Nexter prend les rênes du projet de canon électromagnétique européen

Nexter prend les rênes du projet de canon électromagnétique européen

par – Forces opérations Blog – publié le

La Commission européenne a validé hier une deuxième tranche de 41 projets de R&D soutenus via le Fonds européen de la défense (FED). L’un d’entre eux acte la poursuite du développement d’un canon électromagnétique européen, projet piloté par Nexter (KNDS). 

Gagner en maturité

Baptisé « Technology for Electromagnetic Artillery » (THEMA), l’effort verra Nexter Systems et ses partenaires s’attacher à faire monter en maturité les composants critiques du système, à commencer par l’apport en énergie, le canon proprement dit et le projectile hypervéloce. À terme, cette arme « offrira un intercepteur hypersonique avec une précision et une létalité améliorées », relève la Commission européenne. 

Pour les instances européennes, il s’agira de plancher en priorité sur une solution moyen calibre opérée dont la mission primaire relèvera de la défense anti-aérienne au profit de forces navales et terrestres. « Le canon électromagnétique devrait compléter d’autres moyens défensifs comme les missiles et les canons, et pourrait être adapté à diverses plateformes navales et systèmes de défense aérienne terrestres ». Les applications contre des cibles de surface ne viennent qu’en second lieu. 

THEMA s’inscrit dans la continuité du projet PILUM, lancé en 2021 via le dispositif d’action préparatoire sur la recherche en matière de défense (PADR). À supposer que le calendrier annoncé au lancement de PILUM soit respecté, THEMA devrait ouvrir la voie au démonstrateur complet attendu pour 2028. 

Quand PILUM rassemblait sept acteurs de quatre pays pour un budget de 1,5 M€, THEMA est d’un tout autre calibre. Cette fois, 14 entreprises, laboratoires et autres instituts de neuf pays vont se partager près de 15 M€ pour poursuivre les recherches durant quatre ans. L’équipe de PILUM est entièrement reconduite, et si le cabinet de conseil parisien Erdyn n’apparaît plus, il aura néanmoins participé au montage du projet avec Nexter et reste partie prenante au titre de sous-traitant. L’implication majeure de la France n’a rien d’anodin, cette technologie étant l’une de celles inscrites dans le volet innovation de la prochaine loi de programmation militaire pour 2024-2030. 

La BITD française dans 80% des projets

La quarantaine de projets bientôt soutenus représente un coup de pouce de 832 M€. « Le résultat des appels lancés en 2022 montre une fois de plus que le FED contribue à l’autonomie stratégique de l’UE ainsi qu’à la création d’une base industrielle et technologique de défense européenne plus compétitive et plus intégrée », estime la Commission. 

« Les consortiums sélectionnés rassemblent 550 entités de toute l’UE et de Norvège; les PME sont fortement représentées puisqu’elles représentent 39 % des entités participantes », ajoute-t-elle. La Commission va maintenant entamer les négociations avec les différents groupements en vue de parvenir à la signature d’accords avant la fin de l’année. 

La « moisson » est à nouveau impressionnante pour la filière française. Celle-ci prendra part à plus de 80% des projets adoptés et en conduira près du tiers, tant par l’entremise de grands noms qu’au travers de petites structures. 

La filiale française d’Airbus Defense and Space, par exemple, coordonnera une étude de faisabilité en vue du potentiel développement d’un nouvel avion de transport tactique médian. Un projet de 18 mois financé à hauteur de 30 M€, baptisé « Future Air System for European Tactical Transportation » (FASETT) et directement lié au programme FMTC de la Coopération structurée permanente, également sous pilotage français. 

Crédits image : Le canon électromagnétique de l’ISL – Institut franco-allemand de Recherches de Saint-Louis.