Variations sur un thème

Variations sur un thème

Blablachars – publié le 22 janvier 2025

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L’International Armoured Vehicles (IAV) Conference qui a débuté hier à Farnoborough a déjà permis de se faire une idée assez précise des tendances en matière de blindés. La principale ligne de force constatée au vu des présentations effectuées hier semble être la constitution de familles de véhicules blindés, issue d’un châssis unique. Ainsi, la présentation de General Dynamics United Kingdom (GDUK) a permis de découvrir la composition de la famille issue de la plateforme Ajax, déjà déclinée en six versions répondant aux noms d’Ajax, Ares, Athena, Argus, Atlas et Apollo. Le futur de l’Ajax pourrait être constitué par le développement de huit autres versions : véhicule de combat d’infanterie (VCI), mortier (sous tourelle), appui feu direct, défense sol-air (DSA), surveillance, ambulance, poseur de pont et  soutien. L’autre déclinaison annoncée est celle du blindé de Rheinmetall pour lequel l’armée italienne envisage pas moins de seize versions ! Selon les informations disponibles, la plateforme du Lynx italien servirait de base pour des versions VCI, Reconnaissance 120mm, Appui feu, commandement, antichar, génie (déminage), transport de munitions, mortier sous tourelle 120mm, lutte anti drone (LAD), ambulance, Reconnaissance (spécifications inconnues), génie (lame dozer), dépannage, mortier de 81mm et entraînement. Le programme A2CS prévoit la fourniture de 1050 véhicules pour un montant global de 16 milliards d’euros, avec l’objectif de disposer d’une première brigade équipée d’ici cinq ans.

Ces deux présentations appellent quelques commentaires. La prise en compte de la nécessité de posséder une véritable composante blindée mécanisée s’impose désormais à la quasi totalité des armées en Europe ou ailleurs. Cette volonté se traduit de plus en plus par le choix d’une plateforme unique, dont la polyvalence autorise le développement de nombreuses versions. Un autre aspect notable de cette tendance est la présence au sein des familles évoquées d’une version char médian doté d’un armement de 120 ou de 105mm, ce dernier pouvant être suffisant pour certains pays confrontés à des menaces mixtes. Cette nouvelle tendance est une véritable aubaine commerciale pour les industriels concernés qui trouvent là une réelle opportunité de développement et rentabilité pour le VCI. Sur le plan technique, la création d’une famille de blindés à partir d’une plateforme unique impose de doter cette dernière de caractéristiques spécifiques telles que : Implantation du groupe moto propulseur à l’avant permettant de dégager l’espace arrière, poids contenu pour se constituer une réserve de masse suffisante ou encore architecture ouverte permettant d’intégrer des modules de mission en mode « plug and play ». Pour le moment, Rheinmetall avec le Lynx, General Dynamics Land Systems avec l’Ajax avec l’Ajax et l’Ascod II et BAE Systems Hagglunds avec le CV90 offrent déjà des possibilités. Il est probable que demain, ces constructeurs seront rejoints par d’autres, désireux de profiter à leur tour de cette tendance. 

 

 

Variations proposées par GDUK pour l’Ajax

 

Les versions du Lynx pour le programme A2CS

 

Enfin, il est dommage (pour ne pas triste) de constater que le pays inventeur du concept de famille blindée reste pour le moment absent de ce marché. Avons-nous le droit d’assister en simple spectateur à l’émergence de cette tendance, quand on peut revendiquer la création des familles d’AMX 13, AMX 30 et dans une moindre mesure AMX 10 ? Il est intéressant de noter que les trois firmes déjà présentes sur le marché ont développé les engins sur leurs fonds propres sans attendre d’hypothétiques commandes étatiques pour leur produit. Devrons nous attendre la mise en route du programme Titan ou celui du MGCS pour voir des engins chenillés peupler nos brigades mécanisées. Outre l’aspect blindé mécanisé d’une telle composante, une initiative française en ce sens contribuerait à redonner une véritable masse de manœuvre à l’armée de terre, facteur essentiel de conflits de haute intensité ! Sébastien Lecornu a récemment demandé aux armées françaises « de prendre des risques » et a rappelé que « la France n’échangera pas sa « sécurité militaire contre des hamburgers et des voitures allemandes » traçant la voie pour les industriels concernés sans attendre les financements nécessaires pour rattraper trente années d’abandon de la composante blindée mécanisée !

Général Schill : Alors que la « place du char reste primordiale », l’armée de Terre a « besoin du MGCS »

Général Schill : Alors que la « place du char reste primordiale », l’armée de Terre a « besoin du MGCS »


Censé avoir été relancé après la signature d’un protocole d’accord par le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue allemand, Boris Pistorius en avril 2024, le projet de Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System] est toujours au même point.

Si les turbulences politiques de part et d’autre du Rhin n’y sont pas étrangères, il n’a pas encore été possible de notifier les premiers contrats à la société de projet devant être créée par les principaux industriels concernés [KNDS France, KNDS Deutschland, Thales et Rheinmetall], la constitution de cette dernière ayant pris du retard. En outre, la chambre basse du Parlement allemand [Bundestag] ne s’est pas encore prononcée sur l’accord signé par MM. Lecornu et Pistorius.

Pour rappel, comme il vise à développer une « famille de systèmes » [chars de nouvelle génération, drones, robots, etc.] reposant sur un  » cloud de combat », le MGCS doit être réorganisé selon huit piliers capacitaires distincts [plateforme, tourelles et canons, armement secondaire, système de communication et de commandement, simulation, capteurs, protection contre les drones, logistique], tout en assurant un partage industriel à 50-50 entre la France et l’Allemagne.

En outre, certains choix technologiques, comme l’armement principal du futur char de combat, n’ont pas encore été tranchés.

Quoi qu’il en soit, après s’être mis d’accord avec son homologue allemand sur une fiche commune d’expression des besoins [HLCORD], le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, s’est dit convaincu que le MGCS allait incarner une « bascule technologique ».

« En 2045, le char que nous utiliserons ne sera pas un char actuel amélioré, pour la simple raison que s’il faut équiper un seul véhicule de tous les équipements de protection et d’agression nécessaires, nos analyses montrent qu’il atteindrait un poids rédhibitoire de 70 ou 80 tonnes », a-t-il expliqué en novembre, lors d’une audition au Sénat dont le compte rendu vient d’être publié.
« C’est pourquoi nous nous orientons – et les Américains sont sur la même ligne – vers des systèmes combinant plusieurs véhicules. Ce ne sera pas une évolution des chars actuels, mais un système de systèmes au sein d’un cloud de combat », a poursuivi le CEMAT.

Au regard des implications technologiques et financières que cela suppose, le général Schill a estimé qu’un projet comme le MGCS ne peut qu’être conduit à « l’échelle européenne » car « aucun pays du continent n’aura la capacité de fabriquer seul les centaines d’équipements nécessaires à un coût contrôlé ».

Aussi, « nous sommes dans la ligne fixée […] par le préaccord industriel », a-t-il ajouté, alors que, de leur côté, Rheinmetall et Leonardo ont créé une coentreprise afin de proposer le char KF-51 « Panther » et le véhicule de combat d’infanterie KF-41 « Lynx » à l’armée italienne… A priori, le CEMAT ne pense pas que cette approche puisse être viable…

Quoi qu’il en soit, « l’armée de Terre a besoin du MGCS » car « la place du char reste primordiale », a insisté le général Schill.

Seulement, aussi « primordiale » soit-elle, cette place du char au sein de l’armée de Terre est réduite : la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit un parc de seulement 160 Leclerc rénovés [a minima] à l’horizon 2030… et de 200 en 2035.

La France pourrait développer son propre char de combat dans le cadre du projet MGCS

La France pourrait développer son propre char de combat dans le cadre du projet MGCS


En avril, la France et l’Allemagne ont signé un protocole d’accord visant à relancer leur projet commun de Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System], alors bloqué par des désaccords entre les principaux industriels concernés depuis près de sept ans.

Ainsi, pour garantir un partage équitable des tâches, il a été décidé de réorganiser ce projet selon huit piliers capacitaires distincts et de créer une société de projet réunissant KNDS France, Thales, KNDS Deutschland et Rheinmetall. Quant aux choix technologiques à l’origine des querelles entre les industriels, ils devront n’être faits qu’après une évaluation des solutions proposées. Et cela vaut notamment pour le canon du futur char de combat sur lequel reposera le MGCS.

Pour rappel, KNDS France a soumis le système ASCALON [Autoloaded and SCALable Outperforming guN], capable de tirer des obus de 120 et de 140 mm ainsi que des « munitions intelligentes pour des tirs au-delà de la vue directe » tandis que Rheinmetall défend son canon de 130 mm, lequel doit équiper la tourelle de son char KF-51 « Panther » qui, dévoilé en 2022, est en passe d’être retenu par l’armée italienne.

Seulement, cette « compétition » inquiète les parlementaires français, quel que soit leur bord politique. C’est ainsi le cas du député François Cormier-Bouligeon, qui s’en est ouvert dans son avis budgétaire sur le programme 146 « Équipement des forces – Dissuasion ». Même chose pour les sénateurs Hugues Saury et Hélène Conway-Mouret. Dans un récent rapport, ils ont avancé que l’ASCALON risquait d’être « écarté de toute perspective de commercialisation afin de préserver le ‘leadership’ de Rheinmetall et KNDS Deutschland « . Cela « interroge sur l’intérêt même de la création de KNDS et, a fortiori, sur celui de poursuivre le programme MGCS », ont-ils même insisté.

Cela étant, le MGCS ne doit pas être considéré comme étant seulement le successeur des chars Leclerc et Leopard 2 dans la mesure où il s’agit de développer une « famille de systèmes » [chars, drones, robots, etc.] devant reposer sur un « cloud de combat ».

Par ailleurs, ce Système principal de combat terrestre ne devant pas être opérationnel avant 2040 au plus tôt, la question du maintien en service du Leclerc jusqu’à cette échéance se pose. De même que celle d’une éventuelle « solution intermédiaire », censée faire le « pont » entre le Leclerc et le MGCS. Ce qui a été proposé par Nicolas Chamussy, le PDG de KNDS France, en mai 2023.

Lors d’une audition sur l’économie de guerre, à l’Assemblée nationale, le 4 décembre, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, n’a pas coupé à une question sur l’avenir du MGCS.

« Sur le char lourd c’est une préoccupation. D’abord, je l’ai dit et je continue à la dire : on ne fait pas n’importe quoi et on a étudié évidemment le fait de pouvoir prolonger, jusqu’en 2040, le Leclerc. On se donne les moyens de se donner du temps », a répondu M. Chiva.

« Le MGCS n’est pas le successeur du Leclerc et il ne préfigure en rien la nature du char lourd. Le MGCS, c’est des moyens de combat terrestre, avec des ailiers scorpionisés, dronisés, dans un cloud de combat », a-t-il ensuite rappelé.

Ce qui ouvre éventuellement la voie à la coexistence de deux chars différents au sein de ce « système de systèmes ».

« On peut se dire que les Allemands pourraient avoir un char lourd différent du char lourd français au sein du même projet. Ça ne me choquerait pas. Ça serait financé sur fonds propres », a en effet affirmé M. Chiva, laissant ainsi entendre que l’initiative reviendrait à KNDS France, qui fait justement la promotion du Leclerc Evolution, doté du système ASCALON.

« Dans le cadre du projet [MGCS], ce que l’on essaie d’avoir, c’est cette architecture de système qui nous permet[tra] de préparer le système de combat futur », a enchaîné le DGA, qui a ensuite évoqué un « plan B », sans plus de précision.

« On soutient nos champions français, qui innovent sans arrêt. Je pense notamment au canon ASCALON, qui est une innovation majeure. […] On a un nombre de possibilités aujourd’hui qui nous permettent de palier le fait que l’on a arrêté des chaînes de production. […] Ce n’est pas en deux ans qu’on résout tous les problèmes mais la Loi de programmation militaire, dans sa déclinaison du combat blindé, est faite justement pour nous éviter toute rupture capacitaire », a conclu M. Chiva.

Quelques chiffres intéressants

Quelques chiffres intéressants

 

par Blablachars – publié le 28 novembre 2024

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La Direction technologique et logistique de l’armée israélienne a publié ces derniers jours de nouvelles données relatives aux opérations menées par Tsahal dans la bande de Gaza et au Sud-Liban. Parmi les nombreux éléments communiqués, Blablachars s’est intéressé aux chiffres concernant les véhicules blindés et les chars. On apprend que 90% des engins atteints par des projectiles antichars ou des Engins Explosifs Improvisés (EEI) de forte puissance ont été réparés et remis en service. Le délai moyen pour la réparation des engins est de 20 jours selon les services de maintenance de l’armée israélienne, même si les plus endommagés ont nécessité des durées d’immobilisation supérieures aux 2 jours mentionnés. 90% des problèmes 90% des problèmes mineurs ayant affecté les engins blindés de Tsahal ont tous été réglés sur la zone des opérations dans des bases d’opérations avancées ou dans des centres logistiques dédiés situés à proximité de le zone des combats, sans qu’il soit nécessaire de procéder à leur évacuation. Enfin on apprend que la capacité opérationnelle  est de 88% pour les engins blindés engagés à Gaza et au Sud-Liban et pour certains depuis quatorze mois.

Sur le plan humain, Tsahal indique que 5300 soldats ont été blessés et soignés durant l’offensive terrestre dans la Bande de Gaza, alors que 709 soldats avaient été traités en 2014 lors des opérations dans cette zone. Concernant le Sud-Liban, 700 soldats ont été blessés et soignés alors qu’en 2006 ce chiffre était de 833. Le taux de létalité s’établit à 6.9% des blessés traités à Gaza et à 7.1% au Liban, ce taux était de 9.2% à Gaza en 2014 et de 14.8% au Liban en 2006. Le Corps médical de Tsahal indique que cette baisse du taux de létalité est liée à l’amélioration de la prise en charge et du traitement des soldats blessés sur le champ de bataille, avec pour la première fois la réalisation de transfusions de sang total sur la zone, dont 300 soldats auraient bénéficié. La présence d’officiers médicaux supérieurs au sein de chaque unité élémentaire a également contribué à améliorer la prise en charge des soldats blessés, avec un temps moyen inférieur à 4 minutes entre la blessure et l’arrivée du médecin, ce délai est de 10 à 25 minutes au Liban en 2006. 

Enfin en termes de transport, il faut en moyenne 66 minutes à un blessé évacué par hélicoptère depuis Gaza pour rejoindre un hôpital et 84 minutes depuis le Liban. Par voie terrestre ces durées sont respectivement de 91 et 111 minutes. Ces chiffres indiquent que les opérations de Tsahal à Gaza et au Sud-Liban sont bien des opérations de haute intensité conduites face à des adversaires déterminés et bien équipés.Selon les autorités israéliennes 12000 soldats blessés ont suivi des programmes de réhabilitation physique depuis le début des opérations de Tsahal dans la bande de Gaza soit un peu moins de 1000 par mois. Sur ces 12000 soldats 66% sont des réservistes, 93% sont des hommes et 51% ont entre 18 et 30 ans. Le nombre de blessés a augmenté dans la zone Nord de 150% entre septembre et octobre dernier en raison de l’engagement de Tsahal au Sud-Liban avec plus de 900 blessés évacués vers les hôpitaux de la région en un mois. Enfin on apprend qu’au moins 1500 soldats ont été blessés au moins deux fois depuis le début des opérations. Même si les élongations logistiques restent relativement réduites, les chiffres communiqués montrent une véritable progression depuis les derniers engagements majeurs de Tsahal, tant dans le domaine de la maintenance que dans celui du traitement des blessés, permettant à l’armée israélienne de mener ses opérations dans de meilleures conditions. 

Ci-dessous les clichés du premier Merkava IV Barak détruit par un Engin Explosif Improvisé de forte puissance.

L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ?

L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ?

Dans le monde des blindés lourds, deux titans s’affrontent : le char américain M1 Abrams et l’israélien Merkava IV. Ces mastodontes d’acier, conçus pour dominer le champ de bataille moderne, présentent chacun des caractéristiques uniques. Plongeons dans une analyse comparative de ces deux géants pour déterminer lequel pourrait l’emporter dans un hypothétique duel.

Par Laurène Meghe – armees.com –  Publié le 16 novembre 2024

Abrams Merkava Quel Char Triompherait Affrontement
L’Abrams contre le Merkava d’Israël : quel char gagnerait un combat ? – © Armees.com

L’Abrams et le Merkava IV sont tous deux équipés de canons de 120 mm capables de détruire la plupart des chars soviétiques à longue distance. Mais, leurs approches diffèrent sur certains points :

  • Le Merkava peut tirer des missiles antichars depuis son canon principal
  • L’Abrams dispose de munitions à l’uranium appauvri, plus performantes contre les blindages réactifs modernes
  • Le char israélien est doté d’un mortier léger de 60 mm, utile en combat urbain

Ces différences reflètent les priorités stratégiques de chaque nation. Israël se concentre sur la polyvalence en milieu urbain, tandis que les États-Unis privilégient la supériorité face aux blindés adverses.

Mobilité et protection : des philosophies distinctes

En termes de mobilité, l’Abrams a longtemps eu l’avantage avec une vitesse de pointe supérieure à 65 km/h. Le Merkava IV a en revanche rattrapé son retard grâce à un nouveau moteur de 1500 chevaux, atteignant désormais les 64 km/h. L’autonomie du char israélien reste supérieure, avec 500 km contre 425 pour son homologue américain.

Côté protection, le Merkava IV se distingue par son système de protection active Trophy. Ce dispositif révolutionnaire, capable d’intercepter les missiles antichars, a prouvé son efficacité au combat. L’Abrams, bien que doté d’un blindage composite extrêmement résistant, ne dispose pas encore d’un tel système, le rendant plus vulnérable face aux menaces modernes.

Le char israélien intègre également des innovations uniques pour la survie de l’équipage :

  • Moteur placé à l’avant, servant de bouclier supplémentaire
  • Trappe d’évacuation à l’arrière
  • Chaînes à boules pour dévier les roquettes

Ces caractéristiques illustrent l’importance accordée par Israël à la protection de ses soldats, une priorité née des expériences de combat intensif dans des environnements hostiles.

Adaptation aux théâtres d’opérations : polyvalence contre spécialisation

Le Merkava IV excelle dans la défense et le combat urbain, répondant aux besoins spécifiques d’Israël. Sa capacité à transporter des fantassins (jusqu’à 4 soldats) en fait un outil polyvalent sur le champ de bataille. L’Abrams, quant à lui, est conçu pour des opérations offensives rapides sur de longues distances, reflétant la doctrine militaire américaine.

Voici un tableau comparatif résumant les forces de chaque char :

En définitive, déterminer lequel de ces deux titans l’emporterait dans un affrontement direct relève de la spéculation. Chacun excelle dans son domaine et répond aux besoins spécifiques de son armée. Le Merkava IV se distingue par sa survivabilité exceptionnelle et sa polyvalence, tandis que l’Abrams reste une référence en matière de puissance de feu et de mobilité offensive.

L’évolution constante des technologies de blindage et de protection active, comme celle développée par Israël, pourrait bien redéfinir les standards des chars de combat du futur. Les armées du monde entier observent attentivement ces innovations, cherchant à adapter leurs propres véhicules aux défis des conflits modernes.

L’avenir du char français reste dans le collimateur des parlementaires

L’avenir du char français reste dans le collimateur des parlementaires


L’exercice est devenu récurrent. Chaque discussion budgétaire est propice à la remise en cause du projet franco-allemand de système de combat terrestre principal (MGCS) et aux interrogations quant à la pérennité du char Leclerc. L’examen du budget 2025 par la commission défense de l’Assemblée nationale n’y fait pas exception, nouvelle salve d’amendements infructueux à la clef. 

Caramba, encore raté. Une poignée d’amendements portant sur l’avenir de la fonction char ont été déposés par des groupes parlementaires n’ayant jamais fait mystère de leur opposition vis-à-vis des projets capacitaires franco-allemands. Si tous ont été rejetés, certains avaient au moins le mérite de dépasser l’habituel abandon du MGCS ou l’adoption de l’EMBT – un objet… franco-allemand – pour miser davantage sur l’évolution du char Leclerc. 

Entre autres tentatives, celle proposée par le Rassemblement national pour une solution de transition basée sur le Leclerc Evolution, une variante embarquant un canon ASCALON de 120 mm et plusieurs nouvelles briques de protection. L’acquisition en 2025 de six exemplaires, au coût unitaire estimé à 8 M€, aurait permis selon le RN « de consacrer l’évolution du Leclerc et son exportation, au même titre que l’évolution du char allemand Leopard, dont les nouveaux modèles sont déjà exportés en Europe, en attendant que le MGCS ne les remplace tous les deux ». 

L’ambition était moindre dans des socialistes focalisés sur la survivabilité du Leclerc rénové face aux armements antichars, à commencer par les munitions téléopérées. « La vulnérabilité liée à l’absence de dispositifs tactiques de protection contre ces attaques est plus que significative et pourrait entrainer, sans une réponse matérielle adaptée, une incapacité opérationnelle de nos unités blindées », ont observé les députés LFI-NFP. Essentiellement symbolique, la proposition trouve en réalité un écho dans une double démarche conduite de longue date par la Direction générale de l’armement. Ce sont les programmes d’auto-protection soft-kill et hard-kill PRONOÏA et PROMETEUS portés par Lacroix Defense d’un côté et par Thales et KNDS France de l’autre. 

« Les besoins militaires de l’armée de Terre nous ont bien indiqué lors des auditions que les forces terrestres ne souhaitent pas d’un char Leclerc amélioré », rappelait Isabelle Santiago, rapporteur pour avis sur la préparation et l’emploi des forces terrestres. Si « il faut redonner les moyens de pérenniser, de moderniser le char Leclerc pour le faire durer jusqu’en 2040-2045 », la députée socialiste rappelle que « l’enjeu consiste à ne pas rater la marche du changement de génération en consacrant des ressources à un modèle intermédiaire ». 

« Nous sommes un certain nombre à partager un intérêt pour soutenir les évolutions du char Leclerc, notamment pour que nos industriels soient en capacité de proposer des solutions innovantes mais plutôt en vue du char MGCS », relativisait pour sa part le rapporteur pour avis du programme 146, François Cormier-Bouligeon. « Ce qui compte, c’est d’investir dans les briques », des briques aujourd’hui conjointes mais qui pourront aussi venir alimenter un éventuel programme alternatif, notait-il.

Surtout, certaines idées se heurtent désormais au mur de l’austérité budgétaire. « Je ne suis pas certain que nous soyons en capacité les uns et les autres, mais à commencer par nous, de développer des solutions souveraines », admettait le député Renaissance. Les crédits prévus en loi de programmation militaires se concentrent, du moins en surface, sur les études relatives au MGCS et sur les efforts de rénovation et de pérennisation du Leclerc, tous deux lancés en amont. Et si le ministère des Armées envisageait sa trajectoire budgétaire comme un socle éventuellement renforcé par des crédits nouveaux, ce scénario paraît maintenant bien moins probable au vu de l’état de santé des finances publiques et des restrictions imposées à d’autres. À enveloppe fermée, tout changement de direction risquera de peser sur d’autres lignes tout autant urgentes. La coopération européenne reste donc le seul horizon, en attendant le point d’étape sur le projet franco-allemand promis par le ministre des Armées pour l’an prochain.

Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale

Guerre en Ukraine : la Russie déploie des chars « vintage » de la Seconde Guerre mondiale

Par Paolo Garoscio – armees.com – Publié le 29 octobre 2024

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guerre-ukraine-russie-chars-vintage-WWII-strategie – © Armees.com

 

Depuis le 28 octobre 2024, des rapports indiquent que la Russie utilise des chars anciens de la Seconde Guerre mondiale sur le front en Ukraine. Face à des difficultés matérielles et logistiques, Moscou a décidé de recourir à des équipements militaires « vintage » pour combler les lacunes de son arsenal moderne. Des modèles emblématiques comme le T-34, le IS-3, et le canon automoteur ISU-152 ont été repérés, marquant un tournant stratégique surprenant.

Les modèles de chars de la Seconde Guerre mondiale repérés en Ukraine

Ces véhicules représentent des reliques militaires, autrefois au cœur des batailles de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, leur technologie et leurs capacités sont dépassées par les standards modernes, mais ils possèdent encore certains atouts dans des situations spécifiques.

Le T-34 : le char de légende

  • Production : 1939 – 1958, principalement en URSS.
  • Armement : Initialement équipé d’un canon de 76,2 mm, puis amélioré avec un canon de 85 mm pour contrer les blindés allemands.
  • Blindage et mobilité : Grâce à une inclinaison intelligente de son blindage, le T-34 offrait une protection renforcée contre les tirs directs. Sa capacité à évoluer sur différents terrains et sa relative vitesse en faisaient un char redoutable pour l’époque.

Les experts estiment qu’environ 80 000 unités de T-34 ont été produites, et plusieurs pays en possèdent encore. En raison de sa facilité d’entretien et de sa conception robuste, ce char reste fonctionnel, mais face aux armes antichars modernes, sa survie serait limitée.

L’IS-3 : la réponse soviétique aux chars lourds

  • Conception : Mis en service en 1945, le char IS-3 (Iosif Stalin) visait à surpasser les chars lourds allemands tels que le Tiger II.
  • Blindage : Sa particularité réside dans son blindage avant, formé en pointe de flèche, un choix technique qui améliore sa résistance aux projectiles. Sa conception était en avance sur son temps et a influencé la conception de chars modernes.
  • Armement : Équipé d’un canon de 122 mm, l’IS-3 pouvait engager des cibles lourdes à des distances modérées.

L’IS-3, bien qu’impressionnant, souffre d’une vitesse de déplacement lente, de difficultés de manœuvre, et d’un habitacle étroit, rendant son équipage vulnérable dans les combats modernes. Peu adapté aux besoins de mobilité des guerres contemporaines, ce modèle reste néanmoins intimidant en parade militaire.

L’ISU-152 : le « Briseur de fortifications »

  • Rôle stratégique : Le canon automoteur ISU-152 a été conçu pour des opérations de destruction massive contre des structures défensives et des positions fortifiées.
  • Armement : Son obusier de 152 mm est capable de tirer des projectiles explosifs puissants, idéaux pour neutraliser des bunkers et des formations de blindés.
  • Limites : Ce modèle est lourd et son armement principal, bien que destructeur, manque de précision à longue distance, ce qui limite son efficacité dans les environnements de combat modernes.

L’ISU-152, surnommé le « Zveroboy » (tueur de bêtes), a été produit à environ 4 600 exemplaires. Toutefois, son impact reste limité en raison de la lenteur de son canon à se repositionner et de sa faible cadence de tir.

Contexte stratégique : pourquoi la Russie déploie ces vieux chars en Ukraine ?

L’apparition de ces chars relève d’une stratégie de dernier recours. Plusieurs facteurs contribuent à cet usage :

  1. Pénurie de matériel moderne : Les rapports indiquent que la Russie fait face à un épuisement de son équipement militaire moderne, dû à une consommation excessive en raison de la durée du conflit.
  2. Mobilisation des ressources de réserve : Face à une pression logistique croissante, le Kremlin se tourne vers des équipements des entrepôts. L’objectif serait de compenser les pertes matérielles tout en conservant les ressources modernes pour des opérations plus stratégiques.
  3. Usage dans des scénarios d’entraînement ou pour des campagnes de propagande : La réintroduction de ces véhicules sur le terrain pourrait aussi être un message adressé à la population russe et aux observateurs étrangers, symbolisant une résilience historique.

Selon Anton Gerashchenko, ex-ministre ukrainien de l’Intérieur, « des vidéos montrent un T-34, un IS-3 et un ISU-152, tous issus de la Seconde Guerre mondiale ». Son analyse laisse entendre que la Russie pourrait utiliser ces chars pour former les recrues ou même préparer des parades symboliques.

NOELREPORTS, une source d’information sur Twitter, confirme également la présence de ces équipements en précisant qu’ils « ont été sortis de l’entrepôt ». De nombreux analystes estiment qu’ils pourraient être utilisés pour des démonstrations de force ou des manœuvres dans des zones sécurisées loin des lignes de front actives.

Vieux chars russes : Une stratégie de la dernière chance… mais pas que

Avantages potentiels

  • Utilisation dans des zones rurales ou en soutien logistique : Ces chars pourraient être efficaces dans des contextes limités, où l’ennemi dispose de peu d’armes antichars modernes.
  • Effet dissuasif psychologique : Bien que datés, ces modèles de chars peuvent créer une forte impression, rappelant aux observateurs les sacrifices et la persévérance de la Russie durant la Seconde Guerre mondiale.

Limites et vulnérabilités

  • Vulnérabilité aux armes modernes : Ces chars seraient facilement neutralisés par des missiles antichars modernes tels que le Javelin ou le NLAW.
  • Obsolescence technique : Comparativement aux chars contemporains, leur blindage, leur puissance de tir et leur maniabilité sont inférieurs, réduisant leur impact sur le champ de bataille moderne.

Le retour de ces véhicules anciens reflète une situation difficile pour l’armée russe. Elle semble être poussée à trouver des solutions alternatives face aux pertes cumulées et aux sanctions internationales qui entravent la production de matériel moderne. Cette stratégie de « recyclage » pourrait avoir des impacts à court terme, mais demeure une solution temporaire qui révèle la complexité croissante de maintenir un front actif en Ukraine.

Ces chars, bien qu’emblématiques, risquent de devenir des cibles faciles pour les forces ukrainiennes mieux équipées. En somme, ce déploiement symbolise davantage une tentative de pallier une pénurie plutôt qu’une réelle avancée stratégique.

Des Leclerc XLR livrés à Olivet et à Canjuers

Des Leclerc XLR livrés à Olivet et à Canjuers

par – Forces opérations Blog – publié le

Des chars Leclerc rénovés sont arrivés au 12e régiment de cuirassiers d’Olivet (Loiret) et au 1er régiment de chasseurs d’Afrique de Canjuers (Var), annonçait ce matin le ministère des Armées. 

« La semaine dernière, le centre d’entraînement Provence [géré par le 1er RCA] et le 12e régiment de cuirassiers ont réceptionné deux chars Leclerc », a indiqué le ministère des Armées lors de son point presse hebdomadaire. Cette perception permettra au 1er RCA d’entamer un nouveau chapitre dans sa mission de formation des pilotes et tireurs des régiments de cavalerie. 

L’ampleur de cette rénovation à mi-vie est connue de longue date : protection renforcée contre les engins explosifs improvisés, mines et roquettes ; refonte de la conduite de tir ; intégration dans la bulle SCORPION par l’installation de la radio CONTACT et du système d’information du combat SCORPION ; traitement des obsolescences lourdes. 

Certains kits arriveront plus tard, à l’instar d’un tourelleau téléopéré T2B conçu par l’armurier belge FN Herstal et intégré à compter de fin 2025. D’autres efforts relatifs à la fonction agression devraient se concrétiser l’an prochain. De nouveaux viseurs pour le chef de char et le tireur seront par ailleurs installés à partir de 2028 via un autre marché, rappelait le ministère.

« La rénovation du char Leclerc lui permettra de rester en service jusqu’à l’arrivée dans les forces du futur système [principal] de combat terrestre, le MGCS », a complété le ministère des Armées. 

La loi de programmation militaire prévoit la rénovation de 160 chars Leclerc d’ici fin 2030, un étalement qui conduira à atteindre la cible initiale des 200 exemplaires rénovés en 2035. Selon le ministère des Armées, 15 des 21 chars attendus en 2024 ont été livrés aux régiments et formations concernés à ce jour. Ils s’ajoutent aux 13 chars perçus en 2022 et 2023.

Deux tranches de 50 chars rénovés ont jusqu’à présent été actées auprès de l’industriel en charge, KNDS France. Un troisième lot englobant les 100 derniers exemplaires devrait en théorie être notifié cette année. 

Crédits image : 12e RC

Avec ses AMX-10RC, le 4e Régiment de Chasseurs va s’entraîner au combat blindé de haute intensité en montagne

Avec ses AMX-10RC, le 4e Régiment de Chasseurs va s’entraîner au combat blindé de haute intensité en montagne

https://www.opex360.com/2024/10/05/avec-ses-amx-10rc-le-4e-regiment-de-chasseurs-va-sentrainer-au-combat-blinde-de-haute-intensite-en-montagne/


Depuis 2022, au titre de la mission Aigle, la France est la nation-cadre d’un groupement tactique multinational déployé en Roumanie dans le cadre du renforcement de la posture défensive et dissuasive de l’Otan en Europe de l’Est. Or, ce pays est traversé par le massif des Carpates, lequel compte plusieurs sommets culminant à plus de 2500 mètres d’altitude.

Aussi, les forces françaises participent régulièrement à des exercices de combat en montagne avec leurs homologues roumaines, l’objectif étant d’améliorer leur interopérabilité et de partager leurs savoir-faire respectifs.

Cela étant, le combat en montagne n’est pas la seule affaire des fantassins. En effet, parmi ses unités, la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne [BIM] compte le 4e Régiment de Chasseurs, dont la spécialité est le combat blindé en milieu montagneux. Et celui-ci s’apprête à mener un exercice « grandeur nature », appelé « Edelweiss 24 ».

Devant se dérouler en terrain libre, plus précisément sur les cols de la Bonette, de la Cayolle et d’Allos ainsi que dans les vallées de l’Ubaye et du Drac, entre les 13 et 18 octobre, cet exercice « inédit » de « combat blindé en montagne » sera l’occasion pour le 4e Chasseurs de « déployer l’ensemble de ses unités au profit d’un entraînement interarmes, interarmées et interalliés », explique l’armée de Terre.

Outre les « cavaliers des cimes », ces manœuvres mobiliseront d’autres unités de la 27e BIM ainsi qu’un détachement du Light Dragoons de la British Army.

Au total, 450 soldats y prendront part, avec plus d’une centaine de véhicules, dont des quads Polaris MV850 [le 4e Chasseurs en compte huit], des motos, des Véhicules blindés légers [VBL] et, évidemment, des AMX-10RC. Des drones seront aussi de la partie, l’un des objectifs étant de préparer le régiment aux « évolutions technologiques et tactiques », comme celles constatées en Ukraine.

« Cette manœuvre en terrain libre de cinq jours aura pour objectif d’entraîner le 4e Régiment de Chasseurs dans son milieu de prédilection à l’heure où les conflits en zones montagneuses se multiplient [Caucase, Liban, etc.] », résume l’armée de Terre.

À noter que la communauté de communes de Vallée de l’Ubaye Serre-Ponçon se félicite de la tenue de cet exercice sur son territoire, ce qui mérite d’être souligné. « Du 13 au 18 octobre , les forces militaires seront présentes dans le col de Restefond dans le cadre de l’exercice Edelweiss 24. […] Ce site, marqué par son histoire militaire, retrouve son rôle stratégique pour un entraînement de grande ampleur. […] Cette manœuvre rappelle le lien fort qui unit notre vallée à ses racines militaires et l’importance de l’entrainement des forces armées », rappelle-t-elle.

Photo : armée de Terre / sengager.fr

Leclerc Évolution : La France a 8936+1 bonnes raisons d’acquérir le nouveau char de KNDS

Leclerc Évolution : La France a 8936+1 bonnes raisons d’acquérir le nouveau char de KNDS

À l’occasion du dernier salon Eurosatory, deux équipements français ont suscité une attention toute particulière : le Caesar MkII et le Leclerc Évolution, tous deux présentés par KNDS France, anciennement Nexter.

En effet, ces deux systèmes de combat terrestres synthétisent, en quelque sorte, tout le potentiel que l’ingénierie française peut apporter en matière de combat terrestre, en étant à la fois mobiles, performants et innovants, tout en ne cédant pas à l’hypertechnologisme qui touche parfois ce secteur, et ainsi proposer des prix très attractifs, en tout cas pour le Caesar MkII, puisque le prix du Leclerc Évolution n’a pas été évoqué.

Pourtant, le destin de ces deux équipements, pourrait être très différent. En effet, là où l’Armée de terre a d’ores-et-déjà commandé 109 Caesar MK2 pour former l’ossature de son artillerie mobile dans les années à venir, le Leclerc Évolution, lui, n’a pas semblé susciter l’intérêt de l’état-major, pas davantage de la DGA et du ministère des Armées, liés par des contraintes budgétaires et des programmes à mener à leur terme.

Dès lors, si le Caesar MkII a déjà entamé sa carrière internationale, en Belgique et en Lituanie, le nouveau char de KNDS France, semble, aujourd’hui, destiné à venir enrichir les longues listes des équipements de grandes valeurs, promis à une carrière internationale exceptionnelle, mais fauchés avant même d’avoir commencé dans leur élan, par des considérations contestables.

En effet, comme nous le verrons, Le Leclerc Évolution n’a pas seulement le potentiel de redonner à l’Armée de terre la puissance de feu et de manœuvre lors d’engagements symétriques féroces, ainsi que la masse lui permettant de soutenir dans la durée un tel engagement.

Il a également, face à lui, un marché international, adressable par la France, plus que considérable avec 8936 chars à remplacer dans le monde, qui n’attend qu’un coup de pouce, disons plutôt de l’avant-bras, du ministère des Armées, pour être efficacement démarché.

Sommaire

Avec 200 Leclerc modernisés, l’Armée de terre ne peut que partiellement remplir ses engagements vis-à-vis de l’OTAN

Dans un précédent article, nous avons montré que le format de la chasse française, visant à doter l’Armée de l’Air de 185 avions de combat, et l’Aéronaval de 40 appareils, était très en deçà des besoins, en particulier pour ce qui concerne les engagements pris par la France vis-à-vis de l’OTAN.

char leclerc Armée de terre
L’Armée de terre ne disposera plus que de 200 Leclrec, dont 160 modernisés, à l’issue de la LPm 2024-2030.

Le même Livre Blanc de 2013, à l’origine du format de l’aviation combat, avait également décidé de ramener le parc de chars de combat de l’Armée de terre à 200 exemplaires, entre autres choses. Or, ce format suffit à peine à armer efficacement deux brigades « lourdes », celles-là mêmes qui sont au cœur d’un engagement potentiel en Europe centrale.

Le fait est, Paris s’est également engagé, vis-à-vis de l’OTAN, à déployer à la demande de l’Alliance, une division forte de deux brigades et 12 à 15 000 hommes, formant une division, et les capacités de commandement pour diriger le corps d’armées du théâtre sud-European, autour de la Roumanie et de la Bulgarie.

Avec six brigades organiques, moyennant quelques délais, cet objectif semblait alors réaliste aux planificateurs français. Toutefois, dans cet organigramme, seules deux brigades étaient qualifiées de lourdes, alors que deux brigades, dites moyennes, s’apparentaient à des Brigades d’infanterie motorisée. Les deux dernières, dites légères, étaient composées d’unités d’infanterie de Marine, de la Légion, des troupes aéroportées et de montagne.

Depuis, la guerre en Ukraine a montré qu’il était très hasardeux, pour ne pas dire suicidaire, d’engager des troupes d’infanterie motorisée, voire des troupes légères, sans disposer de l’appui de blindés lourds et de l’artillerie, et donc de chars de combat. En outre, l’attrition constatée est telle, que l’absence de réserves, y compris à l’échelon divisionnaire, peut s’avérer rapidement catastrophique.

T90M en Ukraine
Un T90M russe en Ukraine. En dépit de pertes importantes, les chars ont montré qu’ils étaient toujours indispensables aux manoeuvres offensives et défensives modernes.

Or, avec seulement 200 chars Leclerc, même modernisés, l’Armée de terre ne dispose ni de cette capacité à déployer en permanence les deux régiments de chars nécessaires pour appuyer et accompagner les forces d’infanterie de ses deux brigades, ni des réserves indispensables pour absorber l’attrition et l’usure rapide des matériels.

Pour répondre à ce besoin, la création d’au moins deux régiments de chars supplémentaires, un par brigade moyenne, s’avèrerait nécessaire, ainsi que la création d’un tampon opérationnel équivalent à un régiment, soit un total de 160 à 190 chars supplémentaires, mais aussi 2500 à 3000 hommes supplémentaires à recruter au sein de la Force Opérationnelle Terrestres.

Dans un tel modèle, il est aisément envisageable de transférer les nouveaux chars aux régiments cuirassiers actuels, et de doter les deux régiments formés de gardes nationaux, et encadrés par des militaires d’active, ainsi que le régiment de réserve, des Leclerc MLU, pour assurer la rotation des moyens déployés, et une résilience au contact minimale.

Cependant, l’investissement nécessaire à une telle transformation, mobiliserait autour de 4 Md€ d’équipements et infrastructures, et 200 m€ supplémentaires par an, soit plus de la moitié des crédits accordés par la LPM 2024-2030 au programme SCORPION. On comprend, dès lors, les réticences de l’Armée de Terre à ce sujet, sachant qu’elle ne dispose d’aucune marge budgétaire, et pas davantage de marges de manœuvre programmatique, tant l’ensemble de son parc est aujourd’hui sous tension.

Le Leclerc Évolution, la solution inespérée de KNDS pour compléter l’inventaire lourd de l’Armée de terre

Reste que le besoin de chars lourds supplémentaires pour l’Armée de terre est là, et bien là, et que l’adversaire potentiel n’aura que faire des explications budgétaires françaises, le cas échéant. C’est dans ce contexte qu’est apparu, à l’occasion du salon Eurosatory 2024, le Leclerc Évolution.

Leopard 2A-RC 3.0 par KNDS Deutschland
Le Leopard 2A-RC 3.0 représente la composante allemande de l’offre de chars de génération intermédiaire de KNDS. Contrairement au Leclerc Évolution, ce char sera très certainement commandé par la Bundeswehr, lançant ainsi sa carrière internationale.

Présenté par KNDS France, aux côtés du Leopard 2A-RC3.0 de KNDS Deutschland, le Leclerc Évolution a été une véritable surprise, pour l’immense majorité des spécialistes de ce domaine. Non pas dans sa configuration, puisqu’il reprend, dans ses grandes lignes, celle du démonstrateur EMBT présentés quelques mois auparavant en Égypte, mais dans son positionnement commercial.

En effet, pour KNDS, le Leclerc Évolution, est un char de génération intermédiaire, comme le Leopard 2A-RC3.0, le KF51 de Rheinmetall, ou le futur M1E3 américain, destiné à assurer l’intérim entre les Leopard 2A6/7/8 et Leclerc MLU actuels, et le futur, et hypothétique, programme MGCS franco-allemand, prévu pour 2040, voire 2045.

À l’instar du char allemand, le nouveau Leclerc fait la synthèse entre tout ce qui fonctionne bien et même très bien sur le Leclerc MLU, comme son train roulant, sa propulsion, son système de chargement automatique, et sa visée dynamique, améliore ce qui doit l’être, comme sa vetronique, son système de combat et de communication, et son armement, et ajoute des capacités supplémentaires faisant la plus-value du modèle, comme un système APS hard kill, un tourelleau automatique à fort débattement, et un quatrième membre d’équipage, en charge des systèmes comme les drones, les missiles et le système de défense.

Par ailleurs, le char présenté à Eurosatory par KNDS, ne doit pas être considéré comme un modèle de pré-série, ni même un prototype, puisqu’il peut intégrer de nombreuses évolutions, avant d’arriver à ce stade, selon les besoins des éventuels clients.

Leclerc Evolved
Leclerc Evolved au salon Eurosatory 2024 – Remarquez la filiation avec la tourelle EMBT de 2022. (Photo F. Dosreis)

De fait, le Leclerc Évolution a été salué, apprécié, et parfois encensé, par l’ensemble des spécialistes, tous se heurtant toutefois à la frustration, déjà sensible, du refus de l’Armée de terre de s’en équiper. Or, sans commande française, la carrière internationale du Leclerc Évolution sera immanquablement compromise, comme ce fut le cas précédemment avec le Super Mirage 4000 de Dassault, ou avec le Krab d’Arquus, tous deux pourtant promis à un brillant avenir.

Un risque budgétaire très limité, avec un marché international potentiellement accessible de 8936 chars de combat à remplacer

En effet, le Leclerc Évolution pourrait arriver, s’il est lancé rapidement, et donc commandé par la France, sur un marché international qui n’aura jamais été tant en demande de ce type de modèle, depuis les années 70 et 80.

Et pour cause, un grand nombre d’armées, sur tous les continents, mettent encore en œuvre de vastes flottes de chars datant de cette période, comme les T-72 soviétiques, les Leopard 1 allemands, ou encore les M60 et M48 américains.

Si ces blindés pouvaient encore s’avérer efficaces, en constituant de la masse, jusqu’il y a peu, leur vulnérabilité aux systèmes antichars modernes et aux drones, ainsi que l’écart de performances avec les nouveaux chars qui arrivent à présent, va obliger un grand nombre d’armées à les remplacer.

De ce marché, la France et le Leclerc Évolution ne pourront évidemment en adresser qu’une partie. D’abord, pour optimiser, au sein du groupe KNDS, les chances de succès, alors que le Leopard 2A8/X semble s’imposer comme le choix de prédilection d’une grande partie des armées en Europe.

Leopard 2A8
En commandant 18 exemplaires peu après son annonce, la Bundeswehr a lancé la carrière internationale du leopard 2A8, alors que le KF51 de Rhienmetall, qui n’avait pas eu cette chance, a du patienter 3 ans, et un concours de circonstance en Italie, pour pouvoir trouver un premier débouché.

Ensuite, pour des questions de sphère d’influence. Inutile, pour Paris et KNDS, de tenter de s’imposer au Vietnam, proche de Moscou, ou en Algérie, à mi-chemin entre la Russie et la Chine, ou en Malaisie, qui se rapproche, chaque jour davantage, de la Turquie.

Enfin, pour des questions de cohérences. Pas question, pour la France, de vendre des équipements militaires à la Turquie, tout en ayant signé un accord de défense avec la Grèce. Elle laisse cela aux États-Unis, et aux Britanniques, pour qui le sujet ne semble pas poser de problème. De même, il serait hors de question de vendre des équipements au Pakistan, face à l’Inde.

Pour autant, sur le marché restant, le nombre de chars de seconde génération et troisième génération, devant être prochainement remplacés, atteint le chiffre astronomique de 8936 blindés.

Grèce, Croatie, Belgique : un marché européen potentiel de 1147 chars non fléché vers le Leopard 2

Si l’Europe est la chasse gardée de KNDS Deutschland, et de la famille Leopard 2, la France, et le Leclerc Evo, auraient pourtant trois cartes à jouer, vis-à-vis de pays particulièrement proches, aux besoins spécifiques.

M84A croatie
L’Armée Croate aligne 75 M84 modernisés datant de l’époque yougoslave.

Ainsi, la Croatie a montré, ces dernières années, une appétence toute particulière pour les équipements militaires français, en se portant acquéreuse de 12 Rafale d’occasion, de missiles Mistral 3, et plus récemment, du canon Caesar. Or, le pays aligne encore aujourd’hui, 75 chars lourds M84 yougoslaves modernisés, dérivé du T-72, qu’il sera nécessaire de remplacer dans les années à venir.

La Composante terrestre belge, elle, n’a plus de chars de combat depuis 2014, date du retrait du dernier Leopard 1 des forces armées du pays. Rien n’indique, à ce jour, que Bruxelles envisagerait de faire marche arrière dans ce domaine. Toutefois, au travers du programme CaMo, les autorités belges ont montré leur détermination à accroitre l’interopérabilité avec l’Armée de terre française.

De fait, si celle-ci venait à acquérir trois régiments de Leclerc Évolution, comme évoqué plus haut, il y a fort à parier que Bruxelles embarquerait également dans ce programme, pour une soixantaine de blindés, soit un régiment, respectant ainsi le ratio actuel de format entre la Composante terrestre, et la Force Opérationnelle Terrestre française. Le pays devant sensiblement accroitre ses crédits de défense dans les années à venir, pour atteindre les 2% PIB réclamés par l’OTAN, le budget nécessaire ne serait certainement pas un obstacle.

Le plus grand potentiel, pour le Leclerc Evo, en Europe, serait, cependant, la Grèce. D’une part, Athènes et Paris ont considérablement accru leur coopération défense ces dernières années, avec l’achat de 24 avions Rafale et de 3 frégates FDI, ainsi que des négociations ouvertes autour du VBCI et des corvettes Gowind 2500. En outre, les deux pays ont signé un accord de défense avec clause d’assistance mutuelle en 2021.

Leopard 1A5 Grece
la Grèce aligne encore 520 Leopard 1, principalement des A5, pour former ses blindées devant contenir une éventuelle poussée mécanisée turque en Thrace orientale.

D’autre part, Athènes va devoir remplacer pas moins de 520 Leopard 1 et 492 M60 et M48, pour continuer à tenir en respect la Turquie, en particulier en Thrace orientale et à Chypre. Le terrain sur ces théâtres, est bien plus adapté pour un char de combat plus léger, comme le Leclerc Évolution, face au Leopard 2 ou à l’Abrams Américain.

En Afrique, l’Égypte et le Maroc devront remplacer 2510 chars de combat dans les années à venir

Chose rare, ce n’est pas le Moyen-Orient qui représente l’un des deux marchés les plus prometteurs pour le nouveau char français, mais l’Afrique. En effet, deux pays africains, l’Égypte et le Maroc, disposent aujourd’hui d’une très vaste flotte de chars de seconde génération, qu’il faudra remplacer prochainement.

L’Égypte est, comme la Grèce, l’Inde ou les Émirats Arabes Unis, un partenaire de longues dates de l’industrie de défense française. Ce fut notamment le Caire qui, le premier, commanda des Mirage 2000 sur la scène internationale, et le premier à commander des Rafale en 2015, ouvrant la voie aux fructueuses carrières internationales de ces deux avions de combat, exportés tous deux, aujourd’hui, à près de 300 exemplaires.

En matière de chars, cependant, l’Égypte s’était massivement tournée vers des modèles américains, M48, M60 puis M1, après les accords de camps David, et la rupture avec l’Union soviétique. Ces dernières années, Le Caire semblait à nouveau se rapprocher de Moscou, avec la commande de Su-35s et de T-90S. Toutefois, l’une et l’autre de ces commandes ont tourné court, probablement en lien avec l’intervention des États-Unis et de la législation CAATSA.

M60 Egypte
Les armées égyptiennes alignent encore plus d’un milleir de chars M60 et M48, alors que le potentiel opérationnel de ces blindés, dans un contexte moderne, est désormais très limité.

Aujourd’hui, le Caire se trouve donc en situation difficile, ne pouvant se tourner vers la Russie, et ne voulant pas spécialement se tourner vers les États-Unis, ni vers l’Allemagne, pour moderniser les quelque 1150 M60 et M48, ainsi que les 500 T-55 encore en service. La Corée du Sud avec le K2, comme la Chine avec le VT4, tentent de séduire les autorités égyptiennes.

Cependant, un modèle français, adapté à ses propres besoins, serait incontestablement considéré avec bienveillance par les autorités du pays, raison pour laquelle, en janvier dernier, KNDS avait présenté l’EMBT, et non le Leopard 2A8, lors du salon de l’armement qui se tenait dans la capitale Égyptienne.

La situation du Maroc est sensiblement différente. Rabat entretient, en effet, d’excellentes relations avec Washington, mais aussi avec Pékin et Séoul, et ne manque pas d’options pour remplacer les 210 T-72 et 650 M60 et M48 actuellement en service.

Cependant, le changement de posture récent de la France, concernant le Sahara Occidental, appellera certainement des actions de réciprocité, qui pourraient porter sur la commande de Rafale pour remplacer les Mirage F1 marocains, ou, éventuellement, de chars Leclerc Évolution, si celui-ci était effectivement proposé sur le marché, tout en étant en service au sein des armées françaises.

Arabie Saoudite, EAU, Jordanie… : un potentiel de 1495 chars au Moyen-Orient

Si le marché moyen-oriental ne représente pas le plus haut potentiel mondial, pour le Leclerc Evo, il est tout sauf négligeable, cependant. En effet, pas moins de cinq pays vont devoir moderniser tout ou partie de leur flotte de chars de combat dans les années à venir, et le char français, y aurait toutes ses chances.

Leclerc Emirats arabes unis
Les Leclerc emirati se sont très bien comportés au combat au Yemen, surtout lorsque l’on compare ses résultats et ses pertes, aux engagements des M1A1 et M60 saoudiens sur ce même théâtre.

Les Émirats arabes unis sont, aujourd’hui, détenteurs de la plus importante commande d’armement passée par un pays étranger à l’industrie de défense française, avec la commande de 80 Rafale et divers équipements, pour 14 Md€, en 2022. Abu Dhabi avait aussi été le seul client export du char Leclerc, en son temps.

C’est précisément pour remplacer ces 354 chars Leclerc, que les EAU pourraient souhaiter se tourner vers le Leclerc Evo, ce d’autant qu’ils ont, semble-t-il, été très satisfaits du comportement du blindé français au combat, au Yemen, et que le Leclerc Evo partagera un nombre significatif de composants avec le Leclerc EAU, permettant de capitaliser sur les infrastructures de maintenance et de mise en œuvre déjà déployée.

L’Arabie Saoudite, pour sa part, a longtemps été le plus important client de la BITD française, en particulier dans les domaines terrestre et naval. Ces dernières années, les tensions entre Paris et Ryad ont lourdement altéré cette dynamique, qui semble toutefois à nouveau évoluer dans le bon sens, depuis quelques mois, avec des négociations autour du Rafale et du Sous-marin Scorpene, spécifiquement.

Comme le Caire, Riyad a des relations distendues avec les États-Unis, comme avec l’Allemagne, et pourrait fort bien se tourner vers la Corée du Sud, ou la Chine, pour remplacer ses quelque 370 M60 et 130 AMX30 encore en services.

M60 saoudiens
L’Arabie Saoudite aligne encore 370 M60 et 130 Amx30 aujourd’hui.

Toutefois, l’amélioration des relations franco-saoudiennes, et les performances du Leclerc Évolution, sensiblement supérieures à celles du K2 et du VT4, pourraient bien donner un avantage certain à KNDS France dans cette compétition, surtout si l’industrie saoudienne était intégrée au programme.

Bien que disposant de moyens limités, la Jordanie aligne une force armée conséquente. Son parc de chars lourds intègre, notamment, 190 Challenger 1 britanniques, 80 Leclerc EAU acquis d’occasion auprès d’Abu Dhabi, et 182 M60 américains. Tous devront être remplacés à plus ou moins courte échéance, et le nouveau char de KNDS France pourrait bien faire figure de favori dans ce pays, le cas échéant.

Enfin, Oman et Bahreïn alignent respectivement 79 et 100 M60/M48, devant tous être remplacés à court ou moyen termes, d’autant plus rapidement que le Moyen-Orient risque l’embrasement, et que le statu quo imposé par la présence américaine permanente, pourrait bien s’affaiblir au fur et à mesure que le Pentagone devra concentrer ses moyens dans le Pacifique.

Géorgie et Arménie : 200 chars à remplacer auprès des alliés du Caucase

Le Caucase n’est ni un marché traditionnel pour la France, ni un marché particulièrement volumineux. Pour autant, la Géorgie comme l’Arménie, deux pays proches de l’Europe, et de la France, ne disposent aujourd’hui, chacun, que d’une centaine de chars T-72 ou dérivés, pour assurer leur défense contre la Russie, ou contre l’Azerbaïdjan et la Turquie, respectivement.

armenian tank
Les T72 arméniens ont subi de très lourdes pertes lors de la seconde guerre du Haut-Karabagh, à l’automne 2020.

Dans ce contexte, l’arrivée du Leclerc Évolution, en lieu et place des modèles soviétiques, pourrait sensiblement transformer la dynamique, si pas le rapport de force, et tendre à stabiliser les menaces. Et puis, si on peut indisposer Bakou, n’est-ce pas ?

En Asie, l’Inde et la Thaïlande représente un marché potentiel de 2693 chars de combat

L’Asie est, aujourd’hui, le continent le plus prometteur pour les exportations du Leclerc Évolution. Et ce, en raison de la volonté de New Delhi, de remplacer ses quelque 2410 chars T-72 d’origine soviétique.

L’Inde est régulièrement le plus important client de l’industrie de défense française. Ces dernières années, le pays a ainsi commandé 6 sous-marins de la classe Scorpene, et 36 avions Rafale. Deux contrats supplémentaires doivent être signés, par ailleurs, cette année, pour 26 Rafale et trois sous-marins Scorpene supplémentaires, pour la Marine indienne.

Concernant le remplacement des T-72, la masse du Leclerc, sensiblement inférieure à celle du Léo 2 ou du M1 Abrams, constitue un sérieux avantage pour le char français, tout comme ses performances et capacités opérationnelles supérieures face au T-90S russe et au K-2 sud-coréen.

T71M2 Inde
L’Inde veut remplacer ses quelque 2400 T72, formant la colonne vertébrale de son corps blindé

Tout dépendra, dans ce dossier, du prix demandé par KNDS pour le Leclerc Évolution, et des options de construction locale et de transferts de technologies proposées, New Delhi exigeant, d’ici deux ans, à ce que 75 % de la valeur ajoutée d’un contrat d’armement majeur, soit produite dans le pays.

Bien que très inférieur en volume aux besoins indiens, le remplacement des 283 M60 thaïlandais, représenterait aussi, un marché adressable pour KNDS, même si Bangkok s’est déjà tourné, à ce sujet, vers le VT4 chinois, pour entamer la modernisation de son parc de chars de combat.

Argentine, Chili et Brésil : un besoin à venir de remplacer 891 chars

Par sa géographie spécifique, et sa géopolitique singulière, l’Amérique du Sud n’est pas le marché le plus prometteur pour un nouveau char de combat. Elle représenta pourtant un vase d’expansion confortable et bienvenue pour le Leopard 1 de Krauss-Maffei Wegmann, devenu KNDS Deutschland, lorsque le marché européen vint à se tarir.

Ainsi, l’Argentine (230), le Chili (140), l’Équateur (220) et le Brésil (590), alignent un parc de chars Leopard 1, souvent supérieur à celui de Leclerc de l’Armée de terre française. Le Pérou, lui, a conservé les 280 chars T-55 d’origine soviétique, toujours en service.

Leopard 1 argentine
Leopard 1 argentin.

Au total, donc, ce sont pas moins de 891 chars qui devront être remplacés par un modèle plus récent en Amérique du Sud, sans toutefois que le rapport 1 pour 1 soit respecté, comme d’ailleurs dans l’ensemble des pays évoqués dans cet article.

On remarque, à ce titre, que ces pays sud-américains sont souvent dans la ligne de mire de Naval Group et de son Scorpene Evolved pour remplacer les Type 209 et 206 allemands, dans celle de Dassault Aviation pour placer le Rafale, ainsi que de KNDS, pour le Caesar. Il y a donc une convergence d’intérêts, pour la BITD française, en Amérique du Sud, chaque composante majeure ayant un produit phare pour séduire, avec une synergie globale qui reste cependant à élaborer.

Quelles devront être les qualités du Leclerc Évolution international pour s’imposer dans ces compétitions

Reste que, dans l’immense majorité des cas évoqués, ici, le besoin identifié repose sur le remplacement de chars moyens, comme le T-72, le Leopard 1 ou le M48/60, des blindés souvent plus légers, beaucoup plus rustiques, et considérablement moins onéreux que ne le sont les chars de génération intérimaire.

De fait, au-delà des aspects de performances, de puissance de feu et de technologie, deux facteurs clés devront guider les ingénieurs de KNDS, dans la conception finale du Leclerc Évolution, pour le mettre dans les meilleures conditions pour s’imposer sur ce marché colossal, de presque 9000 machines à remplacer, adressable par l’industriel français.

K2 Black Panther Corée du sud
Le K2 Blacl Panther est aujourd’hui le plsu sérieux concurrent du Leclerc Evolution sur la scène internationale. Ne pas se positionner face à se modèle reviendrait à abandonner un marché de plusieurs milleirs de chars lourds à la Corée du Sud, et marquerait, sans le moindre doute, la fin du char français, avec la disparition de son potentiel d’exportation et de son marché.

Le premier, est la masse au combat du blindé. Que ce soit dans les déserts africains ou moyen-orientaux, les montagnes des Andes, du Caucase ou de l’Himalaya, ou dans les forêts denses du Brésil, de Thaïlande ou d’Équateur, la masse constituera un critère déterminant de la mobilité, donc du potentiel opérationnel du blindé. Si une masse supérieure à 55 tonnes est certainement à proscrire dans une majorité de cas, une masse autour de 50 tonnes constituerait, en revanche, un atout de taille sur ces marchés.

L’autre critère, et ce n’est certainement le plus simple à adapter, sera le prix. En effet, si le Leclerc était compétitif face au Leopard 2A4 ou au M1A1, en son temps, le Leclerc Évolution devra, lui, se confronter au K2 sud-coréen, au T-90S russe et au VT4 chinois, des chars qui évoluent entre 6 m$ (T90S) et 12 m$ (K2). Il faudra donc, d’une manière ou d’une autre, parvenir à se montrer compétitif face à ces modèles, surtout que les chars à remplacer, sont souvent des modèles anciens, achetés à bas couts il y a plusieurs dizaines d’années.

Conclusion

On le voit, même si KNDS a encore des efforts à faire, pour adapter son char aux attentes du marché, le Leclerc Évolution constitue une réponse très bien adaptée, à un très grand nombre de besoins qui vont bientôt émerger, dans le cadre de la modernisation des forces armées mondiales.

Ce marché adressable constitue, à lui seul, un argument stratégique, ou plutôt 8936 arguments stratégiques, pour amener le ministère des Armées, à soutenir KNDS pour attaquer ce marché dans les meilleures conditions possibles.

Et quel meilleur appui, qu’une commande de 180 à 200 chars de ce type, pour l’Armée de terre, sachant qu’il suffira d’exporter 300 chars, pour entièrement neutraliser le surcout sur le budget de l’État, de cette démarche, non planifiée par la LPM ? D’autant qu’elle permettra à l’Armée de terre de recomposer ses forces, pour répondre beaucoup plus efficacement aux besoins de l’OTAN en Europe de l’Est.

Article du 8 aout en version intégrale jusqu’au 29 septembre 2024