Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie

Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie

Par Paolo Garoscio – armees.com – Publié le 30 août 2024

Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie
Rafale : Dassault va-t-il parvenir à augmenter la cadence de production ? Ce qui se joue pour Dassault derrière le contrat Rafale en Serbie – © Armees.com

Dassault Aviation vient d’atteindre une étape déterminante dans son histoire en dépassant le seuil des 500 commandes pour son avion de chasse Rafale, un exploit symbolique qui témoigne de la montée en puissance de l’industrie aéronautique militaire française. Cette prouesse, renforcée par une nouvelle commande en Serbie, illustre non seulement le succès du Rafale à l’international mais aussi l’importance stratégique de la France sur la scène mondiale de la défense.

Un succès mondial confirmé : plus de 500 Rafale commandés

Le Rafale, développé par Dassault Aviation, est aujourd’hui reconnu comme l’un des avions de chasse les plus performants et polyvalents au monde. Depuis son introduction en service en 2002, l’appareil a su séduire de nombreuses armées à travers le globe, rivalisant directement avec le F-35 américain, considéré comme son principal concurrent.

Avec la commande récente de 12 appareils par la Serbie, le nombre total de Rafale commandés s’élève désormais à 507 unités. Parmi ces commandes, 234 sont destinées à l’armée française, tandis que les 273 restantes sont réservées à l’exportation, ce qui démontre la capacité de l’industrie française à répondre aux besoins internationaux.

Les principaux clients de cet avion de chasse incluent des pays stratégiques tels que l’Égypte, qui en a acquis 55 exemplaires, le Qatar (36), l’Inde (36), les Émirats arabes unis (80) et l’Indonésie (42), auxquels s’ajoute désormais la Serbie avec 12 Rafale. Ce portefeuille de commandes garantit à Dassault Aviation une activité soutenue pour les dix prochaines années, assurant ainsi la pérennité de ses sites de production et des emplois associés.

Un contrat stratégique en Serbie : modernisation et renforcement des capacités militaires

La Serbie, dernier acquéreur en date, a signé un contrat avec Dassault Aviation pour l’achat de 12 Rafale, un accord officialisé lors de la visite d’Emmanuel Macron à Belgrade. Ce contrat, d’une valeur de 1,2 milliard d’euros, comprend la livraison de trois biplaces et neuf monoplaces d’ici 2028. Pour la Serbie, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie de modernisation de ses forces armées, visant à remplacer des équipements vieillissants datant de l’ère soviétique, notamment les MiG-29 et Soko J-22 Orao.

Le choix du Rafale par la Serbie n’est pas anodin. Il reflète non seulement la qualité technique de l’appareil mais aussi l’influence diplomatique croissante de la France dans les Balkans. La commande serbe s’accompagne d’autres acquisitions militaires, telles que des batteries antimissiles Mistral et des radars Thales, portant la valeur totale des contrats à environ 3 milliards d’euros.

Montée en cadence de la production

Avec l’afflux de commandes, Dassault Aviation doit désormais relever le défi de la montée en cadence de sa production. L’entreprise a déjà annoncé son intention d’augmenter la fabrication des Rafale à trois appareils par mois dès 2025, sur son site de Mérignac en Gironde, avec un objectif encore plus ambitieux de quatre appareils par mois à l’avenir.

Cette augmentation de la production nécessitera une coordination étroite avec les sous-traitants de l’industrie aéronautique, dont bon nombre sont des petites et moyennes entreprises françaises. Ces dernières, soutenues par Dassault, joueront un rôle clé pour atteindre ces nouvelles capacités de production.

Le succès du Rafale dépasse largement le cadre commercial. Il s’agit d’un outil stratégique pour la France, renforçant son influence militaire et diplomatique à travers le monde. Avec plus de 500 unités commandées, l’avionneur français se positionne comme un leader incontournable sur le marché des avions de chasse, capable de rivaliser avec les géants américains et européens. Le Rafale, devenu l’un des symboles du savoir-faire technologique français, contribue à renforcer la position de la France dans le secteur de la défense, tout en offrant une alternative crédible aux appareils américains. Cette réussite est d’autant plus significative dans un contexte où la compétition internationale pour les contrats militaires est particulièrement intense.

La justice ayant débouté l’allemand TKMS, Naval Group va pouvoir livrer quatre sous-marins aux Pays-Bas

La justice ayant débouté l’allemand TKMS, Naval Group va pouvoir livrer quatre sous-marins aux Pays-Bas

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Le 15 mars derniers, le ministère néerlandais de la Défense annonça qu’il confierait au tandem formé par le français Naval Group et IHC Royal le soin de construire et de livrer quatre sous-marins Orka [ou Black Sword Barracuda] à la Marine royale des Pays-Bas [Koninklijke Marine], dans le cadre d’un marché évalué à au moins 2,5 milliards d’euros.

En proposant une version à propulsion « classique » du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Barracuda, Naval Group venait donc de réussir un grand coup, qui plus est susceptible d’ouvrir la voie à de prochains contrats sous d’autres latitudes, comme par exemple au Canada, voire en Pologne. Ce succès était d’autant plus remarquable que les deux autres soumissionnaires à l’appel d’offres néerlandais, à savoir Damen [associé au suédois Kockums] et l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] avaient de bonnes cartes en main pour espérer l’emporter.

Mais le ministère néerlandais de la Défense estima que la proposition faite par Naval Group et Royal IHC était, de loin, la plus compétitive, non seulement pour la construction des quatre sous-marins mais aussi pour leur maintien en condition opérationnelle [MCO]. En outre, les intérêts industriels des Pays-Bas étaient préservés.

« Ils ont réussi à proposer une offre équilibrée, polyvalente et réaliste. L’industrie néerlandaise a également un rôle important à jouer, condition importante dans le processus d’attribution », avait résumé Christophe van der Maat, alors secrétaire d’État à la Défense.

Pour autant, Damen et TKMS ne s’avouèrent pas vaincus. Mais l’un et l’autre adoptèrent une approche différente pour contester cette décision. Le premier s’est appuyé sur la presse pour faire connaître ses récriminations. Et cela afin de convaincre une majorité de députés à s’opposer au choix de Naval Group quand il serait soumis au Parlement. Mais ces efforts auront été vains : la décision du ministère néerlandais de la Défense en faveur de l’industriel français ayant été largement approuvée par la Chambre des représentants, le 11 juin dernier.

Cependant, il restait encore un écueil à surmonter. En effet, en avril, TKMS avait contesté le choix de Naval Group en déposant un recours devant la justice. Selon l’industriel allemand, le ministère néerlandais de la Défense n’aurait pas respecté les règles de la procédure qu’il avait fixées, notamment en choisissant un sous-marin « sur mesure » et non « prêt à l’emploi ».

Mais, une fois encore, cette démarche n’aura pas abouti. En effet, ce 24 juillet, le ministère néerlandais de la Défense a fait savoir que le recours de TKMS venait d’être rejeté par le tribunal de La Haye, sans donner plus de détails sur son verdict.

Désormais, la voie est libre pour notifier officiellement le contrat des sous-marins « Orka ». Ce qui devrait être fait après l’été, c’est à dire après la signature de deux accord : l’un entre les gouvernements néerlandais et français, l’autre entre le minsitère néerlandais de l’Économie et Naval Group afin de garantir l’implication de l’industrie locale dans ce programme.

Par la suite, Naval Group aura dix ans pour livrer à la Koninklijke Marine les deux premiers sous-marins [l’Orka et le Zwaardvis] à partir de l’entrée en vigueur du contrat. Les deux autres, le Barracuda et le Tijgerhaa étant attendus un peu plus tard.

Airbus Defence & Space accuse Berlin de bloquer l’exportation de l’avion de transport A400M « Atlas »

Airbus Defence & Space accuse Berlin de bloquer l’exportation de l’avion de transport A400M « Atlas »

 

https://www.opex360.com/2023/02/21/airbus-defence-space-accuse-berlin-de-bloquer-lexportation-de-lavion-de-transport-a400m-atlas/


À l’époque, et après avoir décroché un premier contrat [en 2005] en Malaisie pour quatre unités, Airbus Military estimait pouvoir exporter entre 400 et 500 avions dans les années à venir…

Seulement, évaluant le potentiel à l’exportation de l’A400M à 280 exemplaires, le cabinet PriceWaterhouseCoopers, mandaté par le ministère allemand de la Défense, jugea cette ambition hors de portée. Et d’en conclure que si le nombre d’appareils exportés devait être « moins importante que prévu, le gouvernement fédéral [allemand] s’exposerait alors à un risque de défaut pour le reste du prêt ».

Depuis, les ventes de l’A400M n’ont pas vraiment décollé, avec seulement deux nouveaux clients, à savoir le Kazakhstan [deux exemplaires] et l’Indonésie [deux avion également, plus quatre autres en option]. Cela étant, à en croire Michael Schoellhorn, le Pdg d’Airbus Defence & Space, cet avion ne manquerait pas de clients potentiels. Pour autant, aucun contrat ne s’est concrétisé pour le moment… à cause de la politique allemande en matière d’exportation d’équipements militaires.

« Plusieurs pays sont intéressés par l’A400M. Malheureusement, nous avons des difficultés à obtenir les licences d’exportation allemandes à temps », a en effet affirmé M. Schoellhorn, dans un entretien accordé à l’agence Reuters, en marge de la conférence de Munich sur la sécurité, qui vient de se terminer. Cependant, il n’a pas précisé l’identité des clients potentiels…

Cela étant, ce problème n’est pas nouveau. En 2019, Tom Enders, alors Pdg d’Airbus [la maison-mère d’Airbus Defence & Space], s’était enervé devant de l’intransigeance de Berlin en matière de ventes d’équipements militaires, notamment celles concernant les avions C-295 [transport], Eurofighter Typhoon [produit en coopération avec BAE Systems et Leonardo] et A330 MRTT [ravitaillement en vol]. « Sans approche européenne commune, Airbus pourrait envisager de fabriquer des produits sans l’Allemagne », avait-il menacé.

En outre, a continué M. Schoellhorn, « notre problème est que nous n’avons encore reçu aucun contrat de la ‘Zeitenwende’ [‘changement d’époque’, nldr] et que des exportations importantes ne sont pas approuvées ». Et « cela nous met dans une situation très insatisfaisante », a-t-il souligné, estimant le manque à gagner à « plusieurs milliards d’euros ».

Selon lui, Airbus Defence & Space pourrait produire jusqu’à 30 A400M par an… Soit trois fois plus qu’actuellement.

Quant à la ‘Zeitenwende », qui concerne au fonds spécial de 100 milliards d’euros mis en place pour « réparer » la Bundeswehr après des années de sous-investissements, l’industriel n’en profite pas vraiment… alors qu’il s’attend à une nouvelle commande d’Eurofighter dédiés à la guerre électronique.