Du fondement des forces morales
Par le Chef d’escadrons Evrard Guérin
Cahiers de la pensée mili-Terre n° 43 publié le : 19/04/2018
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L’armée de Terre fait face aujourd’hui à un durcissement de ses engagements avec une radicalisation de la violence armée conduite par un ennemi irrégulier. Pour l’auteur, ce sont les forces morales de ses soldats qui comptent pour l’emporter ou résister sur la durée. Cultiver ses forces morales, c’est donc développer l’aptitude d’une armée à donner confiance à sa troupe et à faire face à l’adversité.
La supériorité technologique des forces armées israéliennes face aux milices du Hezbollah aurait dû permettre en 2006 une écrasante victoire de l’État israélien face à son adversaire. De nombreux facteurs propres à l’évolution de l’armée israélienne expliquent cette situation paradoxale. Elle illustre surtout que malgré les progrès continus de la science, l’homme reste «l’instrument premier du combat»[1].
La force morale, une donnée individuelle
La force d’une armée dépend d’abord de la valeur des individus qui la composent et de leur propre force morale. Si le soldat n’a pas confiance en ses propres capacités, comment imposera-t-il sa volonté à l’adversaire?[2] La force morale du soldat réside dans la confiance qu’il a en lui. L’armée de Terre a développé une pédagogie particulière, la pédagogie participative par objectif (PPO)[3] pour instruire ses soldats et leur faire prendre conscience de leurs aptitudes. Tout au long de la vie militaire, l’armée de Terre cherche à développer chez le soldat son goût de l’effort, du dépassement de soi et du courage.
Cet état d’esprit est renforcé par un entraînement physique conséquent. La rusticité et l’endurance sont davantage recherchées que la force physique pure. Ses qualités permettront au soldat de résister et de surmonter des conditions climatiques éprouvantes comme des situations difficiles. Les engagements des forces françaises en Afghanistan tout comme les combats récents dans l’Adrar des Ifoghas montrent bien cette nécessité. De même, le passage des soldats en centres d’aguerrissement ou en centres commando contribue à ce processus d’élaboration des forces morales, en forgeant le caractère du soldat et du chef.
La confiance s’appuie ensuite sur la compétence, car le soldat est avant tout un professionnel entraîné[4]. La préparation opérationnelle des unités engagées en opérations extérieures commence toujours par le plus petit échelon. Chaque soldat se doit de maîtriser les fondamentaux du combattant[5] et les spécialités auxquelles il a été formé. L’esprit combattant d’un soldat est décuplé par la maîtrise de ses savoir-faire militaires. L’ennemi peut aussi être découragé par la certitude d’avoir face à lui des soldats entraînés qui lui imposeront leur «tempo» sur le champ de bataille.
La supériorité ressentie par le combattant et son moral seront aussi renforcés par la qualité de l’armement, de son équipement et du système d’armes qu’il sert. La puissance technologique des armées modernes contribue aussi à la confiance du combattant et à l’effroi de son adversaire[6]. La supériorité technologique permet de prendre l’ascendant sur l’adversaire. L’apparition du char d’assaut lors de la Première Guerre mondiale a eu un effet dévastateur sur le moral des troupes allemandes et a raffermi l’espoir de victoire pour les soldats des troupes alliées
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