L’armée de Terre est obligée d’innover pour recruter de nouveaux soldats en nombre et en qualité
par Laurent Lagneau – Zone militaire- Le 04-03-2018
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Entre 2015 et 2017, dans un contexte marqué par la menace terroriste et les attentats qui ont durement frappé la France, 46.000 jeunes français ont rejoint l’armée de Terre dans l’active et 10.500 ont souscrit un engagement à servir dans la réserve. Les flux annuels de recrutement de militaires du rang a bondi de 80% par rapport à 2014
Ces chiffres qui ont fait dire à chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, que la bataille des effectifs « a été gagnée ». En effet, c’est ainsi que les effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT) ont pu passer de 66.000 à 77.000 soldats.
Cependant, cette bataille des effectifs évoquées par le CEMAT est à mener en permanence. D’où les mesures prises pour tenter de fidéliser les militaires. Et la révision à la hausse du format de la FOT suppose d’avoir des flux de recrutement relativement conséquents, avec un taux de sélection si possible élevé et un taux d’attrition (rupture du contrat au bout de la première année) le plus bas.
Comme l’a en effet indiqué le général Benoît Chavanat, sous-directeur du recrutement à la direction des ressources humaines de l’armée de Terre (DRHAT), les « volumes de recrutement vont certainement connaître de nouveaux pics comme ces trois dernières années. » Et cela avec un marché de l’emploi qui risque de devenir de plus en plus concurrentiel si la légère embellie de l’économie française se confirme dans les prochains moins.
Sur le plan qualitatif, l’armée de Terre a donné le détail de ce qu’elle attend de ses soldats dans le document « Action Terrestre Future », diffusé en 2016. Ainsi, parmi les « facteurs de supériorité opérationnelle », il est fait mention de la « force morale », laquelle « repose à la fois sur la résistance et la puissance des dispositions mentales et psychologiques d’un individu » et « se concrétise par l’aptitude individuelle ou collective à dynamiser des facultés morales et physiques pour faire face à l’adversité et la surmonter. »
Pour concilier les impératifs de la qualité à ceux de la quantité, l’armée de Terre devra changer son approche en matière de recrutement. « Nous allons créer prochainement un nouveau pilier au sein de l’état-major : un pilier ‘Numérisation’. Nous y inclurons de nouveaux systèmes dont l’un concernera le recrutement. », a ainsi annoncé le général Bosser, lors de son dernier passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale.
« Nous entendons développer le recrutement à partir de supports portables de manière à établir un lien direct entre le jeune qui souhaite intégrer l’armée de Terre, et son recruteur, alors qu’il lui faut aujourd’hui prendre rendez-vous – première de plusieurs étapes qui rappellent celles de l’ancien service national, un processus qui nous laisse penser que nous souffrons d’une très grande perte de ressource : nous ne parvenons pas à capter suffisamment l’attention des jeunes désireux d’intégrer l’armée et nous disposons à cet égard de chiffres assez éloquents », a ensuite expliqué le CEMAT.
Ce qu’a confirmé le sous-directeur du recrutement à DRHAT. « Un processus encore trop long et bureaucratique nous fait perdre des candidats de qualité », a-t-il dit. Aussi, pour y remédier, des « outils digitaux et de Big Data sont à l’étude », a-t-il ajouté.
Selon le général Chavanat, cette modernisation du recrutement vise aussi à « mieux connaître les candidats pour mieux les accompagner et mieux les sélectionner, dans l’optique d’augmenter leur fidélisation. » Quant au numérique, il devrait permettre « au recruteur de demain de consacrer plus de temps sur le terrain en privilégiant le contact direct avec les candidats, pour les ‘coacher’ dans leur parcours de recrutement », grâce au temps qu’il gagnera à ne plus faire (ou à faire moins) de tâches administratives.
« Coacher » le candidat est plutôt bien vu. « Quand on accorde une plus grande place aux algorithmes, se recentrer sur le relationnel est nécessaire pour éviter la perte de motivation des candidats », lit-on en effet dans un article relatif à l’apport du Big Data en matière de recrutement et publié par le site spécialisé Monster.