Un député a déposé une proposition de loi visant à lutter contre le recrutement d’ex-militaires par des entités étrangères

Un député a déposé une proposition de loi visant à lutter contre le recrutement d’ex-militaires par des entités étrangères

http://www.opex360.com/2022/11/27/un-depute-a-depose-une-proposition-de-loi-visant-a-lutter-contre-le-recrutement-dex-militaires-par-des-entites-etrangeres/


 

Cet ancien pilote est « responsable d’avoir vendu la technologie et la propriété intellectuelle américaines à la Chine. Ce crime a été commis par un ancien membre de l’armée américaine qui a préféré l’argent liquide à son entreprise et à son pays », a justifié l’avocat général durant le procès.

Cette affaire est assez classique… En revanche, le recrutement d’anciens pilotes militaires occidentaux par l’Armée populaire de libération [APL] l’est moins. Alors que Shapour Moinian était jugé à San Diego, un ancien aviateur de l’US Marine Corps [USMC] Daniel Edmund Duggan attendait d’être fixé sur son sort, la justice australienne devant se prononcer sur son éventuelle extradition vers les États-Unis. En effet, il lui est reproché d’avoir mis ses compétences et son expérience au service de la Chine.

Selon l’agence Reuters, pendant un temps, cet ancien pilote d’AV-8 Harrier II aurait été en lien avec la Test Flying Academy of South Africa [TFASA], laquelle a travaillé pour la société Lode Technologies, alors dirigée par l’homme d’affaires chinois Su Bin. Or, celui-ci a été arrêté au Canada en 2014, avant d’être condamné aux États-Unis pour une affaire d’espionnage informatique s’étant intéressée à la conception d’avions militaires américains.

Cela étant, fin octobre, Londres a fait part de son intention de mettre un terme au recrutement d’anciens pilotes des forces armées britanniques par… la Chine. D’après la presse d’outre-Manche, Pékin aurait ainsi recruté une trentaine d’ex-pilotes militaires en qualité d’instructeur, en leur proposant des salaires très alléchants d’environ 240’000 livres sterling par an. Et, apparemment, la TFASA aurait servi d’intermédiaire dans cette entreprise.

L’APL cherche « des pilotes occidentaux ayant une grande expérience pour l’aider à développer des tactiques et les capacités de ses forces aériennes. Et ceux qui ont accepté un tel emploi contribuent à améliorer les connaissances et les capacités militaires de la Chine », avait alors expliqué un responsable britannique. Également concernés par ce phénomène, l’Australie et le Canada ont ouvert des enquêtes.

Quant à la France, où d’anciens pilotes militaires, notamment de la Marine nationale, ont été approchés par la Chine, comme l’ont révélé le site spécialisé Intelligence On Line et le quotidien « Le Figaro » [mais aussi un vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux, ndlr], la discrétion semble de mise… D’où la question écrite adressée au ministère des Armées par le député Jean-Louis Thiériot [LR], le 1er novembre dernier.

« La presse a révélé que la République populaire de Chine attirait, par le biais d’une entreprise sud-africaine [Test Flying Academy of South Africa], d’anciens pilotes occidentaux notamment britanniques, australiens mais aussi français avec des contrats à plus de 20’000 euros/mois aux fins d’instruire les futurs pilotes de son armée », a d’abord rappelé le député.

Et de demander au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, si la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] était « informée de cette offensive chinoise » et s’il existait des « dispositions interdisant aux anciens militaires de proposer leurs services auprès de puissances étrangères et de délivrer des secrets sur les techniques opérationnelles des forces armées ».

Les réponses aux questions écrites adressées par les parlementaires au gouvernement tardant toujours à venir, M. Thiériot a, sans attendre, pris l’initiative de déposer une proposition de loi visant à « lutter contre le recrutement par des entités étrangères d’anciens militaires de l’armée française ».

« Alors que la France offre un précieux vivier d’anciens officiers maîtrisant la délicate technique de décollage par catapulte et d’appontage, qu’elle sera bientôt la seconde puissance militaire [occidentale, ndlr] après les États‑Unis à utiliser la technologie des catapultes électro‑magnétiques dont est équipé le Fujian – troisième porte‑avions chinois – et que des pilotes de l’aéronavale témoignent être approchés par la Chine […], il est urgent de mettre en place un plan de lutte contre le recrutement d’anciens militaires de nos forces armées par des entités étrangères et le transfert de compétences sensibles qui en résulte », est-il expliqué dans l’exposé des motifs de cette proposition de loi.

Celle-ci propose de compléter l’article R4139-17 du code de la Défense par une disposition instituant une « commission au sein de la DGSE » chargée de « contrôler les engagements au service d’une entité étrangère ou d’un État étranger des anciens militaires de l’armée française avec la mise en place d’une procédure spécifique d’autorisation préalable ».

Normalement, une telle prérogative devrait théoriquement revenir à la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense [DRSD], dont l’une des missions est de contrer les ingérences étrangères. Sans doute que ce point sera évoqué lors de l’examen de cette proposition de loi par la commission de la Défense.

Taiwan Policy Act. Les Etats-Unis face à Taïwan

Taiwan Policy Act. Les Etats-Unis face à Taïwan

 

 

par Alex Wang – Conflits – publié le 18 octobre 2022

https://www.revueconflits.com/author/alex-wang/


Soucieux de protéger l’indépendance de Taïwan, les Etats-Unis travaillent sur un Taïwan policy act destiné à se doter des moyens juridiques de protéger l’île. Cela révèle les liens compliqués entre les Etats-Unis et la Chine et la position particulière de Washington sur ce dossier.

La commission des affaires étrangères du Sénat américain a laissé passer le 14 septembre Taiwan Policy Act [1]avec une majorité de 17 voix pour et 5 contre après avoir introduit quelques modifications par rapport à la version présentée. La Chambre a fait sa lecture avec quelques remarques différentes de celle du Sénat. Pour l’instant, l’examen conjoint et la mise en cohérence des textes puis le vote par le Sénat et la Chambre des députés ne sont pas encore programmés. Il sera remis sur les métiers après les élections de mi-novembre.

Que signifie ce document destiné à devenir une loi s’il reçoit le feu vert des deux Chambres ? Quelle est la réelle intention des US ? Quels seraient ses impacts ?

Faisons une lecture analytique d’abord avant d’évaluer ses impacts / sa portée et d’analyser l’intention et les visées américaines.

Un rappel historique

Un court rappel nous paraît nécessaire pour comprendre les relations complexes et compliquées sino-américaines et la portée du Taiwan Policy Act.

En Chine, les nationalistes et les communistes ont longtemps été confrontés dans une série de guerres civiles ponctuées de périodes de collaboration. Ensemble, ils ont renversé la dernière dynastie pour fonder la République de Chine en 1912. Puis, les nationalistes ont attaqué les communistes dans l’intention de les éliminer afin de devenir la seule force gouvernante. L’invasion de la Chine par le Japon les ont poussés de nouveau dans une collaboration patriotique anti japonaise. Une fois les envahisseurs boutés hors du pays, ces deux forces se sont jetées de nouveau dans une lutte à mort qui aboutit à la victoire des communistes sur le continent et à la fuite des nationalistes qui se réfugièrent sur l’île de Taiwan.

Juridiquement parlant, ils sont toujours et encore dans cette guerre civile. Aucun cessez-le-feu ou aucun traité de paix n’a été signé entre les deux rives du détroit. Dans les Constitutions respectives en vigueur, nous pouvons constater que les deux côtés réclament le contrôle de toute la Chine y compris Taiwan.[2] Un courant à tendance indépendantiste s’est développé à Taiwan ; encouragé par les Etats-Unis ces dernières années, il limite sa réclamation à la dimension de l’île.

Les Etats-Unis ont maintenu des relations non officielles avec le Gouvernement nationaliste à Taiwan après la guerre civile jusqu’à ce qu’ils effectuent, pour leurs propres intérêts, réajustement stratégique pro Chinois / anti soviétique. Dans les années 1970, les US ont normalisé ses relations diplomatiques avec la République Populaire de Chine. Au travers des trois communiqués conjoints sino-américains,[3] le Gouvernement américain a reconnu la République Populaire de Chine en tant que seul représentant légitime de la Chine et Taiwan comme partie inséparable de la Chine.

En 1978, le gouvernement américain de Jimmy Carter a accepté les trois principes que la Chine avait formulés pour établir les relations diplomatiques entre les deux pays : 1/ le retrait total des forces armées américaines de Taiwan ; 2/ l’annulation de tous les traités signés entre les Etats-Unis et l’Autorité de Taiwan ; 3/ la rupture des relations diplomatiques avec Taiwan et la reconnaissance de la République Populaire de Chine.

La RPC et les USA ont publié conjointement le « Communiqué sur l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et les Etats-Unis » le 12 décembre 1978. Selon le communiqué, les deux pays sont convenus de se reconnaître mutuellement et d’établir des relations diplomatiques entre eux, ceci à compter du 1er janvier 1979.

Les Etats-Unis reconnaissent le gouvernement de la République populaire de Chine comme l’unique gouvernement légal de la Chine. Dans ce contexte, le peuple américain maintiendra des relations culturelles, commerciales et autres relations non officielles avec la population de Taiwan.

[…]

Lire et télécharger l’article : Taiwan Policy Act. Les Etats-Unis face à Taïwan

 

Des liens plus étroits entre logisticiens français et américains

Des liens plus étroits entre logisticiens français et américains


Quelque peu bousculé par la crise sanitaire, le partenariat entre unités logistiques françaises et américaines est reparti de plus belle depuis le printemps dernier. Un volet parmi d’autres d’un effort conjoint poursuivi par le Commandement des forces terrestres (CFT) et le Commandement de l’US Army en Europe et en Afrique (USAREUR-AF).

Le 7 mars 2020, le CFT et l’USAREUR-AF actaient leur rapprochement par l’entremise de leur commandant respectif, les généraux Vincent Guionie et Christopher Cavoli. Formalisée au travers de l’ « Unit Partnership Program », la collaboration a pour enjeu principal de renforcer l’interopérabilité entre unités françaises et américaines dans tout le spectre d’opérations bilatérales et multilatérales.

Sur le volet logistique, par exemple, le Commandement de la logistique des forces (COMLOG) et le 21e Commandement de soutien de théâtre (21st TSC) se sont retrouvés fin août à Wiesbaden (Allemagne) pour discuter d’opérations conjointes et progresser vers les objectifs stratégiques fixés pour 2028. Un nouveau point d’étape après celui organisé en avril dernier par le COMLOG à Monthléry (Essonne).

Le COMLOG et le 21st TSC « s’efforceront de synchroniser leurs efforts pour établir des capacités homogènes dans tous les domaines et la possibilité de se déployer et de se soutenir mutuellement à l’échelle mondiale », explique l’US Army dans un communiqué. Des systèmes aux tactiques et procédures, les entraînements croisés contribueront ainsi à faciliter le soutien d’armée à armée.

Français et Américains ont notamment abordé la question de la transparence des outils logistiques de l’OTAN et la mutualisation du transport de matériels lourds. La France avait notamment fourni une aide logistique importante quelques mois après l’entrée en vigueur du partenariat. C’était en juillet 2020 à La Rochelle pour l’opération Mousquetaire, une manœuvre de débarquement d’équipements américains en appui du 21st TSC.

L’accord bilatéral facilite par ailleurs l’échange d’officiers. Un lieutenant du COMLOG aura par exemple participé à l’exercice Saber Junction 2022 dans les rangs du 21st TSC. Mené du 6 au 16 septembre, Saber Junction réunissait 4400 militaires de 14 pays membres ou partenaires de l’OTAN à Grafenwoehr et Hohenfels, dans le sud-est de l’Allemagne.

Le lieutenant Marc aura contribué aux processus décisionnels et fourni un soutien logistique au sein du centre opérationnel aux côtés du lieutenant-colonel John Abella, chef de corps de l’un des bataillons du 21st TSC.

D’autres rendez-vous sont attendus. Selon l’US Army, le COMLOG dispensera bientôt des cours sur la suite d’outils C2 logistiques LOGFAS de l’OTAN. Les exercices français majeurs Monsabert 2023 et Orion 2023 comprendront à leur tour un volet d’échange de personnels « afin de renforcer les liens, améliorer la logistique de l’OTAN et atteindre à terme un niveau adapté d’interopérabilité ».

La 3e division accueille un nouveau numéro 2 américain

La 3e division accueille un nouveau numéro 2 américain

par – Forces opérations Blog – publié le

Le général américain Andrew Gainey a été officiellement accueilli le 7 septembre par l’état-major de la 3e division de l’armée de Terre. Il y occupera le poste de général adjoint opérations, poursuivant par là une politique d’échanges entamée en 2019.

Lors de cette cérémonie, le général Gainey s’est vu confié « l’entière responsabilité de la préparation opérationnelle » par le commandant de la 3e division, le général Hubert Cottereau. Les défis dans ce domaine ne manquent pas, à l’heure où l’armée de Terre durcit ses entraînements et se rapproche de l’exercice majeur Orion, au cours duquel la division aura un rôle central à jouer.

Promu brigadier général en mai 2021, le nouveau n°2 de la 3e division était auparavant commandant adjoint opérations de la 1ère division d’infanterie (1 ID) américaine. Diplômé du Marine Corps War College, il aura servi deux fois en Afghanistan et une fois en Irak ainsi qu’au sein de l’état-major de la 1 ID en Pologne.

« Partenaires historiques, les deux pays ont souvent œuvré côte à côte dans des affrontements majeurs », rappelait la 3e division.  « C’est pour maintenir cette vocation opérationnelle que la ‘Strategic Vision Statement’ a été signée en 2015 par les chefs d’état-major des deux armées et le programme MPEP (Military Personnel Exchange Program) mis en place », poursuivait-elle.

Ce n’est que la deuxième fois qu’un officier général américain est intégré à l’état-major d’une division française. Ce cycle d’échanges avait été inauguré par le général Todd Wasmund, accueilli en France début 2020, et le général Hubert Cottereau, intégré à la 3e division d’infanterie de l’US Army en juillet 2019.

Crédits image : 3e division

Le drone stratosphérique Zephyr d’Airbus est resté en vol pendant 64 jours lors d’une évaluation de l’US Army

Le drone stratosphérique Zephyr d’Airbus est resté en vol pendant 64 jours lors d’une évaluation de l’US Army

http://www.opex360.com/2022/08/23/le-drone-stratospherique-zephyr-dairbus-est-reste-en-vol-pendant-64-jours-lors-dune-evaluation-de-lus-army/


 

En février 1959, les aviateurs américains Robert Timm et John Cook réussirent l’exploit de voler pendant 64 jours 22 heures 19 minutes et 5 secondes à bord de leur Cessna 172 Skyhawk, ravitaillé en carburant par un tuyau relié à un camion roulant à la même vitesse sur une route rectiligne. Ce record, qui tient depuis 63 ans, aurait pu être battu par le drone stratosphérique Zephyr S d’Airbus, dans le cadre d’une évaluation menée à partir du polygone d’essais de Yuma [Arizona] par l’US Army Futures Command, c’est à dire le commandement de l’armée américaine dédié à l’innovation.

En effet, le Zephyr S a décollé le 15 juin dernier pour atteindre une altitude comprise entre 60’000 et 70’000 pieds [soit 18-21 km]. Initialement, la mission qu’il devait réaliser devait durer une trentaine de jours, l’objectif étant d’établir le record du vol le plus long jamais réalisé par un drone. Record, au passage, dont un modèle précédent de l’appareil d’Airbus Defence & Space était alors le détenteur.

Finalement, les plans ont changé en cours de route… Et, à la fin du mois de juillet, le Zephyr S était toujours en vol. Évoluant à une altitude où il ne risquait pas d’interférer avec le trafic aérien civil, ce drone stratosphérique survola plusieurs États américains pour s’aventurer dans le golfe du Mexique et atteindre le Belize.

D’une masse de seulement 75 kg pour une envergure de 25 mètres, le Zephyr peut voler jusqu’à 76’100 pieds [23,2 km]. Son moteur est alimenté en électricité par une batterie Li-S [lithium et soufre], rechargée durant le jour par des panneaux solaires. Quant à sa vitesse, elle n’a pas été précisée par Airbus. Mais celle du Zephyr 7, de dimensions plus réduires, était de l’ordre de 30 nœuds [56 km/h]. Enfin, son fuselage central contient sa charge utile, laquelle peut être constituée de liaisons de données, de systèmes de guerre électronique, d’un radar à ouverture synthétique, d’un LIDAR [Laser Imaging Detection And Rangin] et autres capteurs optroniques.

« Le Zephyr est capable de se concentrer sur une zone d’intérêt spécifique [d’une superficie de plusieurs centaines de kilomètres, le cas échéant], tout en fournissant des communications pseudo-satellitaires et des services d’observation de la Terre [avec une meilleure granularité] sur de longues périodes et sans interruption », fait valoir Airbus. D’où l’intérêt que l’US Army lui porte.

Quoi qu’il en soit, après 64 jour de vol, la mission du Zephyr S a fini par être interrompue. Le site spécialisé « Simple Flying » a en effet rapporté que le drone stratrosphérique s’était écrasé. Du moins, c’est ce que suggèrent les données d’ADSB Exchange.

Ayant l’indicatif « ZULU82 », l’appareil survolait le désert de l’Arizona, le 19 août, à une altitude moins élevée que d’habitude [environ 45’000/50’000 pieds]. Puis après une manœuvre en forme de S, il brutalement décroché de 20’000 pieds, avant de prendre de la vitesse, son taux de descente étant alors de 4544 pieds par minute [1385 mètres par minute]. « Bien que non confirmé par Airbus, il semble que le Zephyr a connu une fin peu glorieuse », en a déduit Simple Flying.

L’US Army Futures Command n’a pas explicitement confirmé la perte du drone d’Airbus. « Après 64 jours de vol stratosphérique et la réalisation de nombreux objectifs au cours de sa mission, le Zephyr a connu des circonstances qui ont mis fin à sa campagne de vol », a-t-il affirmé.

« Nos équipes analysent actuellement plus de 1500 heures de données de missions stratosphériques. L’expérience de ce vol d’ultra longue endurance s’est avérée précieuse pour la plate-forme à haute altitude de l’US Army. Une fois la récupération de l’appareil et l’analyse des données effectuées, plus d’informations seront disponibles », a-t-il ajouté. A priori, il était prévu de réaliser une autre évaluation du Zephyr S, cette fois au-dessus de l’océan Pacifique.

L’US Army n’est pas la seule à étudier les potentialités offertes par des drones de type HAPS [High Altitude Platform System], que l’on appelle aussi « pseudo-satellites », car ils « combinent la persistance d’un satellite et la flexibilité d’un drone ». La Royal Air Force s’y intéresse [d’ailleurs, le Zephyr S est produit au Royaume-Uni, ndlr], de même que, en France, la Marine nationale.

Un tel engin « vole à 30.000 mètres d’altitude et peut rester des semaines en l’air. Il avance assez lentement, sa charge utile est assez faible, mais il va à la vitesse d’un bateau : il pourrait donc suivre une force navale, me servir, de façon assez discrète, de relais de télécommunications, mais aussi, de point d’observation afin de relever tous les transpondeurs, en voyant plus loin », avait ainsi expliqué l’amiral Christophe Prazuck, l’ex-chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une audition parlementaire. « Ce peut être un outil moins onéreux, plus mobile et peut-être plus discret qu’un satellite », avait-il aussi souligné.

Guam: la vulnérable sonnette américaine à la porte d’entrée du Pacifique

Guam: la vulnérable sonnette américaine à la porte d’entrée du Pacifique

thaad.jpg


par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 19 août 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

 

C’est une île de 550 km2 (avec 170 000 habitants) à la lisière du Pacifique qui, et c’est surprenant, est totalement absente du techno-triller La Flotte fantôme (voir mon post). Mais Guam n’est aussi citée qu’à une seule reprise dans l’étude récente intitulée « The Return of Great Power War Scenarios of Systemic Conflict Between the United States and China« , rédigée pour la Rand Corporation par Timothy R. Heath, Kristen Gunness,et Tristan Finazzo.

Pourtant, Guam est un site crucial dans la stratégie US dans le Pacifique (photo ci-dessus DoD). L’amiral Harry Harris, ancien patron du Pacific Command et ex-ambassadeur US en Corée, estime ainsi que Guam serait même la « première cible » en cas d’attaques contre les USA.

Les tensions actuelles entre Chinois et Américains ont poussé ces derniers à mieux s’intéresser à cette île trop éloignée des Etats-Unis et trop proche de la Chine (dont les missiles DF-26 menacent l’île) et qui est souvent estimée comme perdue d’avance en cas de conflit sino-américain (carte ci-dessous historicair). 

 

Mariannes2006.svg.png

Les opinions ont évolué. L’Indo-Pacific Command considère Guam comme une position à partir de laquelle on peut combattre  (« fight from ») mais aussi pour laquelle il faut se battre (« fight for »). Guam, comme le rappelait le site War in the Rocks en 2021, abrite une base aérienne (Anderson Air Force Base), une base sous-marine, une base de l’USMC et des stocks prépositionnés (le Maritime Prepositioning Ship Squadrons 3 ou MPSRON3). Ce sont des forces qui doivent conserver leurs capacités de combat et donc être mieux protégées des possibles attaques navales et aériennes chinoises, attaques qui pourraient aussi viser les îles Mariannes du Nord.

Comment défendre Guam et comment en faire une pièce de la stratégie de défense/dissuasion de Taïwan ou du Japon?

La seconde mission paraît improbable du fait de l’éloignement. En 2021, la Rand Corporation a publié une étude de Jeffrey W. Hornung (« Ground-Based Intermediate-Range Missiles in the Indo-Pacific Assessing the Positions of U.S. Allies« ) où l’auteur estime inutile de doter Guam d’un solide arsenal de GBIRM (ground-based intermediate-range missiles) du fait de la portée insuffisante des missiles de type SM-6.

En revanche, pour défendre l’île, est préconisé un panachage de missiles Patriot, de Terminal High Altitude Area Defense (déjà en place, voir photo ci-dessus DoD)), de SM-2, SM-3 et SM-6, une telle architecture hybride devant neutraliser la menace aérienne chinoise. Mais ça ne sera pas la panacée, préviennent certains experts et militaires US. 

Pour l’heure, même si le budget 2023 prévoit des crédits à cet effet (892 millions de dollars dont 539 pour la défense anti-missiles, selon la Pacific Deterrence Initiative), les décisions se font attendre. Selon le vice-amiral Jon Hill, de la Missile Defense Agency, le programme de défense en est encore au stade des études de « l’architecture de base du système ». Des études d’impact ont été lancées pour déterminer les sites susceptibles d’accueillir les radars et postes de tir (42 plateformes au total) qui devraient être opérationnels d’ici à 2028. Une date déjà critiquée par les analystes comme Brent Sadler, du Center for National Defense. Il estimait, dans une contribution du 18 juillet dernier, que tout doit être prêt avant 2027. D’autres analystes estiment que l’IOC (l’Initial Operational Capability) doit être atteinte en 2024 avec le déploiement de croiseurs Aegis en attendant l’entrée en service des équipements terrestres.

L’US Army a de sérieux problèmes de recrutement

L’US Army a de sérieux problèmes de recrutement

 

http://www.opex360.com/2022/07/23/lus-army-a-de-serieux-problemes-de-recrutement/


Ainsi, en 2016, le chef du Pentagone, qui était alors Ashton Carter, lui avait demandé de revoir ses « normes de recrutement » afin de s’assurer qu’elles n’étaient pas « trop restrictives », notamment s’agissant du surpoids, de la forme physique, de tatouages et de consommation passée de marijuana. Faute quoi, avait-il dit, l’US Army « risquerait de s’isoler du reste de la population ».

En outre, M. Carter avait expliqué qu’il était de plus en plus difficile de recruter de nouveaux soldats dans les États du nord-est… alors que les forces armées amériaines avaient moins de peine à trouver des candidats à un engagement dans leurs « viviers traditionnels », à savoir le monde rural et les États du sud.

Et M. Carter de souligner que les « enfants de militaires » avaient deux fois plus de chance que les autres de s’engager dans l’US Army, qui, selon ses termes, « commençait à ressembler à une entreprise familiale ». D’où la nécessité pour celle-ci, avait-il estimé, d’avoir une approche « moins décourageante vis-à-vis de certaines catégories de personnes dont le nombre croît rapidement ».

Six ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée… Et elle risque même de se dégrader davantage, selon le général Joseph Martin, chef d’état-major adjoint d l’US Army.

Ainsi, a-t-il dit lors d’une audition parlementaire, cette semaine, 10’000 recrues vont manquer à l’appel pour l’exercice 2022. Et, selon des projections pour 2023, le déficit devrait s’aggraver, avec plus de 28’000 postes qui ne seraient pas pourvus. Au total, et si ces prévisions se révèlent exactes, cela équivaut à l’effectif de neuf à dix brigades [Brigade Combat Team, BCT] de l’armée américaine… Ce qui est significatif.

Pour expliquer cette situation, le général Martin a évoqué les conséquences de la pandémie de covid-19, la concurrence du secteur privé et la réduction du vivier de recrutement, la part de la population potentiellement apte pour s’engager étant passée de 29 à 23%. Et il a aussi souligné le fait que de « moins en moins d’Américains manifestent un intérêt à servir ». En clair, le « vivier » de candidats potentiels – que se partagent aussi l’US Navy, les Marines et l’US Air Force – se réduit comme peau de chagrin.

S’agissant de l’impact de la crise covid, et au-delà des aspects économiques, l’US Army fait valoir que l’enseignement à distance s’est traduit par une « baisse du niveau académique et de la forme physique », ce qui joue évidemment sur l’aptitude des candidats potentiels à un engagement.

D’après CNN, l’armée américaine pourrait baisser une nouvelle fois ses normes de recrutement, l’idée de ne plus exiger un diplôme d’études secondaires pour s’engager ayant été avancée. Cependant, cette orientation n’est pas privilégiée. C’est ce qu’a en effet laissé entendre Christine Wormuth, la secrétaire à l’US Army, dans un entretien donné à l’Associated Press.

« Nous sommes confrontés à une question fondamentale : devons-nous abaisser les normes pour atteindre nos objectifs ou devons-nous revoir nos objectifs pour maintenir une force professionnelle de qualité? », a demandé Mme Wormuth. Et pour elle, la qualité doit primer sur la quantité. Sauf que cela ne résoud pas le problème, sauf à réduire le format de l’US Army, ce qui aurait des conséquences capacitaires et opérationnelles.

De la Finlande à l’Ukraine, vers un nouveau « mur » entre Ouest et Est

De la Finlande à l’Ukraine, vers un nouveau « mur » entre Ouest et Est

FTgt-k6XEAUtpk3.jpg

 

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 24 mai 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Les effectifs des forces américaines en Europe sont passés de 78 000 hommes en 2021  (67 000 au plus bas,  en 2019) à 102 000 en 2022, a précisé lundi le général Milley (le CEMA américain, devant les élèves officiers de West Point, avait, la veille, prédit de pertes américaines conséquentes : « des dizaines de milliers de morts américains », en cas de conflit avec la Russie et la Chine).

Pour en revenir avec les forces terrestres US en Europe, elles sont réparties au sein de 6 brigades de combat (Brigade Combat Teams) , de deux divisions et d’éléments de deux corps d’armée.

Du côté des forces navales (en Méditerranée et dans la Baltique), sont déployés 15 000 marins, 24 navires de surface (contre six en fin d’année 2021) et 4 sous-marins.

Les forces aériennes ne sont pas en reste avec 12 escadrons de chasse et deux brigades d’hélicoptères de combat, toujours selon Milley. 

On est certes loin des effectifs et des moyens de l’époque de la guerre froide (400 000 hommes en 1953) mais la tendance est résolument d’une part au renforcement en hommes et en moyens et d’autre part à la mise en place d’une barrière défensive le long de la frontière avec la Russie. L’activité ISR alliée de la Baltique à la mer Noire (hors survol de l’Ukraine que l’Otan évite) en témoigne, comme le montre cette carte:

isr europe.jpg

Faut-il craindre qu’en cas d’enlisement en Ukraine et l’avènement d’un front figé, un nouveau « mur » entre l’Ouest et l’Est soit mis en place, comme au « bon vieux » temps de la Guerre froide (1400 km de frontière fortifiée entre 1950 et 1990)? Si ce scénario se concrétisait, la nouvelle frontière fortifiée du nord de la Finlande à la mer Noire, parallèlement aux frontières russe, biélorusse et probablement de l’Ukraine sécessionniste, courrait sur au moins 4000 km.

L’US Army choisit le groupe français Thales pour le renouvellement de ses radios tactiques

L’US Army choisit le groupe français Thales pour le renouvellement de ses radios tactiques

http://www.opex360.com/2022/05/16/lus-army-choisit-le-groupe-francais-thales-pour-le-renouvellement-de-ses-radios-tactiques/


 

 

« Le système IMBITR est la première radio portative bicanal offrant aux combattants des moyens de transmissions tactiques critiques en bande étroite, ainsi qu’un second canal à large bande qui génère une forme d’onde WREN-TSM extrêmement performante et fiable. L’ensemble de ces capacités permet la mise en réseau de communications voix, données et vidéo simultanées et sécurisées, améliorant l’appréciation de la situation et la prise de décision en temps réel », avait alors expliqué l’industriel, en se félicitant du « franc succès » de son produit, notamment auprès des brigades Stryker de l’US Army.

Puis, en octobre de la même année, l’US Army commanda à Thales des radios bi-voies AN/PRC-148D Leader Radio et monovoie AN/PRC-170 Javelin Radio.

Six mois plus tard, l’industriel a de nouveau décroché une commande outre-Atlantique. En effet, ce 16 mai, via un communiqué, Thales a fait savoir qu’il est l’un des deux industriels [avec L3Harris Technologies, ndlr] à avoir été choisi pour fournir une « solution de radio logicielle sécurisée destinée à moderniser le parc actuel de l’US Army », dans le cadre d’un contrat de type IDIQ [livraisons et quantités indéterminées] plafonné à 6 milliards de dollars et prévoyant une « période de base de cinq ans, suivie d’une seconde période de cinq ans, facultative ».

Ce contrat « constitue un volet essentiel des efforts de modernisation du réseau tactique intégré de l’armée américaine », laquelle entend remplacer son système SINCGARS [Single Channel Ground and Airborne Radio System], et « prolonge le partenariat fructueux » avec cette dernière « en matière de systèmes de communication prêts au combat », fait valoir Thales.

L’électronicien français aura donc à fournir à l’US Army une évolution de la radio tactique AN/PRC-148 IMBITR.

« Cette radio tactique logicielle flexible et sécurisée permettra à l’armée américaine de remplacer peu à peu son parc de radios R/T1523. Elle restera compatible avec la forme d’ondes existante SINCGARS, mais de nouvelles formes d’ondes pourront s’ajouter, ainsi que des capacités renforcées pour faire face aux besoins en évolution », explique Thales.

« La radio de Thales s’aligne parfaitement avec la volonté de l’US Army d’intégrer les produits matures et éprouvés au sein de son architecture de connectivité au service des unités tactiques. Conçue pour une intégration aisée dans les systèmes du combattant, [elle] s’adapte parfaitement au réseau tactique intégré de l’armée américaine », a commenté Mike Sheehan, le Pdg de Thales Defense and Security Inc, la filiale américaine du groupe français.

33 sites pour stocker le matériel de guerre prépositionné par le Pentagone

33 sites pour stocker le matériel de guerre prépositionné par le Pentagone

650 JLTV.jpg

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 29 novembre 2021

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


L’annonce britannique de l’envoi des matériels d’une brigade blindés en Allemagne m’incite à refaire le point sur les fameux « pre-positioned war reserve materiel » (PWRM) américains. On lira ici un document doctrinal US sur ces stocks.

Ces stocks prépositionnés d’armement, munitions, carburant, véhicules (comme ces 650 JLTV en Allemagne, photo ci-dessus) et pièces de rechange constituent un des trois vecteurs de renforcement US avec les vecteurs aériens et maritimes qui permettent d’acheminer hommes et équipements sur des théâtres d’opération et d’y renforcer les moyens déjà déployés. 

Actuellement, il existe 33 sites de PWRM comme le montre cette carte du CRS:

pwrm carte.jpg

L’USMC en dispose de trois dont un en Norvège et deux embarqués dans les navires des maritime prepositioning ship squadrons (un MPSRON dans l’océan Indien, l’autre dans le Pacifique).

L’US Army dispose de 7 Army Pre-Positioned Stocks (APS):
– le 1 aux USA
– le 2 en Europe de l’Ouest (pour l’année fiscale 2022, l’US Army va consacrer 1,2 milliard de $ à cet APS)
– le 3 embarqué, dans l’océan Indien
– le 4, au Japon et en Corée
– le 5, au Koweït et au Qatar
– le 6 dans les Caraïbes
– le 7 en Italie, au profit de l’US Army Africa.

L’USAF (les points bleus sur la carte) a aménagé 23 sites de prépositionnement. Pas d’aéronefs dans ces sites, mais du matériel roulant, de levage, de ravitaillement, du carburant etc. Pour les sites de l’USAF, lire le récent rapport de la Rand Corporation. Il s’intitule: « Analysis of Global Management of Air Force War Reserve Materiel to Support Operations in Contested and Degraded Environments ».

Un rapport du GAO de mars 2021: « DOD Needs a Complete Picture of the Military Services’ Prepositioning Programs« , détaille les stocks du DoD, tout en avertissant que leur gestion n’est pas toujours satisfaisante (une critique émise à plusieurs reprises et déjà dans un rapport de ce même GAO en 2005), que la disponibilité de certains équipements n’est pas bonne et que le stockage est parfois insuffisant ou inadapté…

Externalisation
Dernier point à rappeler: la gestion et l’entretien de ces réserves sont externalisés. 

Ainsi, l’APS-2 (Allemagne) et l’APS-5 (Koweït et Qatar) sont en partie gérés par l’entreprise britannique M&E Global. L’APS-2 est également soutenu par des personnels d’Amentum (photo ci-dessous) et d’URS Federal Services Inc.

1000w_q95 (1).jpg

KBR se charge de l’APS-3 et de certaines opérations à l’APS-4.