Ceux de 14 entrent au Panthéon avec Maurice Genevoix

Ceux de 14 entrent au Panthéon avec Maurice Genevoix

 

 

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 26/07/2019

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L’écrivain Maurice Genevoix (voir sa biographie et sa bibliographie ici) reposera bientôt sous la coupole du Panthéon. Un décret pris par le président Macron, en date du 24 juillet et paru au JO de ce 26 juillet, autorise en effet le transfert des cendres de l’auteur, mobilisé lors de la Première Guerre mondiale. 

Emmanuel Macron avait annoncé le prochain transfert en 2018, lors des commémorations de l’armistice: « Au moment où les voix des Poilus se sont éteintes pour toujours il est incompréhensible que “Ceux de 14” ne figurent pas au Panthéon. Ils en franchiront tous le seuil avec leur porte-voix que fut Maurice Genevoix », avait-il déclaré lors de son discours à Éparges.

Parmi les écrivains qui ont combattu (de Cendrars à Apollinaire en passant par ceux qui sont morts sur le front comme Charles Péguy ou Alain Fournier), Maurice Genevoix incarne, à la fois par son parcours militaire et par le récit qu’il a fait des combats dans les 5 livres de « Ceux de 14 » « toute cette armée qui était un peuple, ce grand peuple qui devint une armée victorieuse », selon les mots du président de la République en 2018.

Suite à la déclaration du président Macron et pour couper court à toute polémique sur le choix de Maurice Genevoix, l’Elysée avait précisé qu’il s’agissait en quelque sorte de  deux panthéonisations simultanées, celle de l’écrivain et celle, « à titre collectif », de « Ceux de 14 », « incarnant la nation combattante, composée des civils appelés sous le drapeau et des militaires de carrière engagés dans les combats, mais aussi des femmes qui les ont accompagnés sur le front ».

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Mobilisé en 1914 comme sous-lieutenant au 106e RI, Maurice Genevoix  fut très grièvement blessé le 25 avril 1915, trois balles le frappant. Démobilisé en novembre 1918, il devait tirer de l’épreuve terrible que fut la guerre des tranchées la matière des cinq volumes de Ceux de 14 : Sous Verdun (1916), Nuits de guerre (1917), Au seuil des guitounes (1918), La Boue (1921), Les Éparges (1923).

« Le secrétaire de l’École normale avait demandé à ses étudiants partant au front de tenir un journal », précisait à Ouest-France, en 2018, Jean-Louis Gonin, président de l’ACAD-Maurice Genevoix, association qui œuvre pour la mémoire du romancier à Saint-Denis-de-l’Hôtel, village du Loiret où il possédait une maison. « C’était dur d’écrire alors que vous deviez vous protéger du froid, des combats, mais Maurice Genevoix avait une mémoire extraordinaire. Il est rentré à Châteauneuf-sur-Loire, dans le Loiret, où il a passé son enfance, et a mis ses notes en forme pendant sa convalescence. » 

Ceux de 14 est né de la réunion des cinq livres portant cette expérience de la guerre. Le premier, Sous Verdun, qui raconte les combats des Eparges, est paru en 1916. Une parution censurée, la description des horreurs de la guerre ayant été jugée trop réaliste. « Le livre est paru avec des pages blanches, celles qui avaient été censurées », précisait Jean-Louis Gonin. « Maurice Genevoix s’était amusé à les réécrire de sa main! J’ai pu en voir un exemplaire. »

L’écrivain n’oubliera jamais toutes les horreurs qu’il a vécues et ses camarades fauchés dans leur jeunesse. « Il était porteur de la mémoire de ses compagnons d’armes », expliquait Jean-Louis Gonin. « Il a été président du Mémorial de Verdun, s’est fait leur ambassadeur. » Il sera bientôt l’incarnation intemporel de cette tragiquement célèbre « génération du feu ».