Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre

Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre

par – Forces opérations Blog – publié le

Le fantassin et le cavalier d’aujourd’hui sont peut-être le combattant cyber ou le télépilote de demain. D’ici la fin de la décennie, plus de 10 000 postes seront en effet « transformés » au sein de l’armée de Terre pour rééquilibrer les fonctions opérationnelles, accompagner la montée en puissance de certaines capacités et gagner en réactivité face aux nouvelles menaces. 

« L’armée de Terre est à la veille d’une évolution d’ampleur pour demeurer en action avec réactivité et puissance », annonçait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, mi-avril en audition parlementaire. Exit le modèle « Au contact », place à une « armée de Terre de combat » dont l’organisation orientée vers les fonctions opérationnelles exige notamment un rééquilibrage au sein des unités et entre unités. 

Pour parvenir à cet équilibre, 10 500 postes, soit près d’un sixième de la force opérationnelle terrestre, seront transformés. Une mutation réalisée sans réelle variation des effectifs. Si la LPM prévoit la création de 700 postes dans l’armée de Terre, le format de la force opérationnelle terrestre restera figé à 77 000 militaires. « C’est celui qui avait été acté après les attentats de 2015 et qui a vu une remontée en puissance, essentiellement, des régiments d’infanterie et de cavalerie », nous rappelait ce vendredi le cabinet du ministre des Armées. 

La transition engagée requiert dès lors un double effort, à la fois de formation et de mouvements internes. Ainsi, l’effectif du BTS cyberdéfense du lycée de Saint-Cyr-l’École, aujourd’hui d’une trentaine d’élèves, sera doublé dès la rentrée 2023, indique le CEMAT. Dans les régiments concernés, une centaine, « voire un peu plus », de militaires seront « transformés » par reconversion professionnelle ou remplacés à leur départ par de nouveaux engagés dotés de compétences spécialisées relevant de la guerre électronique, du cyber au contact, des drones.

« Dans la continuité de ce qui a déjà été initié, les régiments seront massivement équipés de drones allant des nano-drones aux drones opératifs qui seront armés, tout en étant progressivement dotés de munitions télé opérées  dont nous voyons déjà le potentiel opérationnel dans les conflits en cours », annonçait le CEMAT. Environ 3000 drones sont attendus dans l’armée de Terre à l’horizon 2025, dont 90% de nano et micro-drones et 10% de drones spécialisés. 

« Nous aurons également, dans les régiments d’infanterie, le retour des mortiers de 120 mm. C’est une chose qui avait disparu au cours des vingt dernières années », confirme l’entourage ministériel. Chaque régiment récupérera une section de mortiers lourds, de quoi permettre aux régiments d’artillerie de se concentrer sur l’intégration de nouveaux matériels, tels que les GRIFFON MEPAC perçus dès l’an prochain et munitions téléopérées (MTO) Larinae livrées à compter de 2028. 

La recherche de cohérence suppose également un meilleur ratio entre unités de mêlée et capacités de commandement, d’appui et de soutien. « Quelques soldats vont quitter les régiments d’infanterie et de cavalerie pour rejoindre le génie et l’artillerie sur des compétences nouvelles », explique le cabinet. Parce qu’il est réalisé à effectifs presque inchangés, ce renforcement des moyens de franchissement, des feux longue portée ou des moyens d’acquisition nécessitera d’aller puiser dans les forces existantes. Après avoir été rehaussés pour atteindre le millier de combattants, les régiments d’infanterie auront donc « une taille plus ramassée » tout en étant sensiblement densifiés.

Cette densification est en réalité déjà visible dans certaines unités. Il y a dix jours, le 2ème régiment étranger d’infanterie (2e REI) a ainsi dissous sa 5ème compagnie, réaffectations internes ou externes à la clef pour ses légionnaires. Certains pourront intégrer la section de reconnaissance et de renseignement créée en décembre dernier au sein de la compagnie d’appui. La même logique sera adoptée pour les futures sections de mortiers et autres unités d’appui électronique et de MTO. 

Crédits image : armée de Terre

De nouveau des AMX-10 RC pour l’Ukraine et de la formation à Canjuers

De nouveau des AMX-10 RC pour l’Ukraine et de la formation à Canjuers

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 15 mai 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Emmanuel Macron et son homologue ukrainien se sont rencontrés dimanche soir à Paris. Les présidents de l’Ukraine et de la République française ont publié une déclaration dont voici un extrait:

« Le soutien militaire que fournit la France depuis le début de la guerre pour permettre à l’Ukraine de se défendre se poursuit et de nouvelles livraisons sont en préparation pour tenir compte en permanence des besoins les plus urgents et les plus immédiats de l’Ukraine dans le renforcement de ses capacités de défense. La France vise à fournir des capacités complètes dans tous les domaines. Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC.« 

Effectivement, une seconde livraison à l’Ukraine d’AMX-10 RC doit intervenir sous peu (photo ci-dessus 37e brigade d’infanterie de marine ukrainienne qui en est équipé). 

La formation des équipages est annoncée de nouveau à Canjuers, le mois prochain. Ces soldats font partie des 2 000 militaires ukrainiens que dont la France a annoncé la formation sur son territoire. 

Blindés et équipages devraient aussi rejoindre la 37e brigade formée en février dernier et qui fait partie du corps d’infanterie de marine ukrainien. 

Voici l’intégralité de la déclaration de dimanche:
« Les présidents de l’Ukraine et de la France ont réaffirmé leur condamnation sans équivoque de la guerre d’agression que mène actuellement la Russie contre l’Ukraine.

L’Ukraine a fait preuve d’une remarquable détermination dans l’exercice de son droit intrinsèque à la légitime défense contre cette attaque injustifiée ne faisant suite à aucune provocation. La Russie doit retirer l’ensemble de ses forces militaires du territoire de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues, immédiatement, totalement et sans conditions. La France et l’Ukraine appellent expressément la Russie à se retirer de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dont la saisie et la militarisation irresponsables par les forces armées russes constituent une grave menace. La France maintient son attachement inébranlable à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. Elle rend hommage à la détermination et au courage du peuple et des forces armées ukrainiens et elle prend acte de leur contribution significative à la sécurité du continent européen et d’autres pays. Elle continuera d’apporter un soutien politique, financier, humanitaire et militaire à l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, individuellement et par la coopération internationale avec l’Union européenne, l’OTAN, les Nations unies et d’autres organisations. En défendant la sécurité du continent européen, la France, l’Ukraine et d’autres partenaires préservent également l’ordre international fondé sur des règles de droit.

Le soutien militaire que fournit la France depuis le début de la guerre pour permettre à l’Ukraine de se défendre se poursuit et de nouvelles livraisons sont en préparation pour tenir compte en permanence des besoins les plus urgents et les plus immédiats de l’Ukraine dans le renforcement de ses capacités de défense. La France vise à fournir des capacités complètes dans tous les domaines. Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC.
En outre, la France concentre ses efforts sur le soutien des capacités de défense aérienne de l’Ukraine afin de défendre sa population contre les frappes russes. En plus de sa contribution nationale, la France participe activement aux mesures de l’Union européenne et de l’OTAN en matière d’assistance militaire à l’Ukraine et de formation des soldats ukrainiens. Au-delà de l’assistance militaire, la France a fourni à l’Ukraine une assistance civile, comprenant notamment une aide financière, humanitaire et d’urgence. En particulier, la France a envoyé en Ukraine deux laboratoires ADN mobiles pour renforcer la capacité de l’Ukraine à poursuivre les auteurs de crimes de guerre. Cette aide continuera de monter en puissance. La France soutient l’initiative ukrainienne pour une paix juste et durable reposant sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le Plan de paix ukrainien prévoit une série d’objectifs importants, dont un grand nombre sur lesquels la République française travaille déjà. La France exprime son soutien au Plan de paix ukrainien et se déclare prête à coopérer avec l’Ukraine pour assurer une participation internationale aussi large que possible à un Sommet mondial pour la paix qui sera organisé dans les mois qui viennent sur la base du Plan de paix ukrainien et d’éventuelles autres propositions de bonne foi. L’Ukraine et la France sont déterminées à lutter contre l’impunité et elles soulignent leur ferme volonté de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et d’autres atrocités commis dans le cadre de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

La France participe aux efforts internationaux déployés actuellement, en coopération avec l’Ukraine, pour faire en sorte que les responsables rendent des comptes en créant un mécanisme approprié de poursuites pour le crime d’agression. Un large soutien international est crucial à cet égard afin de fournir une légitimité internationale maximum tout en garantissant que les responsables politiques seront poursuivis. Par conséquent, la France, tout en participant au groupe restreint sur la responsabilité des auteurs de crimes d’agression contre l’Ukraine, encourage d’autres pays à les rejoindre et à susciter un soutien international pour la création d’un tribunal ad hoc. La France se félicite de l’accord sur un nouveau Centre international chargé de poursuivre le crime d’agression contre l’Ukraine à La Haye et appelle de ses vœux son lancement dès que possible.

L’Ukraine et la France réaffirment leur soutien aux enquêtes du Procureur de la Cour pénale internationale qui constituent une étape vers la possibilité de demander des comptes et elles ont pris note des mandats d’arrêt délivrés par la Cour. La France a apporté un soutien supplémentaire à la Cour pénale internationale pour améliorer ses capacités dans le cadre de la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine. L’Ukraine et la France s’accordent sur la nécessité d’accroître nos pressions collectives sur la Russie par de nouvelles sanctions afin d’affaiblir la capacité de ce pays à poursuivre sa guerre d’agression illégale. En outre, elles conviennent de la nécessité d’intensifier les efforts pour garantir une mise en œuvre efficace des sanctions et empêcher et prévenir le contournement de ces sanctions dans et par des pays tiers.

L’Ukraine et la France continueront de travailler ensemble et avec d’autres pays pour élaborer des mécanismes d’indemnisation des pertes, blessures et dommages causés par l’agression russe. À cet effet, le registre international des dommages qui sera présenté lors du sommet de Reykjavik du Conseil de l’Europe les 16 et 17 mai 2023 constitue une étape importante. Nous continuerons d’examiner les options appropriées pour financer le mécanisme d’indemnisation, notamment une base juridique solide pour l’utilisation des actifs russes immobilisés et gelés au profit de la reconstruction de l’Ukraine et à titre de réparation. L’Ukraine et la France restent déterminées à aider les pays qui souffrent des conséquences de la guerre russe, notamment pour réduire les effets de la crise alimentaire. À cet égard, la France souligne l’importance des efforts systématiques de l’Ukraine pour continuer l’initiative céréalière de la mer Noire et lancer le programme humanitaire « Grain from Ukraine » qui vise à améliorer la sécurité alimentaire mondiale.

L’Ukraine apprécie vivement le soutien de la France au programme humanitaire « Grain from Ukraine » et elle encourage le renforcement du soutien concerné. L’Ukraine se félicite du fait que la France a organisé la conférence internationale du 13 décembre qui a permis la création du mécanisme de Paris afin de mieux coordonner l’aide d’urgence. La France est déterminée, avec les organisations internationales et ses partenaires, à participer au relèvement et à la reconstruction de l’Ukraine après la guerre. Dès à présent, il est important de jeter les bases d’un engagement ambitieux à long terme qui ouvrira des perspectives concrètes et permettra au peuple ukrainien de reconstruire son pays. Il est essentiel d’impliquer tous les partenaires concernés, y compris les entreprises privées et au plan international, afin de garantir l’appui financier, les investissements et les connaissances nécessaires pour permettre à l’Ukraine de bâtir un avenir prospère. L’avenir de l’Ukraine et de son peuple est au sein de la famille européenne.

L’Union européenne a déjà reconnu la perspective européenne de l’Ukraine et lui a accordé le statut de pays candidat. La France soutient fermement l’Ukraine dans ses efforts de réformes et dans sa volonté de remplir les conditions nécessaires d’ici la fin 2023. Elle attend avec intérêt le rapport de la Commission européenne pour commencer les négociations d’adhésion. L’Ukraine et la France appellent l’Union européene à continuer de soutenir le pays dans tous les domaines. En ce qui concerne le soutien militaire, elles se réjouissent des accords trouvés récemment pour livrer davantage de munitions et de missiles à l’Ukraine, notamment grâce à l’élargissement de la base industrielle européenne.

En outre, l’Ukraine a un rôle clé à jouer au sein de la nouvelle Communauté politique européenne et œuvrera au succès du sommet de Chisinau, avec la France et la Moldavie.

Dans le cadre de l’OTAN, la France continue de mettre l’accent sur le soutien immédiat à l’Ukraine. Elle maintient son ferme soutien au renforcement de la capacité de l’Ukraine à se défendre et rappelle que l’Ukraine a le droit de choisir ses propres arrangements en matière de sécurité. La France soutient pleinement la Commission OTAN-Ukraine, qui permettra d’accroître et d’élargir la coopération en cours afin d’aider l’Ukraine à poursuivre son chemin vers la famille euro-atlantique, conformément à la Déclaration de Bucarest. L’Ukraine et la France se réjouissent à la perspective d’aborder ces questions au sommet de l’OTAN qui se tiendra à Vilnius en juillet 2023. »

 

ORION 23 : un pas de plus dans la coopération franco-belge

ORION 23 : un pas de plus dans la coopération franco-belge

– Forces opérations Blog – publié le

Belges, Britanniques, Américains, Espagnols, Grecs, etc. : l’exercice ORION n’est pas encore achevé mais a d’ores et déjà rempli son objectif d’agréger et de conduire une coalition d’alliés placés sous bannière française. Parmi ceux-ci, un partenaire belge particulièrement mobilisé car lui aussi engagé dans le durcissement de sa préparation opérationnelle. 

Réapprendre la haute intensité

Complexe, ORION l’était aussi par « notre ambition d’être nation-cadre, c’est à dire d’être dans un domaine interallié. Nous avons un enjeu, ce qui a été le cas, à amener avec nous, à entraîner au bon niveau et à être en interopérabilité avec nos alliés », déclarait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, ce lundi lors d’un briefing. Et ces alliés ont répondu présent. Ils étaient 1600 parmi les 12 000 militaires engagés depuis la mi-avril pour bouter l’ennemi à parité Mercure hors du territoire Arnlandais. 

Une dizaine de nations étaient imbriquées dans le dispositif français, dont « en tout premier les Belges, puisque nous sommes dans cette démarche dite CaMo [Capacité Motorisée] », poursuivait le CEMAT. Un rapprochement binational inédit entamé il y a plus de cinq ans et qu’ORION aura encore contribué à renforcer. Environ 600 militaires et 150 véhicules belges ont rejoint la coalition conduite par la France. Au coeur du groupement tactique interarmes (GTIA) placé sous commandement de la 2e brigade blindée, 350 Chasseurs ardennais. De l’infanterie motorisée renforcée par ses appuis du bataillon Carabiniers Prince Baudouin – Grenadiers, du 4e bataillon de génie, du 23 bataillon médical, du bataillon d’artillerie et autres soutiens et appuis logistiques.

À l’image de l’exercice, l’effort fourni par le partenaire belge est plutôt exceptionnel. ORION lui aura réservé son lot d’épreuves et d’enseignements. La confrontation à un adversaire coriace, premièrement. Dès les premiers jours, le GTIA belge aura perdu une compagnie complète, environ 140 combattants, en quelques minutes lors d’une frappe d’artillerie adverse. Poursuite du jeu oblige, l’unité a été artificiellement régénérée grâce aux échelons arrières mis en place par la Défense belge. 

Dans les rangs belges, les contacts avec la force adverse (FORAD) sont quotidiens. Bien que désormais en déroute, celle-ci reste imprévisible et parvenait encore à s’infiltrer hier dans les lignes alliées pour accrocher la colonne belge. Résultat : trois soldats adverses au tapis et un militaire belge « blessé » directement stabilisé puis pris en charge par la chaîne sanitaire. 

« Cet exercice est parfait pour réapprendre le combat de haute intensité. (…) Nous avons pu tester des procédures rarement jouées en réel et dans des dimensions énormes. Cela nous permet d’évoluer et de nous améliorer pour le futur », souligne le lieutenant-colonel Thiry, chef de corps du bataillon de Chasseurs ardennais (BCA) et à la tête du GTIA belge. La question n’est pas neuve pour la Défense belge. Voilà un moment que l’ensemble de la Brigade Motorisée travaille à réacquérir des savoir-faire non pas oubliés, mais un temps placé au second rang. 

Entre autres défis, celui de l’interopérabilité

Pour le GTIA belge, combattre Mercure et sa milice Tantale n’était pas le seul défi. La durée, près de trois semaines, mais aussi un terrain inconnu et synonyme d’élongations impossibles à « jouer » sur le territoire national en sont d’autres. Après les engagements statiques vécus au Sahel ou en Afghanistan, ORION imposait « une manoeuvre très mobile qui évolue en permanence dans un sens ou dans l’autre. Les flux logistiques et d’évacuation sont beaucoup plus compliqués que ce qu’on a pu vivre dans le passé », explique le lieutenant-colonel Thiry. Le seul parcours des positions tenues par son bataillon, par exemple, exigeait jusqu’à cinq heures d’effort.

Parce qu’investis dans CaMo, « nous avons un défi d’interopérabilité technique avec l’armée française », rappelle le lieutenant-colonel Frédéric Thiry, chef de corps du bataillon de Chasseurs ardennais. Pour fluidifier les communications et ne pas gripper la manœuvre, chaque nation a placé deux officiers de liaison au sein des deux postes de commandement de chaque unité. « Ce n’est pas toujours le même ‘français’, mais cela fonctionne bien car nous commençons à construire et à partager un vocabulaire commun ». 

« Étant issus d’une petite armée, nous ne travaillons jamais seuls mais systématiquement en coalition », indique le commandant du GTIA. Être « petit » a du bon, notamment de part l’habitude de travailler en anglais et selon des procédures communes. Jusqu’à jouer un rôle de traducteur au profit d’un 3rd Battalion The Rifles britannique également inféodé à la 2e BB mais parfois « perdu » parmi les acronymes et terminologies françaises. La recherche d’interopérabilité est maximale mais se heurte encore à quelques contraintes. La logistique, par exemple, est communalisée pour la nourriture et le carburant mais reste nationale lorsqu’il s’agit de soutenir des véhicules et systèmes d’armes différents. 

L’écart se comblera progressivement avec l’arrivée des systèmes SCORPION acquis grâce à CaMo. En deuxième position dans le plan d’équipement, le BCA entamera sa bascule 2027 avec la perception de ses premiers blindés Griffon. Le successeur des Dingo II et Piranha IIIC y est d’autant plus attendu que le volume acquis permettra d’équiper la totalité du bataillon, contrairement à la dotation partielle en usage dans les régiments de l’armée de Terre. 

Côté belge, rendez-vous est déjà pris pour ORION 2026. Le délai permettra la prise en compte des enseignements recueillis, entre autres, par l’équipe d’évaluateurs-observateurs détachée par la Défense. Et, d’ici ce prochain jalon majeur, Belges et Français auront d’autres occasions de parfaire leur rapprochement en environnement opérationnel. Pour les Chasseurs ardennais, ce sera dès l’an prochain avec l’engagement en opération extérieur d’un sous-GTIA en appui du 16e bataillon de chasseurs à pied de Bitche. 

Crédits image : 503e RT

Le général Schill veut transformer l’armée de Terre pour « vaincre du coin de la rue jusqu’au métavers »

Le général Schill veut transformer l’armée de Terre pour « vaincre du coin de la rue jusqu’au métavers »

https://www.opex360.com/2023/04/01/le-general-schill-veut-transformer-larmee-de-terre-pour-vaincre-du-coin-de-la-rue-jusquau-metavers/#comments


 

Intitulé « Vers l’armée de Terre de combat » [et non plus « Au contact »], cette transformation devrait se décliner autour de quatre axes, dont la « puissance », la « polyvalence », la « réactivité » et les « forces morales ». Le général Schill ne les a pas développés. Cependant, il a précisé la finalité de ce plan, qui est de « s’adapter au changement d’ère stratégique ».

Pour le CEMAT, si la guerre moderne, avec ses évolutions technologiques, n’ont « pas rendu l’affrontement au sol accessoire », comme le montrent d’ailleurs les combats en Ukraine, il n’en reste pas moins que le « milieu de conflictualité terrestre » est devenu plus « complexe », d’autant plus que s’y « superposent de nouveaux espaces [cognitif, cyber, robotique] » ainsi que des « ‘métamenaces qui exigent faculté d’analyse et de compréhension étendues et adaptation de notre outil de combat ».

Le constat étant posé, le général Schill explique que l’armée de Terre doit « être en position de combat en permanence », que ce soit dans le « style de commandement » et dans la « façon de fonctionner ».

S’agissant du « style de commandement », le CEMAT parle de « chasser l’excès de normes » [ce qui était aussi une préoccupation de son prédécesseur, le général Thierry Burkhard, désormais chef d’état-major des armées], de « faire confiance », « d’encourager l’esprit d’initiative », de « responsabiliser » et de « contrôler ». Quant au mode de fonctionnement, il s’agira « d’agir au quartier comme en mission », ce qui supposera de « disposer de leviers et des moyens concrets pour être en ‘disposition de combat’ ». Cela suggère que le triptyque « un chef, une mission, des moyens », mis à mal par les restructurations de la fin des années 2000, sera de nouveau mis en avant.

« Les choix structurels de la transformation de l’armée de Terre ont pour objectif l’efficacité opérationnelle : être prêts, peu importe la forme, l’intensité et la rapidité de survenance d’un engagement », explique le CEMAT. Et ils devront permettre aux soldats et à leurs chefs « d’encore mieux mener les combats décisifs » afin de « vaincre du coin de la rue jusqu’au métavers, pour protéger la France et les Français », conclut-il.

Pour rappel, le métavers est un espace virtuel collectif et partagé en 3D. Or, depuis quelques semaines, ce concept a du plomb dans l’aile, éclipsé par les progrès de l’intelligence artificielle [IA], illustrés par l’arrivée de ChatGPT. D’ailleurs, Mark Zuckerberg, le patron Meta [la maison-mère de Facebook, ndlr], a récemment fait savoir que sa priorité irait désormais à l’IA et non plus au développement du Metavers. Ce qui explique les 20’000 licenciements qu’il a récemment annoncés.

Quoi qu’il en soit, dans un entretien donné au quotidien « Le Figaro » en février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait donné annoncé une transformation « profonde » de l’armée de Terre.

« L’armée de l’Air et de l’Espace comme la Marine ont déjà connu ces dernières décennies des modifications importantes liées notamment aux sauts de technologie. L’armée de terre va elle aussi connaître ce mouvement dans la période à venir et nous allons lui en donner les moyens. Elle va prodigieusement se numériser, se digitaliser tout en se dotant de nouveaux moyens capacitaires », avait expliqué le ministre. Et de préciser que « 10’000 de ses soldats » allaient « voir leur mission évoluer et donc être formés pour des compétences nouvelles à forte valeur ajoutée ».

Lecornu veut une autorisation préalable pour les militaires en reconversion avec l’étranger

Lecornu veut une autorisation préalable pour les militaires en reconversion avec l’étranger

À l’avenir, selon le projet du ministre, les militaires « devront demander au ministère si cette reconversion compromet ou non nos intérêts stratégiques. En cas de refus et de non-respect de la décision, des poursuites pénales pourront être engagées ».© Fred Dugit / MAXPPP / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

« La protection de notre souveraineté n’est pas négociable », a affirmé le ministre des Armées, qui va présenter mardi la loi de programmation militaire.

par M.P avec AFP – le Point – publié le 1er avril 2023

https://www.lepoint.fr/politique/lecornu-veut-une-autorisation-prealable-pour-les-militaires-en-reconversion-avec-l-etranger-01-04-2023-2514553_20.php#11


Le ministre français des Armées veut faire voter un texte imposant un feu vert officiel aux militaires souhaitant travailler pour l’étranger, afin de vérifier que les intérêts du pays ne sont pas menacés, a-t-il indiqué samedi. « La protection de notre souveraineté n’est pas négociable », a estimé Sébastien Lecornu au quotidien Le Parisien, avant la présentation mardi en conseil des ministres de la prochaine loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030.

Un premier régiment de l’armée de Terre doté du Serval

Un premier régiment de l’armée de Terre doté du Serval

– Forces opérations Blog – publié le

Après plusieurs semaines de formation à Mourmelon, instructeurs et primo-pilotes du 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa) sont rentrés à Carcassonne avec douze Serval dans leurs bagages. Vingt autres exemplaires suivront d’ici la fin de la semaine. 

Le 3e RPIMa en pointe

L’arrivée du Serval au quartier Laperrine, c’est l’aboutissement d’un processus lancé en février 2018 avec la notification d’un marché au groupement momentané d’entreprises formé par Nexter et Texelis. Les deux partenaires ont à ce jour livré 85 véhicules au Centre de formation et de perception unique de Mourmelon. « Le franchissement de tous ces jalons marque le bon avancement des travaux conduits par les industriels, mais c’est aussi une preuve que le Serval est au rendez-vous des performances attendues », soulignait hier la Direction générale de l’armement lors du point presse ministériel hebdomadaire.

« Ce n’est que le début, puisque l’expertise qu’on va apporter, nous, le 3e RPIMa, c’est bien l’expertise sur l’emploi de l’engin, sa capacité de combat, sa capacité de manœuvre, sa capacité de projection pour être les éclaireurs de la 11e BP et, à venir, de la 27e BIM pour l’appropriation du Serval », déclarait pour l’occasion le chef de corps du 3e RPIMa, le colonel Benoît Cussac.

« Ces véhicules sont les matériels majeurs qui illustrent la montée en puissance du programme SCORPION. Le Serval est bien plus qu’un véhicule, c’est un système de combat. Au-delà du transport sous blindage, de sa mobilité, de sa puissance, c’est tout l’environnement qu’il emporte qui va être une plus-value au combat », poursuit le colonel Cussac. 

Autre remplaçant du VAB avec le Griffon, ce véhicule de classe 15-17 tonnes est destiné à équiper en priorité les unités de l’échelon national d’urgence. Il leur garantit l’entrée dans la « bulle SCORPION » via le système d’information du combat SCORPION, embarque huit combattants FELIN en plus de l’équipage et peut être projeté par A400M. « Il est à noter que l’on peut embarquer deux véhicules Serval dans la soute de l’A400M », indique la DGA. 

Nouvelles versions, nouveau calendrier ?

Le Serval sera à terme décliné en quatre versions principales et 29 sous-versions couvrant « un éventail extrêmement large de fonctions opérationnelles ». Pour l’heure, seule la version principale « véhicule de patrouille blindée » est pleinement développée, qualifiée et livrée. Deux autres versions sont en cours de développement : les Serval « surveillance, acquisition d’objectifs, renseignement, reconnaissance » (SA2R), « noeud de communication tactique » (NCT) et « guerre électronique ». Selon le calendrier présenté par la DGA, la première devrait aboutir courant 2024, la seconde en 2026.

« Serval est également l’engin choisi par l’armée de Terre pour combler son parc hétéroclite qui équipe actuellement ses appuis et soutiens spécialisés. Il équipera donc aussi dans un second temps les nœuds de communication tactique, l’artillerie sol-air et la lutte anti-drones », soulignait le commandant Tristan, officier de programme Serval au sein de la Section technique de l’armée de Terre (STAT). Le rôle du Serval dans le renforcement de la défense sol-air était pressenti de longue date, il semble maintenant confirmé. 

Dans les rangs industriels, le sujet a été anticipé. Propositions à la clef, essentiellement durant le dernier Eurosatory. Nexter y dévoilait deux Serval : l’un équipé d’une tourelle ATLAS RC et ses deux missiles Mistral, l’autre du tourelleau téléopéré ARX-30 « maison ». Si la seconde est une proposition, la première relève bien de spécifications soumises par l’armée de Terre.

Pour l’heure, 364 Serval sur les 978 attendus dans le cadre de SCORPION ont été commandés et seront livrés d’ici à septembre 2025. Mais pas un mot sur la suite. Seul indice : un achèvement des livraisons désormais annoncé à horizon 2035, et non plus en 2030 comme auparavant. Signe d’un étalement inscrit dans la loi de programmation militaire à venir ? Un calendrier de livraison lié à cette future LPM 2024-2030 est en tout cas en cours d’écriture, explique l’armée de Terre. Réponse dans quelques semaines pour le détail. 

Crédits image : armée de Terre/3e RPIMa


Vidéo de présentation du Serval : https://www.youtube.com/watch?v=5m1GebRxbNk

Rapport d’information sur la préparation opérationnelle (Assemblée nationale, 8 février 2023)

Rapport d’information sur la préparation opérationnelle (Assemblée nationale, 8 février 2023)


L’armée de Terre va créer des commandements dédiés à la « guerre hybride » et aux « guerres de demain »

L’armée de Terre va créer des commandements dédiés à la « guerre hybride » et aux « guerres de demain »

https://www.opex360.com/2023/02/15/larmee-de-terre-va-creer-des-commandements-dedies-a-la-guerre-hybride-et-aux-guerres-de-demain/


 

Dans le même temps, le format de la Force opérationnelle terrestre [FOT] restera à 77’000 hommes tout en bénéficiant d’un renforcement significatif de l’effectif de la réserve opérationnelle de niveau 1 [RO1]. Et aucune réduction de « cible » concernant le programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation] n’est prévue. Enfin, l’accent sera mis sur l’acquisition massive de drones [dont 1’800 munitions téléopérées], la robotisation [avec 300 robots « capables d’évoluer sur le champ de bataille »], les feux dans la profondeur et la défense sol-air.

Lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de Défense [AJD], le 13 février, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill en a dit un peu plus sur ce qui attend ses troupes. Ainsi, si aucun régiment ne sera dissous [pour le moment, du moins], les unités dites de « mêlée » [arme blindée cavalerie, infanterie] pourraient perdre quelques plumes… au profit des capacités devant faire l’objet d’investissements particuliers, comme le cyber, les transmissions, les drones et l’artillerie de longue portée… sans oublier le soutien et la logistique.

« Nous devons revenir à une cohérence globale de l’armée de Terre », a fait valoir le général Schill, comme le rapporte le quotidien Le Monde. Et d’annoncer que les détails de cette « transformation » seront dévoilés le 4 avril, à l’occasion du « Grand rapport de l’armée de Terre » [GRAT].

Cela étant, les changements annoncés ont d’ores et déjà commencé… En effet, en 2022, plusieurs régiments d’infanterie ont dissous des compagnies de combat qui avaient été créées en 2015, c’est à dire après la décision de porter l’effectif de la FOT de 66’000 à 77’000 soldats.

Et le ministère des Armées avait justifié ce retour à un format à quatre compagnies de combat dans les régiments de mêlée par la nécessité pour l’armée de Terre de s’investir dans de « nouveaux champs de conflictualité » susceptibles de « transformer les menaces liés aux conflits de haute intensité.  »

Une « partie des effectifs récemment attribués à la mêlée a été réorientée pour renforcer les états-majors de régiment et les capacités de numérisation et de simulation, densifier la maintenance aéronautique et terrestre, développer la capacité drone et affecter des moyens à la préparation opérationnelle, à la formation et à l’intégration des effets dans les champs immatériels », avait-il ainsi expliqué, dans une réponse à une question écrite posée par un député.

Quoi qu’il en soit, ces changements vont donc se traduire par une nouvelle organisation de l’armée de Terre, laquelle passera par la création de deux nouveaux commandements, placés sous l’autorité directe du CEMAT.

Ainsi, le « commandement des guerres de demain » aura la tâche de « mettre en cohérence un certain nombre de nouvelles capacités […] aujourd’hui éparpillées au sein des régiments, notamment dans le domaine des feux dans la profondeur, des drones, des munitions téléopérées et de la défense sol-air de courte portée, dont la lutte antidrone », résume Le Monde.

Quant au second, il sera dédié à la « guerre hybride », c’est à dire aux opérations menées « sous le seuil » du conflit ouvert. Il aura notamment à s’occuper des capacités liées au cyber [lutte informatique défensive, lutte informatique offensive et lutte informatique d’influence], lesquels relèvent actuellement du Commandement de la Cyberdéfense [COMCYBER].

« Il y a un réel besoin de rendre l’armée de Terre plus autonome. Elle doit avoir sous son commandement tous les domaines de lutte,
antiaérienne, cyber, informationnelle, frappes dans la profondeur… tout en demeurant interopérable avec les autres armées » car « lorsqu’on sous-traite des actions, on créé des dépendances, ce qui est risqué dans un conflit de haute intensité où on opère toujours sous contrainte des événements et de temps », fait valoir le général Pierre-Joseph Givre, le commandant du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement [CDEC].

Cette recherche d’autonomie vaudra aussi pour les sept brigades de l’armée de Terre, lesquelles devront disposer de capacités leur permettant d’agir avec un minimum d’appuis extérieurs, l’objectif étant d’accroître leur réactivité.

Déconstruits par l’école, les mineurs délinquants vont-ils être reconstruits par l’armée ?

Déconstruits par l’école, les mineurs délinquants vont-ils être reconstruits par l’armée ?

On sentait bien que le gouvernement tournait autour de la question depuis quelques années. Le service national universel, au fond, ne prévoyait pas autre chose que l’encadrement des mineurs par l’armée, sous des modalités assez floues d’ailleurs. L’annonce d’Éric Dupond-Moretti semble préciser un peu plus sous quelle forme les militaires français vont être mis à contribution. « Semble », seulement, car, à bien y regarder, rien n’est vraiment clair. « Désormais, comme s’y était engagé Emmanuel Macron, des mineurs sous main de justice seront pris en charge par des militaires dans le cadre de programmes adaptés. »

On peut noter plusieurs choses dans cette annonce, pour essayer de bien comprendre de quoi il est question. « Désormais » semble laisser entendre que cette mesure est à effet immédiat. Cela semble surprenant, car aucune disposition légale n’a été annoncée, mais pourquoi pas. Le terme « mineurs sous main de justice » laisse cependant planer le doute sur un certain nombre de points, dont le statut et, surtout, la nationalité desdits mineurs. La cuistrerie administrative du terme ne masque pas le flou du périmètre. « Des militaires » : oui, certes, mais d’active ou de réserve ? Recrutés ad hoc ou prélevés sur l’existant ? Quant à ces « programmes adaptés », on ne voit pas bien desquels il pourrait s’agir, puisqu’une nouvelle fois, aucun dispositif légal ne semble avoir été envisagé.

Ce flou légèrement préoccupant ne doit pas masquer une petite révolution de fond. La Macronie, qui ne cesse de célébrer les vertus de la jeunesse de France, même et surtout quand elle ne sait pas lire, passe sa vie sur TikTok et fume des pétards, veut déléguer à l’armée, un corps d’État par définition assez obéissant, une mission de service public qu’elle ne pourra pas refuser. Le pouvoir semble donc reconnaître que, malgré tous les discours, il y a un petit problème d’insertion sociale du côté des mineurs délinquants.

À l’heure où on cherche par tous les moyens à faciliter la destruction de la famille, et dans un système où l’Éducation nationale a totalement failli à sa mission d’instruction publique pour se concentrer sur le bourrage de crâne woke, la sensibilisation aux discriminations et un souverain mépris de la lecture et du calcul, il ne reste peut-être plus que l’armée pour reconstruire tout ce que l’école prétend déconstruire : le sens de la discipline, entendue comme adhésion à une communauté, le goût du travail bien fait, la fraternité réelle de gens qui viennent de toute la France, l’égalité vécue par le port de l’uniforme et l’absence de prérogatives indues.

Ce discours est cependant à moitié utopique. Encore faudrait-il, en effet, demander à ces militaires s’ils sont en mesure d’assurer cette mission. Ont-ils été formés à réagir à la paresse, à l’individualisme et au manque de respect ? Ont-ils seulement signé pour cela ? Ce travail d’éducateur spécialisé se fera-t-il sur la base du volontariat ? On l’imagine.

Il paraît (selon le discours d’Emmanuel Macron aux armées) qu’avec la récente loi de programmation militaire, l’armée a changé de priorité. Il paraît aussi que ses soldats n’iront plus en Afrique (dont ils sont en train de se faire chasser par le Burkina, après le Mali). Enfin, après avoir donné dix-huit canons CAESAr à l’Ukraine, la France se prépare à en donner d’autres et étudie l’envoi de chars Leclerc. Il va falloir occuper tous ces artilleurs sans canons, ces tankistes sans chars. Seront-ils ravis de devenir assistantes sociales auprès de jeunes qui détestent tout ce qu’ils représentent ? On verra.

Cette décision signe donc à la fois l’échec patent du modèle éducatif français, l’échec patent de son système judiciaire… et l’utilisation un peu hasardeuse des derniers moyens disponibles pour faire illusion : une armée dont on prend les canons pour les remplacer par des mineurs délinquants, en espérant que le devoir de réserve fera passer la pilule.

M. Lecornu : le président Macron a demandé « l’instruction de la cession de chars Leclerc » à Kiev

M. Lecornu : le président Macron a demandé « l’instruction de la cession de chars Leclerc » à Kiev

https://www.opex360.com/2023/01/19/m-lecornu-le-president-macron-a-demande-linstruction-de-la-cession-de-chars-leclerc-a-kiev/


 

« La Crimée est notre terre, notre territoire, notre mer et nos montagnes. Donnez-nous vos armes et nous récupérerons nos terres », a lancé M. Zelenski. Et cela alors que, la veille, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avait assuré que les Alliés fourniraient à l’Ukraine des armes « plus lourdes et plus modernes » pour l’aider à se défendre contre la Russie.

Après avoir obtenu des systèmes d’artillerie avancés, comme le M142 HIMARS américain, le PzH2000 allemand ou encore le CAESAr français, ainsi que des batteries de défense aérienne Patriot [et peut-être Mamba], l’Ukraine insiste désormais pour disposer de chars de conception occidentale. Et la France lui a promis de lui livrer, d’ici deux mois, des AMX-10RC… tandis que le Royaume-Uni lui enverra 14 Challenger 2, avec une trentaine d’obusiers automoteurs AS-90 et d’autres véhicules blindés.

Seulement, et au-delà des problèmes logistiques [l’AMX-10 RC et le Challenger 2 n’utilisent pas de munitions aux normes de l’Otan] et de maintien en condition opérationnelle [MCO], cela reste insuffisant… Reste que la Pologne est prête à livrer 14 Leopard 2 [de fabrication allemande] à l’Ukraine. De même que la Finlande, voire le Danemark. Sauf que, pour cela, une autorisation de Berlin est nécessaire. Or, le chancelier Olaf Scholz, n’est pas enclin à la donner… Comme du, reste, 43% des Allemands, à en croire un sondage de la Deutsche Presse-Agentur [cela étant, 37% sont favorables à la livriaosn de Leopard 2 et 16% sont indécis].

D’après le Wall Street Journal, qui cite des responsables allemands, M. Scholz pourrait autoriser l’envoi de Leopard 2 en Ukraine qu’à la condition que les États-Unis livrent également des chars M1 Abrams. Or, pour Washington, il en est hors de question.

« Je ne pense pas que nous en soyons là », a déclaré Colin Kahl, le numéro trois du Pentagone, alors qu’il était interrogé sur ce sujet. « Le char Abrams est un équipement très compliqué. Il est cher, il requiert une formation difficile […]. Je crois qu’il consomme 11 litres de kérosène au km », a-t-il expliqué. « Ce n’est pas le système le plus facile à entretenir », a-t-il ajouté, sans pour autant exclure une évolution de la position américaine.

En attendant, et après les cinquante véhicules de combat d’infanterie [VCI] Bradley promis à Kiev le 5 janvier [en plus des quarante Marder allemands dont la livraison a été annoncée le même jour, ndlr], les États-Unis devraient débloquer une nouvelle tranche d’aide, d’un montant de 2,5 milliards de dollars. Et dans la liste des équipements susceptibles d’être fournis à l’armée ukranienne figureraient une centaine de blindés de transport d troupes Stryker.

Si obtenir des Leopard 2 et des M1 Abrams est difficile pour Kiev, qu’en est-il des chars Leclerc? L’idée d’en livrer à l’armée ukrainienne a été avancée dans une tribune publiée en septembre dernier dans les pages du quotidien Le Monde par Pierre Haroche, un expert en sécurité internationale passé par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire avant d’atterrir à l’Université Queen Mary de Londres.

Depuis, l’ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins, a confirmé l’intérêt de Kiev pour le char Leclerc lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 9 novembre. Puis, un peu plus d’un mois après, alors qu’il était en visite officielle à Paris, le Premier ministre ukrainien, Denys Shmyhal, a affirmé que les Ukrainiens seraient « très reconnaissants » si la France leur en livrait…

En tout cas, l’exécutif français examine la question. C’est en effet ce qu’a affirmé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors de la dernière séance des questions au gouvernement au Sénat, le 18 janvier, dans une réponse au sénateur François Bonneau [Union centriste].

« La France conforte son aide militaire en livrant des chars de combat légers AMX-10 RC. Nous saluons ce geste, mais il est impossible de différer davantage la livraison de matériels blindés plus performants – chars lourds, missiles, lanceurs sol-air – , pour mieux protéger les civils. […] Allez-vous compléter ces livraisons par des chars Leclerc et des systèmes anti-missiles? », avait demandé le parlementaire.

Selon les explications données par M. Lecornu, tout cession éventuelle d’armes à l’Ukraine est évaluée selon trois critères. « Premièrement, qu’elle réponde à une logique défensive, pour maîtriser l’escalade. Deuxièmement, qu’elle ne détériore pas notre modèle de sécurité et de défense […]. Troisièmement, le maintien en condition opérationnelle de ce qui a déjà été livré à l’Ukraine », a-t-il dit, avant de faire observer que la maintenance des Leclerc « est une question très sensible ».

Cela étant, a poursuivi M. Lecornu, « le Président de la République a demandé au Gouvernement de fournir une réponse rapide, d’où la livraison des chars AMX-10, saluée par l’Ukraine », et « il a également souhaité l’instruction de la cession de chars Leclerc à l’aune de ces trois critères ».

Pour rappel, l’armée de Terre ne comptera que 200 chars Leclerc portés au standard XLR à l’horizon 2030, sur les 406 lui ont été livrés à partir des années des 1990. Et ceux qui ont été mis sous cocon ont été « cannibalisés » pour faire fonctionner ceux en première ligne. Qui plus est, les équipages sont loin du compte, s’agissant des heures d’entraînement, avec seulement 54 heures par an alors que l’objectif fixé par la LPM 2019-25 est de 115 heures…