Face au SCAF, l’Angleterre dévoile son avion de chasse du futur

Face au SCAF, l’Angleterre dévoile son avion de chasse du futur

Par Jean-Baptiste Leroux –  Publié le 24 juillet 2024

L'Angleterre a dévoilé la maquette de son avion de chasse du futur, concurrent du SCAF. Capture d'écran X

C’est à l’occasion du Salon aéronautique de Farnboroug, que le Royaume-Uni a dévoilé son avion de chasse du futur. Développé par BAE Systems, Leonardo et Mitsubischi Heanvy Industrie, cet appareil est le concurrent direct du SCAF européen.

Lors du prestigieux Salon aéronautique international de Farnborough, le Royaume-Uni a dévoilé une maquette grandeur nature de son futur avion de chasse de sixième génération. Cette présentation, orchestrée par BAE Systems, marque une étape importante dans le développement du Global Combat Air Programme (GCAP), en partenariat avec l’Italie et le Japon. Ce projet ambitieux vise à concurrencer le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) mené par Airbus et Dassault.

Un modèle technologique avancé

La maquette présentée par BAE Systems, en collaboration avec Leonardo et Mitsubishi Heavy Industries, représente d’après le quotidien Les Echos, une avancée significative dans le domaine de l’aviation militaire. Le modèle, imposant et futuriste, illustre les progrès réalisés dans la conception et le design de cet avion de combat révolutionnaire. L’avion de chasse de sixième génération sera équipé des technologies les plus avancées, incluant des capacités de furtivité améliorées, une intelligence artificielle intégrée pour assister le pilote, et des systèmes de capteurs sophistiqués pour une conscience situationnelle optimale. Ce modèle vise également à être hautement modulaire, permettant des mises à jour et des améliorations rapides en réponse aux évolutions technologiques et tactiques.

L’objectif est de faire voler le premier prototype de cet avion de chasse dès 2035. Bien que le projet en soit encore à ses débuts, les ingénieurs des trois pays collaborent étroitement pour harmoniser leurs exigences et assurer la faisabilité de ce calendrier.

Un partenariat stratégique et complexe

Le GCAP représente une collaboration stratégique entre le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon, visant à maintenir leur suprématie technologique dans le domaine de la défense aérienne. Cependant, cette alliance pose également des défis en termes de financement et de répartition des responsabilités industrielles. En décembre 2022, les trois pays ont signé un mémorandum d’accord pour développer ensemble ce système de combat aérien. Transformé en traité intergouvernemental en décembre 2023, cet accord scelle leur engagement à long terme. Actuellement, chaque entreprise travaille avec des budgets nationaux, mobilisant des centaines d’ingénieurs pour avancer sur le projet. À la fin de 2024, près de 2000 salariés de Leonardo seront dédiés à ce programme, aux côtés de 1700 collaborateurs de BAE Systems.

Malgré l’enthousiasme autour du projet, le financement officiel n’a pas encore été confirmé par les gouvernements. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a réaffirmé l’importance de ce programme pour le maintien de la supériorité technologique du Royaume-Uni. Toutefois, il a également initié une revue stratégique de la défense dont les résultats sont attendus pour le second semestre 2025, laissant planer une incertitude sur le futur financement.

Rivalité avec le programme SCAF

Le GCAP se positionne comme un concurrent direct du SCAF, le projet européen piloté par Airbus et Dassault en partenariat avec la France, l’Allemagne et l’Espagne. Les deux programmes visent à développer des avions de chasse de nouvelle génération pour 2035-2045, chacun apportant ses innovations et ses stratégies uniques. Le SCAF et le GCAP représentent deux visions concurrentes de l’avenir des avions de combat. Alors que le SCAF se concentre sur une interopérabilité accrue et l’intégration de systèmes de drones et de cloud de combat, le GCAP met l’accent sur une approche modulaire et une collaboration étroite entre des partenaires non européens.

Malgré cette compétition, des voix au sein de l’industrie, comme chez Airbus, plaident pour une certaine convergence technologique à terme, afin de réduire les coûts et d’assurer l’interopérabilité des systèmes de défense. Cette perspective pourrait ouvrir la voie à des collaborations futures, malgré les rivalités actuelles.


*Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l’Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l’Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

La France veut se tourner vers le Saab GlobalEye suédois pour remplacer ses avions Awacs

La France veut se tourner vers le Saab GlobalEye suédois pour remplacer ses avions Awacs

L’acquisition possible, par la France, du système d’alerte aérienne avancée Saab GlobalEye suédois, pour remplacer les AWACS E-3F Sentry de l’Armée de l’Air et de l’Espace, sera incontestablement un des sujets majeurs abordés par le Président français, à l’occasion de sa visite officielle en Suède, qui débute de 30 janvier, alors que Paris et Stockholm vont approfondir leurs coopérations industrielles en matière de défense.

Mais les enjeux de cette visite, pourraient bien dépasser de beaucoup ce seul cadre pourtant déjà stratégique. En effet, tout indique qu’à cette occasion, le président français va aborder la possible participation suédoise au programme SCAF, et peut-être même d’autres coopérations ambitieuses, comme dans le domaine des drones de combat. Car, en bien des aspects, la France et la Suède partagent la même vision en matière de défense et de coopération industrielle européenne, mais aussi des besoins proches.

Sommaire

La Suède, une grande nation militaire et industrielle Défense en Europe

Bien qu’attachée à sa neutralité pendant longtemps, ou peut-être à cause d’elle, la Suède a été, au long de la Guerre Froide, et après, l’un des pays européens partageant le plus les positions de la France en matière de Défense.

Pour assurer la protection de son immense territoire, en dépit d’une population relativement faible de seulement 8 millions d’habitants en 1980, Stockholm avait développé un puissant outil militaire, ainsi qu’une importante industrie de défense lui permettant de produire l’essentiel de ses équipements, du sous-marin à l’avion de combat.

Sous-marin A26 Blekinge
La Suède est l’un des rares pays capables de concevoir des sous-marins conventionnels à hautes performances, comme le nouveau A26 classe Blekinge.

Comme tous les pays européens, la Suède a baissé la garde dans les années 2000, avec un budget défense à ce point réduit que les armées suédoises n’alignaient plus que 2 bataillons d’active opérationnels en 2015, contre 15 brigades en 1990. Toutefois, Stockholm n’a jamais cessé de soutenir son industrie de défense, produisant certains équipements particulièrement réussis comme le chasseur JAS 39 Gripen, le véhicle de combat d’infanterie CV90, ou le sous-marin A-19 de la classe Götland.

Surtout, la Suède a pris, dès 2016, la mesure de l’évolution de la menace en Europe de l’Est, réintroduisant un service militaire obligatoire, mais partiel, en 2017, adossé à une nouvelle doctrine dite de Défense Globale, conçue pour dissuader un éventuel adversaire de vouloir s’emparer militairement du pays.

Son implication budgétaire a évolué proportionnellement sur la même durée. Alors que Stockholm ne consacrait que 1 % de son PIB à ses armées en 2015, soit 55 milliards de couronnes (5 Md€ 2015), celui-ci a été amené, en 2024, à 115 Md de couronnes (10 Md€ 2024) et 2,1 % de son PIB, lui permettant de faire progresser son dispositif défense jusqu’à 3 brigades, ainsi qu’une vingtaine de bataillons auxiliaires, prêts sous 48 heures d’ici à 2025.

Ainsi, si la Suède va prochainement rejoindre l’OTAN, après l’accord donné par le Parlement turc, elle continue, de manière évidente, à s’investir pleinement dans sa propre défense, et dans la défense collective régionale et européenne.

La visite d’État d’Emmanuel Macron en Suède pour approfondir les liens industriels de défense entre les deux pays

C’est dans ce contexte que le président français, Emmanuel Macron, va entamer, ce 30 janvier, une visite d’État en Suède. Si de nombreux sujets vont être discutés entre le président français, et son homologue suédois, Ulf Kristersson, la coopération franco-suédoise en matière de défense européenne, et d’industrie de défense, sera en tête de liste.

Missile MMP Akheron Jaguar
Paris et Stockholm vont entamer une coopération visant à étendre les performances et capacités du missile antichar Akheron de MBDA.

En effet, si, à son habitude, Paris avait tancé Stockholm, en 2018, après que la Suède a arbitré en faveur du système antiaérien et antimissile américain Patriot, au détriment du SAMP/T Mamba franco-italien, les relations se sont rapidement normalisées par la suite, avec plusieurs coopérations industrielles de défense efficaces, qu’il s’agisse des munitions antichars (roquettes VT4, missile Akheron, obus Bonus), de systèmes de détection (radar giraffe, avion Awacs GlobalEye…), et d’autres.

Car si les industries françaises et suédoises sont souvent en compétition, comme dans le cas du Rafale face au Gripen, du sous-marin Blekinge face au Scorpene ou Marlin, ou du canon CAESAR face à l’Archer, elles savent aussi très bien collaborer, comme dans le cas du programme Neuron ou du missile Meteor.

Surtout, Paris et Stockholm partagent des positions proches concernant la coopération industrielle européenne de défense, et le renforcement de l’autonomie stratégique européenne, même si la Suède demeure un partenaire proche, en particulier dans le domaine de l’industrie de défense, des États-Unis (motorisation du Gripen, avion d’entrainement T-7A…).

La France envisage le Saab GlobalEye pour remplacer ses 4 avions radar AWACS E-3F

Pour entamer la discussion, Emmanuel Macron n’arrivera pas, en Suède, uniquement avec de belles paroles. En effet, plusieurs programmes de coopération industrielle Défense vont être lancés à l’occasion de cette visite, en particulier concernant l’évolution du missile antichar Akheron de MBDA, qui sera doté de nouvelles capacités avec Saab.

Mais le gros dossier, de cette visite, sera incontestablement les discussions qui seront entamées entre les deux pays, pour remplacer les 4 avions de veille aérienne avancée AWACS E-3F Sentry de l’Armée de l’Air et de l’Espace, par le GlobalEye suédois.

le Saab Globaleye suédois va t il rempalcer les E-3F français ?
Un E-3F SDCA du 36e Escadron de Détection et Contrôle Aéroportés. © A. Jeuland / Armée de l’air

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