d’année en année. Le millième missile MMP a été réceptionné en novembre dernier par le Service interarmées des munitions (SIMu) et 200 exemplaires supplémentaires sont attendus en 2022.

Cette année serait donc celle de la retraite pour le missile Milan, après un demi-siècle d’utilisation dans l’armée de Terre. Son remplacement complet par le MMP restait conditionné à la levée des dernières réserves, dont l’ultime relative à l’aérolargage du système. Cette expérimentation a été réalisée en fin d’année dernière par le groupement « aéroportés » de la  STAT (GAP/STAT), stationné sur la base aérienne 101 de Toulouse-Francazal. Plusieurs largages ont permis de vérifier la tenue du système dans toutes les conditions possibles, tant par fixation dans les gaines du personnel que sur un fardeau.

Une fois les comptes-rendus édités et validés par la DGA, cette réserve pourra être levée, autorisant les régiments de parachutistes à remplacer leurs Milan et à l’échelon national d’urgence (ENU) à monter des alertes avec le nouveau missile.

Autre réserve levée en 2021, celle du transport en véhicule. Après l’adaptation d’une poignée de VAB, la bascule sur le Griffon a été rendue possible grâce au développement de supports internes adaptés. Ceux-ci sont éprouvés au Sahel depuis l’automne dernier et la projection d’un premier GTIA Scorpion équipé du Griffon. « Jusqu’à présent, nous avons eu de bons retours », souligne l’adjudant-chef Mickaël. Le système se veut modulaire, avec des configurations d’emport à trois ou six munitions. La première semble être privilégiée jusqu’à maintenant.  

Des gaillards du 35e RI à l’entraînement au CENZUB. À l’avant-plan, un lance-roquette AT4 CS, prochainement remplacé par l’AT4 F2 (Crédit : 35e RI)

De petites évolutions pour le MMP

En service depuis 2017, le MMP et son environnement continuent d’évoluer au gré de corrections mineures. Hors de question de toucher à la structure ou à l’ergonomie du système, cette dernière n’ayant « été l’objet que de retours très positifs. Elle a d’emblée été travaillée très sérieusement pour rendre le système le plus accessible possible ». Les modifications à venir sont essentiellement d’ordre logicielles.

Le simulateur d’entraînement, premièrement, va évoluer vers un second standard ajoutant des fonctionnalités prévues à l’origine et tenir compte des remontées des opérationnels. Parmi les besoins supplémentaires, la prise en compte de l’aveuglement au soleil vécu lors de certains tirs « de façon à ce que le tireur puisse apprendre à réagir en conséquence ».

Autre RETEX remonté des forces, la possibilité de conserver une trace des tirs effectués à l’instruction et à l’entraînement. Chaque tireur disposerait d’une fiche personnelle, un historique sur lequel l’instructeur pourra apposer des commentaires. La doctrine d’emploi pourrait elle aussi évoluer. Jusqu’à présent, un groupe MMP opère sur un unique poste de tir. Le dédoublement éventuel de la dotation est à l’étude pour concorder au principe adopté avec le Milan et offrir aux fantassins « la possibilité de couvrir plusieurs postes » en simultané.

« La Marine Nationale est aussi intéressée », rappelle l’adjudant-chef Mickaël. Les expérimentations menées à l’été 2018 Djibouti, notamment par des commandos marine à partir d’une embarcation ECUME, auront été riches d’enseignements. « En tirant de la mer vers la mer, nous avons remarqué que l’autodirecteur ne parvenait pas toujours à accrocher une petite cible flottante en raison des reflets générés par les vagues », relève l’adjudant-chef Mickaël. La « navalisation » du MMP passera donc par une adaptation de l’algorithme pour permettre à l’autodirecteur de prendre en compte ce paramètre.

Export et TAVD

À l’export aussi, le MMP accroche sa cible. La Défense belge n’a pas retenu la version débarquée dans la première tranche d’acquisitions du programme CaMo, au contraire de la version intégrée sur Jaguar. La trame antichar de la Composante Terre continue donc de se focaliser sur le système israélien Spike LR commandé en 2013. Mais l’intérêt pour un MMP débarqué n’est cependant pas inexistant. Une délégation belge a ainsi été invitée par l’état-major de l’armée de Terre à assister au prochain tir prévu pour début février.

La Suède a acté son intérêt pour le MMP, et plus spécifiquement pour sa fonction de tir au-delà de la vue directe (TAVD), l’an dernier au travers de plusieurs accords entre institutions et industriels. Très prometteuse, cette capacité TAVD est toujours en expérimentation dans l’armée de Terre. Le MMP doit en effet être relié à un matériel spécifique, une tablette Félin par exemple, capable de transmettre des coordonnées au tireur, celui-ci ne pouvant accrocher l’objectif qu’en cours de vol.

Le programme LynkEUs, piloté par MBDA et soutenu par un financement européen, contribuera à démontrer les concepts opérationnels préliminaires d’une capacité TAVD. Bien que décorrélé du programme MMP, LynkEUs est suivi de près par les militaires français. Ainsi, la STAT réalisera prochainement une première expérimentation tactique (EXTA) à base de simulation chez MBDA. LynkEUs se conclura au second semestre 2022 à Chypre par de nouveaux tirs de démonstration.

Un tir de MMP réalisé en novembre 2020 à Canjuers dans le cadre du programme LynkEUs (Crédit : Laurent Guichardon/MBDA)

L’AT4 F2 livré en 2022 ?

Successeur de l’AT4 CS, l’AT4 F2 a été retenu au terme d’un appel d’offres remporté par le groupe suédois Saab. Conçu selon des spécificités propres au client français, ce lance-roquette portable et consommable « devrait être livré théoriquement cette année », un jalon plusieurs fois décalé.

Quand l’AT4 CS français ne dispose que d’un seul type de munition, le futur AT4 F2 en comprendra trois. À la munition anti-char viennent s’ajouter des versions anti-structure et anti-personnel, celle-ci comprenant un mode airburst. Les deux premières offrent une portée maximale de 600 mètres, la troisième est efficace jusqu’à 1000 mètres.

L’œilleton et le guidon composant le système de visée de l’AT4 CS disparaissent au profit d’un viseur point rouge couplé à une conduite de tir FCS 51. L’ensemble « aidera le militaire à tirer sur un objectif mobile et lui permettra de tirer la roquette anti-personnel jusqu’à 1000 mètres grâce à la télémétrie ». Dans son véhicule, le tireur disposera d’un panachage de roquettes dans lequel il sélectionnera la plus adaptée en fonction de la cible à traiter. Infanterie, cavalerie, génie, etc. : « tout le monde est censé pouvoir l’utiliser », indique l’adjudant-chef Mickaël. Si les premiers exemplaires parviennent en France en 2022, ce sera avant tout pour autoriser la STAT à mener le processus habituel d’évaluation. Sauf écueil majeur et nouveau décalage, la mise en service opérationnelle pourrait intervenir en début d’année 2023.

Le prochaine mission du porte-avions Charles de Gaulle se concentrera sur la Méditerranée et la mer Noire

Le prochaine mission du porte-avions Charles de Gaulle se concentrera sur la Méditerranée et la mer Noire

 

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La mission Clemenceau 2022 que s’apprête à mener le groupe aéronaval français [GAN, encore appelé Task Force 473 ou bien encore, et c’est nouveau, « French Carrier Strike Group »] aura un profil particulier par rapport à celles qui ont été conduites durent ces dernières années.

En effet, le porte-avions Charles de Gaulle n’aura pas à traverser le Canal de Suez pour naviguer, avec son escorte, dans l’océan Indien ou dans le golfe Persique… Pas plus qu’il ne se rendra dans l’Atlantique Nord, comme en 2020. Et pour cause : il ne quittera pas la Méditerranée. Et ce n’est pas une surprise, quand on se souvient des propos tenus par le président Macron, le 13 juillet 2020.

« La zone Méditerranée sera le défi des prochaines années tant les facteurs de crise qui s’y conjuguent sont nombreux : contestation des zones maritimes, affrontements entre pays riverains, déstabilisation de la Libye, migrations, trafics, accès aux ressources », avait résumé le locataire de l’Élysée, avant d’en appeler à une « véritable politique européenne pour la Méditerranée ».

Et d’insister : « La Méditerranée ne peut construire une paix durable sans nous, nous ne pouvons accepter que notre avenir soit construit par d’autres puissances ».

Lors du point presse du minsitère des Armées, le 20 janvier, l’amiral Gilles Boidevezi, commandant de la zone maritime Méditerranée [CECMED], a rappelé que, au-delà des conflits et des tensions, cette mer, qui ne représente que 1% de la surface des océans, est le lieu de transit de « nombreux flux, tant licites [25% du trafic mondial et 65% de flux énergétiques des pays de l’Union européenne] qu’illicites [migrations, stupéfiants, armes, traite d’êtres humains], ce qui n’est pas sans conséquence(s) sur la sécurité du Vieux Continent.

« La présence française dans la zone s’avère donc nécessaire pour défendre nos intérêts économiques et sécuritaires » ainsi que pour « réaffirmer notre attachement à la liberté de circulation aérienne et maritime comme au respect du droit international », a expliqué l’amiral Boidevezi.

Le porte-avions Charles de Gaulle appareillera de Toulon au début du mois de février, avec, à son bord, un groupe aérien embarqué [GAé] composé d’une vingtaine de Rafale M F3R des Flotilles 12F et 17F, de deux E-2C Hawkeye de la Flottille 4F et de plusieurs hélicoptères [Dauphin de la 35F et Panther de la 36F]. L’un des quatre NH-90 NFH belges devrait le rejoindre en cours de mission.

D’ailleurs, la composition de son escorte n’est pas figée. Au départ, celle-ci réunira la Frégate multimissions à capacité de défense aérienne renforcée [FREMM DA] « Alsace », récemment admise en service, ainsi que la Frégate de défense aérienne [FDA] « Forbin », la FREMM « Normandie », le pétrolier-ravitailleur « Marne » [avec un hélicoptère Alouette III de la 34F] et un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA].

La présence de ce dernier devant être intermittente, il sera suppléé par un avion de patrouille maritime Atlantique 2 basé à Chypre ou en Crète et un sous-marin grec, dont le type n’a pas été précisé.

Au fil de sa mission, le porte-avions Charles de Gaulle sera aussi rejoint par le « destroyer » américain USS Ross et par la frégate espagnol SPS Juan de Borbon [classe F-100] et une frégate grecque. En outre, des officiers allemands, italiens et canadiens seront insérés au sein de l’état-major du GAN.

Le programme de la mission Clemenceau 2022 sera assez copieux. Il se résume en cinq points : lutter contre le terrorisme, renforcer la capacité autonome française d’appréciation de la situation, affirmer la liberté de navigation, tant maritime qu’aérienne, appuyer l’effort de défense européen, coopérer avec les alliés et partenaires de la France.

Ainsi; le groupe aéronaval sera engagé dans l’opération Chammal [nom de la participation française à l’opération Inherent Resolve dirigée, au Levant, par les États-Unis contre l’État islamique]. Puis, il prendra part à la mission européenne Irini, laquelle consiste à faire appliquer l’embargo sur les armes décidé par les Nations unies à l’égard de la Libye. Il se rendra en mer Adriatique, où des actions de coopération avec des pays de la région, notamment la Croatie, sont prévues.

Toujours au chapitre des coopérations, le GAN se rendra en Grèce puis à Chypre. Et le Charles de Gaulle aura à manœuvrer avec le porte-aéronefs italien Cavour [désormais en mesure d’accueillir des avions F-35B] et un porte-avions américain.

Mais l’une des parties de ce déploiement qui sera sans doute la plus délicate, au regard des tensions avec la Russie, sera la « coopération en mer Noire », où certains « moyens navals et aériens » du GAN se déploieront au début du mois d’avril, pour des exercices avec les forces roumaines.

Pour rappel, lors de son premier déploiement, l’an passé, le groupe aéronaval britannique formé autour du porte-avions HMS Queen Elizabeth avait fait la même chose. Et cela avait donné lieu à un incident ayant opposé le « destroyer » HMS Defender à la marine russe.

À noter, d’ailleurs, que le début de la mission Clemenceau 2022 coïncidera avec des exercices navals russes de grande ampleur, lesquels se tiendront dans toutes les zones d’intérêt de Moscou. La Méditerranée et la mer Noire en font partie.

Photo : Marine nationale

La ministre des Armées à Marignane pour lancer le Guépard et booster la disponibilité

La ministre des Armées à Marignane pour lancer le Guépard et booster la disponibilité


– Forces opérations blog – publié le

La ministre des Armées Florence Parly était de retour vendredi dernier sur le site de Marignane d’Airbus Helicopters. Cette visite, la troisième depuis mai 2019, avait un double enjeu : officialiser le lancement du programme HIL et s’assurer de la poursuite de l’effort en matière de soutien des flottes d’hélicoptères français.

Une commande historique

Moins de trois ans après s’être rendue dans les Bouches-du-Rhône pour annoncer l’accélération du programme HIL, Florence Parly y revenait cette fois pour officialiser « la plus grande commande d’hélicoptères jamais faite de l’histoire des armées françaises ». Le contrat annoncé fin décembre est en effet « historique par son volume », déclarait à son tour le PDG d’Airbus Helicopters.

Au total, la France achète 180 hélicoptères H160 et H160M : 170 Guépard pour les trois Armées, dont un modèle « banc d’essai » pour DGA Essais en vol, et 10 H160 civils modifiés pour la Gendarmerie nationale et financés grâce au plan de soutien aéronautique. Du côté des Armées, une tranche de 30 appareils est d’ores et déjà affermie, dont 21 sont destinés à l’armée de Terre. 

Évalué à 10 Mds€ par le ministère des Armées, le programme HIL assure une quinzaine d’années de visibilité à l’hélicoptériste. À lui seul, il pérennise 2000 emplois dans toute la filière française et soutiendra la création de 400 postes sur le site de Marignane avec des effets concrets dès cette année, essentiellement dans les bureaux d’étude et en ingénierie dans un premier temps.

Poussée par les commandes civiles, la chaîne d’assemblage H160/H160M est aujourd’hui en pleine montée en puissance

La Marine nationale, premier opérateur français du H160

Cette notification est un signal fort de l’engagement du ministère des Armées « pour soutenir notre industrie aéronautique de défense » et « pour rappeler l’importance du besoin pour un hélicoptère interarmées léger, pour lequel le H160M a été sélectionné », insistait Bruno Even.

Poussée par la cinquantaine de commandes civiles, la chaîne d’assemblage H160 est maintenant en plein « ramp up ». Il faudra cependant attendre 2027 pour les premières livraisons de série aux Armées. Elles bénéficieront en premier lieu à l’armée de Terre, dotée à terme de 80 Guépard. Suivront l’Armée de l’Air et de l’Espace en 2029 (40 exemplaires) puis, un an plus tard, la Marine nationale (49 exemplaires).

Si l’armée de Terre est en pointe sur le Guépard, la Marine nationale sera le premier opérateur étatique français du H160. En l’attente du Guépard, elle recevra une flotte intérimaire de six H160 loués auprès du groupe britannique Babcock pour soulager le Caïman Marine lors des opérations de secours en mer. Le premier a réalisé plusieurs vols d’essai et sera livré cette année. Le second est dans la chaîne d’assemblage. Avant livraison, ces appareils transiteront par Babcock pour être modifiés et recevoir plusieurs systèmes de mission, telle qu’une boule optronique Euroflir 410.

Des perspectives à l’export

Cette commande, précédée de peu par l’acquisition de 12 Caracal par les Émirats arabes unis, aura permis à Airbus Helicopters de clôturer 2021 sur les chapeaux de roues et d’aborder la suite avec un carnet de commandes bien rempli.

« L’année 2022 s’annonce sous les meilleurs augures pour Airbus Helicopters », estimait la ministre des Armées en marge de sa visite. L’industriel peut désormais jouer la carte « France » pour appuyer le H160M à l’export. « Son potentiel est immense, nous y croyons fermement », assurait Bruno Even. Ce dernier attend par ailleurs une bonne nouvelle concernant la rénovation à mi-vie de l’hélicoptère Tigre, sujet hautement symbolique pour ce programme de coopération franco-allemand à l’origine de la création d’Eurocopter, il y a pile 30 ans.

Le partenaire allemand s’est pour l’instant désengagé de l’avenir du Tigre mais, pour Bruno Even, le prochain objectif reste bien de « lancer la nouvelle version de cet appareil au standard Mk 3 avec la France et l’Espagne, tout en espérant convaincre l’Allemagne ». Bientôt notifié, le marché Tigre Mk3 est estimé à plus de 4 Mds€ pour la modernisation de 18 Tigre HAD espagnols et de 67 Tigre HAD français. Côté allemand, il ne faut pas attendre de réponse définitive avant la mi-2022 « au plus tôt », selon un rapport de la Défense allemande publié hier matin.

Une maquette 1:1 du H160M présentée vendredi dernier à Marignane. Le pod HMP400 est l’un des armements retenus pour la variante “Terre” du Guépard.

Le système de soutien intégré nativement

« Il est important que la maintenance soit prise en compte dès le lancement des programmes. Les aéronefs les plus faciles à soutenir sont ceux dont le soutien a été pris en compte dès la conception », soulignait début janvier la directrice de la maintenance aéronautique (DMAé), l’ingénieure générale hors classe (IGHCA) Monique Legrand-Larroche.

De ce futur Guépard, Florence Parly en attend « une bien plus grande disponibilité à un moindre coût ». Message reçu. Airbus Helicopters « a intégré d’emblée le contrat de maintien en conditions opérationnelles ». Le développement Ce contrat conclu pour 10 ans permet de responsabiliser l’industriel sur un engagement dans la durée.

En remplaçant cinq types d’hélicoptères par une plateforme unique dérivée d’un modèle civil, les Guépard sont fondé sur « deux facteurs qui contribueront à une standardisation de leur soutien et à l’amélioration globale de la disponibilité des hélicoptères des forces françaises », soulignait Bruno Even.

Hormis les plateformes, Airbus Helicopters livrera ainsi un système de soutien intégré dès les premières phases de conception du Guépard. Ce système sera testé tout au long du développement « de manière à garantir une maturité élevée de l’appareil dès son entrée en service ». Il bénéficiera aussi des retours d’expérience issus de la flotte intérimaire de la Marine nationale.

Des contrats verticalisés qui commencent à payer

Développer et produire des hélicoptères est une chose, mais « encore faut-il les entretenir pour pouvoir les faire voler ! », rappelait dans un second temps la ministre des Armées. Celle-ci a lancé en 2017 un plan de refonte du MCO aéronautique « fondé sur le constat que moins de la moitié de nos aéronefs, tous types confondus, étaient capables de voler ». Quatre ans plus tard, elle est « venue constater (…) à la fois les premiers effets, qui sont encourageants (…), et partager, comme on le fait toujours, ce qui va moins bien et voir comment nous pouvions remédier à cette situation ».

Florence Parly a fait du soutien « un enjeu fort pour lesquels les contrats de verticalisation lancés dans le cadre de la transformation du MCO aéronautique commencent à porter leurs fruits » grâce au « travail considérable réalisé ces quatre dernières années ».

Le contrat CHELEM (Contrat pour les HElicoptères Lourds et de Manoeuvre)  par exemple, notifié en novembre 2019 pour les flottes de Cougar, Caracal et Super Puma, a permis de faire passer la disponibilité « de 25% à 40% en 2021 ». Idem pour le Tigre, dont la disponibilité a grimpé de 25% en 2017 à 35% en 2021, voire à « plus de 40% sur les derniers mois de l’année 2021 ». 

La DTO des Caïman dans le viseur ministériel

Si la refonte du MCO livre de premiers résultats encourageants, « le combat de la remontée du taux de disponibilité de nos appareils est un combat quotidien, et il faut le poursuivre. Il y a notamment une flotte où tant reste à faire : c’est celle du NH90 Caïman, qui est indispensable aux missions de la Marine nationale », complétait Florence Parly.

Seuls sept des 27 Caïman Marine sont aujourd’hui en capacité de voler. « J’attends donc de meilleurs résultats sur la disponibilité de cet hélicoptère et je continuerai à être très attentive à vos efforts en ce sens. Il en va de notre capacité à agir, mais aussi de l’image d’Airbus Helicopters dans un environnement que nous savons tous très concurrentiel », soulignait Florence Parly.

La situation « n’est pas acceptable » pour le PDG d’Airbus Helicopters, qui a « bien conscience, et vous l’avez rappelé ce matin de manière très claire et très ferme, que nous avons encore du travail à faire (…) et en particulier pour la version Marine du Caïman ». Pour franchir l’écueil, l’hélicoptériste a mis en place un plan d’action à court, moyen et long termes engagé dès 2022. « On voit déjà sur ce début d’année 2022 par rapport à l’automne, une légère amélioration. Ce n’est pas suffisant, il faut qu’on continue », expliquait le patron d’Airbus Helicopters.

Bruno Even a assuré la ministre des Armées de l’« engagement total » de ses équipes. Le plan de transformation lancé par NHIndustries, pilote du programme NH90, les actions de soutien et la collaboration instaurée avec le SIAé et la Marine Nationale « contribueront fortement à l’amélioration des performances dès 2022. (…) C’est notre engagement le plus ferme », concluait le PDG.

Le ministère des Armées a notifié la commande de 169 hélicoptères Guépard à Airbus Helicopters

Le ministère des Armées a notifié la commande de 169 hélicoptères Guépard à Airbus Helicopters

 

 


En 2019, la ministre des Armées, Florence Parly, avait décidé d’accélérer d’un an le programme d’hélicoptère interarmées léger [HIL] « Guépard » par rapport à ce qui avait été prévu par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 afin que les premiers des 169 exemplaires devant être commandés fussent livrés aux forces à partir de 2026.

L’objectif était alors de hâter le retrait des appareils les plus anciens [Alouette III, Fennec, Dauphin, Panther et Gazelle] afin de réaliser d’importantes économies en matière de Maintien en condition opérationnelle [MCO]. En contrepartie, Airbus Helicopters devait accorder des facilités de paiement, en misant sur le fait que la mise en service du Guépard au sein des forces françaises en faciliterait son exportation.

Depuis, la crise liée à la pandémie de covid-19 étant passée par là, on ignore si cet accord est toujours d’actualité… En tout cas, ce 22 décembre, le ministère des Armées a annoncé qu’il venait de notifier le contrat d’acquisition et de soutien de 169 hélicoptères à Airbus Helicopters.

Dans le détail, cette commande de 169 Guépard – dont les 30 premiers en tranche ferme – s’inscrit dans le cadre d’un marché global évalué à 10 milliards d’euros. Celui-ci comprend le développement et la livraison des appareils, la fourniture du système de soutien et de formation ainsi que le MCO pendant dix ans.

Le ministère des Armées précise que ce contrat prend également en compte la commande de dix hélicoptères H160 [dont est dérivé le Guépard, ndlr] pour la Gendarmerie nationale pour 200 millions d’euros, comme annoncé lors de la présentation du plan de soutien à l’industrie aéronautique, en juin 2020. En outre, il est aussi question pour Airbus Helicopters de livrer à la DGA « Essais en vol » un H160 « banc d’essais » afin d’assurer les « essais en vol de mise au point, de qualification des équipements et des futurs systèmes d’armes ».

« En assurant le remplacement progressif de 5 types d’appareils différents dont certains sont en service depuis plus de 40 ans, le Guépard fournira à nos armées les moyens de mener de manière plus efficace leurs missions pour les 40 prochaines années. Ce programme pérennise les savoir-faire et les emplois d’Airbus Helicopters, leader européen des hélicoptères civils et militaires », a fait valoir Mme Parly.

 

L’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] recevra 80 exemplaires du Guépard, qu’elle utilisera pour des missions de reconnaissance armées, d’infiltration de forces spéciales, d’appui-feu et d’appui au commandement. La Marine nationale disposera de 49 appareils pour le combat aéromaritime, la protection et le soutien de la force navale, les opérations spéciales et l’action de l’État en mer. Enfin, l’armée de l’Air & de l’Espace emploiera ses 40 nouveaux hélicoptères pour la surveillance et la défense de l’espace aérien [mission MASA], la recherche et le sauvetage et le renseignement.

Selon le ministère des Armées, les premiers Guépard seront livrés en 2027 tandis que les travaux de développement dureront jusqu’en 2029. Et, a-t-il souligné, cette commande « va sécuriser l’activité du site d’Airbus Helicopters à Marignane durant les 15 années à venir. « C’est un programme qui irriguera toute la filière aéronautique française, notamment ses PME sur l’ensemble du territoire avec 80% des fournisseurs des pièces du H160 installés en France, principalement dans le sud. Au total, plus de 2 000 emplois seront durablement localisés en France par le Guépard et ses dérivés à l’export ».

Pour rappel, biturbine, d’une masse de 5,5 à 6 tonnes, le Guépard pourra voler à la vitesse de 180 nœuds, tout en étant nettement plus silencieux que les appareils qu’il remplacera. Concentrant pas moins de 68 innovations et devant être doté de liaisons de données tactiques, de nouveaux radars et autres capteurs optroniques, il sera ravitaillable en en vol. Côté armement, si rien n’a été définitivement décidé, il devrait être équipé d’un canon de 20 mm, de deux mitrailleuses [de sabord et axiale] et de roquettes guidées.

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