Une étude américaine montre que la neuro-stimulation électrique pourrait améliorer la vigilance des soldats
En opération, il est souvent compliqué pour un soldat d’avoir un sommeil récupérateur, ce qui peut se traduire par une baisse de la vigilance et un temps de réaction plus long… Et donc par un risque plus élevé de commettre des erreurs et, donc, de compromettre le succès d’une mission. Cela vaut également pour d’autres situations, comme à bord des navires, où il peut y avoir une continuité entre le poste de veille et le poste de combat.
À ce jour, certaines substances permettent de prévenir un coup de fatigue et de maintenir la vigilance des militaires. Ainsi, en 1991, des soldats français de l’opération Daguet ont avalé des comprimés de Virgyl [connu actuellement sous le nom de « Modafinil »], afin de rester éveillés pendant 60 heures.
Seulement, présentant les mêmes propriétés que les amphétamines [mais sans leurs inconvénients], cette molécule révolutionnaire n’avait pas encore été autorisée à l’époque de la Première guerre du Golfe. Ce point sera par la suite soulevé dans un rapport parlementaire sur les « conditions d’engagement des militaires français ayant pu les exposer […] à des risques sanitaires spécifiques.
Depuis, l’usage de telles substances censées maintenir l’état de vigilance des militaires est encadré par l’instruction n°744/DEF/DCSSA/AST/TEC, publiée en 2008.
Cela étant, il y aurait un autre moyen de maintenir des soldats éveillés. C’est en effet ce que tend à démontrer une l’étude conduite récemment au sein de l’US Air Force et dont les résultats, publiés par Nature, viennent d’être évoqués par l’Air Force Times.
Ainsi, il s’agirait de stimuler, avec des impulsions électriques et de manière non invasive, une zone du cerveau appelée « locus coeruleus ». Cette dernière est notamment associée aux troubles paniques… ainsi qu’au sommeil et à l’alternance veille-sommeil.
« Nous avons délivré une stimulation cervicale transcutanée du nerf vague [ctVNS ] via un appareil de neurostimulation portable initialement approuvé pour traiter les céphalées en grappe et les migraines. […] Cet appareil fait passer un courant électrique non invasif pulsé à 25 Hz à travers la peau jusqu’au nerf via deux électrodes placées sur le cou », explique les auteurs de cette étude. Et il suffirait de 6 minutes de stimulation pour que « traitement » soit efficace.
Ainsi, d’après les expériences menées dans le cadre de cette étude, qui a mobilisé 40 militaires de l’US Air Force, cette technique améliorerait les « performances cognitives » de sujets privés de sommeil pendant 34 heures.
Photo : Heide Couch/Air Force