Pékin a encore renforcé ses capacités d’interdiction et de déni d’accès en mer de Chine méridionale

Pékin a encore renforcé ses capacités d’interdiction et de déni d’accès en mer de Chine méridionale

http://www.opex360.com/2018/05/04/pekin-a-renforce-capacites-dinterdiction-de-deni-dacces-mer-de-chine-meridionale/

 

 

Photo : archive

Selon des sources du renseignement américains citées par CNBC, Pékin a installé des missiles anti-navire (YJ-12) et sol-air (systèmes de défense aérienne HQ-9) sur les récifs de Fiery Cross [Yongshu], Subi [Zhubi] et Mischief [Meiji], tous situés dans l’archipel des Spratleys, en mer de Chine méridionale, soit à l’est du Vietnam et l’ouest des Philippines.

Pour rappel, Pékin estime que la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale lui appartient, alors que d’autres pays de la région y ont des prétentions. En juillet 2016, la .Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye avait estimé que les revendications chinoises dans cette partie du monde, qui plus est stratégique, n’avaient « aucun fondement juridique »

Mais cela n’a nullement empêché Pékin de continuer à aménager plusieurs récifs des archipels Spratleys et Paracel à des fins militaires, notamment en y installant des capacités d’interdiction et de déni d’accès (A2/AD).

S’assurer du contrôle de la mer de Chine méridionale n’est pas anodin dans la mesure où cette région est un carrefour de routes maritimes essentielles pour le commerce mondial (et, accessoirement, pour l’approvisionnement énergétique du Japon). En outre, elle serait riche en hydrocarbures et en ressources halieutiques. Enfin, d’un point de vue strictement militaire, il s’agit aussi pour la marine chinoise de disposer d’une zone de déploiement sécurisée pour ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) basé à Hainan.

Quoi qu’il en soit, Pékin n’a pas démenti l’information donnée par CNBC. « Les constructions pacifiques de la Chine dans l’archipel des Spratleys, y compris le déploiement de nécessaires installations de défense du territoire national, ont pour but de protéger la souveraineté et la sécurité de la Chine », a affirmé Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « Ceux n’ayant pas de velléité de violer [cette souveraineté] n’ont aucune raison de s’inquiéter », a-t-elle ajouté.

Les États-Unis, qui ont multiplié les missions visant à garantir la liberté de navigation en mer de Chine méridionale en envoyant des navires de l’US Navy près des récifs en question, ont dénoncé l’attitude de Pékin.

« Nous sommes bien au fait de la militarisation de la mer de Chine méridionale par la Chine », a déclaré, le 3 mai, Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche. « Nous avons évoqué nos préoccupations à ce sujet directement avec les Chinois et il y aura des conséquences à court terme et à long terme », a-t-elle poursuivi, sans préciser la nature des « conséquences » qu’elle venait d’évoquer.

En tout cas, pour Washington, il importe que la liberté de navigation soit respectée. « Nous allons poursuivre nos opérations », a indiqué Dana White, une porte-parole du Pentagone. « La Chine doit réaliser qu’elle a bénéficié de la liberté de navigation et que l’US Navy a été le garant de cela », a-t-elle fait valoir.

 

 

Plus loin, plus vite, plus fort : la technologie railgun américaine arrive

Plus loin, plus vite, plus fort : la technologie railgun américaine arrive

Arme du futur par excellence, digne des plus grands films de science-fiction que nous connaissons tous, les canons électromagnétiques dits railguns pourraient bien équiper les soldats américains dans quelques années. Avec leur vitesse extrême et une létalité accrue, les munitions tirées par des systèmes railgun devraient changer la donne sur les champs de bataille futurs pour détruire l’ennemi tout en restant à l’abri de ses tirs. L’US Army et General Atomics font le pari de sortir quelques prototypes d’ici trois ans, et rêvent d’appliquer la technologie aux chars d’assaut.

 

Systèmes électromagnétiques General Atomics dits Railgun Blitzer® lors de l’événement MFIX de l’US Army à Ft. Sill en 2016 (Crédits : General Atomics)

Le site National Defense, magazine en ligne de l’association des industriels d’armement américains, consacrait cette semaine un article à la prise en main du projet railgun par l’US Army et General Atomics. Effectivement, les responsables de l’US Navy sont les premiers a avoir fait appel aux ingénieurs américains pour sortir un système d’arme électromagnétique d’usine, mais un prototype viable tarde à voir le jour. Et cette technologie, l’Armée de terre d’outre-Atlantique la veut aussi. Elle serait la solution rêvée pour répondre aux besoins de tir très longue distance avec une munition toujours plus destructrice et plus précise. Si les recherches ont déjà bien avancé, en plus de faire évoluer l’artillerie, les terriens américains rêvent de l’appliquer sur ses chars d’assaut pour surpasser les véhicules ennemis, voire de l’utiliser pour faire réduire le coût de la défense anti-aérienne. Pour le général Mark Milley, chef d’État-major de l’US Army, le développement de cette technologie est primordiale pour le programme « long-range precision fires », priorité n°1 de la défense terrestre américaine.

Le 1er mars 2018, General Atomics Electromagnetic Systems (GA-EMS) annonçait avoir obtenu un contrat de l’armée américaine par l’intermédiaire du Defense Ordnance Technology Consortium (DOTC). Le contrat permettra à General Atomics d’évaluer et de développer des canons électromagnétiques pour la composante terre des forces armées américaines avec l’appui du Commandement de la recherche, du développement et de l’ingénierie de l’armement de l’Armée américaine (ARDEC).

Le contrat de trois ans doit déboucher sur le développement de prototypes de systèmes d’armes améliorés, ainsi que sur la réalisation de tests et de recherches sur une éventuelle intégration sur divers véhicules de l’armée américaine actuellement en service et ceux qui seront déployés à l’avenir.

Nick Bucci, vice-président de Missile Defence and Space Systems de GA-EMS, déclarait à l’époque : « Ce contrat permet à l’ARDEC de tirer parti de nos recherches, développements et tests en cours pour faire progresser les technologies railgun et développer davantage les systèmes d’armes pour les applications dans l’Armée de terre, améliorant leur efficacité contre de multiples types de menaces. Le système d’armes railgun est destiné à s’intégrer aux systèmes de l’Armée de terre existants et compléter les capacités conventionnelles, fournissant un contrepoids efficace aux raids d’avions, de roquettes et de missiles de croisière ainsi qu’à d’autres menaces. »

Mike Rucker, directeur des programmes atomiques généraux pour les systèmes de défense antimissile soulignait de son côté le rôle défensif stratégique jouable à l’avenir par les railguns grâce à l’utilisation de projectiles hypersoniques : « Utilisant des projectiles hypersoniques, la technologie railgun fournit au soldat plus de temps pour cibler et atteindre l’efficacité à plus longue distance, et fournit un coût inférieur par engagement que les intercepteurs conventionnels. »

En raison de leur hypervélocité, les munitions de railgun peuvent parcourir de plus longues distances que les munitions conventionnelles et cette vitesse extrême apporterait logiquement une puissance supplémentaire au moment de l’impact. Les canon railguns utilisent des champs magnétiques générés par des courants électriques pour faire glisser un projectile entre deux rails à l’intérieur du canon. La technologie permet aux projectiles de voyager à des vitesses de Mach 5 ou plus rapidement encore. Pour l’Armée de terre américaine, sur un champ de bataille cette technologie peut changer la donne pour pénétrer les défenses renforcées de l’ennemi, ou détruire les chars d’assaut ennemis en laissant ses propres véhicules hors de la zone de tir.

Comme le rappellent les journalistes américains, les chars modernes peuvent être équipés, en plus de leur propre blindage, d’une armure dite réactive capable de leurrer (soft-kill) et/ou de détruire le projectile en approche avec une contre-explosion (hard-kill). C’est par exemple ce dont serait capable le futur char russe T-14 Armata qui semble inquiéter les experts militaires américains si son déploiement opérationnel se faisait dans les temps voulus par les responsables militaires russes. Le besoin des militaires américains serait donc de pouvoir détruire l’entièreté d’un tank ennemi en un coup grâce au railgun, reste aux ingénieurs de GA de les satisfaire. Là où ils butent encore aujourd’hui c’est sur la question de l’énergie et la place demandée par une telle technologie. Sur un navire de guerre, la question se pose moins vu la taille des plate-formes et la possibilité de fournir l’électricité nécessaire via les turbines de propulsion, pourtant aucune arme n’est encore opérationnelle. Sur un char d’assaut, on imagine que l’aventure sera encore plus compliquée.

En plus de l’application aux chars d’assaut, voire plus tard encore à tous les véhicules blindés de combat, l’armée américaine veut tester les canons pour l’artillerie. Ici, le problème de place se fera moins sentir, comme la question de l’énergie qui pourra être réglée par des « caissons » que l’on peut par exemple voir sur la photographie de GA. Et l’application de la technologie railgun aux tirs indirects serait pour le moment la plus aboutie. Une autre application envisageable serait celle de la défense anti-aérienne/anti-missile, comme dit plus haut, afin de faire baisser le coût de chaque interception, un projectile propulsé à haute-vitesse par un canon coutant évidemment moins cher qu’un missile sol-air. « C’est un peu un parallèle l’utilisation par les Israéliens de missiles coûteux pour abattre des drones bon marché ou de les utiliser pour abattre des roquettes et des mortiers », a déclaré Peter W.Singer, un expert de technologie militaire cité par National Defense, « Il y a beaucoup d’excitation » sur le rapport coût-efficacité des railguns, a-t-il ajouté.

Outre le besoin de détruire l’ennemi qui saurait se défendre (retranché dans un bunker, blindage supérieur et armure réactive des chars d’assaut) tout en restant à l’abri et de faire baisser le coût des tirs, il s’agit pour les États-Unis de garder une longueur d’avance sur la Chine qui serait parvenue à déployer un railgun sur un de ses navires. Bien qu’aucune preuve de son efficacité n’existe, les images du nouveau canon chinois et le développement de missiles de très longue portée poussent les militaires américains à accélérer les recherches dans le domaine.

Les ingénieurs de GA devront s’armer de beaucoup de patience et de détermination pour sortir une technologie durable (la puissance électromagnétique pouvant rapidement user le canon), et l’appliquer sur une plate-forme suffisamment solide et auto-génératrice d’énergie pour supporter la puissance des futurs canons électromagnétiques. Pour l’instant, ils pensent à un camion comme premier prototype, ce qui pourrait bien donner vie à une sorte de CAESAr nouvelle génération. Le dernier canon développé pour l’heure serait capable de tirer 20 coups/minute à une distance maxi de 100km.

La marine américaine envisage de maintenir un groupe aéronaval en Méditerranée pour répondre aux activités russes

La marine américaine envisage de maintenir un groupe aéronaval en Méditerranée pour répondre aux activités russes

http://www.opex360.com/2018/04/24/marine-americaine-envisage-de-maintenir-groupe-aeronaval-mediterranee-repondre-aux-activites-russes/

Le 20 avril, un groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Harry S. Trumman est arrivé en Méditerranée pour être placé sous l’autorité de la VIe flotte de l’US Navy, dont le quartier général est installé à Naples. Ce déploiement n’a rien à voir avec les récentes frappes contre le programme chimique syrien étant donné qu’il avait été planifié bien avant.

Normalement, ce groupe aéronaval devrait ensuite prendre la direction du Canal de Suez pour ensuite rejoindre le golfe arabo-persique, où la marine américain s’attache à maintenir au moins un porte-avions depuis l’opération « Tempête du désert » [1991]. Cependant, ces deux dernières années, une telle présence n’a pas été continue, le porte-avions français Charles de Gaulle ayant assuré l’intérim de décembre 2015 à février 2016.

Aussi, il n’est pas encore certain que l’USS Harry S. Truman rejoindre le golfe arabo-persique à l’issue de son passage en Méditerranée. Selon Defense News, le Pentagone envisagerait de le laisser sous le commandement de la VIe Flotte afin de répondre « aux activités russes » dans la région.

La décision de maintenir ou pas ce groupe aéronaval [carrier strike group] en Méditerranée n’a pas été prise. Mais elle répondrait à plusieurs objectifs.

En premier lieu, cela serait conforme à la nouvelle stratégie de défense nationale américaine, qui demande au Pentagone d’être « moins prévisible » au niveau opérationnel. En outre, cela permettrait de « rassurer » les Alliés de l’Otan inquiets des manœuvres russes, de maintenir la pression sur le régime de Bachar el-Assad si jamais il utilise à nouveau des armes chimiques et de surveiller les routes maritimes tout en gardant un oeil sur les activités terroristes en Afrique du Nord (et en Libye en particulier).

« Il n’y a pas de symbole plus reconnaissable de la puissance navale américaine qu’un groupe aéronaval », a commenté le vice-amiral Lisa Franchetti, commandant de la 6ème flotte, dans un communiqué. Et d’ajouter : « Sa présence dans cette région vitale reflète notre engagement en faveur d’une Europe et d’une Afrique sûres, prospères et libres ».

Cela étant, l’objectif prioritaire resterait la Russie, conformément à ce qu’affirme la stratégie de défense américaine, selon laquelle « la compétition stratégique interétatique, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation » des États-Unis.

Or, affirme Defense News, « garder un porte-avions près des intérêts stratégiques russes suit également de près la stratégie de défense récemment publiée » par le Pentagone.

Quant aux moyens américains pour le golfe arabo-persique, les États-Unis disposent de bases aériennes aux Émirats arabes unies et au Qatar qui peuvent être sollicitées au besoin. D’ailleurs, c’est déjà le cas, dans le cadre de la coalition anti-jihadiste.

Pour mémoire, l’USS Harry S Trumman est accompagné par le croiseur USS Normandy et les destroyers USS Arleigh Burke, USS Bulkeley, USS Forrest Sherman et USS Farragut. La frégate allemande FGS Hessen fait également partie de l’escorte.