Innovation – Le démonstrateur Scarabée d’Arquus

Innovation – Le démonstrateur Scarabée d’Arquus

Mars attaque- publié le 10 août 2022

Ai eu la possibilité de faire récemment quelques tours de pistes d’essais sur le plateau de Satory dans le démonstrateur de blindé Scarabée d’Arquus, pendant une petite heure. Passant notamment après l’actuel chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) qui avait embarqué dedans quelques semaines auparavant.

Démonstrateur (et non prototype), même si les puristes des définitions pourraient en débattre, permettant de développer, tester, intégrer et faire gagner en maturité un certain nombre de technologies. Certaines jusque là plutôt issues du monde civil et parfois déjà matures pour ces cas d’usage, mais passées à cette occasion dans un environnement militaire représentatif.

Principalement (et sans être exhaustif) dans le domaine de la propulsion (avec l’hybridation, notamment via un moteur V6 de 300 ch en thermique et 100 ch en électrique, avec 3 batteries différentes), de l’architecture (avec un groupe moto propulseur d’un seul tenant placé à l’arrière notamment), de l’ergonomie (avec, par exemple, la gestion des différents modes de propulsion par le pilote), etc.

Le fruit des efforts visible aujourd’hui est le résultat d’un programme « secret » débuté discrètement avec moins d’une dizaine de personnes concernées en 2017, défrichant les grands choix architecturaux, à un blindé beaucoup plus mature à ce jour pouvant bénéficier des technologies de tout un groupe industriel (avec une équipe dédiée restreinte, et un budget évidemment non extensible). Avec quelques heures de travail et des milliers de kilomètres d’essais déjà de réalisés.

Le Scarabée est aujourd’hui autorisé par la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) à embarquer dans des avions civils avec les batteries installées, suite à un long et exigeant processus de certification quant au respect des normes de sécurité, ce qui constitue une première mondiale civile et militaire, et vient valider les progrès réalisés dans la sécurisation de différents ensembles (notamment face aux risques d’incendie des batteries, de résistance aux variations de pression, etc.).

Les 400ch cumulés pour environ 7 tonnes à vide se ressentent vite dans les phases de roulage dynamique réalisées (sans préparation particulière autre que de baisser les suspensions réglables pour les phases les plus dynamiques). Permettant de passer, départ arrêté, à 30km/h sur une pente à 40% d’une quarantaine de mètres, d’atteindre les 125km/h en ligne droite sans forcer (les 135km/h ayant été dépassé sur d’autres essais), d’avoir des accélérations incomparables à un départ arrêté de VBL (même en version Ultima), etc. Avec en impression de conduite, comme passager, des phases de transition de toute électrique à hybride ou thermique très naturelles, une capacité de « boost » pour une accélération forte, un silence impressionnant en mode tout électrique, etc. Le résultat d’un bon rapport poids/puissance (voir même très bon rapport), et surtout du couple disponible pour gérer les variations, et du gros travail réalisé pour hybrider et permettre d’utiliser conjointement les différents modes (les pas des différents ensembles devant se rejoindre pour basculer de l’un à l’autre et maximiser leur apport conjoint).

Le Plateau de Satory en concentré sur une image. Pistes d’essais (dont ses fameuses rampes de différents pourcentages), démonstrateurs de blindés (dont le Scarabée d’Arquus), hélicoptères (dont les EC145 Airbus Helicopters des Forces Aériennes de la Gendarmerie Nationale), unités (dont le GIGN – Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale des gendarmes de l’inter’ étaient au bout du treuil en entrainement – non visibles car cachés dans les arbres)

Avec un important travail de réalisé récemment (en plus du passage il y a quelques mois maintenant du tout thermique ou tout électrique à hybride) sur l’ergonomie du poste de pilote (placé à l’avant, face à de larges vitres – utiles aussi pour l’équipage placé derrière qui a une impression de moindre enfermement comparé à d’autres blindés) et sur l’interface homme/machine pour gérer les transitions entre les différents modes de propulsion, le suivi des batteries, les choix d’assistance de conduite, des réserves de puissance, la facilité du pilotage (hier via joysticks pour certains modes de déplacements, à assistance sur le volant aujourd’hui), etc.

En plus de la capacité « crabe » avec des roues et des essieux avant et arrière orientables (permettant de tourner quasiment sur place et de se déplacer quasiment en latéral, une fois le mode enclenché d’un simple clic) qui offre des capacités opérationnelles en terrain compartimenté/accidenté/tout-terrain assez évidentes pour se déplacer plus finement, se sortir d’un mauvais pas, faire des demi-tours dans des rues encaissées, se déplacer lors de « coups d’œil » en phase d’observation ou d’acquisition de cibles, etc.

 Avec les portes sur des gonds visibles, les anciennes portes sur glissière étant parmi les options disponibles pour les potentiels clients intéressés. Le côté innovant du blindé n’était pas forcément là-dessus, mais mobilisait jusqu’alors les conversations (et les critiques) en passant à côté du reste…

En plus des pistes et des terrains d’essais du constructeur largement utilisés, des essais en tout-terrain ont aussi été menés ces derniers mois sur le camp de Canjuers notamment. Avant des essais par temps chaud potentiellement à venir (en plus des passages du blindé dans des chambres représentant des températures très hautes et très froides déjà menés). Et peut-être des essais avec de l’armement plus tard (même si à ce jour, la disponibilité des champs de tirs pour les réaliser est un sujet).

La Section Technique de l’armée de Terre (STAT) a pu faire quelques essais avec le véhicule pour en découvrir le potentiel, et le véhicule tourne très régulièrement pour des démonstrations pour des autorités et d’éventuels prospects. Avec d’ores et déjà des marques d’intérêts (à concrétiser) certaines de certains.

Il y a à ce jour encore des travaux de fiabilisation et de développement prévus dans les mois à venir. Notamment encore sur la partie suspension, motorisation dans certaines conditions, etc. Et une feuille de route en auto-financement (principalement) très fournie (avec aussi des apports sur la partie blindage/protection qui pourraient venir des programmes européens type FAMOUS 1 et 2), et quelques autres surprises… Des travaux sont ainsi réalisés avec des nouveaux pneus Michelin plus résistants, par exemple. 

Enfin, un travail est encore en cours sur les configurations possibles (même si cela sera surtout les possibles clients qui orienteront les choix définitifs), quant aux réserves, assez importantes, d’emport (autour d’une grosse tonne), les armements embarquables (avec un arceau central prévu pour gagner de la masse sur le toit) et déjà plusieurs configurations en interne et en externe qui sont pensées, et pour certaines déjà dévoilées (anti-char, anti-drone, anti-aérien…). Des essais ayant déjà été réalisés en roulage avec des tourelleaux réels (notamment de la gamme Hornet) ou des poids représentatifs placés en hauteur pour vérifier les conditions d’utilisation (le centrage, l’impact sur la tenue de route, etc.). La maintenance étant aussi un sujet avec évidemment déjà des premières réflexions pour faciliter les opérations (groupe moto-propulseur d’un seul bloc pour être facilement déposable, accès facilités à certains composants, etc).

Et évidemment encore à pleinement finaliser avec les futurs utilisateurs des réflexions permettant de déterminer les avantages et les contraintes sur les cadres d’emploi et les avantages tactiques permis : l’hybride pour les phases d’approche discrètes – jusqu’à 10km en tout-électrique, la capacité de servir de groupe électrogène en soutien pour recharger des batteries, le rechargement permis en phase de roulage et d’utilisation représentative, l’apport d’une éventuelle remorque, etc. Et des réflexions sur l’aspect modulaire de ce démonstrateur en l’état très complet : faudra-t-il toutes les options pour toutes les missions envisagées ? faudra-t-il toutes les capacités (déplacement en « crabe », hybridation complète, autant de chevaux, etc.) ? faudra-t-il les réserver au fer de lance de la force dans l’échelon de découverte et de frappe (en mode « hit and run ») et d’autres véhicules pour les aspects « liaison » ? faudra-t-il le généraliser comme blindé léger/médian du futur ? Des points encore à trancher comme sur tout bon démonstrateur, fortement sollicité pour défricher.

Crédits des photos : FSV / MA. Il n’y avait pas de photos ou de vidéos autorisées durant les phases d’essais. Mais de quoi se rattraper avec d’autres présentations prévues dans les prochains mois… A suivre.

Lancement des grandes manoeuvres pour le futur Engin du génie de combat

Lancement des grandes manœuvres pour le futur Engin du génie de combat


Comme pressenti durant Eurosatory, le ministère des Armées a lancé les grandes manœuvres au profit du génie de combat. La Direction générale de l’armement (DGA) explore désormais le marché pour répondre aux besoins du programme d’« Engin du génie de combat » (EGC).

Renouveler le génie de combat

Quelque peu « oublié » dans la loi de programmation militaire 2019-2025, le renouvellement des matériels majeurs du génie de combat est encore revenu en filigrane lors de récentes auditions parlementaires. Le sujet est maintenant l’objet d’une demande d’informations, étape préalable au lancement d’une procédure d’acquisition en bonne et due forme. 

Mission essentiellement assurée par des engins blindés du génie dont l’âge moyen est aussi élevé que leur taux de disponibilité est faible et, dans une moindre mesure, par l’engin du génie rapide de protection (EGRAP) et l’engin du génie d’aménagement (EGAME). Peu protégés, les deux derniers ne peuvent être considérés comme des engins de combat, pointe la DGA. 

Avec l’EGC, il s’agira de rationaliser cette capacité d’appui au contact « en adaptant les technologies les plus récentes aux contraintes des engagements futurs ». Ses mission principales ? Garantir le maintien du rythme du groupement tactique interarmes (GTIA) en appuyant les manoeuvres offensives et défensives et le déploiement d’urgence. 

Entre un système unique, un ensemble de plateformes distinctes, des véhicules à roues ou à chenilles, l’adaptation d’une base civile ou le développement d’un véhicule militaire, la question reste ouverte. La DGA n’exclut pas d’adopter une démarche incrémentale au cours de laquelle l’EGC incorporerait progressivement des innovations issues du secteur civil, notamment en matières d’énergie et d’automatisation. 

Deux industriels français se sont déjà positionnés. CNIM Systèmes Industriels (CSI), en coopération avec Texelis et Nexter, devrait proposer une solution dévoilée durant le dernier salon Eurosatory. Moins prolixe sur le sujet, Arquus annonçait en mars 2021 préparer une réponse en partenariat avec Volvo.

Ni le calendrier, ni les cibles du programme ne sont connus, mais le scénario du lancement d’un appel d’offres l’an prochain semble se confirmer. Il pourrait être suivi par la notification d’un contrat en 2024. Les commandes pourraient porter sur entre 70 et 150 exemplaires, estimait-on il y a peu dans les rangs industriels. 

Les performances attendues

Pour la DGA, le principal défi sera de trouver le bon équilibre entre « l’aptitude à réaliser des travaux de terrassement », « une mobilité tactique suffisante permettant d’accompagner due déplacement des unités appuyées » et « une capacité à agir sous le feu ». Aux industriels de parvenir à concilier les exigences de puissance, de mobilité et de protection.

Côté performances, c’est peu dire si le trio piloté par CSI avait visé juste en planchant sur sa solution. Les fonctions du futur EGC restent liées aux travaux du génie. Il devra donc principalement être en mesure de creuser une position de tir pour char lourd en moins d’une heure, de creuser 15 m de fossé anti-char ou de tranchée en une heure, ou encore de lever et déplacer une charge d’au moins 3 tonnes.  

L’aérotransportabilité par A400M en un seul fardeau devra être assurée, limitant le poids de l’ensemble du système à environ 30 tonnes. Pour tenir la cadence du GTIA, l’EGC sera capable d’évoluer à 60 km/h sur route durant plus de 350 km, et avec une autonomie maximale de 600 km. En terrains boueux ou sablonneux, la vitesse moyenne descend à 20 km/h sur six heures consécutives. Ses capacités de franchissement seront similaires aux véhicules 4×4 et 6×6 mobilisés par les GTIA de l’armée de Terre.

Quant à la survivabilité, l’EGC présentera nativement un bon niveau de protection contre les menaces balistiques, potentiellement renforcé au moyen de kits additionnels selon les missions, et d’un très bon niveau contre les mines. L’ajout d’un tourelleau téléopéré SCORPION de 12,7 mm, donc a priori le modèle T2 déjà monté sur Griffon, est envisagé. L’intégration dans la bulle SCORPION et, plus tard, dans TITAN, sera assurée par l’intégration d’équipements communs comme la radio CONTACT et le système d’information SICS. 

D’autres opérations majeures sont prévues au profit des sapeurs. Le franchissement et le bréchage, par exemple, ont été cités au rang des rattrapages prioritaires par le CEMAT, le général Schill. « Nous avions prévu d’acquérir plus tard des capacités de bréchage et de franchissement. Il nous faudra probablement le faire maintenant, car nous avons vu combien les Russes ont eu de difficultés à franchir les cours d’eau et les zones minées », expliquait-il fin juillet aux députés de la commission défense. Attendu en 2021, le lancement de l’opération SYFRALL a été reporté à 2022. 

Crédits image : 13e RG

Des ajustements au profit des stocks de munitions « dès 2023 »

Des ajustements au profit des stocks de munitions « dès 2023 »


« La guerre en Ukraine nous offre quelques « retex » – retours d’expérience – évidents. Nul besoin d’une grande revue stratégique pour comprendre qu’il faut faire mieux sur les munitions », constatait le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d’une récente audition sénatoriale. Selon celui-ci, l’effort devrait être engagé dès l’an prochain, à la faveur de la première marche financière de 3 Md€ inscrite dans la loi de programmation militaire. 

« Pour les munitions, 600 millions d’euros étaient déjà engagés », rappelle le ministre des Armées. Un marché de sept ans notifié mi-avril par le Service interarmées des munitions (SIMu) à Nexter Arrowtech, Munitique, Rivolier et au groupement Unitive/Alsetex. Lancée en juin 2021, la procédure, valorisée à 257 M€ à l’origine, ne pouvait cependant tirer partie des RETEX d’un conflit engagé huit mois plus tard.

« J’ai demandé à la direction générale de l’armement (DGA) et à l’état-major des propositions pour des réassorts en munitions dès 2023, » annonce Sébastien Lecornu en réponse à une salve de questions sénatoriales. « En fonction de ce que les services du ministère et la DGA nous diront », de nouveaux crédits seront donc engagés pour l’année prochaine pour alimenter d’éventuelles mesures d’urgence. 

S’il est « un peu tôt pour détailler ce point », le ministre des Armées aura au moins évoqué un premier RETEX majeur susceptible d’orienter les réflexions. « Il est clair que les types de combats ayant lieu en Ukraine ne semblaient plus complètement d’actualité, et que, alors que nous avons privilégié le développement de moyens balistiques lourds, nous devons revenir à des stratégies de ‘petites munitions », explique-t-il.

« Nous devons faire un retour d’expérience, mais dire que tout n’est pas parfait ne veut pas dire que nous avons des problèmes de stocks. Il ne faut pas mélanger les munitions individuelles, les roquettes, les munitions air-air, sol-air, sol-sol… », complète un ministre selon qui « il est faux de dire que nous aurions laissé complètement fondre nos stocks ». Dit autrement, la problématique de l’approvisionnement en munitions doit aussi être traitée segment par segment, chacun présentant une complexité, une durée de vie et des flux de consommation et de réassort différents. 

La marche de 3 Md€ inscrite dans la LPM 2019-2025 nécessaire pour alimenter cet effort sera proposée par le gouvernement, confirme le ministre des Armées. Mais, malgré des discours favorables lors des dernières élections, ce dernier n’exclut pas un éventuel rétropédalage de la part de certains. « La situation politique de l’Assemblée nationale pourrait conduire à une navette compliquée pour la loi de finances. Des groupes parlementaires pourraient estimer ne pas être liés par la LPM », relève-t-il.

Safran et Rolls-Royce s’associent pour la propulsion des futurs missiles antinavires et de croisière franco-britanniques

Safran et Rolls-Royce s’associent pour la propulsion des futurs missiles antinavires et de croisière franco-britanniques

http://www.opex360.com/2022/07/25/safran-et-rolls-royce-sassocient-pour-la-propulsion-des-futurs-missiles-antinavires-et-de-croisiere-franco-britanniques/


 

 

Cela étant, les deux parties ont fait un pas l’une vers l’autre… Et, en février dernier, la DGA a pu annoncer le lancement des « travaux de préparation du missile antinavire et futur missile de croisière », après la signaure d’un accord étatique et la notification d’un contrat à MBDA.

Et c’est donc dans ce contexte que Safran et Rolls-Royce vont s’associer pour « développer et finaliser une nouvelle solution de propulsion pour un missile subsonique doté de capacités de capacités de furtivité » dans le cadre du programme FMAN/FMC. Pour cela, les deux motoristes sont signé un contrat de « phase d’évaluation » avec MBDA.

« Signé dans le cadre du salon aéronautique de Farnborough, cet accord acte la collaboration effective de Rolls-Royce et de Safran Power Units, au côté de MBDA, afin de répondre aux exigences des autorités gouvernementales française et britannique en termes de propulsion », a précisé Safran. Et d’ajouter : « L’objectif est d’offrir des capacités qui vont totalement changer la donne et permettre de traiter des cibles et des systèmes de défense aérienne durcis sur des champs de bataille de plus en plus contestés ».

« Nous sommes fiers de rejoindre le programme FMAN/FMC et de contribuer à renforcer une collaboration stratégique entre la France et le Royaume-Uni, initiée avec le développement du système de propulsion du missile de croisière SCALP-EG [ou Storm Shadow pour les Britanniques, ndlr] au début de la décennie 1990. Safran Power Units apporte plus de 60 ans d’expérience dans la développement et la production de systèmes de propulsion avancés pour différents missiles, tels que le SCALP, l’Exocet et le MdCN [missile de croisière naval] », a commenté Ghislaine Doukhan, PDG de Safran Power Units.

Le programme FMAN/FMC est capital pour permettre aux forces françaises et britanniques de maintenir leur aptitude à « entrer en premier » sur un théâtre d’opérations.

Dans le détail, le missile anti-navire [ou FMAN] donnera non seulement la capacité aux navires et aux aéronefs de détruire un bâtiment hostile mais aussi de « supprimer » les défenses aériennes ennemies [capacité SEAD, pour « suppression of enemy air defense »]. En effet, selon rapport parlementaire sorti en 2018, cet engin pourrait être utilisé de « manière plus offensive, afin de répondre à la multiplication des défenses sol-air ou sol-mer, en particulier celles installées le long des côtes ». Quant au futur missile de croisière [FMC], il est destiné à remplacer les SCALP et Storm Shadow, qui seront obsolètes à l’horizon 2030.

Le ministère des Armées passe à la vitesse supérieure en matière d’intelligence artificielle

Le ministère des Armées passe à la vitesse supérieure en matière d’intelligence artificielle

http://www.opex360.com/2022/07/11/le-ministere-des-armees-passe-a-la-vitesse-superieure-en-matiere-dintelligence-artificielle/


 

« Le traitement massif des données, c’est le nouveau nerf de la guerre. C’est ce qui nous permettra de prendre la bonne décision. Aussi, nous ne pouvons donc dépendre de personne », avait ainsi résumé Florence Parly, alors ministre des Armées.

Après une première phase compétitive et la mise en place un « écosystème » constitué de PME, de jeunes entreprises innovantes et de laboratoires spécialisés dans le traitement des données et l’intelligence artificielle, la Direction générale de l’armement [DGA] confia ce programme au tandem Thales et Atos, via leur co-entreprise Athea, avec Cap Gemini et Sopra Steria comme sous-traitants.

Cette seconde phase devait permettre de développer des « démonstrateurs » pour les six cas d’usage prévus par ARTEMIS.IA.

Pour rappel, intitulé « aide à l’exploitation des données massives, hétérogènes », le premier doit aboutir à un « outil d’exploitation permettant le croisement de données structurées et non structurées » permettant d’effectuer des « analyses multidimensionnelles sur la base de critères géographiques, temporels, relationnels ou statistiques ». Le second concerne la cybersécurité, avec la capacté de détecter des anomalies dans de « grands volumes d’évènements journalisés » tandis que le troisième s’intéresse au suivi de la santé des militaires.

Le quatrième cas d’usage, appelé « intelligence technique et économique », vise à faciliter la recherche d’informations dans de grandes masses de données et d’en faire la synthèse. Dans le même ordre d’idée, il est également question de mettre au point un « outil d’élaboration de la situation maritime, tirant parti du croisement de différentes sources de données » pour avoir la capacité de repérer et d’identifier des « modèles de comportement y compris anormaux et dans la prédiction de la situation maritime future ». Enfin, le sixième domaine couvert par ARTEMIS.IA est celui du Maintien en condition opérationnelle [MCO], avec l’élaboration d’un système d’analyse prévisionnelle et de gestion des flottes [véhicules, aéronefs].

A priori, les démonstrateurs mis à l’épreuve par des « utilisateurs opérationnels » au cours de ces derniers mois ont donné pleinement satisfaction. Ce qui a motivé le ministère des Armées à passer la vitesse supérieure.

En effet, via un communiqué publié dans la soirée du 10 juillet,la DGA a indiqué que le projet ARTEMIS.IA venait d’entrer dans une phase d’industrialisation, avec le déploiement prévu d’une première plateforme opérationnelle de traitement massif de données, la réalisation de standards successifs, la formation et le soutien pour une durée de trois ans.

Plus précisément, cette première application concernera l’exploitation d’information multi-sources à des fins de renseignement. Elle sera livrée en 2023. « Le marché prévoit également le déploiement de futures capacités qui répondront aux spécificités d’autres domaines métiers, élargissant ainsi l’emploi d’ARTEMIS.IA à toutes les entités du ministère des Armées », a détaillé la DGA, pour qui ce programme « constituera plus largement un socle technique de référence, hautement sécurisé et souverain, susceptible d’irriguer à terme d’autres projets étatiques dans le domaine de l’intelligence artificielle. »

Effectivement, un tel projet doit répondre à des impératifs de sécurité… Comme l’avait souligné l’ex-député Fabien Gouttefarde, dans un avis budgétaire publié en octobre 2021, il doit « prendre en compte les nombreuses spécificités du monde de la Défense que sont la protection des données, la multiplicité des réseaux et des niveaux de classification, la gestion du besoin d’en connaître, l’accès aux algorithmes et aux données, tout en répondant aux problématiques de distribution géographique des données et des utilisateurs raccordés au travers de moyens de télécommunications militaires souvent contraints en termes de bande passante et de débit ».

Dans cet avis, M. Gouttefarde s’inquiétait du fait que le ministère des Armées était « en train de concevoir un super système d’analyse des données qui ne fonctionnera que dans 3 ans au plus tôt, c’est-à-dire à un moment où quasiment toutes les technologies impliquées auront évolué ».

Sur ce point, la DGA fait justement valoir qu’ARTEMIS.IA a été conçu « comme une plateforme modulaire », ce qui lui permettra de « bénéficier des avancées technologiques à venir dans le domaine du big data et de l’intelligence artificielle » afin de toujours « mieux répondre à l’évolution des besoins du ministère ».

Le ministère des Armées a commandé un premier prototype opérationnel de l’arme laser anti-drones HELMA-P

Le ministère des Armées a commandé un premier prototype opérationnel de l’arme laser anti-drones HELMA-P

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Dans le détail, celui-ci prévoit le déploiement d’un prototype du HELMA-P lors des Jeux Olympiques 2024 ainsi qu’une étude visant à l’adapter sur un véhicule et sur une plateforme navale, conformément à ce qui avait été annoncé à l’issue d’une démonstration de ce système au centre d’expertise et d’essais de DGA Essais de missiles à Biscarrosse, en juillet 2021. Des tests de faisabilité en mer doivent d’ailleurs avoir lieu dès cette année.

La plupart des solutions mises en oeuvre actuellement pour la lutte anti-drone [LAD] reposent sur le brouillage de la liaison entre le drone et sa station de contrôle. Tel est le principe de PARADE, de BOREADES ou encore du système BASSALT.

Seulement, avec les munitions « rôdeuses » [ou « vagabondes »] et des drones susceptibles de devenir de plus en plus autonomes [grâce à l’intelligence artificielle, par exemple], il est nécessaire de développer de nouveaux moyens.

L’armée de Terre ainsi lancé le projet ARLAD [adaptation réactive de lutte anti-drone], qui vise à doter un Véhicule de l’avant blindé [VAB] d’un radar et d’une capacité « airbust » via un lance-grenades. Le système HELMA-P s’inscrit dans cette logique… mais en utilisant un laser de deux kilowatts. Ce qui lui est suffisant pour détecter et abattre, avec précision et en une poignée de secondes, un drone hostile à un kilomètre de distance. En tout cas, lors des démonstrations réalisées sous l’égide l’Agence de l’innovation de Défense [AID], il a affiché un taux de réussite de 100%.

Le système HELMA-P, dont le développement a commencé en 2017, « permet d’apporter une réponse graduée à la menace drone, depuis l’éblouissement des instruments d’observation jusqu’à la neutralisation par altération de la structure d’un mini ou d’un micro drone [c’est-à-dire de 100g à 25kg], entraînant sa chute en quelques secondes », résume la DGA. En outre, n’exigeant qu’une logistique réduite [aucune munition n’est à manipuler…], il peut être associé à différents systèmes de détection [radar, son, optique].

Cela étant, il s’agit pour CILAS d’augmenter la puissance de cette arme tout en la miniaturisant. Mais pas seulement car, au-delà des performances, il fait également développer un ensemble de « protections matérielles et logicielles » afin de pouvoir l’utiliser en sécurité. Et définir un concept d’emploi. Tels sont les enjeux du projet L2AD.

Par la suite, le système HELMA-P pourrait avoir d’autres applications, comme la destruction de roquettes et d’obus de mortier, ou bien encore la neutralisation des moyens optroniques d’un adversaire.

Photo : DGA

M. Macron veut un investissement « clair et fort » pour consolider le modèle d’armée complet

M. Macron veut un investissement « clair et fort » pour consolider le modèle d’armée complet

http://www.opex360.com/2022/06/13/m-macron-veut-un-investissement-clair-et-fort-pour-consolider-le-modele-darmee-complet/


 

S’il fut critiqué par les parlementaires [et en particulier par les sénateurs], cet ajustement de la LPM se déclina selon trois axes : « Mieux détecter et contrer », « Mieux se protéger » et « Mieux se préparer ». Et il était alors question de développer certaines capacités [à enveloppe constante, ndlr], notamment dans les domaines du NRBC [nucléaire – radiologique – biologique et chimique], de la lutte anti-drone, du spatial, du cyber et de la « guerre des fonds marins ».

Depuis, le budget des armées a été porté à 40,9 milliards d’euros [moins une annulation de crédits de 300 millions qui devraient cependant être récupérés là l’occasion de le prochaine loi de finances rectificative], la Russie a envahi l’Ukraine et… la Cour des comptes a publié un rapport dans lequel elle a estimé que, compte tenu de la dégradation des finances publiques et de l’évolution défavorables des paramètres macro-économiques, le modèle d’armée complet ne serait plus tenable, sauf à consentir un effort financier important aux dépens d’autres priorités gouvernementales.

Or, d’après les propos qu’il a tenus à l’occasion de l’ouverture du salon de l’armement terrestre Eurosatory 2022, ce 13 juin, le président Macron envisage des investissements supplémentaires pour les armées.

« J’ai demandé au ministre [des Armées] et au chef d’état-major des armées de mener dans les semaines qui viennent une réévaluation de cette Loi de programmation militaire à l’aune du contexte géopolitique », a-t-il annoncé. « Ce travail donnera lieu […] à une nouvelle planification et à un investissement dans la durée, clair et fort, de la Nation pour pouvoir accompagner ce bouleversement du monde, consolider notre modèle d’armée complet mais aussi nous positionner encore plus fortement sur l’évolution à la fois de la menace et des réalités que nous sommes en train de vivre aussi bien sur le théâtre sahélien que dans cette guerre de haute intensité revenue sur le sol européen », a déclaré Emmanuel Macron.

Cela étant, « nous n’avons pas attendu les changements stratégiques pour réinvestir », a-t-il rappelé, dans une allusion à la hausse continue du budget des armées depuis cinq ans. Mais la guerre en Ukraine fait peser une « exigence supplémentaire pour aller plus vite, plus fort, au moindre coût », a-t-il estimé.

« Il nous reste beaucoup à faire pour nous adapter aux transformations profondes que nous sommes en train de vivre. Et pour qui douterait de l’urgence de ces efforts, il suffit de regarder une fois encore, vers l’Ukraine, dont les soldats réclament un armement de qualité et qui sont en droit d’avoir une réponse là aussi de notre part », a fait valoir le chef de l’État. Aussi, a-t-il poursuivi, « nous prendrons les décisions des investissements et nous aurons les exigences qui vont avec ».

Et cela passera par une « économie de guerre », dans laquelle, a estimé M. Macon, la France est « entrée » et « dans laquelle nous allons durablement nous organiser » car « on ne peut plus vivre avec la grammaire d’il y a un an ».

À propos d’économie de guerre, et selon des informations du quotidien Le Monde, la Direction générale de l’armement [DGA] est en train d’élaborer un texte législatif qui permettrait de réquisitionner certaines capacités de production ainsi que des matériaux critiques [titane, métaux rares, etc] et des composants [semi-conducteurs] à des fins militaires. Il s’agirait de s’inspirer du « Defense Priorities and Allocations System Program » [DPAS] qui, en vigueur aux États-Unis depuis la guerre de Corée, autorise le Pentagone à mobiliser et réorienter des ressources à des fins de sécurité nationale.

Par ailleurs, M. Macron a une nouvelle fois plaidé en faveur de davantage de coopération européenne en matière de défense. « Ne repartons pas de l’avant pour reproduire les erreurs du passé, dépenser beaucoup pour acheter ailleurs n’est pas une bonne idée », a-t-il soutenu, alors que l’industrie américaine de l’armement devrait profiter d’une bonne partie du « fonds spécial » mis en place par l’Allemagne pour financer la remontée en puissance de ses forces armées. « L’heure est à la mise en place d’une préférence européenne », a-t-il dit. « Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne beaucoup plus forte et beaucoup plus exigeante […] sinon nous construirons les dépendances de demain », a-t-il insisté.

COLIBRI et LARINAE, deux projets pour doter les armées françaises de munitions téléopérées

COLIBRI et LARINAE, deux projets pour doter les armées françaises de munitions téléopérées


Jusqu’alors spectateur, le ministère des Armées semble désormais vouloir rattraper son retard dans le segment des munitions téléopérées. Deux appels à projets viennent d’être lancés par l’Agence de l’innovation de défense (AID) et la Direction générale de l’armement (DGA) afin d’évaluer au plus vite des solutions à bas coût.

La France à la traîne

Entre la guerre au Haut-Karabagh et l’invasion de l’Ukraine, les conflits récents ne font que confirmer l’intérêt pour ces munitions. Aussi faciles à mettre en œuvre que difficiles à neutraliser, elles sont aussi peu chères et peuvent donc être acquises et déployées en masse. Avec coût minimum estimé à 5000 € l’unité, les munitions rôdeuses seraient soit dix fois moins chères que le plus « accessible » des missiles antichars ou des bombes guidées laser. Malgré ces atouts, elles restent totalement absentes de l’inventaire des forces armées françaises.

Ce retard, l’AID et la DGA cherchent désormais à le résorber en lançant les appels à projets COLIBRI et LARINAE. « Le ministère des Armées conduit et prépare plusieurs opérations d’armement dans le domaine des drones de contact et des drones tactiques », explique l’AID, qui justifie la manœuvre par un besoin « d’accompagner ces actions, d’approfondir la connaissance du domaine, d’explorer les cas d’usages, tout en stimulant l’écosystème pour la proposition de concepts innovants ».

La cible de COLIBRI ? « Un système bas coût de neutralisation de cibles, dans la zone de contact, soit au-delà de 5km à partir de son point de mise en œuvre ». LARINAE conserve la contrainte de coût et y ajoute une capacité de « longue élongation » en portant le rayon d’action au-delà de 50 km.

Neutraliser un véhicule pour moins de 20 000€

À première vue, la DGA et l’AID ne ferment aucune porte. La recherche est en effet « volontairement laissée ouverte, pour faciliter la proposition de solutions originales et innovantes » et s’intéresse autant à une munition téléopérée opérant seule qu’à des munitions œuvrant en meute, entre autres. De même, détourner l’usage des technologies existantes est encouragé.

Les appels à projets comprennent néanmoins plusieurs critères clefs, dont la rapidité de mise à disposition, la facilité d’emploi par n’importe quel opérateur et, bien entendu, un panel de performances et de fonctionnalités. L’effet terminal recherché sera la neutralisation d’un véhicule léger avec une précision métrique et dans un rayon d’au moins 5 km dans le cas de COLIBRI, d’un véhicule blindé par impact direct du système ou en délivrant une munition à une distance minimale de 50 km dans celui de LARINAE. La munition présentera une autonomie minimale sur zone d’intérêt de 30 min pour le premier et de 60 min pour le second.

La munition rôdeuse Hero-30 d’UVision, l’une des nombreuses solutions conçues en Israël, pays à la pointe sur le sujet Crédits : UVision

Facile à mettre en œuvre par un opérateur non spécialisé et depuis un terrain on préparé, la solution devra aussi être suffisamment compacte et légère que pour être transportée par un seul combattant. Derrière ce premier échelon, le ministère des Armées mise aussi sur des « extensions fonctionnelles » comme la capacité de frapper du personnel ou un navire ; la neutralisation d’une cible évoluant à 50 km/h ; l’intégration sur porteur ou encore la résistance au brouillage des liaisons de données ou du système de positionnement. Détail important, l’automatisation du vecteur ne fait visiblement pas partie des desiderata.

Enfin, le ministère des Armées insiste sur la maîtrise des coûts, celui-ci devant être « significativement inférieur aux armements disposant de performances comparables actuellement utilisés (principalement des missiles) ». Traduit en chiffres, le coût récurrent de la partie consommable se doit d’être inférieur à 20 000€.

Des démonstrations pour fin 2023

Le calendrier traduit ce qui semble être une volonté d’avancer à marché forcée. Après une présentation fixée fin mai à la DGA, les candidats ont jusqu’au 6 juillet pour soumettre leur proposition. Un speed-meeting et une préselection auront lieu dans la foulée afin de pouvoir contractualiser le ou les marché(s) à compter de décembre 2022.

Un ou plusieurs projets pourront être retenus sur bases de critères de pertinence, de crédibilité et de viabilité. Leur sélection débouchera sur la notification d’un marché de R&D de 18 mois pour COLIBRI et de 24 mois pour LARINAE. Chaque programme sera entrecoupé d’une phase de démonstration de plusieurs mois réalisée à mi-parcours et dont l’enjeu sera d’ « objectiver le niveau de couverture atteint sur l’ensemble du besoin ».

L’attention portera en priorité sur « le bon fonctionnement de la chaîne de mise à feu de la charge militaire en vol, ainsi que l’ensemble des sécurités associées », éventuellement sur base d’une charge non létale. Une réussite pourrait mener à une nouvelle contractualisation afin de parvenir à une évaluation avec la charge militaire envisagée. Le tout mené en coordination étroite avec les opérationnels, essentiels pour détailler les modes opératoires et les scénarios d’emploi visés.

Ces démonstrations devraient avoir lieu vers la fin 2023 pour COLIBRI et début 2024 pour LARINAE. Pour ensuite déboucher sur une acquisition, voire une mise en service avant la fin de la loi de programmation militaire en cours ?

Dissuasion : Le missile ASMP-A Rénové des Forces aériennes stratégiques va entrer en production

Dissuasion : Le missile ASMP-A Rénové des Forces aériennes stratégiques va entrer en production

 

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Pour rappel, l’ASMP-A est le successeur de l’ASMP qui, mis en service au milieu des années 1980, avait été associé au Mirage IVP, puis au Mirage 2000N. D’une longueur d’environ cinq mètres pour une masse de 800 kg, il vole à la vitesse d’au moins Mach 2, grâce à son statoréacteur. Muni d’une tête nucléaire de 300 kt, sa portée est de plus ou moins 500 km. L’une de ses particularités est qu’il peut avoir plusieurs trajectoires [basse altitude, très basse altitude et haute altitude].

Quoi qu’il en soit, cette modernisation de l’ASMP-A, désormais appelé « ASMP-A Rénové », a été menée dans les temps, avec un premier tir de qualification – sans charge militaire – effectué par un Rafale en décembre 2020. Le dernier vient d’avoir lieu, selon un communiqué du ministère des Armées.

« Florence Parly, ministre des Armées, exprime sa grande satisfaction après le succès le 23 mars 2022 du tir de qualification du missile stratégique Air-sol moyenne portée amélioré [ASMPA] rénové, dépourvu de sa charge militaire. Elle adresse ses vives félicitations à l’ensemble du personnel du ministère des Armées, des entreprises MBDA et Dassault Aviation et de l’ONERA qui ont œuvré à sa réussite », affirme le texte.

Comme en décembre 2020, l’ASMP-A rénové a été tiré par un Rafale ayant décollé de la base aérienne 120 de Cazaux. « Tout au long de sa phase de vol, [il] a été suivi par les moyens de la Direction générale de l’armement [DGA] « Essais de Missiles » à Biscarosse, Hourtin et Quimper », ainsi que par le bâtiment d’essais et de mesures Monge, avec la participation de DGA Essais en vol.

Après ce succès, la phase de production de l’ASMP-A rénové va pouvoir commencer. Ce qui signifie que sa mise en service au sein des Forces aériennes stratégique [FAS] et de la Force aéronavale nucléaire [FANu] devrait être effective d’ici quelques mois.

« Ce programme d’armement répond à la volonté du président de la république qui s’est engagé pour ces forces ‘à prendre les décisions nécessaires au maintien de leur crédibilité opérationnelle dans la durée, au niveau de stricte suffisance requis par l’environnement international’ », souligne le ministère des Armées.

L’ASMP-A rénové sera remplacé en 2035 par le missile air-sol nucléaire de quatrième génération [ASN4G]. Deux pistes sont actuellement considérées par l’ONERA et MBDA pour ce nouvel engin, comme l’avait indiqué le député Christophe Lejeune, dans son dernier avis budgétaire concernant la dissuasion.

En effet, il s’agira soit d’un missile à statoréacteur issu du Plan d’études amont [PEA] « Camosis », soit d’un missile à super statoréacteur hypervéloce issu du PEA Prométhée. « La solution technologique qui devrait être retenue prochainement pourrait être un missile hypersonique manœuvrant à même de garantir la capacité de pénétration des défenses, dans un contexte de déni d’accès [A2/AD] croissant. La prochaine étape sera le lancement de la phase de la réalisation, prévu en 2025 », avait expliqué le député.

Photo : archive

Faute d’accord industriel, l’étude d’architecture du futur char franco-allemand sera encore prolongée de six mois

Faute d’accord industriel, l’étude d’architecture du futur char franco-allemand sera encore prolongée de six mois

 

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En effet, à l’antenne de BFM Business, ce 14 mars, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, assuré que ce programme, conduit sous l’autorité Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr [BAAINBw, équivalent allemand de la DGA française] avançait malgré les désaccords entre les industriels impliqués, dont KDNS [la co-entreprise formée par Nexter Systems et Krauss Maffei Wegmann] et Rheinmetall.

« Le projet avance, […], certes pas à une vitesse extraordinaire comme sans doute le souhaiteraient certains. Mais il avance », a affirmé M. Barre. Pourtant, juste avant, il avait expliqué que l’étude d’architecture du MGCS, « engagée au début de l’année 2020 » [en mai 2020 exactement, ndlr], était encore en cours et qu’elle allait être « poursuivie jusqu’au début de l’année prochaine »… le temps de « mettre au point l’organisation industrielle qui sera celle de la phase de développement et de réalisation ».

En clair, cette étude d’architecture, appelée « SADS Part 1 », sera prolongée jusqu’au début de l’année 2023. Or, initialement, elle aurait dû s’achever en janvier 2022.

Mais comme il apparut que cette échéance ne serait pas tenue, faute d’accord entre les industriels concernés, M. Barre assura, lors des auditions parlementaires de l’automne dernier, qu’elle prendrait fin d’ici l’été 2022.

« Nous poursuivons l’étude d’architecture d’ensemble du système, lancée début 2020. Elle devait s’achever début 2022, mais sera prolongée jusqu’à l’été, le temps de finaliser l’organisation industrielle nécessaire à l’engagement des travaux technologiques. Après la création de l’alliance industrielle KMW + Nexter Defense Systems [KNDS] en 2016, il nous a fallu, à la demande de l’Allemagne, intégrer Rheinmetall. L’organisation n’étant toujours pas consolidée, nous avons besoin d’un délai supplémentaire pour y parvenir, d’où la prolongation de l’étude d’architecture système », avait en effet expliqué le DGA aux députés.

La ministre des Armées, Florence Parly, avait ensuite confirmé ce décalage de six mois. « La balle est dans le camp des industriels allemands, en particulier dans [celui] de Rheinmetall. […] Donc, ces industriels allemands doivent trouver entre eux les conditions d’un accord pour se répartir les tâches et les travaux », avait-elle insisté, devant les députés, en décembre dernier.

Pour rappel, le MGCS repose sur un partage des tâches à 50-50 entre les industriels français et allemands. La création de KNDS visait à répondre à cet objectif… Seulement, l’arrivée de Rheinmetall dans le programme a rompu cet équilibre. D’où les difficultés actuelles.

Par ailleurs, M. Barre s’est félicité de la hausse significative des dépenses militaires allemandes, annoncée le 27 février dernier et confirmée ce 14 mars. Dès 2022, celles-ci s’élèveront à 50 milliards d’euros [soit 9 milliards de plus que le budget du ministère français des Armées] pour être ensuite progressivement portées à plus de 2% du PIB [soit près de 80 milliards d’euros], grâce à un fonds exceptionnel de 100 milliards. Quelles seront les conséquences sur les projets menés en coopération? « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent », faisait dire Michel Audiard à Jean-Paul Belmondo, dans le film « Cent Mille Dollars au soleil ».

Quoi qu’il en soit, les blocages actuels, qui concernent également le l’avion de combat du SCAF [Système de combat aérien du futur], avec un désaccord fondamental entre Dassault Aviation et Airbus, pourraient aboutir un échec. Une hypothèse que n’écarte pas le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], qui a récemment évoqué un programme « franco-français« . Les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès ont également évoqué un tel scénario, dans leur rapport sur la « haute intensité ».

« Aucun accord équilibré n’a pu être trouvé à ce stade. Il n’est donc pas exclu que la France soit placée dans l’obligation de financer ce projet seule, ce qui pourrait se traduire par une révision à la baisse de ses ambitions opérationnelles », ont-ils en effet prévenu.

Photo : Nexter