Le ministère des Armées ferme la base aérienne de Châteaudun en Eure-et-Loir, “une catastrophe économique et sociale”

Le ministère des Armées ferme la base aérienne de Châteaudun en Eure-et-Loir, “une catastrophe économique et sociale

Par Fabienne Marcel – France «  Régions – Publié le 25/07/2018

https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/eure-et-loir/chateaudun/ministere-armees-ferme-base-aerienne-chateaudun-eure-loir-catastrophe-economique-sociale-1517431.html

 

(Archives) Mirage IV-A, un bombardier stratégique français ici sur la base de Châteaudun (Eure-et-Loir). Du fait de son activité, la base aérienne de Châteaudun accueillait pratiquement tous les types d’aéronefs utilisés par l’Armée de l’air. / © Rob Schleiffert

La base aérienne de Châteaudun en Eure-et-Loir va fermer ses portes d’ici 2021, tel en a décidé le ministère des Armées. Une annonce qui a choqué une partie de la population sur place qui craint de voir la ville mourir. Les élus locaux, François Bonneau en-tête, se mobilisent. 

C’est acté, la base aérienne de Châteaudun fermera ses portes en 2021 ! 330 militaires et civils ont donc 3 ans pour quitter les 450 hectares qui gèrent le flux d’entrées et de sorties des avions retraités de l’armée de l’air. La raison ? Le maintien de la base coûte trop cher à l’Etat. 
La nouvelle a abasourdi une partie de la population. « Ça va précipiter la mort d’une ville que je vois mourir depuis 20 ans » dit une riveraine, « c’est grave pour Châteaudun, vous avez vu toutes ces boutiques fermées, c’est une catastrophe. Châteaudun vivait avec les militaires et aujourd’hui Châteaudun se meurt », dit une autre.  
Il n’y a pas que les Euréliens qui jugent comme une catastrophe la décision du ministère des Armées de fermer la base aérienne, les élus également. Sur Twitter, le président de la région, François Bonneau a fait part de son désarroi. 

Le @gouvernementFR décide de fermer la Base militaire de Châteaudun (28). #Catastrophe eco et sociale pour tout un bassin de vie! Je demande au Gouvt de lancer avec les acteurs eco et les collectivités un projet d’avenir ambitieux #Industrie #aeronautique #Energie #EureetLoir pic.twitter.com/JPVLf20zgY

— françois bonneau (@fbonneau) 22 juillet 2018

Dans un communiqué envoyé à la presse, François Bonneau écrit encore : 

Le Ministère des Armées a pris la décision de fermer la base militaire de Châteaudun. Les conséquences sociales et économiques d’une telle décision sont considérables pour les salariés, pour l’économie locale et l’avenir de tout un bassin de vie. Face aux menaces que cette décision fait porter sur le Dunois, il est indispensable que l’Etat mette en œuvre un véritable et puissant plan de revitalisation du site de défense.

 
100 millions d’euros pour sauver Châeaudun

François Bonneau juge « indispensable que l’État mette en œuvre un véritable et puissant plan de revitalisation du site de défense ». Et d’estimer qu’une « mobilisation majeure visant 100 millions d’euros est nécessaire ». Le président de Région  « demande au Premier ministre, Édouard Philippe, de réunir sans délai l’ensemble des acteurs économiques et des responsables des collectivités pour engager les chantiers ambitieux qui permettront au Dunois et à ses habitants de répondre par un grand projet d’avenir au départ de l’armée ».
« Toutes les pistes doivent être étudiées et mises en œuvre rapidement autour des activités aéronautiques dans le cadre du plan national pour l’aéronautique, de la production d’énergie, du développement industriel », termine François Bonneau.

Fabien Verdier, conseiller régional et  président de la Commission Aménagement du territoire et numérique, élu de Châteaudun a également réagit. « Nous pouvons regretter ce choix et que le choix historique de Châteaudun (à la place d’Orléans-Bricy) n’a pas été fait, il y a quelques années. Il s’agit d’une politique d’aménagement du territoire qui aurait dû et pu être mise en œuvre au profit du Dunois et du Sud de l’Eure-et-Loir. Nous devons avoir une pensée forte pour les 330 militaires et civils (270 militaires et 60 civils) qui œuvrent au quotidien sur la base de Châteaudun. Le meilleur accompagnement, à chacune et chacun d’entre eux, ainsi qu’à leur famille doit être proposé. J’y ai veillé et rappelé l’importance du GERSA (groupe d’entretien de réparation et de stockage des aéronefs) et des autres unités (DIRISI, ETRDC…) pour Châteaudun.» L’élu souhaite transformer la base en un petit aéroport pouvant drainer une clientèle d’affaires et privées. Et pourquoi pas créer une filière aéronautique industrielle. « L’atout est là, la piste est là, dit-il. L’armée m’expliquait il y a encore quelques jours que des gros porteurs de plus de 40 tonnes peuvent atterrir et décoller depuis Châteaudun. La piste est aux normes.» 

 

Vidéo : https://youtu.be/HO_67s9RG4w

 

La dissuasion nucléaire, socle de la défense française

La dissuasion nucléaire, socle de la défense française

 

La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit de consacrer un budget de 25 milliards d’euros à la dissuasion nucléaire, dont les deux composantes, océanique et aérienne, vont être modernisées.

La ministre des armées Florence Parly en visite sur la base aérienne 702 d'Avord, principale base aérienne de défense et de dissuasion nucléaire, le 22 février 2018.

La ministre des armées Florence Parly en visite sur la base aérienne 702 d’Avord, principale base aérienne de défense et de dissuasion nucléaire, le 22 février 2018. / PHOTOPQR/MAXPP

Le programme nucléaire militaire français a été lancé dans les années 1945-1960 par une génération de responsables politiques marqués par les deux guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945. L’arme nucléaire a été conçue et présentée comme un instrument de paix, préservant la sécurité et les « intérêts vitaux » de la France contre toute agression.

La dissuasion nucléaire est intimement liée à la position institutionnelle du président de la République qui a l’autorité du tir nucléaire. Cela explique que le sujet laisse peu de place au débat. « La dissuasion fait partie de notre histoire, de notre stratégie de défense, et elle le restera », a asséné Emmanuel Macron dans ses vœux aux armées, à Toulon, le 19 janvier 2018.

Renouvellement des deux composantes

« Dans le monde que nous connaissons, et qui sera demain, à n’en pas douter, encore nucléaire, je suis convaincu que la pertinence de notre modèle de dissuasion, basé sur la stricte suffisance, demeure. C’est lui qui nous permet de conserver notre autonomie stratégique et notre liberté d’action en toutes circonstances, dans un contexte international qui n’autorise aucune faiblesse », a rappelé le chef de l’État, fidèle à la doctrine stratégique française.

Certes le monde a changé, le mur de Berlin est tombé, mais de « nouvelles formes de guerre et de conflictualité » sont apparues : « prolifération biologique et chimique ; prolifération nucléaire, multipolarité nucléaire » avec « des risques accrus d’escalade », a notamment relevé la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale 2017.

Pour ces raisons, Emmanuel Macron a engagé des « travaux de renouvellement » des deux composantes nucléaires : « la force océanique qui, par la permanence à la mer, nous protège de toute surprise stratégique, et la composante aérienne qui, par sa démonstrativité, fait partie du dialogue de dissuasion ». Une modernisation nécessaire pour conserver la crédibilité de l’outil.

 

 

Un coût budgétaire entouré de secret

Le fait de disposer de deux composantes assure au président, chef des armées, d’avoir « en main une large gamme d’options possibles pour conduire le dialogue dissuasif », soulignait la ministre des armées Florence Parly lors des débats parlementaires sur la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. « Sur le plan technique, ajoutait-elle, le fait de disposer de deux composantes permet de se prémunir contre une rupture capacitaire ou technologique de l’une d’entre elles, et donc de garantir l’effectivité de la dissuasion à tout instant»

De fait, la LPM 2019-2025 adoptée par le Parlement le 28 juin prévoit un budget de 25 milliards d’euros pour cette période. « Cette enveloppe n’inclut pas les dépenses concernant des équipements à vocation duale, comme l’acquisition d’avions de chasse ou d’avions ravitailleurs, qui peuvent tout aussi bien servir à des fins conventionnelles qu’à des fins de dissuasion. Les crédits consacrés à la dissuasion resteront donc globalement constants et représenteront environ 12,5 % du budget de la défense jusqu’en 2025 », a expliqué la ministre durant la discussion à l’Assemblée nationale.

En réalité, le « coût de la bombe » reste flou. « Tout ce qui concerne l’arme nucléaire est entouré de secret : la conception, la mise en œuvre, le déploiement des systèmes (…) Ce secret va plus loin, puisqu’il affecte aussi les comptes publics », écrivent Paul Quilès, Jean-Marie Collin et Michel Drain dans L’illusion nucléaire (éditions Charles Léopold Mayer). Ils estiment que « la dissuasion coûtera bientôt plus de 6 milliards d’euros par an ».

Les armées peinent à atteindre leurs objectifs en matière de recrutement

Les armées peinent à atteindre leurs objectifs en matière de recrutement

En 2017, le ministère des Armées était autorisé à créer 2.433 postes [ou Équivalents temps plein travaillé, ETPT, ndlr] supplémentaires par rapport à l’année précédente. Cette décision, commes celles prises en 2015 et en 2016, devait permettre de prendre en considération leur intense activité opérationnelle.

Seulement, cet objectif en matière de recrutement n’a pas été atteint. « En 2017, l’augmentation des effectifs en réalisation aura donc été de 1.514 ETPT contre 2 433 prévus, soit 62 % seulement de l’objectif. La remontée amorcée en 2016 se trouve sensiblement atténuée en 2017 », note le député Olivier Gaillard, rapporteur spécial de la commission des Finances sur Budget opérationnel de la défense.

Comme le rappelle la Cour des comptes dans sa dernière note d’exécution budgétaire [NEB] relative à la mission Défense, le plafond d’emplois avait été fixé à 273.280 ETPT pour 2017. Et il n’a été couvert qu’à hauteur de 267.263 ETPT, ce qui fait un écart de 6.017. Ce déficit concerne essentiellement le personnel militaire, et en particulier les sous-officiers, en raison « de départs supérieurs aux prévisions auxquels s’additionnent de moindres recrutements. »

« Si la différence entre la prévision et l’exécution représente en 2017 2,2 % de l’effectif total prévu, la sous-exécution était déjà manifeste les années précédentes. Ce phénomène est certes lié, en partie, à l’ampleur des flux que le ministère doit gérer – une moyenne de 26.000 recrutements par an. Mais il tient aussi à des difficultés croissantes de recrutement et de fidélisation des personnels, alors que le marché du travail est très tendu pour certaines compétences techniques », relève ainsi M. Gaillard.

Justement, s’agissant de la fidélisation, le député Thomas Gassiloud, rapporteur pour avis sur les crédits de l’armée de Terre au sein de la commission de la Défense estime que les difficultés rencontrées « tiennent en partie au fait que les engagés, contrairement à leurs aînés, n’ont pas le temps du service militaire pour découvrir la réalité du métier de soldat et s’engager à titre professionnel en pleine connaissance de cause. »

En outre, a-t-il ajouté, « peut-être a-t-on un peu ‘survendu’ ce métier dans les campagnes de publicité pour le recrutement afin d’atteindre les ambitieux objectifs de recrutement fixés à partir de 2015. »

Cela est peut-être vrai pour les militaires du rang. Mais ça l’est moins pour les sous-officiers, dont ceux qui quittent l’uniforme sont aussi souvent les plus expérimentés. D’où, d’ailleurs, la politique de « réengagement » mise en place par l’armée de Terre, qui vise à permettre à des sous-officiers récemment rendus à la vie civile de « rempiler » sous certaines conditions.

Ce « sous-effectif » est regardé de près par Florence Parly, la ministre des Armées, car, a-t-elle expliqué lors d’une audition parlementaire, « il ne s’agirait pas qu’un certain nombre de fonctions particulièrement critiques pour notre ministère ne puissent être assurées. »

La retraite du combattant remise en cause par la Cour des comptes et la direction du Budget

La retraite du combattant remise en cause par la Cour des comptes et la direction du Budget

 

Créée en 1930, la retraite du combattant se veut être un témoignage de la reconnaissance de la Nation à l’égard des anciens combattants. D’un montant, actuellement, de 748,80 euros par an et cumulable avec une pension professionnelle, elle est versée à chaque titulaire de la carte du combattant, à partir de 65 ans (voire 60 ans dans certains cas particuliers). En outre, elle n’est ni imposable, ni saisissable.

Les militaires ayant pris part à une opération extérieure pendant au moins 4 mois y ont droit. Mais d’autres critères peuvent être pris en compte, comme « avoir participé personnellement à 5 actions de feu ou de combat » ou « avoir appartenu à une unité ayant connu 9 actions de feu ou de combat pendant son temps de présence » ou encore « avoir été évacué pour une blessure reçue ou une maladie contractée pendant le service dans une unité reconnue comme combattante ».

Mais, visiblement, ce dispositif n’est pas du goût de tous, certains y voyant une possible piste d’économies. L’an passé, les crédits destinés à la retraite du combattant ont atteint 741 millions d’euros, soit 3,7 millions d’euros de plus qu’en 2016, sa revalorisation ayant plus importante que la baisse du nombre de bénéficiaires.

Lors d’une réunion de la commission de la Défense relative à l’exécution des crédits de la mission « Anciens combattants, mémoire et lien avec la Nation », le député Philippe Michel-Kleisbauer a invité ses collègues à la vigilance sur ce point.

« Il apparaît que Bercy et la Cour des comptes remettent en cause les justifications historiques de la retraite du combattant, devenues obsolètes selon eux, au prétexte que les armées sont composées de professionnels, qui y acquièrent des droits à retraite, que la carte du combattant, dont l’obtention permet de bénéficier de la retraite du combattant, est attribuée dès 120 jours d’OPEX, sans qu’il soit nécessaire d’avoir participé à des combats, ou encore que les blessures psychiques sont prises en compte par les pensions militaires d’invalidité. En d’autres termes, l’on nous explique que d’autres dispositifs existent… », a en effet affirmé M. Michel-Kleisbauer.

Et ce qu’a dit le député figure noir sur blanc dans la note d’exécution budgétaire (NEB) [.pdf] de la Cour des comptes relative à l’exécution des crédits de la mission « Anciens combattants, mémoire et lien avec la Nation », publiée en mai dernier. Et la retraite du combattant n’est pas la seule concernée : la retraite mutualiste du combattant, qui est un autre dispositif mis en place au lendemain de la Première Guerre Mondiale, est aussi dans le collimateur.

« La Cour relève que les documents budgétaires ne permettent pas d’apprécier complètement la justification de fond de certaines des politiques mises en œuvre au profit des anciens combattants. Il s’agit plus particulièrement de la retraite du combattant, des rentes mutualistes et des dépenses fiscales associées », lit-on dans ce document.

Citant la direction du Budget [DB] de Bercy, cette note rappelle que « ces dispositifs ont été créés, dans les années qui ont suivies la fin de la Première Guerre mondiale et dans un contexte où les pensions n’étaient pas généralisées, pour indemniser ‘la fatigue’, ‘l’usure’, ‘la vieillesse prématurée et les blessures invisibles (psychiques, psychologiques)’ » avant d’estimer que, « aujourd’hui, ces justifications historiques sont devenues obsolètes»

Car, explique la note de la Cour des comptes, en se référant encore à la direction du Budget, les « armées sont composées de professionnels, qui y acquièrent des droits à retraite », que la « carte du combattant est attribuée dès 120 jours d’OPEX, sans qu’il soit nécessaire d’avoir participé à des combats » et que les « blessures psychiques sont prises en compte par les PMI » [pensions militaires d’invalidité].

Par ailleurs, toujours dans cette note, la Cour des comptes recommande d’examiner « les conditions de transfert des crédits des ‘pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre’, acquises à titre militaire, du programme 169 vers le programme 212 de la mission ‘Défense’, sur lequel sont déjà imputées les dépenses d’accidents du travail et de maladies professionnelles du personnel civil du ministère ».

Pour rappel, le programme 169 a pour intitulé « Reconnaissance et réparation en faveur du monde combattant ». Et ce que recommande les magistrats de la rue Cambon viendrait à assimiler une blessure reçue au combat à un « accident du travail »…

Quoi qu’il en soit, le député Michel-Kleisbauer a bien souligné que cette remise en question de la retraite du combattant « n’est pas un projet concret » à l’heure actuel mais relève de « quelques commentaires. » « Ne nous nous scandalisons pas encore. Il ressort de ces documents budgétaires l’existence d’une certaine redondance, les justifications de la retraite du combattant étant jugées, je l’ai dit ‘obsolètes’ », a-t-il ajouté.

Toutefois, « il nous faut monter la garde sur cette question de manière à ce que les parlementaires conservent la responsabilité de la décision politique. Si nous pouvons comprendre que l’administration cherche à rationaliser des dispositifs existants, nous nous devons de préserver la retraite du combattant », a affirmé le député du Var.

Et même s’il n’est absolument pas question pour la ministre des Armées, Florence Parly, et la secrétaire d’État, Geneviève Darrieussecq, de remettre en cause la retraite du combattant, M. Michel-Kleisbauer estime qu’il faut néanmoins rester « vigilant face à cette idée qui s’insère sournoisement dans certains documents administratifs. »

Le coût de la masse salariale de la Gendarmerie risque de déraper, prévient la Cour des comptes

Le coût de la masse salariale de la Gendarmerie risque de déraper, prévient la Cour des comptes

En 2013, la Cour des comptes fit le constat que le plan d’adaptation des grades aux responsabilités exercées (PAGRE) dans la gendarmerie, qui prévoyait de nombreuses mesures catégorielles ainsi que l’amélioraion des rémunérations indiciaires et indemnitaires, avait eu pour conséquence une hausse de la masse salariale continue depuis 2006 (178 millions d’euros par an, en moyenne), alors que, dans le même temps, les effectifs avaient été réduits de plus de 5.000 postes.

Trois ans plus tard, et afin de prendre en compte l’intense activité à laquelle étaient soumises la police et la gendarmerie, un protocole a été signé pour proposer aux policiers et au gendarmes de bénéficier de mesures indemnitaires et indiciaires supplémentaires ainsi que pour leur offrir de nouvelles perspectives de carrière. Et cela, en plus du protocole « parcours professionnels, des carrières et des rémunérations » [PPCR], qui concerne l’ensemble de la fonction publique.

S’agissant plus précisément de la gendarmerie (mais la logique est la même pour la police), il est ainsi question de procéder à des avancements massifs.

Ainsi, selon un référé de la Cour des comptes publié le 20 juin, « il est prévu de promouvoir au grade de maréchal des logis chef et au grade d’adjudant 8.200 gendarmes titulaires de la qualité d’agent de police judiciaire [APJ]. »

Pour les officiers, il est également prévu « l’augmentation des effectifs de généraux, qui devraient atteindre 2,1% du corps en 2021 contre 1,13 % en 2016 et 0,61 % en 2012. » La pente sera identique pour les colonels, dont la proportion passera à 8,6%, contre 6,6% en 2016 et 5,9% en 2012.

En outre, poursuit la Cour des comptes, « il a été décidé la transformation de l’échelon fonctionnel du grade de colonel en échelon spécial (ouvert à 20 % du grade), la création d’un 5ème échelon dans le grade de lieutenant-colonel et l’augmentation de 7 % à 10 % du grade du nombre de lieutenant-colonels éligibles à l’échelon exceptionnel. »

Pour les magistrats de la rue Cambon, ces mesures « vont provoquer d’importants à-coups dans les déroulement des carrières des policiers et des gendarmes » et « à l’accélération brutale des avancements de grade succèderont des blocages durables dans la partie sommitale des corps. » Qui plus est, si l’on y ajoute les mesures indemnitaires, comme la revalorisation de l’indemnité de sujétions spéciales de police ou de la prime d’OPJ, il est estimé que les dépenses de rémunération dans la police et la gendarmerie augmenteront déjà de 123,5 millions d’euros en 2018.

Par ailleurs, et outre ces mesures, il est également prévu d’augmenter les effectifs de la police (+7.500) et de la gendarmerie (+2.500) sur la période 2018-22.

« Au total, la conjugaison du plan de renforcement des effectifs et des mesures de revalorisation des rémunérations et d’avancements massifs résultant des protocoles de 2016 constitue un effort budgétaire très important pour la mission Sécurités. Selon l’administration, les dépenses de rémunération de la police et de la gendarmerie devraient ainsi augmenter de plus de 920 M€, soit de 9,5%, entre 2016 et 2022 », relève la Cour des comptes.

Et c’est sans compter sur les conséquences de la directeur européenne sur le temps de travail et la nécessaire modernisation des moyens mis en oeuvre par les policiers et les gendarmes pour assurer leurs missions au quotidien.

Aussi, comme de telles mesures précédemment prises se sont traduites par une hausse de la masse salariale alors que les effectifs étaient en déflation, la Cour des comptes s’attend naturellement à voir la même chose dans les années qui viennent, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Il n’y aurait rien à redire si ce n’est que la Loi de programmation des finances publiques du 22 janvier 2018, qui doit assurer la maîtrise de la dépense de l’État prévoit un plafond de 13,66 milliards d’euros de crédits en 2020 pour la mission « Sécurités », soit 550 millions de plus par rapport à la loi de finances pour 2017. D’où l’avertissement des magistrats.

« Dans ces conditions, la Cour s’interroge sur la capacité du ministère de l’intérieur à respecter la trajectoire financière de la mission Sécurités prévue par le Parlement, compte tenu par ailleurs des besoins exprimés en matière d’équipements et de matériels ainsi que de l’impact budgétaire éventuel des adaptations apportées à l’organisation du temps de travail au sein des deux forces [de police et de gendarmerie, ndlr] », lit-on dans le référé.

En outre, la Cour « observe enfin que les deux protocoles de 2016, qui vont se traduire par un accroissement important des effectifs dans les grades les plus élevés, ont été préparés et conclus sans véritable réflexion sur l’adéquation des grades aux responsabilités exercées en lien avec les besoins opérationnels des services. »

Dans sa réponse, le Premier ministre, Édouard Philippe, a toutefois assuré que les mesures du protocole signé en avril 2016 ont été « budgétées dans les plafonds votés dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP) 2018-2022. » Et d’ajouter que « cette denùère prend également en compte le renforcement des effectifs prévus dans le cadre du quinquennat. »

Par ailleurs, le chef du gouvernement a rappelé qu’un plan « ambitieux » de réformes « génératrices d’économies » a été prévu. L’une des mesures consiste « en l’approfondissement très significatif de la politique de substitution des personnels actifs par les personnels administratifs, techniques et scientifiques, à hauteur de 800 substitutions par an (500 pour la police et 300 pour la gendarmerie) de 2018 à 2022, soit 4 000 substitutions sur la période », écrit-il.

Une autre, ajoute M. Philippe, vise à rénover « des manières de travailler à l’échelon central, au moyen de la réduction des effectifs des cabinets des directeurs d’administration centrale et des états-majors, dont l’importance volumétrique avait cru ces dernières années. »

Quant à la gendarmerie, le Premier ministre estime que la mise en œuvre du protocole d’avril 2016 « offrira une carrière plus attractive aux officiers méritants, de manière progressive et raisonnée » et assure que la « préservation de la structure pyramidale du corps des officiers, hypothèse fondamentale sur laquelle repose les travaux préparatoires au protocole, sera respectée. » Enfin, explique-t-il encore, « le cadencement des avancements se combinera avec les remplacements des officiers partant en retraite, lesquels s’annoncent très importants de 2018 à 2022 (presque 300 ETP en 2020 et 273 ETP et 2021). »

Loi de Programmation Militaire : Les armées veulent la LPM, rien que la LPM, toute la LPM.

Loi de Programmation Militaire : Les armées veulent la LPM, rien que la LPM, toute la LPM

Libre Opinion de Michel Cabirol – ASAF – Posté le jeudi 21 juin 2018

https://www.asafrance.fr/item/loi-de-programmation-militaire-les-armees-veulent-la-lpm-rien-que-la-lpm-toute-la-lpm-libre-opinion-de.html

LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE : Les armées veulent la LPM, rien que la LPM, toute la LPM. LIBRE OPINION de Michel CABIROL.

« La France est désormais sur une trajectoire de remontée en puissance » (chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser).

La hausse des crédits budgétaires en faveur de la défense suffit pour le moment au bonheur des armées, qui ont organisé la remontée en puissance de l’outil militaire. Mais ils seront attentifs à l’exécution de la future loi de programmation militaire (LPM). La LPM sera l’un des thèmes du Paris Air Forum qui se tiendra le 21 juin au Toit de la Grande Arche de La Défense à Paris.

En plein dans le mille ! Les armées valident sans état d’âme la prochaine Loi de programmation militaire (LPM), qui couvre la période 2019-2025. Pragmatiques mais lucides, les états-majors se réjouissent d’une LPM de rattrapage après plusieurs années de vaches maigres et de renoncements. « Pour la première fois depuis de nombreuses années, je ne participe pas à la construction d’une loi de programmation militaire de déflation », avait d’ailleurs relevé en février dernier à l’Assemblée nationale le chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général André Lanata. L’argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue. C’est donc aussi le cas pour les militaires.

« Nous assistons à une inversion de tendance historique, s’était réjoui le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser lors de son audition à l’Assemblée nationale en février dernier. Et de préciser que la France est « désormais sur une trajectoire de remontée en puissance ». Cette LPM prévoit sur une période de sept ans des crédits budgétaires à hauteur de 295 milliards d’euros, couverts de manière ferme jusqu’en 2023 (198 milliards d’euros de crédits budgétaires). Ce qui portera l’effort de défense de la France à 1,91% du PIB en 2023, puis à 2% en 2025, contre 1,78% en 2017. « Cette LPM est bien née », avait pour sa part assuré à l’Assemblée nationale en février le chef d’état-major des armées, François Lecointre.

Une exécution à l’euro près ?

La LPM va être adoptée par le Parlement le 27 (Assemblée nationale) et 28 (Sénat) juin à l’issue de la commission mixte paritaire (CMP), dont la première réunion est programmée ce mardi. Mais le plus dur restera à faire : son exécution à l’euro près. Ce qui est loin, très loin d’être gagnée car il faudra que la LPM échappe aux sécateurs de Bercy. C’est donc à l’issue de cette guérilla budgétaire permanente que résidera la réussite ou non de cette LPM… comme d’ailleurs de tous les budgets votés par le Parlement. Le succès de la future LPM passe déjà par la bonne exécution du budget 2018, qui doit permettre de rentrer sans boulet budgétaire – reports de charges notamment -, dans la LPM dès 2019.

Et après ? « Que puis-je souhaiter pour la loi de finances pour 2019 ? Tout simplement, qu’elle soit conforme à la LPM : la LPM, rien que la LPM, toute la LPM ! », avait souligné l’amiral Christophe Prazuck aux députés en février. La ministre des Armées en a évidemment bien conscience après un exercice budgétaire 2017 compliqué. Cette LPM « s’inscrit pleinement dans le cadre tracé par la loi de programmation des finances publiques, qui prévoit 1,7 milliard d’euros supplémentaires par an pour la période 2019-2022″, avait-elle rappelé en février à l’Assemblée nationale pour rassurer les armées.

Cette LPM « donne une excellente visibilité à l’ensemble des acteurs de la communauté de défense et comme toute loi de programmation elle devra s’évaluer à l’aune des engagements qui seront confirmés loi de finance après loi de finance », avait expliqué début avril Florence Parly dans une interview accordée à La Tribune. Entre l’Hôtel de Brienne et Bercy, le match est lancé et durera jusqu’en 2025, entrecoupé d’une mi-temps en 2021 où un rendez-vous permettra de réactualiser la LPM après 2023 avec des données macroéconomiques plus fiables qu’aujourd’hui.

Résorber les ruptures capacitaire

Pour l’heure, les armées ont tracé des perspectives pour accompagner la remontée en puissance de l’outil militaire. Pour le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, cette LPM va en partie permettre « de parer les ruptures capacitaires » dans la Marine, dont certaines courent depuis 2010. Que ce soit au niveau des patrouilleurs dans les départements d’outre-mer, des pétroliers ravitailleurs ou encore des hélicoptères. « Il s’agit d’un grand motif de satisfaction », avait-il expliqué. Quant au général André Lanata, il avait estimé « atteignable l’objectif d’une recapitalisation de l’ensemble des savoir-faire critiques à l’horizon de 2023 » au sein de l’armée de l’Air (aviation de chasse, avion de transport et hélicoptères).

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, qui connait lui aussi des ruptures capacitaire (équipements de commandement), « le modèle économique retenu ne fait donc pas débat. Nos soldats méritent d’être mieux protégés et d’avoir des armes plus performantes pour remplir leurs missions ». « Nos soldats le méritent d’autant que les conflits dans lesquels ils sont engagés deviennent de plus en plus durs, à mesure que le nivellement technologique rend nos adversaires actuels et potentiels de plus en plus dangereux« , a confirmé en mai à l’Assemblée nationale le général Charles Beaudouin, sous-chef d’état-major chargé des plans et des programmes de l’état-major de l’armée de Terre.

Un modèle d’armée complet

La satisfaction des armées vient surtout du maintien d’un « modèle d’armée complet et équilibré » sur lequel « repose notre autonomie stratégique », comme l’avait rappelé le général François Lecointre. Ce modèle doit être « capable d’agir dans la durée sur l’ensemble du spectre des missions, dissuasion, protection, connaissance et anticipation, prévention et intervention, avait précisé quant à lui le chef d’état-major de l’armée de l’air. Cette ambition suppose une remontée en puissance franche, complétée par des coopérations internationales.
Elle se fixe 2030 comme horizon« .
Pour l’aviation de combat, le modèle d’aviation de combat repose « sur la pleine exploitation de la polyvalence du Rafale, qui permettra à terme de rejoindre le format cible de 185 avions de chasse », avait souligné le général André Lanata.

Selon le général Jean-Pierre Bosser, « nous aurons ainsi la capacité d’assurer, dans la durée, un socle fondamental de capacités de défense autour des cinq fonctions stratégiques ».

Le débat sur le nombre des théâtres d’opération extérieure (OPEX) sur lesquels les armées peuvent s’engager simultanément a été l’une des sources de conflits entre les armées et le gouvernement lors de la préparation de la LPM. Durant le quinquennat de François Hollande, la multiplication des OPEX a été à l’origine de la surchauffe des armées. Ce débat a été clos par le ministère des Armées. Ce sera trois au maximum (contre deux à trois dans le Livre blanc de 2013). Or l’armée française intervient déjà au Sahel (Barkhane), au Levant (Chammal) et au Liban (FINUL). Pour le chef d’état-major de l’armée de l’Air, « il convient aujourd’hui de restaurer la soutenabilité de nos engagements opérationnels tout en accélérant la modernisation de nos équipements ».

Mais il y a un principe de réalité : s’il faut aller se battre sur un nouveau théâtre d’opérations, les armées répondront bien sûr présentes.

 

Par Michel CABIROL  – La Tribune

Le Sénat adopte la loi de programmation militaire 2019-2025

Le Sénat adopte la loi de programmation militaire 2019-2025

https://www.challenges.fr/entreprise/defense/le-senat-adopte-la-loi-de-programmation-militaire-2019-2025_590449?xtor=RSS-18

Le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour 2019-2015 a été adopté mardi 29 mai par le Sénat. La loi promet 295 milliards d’euros pour les forces armées.

A 326 voix contre 15, le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour 2019-2025 a été adopté par le Sénat. 

A 326 voix contre 15, le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour 2019-2025 a été adopté par le Sénat. AFP – Gérard Julien

Le Sénat a adopté mardi 29 mai par 326 voix contre 15 le projet de loi de programmation militaire (LPM) pour 2019-2025, une manne promise de 295 milliards d’euros afin de combler un lourd déficit d’effectifs et d’équipements pour les forces armées. Le texte avait été voté à une large majorité le 27 mars en première lecture à l’Assemblée nationale par 389 voix contre 37.

Une commission mixte paritaire entre députés et sénateurs doit désormais se réunir pour trouver une version commune aux deux chambres, ouvrant la voie à l’adoption définitive de cette nouvelle LPM, très attendue par des armées en « surchauffe opérationnelle ». « Nous venons ensemble d’envoyer à nos armées un message clair : les privations sont finies, le renouveau commence« , s’est félicitée la ministre des Armées, Florence Parly. « Un accord en CMP est je crois à portée de main si vous, parlementaires, posez la seule question qui vaille, au-delà des egos ou bien des querelles partisanes : souhaite-t-on ou non donner aux armées tous les moyens dont elles ont cruellement besoin? », a-t-elle ajouté.

Les sénateurs ont étoffé le texte ou apporté des modifications lors du débat, excluant notamment du périmètre de la LPM le financement du Service national universel (SNU), dont les contours et le budget sont toujours à l’étude. Ils ont renforcé les moyens de contrôle de la délégation parlementaire au renseignement et souhaité que le gouvernement présente chaque année aux présidents des commissions de la Défense de l’Assemblée et du Sénat les enjeux et évolutions de la programmation budgétaire.

Un budget souffrant de « fragilités » ?

La LPM s’engage sur « un budget sincère« , dont 198 milliards de crédits garantis pour la période 2019-2023. Les opérations extérieures (Opex) et missions intérieures (Sentinelle et Vigipirate), systématiquement sous-budgétées dans les lois de finances, bénéficieront d’une « provision plus réaliste« . Fixée à 650 millions d’euros en 2018 contre 450 millions en 2014-2017, elle passera à 1,1 milliard en 2020.

De 32,4 milliards en 2017 (en euros courants et hors pensions), le budget global devrait atteindre 44 milliards en 2023, soit une hausse de trois milliards d’euros à cette date après une progression annuelle de 1,7 milliard, avec l’objectif d’un effort équivalent à 2% du PIB en 2025. La perspective reste toutefois en suspens pour 2024 et 2025, années pour lesquelles les ressources seront déterminées après révision de la LPM en 2021 en fonction des indicateurs macroéconomiques. « Ce texte redonne de la crédibilité au politique », a affirmé Bernard Cazeau, pour La République en Marche.

S’il concède que la LPM « va dans le bon sens », le président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat, Christian Cambon (Les Républicains), a estimé qu’elle souffrait « de fragilités ». « Plutôt que d’étaler cet effort de manière continue sur la période, (…) vous concentrez les deux tiers de la programmation sur le dernier tiers du calendrier après 2022″, a-t-il déploré. « De cette programmation trop étalée dans le temps résulteront sûrement de graves tensions sur nombre d’équipements anciens dont certains resteront en activité encore longtemps« , a-t-il ajouté, citant notamment les véhicules de l’avant blindé (VAB) et les hélicoptères Gazelle dont les militaires dénoncent l’obsolescence. 

 

Pourquoi le ministère des Armées investit dans la très prometteuse start-up Kalray

Pourquoi le ministère des Armées investit dans la très prometteuse start-up Kalray

Par Michel Cabirol – La tribune  https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/pourquoi-le-ministere-des-armees-investit-dans-la-tres-prometteuse-start-up-kalray-777261.html
Les processeurs de Kalray équiperont les missiles de MBDA et les drones des armées françaises
A travers son fonds d’investissement Definvest, le ministère des Armées est entré dans le capital de Kalray, leader européen des microprocesseurs de nouvelle génération pour systèmes embarqués critiques.

Pionnier des processeurs dédiés aux nouveaux systèmes intelligents, Kalray a annoncé mercredi l’entrée à son capital d’Alliance Ventures, le fonds de capital-risque de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, et de Definvest, le fonds géré par Bpifrance pour le compte du Ministère des Armées. Cette opération, qui a pris un peu de retard, s’élève à un total de 10 millions d’euros, incluant les actionnaires existants et les nouveaux investisseurs. Elle constitue la deuxième tranche d’une levée de 23,6 millions d’euros initiée en juin 2017 auprès de Safran Corporate Ventures, le fonds d’investissement asiatique Pengpai et de ses actionnaires historiques ACE Management, CEA Investissement, EUREKAP! et Inocap Gestion.

Les fonds levés vont permettre à Kalray d’engager le déploiement commercial du processeur existant et de finaliser le développement de la nouvelle génération, qui devrait être lancée en 2019. Cette start-up est également entrée dans sa phase d’industrialisation, qui lui demande des investissements massifs.

Pourquoi la défense investit dans Kalray

Soutenue depuis 2010 par la Direction générale de l’armement (DGA), Kalray « figure parmi ces start-ups et PME françaises innovantes qui développent des technologies de rupture à la fois très prometteuses et stratégiques pour notre pays« , a estimé le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, cité dans le communiqué commun de Kalray, ministère des Armées et Bpifrance. Dans l’entourage de la ministre des Armées, on confirme que Kalray a aujourd’hui un temps d’avance sur les technologies américaines et chinoises, notamment dans la miniaturisation des processeurs et la vitesse de calcul combinées à l’intelligence artificielle.

Ainsi, cette start-up, créée en 2008 par essaimage du CEA, a développé depuis presque dix ans une technologie de processeurs dont la puissance de calcul rapportée à l’énergie consommée est sans équivalent pour cette taille de composants. Pour quelles applications dans le domaine de la défense? Principalement pour les futurs systèmes embarqués critiques. A commencer dans les missiles – MBDA est d’ailleurs dans le capital de Kalray -, et plus précisément dans les autodirecteurs mais également sur les drones (traitement embarqué des images et calcul de la trajectoire).

Les processeurs dits intelligents permettent d’analyser à la volée et de manière intelligente des flux très importants d’informations, de réagir et de prendre des décisions en temps réel. Leur usage se démocratise dans des secteurs en forte croissance comme les réseaux informatiques de nouvelle génération, les véhicules autonomes, la santé ou encore les drones et robots. Kalray a choisi dans un premier temps de se focaliser sur deux marchés, les datacenters intelligents et les voitures intelligentes, qui représentent chacun un potentiel de plus d’un milliard d’euros.

Un ancrage en France

Lancé en novembre dernier et doté de 50 millions d’euros, abondés via le budget R&T du ministère des Armées (720 millions d’euros en moyenne par an), Definvest, qui a investi deux millions d’euros, signe donc sa première opération. « Le ministère des Armées se tient résolument aux côtés de l’innovation et de tous ceux qui osent, a expliqué la ministre des Armées Florence Parly, citée dans le communiqué. Ce premier investissement, c’est un signe fort pour tous les entrepreneurs, les chercheurs, les ingénieurs : la défense croit en vous, investit pour vous ».

L’entrée du fonds Definvest dans le capital de Kalray permet au ministère de bien ancrer cette start-up en France dans le cadre d’un pacte d’actionnaires. Et ce au moment où cette start-up nourrit des ambitions aux États-Unis et intéresse également la Chine, via le fonds d’investissement Pengpai. Pour Kalray, il faudra trouver un équilibre entre l’accès autonome du ministère à ses technologies et son développement à l’international

Comment les Armées ont-elles utilisé les 700 millions d’euros  » dégelés  » juste avant la clôture de l’exercice 2017 ?

Comment les Armées ont-elles utilisé les 700 millions d’euros « dégelés » juste avant la clôture de l’exercice 2017 ?

par Laurent Lagneau – Zone militaire – Le 18-04-2018  

http://www.opex360.com/2018/04/18/armees-ont-utilise-700-millions-deuros-degeles-cloture-de-lexercice-2017/

 

Essais de l’A400M à la PFOD de Gao (c) EMA

L’automne dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, se devait de gagner deux arbitrages pour boucler le budget 2017 de la mission « Défense ». Le premier était la prise en charge, par un financement interministériel, les 400 millions de surcoûts supplémentaires liés aux opérations extérieures et intérieures tandis que le second consistait à obtenir le déblocage de 700 millions d’euros de crédits gelés par Bercy en début d’exercice.

La ministre obtint gain de cause pour le premier arbitrage en novembre. « Le complément de financement dont nous avions besoin, de presque 400 millions d’euros, sera apporté par une contribution des autres ministères et donc le budget des armées n’aura pas à assurer ce complément », annonça en effet Mme Parly sur les ondes de RFI.

Cependant, le dégel des 700 millions d’euros de crédits fut plus long à obtenir. Tellement plus long que certains parlementaires firent part de leur impatience. Comme le sénateur Christian Cambon, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées.

« Qu’attend le gouvernement pour sortir ces 700 millions d’euros du congélateur? Qu’ils ne soient plus consommables? », s’était emporté M. Cambon.

Quant au chef d’état-major des armées (CEMA), le général François Lecointre, il avait souligné que « la consommation de ces crédits, le plus rapidement possible, était indispensable à la réalisation des équipements programmés et à une entrée réussie dans la nouvelle Loi de programmation militaire » 2019-2025.

Finalement, ces crédits furent débloqués le 26 décembre. Soit cinq jours avant la clôture de l’exercice 2017 et en pleine trêve des confiseurs.

Ce dégel tardif n’a pas empêché de « consommer » ces 700 millions d’euros avant la fin de l’année. « Ces crédits ont été utilisés en totalité sur les derniers jours de la gestion 2017″, a en effet précisé la ministre des Armées, en réponse à une question écrite adressée par le député (LR) François Cornut-Gentille.

Ces crédits, poursuit Mme Parly, ont été consommés « principalement au titre des budgets opérationnels ». Ainsi, 195 millions ont été alloués au programme « Avions de mission et de support », dont 159 millions au titre de l’A400M.

Puis 147 millions ont été « fléchés » vers « l’ensemble des programmes concourant à l’étude et à la réalisation des systèmes nécessaires à la conduite de la mission de dissuasion nucléaire assurée notamment par la force océanique stratégique de la marine nationale » [programme Cœlacanthe]. Ensuite, 126 millions ont abondé la ligne budgétaire « Espace et systèmes d’information opérationnels » (ESIO) et 76 millions ont financé le poste « Avions de chasse et équipements », dont 52 millions « pour des activités relatives au Rafale. » Le tout, donc, pour 544 millions d’euros au total.

Si l’on fait le compte, l’on sait donc comment 544 millions d’euros (sur 700) ont été « consommés ». Reste à savoir à quoi a servi la différence, de 156 millions.

 

 

Modèle d’armées 2030, et si nous nous étions trompés ? Second volet : Une loi à hauteur d’homme ?

Modèle d’armées 2030, et si nous nous étions trompés ? Second volet : Une loi à hauteur d’homme ?

Par Roland Pietrini – Athéna Défense – 08/04/2018

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Sans que les médias s’en emparent, la loi de programmation a été votée sans surprise par une large majorité de députés qui, pour la plupart,  se savent incompétents pour en juger,  ce qui est une caractéristique de notre système politique à large majorité. Ils  ont suivi les propositions faites par la ministre de la défense, qui, elle-même, a suivi celles de ses conseillers, sous la haute autorité d’un président Imperator.

J’en recommande la lecture (133 pages, tout de même) toute en tenant compte du fait que le projet de loi n’a pas pour vocation de se prononcer sur la  justesse des choix, mais d’inscrire dans ses préliminaires une stratégie pour la France.  La stratégie, comme chacun le sait,  est l’art de  faire la guerre intelligemment et la tactique celle de la perdre.  La loi  est donc censée  d’écrire « les objectifs de la politique de défense et la programmation financière qui lui est associée pour la période 2019-2025 ainsi que les conditions de leur contrôle par le Parlement » Or,  cette loi se projette plutôt à l’horizon 2030, ce qui pour le moins, consiste à  reporter à une douzaine d’année  un modèle d’Armées virtuel, en souhaitant que face aux menaces grandissantes et multidirectionnelles,  nos Armées possèderont  réellement les moyens de leurs actions. Dans l’attente, il faudra tenir.

Ce qu’il faut en retenir est que les crédits de paiement seront en augmentation constante de 35,9 milliards en 2019 à 44 milliards en 2023, sauf que « les crédits budgétaires pour 2024 et 2025 seront précisés à la suite d’arbitrages complémentaires dans le cadre des actualisations prévues à l’article 6, prenant en compte la situation macroéconomique à la date de l’actualisation ainsi que l’objectif de porter l’effort national de défense à 2 % du produit intérieur brut en 2025. »   Ce qui veut dire, si l’on devait en résumer la substantifique moelle, que ce qui est certain c’est l’incertitude d’une loi qui reporte à la fois l’effort à la fin du quinquennat et à condition que les conditions économiques le permettent. 

Ce qui change d’avec les précédentes lois, c’est qu’on annonce à l’avance que l’objectif est celui d’une volonté mais que la perspective de l’atteindre dépendra du futur. (Relisez deux fois ma phrase, elle est aussi incertaine que la loi qu’elle veut résumer)

Il en est ainsi pour les effectifs :  ceux-ci augmenteront de 2019 à 2023, mais de moitié, c’est à dire de 1500 et de 3000 en 2 ans en 2024 et 2025 (soit sous une autre législative). Ce qui fera passer les effectifs du ministère des armées de 271 936 équivalents temps plein en 2023 à 274 936 équivalents temps plein en 2025, c’est-à-dire de 6000 ! Ce qui dans l’art de présenter les choses est plutôt du charabia, à moins que ce ne soit un exemple parfait du comment on fait pour rendre les mathématiques accessibles à une élite.

C’est le rapport annexé qui est le plus intéressant, car les mots y sont pesés : « face à la dégradation du contexte géostratégique décrite dans la Revue stratégique, cette dernière préconise le maintien d’un modèle d’armée complet et équilibré, en mesure de renforcer des aptitudes clés : renseigner et commander, entrer en premier, combattre et protéger, soutenir et durer »

Si, en effet, il apparait que le renseignement et le commandement font l’objet d’efforts particuliers, dont personne ne peut d’ailleurs en mesurer l’efficacité, il est légitime de se poser la question de savoir si les moyens prévus sont suffisants pour les fonctions « d’entrer en premier », de « combattre et protéger » et surtout de « soutenir et de durer ». Car, les Armées, je cite la loi « devront être en mesure de le faire de manière soutenable dans la durée, c’est-à-dire en maintenant un niveau d’engagement conforme aux contrats opérationnels qui leur sont fixés, sans dégrader leur capital opérationnel à la fois en termes de ressources humaines et de matériels »,

Lorsque l’on connait l’état de nos moyens et le secret qui entoure nos réserves stratégiques, combien de chars en réserve, combien de pièces d’artillerie, quid de nos stocks de munitions ?  On ne peut que douter de nos capacités de résilience, nos Armées doivent être capables, et en même temps,  je cite : « d’assurer en permanence la défense et la protection du territoire national et de ses approches, (et)  tout en étant en mesure de se déployer en opérations extérieures pour défendre les intérêts nationaux et les ressortissants, assumer les accords de défense, les engagements et les responsabilités internationales de la France, notamment celles qui découlent de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies ».

Si on en demandait autant à la SNCF dans son domaine d’emploi, alors les conditions seraient réunies pour une grève perlée de longue durée…

Pour assumer cette exigence, l’Europe de la défense est de nouveau sortie du chapeau, une Europe de la défense qui serait ainsi la solution palliative de nos déficiences avec « une France (qui)  soutiendra le développement de coopérations opérationnelles pragmatiques et maîtrisées, qui permettront de dynamiser la relation avec nos partenaires les plus capables militairement et de renforcer notre interopérabilité dans l’ensemble des scénarios d’engagement de nos forces ».

Il faut simplement noter qu’à l’exception de la Belgique qui a opté pour le système Scorpion, aucun état européen n’a acheté le Rafale, mais lui a préféré soit l’Eurofighter, concurrent de celui-ci, soit le F16 puis le F35 américains. Que dire des Marines européennes dont les frégates ou équivalents destroyers sont toutes de modèles différents (à l’exception des Fremm franco-italienne, dont on connait la saga). Pire encore, la Grande-Bretagne a opté pour des porte-avions (dont l’un est sans équipage) de type stobar et non catobar, ce qui a été fait pour éliminer dès l’étape de la conception le Rafale Marine et de favoriser le  Lockheed Martin F-35 Lightning II. Sans parler de la Pologne et des ex-pays de l’est qui tous se sont tournés vers les Etats-Unis et l’Otan pour leur défense.

L’Europe de la défense est un leurre, chacun le sait, mais les politiques qui nous gouvernent font semblant d’y croire afin de cacher nos obsolescences et nos déficits capacitaires. Si l’Europe avait misé sur une coopération sincère et équilibrée, nous aurions aujourd’hui des moyens militaires suffisants pour assurer notre sécurité de manière indépendante, ce qui n’est pas le cas.

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