Un caporal-chef du 7e BCA tué au combat au Mali

Un caporal-chef du 7e BCA tué au combat au Mali

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 24 septembre 2021

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/09/24/un-caporal-chef-du-7e-bca-tue-au-combat-au-mali-22446.html


Le caporal-chef Maxime Blasco, du 7e BCA, a été tué ce vendredi matin lors d’une opération de combat à 50km à l’est de Hombori et à 15km de la frontière avec le Burkina, dans la forêt de N’Daki.

Ce matin, selon l’EMA, un drone Reaper a localisé un GAT d’une dizaine d’hommes vers 8h50 (heure française). Des Tigre venant de Gao ont lancé une frappe et simultanément un groupe de commandos de montagne d’une trentaine d’hommes a été héliporté pour effectuer une reconnaissance de la zone.

Cette reconnaissance s’est déroulée vers 11h (heure française). Trente minutes après le posé du GCM, un tireur embusqué a ouvert le feu sur les soldats française et a touché le caporal-chef Blasco qui, touché à la tête, est décédé de ses blessures.

Son corps a été évacué vers Gao à 13h30 alors que des actions aériennes étaient en cours. Un drone Reaper a largué une bombe GBU12 et une patrouille de deux Mirage 2000 a procédé à deux frappes. L’EMA n’était pas en mesure hier soir de préciser le volume des pertes ennemies.

Le caporal-chef Blasco était âgé de 34 ans, titulaire de quatre citations. Il en était à son 4e déploiement sur Barkhane. Il s’était distingué en juin 2019 alors que la Gazelle dans laquelle il se trouvait, en tant que tireur d’élite, s’était écrasée. Il avait extrait le pilote et le copilote et avait réussi à les extraire via un hélicoptère Tigre.

Sa mort porte à 58 le nombre de soldats français mort au Sahel depuis 2013.

Sa biographie.
Né le 4 décembre 1986 à Grenoble, le caporal-chef Maxime BLASCO a accompli toute sa carrière au 7e bataillon de chasseurs alpins. Il s’y engage le 1er août 2012 et se distingue rapidement au cours de sa formation initiale, par son excellent état d’esprit et ses compétences.

Il devient tour à tour tireur de précision puis tireur d’élite du groupe commando montagne (GCM). Il est projeté en juin 2014 en République centrafricaine, au Tchad et au Sénégal dans le cadre des opérations SANGARIS et BARKHANE comme tireur de précision. Il se distingue à chaque reprise dans des actions de combat par sa précision et son sang-froid. Cela lui vaudra d’être décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze. De septembre 2016 à janvier 2017, il est projeté au Mali dans le cadre de l’opération BARKHANE en tant que tireur d’élite du GCM.

Il est ainsi engagé dans plusieurs missions d’infiltration en profondeur où, ses actions courageuses permettront l’arrestation ou la neutralisation de groupes armés terroristes (GAT). Son engagement lui vaudra l’attribution d’un témoignage de satisfaction. Il est à nouveau projeté sur l’opération BARKHANE de septembre 2017 à janvier 2018 où il s’illustrera à deux reprises. D’abord, en participant de nuit à l’assaut d’une maison abritant cinq djihadistes armés où, en tête du dispositif d’assaut, il se trouve face à quatre ennemis qu’il fait prisonniers. Il contribue plus tard à la saisie d’un dépôt important d’armes et d’explosifs où, après une infiltration en zone hostile, il participe à l’immobilisation des sentinelles ennemies. Il sera alors à nouveau décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze. Lors de sa projection sur BARKHANE de mai à septembre 2018, tireur embarqué sur hélicoptère Gazelle, il appuie avec efficacité les troupes au sol, et renseigne sur les positions amies et ennemies tout en appliquant des feux précis, empêchant à plusieurs reprises, la réorganisation d’un groupe armé terroriste dans une zone boisée très dense. Par ses tirs précis, il parvient également à neutraliser un convoi de véhicules. Il est décoré pour la troisième fois de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze.

Projeté sur BARKHANE pour la quatrième fois de suite en mai 2019, il connait une action de feu d’une rare intensité dans la nuit du 13 au 14 juin. Engagé en tant que tireur embarqué depuis un hélicoptère Gazelle suite à la détection d’un regroupement de terroristes dans une zone boisée, il applique des tirs de neutralisation sur un groupe d’une trentaine de terroristes embusqués. Touché par des tirs ennemis, l’hélicoptère est contraint de se poser en urgence et le CCH BLASCO est éjecté à l’impact. Malgré de graves blessures et la proximité immédiate des ennemis, il n’hésite pas à extraire le pilote ainsi que le chef de bord, blessés et encastrés dans l’aéronef en feu. Il les traine jusqu’à une zone dégagée sur près de cinquante mètres puis, toujours sous le feu ennemi, les arrime par une manœuvre de fortune sur un hélicoptère Tigre venu en renfort avant de s’accrocher par la seule force des bras au train d’atterrissage. Son action permettra le sauvetage et la survie de l’équipage de l’hélicoptère. Blessé au dos et souffrant de multiples fractures vertébrales, il est rapatrié en France le 18 juin 2019.

En récompense de ses services exceptionnels, il est décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de Vermeil puis de la Médaille Militaire des mains du Président de la République.
Le caporal-chef Maxime BLASCO était pacsé et père d’un enfant

APAGAN : Face au risque d’attaque, un A400M français largue des leurres anti-missiles en décollant de Kaboul

APAGAN : Face au risque d’attaque, un A400M français largue des leurres anti-missiles en décollant de Kaboul

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Afghanistan : 90 soldats français morts inutilement ?    

Afghanistan : 90 soldats français morts inutilement ?    

par Gilles Robinet – ASAF – Posté le lundi 23 août 2021

AFGHANISTAN : 90 soldats français morts inutilement ?    

Source photo : Laure FANJEAU / ASAF – Tous droits réservés


À partir de fin 2001, des  forces militaires françaises sont intervenues en Afghanistan dans deux opérations internationales distinctes : la force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF), sous commandement de l’OTAN, et l’opération Enduring Freedom sous commandement américain. En 2010, la France était la quatrième nation contributrice de la coalition avant de se retirer à partir de fin 2012.

Au cours de cet engagement, ce sont près de 60 000 soldats français qui ont été déployés sur ce théâtre d’opérations. 90 d’entre eux sont morts au combat et l’on estime le nombre de blessés à près de 700. On se souvient, en particulier, de la nuit du 18 au 19 août 2008 où, à Uzbin, dans une embuscade, 10 soldats français ont été tués.

Il se trouve que le retrait des Américains d’Afghanistan correspond à cette date anniversaire estivale pour nous. Mais c’est aussi une date anniversaire pour eux puisqu’ils ont permis que, à quelques jours près, vingt ans après les attentats du 11 septembre, les talibans s’emparent de Kaboul.

L’Afghanistan, considéré comme un carrefour de l’Asie centrale, a toujours eu une histoire mouvementée. Cependant, pendant vingt ans de présence militaire étrangère, le peuple afghan a pu s’ouvrir à une forme de démocratie. Les fillettes se rendaient à l’école souriantes, confiantes, comme leurs parents, en nos promesses d’émancipation. D’après le témoignage d’un médecin civil français ayant servi, avec beaucoup d’autres, comme volontaire à l’hôpital de Kaboul, on pouvait croiser un marchand de tapis parlant impeccablement notre langue apprise au lycée français ou encore un directeur de l’hôpital de l’Armée nationale afghane, formé au Val-de-Grâce et chaleureusement francophile. Enfin, que dire de ces interprètes qui nous suivaient partout et dont la vie est, de ce fait, aujourd’hui menacée.

Même si les raisons de notre intervention militaire apparaissent légitimes, car il s’agissait alors, comme au Liban où nous participons depuis des années à la stabilisation d’une frontière explosive ou encore au Mali aujourd’hui, de venir au secours de populations en danger, le résultat est là : une débandade militaire et une multitude de drames humains à venir.

Si nous voulons que nos soldats ne soient pas morts pour rien, nous devons commencer par tirer les leçons de leur sacrifice, pour l’immédiat et pour le plus long terme. Ce sera là une façon de leur rendre hommage et de leur exprimer notre reconnaissance.

Pour l’immédiat, interrogeons-nous pour savoir si ce qui vient de se passer en Afghanistan ne préfigure pas ce qui nous attend au Sahel ? En Afghanistan, en dehors des grandes villes, les villageois ne faisaient pas confiance aux militaires étrangers qu’ils souhaitaient voir partir et à qui ils ne fournissaient aucune information. L’ennemi n’était pas clairement identifié et la preuve a été donnée que dans une guérilla, l’ennemi gagne par le seul fait de ne pas perdre. La situation au Sahel est-elle très différente ?

Plus généralement, il faut bien se rendre compte que ce fiasco américain a généré une véritable victoire stratégique pour la Russie et la Chine, sans parler de l’Iran et du Pakistan. Or, les Russes s’implantent déjà en Centrafrique, territoire appartenant jadis au pré carré de l’ex- Françafrique, et les Chinois sont présents dans de nombreux pays africains avec un effort particulier en Afrique du Nord. L’influence de la France sur ce continent est donc fortement diminuée. Une nouvelle politique est-elle en cours d’élaboration ou continuera-t-on, comme hier, à jouer les pompiers en Afrique en risquant la vie de nos soldats ?

Peut-on, en Afghanistan, en Irak ou au Mali, protéger des populations à la place de leurs gouvernements corrompus ? Il ne sert à rien de déverser des milliards de dollars ou d’euros pour équiper, former et entraîner des armées locales, parfois fantômes, car dès lors que les subsides sont proportionnels aux effectifs, des bataillons n’existent que sur le papier. Ces armées, à l’image de leurs gouvernants, manquent singulièrement de motivation. À Kaboul, comment en vouloir aux militaires afghans d’avoir livré la ville sans combattre alors que leur gouvernement avait pris la fuite ?

Une autre leçon pour l’avenir, mais celui-ci commence aujourd’hui et s’écrit tous les jours sur le terrain, c’est la difficulté à trouver des alliés pour des opérations extérieures et la fragilité de toute alliance quand surgissent les épreuves. Si nous prenons le cas de l’Union européenne, force est de constater que très peu de pays investissent pour leur défense. Le Fonds européen de défense, qui devait être doté de 13 milliards d’euros, n’en recevra que 7. La France qui n’a pas réussi à gagner cette bataille budgétaire devrait au moins utiliser sa prochaine présidence pour optimiser les moyens et les concentrer sur deux ou trois dossiers qui le méritent.

Cela doit nous conduire à nous rappeler que sur le plan strictement militaire nous pouvons nous retrouver seuls, d’où la nécessité de garantir notre autonomie stratégique en durcissant nos capacités et en en développant de nouvelles dans de nouveaux espaces de conflictualité comme le cyber ou le spatial.

Le dernier enseignement est géopolitique. Les Américains seuls ou avec des alliés ne parviendront pas à modeler selon leurs désirs le monde islamique. L’action militaire ne suffit pas à régler les conflits si elle ne s’inscrit pas dans un contexte politique global visant à endiguer les menaces ou, mieux, à les prévenir.  Depuis des décennies désormais, de nombreuses interventions militaires occidentales se sont terminées dans le pourrissement ou la débandade. Les Russes ont d’ailleurs tiré la leçon de leur enlisement en Afghanistan précisément et ont, depuis, mis en œuvre des moyens diplomatiques de contournement plutôt que d’affrontement militaire. Quand ils entrent néanmoins dans le conflit, comme en Syrie, c’est sous la forme d’actions aériennes ou par l’emploi de sociétés militaires privées, c’est-à-dire en exposant très peu la vie de leurs soldats.

Il est toujours beaucoup plus difficile de terminer une guerre que de la commencer et, répétons- le, si nous l’avons oublié, le Sahel risque de nous le rappeler. Cela est d’autant plus vrai quand les buts de guerre ne sont pas définis et que les militaires eux-mêmes, sur le terrain, s’interrogent sur la finalité de leur action. L’urgence peut commander une action militaire immédiate, mais dès la situation est stabilisée, doivent être définies les conditions politiques d’un futur retrait, ce qui, en France, pourrait faire l’objet d’un vote du Parlement. C’est faute d’avoir fixé, il y a vingt ans, des objectifs clairs et limités dans le temps que l’Afghanistan a de nouveau été livré aux talibans. Tout ça pour ça ?

Last but not least, reste à prendre en compte un domaine capital, surtout au cœur des soldats, celui de l’honneur. C’est parce que nous avions abandonné ceux qui nous avaient aidés en Indochine comme en Algérie et que nous appelions pudiquement des supplétifs, que des officiers, comme le commandant Hélie de Saint Marc, se sont révoltés. En Afghanistan, ce serait plus de 800 Afghans qui auraient collaboré avec nos troupes. Il est de notre devoir de les rapatrier tous, avec leurs familles, et de leur proposer la citoyenneté française. En les sauvant, nous sauverons notre honneur et pourrons continuer à croire à une certaine idée de la France.

 Gilbert Robinet
Secrétaire général de l’ASAF

L’armée de Terre cherche à améliorer la disponibilité de ses réservistes opérationnels

L’armée de Terre cherche à améliorer la disponibilité de ses réservistes opérationnels

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L’Afghanistan aux mains des talibans, vent de panique à l’aéroport de Kaboul

L’Afghanistan aux mains des talibans, vent de panique à l’aéroport de Kaboul

Des milliers d’Afghans cherchent à fuir leur pays, aux mains des talibans depuis quelques heures, alors que l’évacuation de diplomates et d’autres ressortissants étrangers s’est organisée pendant tout le week-end à un rythme effréné.

Le Monde avec AFP et Reuters – Publié le 16 août 2021

https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/16/l-afghanistan-aux-mains-des-talibans-vent-de-panique-a-l-aeroport-de-kaboul_6091541_3210.html

 

Des Afghans occupent le tarmac de l’aéroport de Kaboul, dans l’espoir de fuir le pays, le 16 août.

L’Afghanistan se trouvait, lundi 16 août, aux mains des talibans après l’effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l’étranger du président, Ashraf Ghani. A l’aéroport de Kaboul, des milliers de personnes tentaient désespérément de fuir le pays.

Le fulgurant triomphe des insurgés islamistes, qu’ils ont célébré dimanche soir en investissant le palais présidentiel à Kaboul, a déclenché des scènes de panique monstres à l’aéroport international Hamid-Karzaï.

Une marée humaine s’est précipitée vers ce qui constitue la seule porte de sortie du pays, pour tenter de fuir le nouveau régime que le mouvement islamiste radical, de retour au pouvoir après vingt ans de guerre, promet de mettre en place.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de chaos absolu, des milliers de personnes attendant sur le tarmac et des jeunes hommes, surtout, s’agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion.

« Ce sont, peut-être, les images les plus tristes que j’ai pu voir en Afghanistan. Un peuple désespéré et abandonné. Pas d’aide humanitaire, pas d’ONU, pas de gouvernement. Rien », écrit Nicola Careem, journaliste à la BBC.

Les forces américaines ont même tiré en l’air « pour désamorcer le chaos », a rapporté à l’agence de presse Reuters un représentant des Etats-Unis. « La foule était hors de contrôle », a expliqué ce responsable, par téléphone. Un témoin, contacté par l’Agence France-Presse (AFP), a confié avoir « très peur ». « Ils tirent des coups de feu en l’air. [Dans la cohue], j’ai vu une jeune fille être écrasée et tuée », a-t-il affirmé.

Au moins cinq morts à l’aéroport ont été signalés à l’agence Reuters par des témoins, ces derniers ne pouvant déterminer si les victimes avaient été tuées par balle ou dans des bousculades. « Nous avons peur de vivre dans cette ville et nous tentons de fuir Kaboul », a confié un autre témoin à l’AFP.

« J’ai lu sur Facebook que le Canada acceptait des demandeurs d’asile d’Afghanistan. J’espère que je serai l’un d’eux. Comme j’ai servi dans l’armée, j’ai perdu mon boulot, et c’est dangereux pour moi de vivre ici car les talibans me cibleront, c’est sûr. »

Les vols commerciaux ont été annulés, a annoncé l’autorité aéroportuaire de la capitale, un peu plus tard dans la matinée. « Il n’y aura pas de vols commerciaux au départ de l’aéroport Hamid-Karzaï, pour prévenir le pillage. S’il vous plaît, ne vous précipitez pas à l’aéroport », a-t-elle déclaré dans un message transmis à la presse.

L’espace aérien du pays est laissé aux militaires, et tous les vols civils sont invités à le contourner, a déclaré l’Autorité afghane de l’aviation civile. Dans la foulée, Lufthansa, premier groupe aérien européen, ainsi qu’Air France ont annoncé éviter « jusqu’à nouvel ordre » le survol de l’Afghanistan. British Airways et Virgin Atlantic ont également fait savoir qu’elles n’emprunteraient plus l’espace aérien afghan.

Le personnel diplomatique transféré à l’aéroport

L’évacuation des diplomates et d’autres ressortissants étrangers a été organisée à un rythme effréné tout le week-end à Kaboul, tombée aux mains des talibans après une offensive militaire éclair qui a balayé les forces armées afghanes.

Privées du crucial soutien américain, démoralisées, des unités afghanes ont tenté à plusieurs reprises de fuir vers les pays voisins d’Asie centrale, notamment l’Ouzbékistan. Dimanche, 84 soldats afghans fuyant l’offensive des talibans ont été arrêtés par les forces ouzbèkes à la frontière. Un avion militaire afghan s’est écrasé après avoir « traversé illégalement la frontière de l’Ouzbékistan », a annoncé lundi un porte-parole du ministère de la défense.

Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir le pays « doivent être autorisés à le faire », ont plaidé les Etats-Unis et soixante-cinq autres pays dans un communiqué commun publié dans la nuit de dimanche à lundi, avertissant les talibans qu’ils devaient faire preuve de « responsabilité » en la matière. L’Union européenne (UE) avait auparavant souligné que l’arrivée des talibans à Kaboul avait « rendu encore plus urgente la protection » contre de possibles représailles à l’égard de son personnel afghan, qu’elle essaie de mettre en sécurité.

Selon plusieurs diplomates, des responsables de la Commission européenne ont demandé aux gouvernements des Vingt-Sept d’accorder des visas aux ressortissants afghans ayant travaillé pour la représentation de l’UE dans le pays, ainsi qu’à leurs familles – un total estimé à quelque 500 ou 600 personnes. Les ministres européens des affaires étrangères tiendront, mardi, une réunion par visioconférence pour discuter de la situation, a fait savoir Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE, sur Twitter.

 


L’armée américaine a annoncé, lundi, avoir « sécurisé » l’aéroport de Kaboul, où a été regroupé le personnel de son ambassade, dont l’ambassadeur américain, Ross Wilson, dans l’attente d’être évacué.

Le président américain, Joe Biden, avait porté à 5 000 soldats le dispositif militaire à l’aéroport de Kaboul pour procéder à cette évacuation, qui concerne environ 30 000 personnes. Il a décidé, dimanche, d’envoyer 1 000 militaires de plus.

L’Allemagne, la France et les Pays-Bas font partie des pays qui ont aussi transféré des membres de leur personnel diplomatique de leur ambassade à Kaboul à l’aéroport avant une évacuation. La chancelière Angela Merkel va demander un mandat aux députés pour déployer jusqu’à « plusieurs centaines de soldats » de la Bundeswehr (l’armée fédérale allemande) pour appuyer cette évacuation.

D’autres pays membres de l’OTAN, dont le Royaume-Uni, l’Italie, le Danemark et l’Espagne, ont également annoncé l’évacuation de leur personnel diplomatique, tout comme la Suède.

Première rotation aérienne française lundi

Le ministère des affaires étrangères français a annoncé, dimanche, que Paris déployait des renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants. La première rotation aérienne d’évacuation organisée par l’armée française entre sa base aux Emirats et la capitale afghane est prévue d’ici à « la fin de [la journée de] lundi », a déclaré la ministre des armées française, Florence Parly. Il y a « plusieurs dizaines » de Français à évacuer ainsi que des « personnes qui sont sous notre protection », a-t-elle précisé.

Parmi les Français à évacuer figure notamment le personnel diplomatique. La France a par ailleurs réitéré sa volonté de « continuer de mettre en protection les personnalités de la société civile afghane, les défenseurs des droits, les artistes et les journalistes particulièrement menacés pour leur engagement ». Plus de 600 Afghans employés dans des organisations françaises sont arrivés en France avec leur famille, a annoncé le gouvernement, vendredi.

Des combattants talibans, montés sur un 4x4 blindé de fabrication américaine, traversent les rues de l’ouest de Kaboul sous les acclamations des habitants et des passants, le 15 août 2021.

La progression des talibans avait conduit Londres à annoncer, jeudi soir, l’envoi d’environ 600 militaires pour évacuer ses ressortissants. Alors que le Sunday Times affirmait que le Royaume-Uni préparait l’évacuation de son ambassadeur, Laurie Bristow, et ne comptait pas maintenir de présence diplomatique, le ministère des affaires étrangères a assuré que ce dernier restait à Kaboul en l’état.

Le Danemark et la Norvège ont fait état de la fermeture provisoire de leur ambassade à Kaboul, tandis que la Finlande comptait évacuer jusqu’à 130 travailleurs afghans locaux.

A l’inverse, Moscou ne prévoit pas d’évacuer son ambassade. La Russie fait partie des pays ayant reçu des garanties de la part des talibans quant à la sécurité de leur ambassade, a expliqué Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l’Afghanistan, cité par l’agence de presse Interfax. L’ambassadeur de Russie à Kaboul va rencontrer les talibans mardi. « La reconnaissance ou non [du nouveau pouvoir] va dépendre des agissements du nouveau régime », a-t-il ajouté.

Tous les membres de la mission diplomatique d’Arabie saoudite ont, eux, été évacués de Kaboul, a annoncé le ministère des affaires étrangères. Le reste de la capitale était plutôt calme, lundi. Des talibans en armes patrouillaient les rues et installaient des postes de contrôle. Le mollah Abdul Ghani Baradar, cofondateur du mouvement des talibans, a appelé ses hommes à faire preuve de discipline. « A présent, nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie », a-t-il affirmé dans une vidéo.

 

L’Afghanistan ou l’odyssée de l’impasse (2014)

L’Afghanistan ou l’odyssée de l’impasse (2014)

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – Publié le 14 août 2021

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


Le 31 décembre 2014, la force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS ou ISAF) aura terminé officiellement sa mission en Afghanistan après treize ans de présence et 3 485 soldats tués, dont 89 Français. La mission est terminée mais la guerre n’est pas finie et encore moins gagnée, si tant est qu’elle puisse l’être au regard des choix stratégiques américains initiaux. Retour sur une longue fuite en avant.  

Schizophrénie militaire

Le premier choix, fondamental, a été de frapper les Taliban au même titre qu’Al-Qaïda. Cela n’était pas obligatoire malgré les liens entre les deux organisations. Il aurait été possible d’accepter les intérêts stratégiques pakistanais en laissant de côté leurs alliés afghans pour concentrer uniquement l’emploi de la force sur Al-Qaïda. Il fut décidé de frapper aussi le régime du mollah Omar et de faire ainsi un exemple. C’était cependant se condamner à une victoire totale sur le terrain afghan, sous peine de voir les deux ennemis reconstituer leurs forces dans les zones tribales du Waziristan, avec l’aide même des services pakistanais.

La campagne militaire en octobre-novembre 2001 fut brillante, au sens où les deux ennemis furent défaits avec des très faibles pertes américaines, mais pas décisive. Pire, le prix à payer pour obtenir cette victoire peu coûteuse mais insuffisante a été l’association avec les seigneurs de la guerre de l’Alliance du nord. Ces seigneurs ont été ensuite privilégiés dans les pourparlers de Bonn au détriment des autres branches politiques afghanes dont plusieurs se sont retrouvées ensuite dans la rébellion. Peu désireux de voir contester leurs nouveaux pouvoirs, ces hommes forts n’ont, par la suite, guère favorisé le développement d’un Etat efficace soutenu par une force étrangère. Leur pouvoir a même encore été renforcé par la mise en place d’une constitution à l’américaine organisée sur le principe d’un équilibre entre un Président et une assemblée également forts. Dans le contexte afghan, cela ne pouvait déboucher que sur un système clientéliste et des tractations permanentes. Ce nouvel Etat, remettant en selle des hommes peu populaires dans les provinces pashtounes, mal soutenu par un personnel administratif qui restera toujours très insuffisant, mal incarné par Hamid Karzaï, ne se remettra jamais de ses faiblesses initiales.

Adossé à cet édifice bancal, la guerre a donc continué. L’opération « Liberté immuable » (Enduring freedom, OEF) a perduré, de manière larvée, le long de la frontière avec le Pakistan mais à la suite des accords de Bonn, on vu aussi apparaître une deuxième armée, la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS ou ISAF) dont la vocation, dans le cadre du chapitre VII de la charte des Nations Unies, était d’aider le gouvernement afghan à établir son autorité sur l’ensemble du territoire. On s’est trouvé ainsi, phénomène assez rare dans l’histoire, avec deux opérations militaires distinctes pour une même campagne. Peu appréciée des seigneurs de la guerre et du Pentagone, hostile à toute participation à une opération de stabilisation, cette force destinée à aider la reconstruction de l’État afghan est longtemps restée limitée à 4 000 hommes et cantonnée à Kaboul. Il est vrai aussi que cette situation satisfaisait aussi la plupart des Alliés, désireux d’obtenir le meilleur rapport entre les coûts de leur engagement réduit au minimum nécessaire et les gains diplomatiques auprès des États-Unis. Le décalage était alors flagrant entre la faible ampleur de l’action de la FIAS et les discours hyperboliques de ses membres sur le caractère vital de la protection des territoires nationaux contre le terrorisme en opérant sur l’Hindou Koush.

Initialement, les contingents de la FIAS ont abordé cette opération dans le droit fil de celles menées dans les Balkans, faisant se succéder une phase d’intervention, c’est-à-dire de guerre contre un ennemi identifié et étatique, puis une phase de stabilisation, de type militaro-policier pour rétablir l’ordre et aider à rétablir une situation « normale » dans une zone où l’ennemi aurait disparu. De leur côté, les Américains poursuivaient ce qu’ils avaient baptisé guerre anti-terroriste, et qui se résumait à traquer et élimination les forces rebelles repérées. On a creusé ainsi deux sentiers, l’un refusant la notion de guerre et donc d’ennemi et l’autre ne s’intéressant qu’à l’ennemi et peu à la population. Entre ces deux guerres différentes et très localisées géographiquement, la population pashtoune a été laissée entre les mains des seigneurs de la guerre et hommes forts afghans, généralement peu appréciés.

Le premier tournant a véritablement eu lieu en août 2003, lorsque les États-Unis ont décidé de concentrer leurs efforts sur l’Irak et ont fait pleinement appel à l’OTAN pour prendre le relais et assurer le commandement de la FIAS. Les différences entre les deux opérations parallèles sont devenus de plus en plus criantes au fur et à mesure que s’étendait le mandat de la FIAS à l’ensemble du territoire en s’appuyant en priorité sur le réseau des Equipes de reconstruction provinciales (ou Provincial Reconstruction Teams, PRT) essentiellement destinées à favoriser la reconstruction et le développement économique. Il a fallu néanmoins presque trois ans pour que la FIAS achève, en 2006, la prise en compte de l’ensemble du territoire afghan avec l’extension au Sud et à l’Est. Cette extension s’est accompagné d’un accroissement des effectifs jusqu’à 20 000 hommes.

Le tournant de 2006

Après avoir, de fait, laissé pendant cinq ans, le contrôle de la population rurale à un mouvement taliban, qui de milice religieuse a su se transformer en organisation de guérilla et contre-pouvoir efficace, la FIAS a découvert l’ampleur de l’implantation ennemie dans les zones rurales pashtounes et son imbrication avec les réseaux de production d’opium. Dès lors, l’organisation s’est trouvée d’un seul coup fragmentée entre les pays de l’Alliance qui s’engageaient, souvent malgré eux, dans la contre-insurrection comme le Royaume-Uni, le Canada, les Pays-Bas puis la France à partir de 2008 et ceux qui persistaient à ne pas vouloir le faire comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.

Stratégiquement, tous les membres de l’OTAN, en particulier au sommet de Bucarest à l’été 2008 se sont accordés sur une stratégie globale, combinant actions militaires et économiques avec la mise en place d’une bonne gouvernance afghane et des négociations avec les États environnants. L’idée s’inspirait largement des principes – remis au goût du jour – des conflits de contre-insurrection du siècle précédent en essayant de les appliquer dans un État étranger souverain fragile et corrompu, des chaînes de commandement différentes, les caveats (restrictions d’emploi), les multiples « sous-traitants » civils, organisations non gouvernementales ou sociétés militaires privées. L’action de l’OTAN restait un assemblage de campagnes provinciales de contre-insurrection ou de stabilisation selon les contextes locaux, les cultures militaires et surtout les agendas politiques internes de chacune des nations participantes. Malgré les renforcements successifs, les moyens militaires et civils ainsi que leur coordination restaient aussi peu en rapport avec les normes de la contre-insurrection, la densité de forces sur le terrain en premier. En août 2009, malgré un effort conséquent, la FIAS ne comptait que 64 500 soldats de 42 pays pour une population totale de plus de 30 millions d’habitants.

Face à cette constellation, les Taliban et les organisations rebelles plus ou moins associées comme le réseau Haqqani ou le Hezb-e-Islami Gulbuddin, menaient une campagne nationale et totale dans ses applications. Pour la plupart des observateurs, la situation n’a cessé de se dégrader et les conditions d’une victoire s’éloigner. La corruption générale, le trafic de drogue, la criminalité qui, jusque dans les premiers cercles du pouvoir, limitaient l’établissement d’une bonne gouvernance, encore sapée par des forces nationales de sécurité afghanes touchées par une attrition forte et une croissance des effectifs lente (faibles salaires, déséquilibre ethnique entre Tadjiks et Pashtounes).

Le tombeau des vampires

La loi de Fisher indique qu’une injonction massive de monnaie supérieure à la capacité de production engendre l’inflation. Dans un pays comme l’Afghanistan, une aide internationale civile et militaire (le Pentagone a offert un temps trois milliards de dollars à des seigneurs locaux pour assurer la sécurité de sa logistique) en moyenne aussi importante que le PIB local ne pouvait que créer une économie artificielle et stimuler les tentations. Dispersée entre organisations non-gouvernementales et structures nationales mais rarement afghanes, ces milliards de dollars ont dopé certains secteurs économiques et certaines provinces ou villes comme Kaboul qui a quadruplé sa population en treize ans. Elle a attiré la petite élite afghane vers les emplois lucratifs étrangers et largement profité à des entreprises étrangères. Elle a surtout nourri la corruption et même, par le biais de détournement divers, financé en grande partie la rébellion. On peut estimer que seulement 10 % de cette aide a réellement et non sans effet contradictoires les populations locales, le reste alimentant les comptes d’une multitude de profiteurs qui avaient intérêt à ce que la guerre continue. L’Afghanistan a d’abord été transformé en kleptocratie avant d’être une démocratie. La réduction rapide de cette aide, en parallèle au repli de la Coalition, commence à produire maintenant un effet de réajustement économique brutal (la croissance est passée de 9 % de 2003 à 2012 à 1,5 % en 2014) et tout aussi négatif. L’Etat afghan, se révèle par exemple, incapable de payer ses fonctionnaires, sans parler de son armée.

La culture de l’opium, malgré une dépense américaine de 7 à 8 milliards de dollars pour tenter de l’éradiquer, n’a jamais été sérieusement enrayée apportant son milliards annuel de chiffre d’affaire à cette économie grise et remplissant, là aussi tout à la fois les comptes de nombreux officiels afghans et le budget de fonctionnement des Taliban. La production record de 2014 continuera de faire indirectement bien plus de morts par overdose que les balles des rebelles.

Le retour des Américains et le plan Obama

Le troisième tournant militaire a eu lieu en 2009 avec la ré-américanisation du conflit par l’association des deux opérations, FIAS et OEF, sous un même commandement, qui ne pouvait être qu’américain, lié à un renforcement très important des effectifs autorisé par la réduction du nombre d’unités déployées en Irak. La nouvelle administration de la Maison Blanche a imposé également une redéfinition, non pas de la stratégie qui restait toujours celle du sommet de Bucarest, mais de la direction opérative, c’est-à-dire de l’action militaire capable de réaliser cette stratégie. Le plan Obama, élaboré sans consultation des alliés, visait, au mieux, à reprendre pied sur le terrain et, au moins, à contenir suffisamment l’ennemi pour donner le temps aux forces afghanes de prendre le combat à son compte et d’en finir avec Al Qaïda. Le plan signifie par ailleurs un emballement des dépenses militaires américaines à hauteur d’un milliard de dollars tous les quatre jours. La guerre en Afghanistan devient à son tour après l’Irak une « guerre à 1000 milliards de dollars », ce qui n’est pas sans effet sur la santé économique des Etats-Unis et donc du monde.

Cette stratégie demeurait pourtant entravée par de multiples facteurs : la non-combativité persistante de certains alliés et leurs réticences de plus en plus marquées ; les incertitudes concernant la solidité des forces de sécurité afghanes ; l’insuffisance, malgré le renfort de 30 000 hommes, des effectifs militaires (130 000 hommes au maximum en 2011) ; la difficulté pour la culture militaire américain à combiner violence et acceptation de la population ; enfin, le soutien constant du Pakistan aux Taliban afghans. Cette stratégie a finalement échoué à provoquer un basculement identique au retournement sunnite en Irak en 2007. Les rebelles ont subi des coups sévères, pour autant il y a eu assez peu de variations des positions sur le terrain, les Taliban et leurs alliés contrôlant toujours les zones rurales pashtounes et étant capables d’agir ponctuellement partout en attendant le départ, annoncé par avance, des forces américaines et donc celles aussi et souvent par anticipation des Alliés. Son seul vrai succès stratégique est l’élimination d’Oussama Ben Laden en mai 2011, presque dix ans après l’échec initial de Tora Bora.

La fin de la FIAS et la poursuite de la guerre

OEF et la FIAS font donc place désormais à l’opération « Soutien résolu » au gouvernement afghan du nouveau Président Ashraf Ghani. D’un point de vue militaire, les forces afghanes sont déjà en première ligne depuis longtemps et essuient des pertes importantes. Elles tiennent mais ne conquièrent pas face à des Taliban de plus en plus audacieux et capables de mener des opérations de plus en plus importantes en ampleur. De nombreux districts sont sous le contrôle complet des rebelles, d’autres sont en superposition, le gouvernement fantôme taliban donnant ses ordres à la structure légale apparente, comme par exemple dans le district de de Tagab où sont tombés nombre de soldats français, et où les soldats de l’armée régulière n’ont le droit de sortir de leur base qu’une heure par jour, sans armes, pour aller au marché.

A l’instar de l’armée sud-vietnamienne, les 350 000 hommes des forces de sécurité afghanes n’existent que par l’appui des 12 500 hommes de la Coalition qui restent sur place, au moins pendant deux ans, en fonction des accords bilatéraux avec les Etats-Unis, ce qui, par ailleurs, bloque toute possibilité de négociation avec les Taliban, ceux-ci ayant posé le départ des troupes étrangères comme préalable à toute discussion. Pire, cette armée, monstrueuse au regard des capacités de financement de l’Etat afghan, ne survit que par le financement extérieur. En 2012, Serge Michailof, reprenant les chiffres de la Banque mondiale, estimait à 10 milliards de dollars l’aide annuelle nécessaire pour faire fonctionner les institutions afghanes et les forces de sécurité en premier lieu. Il reste à savoir combien de temps les Américains et ceux qui accepteront de partager le fardeau accepteront de payer une somme qui représente autant que l’aide de la Banque mondiale à toute l’Afrique subsaharienne. Il reste à savoir ce qui se passera lorsque ce ne sera plus le cas. 

Afghanistan : soldats déployés, ambassade déplacée… la France s’active pour protéger ses ressortissants

Afghanistan : soldats déployés, ambassade déplacée… la France s’active pour protéger ses ressortissants

La capitale afghane étant aux mains des talibans, Paris a annoncé dimanche avoir déplacé son ambassade à l’aéroport de Kaboul. De son côté, Emmanuel Macron présidera lundi un Conseil de défense.

 

De nombreuses personnes quittent l'Afghanistan depuis l'avancée des talibans, comme ici cet Afghan qui se dirige vers l'aéroport de Kaboul. REUTERS/Stringer
De nombreuses personnes quittent l’Afghanistan depuis l’avancée des talibans, comme ici cet Afghan qui se dirige vers l’aéroport de Kaboul. REUTERS/Stringer

15 août 2021

https://www.leparisien.fr/international/afghanistan-la-securite-des-francais-sur-place-priorite-immediate-et-absolue-de-lelysee-15-08-2021-RIQV3QNMRJFWNM63PT2RIUPIEM.php


La situation s’accélère dangereusement à Kaboul. Ce dimanche, alors que les talibans sont arrivés aux portes de Kaboul et ont poussé le président Ashraf Ghani à quitter le pays, la communauté internationale s’attelle dans l’urgence à organiser l’évacuation de ses ressortissants vivant sur place. Des habitants ont même affirmé les avoir observés à l’intérieur de la ville. Alors que la transition du pouvoir est clairement entamée, et même si le groupe islamique armé a promis d’éviter les effusions de sans, du côté de l’Élysée, on presse les Français à partir.

« La priorité immédiate et absolue dans les prochaines heures est la sécurité de nos compatriotes qui ont été appelés à quitter l’Afghanistan, ainsi que des personnels sur place, français et afghans », a déclaré l’Élysée dimanche. En juillet, un vol avait déjà été affrété pour des ressortissants français et des Afghans ayant travaillé pour la France. Elle est l’un des rares pays qui n’a pas fermé son ambassade, alors que Londres et Washington envoyaient des militaires évacuer leur personnel diplomatique.

Dimanche soir, Paris a par ailleurs annoncé le déploiement de renforts militaires aux Emirats voisins pour évacuer ses ressortissants d’Afghanistan. « Deux avions de transport de l’Armée de l’Air et de l’Espace, un C130 et un A400M, avec à leur bord du fret et des personnels décolleront cette nuit et demain matin pour la Base aérienne 104 (BA104) d’Al Dhafra aux Émirats arabes unis (EAU) », a confirmé le ministère des Armées. Une première rotation est prévue le 16 août vers les Emirats arabes unis, où seront accueillis les ressortissants avant d’être rapatriés en métropole par d’autres avions militaires.

De même, l’ambassade française a été déplacée à l’aéroport de la capitale afghane et Emmanuel Macron présidera ce lundi un Conseil de défense consacré à la situation sur place. Le président prendra la parole le soir-même, à 20 heures.

Une situation « très préoccupante »

Plus largement, l’exécutif se dit également « aux côtés du peuple afghan et en lien permanent et étroit avec nos partenaires américains et européens », et qualifie la situation de « très préoccupante ». L’Otan a d’ailleurs estimé dimanche qu’il était « plus urgent que jamais » de trouver une solution politique au conflit en Afghanistan.

Depuis mai, les talibans mènent une offensive éclair sur le pays, prenant le contrôle d’une large partie du territoire ces derniers jours. Cette avancée s’est faite à la faveur du désengagement des troupes américaines et de l’Otan. Sur place, les Afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que des journalistes, des militants des droits de l’homme, des artistes se sentent particulièrement menacés. L’Élysée assure avoir maintenu sur le terrain les capacités de les protéger.

Réactions inquiètes de la sphère politique

Responsables politiques de tous bords se sont alarmés de l’avancée des talibans. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a déploré la « déroute » américaine et a mis en garde sur la présence française au Mali, estimant qu’il était temps de « réfléchir avant de s’engager dans des guerres sans issue ». Marine Le Pen (RN) a déploré l’avancée de « l’islamisme » et la responsabilité de l’Union Européenne.

À gauche, l’eurodéputé Place publique/PS Raphaël Glucksmann a estimé que « la débâcle en Afghanistan est totale » et que « la dignité est un mot vide de sens pour les dirigeants occidentaux ». Défaitiste, il a affirmé : « les diplomates, militaires, citoyens américains et européens seront évacués. Les Afghans qui nous ont aidés ces vingt dernières années seront abandonnés aux mains des talibans ».

A droite, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a déclaré que « par faiblesse coupable, l’Occident perd une bataille essentielle dans la guerre contre l’islamisme », alors que « la reconquête de l’Afghanistan par les talibans est une tragédie pour ce pays et une nouvelle menace pour la paix du monde. » Pour Nicolas Dupont-Aignan, élu de l’Essonne, il faut « tirer les leçons de ce retrait américain désastreux pour ne pas faire la même chose au Sahel ».

Les talibans sont quasiment aux portes de Kaboul; L’Otan convoque une réunion de crise

Les talibans sont quasiment aux portes de Kaboul; L’Otan convoque une réunion de crise

http://www.opex360.com/2021/08/13/les-talibans-sont-quasiment-aux-portes-de-kaboul-lotan-convoque-une-reunion-de-crise/

L’Afghanistan, vingt ans de guerre contre-insurrectionnelle, tout cela pour çà !

L’Afghanistan, vingt ans de guerre contre-insurrectionnelle, tout cela pour çà !

Crédit photo : US Army.

Le régime afghan s’écroule peu à peu devant l’insurrection talibane pachtoune, une minorité ethnique, à forte identité tribale et religieuse (Cf. Mon interview du 7 aout 2021 sur RT) à moins qu’un sursaut bien peu vraisemblable change l’issue de cette campagne militaire. Jour après jour, 20 ans après le 11 septembre qui a conduit à la chute des Taliban, ceux-ci reviennent irrésistiblement au pouvoir par les armes.

Un constat dévastateur

Au bilan, près de 1 700 milliards d’euros ont été dépensés en Afghanistan par les Etats-Unis soit près de six fois le budget annuel de la France, près de 2500 Américains tués et 20 000 blessés, pour leurs alliés, quelques centaines de tués (France, 89, Royaume-Uni 453) et des milliers de blessés souvent amputés.

Les forces armées afghanes devaient compter 352 000 hommes au 1er octobre 2012 (Cf. Mon billet du 27 mai 2012, « La France et l’OTAN : quelle stratégie d’influence après Chicago et le retrait d’Afghanistan ? »).

Le coût annuel de son soutien était estimé à 3,6 milliards d’euros à partir de 2015, principalement assuré les Etats-Unis à 75% car l’Afghanistan ne pouvait financer que 450 millions d’euros. Aujourd’hui, l’effectif total des forces de sécurité nationales afghanes s’élevait à environ 307 000 fin avril 2021, avec des forces de combat d’environ 180 000 personnels. Cependant, elle a subi de lourdes pertes et a un fort taux de désertions. Les attentats contre les forces de sécurité sont nombreux comme en témoignent les éliminations physiques des pilotes afghans, déjà en nombre limité, qui auraient pu donner l’ascendant dans les combats. En avril 2021, les forces de sécurité ont perdu 68 000 militaires et policiers en pertes cumulées.

Selon l’ONU en 2020, les combattants talibans étaient estimés entre 55 000 et 85 000 hommes, leurs ressources financières évaluées annuellement entre 300 et 1,2 milliard d’euros Les insurgés bénéficient notamment de l’exploitation de la drogue notamment dans la province du Helmand. Les talibans auraient perdu plus de 51 000 combattants.

Enfin, 47 000 civils afghans dont beaucoup de femmes et d’enfants ont été tués. De nombreux Afghans ont fui le pays constituant par exemple la 2e communauté à déposer des demandes d’asile dans l’Union européenne.

Un bilan donc peu reluisant.

Les causes de cet échec ?

Plusieurs causes peuvent être identifiées.

Au niveau international, le Pakistan persiste à jouer un double jeu mais c’est aussi la réalité de l’Etat multiethnique qu’est l’Afghanistan. Les frontières politiques, si intangibles qu’elles paraissent aujourd’hui, sont-elles toujours pertinentes au XXIe siècle ? Les pachtounes sont un peuple séparé comme d’autres peuples de la région et aspirent à une forme d’unité. Le droit international et son processus de négociation ont aussi montré leur incongruité notamment avec une incapacité notoire à imposer une décision venant de l’extérieur du pays concerné. Comment croire qu’une armée même insurgée et à l’équipement militaire limité, vainqueur sur le terrain, accepterait les solutions négociées que l’on entend aujourd’hui ? Comme en 1975 au Viet-Nam, l’abandon des Etats-Unis dont je peux comprendre la lassitude en Afghanistan, a créé en toute connaissance de cause la dynamique de la victoire presqu’annoncée des Talibans (Cf. Lire aussi cet article très complémentaire de Renaud Girard paru dans le Figaro du 12 juillet 2021).

 

 

Quant à l’Union européenne, symbole de tous les aveuglements utopiques, je citerai Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne : « Nous voulons aider à construire un Afghanistan souverain, unifié et démocratique, sur la voie de la prospérité et de l’autonomie. La trajectoire de l’Afghanistan, à l’avenir, doit préserver les droits humains et les avancées démocratiques acquis depuis 2001, notamment en ce qui concerne les droits des femmes et des enfants. » (9 juin 2021) L’Union européenne comme toujours ne voit que l’exportation de son idéologie, y compris là où cela n’a que peu de sens. Sa seule crainte est l’arrivée d’un nouveau flot de migrants qu’elle ne saura pas encore gérer.

Au niveau de la politique intérieure afghane, l’importation d’un modèle occidental a montré à nouveau son échec. Imposer une gouvernance peu conforme aux traditions locales permettait de justifier une intervention internationale. Aujourd’hui, comme dans d’autres Etats, qui peut croire que le gouvernement afghan actuel pourra résister, malgré des élections répétées représentant en soi un succès mais qui ne satisfaisaient que la communauté internationale dans sa volonté de promouvoir droits de l’homme et changements de la société locale ? Malgré l’assistance occidentale et des Nations unies, les réformes ont eu peu d’effets sur la justice, la police, l’armée dès lors que la corruption reste endémique et le double discours des dirigeants locaux permanent.

Au niveau économique et du développement, la société afghane a sans doute changé pour se rapprocher de quelques normes occidentales comme par exemple l’accès à l’éducation pour les filles et la question de leur place dans la société afghane, grande sinon seule préoccupation du parlement européen ce qui n’est certainement pas le problème majeur de l’Afghanistan. Pourtant l’Afghanistan n’a pas été abandonnée. Elle a bénéficié depuis 2001 de plus de 35 milliards d’euros en aide civile par des donateurs bilatéraux et multilatéraux (Banque mondiale, Banque asiatique de développement notamment). L’économie locale a été le centre d’intérêt d’acteurs étrangers (Cf. Mon billet du 4 mars 2012 sur le rapport Hostalier). Les résultats paraissent cependant plutôt minces, au bénéfice des villes et non des campagnes, terreau du recrutement taliban. Le trafic de drogue qui fournit plus de 50% de l’héroïne mondiale reste une des grandes richesses « agricoles » de ce pays.

Ce constat certes lapidaire explique aujourd’hui l’effondrement probable du régime afghan, finalement pourri de l’intérieur, ce qui n’était pas ignoré par les occidentaux notamment ayant combattu en Afghanistan.

Des enseignements à tirer ?

Sans aucun doute après ces vingt ans de guerre depuis le 11 septembre 2001. Je les situerai dans les trois lignes d’opération que les occidentaux ont mises en œuvre à travers le concept qui a été appelé « l’approche globale » : la gouvernance, l’économie et la sécurité.

Dans le domaine de la gouvernance, il est temps de cesser d’exporter notre « modèle » de gouvernance. On n’impose pas d’une manière idéologique et artificielle dans un pays en guerre une démocratie de type occidental sous prétexte de légitimer une action internationale nécessaire du point de vue sécuritaire. Comme au Mali, vouloir changer de l’extérieur la perception politique des peuples surtout quand ils ne sont pas homogènes, et c’est bien souvent le cas dans les Etats créés après 1945, révèle l’utopie de la communauté internationale sinon la prétention notamment des démocraties, les autres Etats n’en ayant cure. La Chine vient de le montrer en ouvrant une porte diplomatique aux Taliban s’ils arrivaient au pouvoir.

Concernant le développement, se donner bonne conscience, notamment par l’humanitaire, sans réelle contrepartie, devrait être une position à revoir. Que ce soit en Afghanistan, au Mali, en Irak, l’aide au développement a été soumise à la corruption, à son inadéquation aux besoins et finalement à une mise sous perfusion de l’économie locale qui s’est bien adaptée à cette manne inespérée. Il suffit de lire les rapports de l’inspecteur général américain spécial pour la reconstruction afghane (SIGAR). Depuis 2002, l’UE a fourni environ de cinq milliards d’euros d’aide au développement et pour quelle efficacité ? Elle renouvelle néanmoins tous les quatre ans une aide économique d’1,5 milliard d’euros ce qui fait de cet Etat le premier bénéficiaire d’aide publique au développement dédiée à 80% pour le long terme et 20% à l’humanitaire. N’est-il pas temps de laisser ces pays résoudre seuls leurs problèmes intérieurs sauf si la situation menace nos intérêts correctement identifiés ?

Enfin concernant la sécurité locale ou régionale, est-il bien acceptable que les occidentaux finissent toujours par faire la guerre pour des causes qui ne sont pas directement les leurs, à leurs frais, au prix de la vie de leurs soldats (Cf Mon billet du 11 août 2019, « David Galula et la théorie de la contre-insurrection – un ouvrage à lire ») ? Comment comprendre que les Afghans migrants soient bien souvent des jeunes hommes en âge de porter une arme pour défendre leur pays contre l‘obscurantisme taliban mais il est vrai qu’il n’est pas correct selon nos normes d’imposer à quelqu’un de se battre pour son pays, au nom de la liberté de conscience… À ce titre, une réforme du droit d’asile devrait être engagée avec ce critère sélectif : tout ressortissant susceptible d’être un combattant pour le gouvernement d’un pays reconnu par la communauté internationale devrait être débouté du droit d’asile et y être expulsé.

D’un point de vue strictement militaire, la question qui demeure aujourd’hui n’est pas celle de savoir s’il fallait combattre en Afghanistan mais comment cette guerre devait être menée. Pour ma part, je considère que ce conflit a permis à l’armée française de sortir de son confort notamment après l’embuscade d’Uzbin et de se préparer réellement au moins à cette forme de guerre. Je me souviens de cette réunion peu de temps après où le commandement était désemparé. Il avait été fait appel pour une fois au centre interarmées de doctrine, là où on écrit le « comment faire la guerre ». Nous avons donné des pistes de réflexion compte tenu de notre recul par rapport aux « opérationnels », ce qui était logique. Il a fallu cependant des mois pour qu’elles soient exploitées et qu’elles contribuent en partie au retour d’une armée d’emploi dans ce contexte particulier. Je n’en ai pas moins regretté une trop lente réactivité mais je ne doute pas que les tergiversations politiques ont entravé l’efficacité militaire.

Ainsi, les combattants de nos armées respectives ont fait le « job » et plutôt bien. L’armée afghane reconstruite à l’occidental, mais cela n’était pas apparemment la bonne solution, assistée par nos conseillers militaires, par des aides matérielles et militaires, a fait ce qu’elle a pu. Il faut constater aujourd’hui comme d’autres armées soutenues par l’occident dans le monde qu’elle est incapable de vaincre. Compte tenu de la sélection initiale nécessaire, évoquer en outre aujourd’hui dans les combats contre les Taliban l’engagement de 50 000 « forces spéciales » afghanes, une solution « miracle », avec ce qui représente 15 à 45% des forces militaires, montre qu’il s’agit d’abord de forces mieux entraînées et non de « forces spéciales » dont l’intitulé signifierait des « super-rambo » capables de changer le sens de la guerre.

Pour conclure

L’engagement militaire contre une insurrection conduit à une réflexion, certes rapide à la fois sur la stratégie et sur la guerre de contre-insurrection, toujours facile à énoncer à Paris ou ailleurs. La stratégie du « containment » telle qu’elle a été pratiquée au XXe siècle trouverait une certaine pertinence et résumerait la stratégie à développer dans ces Etats fragiles. Il est vrai que le monde « politico-économico-associatif » déclare souvent « qu’il n’y a pas de solution militaire ».  Les militaires en sont bien convaincus. Une action militaire directe reste coûteuse mais agir indirectement, y compris par des actions militaires ponctuelles pourrait s’avérer utile. Il est temps d’infirmer cette idéologie dominante de complaisance et d’aveuglement qui s’abrite derrière les mots « développement » et « humanitaire ». N’a-t-on pas appris depuis l’Afghanistan, l’Irak, sinon le Mali que le développement n’est pas non plus une réponse pour amener la paix quand la sécurité n’existe pas et que l’humanitaire ne résout pas les conflits mais finit par les entretenir ?

Cette stratégie renouvelée du « containment » répondrait à ces guerres insurrectionnelles qui ne sont pas nouvelles et dont les réponses pour les résoudre sont similaires : un personnel politique local légitime et donc soutenu, une guerre mobile, agressive et permanente avec du personnel militaire local et rustique convaincu de la justesse de la cause, du renseignement, une capacité d’adaptation et bien sûr des moyens suffisants éventuellement conventionnels pour gagner, une assistance étrangère limitée. Cependant, dès lors qu’une force étrangère assure une grande partie de la mission, obtenant des résultats mitigés en raison des multiples contraintes qui lui sont imposées (moyens restreints et souvent insuffisants, processus décisionnel en partie ou totalement multinational, droit international et ses avatars sur la conduite d’une guerre, respect de la souveraineté locale…).

Sur cet engagement de forces étrangères qui peut s’avérer nécessaire, il semblerait opportun désormais de n’agir militairement que ponctuellement pour obtenir un effet militaire unique dans le cas où nos intérêts sont menacés et des états d’âme limités que ce soit en politique intérieure ou internationale. Un ancien CEMA évoquait cette vision militaire de l’engagement il y une dizaine d’années, le « first in, first out » (« premier arrivé, premier parti »). Nul doute que le politique dans ses calculs bien souvent alambiqués ait modifié cette approche raisonnée pour y inclure l’utopie des changements démocratiques et du développement. À nouveau, l’Afghanistan montre que cela ne fonctionne pas et qu’il faudrait peut-être même écouter les chefs militaires pour éviter des guerres longues dont le seul intérêt positif est celui d’entraîner nos forces. Il n’y en a qu’en faisant la guerre qu’on apprend à la faire mais autant que cet « entraînement » réel affiche de réels succès et son utilité géopolitique.

 

* Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François Chauvancy a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Il est expert des questions de doctrine sur l’emploi des forces, sur les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, à la contre-insurrection et aux opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d’influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde depuis août 2011, il a rejoint depuis mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.

Au moins 24 soldats tchadiens ont été tués lors d’une attaque attribuée au groupe jihadiste Boko Haram

Au moins 24 soldats tchadiens ont été tués lors d’une attaque attribuée au groupe jihadiste Boko Haram

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