L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan fait le plein

L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan fait le plein

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 13 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


C’est aussi la rentrée à Coëtquidan pour les élèves des trois écoles de l’Académie (photo AMSCC). Une rentrée pour plus de 700 élèves. Voici le détail par école. 

L’école spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM):

201 élèves dont 169 sont issus du concours d’entrée à l’ESM, 29 officiers sur titre et 3 élèves qui suivent leur scolarité en Allemagne. S’ajoutent à ce groupe de 201: 20 élèves étrangers et 14 commissaires.

A noter que:
– 20 élèves sont externalisés dans d’autres établissements comme l’ESSEC
– 30 cadets étrangers sont à Coëtquidan pour des séjours de 2 à 6 mois
– 12 étudiants en double diplôme sont présents sans être considérés comme des Cyrards.

L’école militaire interarmes (EMIA):

115 élèves: 85 sur concours, 15 sur titre, 15 issus de la filière CTA (corps technique et administratif).
S’ajoutent 10 élèves étrangers.

L’école militaire des aspirants de Coëtquidan (EMAC):

207 élèves au total: 154 OSC-E (officiers sous contrat Encadrement), 37 élèves pilotes (ALAT), 6 du SEO (service de l’énergie opérationnelle) et (nouveauté) 10 élèves officiers internationaux.
Les OSC spécialistes (3 mois de formation initiale avant leur départ en unité) ne sont pas oubliés: en cette fin d’année, environ 150 seront formés (60 en octobre et 90 en décembre). Deux promos arriveront au début de 2024: une janvier et l’autre en mars.

La transformation de l’armée de Terre enclenchée mais à préciser, décliner et mettre en œuvre

La transformation de l’armée de Terre enclenchée mais à préciser, décliner et mettre en œuvre

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 11 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/09/09/la-transformation-de-l-armee-de-terre-enclanchee-24095.html


L’ordre à l’armée de Terre du 20 juillet, signé par le général d’armée Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre, constitue le point de départ de la fameuse transformation de l’armée de Terre.

Cette transformation, pilotée par commandement du combat futur (CCF, ex-CDEC); se fonde sur la modernisation des équipements, la refonte de l’organisation (simplification) et l’adaptation du fonctionnement (avec un nouveau style de commandement axé sur une plus grande autonomie des échelons tactiques et la subsidiarité).

Cette transformation a une finalité opérationnelle. En termes de tempo, voici les étapes de  l’ambition affichée:

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C’est sur la période 2024-2027 que la réussite de l’effort entrepris va être impératif. Cette réussite passe, entre autres mais inévitablement, sur « la préservation de l’attractivité et l’amélioration de la fidélisation ». En clair, il faut recruter et garder les militaires dont la formation va s’avérer plus exigeante et plus coûteuse. Dans ce domaine, on attend la directive de préservation des effectifs à paraître sous timbre EMAT ;

Plus précisément, comme l’a annoncé le CEMA (c’est moi qui souligne), « les principaux mouvements du C2 devront débuter :
• dès le plan annuel de mutation 2024 imposant de facto une description précise dans les travaux REO A+1 qui seront finalisés début octobre 2023 ;
sur la deuxième partie de LPM pour la manœuvre de stationnement associée dont le tempo impose de disposer d’expressions de besoins consolidées, en lien avec les organismes interarmées et ministériels, pour le comité exécutif ministériel infrastructure de décembre 2023.« 

C’est donc sur le C2 (commandement et contrôle) que va porter l’effort initial, avec des mouvements liés à la transformation.  L’armée de Terre assure que « la transformation modifiera marginalement le plan de stationnement de l’armée de Terre, sans abandon de garnisons, et en s’appuyant majoritairement sur les infrastructures existantes ». 

Par exemple, dans l’ouest, les mouvements (créations et changements de subordination) suivants sont attendus:
1) le ComCyber de Cesson-Sévigné (35) changera de nom avant le 1er août 2024 pour devenir le CTNC (commandement Terre du numérique et du cyber)
– sera créé, à Cesson-Sévigné et aussi le 1er août 2024, le BANC ( brigade d’appui numérique et cyber
– un bataillon cyber sera stationné à Cesson-Sévigné (date de création à préciser) 
– la 808e compagnie de transmissions sera créée en 2025 à Saint-Jacques de la Lande (35) pour être opérationnelle en 2028. Cette unité occupera les locaux de la 807e CT et ceux de la 785e CGE qui quittera la région rennaise pour Strasbourg au plus tôt à compter de 2027.
Dans ce domaine, on attend la feuille de route « ambition Cyber » à paraître sous timbre EMAT ;

2) A Angers va s’installer l’état-major de la future brigade du génie dont la création est prévue le 1er août 2024 autour d’un noyau clef. Voir mon post du 25 juillet. 
Cette unité va intégrer le 132e RIC et le 19e RG de la 1re division, le 31e RG et le 2e RD de la 3e division, le 25e RGA et le 28e GG du COMRENS.

3) Le 5e RIAOM de Djibouti rejoindra la 9e BIMa en janvier 2024.

Pour l’armée de Terre, s’entraîner avec des drones « ne doit pas être plus compliqué qu’une séance de tir »

Pour l’armée de Terre, s’entraîner avec des drones « ne doit pas être plus compliqué qu’une séance de tir »

https://www.opex360.com/2023/09/03/pour-larmee-de-terre-sentrainer-avec-des-drones-ne-doit-pas-etre-plus-complique-quune-seance-de-tir/


Et ils participent à la « transparence du champ de bataille » qui, associée à « l’hyper-destructivité assurée par la quantité disponible, la précision et la létalité des armements de tout type » que possèdent les forces ukrainiennes et russes, expliquerait en partie le « blocage tactique » que l’on observe en Ukraine depuis plusieurs mois. En tout cas, telle est l’appréciation de la situation que le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], a livrée via Linkedin.

« L’association de ces deux effets, schématiquement d’une détection simplifiée et d’une destruction facilitée, génère des pertes élevées au moindre mouvement, incitant les belligérants à privilégier la défensive », a expliqué le CEMAT. Aussi, a-t-il continué, « pour les limiter, les combattants recherchent une protection accrue via la dispersion tactique et le recours aux fortifications de campagne ». Ce qui fait que les « gains territoriaux sont rares » et que la « progression tactique est très lente ».

Quelques semaines plus tôt, le général Schill avait estimé que « si l’hélicoptère et le drone ne sont pas l’alpha et l’oméga du combat aéroterrestre », faire l’impasse sur de telles capacités serait « rédhibitoire ». Et que, par conséquent, une « armée de Terre de premier rang » se devait d’être « à la pointe de leur développement et de leur intégration dans la manœuvre ».

Seulement, l’armée de Terre a encore du chemin à faire pour s’approprier pleinement les capacités offertes par les drones, même si elle en comptera environ 4000 à l’horizon 2025 [SDT Patroller, SMDR, Anafi, NX-70, Black Hornet 3, etc.]. En effet, le retour d’expérience du récent exercice interarmées Orion, a révélé « d’importantes disparités d’utilisation » de ces appareils « entre les régiments ».

C’est en effet le constat que le général Schill a fait dans une lettre adressée en juillet aux commandeurs de l’armée de Terre pour y détailler ses priorités pour le second semestre 2023. Aussi leur demande-t-il d’accentuer la préparation opérationnelle en matière d’utilisation des drones. « Le virage de leur emploi régulier par nos unités, en exercice comme en mission, doit être pris sans délai au risque d’un retard qu’il deviendra difficile de combler », écrit-il.

Seulement, la réglementation en matière de sécurité aérienne ne facilite pas forcément les choses.

« Les aspects de la procédure ou de formation sont parfois contraignants mais ne peuvent constituer des obstacles rédhibitoires », estime le CEMAT, qui dit avoir « rappelé l’impératif de lever les freins inutiles dès lors qu’il ne sont pas directement liés à la sécurité », lors d’assises dédiées à cette question, le 5 juin dernier.

« Faire voler des drones ne doit pas être plus compliqué qu’une sortie terrain ou une séance de tir » et les « drones doivent voler dans les unités en 2023 », a conclu le général Schill.

Photo : Novadem

Pourquoi y a-t-il encore des militaires français en Irak ?

Pourquoi y a-t-il encore des militaires français en Irak ?


Un militaire français de l'opération Chammal, en 2019.

Un militaire français de l’opération Chammal, en 2019. DAPHNE BENOIT / AFP

 

Lancée en septembre 2014, l’opération Chammal rassemble près de 600 militaires français en Irak et en Syrie voisine. Ces soldats y mènent toujours des actions d’appui et de formation aux forces locales.

Deux jours après la mort du sergent Baptiste Gauchot, un deuxième militaire français a perdu la vie en Irak, dimanche 20 août. L’adjudant Nicolas Latourte est décédé lors d’un «exercice opérationnel», a indiqué l’Élysée, le ministre des Armées Sébastien Lecornu précisant qu’il «participait à une mission de formation de l’armée irakienne». Le sergent Gauchot est, lui, mort le vendredi 18 août, après un «accident de la circulation». Il était également engagé dans cette mission de formation de l’armée irakienne.

La présence de soldats français en Irak et en Syrie est moins médiatisée ces dernières années, éclipsée par d’autres opérations d’envergure, comme Barkhane au Sahel. L’opération Chammal a pourtant été lancée quasiment en même temps que cette dernière, le 19 septembre 2014. Elle représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR), rassemblant 80 pays et cinq organisations internationales. Son but premier : apporter un soutien militaire aux forces irakiennes engagées dans la lutte contre Daech.

Des actions d’appui

Aujourd’hui, la perte d’influence de l’État islamique sur ces territoires a limité l’action de la coalition. Plus aucune opération au sol n’est par exemple menée depuis janvier 2022. Mais quelque 600 militaires français y sont encore déployés. Car si Daech n’a plus d’emprise territoriale en Irak et en Syrie, la menace terroriste y demeure élevée. Le soutien de la coalition se concentre donc surtout sur la montée en compétences des forces irakiennes, afin d’établir les conditions d’une paix durable.

Dans cet objectif, la France et ses militaires œuvrent selon deux piliers complémentaires : l’appui et le conseil. Pour le premier, outre les 600 militaires déployés, la coalition peut compter sur 10 Rafale*, positionnés sur des bases aériennes au Levant et aux Émirats arabes unis. Ces chasseurs appuient directement les troupes au sol, mènent des missions de renseignement, de reconnaissance, et ponctuellement des frappes en cas d’urgence. Ils manœuvrent souvent en interopérabilité avec des F-16 jordaniens ou irakiens et des F-15 américains.

                                               Les effectifs de l’opération Chammal. Ministère des Armées

 

Un volet maritime de l’opération Chammal est également assuré par la présence quasi continue d’une frégate en Méditerranée orientale ou dans le golfe Arabo-Persique. L’action de ces chasseurs français est complétée par celle d’aéronefs qui réalisent des missions de ravitaillement et de commandement aéroporté. Depuis 2014, l’opération Chammal a ainsi donné lieu à quelque 12.700 sorties aériennes et plus de 1570 frappes qui ont détruit 2400 objectifs, selon les chiffres du ministère des Armées.

Formation et déminage

la coalition s’illustre également par une mission de conseil et d’accompagnement du commandement irakien des opérations dans sa mission de stabilisation de la région. Cette collaboration a permis aux unités irakiennes d’étoffer leurs compétences tactiques et de développer leur autonomie opérationnelle, se targue le ministère.

La France joue ici un rôle important : depuis 2020, c’est le Military Advisory Group (MAG), une entité interarmées, qui se charge de la politique de conseil au profit des états-majors irakiens. La MAG dirige le Joint Operations Advisory Team (Jocat), à la tête duquel se trouve un colonel français, et qui comprend également quatre autres officiers français, spécialisés dans les domaines des feux dans la profondeur, des opérations terrestres et des opérations aériennes.

Très concrètement, le rôle des militaires français en Irak se cantonne aujourd’hui à assurer la formation des troupes irakiennes. Le sergent Baptiste Gauchot officiait d’ailleurs auprès d’elles «dans les domaines du combat d’infanterie et du secourisme au combat», indique le ministère des Armées. Les soldats tricolores mènent aussi régulièrement des actions de déminage. L’adjudant Nicolas Latourte a ainsi été «mortellement blessé en marge d’un exercice d’entraînement au combat en zone urbaine», alors qu’il formait des soldats irakiens à la lutte contre les engins explosifs improvisés.

*le Rafale est une production du groupe Dassault, propriétaire du Figaro.

Un sous-officier du 6e Régiment du Génie mortellement blessé en marge d’un entraînement au combat en Irak

Un sous-officier du 6e Régiment du Génie mortellement blessé en marge d’un entraînement au combat en Irak

https://www.opex360.com/2023/08/21/un-sous-officier-du-6e-regiment-du-genie-mortellement-blesse-en-marge-dun-entrainement-au-combat-en-irak/


 

Issu du 6e Régiment du Génie et déployé au sein de l’opération Chammal depuis mai 2023, ce sous-officier a été mortellement blessé alors qu’il « participait à une mission de formation de l’armée irakienne pour, inlassablement, lutter contre le terrorisme », a indiqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, via X/Twitter.

De son côté, l’État-major des Armées [EMA] a précisé que l’adjudant Latourte a été « mortellement blessé en marge d’un exercice d’entraînement au combat en zone urbaine », au cours de la soirée du 20 août. « Il a été pris en charge immédiatement et transféré par hélicoptère vers un hôpital d’Erbil où l’équipe médicale a constaté son décès », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

L’adjudant Latourte « contribuait à la formation de nos partenaires irakiens dans le domaine de la lutte contre les engins explosifs improvisés », a souligné l’EMA.

« En Irak, ils défendaient nos idéaux. Quelques jours après le sergent Baptiste Gauchot, l’adjudant Nicolas Latourte a perdu la vie dans l’accomplissement de sa mission. La Nation s’associe à la peine immense de leurs familles et frères d’armes des 19e et 6e régiments du génie », a réagi le président Macron.

Pour rappel, dans le cadre de l’opération Inherent Resolve [OIR], dirigée contre les groupes jihadistes par les États-Unis, et si elle continue à fournir un appui aérien aux forces locales, la force Chammal a également la mission de former et d’entraîner les troupes irakiennes.

Ce volet « conseil » va d’ailleur prendre de l’ampleur dans les mois à venir, avec la mise en place d’un « cycle de formation unique » qui, grâce à un détachement de 80 instructeurs français, devra permettre de former l’équivalent de cinq bataillons [soit 2100 soldats irakiens].

Des Alphajet pour former des pilotes de chasse ukrainiens?

Des Alphajet pour former des pilotes de chasse ukrainiens?

https://www.opex360.com/2023/08/20/des-alphajet-pour-former-des-pilotes-de-chasse-ukrainiens/


 

D’abord, et comme l’avaient fait avant lui Frank Kendall, le secrétaire à l’US Air Force, et le général Mark Milley, le chef d’état-major des forces américaines, il a estimé que les F-16 ne constitueront pas une « solution miracle » devant permettre aux forces ukrainiennes de prendre le dessus sur leurs homologues russes. En revanche, ils faciliteront l’usage de munitions occidentales qui lui ont été fournies, comme par exemple le missile anti-radar AGM-88 HARM ou encore le missile air-air AIM-120 AMRAAM

Quoi qu’il en soit, pour le général Hecker, « maîtriser le F-16 ne se fait pas du jour au lendemain ». Ainsi, « on peut devenir compétent sur certains systèmes d’armes assez rapidement, mais avec ceux comme le F-16, il faut plus de temps. Et aligner quelques escadrons de F-16 avec un état de préparation suffisamment élevé peut prendre quatre ou cinq ans », a-t-il expliqué.

Et pour cause : un pilote de chasse ukrainien, même expérimenté, devra se familiariser avec un système d’armes radicalement différent de ceux dont il a habitude, puisque hérités de la période soviétique. Outre l’obstacle linguistique, il doit s’approprier de nouvelles tactiques en rapport avec les armements qu’il aura à mettre en œuvre et les performances propres au F-16 [ou à un autre avion de facture occidentale]. Et les choses ne sont pas plus simples quand il s’agit de former un « aspirant » pilote.

Or, la force aérienne ukrainienne ne peut pas se permettre de se séparer de ses pilotes les plus chevronnés pour les envoyer se former sur F-16.

« Le groupe de pilotes qui suivent une formation sur F-16 est très jeune et il aura besoin d’acquérir de l’expérience pour maîtriser l’avion », a affirmé le général Hecker.

Sur les 32 pilotes ukrainiens appelés à prendre les commandes d’un F-16, seulement 8 ont une maîtrise suffisante de la langue anglaise pour entamer leur formation. Quant aux autres, ils « suivent une formation linguistique au Royaume-Uni », a dit le général Hecker, confirmant ainsi les informations du Washington Post et de Politico.

Selon l’officier américain, ces pilotes ukrainiens doivent ensuite s’entraîner sur des avions à hélice, sachant que la Royal Air Force dispose de Tutor Mk1 [Grob G-115], de Prefect Mk1 [Grob G-120TP] et de T-6 Texan II. Puis, a-t-il continué, ils se rendront « en France pour voler un peu sur Alphajet ». Ce qui a de quoi surprendre.

En effet, l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] n’utilise plus d’Alphajet pour la formation depuis le 16 mars, date à laquelle six élèves pilotes ont reçu leur macaron, après avoir suivi un cursus complet au sein de l’escadron de chasse 3/8 « Côte d’Or », dont la mission principale est de tenir le rôle de « force adverse » pour la préparation opérationnelle.

« En recevant les brevets de pilote de chasse, la promotion composée de six officiers […] a ‘clôturé’ 59 années de formation de la filière chasse sur la base aérienne 120 Cazaux. Elle fut la dernière à recevoir ses ailes sur Alphajet, ainsi que la seule à avoir été formée entièrement au sein de l’escadron de chasse 3/8 ‘Côte d’Or’ à qui la mission de formation avait été attribuée temporairement. La formation sur Alphajet est donc désormais révolue », avait en effet résumé l’AAE, à l’époque.

Ces pilotes ukrainiens iront donc sans doute à Cazaux, au sein du 3/8 « Côte d’Or ». À moins qu’il ne soit fait appel à une Entreprise de services de sécurité et de défense [ESSD], certaines ayant racheté des Alphajet sur le marché de l’occasion, comme la canadienne Top Aces.

Reste que, en février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait dit ne pas exclure la possibilité de former des pilotes ukrainiens en France. Et, un mois plus tard, le quotidien Le Figaro avait révélé qu’au moins trente aviateurs venus d’Ukraine suivaient une formation « accélérée » à Mont-de-Marsan et à Nancy pour apprendre à piloter des… Mirage 2000. « La France veut se garder toutes latitudes. Si un jour la décision politique est prise, il faudra que les pilotes soient formés », avait confié une source au fait du dossier.

Photo : armée de l’Air & de l’Espace

Décès accidentel d’un militaire français en Irak

Décès accidentel d’un militaire français en Irak

 

https://www.opex360.com/2023/08/19/deces-accidentel-dun-militaire-francais-en-irak/


Malheureusement, et malgré une prise en charge par les secours, le sergent Baptiste Gauchot, du 19e Régiment de Génie, a succombé à ses blessures alors qu’il était opéré en urgence à l’hôpital d’Erbil. Quand au second militaire qui se trouvait dans le même véhicule, il a été transféré dans un état grave vers un hôpital militaire à Bagdad.

« Le sergent Baptiste Gauchot était déployé en opération extérieure depuis le 21 mai 2023 au sein de l’opération Chammal et contribuait à la formation de nos partenaires irakiens dans les domaines de combat d’infanterie et du secourisme au combat », précise l’État-major des armées, via un communiqué.

Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées, « s’incline avec une profonde tristesse devant la mémoire de ce militaire mort en opération dans l’accomplissement de sa mission. Ses pensées accompagnent sa famille, ses frères d’armes, ainsi que tous ses proches », poursuit le texte.

Ayant appris « avec une vive émotion le décès en Irak dans un accident de la circulation du sergent Baptiste Gauchot », le président Macron a dit s’associer à « la douleur de sa famille et de ses proches ». Puis il a réaffirmé son « soutien au peuple et aux autorités irakiennes et la détermination de la France à continuer d’œuvrer à leurs côtés pour l’instruction de leurs forces de sécurité qui luttent contre le terrorisme ».

Pour rappel, la force Chammal a déjà été endeuillée avec le décès accidentel du caporal-chef Bogusz Pochylski, du 2e Régiment Étranger d’Infanterie [REI], lors d’une séance d’entraînement menée au profit des forces de sécurité irakienne, en mars 2018. Et, en septembre 2017, l’adjudant-chef Stéphane Grenier, de la « Task Force » Hydra, avait été mortellement touché lors d’un accrochage avec l’État islamique [EI ou Daesh] en Syrie.

La France veut faire former des soldats ukrainiens par des privés

La France veut faire former des soldats ukrainiens par des privés

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 14 août 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Voici un article paru sur ouest-france.fr ce week-end. Il revient sur le sujet de mon post de vendredi soir qui traitait de l’externalisation d’une partie de la formation dispensée par la France au profit des forces ukrainiennes. 

 

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En matière d’externalisation, les responsables de la Défense française ont tendance à adopter la posture des trois singes de la fable qui ne veulent ni dire, ni voir, ni entendre ce qu’ils savent exister. Mais quand la dure réalité des sous-capacités s’impose, il faut bien admettre que le recours au secteur privé et aux entreprises de services de sécurité et de défense est incontournable.

C’est exactement ce qui va se passer dans le cadre de l’effort français au profit des forces armées ukrainiennes dont les militaires sont formés et entraînés par plusieurs pays occidentaux. Dont la France (photos AFP).

Un effort qui dure

La France participe à cet effort depuis les premiers mois de la guerre.

D’abord, en 2022, sur les 15 000 soldats ukrainiens formés par l’UE dans le cadre de l’opération PSDC EUMAM3 (European military assistance mission), la France en a formé 2 000 en métropole. Dont par exemple, dès avril 2022, des artilleurs allant servir les canons Caesar fournis par Paris. D’autres formations ont été dispensées : reconnaissance blindée (AMX 10 RC), combat en zone urbaine niveau compagnie, défense sol-air, sauvetage au combat, formation tactique niveau chef de section (30 hommes) et commandant de compagnie (150 hommes)… 

Ensuite, Paris a décidé de former des Ukrainiens en Pologne où les camps et terrains de manœuvres hérités de la Guerre froide ne manquent pas. « 150 à 200 formateurs français », selon l’État-Major des Armées (EMA), ont commencé à y former depuis avril 2023 des soldats ukrainiens. Après les formations spécifiques (artillerie, reconnaissance, sauvetage au combat) dispensées en France l’année précédente, les Ukrainiens sont, cette fois, formés au combat interarmes. Chaque mois environ, un bataillon de 500 soldats ukrainiens passe entre les mains des formateurs français, avant de rejoindre les nouvelles brigades de combat que Kiev engage sans tarder dans ses opérations offensives. 

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Un effort renforcé

Mais Paris entend faire mieux en multipliant le nombre de soldats ukrainiens qui bénéficient des formations françaises.

Or, le nombre d’instructeurs disponibles au sein de l’institution militaire française est jugé insuffisant par l’EMA. Le ministère des Armées a donc décidé d’externaliser une partie de la formation des militaires ukrainiens que la France entraîne depuis plusieurs mois.

Un appel d’offres qui sera clos le 15 septembre prochain a ainsi été publié le vendredi 11 août pour préciser les objectifs de cette externalisation portant sur l’appui à la formation des forces armées ukrainiennes.

Actuellement, selon le ministère des Armées, un bataillon ukrainien est formé chaque mois ; ce nombre devrait augmenter sensiblement, ce qui oblige à mobiliser plus de formateurs/instructeurs et plus d’interprètes que ce que les armées françaises peuvent mettre à disposition.

En complément des formations déjà réalisées en régie, la France souhaite donc faire réaliser par un prestataire extérieur (une ESSD, pour « entreprise de services de sécurité et de défense ») trois types de formation qui seront dispensés en France, en Pologne et/ou en Roumanie.

Il s’agit d’abord de la formation technique à la mise en œuvre des systèmes d’armes (on pense aux blindés AMX-10 RC et à certains systèmes sol-air), ensuite de la formation des postes de commandement tactiques des unités de mêlée de l’infanterie et de la cavalerie (pendant 3 à 4 semaines, avec des personnels civils anciennement diplômés d’état-major) et enfin de l’appui aux formations collectives des unités ukrainiens via des interprètes, l’objectif étant d’avoir un interprète pour dix soldats ukrainiens en formation.

 

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Ces formations seront dispensées par des personnels civils recrutés par le prestataire retenu ou par ses sous-traitants.

Le ministère des Armées prévoit de conclure un accord-cadre pour une durée d’environ 15 mois, soit jusqu’au 31 décembre 2024. Il pourra être reconduit deux fois pour une durée d’un an.

Le coût maximal de l’opération est estimé à 39 M€ (reconductions comprises).

Le petit monde des ESSD françaises

L’appel d’offres ne stipule pas que « l’opérateur économique » retenu soit français. Il pourrait être européen, voire américain. L’appel d’offres stipule en revanche que les prestations ne peuvent pas être fournies en dehors de l’UE.

Toutefois plusieurs opérateurs tricolores devraient répondre à cet appel d’offres.

Parmi eux : DCI, « l’opérateur du ministère des Armées » comme se présente Défense Conseil International dirigé par Samuel Fringant. DCI ne cache pas ses ambitions dans le domaine critique de l’Enseignement Militaire Supérieur. Le 4 mai dernier, DCI est monté, à hauteur de 60 %, au capital d’IFESO (Institut Français d’Enseignement Stratégique et Opératif) spécialisée dans les domaines de l’Enseignement Militaire Supérieur, la planification et la conduite des opérations militaires.

DCI est actuellement l’objet de convoitises. En effet, l’ADIT (dont le fonds canadien Sagard est actionnaire de référence) souhaiterait prendre le contrôle de DCI. L’opération, soutenue par l’État français, vise à créer un géant tricolore du soft power, avec un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros.

Parmi les autres acteurs français figure la société Themiis spécialisée dans la formation des cadres militaires de haut niveau. Themiis, dirigé par Camille Roux et le général Gilles Rouby, pourrait s’allier à d’autres opérateurs qui se chargeraient des formations techniques et de l’interprétariat, pour se concentrer sur la formation des cadres des états-majors.

Le ministère des Armées est en quête d’un « avion de transport école du futur » pour remplacer l’EMB-121 Xingu

Le ministère des Armées est en quête d’un « avion de transport école du futur » pour remplacer l’EMB-121 Xingu

https://www.opex360.com/2023/06/11/le-ministere-des-armees-est-en-quete-dun-avion-de-transport-ecole-du-futur-pour-remplacer-lemb-121-xingu/


 

Pour le moment, la formation des pilotes de transport de l’AAE [ainsi que celle des pilotes d’avion de patrouille et de surveillance maritime de la Marine nationale] n’a pas encore connu de réforme de la même ampleur.

Pour les « aviateurs », celle-ci débute par une phase théorique et pratique dispensée par l’Escadron d’instruction au sol du personnel navigant [EISPN] et l’Escadron d’instruction en vol [EIV] 3/5 Comtat Venaissin du Centre de formation aéronautique militaire initiale [CFAMI] de la base aérienne 701 de Salon-de-Provence.

L’étape suivante se déroule à Cognac, sur avion école Grob 120, pendant un peu plus de quatre mois. C’est à l’issue de cette phase que, en fonction de ses aptitudes, l’élève pilote sera orienté vers la « chasse » ou le « transport ». Dans le premier cas, il poursuivra sa formation à Cognac. Dans le second, il rejoindra la base aérienne 702 de Bourges-Avord, où est implantée l’École de l’aviation de transport [EAT].

D’une durée d’environ quatorze mois, la formation à l’EAT prépare les futurs pilotes de transport à des examens communs avec l’aviation civile, dont la Licence pilote commercial [CPL – Commercial Pilot License] et la qualification de vol aux instruments [IR – Instruments Rating]. En fonction de leurs résultats et de leurs désidératas, ils connaîtront alors le type d’aéronef qu’ils auront entre les mains pour la suite de leur carrière [avion ravitailleur, E-3F Awacs, avion léger de surveillance et de renseignement, A400M, C-130, etc.] et entameront une phase dite de « différenciation ».

L’instruction des futurs pilotes de transport de l’AAE [et de l’Aéronautique navale] repose sur l’avion EMB-121 Xingu, en service depuis maintenant plus de 40 ans. Ces appareils avaient été acquis à l’époque à la suite d’une commande de Mirage IIIE passée par le Brésil.

Pouvant emporter jusqu’à six passagers et disposant d’une endurance d’environ cinq heures, l’Embraer EMB-121 Xingu, et au-delà de son ancienneté, n’est désormais pas le mieux adapté pour former de jeunes pilotes aux avions de transport modernes, comme l’A400M et le C-130J Hercules. Aussi, la question du remplacement, à l’horizon 2027, des 32 exemplaires encore en service [22 au sein de l’AAE et 10 sont utilisés par la Marine nationale] se pose, même si elle n’est pas évoquée par le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.

« Si, aujourd’hui, le Xingu est le visage même de la formation à l’aviation de transport, les réflexions quant à son remplacement sont déjà lancées. En effet, dans la continuité des programmes FOMEDEC et MENTOR relatifs à l’emploi du Pilatus PC-21 au sein de l’École de l’aviation de chasse, un projet d’avion de transport école du futur [ATEF] se dessine progressivement pour les années à venir », explique le dernier numéro d’Air Actualités.

Et d’ajouter : « L’opération ATEF visera notamment à améliorer la qualité de la formation des pilotes de transport, en répondant aux exigences inhérentes aux avions modernes. Cette nouvelle flotte devra représenter les aéronefs actuels, à l’image de l’A400M Atlas ou encore de l’A330 MRTT Phénix. Aussi, dans une logique de prospective, elle préparera les stagiaires au remplacement du C-130H pour l’AAE et de l’Atlantique 2 pour la Marine nationale ».

La Direction générale de l’armement [DGA] a déjà diffusé une demande d’informations dans le cadre du programme ATEF. Et au premier besoin évoqué par Air Actualités [adapter la formation aux avions de transport moderne, ndlr], deux autres sont exprimés dans ce document : réduire les temps de formations sur avions d’armes et augmenter la capacité des écoles de l’AAE afin de « satisfaire le flux de formation à la hausse ».

Parmi les spécifications techniques de l’ATEF, la DGA indique qu’il devra être bimoteur… sans plus de précision. Ce qui exlut d’emblée les Daher TBM-900 et Pilatus PC-12. Peut-être que le choix de ce futur appareil s’inspirera de celui fait par la Royal Air Force [RAF], laquelle forme ses pilotes de transport sur Embraer Phenom 100. Cependant, la demande d’informations n’exclut pas l’acquisition d’aéronefs « à énergie renouvelable [propulsion électrique, hybride, carburants synthétiques, biocarburants, etc.] » à la condition, évidemment, qu’ils répondent aux besoins exprimés.

Photo : Groumfy69 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre

Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre

par – Forces opérations Blog – publié le

Le fantassin et le cavalier d’aujourd’hui sont peut-être le combattant cyber ou le télépilote de demain. D’ici la fin de la décennie, plus de 10 000 postes seront en effet « transformés » au sein de l’armée de Terre pour rééquilibrer les fonctions opérationnelles, accompagner la montée en puissance de certaines capacités et gagner en réactivité face aux nouvelles menaces. 

« L’armée de Terre est à la veille d’une évolution d’ampleur pour demeurer en action avec réactivité et puissance », annonçait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, mi-avril en audition parlementaire. Exit le modèle « Au contact », place à une « armée de Terre de combat » dont l’organisation orientée vers les fonctions opérationnelles exige notamment un rééquilibrage au sein des unités et entre unités. 

Pour parvenir à cet équilibre, 10 500 postes, soit près d’un sixième de la force opérationnelle terrestre, seront transformés. Une mutation réalisée sans réelle variation des effectifs. Si la LPM prévoit la création de 700 postes dans l’armée de Terre, le format de la force opérationnelle terrestre restera figé à 77 000 militaires. « C’est celui qui avait été acté après les attentats de 2015 et qui a vu une remontée en puissance, essentiellement, des régiments d’infanterie et de cavalerie », nous rappelait ce vendredi le cabinet du ministre des Armées. 

La transition engagée requiert dès lors un double effort, à la fois de formation et de mouvements internes. Ainsi, l’effectif du BTS cyberdéfense du lycée de Saint-Cyr-l’École, aujourd’hui d’une trentaine d’élèves, sera doublé dès la rentrée 2023, indique le CEMAT. Dans les régiments concernés, une centaine, « voire un peu plus », de militaires seront « transformés » par reconversion professionnelle ou remplacés à leur départ par de nouveaux engagés dotés de compétences spécialisées relevant de la guerre électronique, du cyber au contact, des drones.

« Dans la continuité de ce qui a déjà été initié, les régiments seront massivement équipés de drones allant des nano-drones aux drones opératifs qui seront armés, tout en étant progressivement dotés de munitions télé opérées  dont nous voyons déjà le potentiel opérationnel dans les conflits en cours », annonçait le CEMAT. Environ 3000 drones sont attendus dans l’armée de Terre à l’horizon 2025, dont 90% de nano et micro-drones et 10% de drones spécialisés. 

« Nous aurons également, dans les régiments d’infanterie, le retour des mortiers de 120 mm. C’est une chose qui avait disparu au cours des vingt dernières années », confirme l’entourage ministériel. Chaque régiment récupérera une section de mortiers lourds, de quoi permettre aux régiments d’artillerie de se concentrer sur l’intégration de nouveaux matériels, tels que les GRIFFON MEPAC perçus dès l’an prochain et munitions téléopérées (MTO) Larinae livrées à compter de 2028. 

La recherche de cohérence suppose également un meilleur ratio entre unités de mêlée et capacités de commandement, d’appui et de soutien. « Quelques soldats vont quitter les régiments d’infanterie et de cavalerie pour rejoindre le génie et l’artillerie sur des compétences nouvelles », explique le cabinet. Parce qu’il est réalisé à effectifs presque inchangés, ce renforcement des moyens de franchissement, des feux longue portée ou des moyens d’acquisition nécessitera d’aller puiser dans les forces existantes. Après avoir été rehaussés pour atteindre le millier de combattants, les régiments d’infanterie auront donc « une taille plus ramassée » tout en étant sensiblement densifiés.

Cette densification est en réalité déjà visible dans certaines unités. Il y a dix jours, le 2ème régiment étranger d’infanterie (2e REI) a ainsi dissous sa 5ème compagnie, réaffectations internes ou externes à la clef pour ses légionnaires. Certains pourront intégrer la section de reconnaissance et de renseignement créée en décembre dernier au sein de la compagnie d’appui. La même logique sera adoptée pour les futures sections de mortiers et autres unités d’appui électronique et de MTO. 

Crédits image : armée de Terre