Rapport de la Cour des comptes sur les zones de compétences : l’analyse du général (2S) Bertrand Cavallier

Rapport de la Cour des comptes sur les zones de compétences : l’analyse du général (2S) Bertrand Cavallier


Le général de division (2s) de Gendarmerie Bertrand Cavallier, expert en sécurité intérieure, consultant pour plusieurs médias, dont la Voix du Gendarme, réagit au rapport de la Cour des Comptes consacré aux zones de compétences de la Gendarmerie et de la Police.

LVDG : le ministre de l’Intérieur doit-il suivre les recommandations de la cour des comptes du sujet des zones de compétences ?

Général (2S) Bertrand Cavallier : la Cour des comptes formule des pistes de réflexion intéressantes qui ne sont cependant pas nouvelles. Mais elle ne prend pas, à mon avis, suffisamment en considération, deux éléments essentiels qui renvoient au principe de redevabilité envers la population.

Tout d’abord, le service de sécurité concret rendu tant dans la mission du quotidien que dans la capacité de montée en puissance en cas de crise ponctuelle ou généralisée, au profit des populations. En la matière, il suffit de se poser de façon non exhaustive quelques questions incontournables :

– le nombre de patrouilles à un instant T (notamment la nuit), par rapport à l’effectif d’une unité donnée ;

– les chiffres de la délinquance, sachant que les phénomènes nouveaux qui touchent la Gendarmerie – principalement le trafic de stupéfiants – sont générés à partir de zones devenues de non droit qui ne relèvent pas de sa compétence;

– la réponse à l’évènement. Comme le révèle la Cour des comptes, le protocole CORAT (Coopération opérationnelle renforcée dans les agglomérations et les territoires) est quasi exclusivement dans un sens unique, alors même que très souvent, l’unité de Police bénéficiaire compte plus d’effectifs que l’unité de Gendarmerie fournisseuse de renforts, et que celle-ci est déjà en charge d’une circonscription peuplée mais également très étendue ( la Gendarmerie assure la sécurité au profit de 55% de la population sur 95% du territoire national).

Ensuite, mais adossée à ce concept de redevabilité, la productivité d’un service donné, par rapport à la dotation budgétaire allouée. Ce critère prend tout son sens dans un contexte budgétaire dégradé et incertain, dans lequel d’aucuns souhaiteraient recourir encore plus à l’impôt, c’est-à-dire demander plus encore aux citoyens, sans garantir en retour une amélioration significative du service rendu.

LVDG : au delà des seuls transferts de zones de compétence, quelles sont les mesures à adopter d’urgence selon vous pour répondre aux attentes des Français en matière de sécurité ?

Général (2S) Bertrand Cavallier : je me suis déjà exprimé dans ce même média sur certains grands axes autour desquels pourraient s’articuler l’action du ministre de l’Intérieur. Sachant que la situation est grave et, comme l’a indiqué le préfet des Alpes-Maritimes, va empirer. Je constate cependant une rupture au sens positif du terme dans la politique sécuritaire initiée depuis septembre dernier.

L’arrêt des surenchères catégorielles

S’agissant des mesures d’urgence, j’en identifie quatre, qui participent évidemment d’une dynamique inter-ministérielle :

– d’une part, au travers d’une démarche globale, et de remise à plat du système (attendue notamment par Béatrice Brugère, secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats FO), pouvoir réamorcer la logique du procès pénal, c’est-à-dire la cohérence entre le constat d’une infraction, l’identification de son auteur, et son renvoi effectif devant une juridiction avec le restauration de la peine d’emprisonnement (même très court, voir l’exemple danois). Or les prisons sont pleines, et l’augmentation des infractions graves, notamment les violences de toute sorte, va accentuer l’absurde auxquels sont confrontés gendarmes et policiers dans l’exercice de leur mission, sans évoquer le désarroi de la population. En conséquence, l’expulsion des étrangers (plus de 20% des personnes détenues) à l’issue de leur emprisonnement est un impératif majeur qui ne saurait être subordonné à de quelconques arguties diplomatiques. La France doit redevenir souveraine. Cette mesure aura de surcroît un effet dissuasif s’agissant du comportement d’individus d’orgine étrangère, tout en confortant l’immense majorité des étrangers qui respecte les lois de la République. Par ailleurs, la construction de nouvelles prisons (15 000 places) est incontournable, et devrait permettre, de créer notamment des établissements dédiés aux courtes peines, comme l’envisage le garde des sceaux, Gérald Darmanin.

la reconquête effective de certains quartiers, devenus des centres de gravité des organisations criminelles, selon une logique de concentration des efforts et d’approche globale, en s’appuyant sur l’ensemble des capacités dont dispose l’Etat, y compris de renseignement et de services spécialisés, en agissant tant sur les filières étrangères (narco-trafic) que sur les mouvances de blanchiment. La République doit démontrer qu’elle est forte. La sixième puissance mondiale doit prouver qu’elle est capable de maintenir l’ordre sur son propre territoire. Cette reconquête doit être adossée à un véritable contrôle des frontières intérieures et extérieures de l’Union européenne, tant les flux d’immigration massifs déstabilisent aujourd’hui de façon globale le corps social.

– l’arrêt des surenchères catégorielles qui ont été dominantes depuis trente ans, au point, sur fond de budget qui ne saurait être illimité, de fragiliser le fonctionnement et surtout de sacrifier les investissements.

La réalité budgétaire s’impose aujourd’hui à une France qui doit redécouvrir le sens de l’effort, qui doit refaçonner une fonction publique trop longtemps dominée par le fameux “Toujours plus”, titre d’un livre de François de Closets paru en 1984 et, force de le constater, toujours d’actualité!

Le toujours plus de moyens n’est plus acceptable. Doivent être évoqués, d’ailleurs pointées du doigt à plusieurs reprises par la Cour des comptes, la complexité et la réalité des règles de fonctionnement des forces de sécurité intérieure. Doit être notamment clarifiée la question du temps de travail effectif (sans évoquer les abus d’arrêt de travail qui atteignent des proportions inégalées dans la fonction publique). S’agissant de la Gendarmerie, cette question du temps de travail renvoie bien évidemment au maintien de sa pleine appartenance aux forces armées, tel que voulu par la représentation nationale par la loi du 4 août 2009. (*)

Réformer le cadre juridique de l’usage des armes

La dernière mesure mais qui appellera un développement particulier, porte sur la réforme du cadre juridique de l’usage des armes par les forces de sécurité intérieure, défini par l’article 435-1 du Code de la sécurité intérieure. Ce cadre qui, est notamment devenu plus restrictif pour la Gendarmerie, n’est manifestement pas adapté à l’évolution de la délinquance.

Il met en insécurité physique et juridique les membres des forces de l’ordre dans de nombreuses situations où ils devraient intervenir, y compris par le recours à l’usage des armes.

(*) Général Cavallier : “la directive temps de travail est une menace inacceptable pour la protection des Français”

La Marine nationale a réalisé l’une de ses plus importantes saisies de drogue en Polynésie française

La Marine nationale a réalisé l’une de ses plus importantes saisies de drogue en Polynésie française


Si l’Europe et l’Amérique du nord restent les principales destinations du trafic de produits stupéfiants, l’Océanie, en particulier l’Australie, est de plus en plus prisée par les réseaux de trafiquants sud-américains. Ainsi, en 2012, la plus importante saisie effectuée par la Marine nationale dans la zone Pacifique était une cargaison de 200 kg de cocaïne. Cinq ans plus tard, le volume des prises avait été multiplié par dix, avec 1,4 tonne interceptée par la frégate de surveillance « Vendémiaire » et près de 600 kg par le Bâtiment de soutien outre-mer [BSAOM] « d’Entrecasteaux ».

Ce phénomène n’a fait que s’accentuer par la suite. En mars 2019, alors en mission de longue durée dans le Pacifique, la frégate de surveillance « Prairial » des Forces armées en Polynésie française [FAPF] intercepta un navire de pêche avec 766 kg de cocaïne à bord, au large du Nicaragua. Cette opération avait été menée en coopération avec les États-Unis, sous l’autorité du Joint Interagency Task Force – South [JIATF-S].

Depuis, des prises aussi importantes ont été plus rares. Jusqu’au 23 décembre dernier. En effet, ce jour-là, le BSAOM « Bougainville » a arraisonné le « Raymi », un navire de pêche battant pavillon espagnol, à environ 700 nautiques au sud de Papeete [Polynésie française]. Or, celui-ci transportait 11 ballots contenant 524 kg de cocaïne au total. Ses 14 membres d’équipage ont été interpellés et 8 000 euros ont été saisis.

« L’opération a été menée sous l’autorité du Haut-commissaire de la République en Polynésie française, délégué du Gouvernement pour l’action de l’État en mer. Elle fait suite à une étroite coopération entre le Commandement de la gendarmerie [COMGEND] pour la Polynésie française, et notamment l’antenne de l’Office anti-stupéfiants [OFAST] à Papeete, et la police fédérale australienne », a précisé la Gendarmerie nationale, via un communiqué publié ce 29 décembre.

Et d’ajouter : « Cette coopération internationale entre les forces de gendarmerie et police fédérale australienne a permis aux Forces armées en Polynésie française de mettre en place un dispositif de surveillance et d’interception ayant conduit à l’opération de contrôle du Raymi par le BSAOM Bougainville ».

Selon le Haut-commissariat, cité par Tahiti Infos, il s’agit de la « plus importante saisie » de cocaïne dans la « zone Polynésie française depuis 2017 » et « c’est également la première saisie en haute mer depuis 2017 ».

Selon le commandant du « Bougainville », le capitaine de corvette Mathieu L., cette opération a été complexe.

« Nous sommes 25 à bord du Bougainville pour conduire le bateau et effectuer des opérations comme celle-ci. Ce sont des opérations pour lesquelles nous sommes formés, entraînés, et ça fait partie du panel d’opérations que peut faire le Bougainville, en plus de ses missions de sécurité et de préservation de la zone maritime de la Polynésie française », a-t-il témoigné dans les pages de Tahiti Infos.

En octobre, la Marine nationale avait déjà saisi 43 tonnes de drogue, selon son chef d’état-major [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour.

« Nous faisons du bon travail, bien que les trafics continuent d’augmenter. Un narcotrafiquant arrêté aux Antilles a confié lors de son audition que notre navire qui avait intercepté le trafic, la frégate de surveillance ‘Ventose’, avait été surnommée El Diablo par les trafiquants, tant il avait surgi sans être vu et à une vitesse qu’ils n’attendaient pas, ceci pour une prise de 10,5 tonnes de drogue, dont 5 tonnes de cocaïne, ce qui représenterait 500 millions d’euros à la revente en France », avait en effet expliqué le CEMM, au Sénat.

La lutte contre le narcotrafic n’est pas une mission prioritaire pour la Marine nationale. « Ce n’était pas un sujet pour [elle] quand je suis entré au début des années 1980, c’était l’affaire des douanes », a souligné l’amiral Vaujour.

Aussi, a-t-il ajouté, « la Marine nationale ne dédie pas de moyens spécifiques à la lutte contre le narcotrafic, nous agissons selon nos ressources disponibles à proximité quand on nous signale un trafic – on décide alors de dérouter l’un de nos navires pour intervenir ».

La Guyane est une terre d’enjeux immenses – Entretien avec le général Jean-Christophe Sintive

Entretien avec le général Jean-Christophe Sintive, commandant la Gendarmerie de la Guyane-Française

AASSDN – publié le 14 novembre 2024

https://aassdn.org/amicale/la-guyane-est-une-terre-denjeux-immenses/


Commentaire AASSDN : Compte tenu de sa situation géographique proche de l’équateur, de ses ressources naturelles et de sa superficie importante (1/6e de la Métropole), la Guyane est un atout pour la France.
Mais la très forte immigration étrangère, les trafics et l’insécurité qui atteint des niveaux inconnus en Métropole sont de nature à transformer ce département d’Outre-mer à devenir un boulet pour notre pays, voire une proie pour ses voisins.
Il est donc impératif et urgent de restaurer la sécurité et l’intégrité de ce territoire où opèrent de nombreux clandestins, souvent orpailleurs armés venus du Surinam et du Brésil. La Guyane doit constituer notamment avec Kourou, un pôle d’influence français en Amérique du Sud.

Affecté à la tête de la Gendarmerie de la Guyane Française depuis le 1er août 2022, le général Sintive décrit un territoire dont la beauté n’a d’égale que l’exigence de l’engagement des gendarmes qui y servent.

Avec ses 84 000 km², la superficie de la Guyane est comparable à 1/6e de l’Hexagone, mais ne compte que 300 000 habitants. Seul outre-mer français à ne pas être une île, ce territoire partage plus de 500 kilomètres de frontière avec le Suriname et 700 kilomètres avec le Brésil (plus précisément avec l’État fédéré de l’Amapá), ce qui en fait ainsi la plus grande frontière terrestre de la France, au cœur de l’Amérique du Sud. La Guyane constitue ainsi une porte d’entrée vers l’Europe, qu’il s’agisse de flux licites ou illicites de personnes et de biens.

Recouvert à 94 % de forêt équatoriale, ce territoire présente une biodiversité exceptionnelle. Celle-ci est néanmoins menacée par la déforestation, par l’orpaillage illégal et la pêche illégale. Terre de convoitises, la Guyane dispose de réserves aurifères et halieutiques importantes.

Passionné par ce territoire, le général Jean-Christophe Sintive s’engage quotidiennement aux côtés des gendarmes servant sous ses ordres. « J’adore la Guyane. J’exerce un commandement hors du commun. La gendarmerie est la force qui compte sur ce territoire, elle y fait face à des enjeux immenses. »

De ses débuts en Guyane jusqu’aux fonctions de Commandant de la gendarmerie de la Guyane Française

« Scientifique de formation, j’ai choisi la gendarmerie après ma scolarité à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. À l’issue de la formation à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN, nouvellement Académie militaire de la gendarmerie nationale – AMGN), j’ai rejoint l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 46/2 de Châtellerault, d’abord en tant que commandant d’un peloton blindé, puis à la tête du peloton d’intervention. J’ai participé à plusieurs missions, mais la première s’est déroulée en Guyane, constituant ainsi un véritable marqueur de ma carrière. J’ai également été engagé au Kosovo. J’ai ensuite été affecté à l’École polytechnique en tant qu’instructeur, avant de devenir commandant de la compagnie de gendarmerie départementale de Béziers. Ce temps de commandement s’est révélé particulièrement formateur en raison de l’activité judiciaire soutenue et des nombreux événements d’ordre public. Après un temps à la Direction générale de la gendarmerie nationale et une année de scolarité à l’École de Guerre, j’ai eu l’opportunité d’occuper un poste nouvellement créé au sein de l’Inspection générale de l’administration (IGA), dans le cadre du rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur. Cette affectation m’a permis de disposer d’une compréhension des enjeux interministériels et d’obtenir des diplômes d’audit. Dans la continuité de ce poste, j’ai rejoint l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) afin de participer au développement de l’audit interne en gendarmerie. J’ai ensuite servi au sein du Bureau personnel officier, où j’ai pu appréhender les enjeux de l’Institution en matière de ressources humaines. De 2016 à 2019, j’ai commandé le Groupement de gendarmerie départementale de la Gironde, marqué par des enjeux périurbains et estivaux importants. À ce temps de commandement a succédé une nouvelle scolarité au sein du Centre des hautes études militaires (CHEM) et de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Cette formation m’a permis d’approfondir ma compréhension de la décision interministérielle et des enjeux géopolitiques de la France. À l’issue, j’ai occupé le poste de conseiller sécurité intérieure et défense sécurité auprès du ministre des Armées. En 2022, j’ai été affecté comme Commandant de la gendarmerie de la Guyane Française (COMGEND-GF).

Ce poste est exactement celui que je souhaitais obtenir. Je suis revenu en Guyane 23 ans après y avoir servi. Il s’agit d’un territoire exceptionnel, au sein duquel la gendarmerie joue un rôle majeur. Elle agit en effet sur plus de 99 % de ce territoire et assure la sécurité de 80 % de la population. À cela s’ajoutent les spécificités liées à la Lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI), qui est une opération qui n’existe nulle part ailleurs, et à la protection du Centre spatial Guyanais (CSG). Pour ces raisons, commander la gendarmerie de Guyane présente un intérêt particulier. »

L’état de la menace

« La Gendarmerie doit faire face à des enjeux de sécurité extrêmement importants. La Guyane est confrontée à toutes les difficultés de l’Amérique du Sud et à des problématiques migratoires conséquentes. Les populations frontalières immigrent en Guyane en quête d’une vie meilleure. Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant de ce territoire est deux fois supérieur à celui du Brésil et trois fois supérieur à celui du Suriname. La Guyane est marquée par un haut niveau de violence et par une circulation massive d’armes à feu. Les trafiquants de drogue utilisent la Guyane comme porte d’entrée vers l’Europe. Nous enregistrons 35 % des vols à main armée avec arme à feu et 20 % des tentatives d’homicide constatés par la gendarmerie sur le territoire national. Plusieurs phénomènes criminels sont aujourd’hui notables.

Depuis cinq ans, nous faisons face à l’arrivée de factions armées brésiliennes. Il s’agit de groupes criminels organisés qui ont commencé à se constituer dans les années 80 dans les prisons de ce pays. Ils cherchent désormais à s’étendre dans toute l’Amérique du Sud, voire à l’Europe via le Portugal mais aussi la France, en raison de la situation géographique de la Guyane. Les deux principales factions implantées en Guyane sont la FTA (Familia Terror do Amapá) et le Commando rouge. Ces organisations sont rivales, ce qui explique aussi les nombreux règlements de compte que nous constatons.

La Guyane est également victime de l’orpaillage illégal au cœur de la forêt équatoriale. On estime que 5 tonnes d’or ont été extraites illégalement en 2023. Cette année-là, nous avons saisi 61 millions d’euros d’avoirs criminels liés à l’orpaillage illégal. Actuellement, nous avons déjà atteint 76 millions de saisies et destructions. Ces résultats montrent que nous sommes présents et réactifs, mais cela ne suffit pas pour endiguer l’orpaillage illégal, dont la croissance est largement corrélée à l’augmentation du prix de l’or. Les moyens que nous engageons pour lutter contre ce phénomène doivent être proportionnels, pérennes et renouvelés. L’enjeu est de tenir la forêt équatoriale pour éviter qu’elle ne soit dévastée par des délinquants qui n’ont aucune conscience environnementale.

Le CSG constitue également un véritable enjeu de sécurité. La gendarmerie est chargée de la protection du site dans le cadre d’une convention conclue avec le Centre national d’études spatiales (CNES). Une partie des effectifs dédiés est financée par cette agence. À la suite du lancement réussi d’Ariane 6, l’activité du site va s’intensifier dans les prochaines années. L’ambition commune du CNES et de l’Agence spatiale européenne est de pouvoir réaliser jusqu’à trois lancements par mois. La gendarmerie devra s’adapter à cette accélération et monter en puissance.

Nous sommes également confrontés au défi de l’accroissement démographique. La population augmente de 3 % par an et même de 5 % par an dans certaines communes du territoire. La gendarmerie doit être en mesure de suivre cette évolution en adaptant son dispositif territorial. Le plan de création de 239 brigades lancé par le président de la République prévoit l’implantation de quatre nouvelles unités en Guyane. La première d’entre elles, la brigade fluviale de gendarmerie de Saint-Laurent-du-Maroni, a été inaugurée en avril 2024 et est aujourd’hui pleinement opérationnelle. »

Un engagement exigeant

« La gendarmerie a pris en compte le phénomène des factions. En raison de la difficulté à conduire les investigations les concernant, la Section de recherches (S.R.) de Cayenne a été réorganisée. Ses effectifs ont également été augmentés. Alors qu’elle ne comptait que deux divisions en début d’année (une division consacrée aux crimes commis en forêt équatoriale et une division dédiée à ceux commis sur le littoral, c’est-à-dire dans les zones habitées), elle est désormais structurée en quatre divisions (criminalité organisée, criminalité sérielle et complexe, criminalité économique et financière et LCOI). À celles-ci s’ajoute un Groupe appui renseignement (GAR). La division criminalité organisée est spécifiquement chargée de la lutte contre les factions. De nombreuses opérations judiciaires visant les factions ont d’ores et déjà été réalisées afin d’entraver leur développement. Ce travail commence à porter ses fruits.

La LCOI a été organisée autour de l’opération Harpie. Il s’agit d’un dispositif comprenant à la fois un contrôle de zone dans la profondeur, des actions aéroportées d’opportunité et des points de contrôle terrestres et fluviaux en forêt et sur le littoral, afin d’endiguer les flux logistiques. Deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) sont normalement consacrés à cette mission en plus des unités de gendarmerie départementale de Guyane, de la Brigade fluviale et nautique de Matoury, de la Section de recherches (S.R.) de Cayenne, de la Section aérienne gendarmerie (SAG) et de l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (A-GIGN). Cette opération est coordonnée par le Centre de conduite des opérations (CCO). Rattaché au COMGEND-GF, cet état-major dédié à la LCOI est chargé de planifier, d’organiser et de conduire les opérations menées dans ce domaine, en lien avec les Forces armées en Guyane (FAG). Innovant en permanence, la gendarmerie de Guyane a fusionné son J2 CCO (renseignement) avec celui de l’État-major interarmées des FAG, afin de poursuivre l’amélioration du ciblage des opérations.

Notre action sur le terrain s’est toutefois amoindrie ces derniers mois en raison de l’engagement des EGM sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, ainsi qu’en réponse aux crises survenues en Nouvelle-Calédonie et en Martinique. Nous avons tout mis en œuvre pour compenser la diminution du nombre de gendarmes mobiles par un renforcement de l’activité des gendarmes départementaux et leur déploiement en forêt. Cette manœuvre a également permis de former largement les gendarmes départementaux sur une mission fondamentale pour la Guyane. Cet investissement estival multiplie aujourd’hui nos capacités opérationnelles en la matière. »

La coopération au cœur de l’efficacité opérationnelle

« Nous travaillons étroitement avec les FAG, tant dans le cadre de la LCOI, qu’au CSG. Nos actions et nos moyens sont complémentaires. Nous coopérons également avec de nombreux services étatiques, et notamment avec la police nationale, à Cayenne, à Saint-Laurent du Maroni, à Saint-Georges ou encore à l’aéroport. Le Parc amazonien de Guyane (PAG), l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Office national des forêts constituent également des partenaires quotidiens dans nos missions de protection de l’environnement.

On ne pourrait pas être efficaces si on ne développait pas des relations privilégiées avec les partenaires internationaux. Nous avons renforcé notre coopération avec la Korps Politie Suriname (KPS), en mettant en place des patrouilles conjointes des deux côtés du Maroni, ainsi qu’avec les polices du Brésil, notamment la police fédérale et les polices de l’État de l’Amapá. L’interpellation très récente par la KPS à Paramaribo, d’une équipe de cinq malfaiteurs chevronnés qui avait fui la Guyane et leur remise immédiate à la gendarmerie constituent la démonstration que nous sommes sur la bonne voie.

Structure prévue par une loi française et brésilienne, le Centre de coopération policière (CCP) de Saint-Georges facilite et fluidifie l’échange d’informations judiciaires et policières. »

Une gendarmerie de proximité

« Il est important que la gendarmerie soit un acteur reconnu de la sécurité des Guyanais. Elle doit être appréciée pour son contact, sa proximité et son intégration dans la vie guyanaise. À cette fin, nous avons développé des missions de Police de sécurité du quotidien (PSQ) permettant de nous rendre dans les villages isolés habités par les populations autochtones. Ce dispositif nous permet de mieux les comprendre et de rencontrer des gens qui ne sont pas en mesure de venir jusqu’à nous.

La proximité passe également par un recrutement local. Depuis deux ans, j’ai développé cet objectif au sein de la réserve et des gendarmes adjoints volontaires, grâce notamment à la montée en puissance du centre régional d’instruction. Nous en constatons les premiers résultats avec une augmentation de notre attractivité. À cette fin, nous avons signé un partenariat avec le Régiment du service militaire adapté (RSMA). »

Des gendarmes passionnés

« La Gendarmerie de Guyane peut vraiment compter sur le dynamisme de ses gendarmes. Ils remplissent des missions passionnantes qui ont du sens. La population apprécie leur action. Ses attentes envers eux sont fortes. Les gendarmes qui travaillent ici sont véritablement passionnés. Ils sont confrontés à un engagement majeur, probablement l’un des plus exigeants de leur carrière, mais celui-ci est particulièrement galvanisant.
Dans le même temps, la Guyane est une terre accueillante. La population est avenante et les gendarmes ont développé une véritable solidarité entre eux, ce qui les aide à se sentir bien dans leur vie professionnelle comme personnelle.
Ils ont la chance de servir sur un territoire d’une beauté extraordinaire. La forêt équatoriale présente une biodiversité incroyable. C’est un émerveillement quotidien, tant pour les gendarmes que pour leurs familles. »

Des enjeux d’avenir

« Les enjeux sont énormes et les possibilités le sont tout autant. La Guyane est une terre d’innovation. Nous avons déployé la Starlink sur le territoire. Au regard des résultats satisfaisants de ce système, nous l’avons expérimenté sur un véhicule pendant le Relais de la Flamme Olympique. Ce premier véhicule équipé du système Starlink permet de procéder à des contrôles en mobilité sur tous les axes du territoire, ce qui n’était pas le cas avant. De nombreuses initiatives sont menées, ce qui est pour moi, comme pour les gendarmes, une véritable source de satisfaction.

Capitaine Tristan MAYSOUNAVE

Crédit photo : © GEND/ SIRPAG/ ADC.BOURDEAU

La Gendarmerie mobile est en « surchauffe », prévient un rapport parlementaire

La Gendarmerie mobile est en « surchauffe », prévient un rapport parlementaire


À la fin des années 2000, il fut décidé de réduire à 109 le nombre d’escadrons de gendarmerie mobile [EGM], au titre de la Révision générale des politiques publiques [RGPP], dont l’objectif était de moderniser le fonctionnement de l’État tout en réalisant des économies.

Et cela sans changer le périmètre des missions de la Gendarmerie mobile, celles-ci allant du maintien de l’ordre public à la participation aux opérations extérieures [OPEX] en passant par la protection d’édifices sensibles et la participation à différents dispositifs de sécurité [Vigipirate, lutte contre l’immigration clandestine, etc.].

Seulement, l’activité opérationnelle des EGM s’est singulièrement accentuée au cours de ces dernières années. Au point que, en 2019, année marquée par le mouvement dit des « Gilets jaunes », l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale [IGGN] avait tiré le signal d’alarme en faisant comprendre que les gendarmes mobiles étaient au bord de l’épuisement.

Il « ne faudrait pas dépasser 65 escadrons employés chaque jour. Or, depuis le 1er janvier [2019], le taux moyen d’emploi des escadrons est de 74 chaque jour », avait ainsi souligné le général Michel Labbé, le « patron » de l’IGGN, lors d’une audition parlementaire.

Par la suite, l’activité opérationnelle de la Gendarmerie mobile a retrouvé un niveau peu ou prou soutenable. Mais cette accalmie n’aura pas duré longtemps.

En effet, cette année, les violentes émeutes en Nouvelle-Calédonie, les vives tensions en Martinique, la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris [JOP] ainsi que les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, les opérations « places nettes » contre les trafiquants de drogue, les manifestations du monde paysan et la mobilisation d’activistes contre le chantier de l’autoroute A69 ont de nouveau mis la Gendarmerie mobile dans le rouge.

« La crise en Nouvelle-Calédonie a exigé un envoi massif de renforts de la gendarmerie. Alors que l’effectif socle [y] est de 735 gendarmes, plus de 2 870 gendarmes étaient présents sur ce territoire en septembre 2024, dont plus de 2 000 gendarmes mobiles », rappelle la député Valérie Bazin-Malgras [Droite républicaine], dans un rapport sur le budget 2025 de la Gendarmerie nationale.

« Au plus fort de la crise, 35 escadrons de gendarmerie mobile étaient présents en Nouvelle-Calédonie, contre quatre à cinq escadrons habituellement. Chaque escadron est déployé sur place pour trois voire quatre mois », a-t-elle ajouté, avant de souligner que les gendarmes ont dû « faire face à une violence inédite, avec des engagements qui ‘relèvent plus du combat que du maintien de l’ordre’ ». Deux d’entre eux ont perdu la vie et 550 autres ont été blessés.

Dans le même temps, 55 EGM ont été mobilisés pour les JOP, parfois de manière simultanée.

Aussi, le constat établi par Mme Bazin-Malgras n’est pas surprenant. L’une des conséquences de cette forte mobilisation est que « la gendarmerie mobile est en surchauffe ». Un autre est que cette dernière n’a pas toujours les moyens de renforcer d’autres unités de la gendarmerie « pour des missions qui ne relèvent pas du maintien de l’ordre, telles que les missions de sécurisation des transports et de lutte contre l’immigration irrégulière ».

« Un taux d’emploi de 68 escadrons engagés par jour représente pour la gendarmerie le seuil de viabilité maximal pour gérer les jours de repos et de permissions des gendarmes mobiles. Or, de janvier à septembre 2024, le taux d’emploi effectif a été de 80 escadrons engagés chaque jour », a relevé la députée.

Et d’ajouter : « Cette situation génère une augmentation de la dette de repos et de permission : au 30 juin 2024, le reliquat du nombre de jours de repos et permission à attribuer en moyenne par gendarme mobile atteint près de 40 jours [contre 13 jours en 2022 et 2023] ».

Pour atténuer les effets de cette « surchauffe », la Gendarmerie a eu recours à quelques expédients, notamment en réorientant les flux sortants de ses écoles.

« Alors que traditionnellement, environ 25 % des effectifs en sortie d’école sont orientés vers la gendarmerie mobile, cette proportion est passée depuis fin 2024 à plus de 35 %, au détriment des recrutements au sein de la gendarmerie départementale », a constaté Mme Bazin-Malgras.

Enfin, les relèves des EGM en outre-mer sont désormais effectuées tous les quatre mois et non plus tous les trois mois comme c’était jusqu’alors le cas.

Le recours à des réservistes pour renforcer les EGM pourrait être une solution… Seulement, comme le rappelle la députée, « à l’exception de situations exceptionnelles [insurrection ou guerre], les réservistes n’ont pas vocation à mener des opérations programmées de maintien ou de rétablissement de l’ordre public ». Et c’est d’ailleurs la « raison pour laquelle les réservistes, y compris au niveau local, ne participent pas aux opérations actuelles en Nouvelle-Calédonie », a-t-elle souligné.

Tribune d’un officier de Gendarmerie : pour un “agent” de l’État, agir en conscience est-il un affront à la cause républicaine ?

Tribune d’un officier de Gendarmerie : pour un “agent” de l’État, agir en conscience est-il un affront à la cause républicaine ?


Véhicule de Gendarmerie
Illustration

Un officier d’active de Gendarmerie nous a transmis cette tribune dans laquelle il livre ses réflexions sur la doctrine de la Gendarmerie.

Dans l’ombre des institutions républicaines, là où le devoir se mêle à la conscience, une question insidieuse se faufile : un Gendarme, peut-il encore, en son âme et conscience, servir la République sans se sentir en contradiction avec elle ?

Depuis toujours, la mission de service public est érigée en idéal absolu, gravée dans les consciences des militaires comme un serment sacré. Pourtant, derrière cette noble ambition se dresse un autre impératif, plus silencieux, mais tout aussi pesant : celui de la soumission à la machine républicaine. Mais qu’advient-il lorsque la volonté politique, aveuglée par ses ambitions, se heurte à la réalité du terrain ?

Trop souvent, hélas, l’idéalisme des décideurs semble déconnecté des besoins tangibles. Et dans cette déconnexion, les décisions, prises à la hâte et en haut lieu, risquent de s’éloigner de l’intérêt général, celui qu’elles prétendent pourtant défendre.

Dans bien des administrations, ce constat est une source de désillusion. La Gendarmerie nationale, corps militaire longtemps réputé pour sa loyauté et son silence, n’y échappe pas. Si certains ont osé briser ce mutisme, ils restent encore trop rares, tandis que la majorité demeure en retrait, retenant en eux ce goût amer d’impuissance. La “loyauté » républicaine, comme un carcan invisible, les enchaîne à leur devoir, les privant de la liberté d’exprimer leur désarroi.

Depuis plusieurs années, les priorités politiques semblent avoir pris le pas sur le sens profond de nos missions. Une perte de repères s’installe, s’immisce au cœur même de notre conscience professionnelle, fragilisant nos convictions. Nos chefs, jadis guides éclairés, sont eux-mêmes ébranlés, tiraillés entre leur devoir de loyauté et leur liberté de conscience, aujourd’hui réduite à une ombre vacillante. Le glissement est évident : de “serviteurs” de la République, nous sommes devenus ses “instruments”, obéissants à des injonctions qui parfois nous échappent.

Les directives se multiplient, souvent portées par des plans d’action de grande envergure, mais dénuées de sens pour ceux qui arpentent le terrain, jour après jour. Cette avalanche de décisions, détachées des réalités, finit par miner l’adhésion des troupes. Et cette désaffection, imperceptible au premier regard, s’étend peu à peu dans les rangs.

Voici donc, sans fard ni embellissement, quelques points de tension, des interrogations non résolues, que l’on murmure tout bas mais qui mériteraient d’être criées tout haut :

– Le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur, une décision dont les effets se font sentir chaque jour.

– Les réformes sur le temps de travail, des mesures textuelles qui alourdissent un peu plus la charge des militaires.

L’identité militaire, qui se dilue, entre tradition et modernité.

– Le syndrome du “bon élève”, ce besoin constant de prouver sa valeur, au détriment parfois de l’autonomie.

– Les liens complexes avec l’autorité administrative, qui semblent parfois peser davantage que le bien commun.

– La lutte entre la prévention de voie publique et le poids du judiciaire, une bataille silencieuse mais constante.

– La longévité de la Gendarmerie face à la Police nationale, une question d’équilibre des forces et des moyens.

Enfin, et surtout, la volonté du politique, si souvent en décalage avec la réalité du terrain, qui érode peu à peu la quête de sens des Gendarmes.

Dans un contexte de tensions sociales et d’instabilité politique croissante, cette lente dégradation, déjà bien amorcée, pourrait-elle encore susciter l’intérêt chez les décideurs, ou sommes-nous condamnés au silence ?

La quête de Sens ou la soumission républicaine : réflexions sur la doctrine de la Gendarmerie

Dans l’intimité silencieuse de mon bureau, une question me ronge, obsédante, presque impertinente. Ai-je encore le droit de me poser des questions, de douter, face à l’Institution à laquelle je voue mon quotidien ? Qu’on ne s’y méprenne pas, mes mots ne sont ni une révolte ni une revendication militante. Ils sont le fruit d’une réflexion, sincère, lucide, sur ce qu’est devenue la Gendarmerie, ce bastion séculaire qui vacille sous le poids des changements.

Les réformes se sont succédé, bouleversant les fondations mêmes de notre maison. Loi du 3 août 2009, PSQ, DGE, PVP… (politique de sécurité du quotidien, dispositif de gestion de l’évènement, présence voie publique) des sigles qui défilent comme des promesses, mais qui, sur le terrain, créent un gouffre. Un gouffre entre la réalité politique, façonnée dans les couloirs feutrés du pouvoir, et la dure réalité opérationnelle que nous vivons chaque jour.

Le fossé se creuse, et avec lui, le malaise grandit. Nous, gendarmes, sommes appelés à “l’intelligence des territoires”, à l’adaptation, à l’initiative locale. Mais ces belles intentions se heurtent sans cesse à des directives nationales, aveugles aux particularités de nos territoires. Nous sommes devenus les exécutants d’ordres venus d’en haut, sans qu’un regard ne soit posé sur ce qui fait la singularité de chaque ville, de chaque route que nous arpentons. La DGE, la PVP… autant d’outils qui, bien qu’essentiels sur le papier, se transforment en carcans sur le terrain.

Prenons l’exemple de la sécurisation des églises ou des écoles. Nous voilà sommés, sans ménagement, de placer un gendarme devant chaque lieu de culte, devant chaque établissement. La directive est formelle, rigide. Mais, à l’heure où nos ressources s’amenuisent et où chaque mission en chasse une autre, comment pouvons-nous répondre à cette demande ? Nous ne sommes pas des surhommes, et la réalité finit par nous rattraper. Pourtant, qui, parmi ceux qui nous dirigent, s’est posé la question du rapport bénéfice-risque ? Qui a pris le temps de réfléchir à la faisabilité, à l’impact réel sur le terrain ? Non, cela n’a pas d’importance. L’ordre est politique, et donc, il ne peut être contesté.

Nous ne demandons pas à désobéir. La loyauté, nous l’avons ancrée dans notre ADN. Mais à force de suivre aveuglément, sans jamais remettre en question, ne risquons-nous pas de perdre ce qui fait notre essence même ? La prise de risque, l’initiative, ne sont plus encouragées. Chaque échelon supérieur interfère, empêche, verrouille les décisions locales. Le commandement unique, cet héritage qui a forgé notre Institution, semble aujourd’hui menacé.

Les « spécialistes » se multiplient. Chaque domaine a désormais son référent, son expert. Cela pourrait sembler vertueux, une montée en compétence, un gage de professionnalisme. Mais à quel prix ? La polyvalence, autrefois notre force, est en train de disparaître. Nos brigadiers, ces hommes et ces femmes capables de tout, se retrouvent enfermés dans des rôles cloisonnés, incapables d’agir avec la liberté d’antan.

Un autre exemple, plus subtil mais tout aussi parlant : la fameuse PVP. Cette volonté de rapprocher la Gendarmerie de ses citoyens, de renouer le lien, est louable. Mais sur le terrain, que constatons- nous ? Une pression statistique qui déforme la réalité. Les chiffres augmentent, mais qu’en est-il du véritable impact ? Nos outils ne reflètent pas notre quotidien, ils alimentent une vision déconnectée, une illusion qui fait dire aux élus : “On ne vous voit pas assez”. Cette perception est peut-être juste dans certains territoires, mais pas partout. Et pourtant, pour satisfaire cette soif de chiffres, nous trichons, nous adaptons nos rapports, non par malhonnêteté, mais par obligation.

Et là réside le nœud du problème. Nous avons cessé d’être des acteurs de notre propre mission.

Nous disons ce que nos chefs veulent entendre. Nous validons, nous acquiesçons, par peur de remettre en question, par crainte de compromettre une carrière. Le courage intellectuel a cédé le pas à l’obéissance aveugle.

Notre liberté d’action, tant enseignée, tant valorisée, s’est évaporée, étouffée sous le poids de la hiérarchie et de la bureaucratie.

L’immédiateté gouverne tout

Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave. L’immédiateté gouverne tout. Chaque événement, chaque incident est scruté par tous les échelons, avant même que les premiers éléments ne remontent aux responsables opérationnels. L’urgence devient la norme, et avec elle, une infobésité qui nous submerge. Les mails, les comptes-rendus, les ordres qui se bousculent… tout devient prioritaire, tout devient urgent. Et dans ce flot continu d’informations, nous ne faisons plus que réagir, sans jamais anticiper.

À cela s’ajoute la “communication”. Celle qui flatte l’ego, qui alimente le narcissisme de certains, qui pensent réinventer le métier. Ces “influenceurs”, comme ils aiment à se nommer, réduisent notre engagement à des images, des slogans. La médiocrité s’installe, insidieusement.

Enfin, une réforme de la déconcentration est en marche, voulue par le président de la République, avec pour ambition de simplifier l’action publique. Mais peut-on vraiment y croire ? Les bonnes intentions sont là, certes, mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Les autres administrations ne suivent pas, la cadence n’est pas la même, et nous, gendarmes, continuons de crouler sous nos dossiers, sous les heures “bureau”, sous les enquêtes qui s’empilent.

Malgré tout, il nous est demandé de rester fidèles, de continuer à servir, sans questionner. Mais est- ce cela, être loyal ? Est-ce accepter sans jamais remettre en question ? Sommes-nous condamnés à une soumission aveugle, à ne plus nous appartenir, à sacrifier ce qui faisait de nous des gendarmes et non des policiers ?

La policisation de notre Institution est en marche. Et avec elle, c’est peut-être notre âme que nous perdons.

Jean Ceymon

Chuteur ops, commandant de SR, patron du GIGN, DOE : le parcours d’Hubert Bonneau, nouveau chef des gendarmes

Chuteur ops, commandant de SR, patron du GIGN, DOE : le parcours d’Hubert Bonneau, nouveau chef des gendarmes

Le général de corps d’armée Hubert Bonneau, a été choisi ce jeudi 31 octobre en conseil des ministres pour diriger la Gendarmerie au terme d’un long processus de nomination et d’un inédit intérim officiel de plus d’un mois assuré par le major général, le général de corps d’armée André Pétillot.

Le commandant de la région de Gendarmerie Bretagne et de la Gendarmerie pour la zone de sécurité ouest depuis janvier 2023 sera en effet le nouveau chef des gendarmes à compter du lundi 4 novembre prochain. Il était en “finale” avec le général de corps d’armée Xavier Ducept, 57 ans, commandant de la région Île-de-France et la Gendarmerie pour la zone de sécurité Île-de-France, et commandant des forces de Gendarmerie (ComForgend) pendant les Jeux Olympiques et paralympiques. Deux autres généraux avaient été sélectionnés au sein du casting proposé au nouveau ministre de l’Intérieur, les généraux de corps d’armée Bruno Arviset, directeur des ressources humaines, 56 ans, et Tony Mouchet, 54 ans, directeur des opérations et de l’emploi.

Retour sur le parcours atypique de celui qui est le premier directeur général ayant commandé une section de recherches et possédant la rare qualification de chuteur opérationnel. S’il est, après le général Denis Favier le deuxième ancien commandant du GIGN à accéder à la fonction suprême de DDGN, il est le premier ancien de l’escadron parachutiste d’intervention de la Gendarmerie (EPIGN), qu’il a commandé (dissous en 2007 et dont les personnels ont été intégrés dans le nouveau GIGN).

Ancien du lycée naval de Brest

Né en décembre 1966 à Brest, scolarisé au lycée naval de Brest, il intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en 1986, promotion Général Callies, après deux ans de corniche au Prytanée national militaire de La Flèche.

À l’issue de Saint-Cyr, il choisit la Gendarmerie. À sa sortie de l’EOGN, en 1990, il commande le peloton d’intervention de l’escadron de gendarmerie mobile de Luçon (Vendée) avant de rejoindre en 1991 l’EPIGN comme adjoint au chef de l’unité. Il y obtient sa qualification de chuteur opérationnel et, en 1995, commande cet escadron. En 1998, il commande la compagnie de Papeete (Polynésie française) puis rejoint l’EOGN comme instructeur en 200 avant d’intégrer l’École de guerre en 2003. Il commande alors la section de recherches de Rennes de 2004 à 2007 puis prend la tête du groupement de gendarmerie départementale de la Corse-du-Sud en 2007.

Chef du GIGN

En 2011, il retrouve le GIGN comme commandant en second avant d’en prendre la tête en septembre 2014.

Il est à la tête de la prestigieuses unité d’élite lors de l’assaut de l’imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) le 9 janvier 2015 contre Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo, commis deux jours tôt. Promu général en 2016, il devient avril 2017 directeur de la sécurité diplomatique au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En avril 2020, il rejoint pour la première fois de sa carrière la Direction générale pour prendre le poste stratégique de directeur des opérations et de l’emploi.

En janvier 2023, il est soudainement nommé à la tête de la région de Gendarmerie Bretagne et commandant de la Gendarmerie pour la zone de sécurité ouest.

Absent de la “short-list” proposée à l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le général Hubert Bonneau est revenu dans la course avec Bruno Retailleau et a été choisi, une décision validée par le Premier ministre, le ministre des armées et in fine, le président de la République.

Homme de terrain, il pourra compter sur l’appui du major général, le général de corps d’armée André Petillot et ses deux adjoints, les généraux de corps d’armée Pierre Casaubieilh et de division Frédéric Boudier.

Interview: le général (2s) Bertrand Cavallier, expert en sécurité intérieure, passe en revue les défis du futur ministre de l’Intérieur

Interview: le général (2s) Bertrand Cavallier, expert en sécurité intérieure, passe en revue les défis du futur ministre de l’Intérieur

Place Beauvau
Ministère de l’Intérieur (Photo d’illustration LVDG)

Immigration clandestine dans l’hexagone et outre-mer, narcotrafic, tranquillité publique, contestation sociale, terrorisme islamique et écoterrorisme, le futur ministre de l’Intérieur fait face à des attentes très lourdes en matière de sécurité dans un contexte budgétaire très tendu.

Fort d’une longue et riche expérience, commandant de groupement de gendarmerie départementale et de gendarmerie mobile, commandant du centre national d’entrainement des forces de Gendarmerie (CNEFG) de Saint-Astier, commandant de région, et sous-directeur des compétences, le général de division (2S) de Gendarmerie Bertrand Cavallier, l’un des meilleurs experts français en matière de sécurité intérieure et de défense passe en revue les défis qui attendent le gouvernement. Dans une seconde interview qui sera publiée dans les jours prochain, il se penche sur les défis qui attendent le futur chef des gendarmes qui devrait être nommé rapidement.

LVDG Un nouveau ministre de l’Intérieur va être nommé. Quelles sont, d’après vous les leviers à sa disposition pour améliorer l’efficience des forces de sécurité intérieure et de ce fait la sécurité des Français ? 

Trois grands défis essentiels, pour ne pas dire vitaux, mais inter-agissants, sont à relever par la France : celui tout d’abord de l’économie qui conditionne tout le reste. N’oublions pas que la charge de la dette va bientôt peser davantage que le budget de la Défense alors même que l’environnement géopolitique est de plus en plus désordonné et menaçant. Ensuite, celui de l’éducation qui conditionne le maintien de notre pacte social par l’appropriation de nos valeurs communes, non négociables, mais aussi notre capacité à innover dans un environnement notamment technologique de plus en plus compétitif marqué par le recul constant de la France. Enfin, celui sécuritaire, tant on constate une augmentation considérable de la violence, des fractures, qui menacent la cohésion et la survie de notre nation, sous l’effet notamment d’une immigration massive.

Le futur ministre de l’Intérieur devra pleinement s’emparer de ces enjeux sachant que le déni de réalité ne fonctionne plus. La légèreté d’être des élites depuis des décennies, pour ne pas dire leur lâcheté par crainte de la pensée politiquement correcte et du coût social devant être assumé par celui qui osait tenir un discours de vérité, suscite une révolte croissante dans la population, révolte légitime. 

Cependant, la tâche du ministère de l’Intérieur va s’avérer très ardue du fait d’un contexte budgétaire catastrophique qui impose d’en finir avec la surenchère de moyens et d’acquis catégoriels, le syndrome du quoi qu’il en coûte, sous notamment la pression des syndicats.

L’intervention du premier président de la Cour des Comptes, dans le Figaro (version numérique du 8 septembre) est très claire : “Ce sera sans doute le budget le plus délicat de la Ve République …il va falloir une rupture…un pays trop endetté est un pays impuissant”.

La Cour des comptes avait déjà sonné l’alarme s’agissant du ministère de l’Intérieur en constatant que, malgré une hausse significative de la masse salariale  – entendre plus de gendarmes et policiers, certes pour compenser partiellement les réductions d’effectifs mises en oeuvre sous la présidence Sarkozy, mais également des avantages catégoriels – , on observait une diminution constante de la présence des forces de l’ordre sur le terrain, ainsi qu’une érosion des taux d’élucidation. Plus récemment, dans une note parue le 7 juillet dernier, et intitulée “Les forces de sécurité intérieure : des moyens accrus, une efficience à renforcer”, la même juridiction déclarait que “des hausses de crédits ont été consacrées aux augmentations salariales des policiers et gendarmes prévues dans le cadre du “Beauvau de la Sécurité”, finançant des primes souvent sans cohérence… ”.

Un impératif de redevabilité envers la nation lorsque des avancées catégorielles sont accordées

Il ne s’agit pas ici de fustiger le gendarme ou le policier en soi, sachant que nombre d’entre eux sont dévoués, et prennent des risques dans un environnement de plus en plus menaçant mais d’enfin poser certains principes :

Il y a un cadre budgétaire donné, et désormais, il n’y a plus de marge. Ce qui doit être intégré par les organisations syndicales, dont les ressorts, tels qu’ils m’ont été confiés par certains responsables, sont guidés principalement par “le maintien du nombre d’encartés”, donc assez éloignés de l’intérêt général.

La question de la durée de temps de travail réelle

Il y a un impératif de redevabilité envers la Nation lorsque des avancées catégorielles sont accordées (à noter que ces dernières années, les négocations étaient limitées à leur plus simple expression tant les gouvernements cédaient sur tous les points).

Comme l’évoquait la Cour des Comptes, il faut s’interroger, sur des règles d’organisation du service, de fonctionnement, très complexes, et pour partie non appliquées.

Ceci doit conduire à poser la question de la durée de temps de travail réelle, lors d’une journée de service, mais plus encore mesurée sur toute une année (ce qui est encore plus explicite) d’un policier ou d’un gendarme.  Ceci renvoie également au poids grandissant des polices municipales qui vont jusqu’à se substituer à la force étatique, dans certaines communes d’importance. 

En d’autres termes, il faut en finir avec ces discours surréalistes tenus sur certains plateaux de télévision, par des prétendus experts, et des acteurs corporatistes, justifiant de nouvelles demandes exorbitantes en mettant en exergue la sécurité dans Paris à l’occasion des Jeux Olympiques.

Comme s’il était possible de durablement saturer l’espace public avec 18000 gendarmes,  de milliers de policiers, dont beaucoup issus de la province, une vingtaine de milliers de militaires de Sentinelle….

Les leviers dont va donc disposer le ministère de l’Intérieur auront pour préalable un discours de vérité, un constat lucide et objectif, nécessitant un courage certain. J’insisterai notamment sur trois leviers qui me semblent majeurs.

Le premier levier : le nécessaire renouveau de la hiérarchie policière et gendarmique

Le premier levier portera sur le nécessaire renouveau de la hiérarchie policière et gendarmique, laquelle doit retrouver toute sa place, pour redonner une cohérence à l’ensemble du système, tant dans son organisation que dans son fonctionnement. Une hiérarchie qui attend cette mesure de bon sens, et pour affirmer cela, je m’appuie sur nombre de confidences, car il est depuis des années hasardeux pour ses membres de parler ouvertement de sa fragilisation, voire parfois de sa marginalisation, j’évoquerai dans cet article le cas particulier de la hiérarchie en Gendarmerie.

Elargir les conditions d’usage des armes, simplifier les procédures pénales

Le second concerne le soutien aux gendarmes et policiers de terrain, les producteurs premiers de sécurité.

Il faut élargir les conditions d’usage des armes, lesquelles ont en particulier été considérablement restreintes pour les gendarmes, et qui globalement, de toute évidence, ne sont plus adaptées au contexte sécuritaire. Elles Induisent une véritable inhibition face à l’usage des armes chez les gendarmes et policiers alors qu’ils sont confrontés à des comportements de plus agressifs, à une délinquance de plus en plus violente, déterminée, et disposant de plus en plus d’armes de guerre, sans évoquer la généralisation des refus d’obtempérer.

C’est un point capital, au-delà des forces de l’ordre, pour la défense de notre société, qui mérite un développement particulier. J’ajouterai la simplification des procédures pénales, tant aujourd’hui elles accaparent gendarmes et policiers, pour des résultats finaux au demeurant décourageants du fait de la saturation des services de justice.

Le ministre devra se positionner sur la répartition Police Gendarmerie

Le troisième a trait à la problématique migratoire. Je l’aborde ci-dessous.

Enfin, Les Jeux olympiques et paralympiques étant passés, le futur ministre de l’Intérieur – à l’inverse de son prédécesseur qui a fait machine arrière sur ce sujet- ne pourra pas s’exonérer de se positionner sur les recommandations du Livre blanc concernant les redéploiements Police Gendarmerie.

Il devra dire s’il est favorable, quitte à s’affirmer face à certains syndicats de police à ce que la Gendarmerie prenne en compte la sécurité publique de villes moyennes comme par exemple Cannes, Digne, Mende, Lons-Le-Saunier, et des départements complets tels que le préconisait le Livre blanc. 

LVDG Réduire drastiquement l’immigration illégale est l’un des principaux challenges du futur ministre de l’Intérieur. Pourquoi ne pas donner davantage de place à la Gendarmerie dans le dispositif humain d’autant que de nombreux secteurs de passage, au Sud et à l’ouest sont en zone de compétence Gendarmerie ? Un ancien directeur de la Police aux frontières vient d’ailleurs dans un livre de constater des moyens humains et technologiques limités. 

Bertrand Cavallier La lutte contre l’immigration illégale (ou clandestine) est devenue capitale à deux titres : d’une part, elle constitue un des facteurs majeurs de criminalité qu’aucun politique sérieux ne conteste aujourd’hui. Ainsi, comme cela était avancé dans l’Opinion du 9 novembre 2022, “s’appuyant sur les statistiques, Gérard Darmanin mais aussi Emmanuel Macron ont fait sauter le tabou entre immigration et insécurité. Il y a en effet une réalité factuelle”. Plus récemment, sur Cnews, le 27 mai 2024, la députée Ensemble pour la République Maud Bregeon déclarait :“ Il y a aujourd’hui en France un lien entre insécurité et immigration”. Violence voie publique, trafic de stupéfiants, agressions de femmes…Cette triste réalité s’impose en effet ;

d’autre part, elle provoque aujourd’hui de par la nature et la masse des flux (qui pourrait se traduire en submersion de l’Europe), sur fond de confrontation civilisationnelle, la partition des territoires, annoncée par Gérard Collomb, admise par François Hollande alors président de la République. Cette confrontation s’exprime de plus en plus en termes de conception de la personne, de la place de la femme, de l’acceptation de l’homosexualité, de la vision de la société, du droit applicable…tels qu’existant dans la majorité des pays à majorité musulmane.

Le défi est immense. Et comme le déclare le Premier ministre, Michel Barnier, “il y a le sentiment que les frontières sont des passoires et que les flux migratoires ne sont plus maîtrisés. Et nous allons les maîtriser avec des mesures concrètes”. 

Immigration : une nécessaire réforme des normes juridiques et une révision complète de la manœuvre opérationnelle

Avant d’aborder la question sous un angle franco-français, et de nature technique, rappelons que cette question relève au premier chef de l’Union Européenne. C’est à ce niveau que doivent être initiés :

  • tout d’abord une réforme des normes juridiques, en s’affranchissant notamment dans ce domaine de la CEDH (Cour Européenne des droits de l’homme), en posant prioritairement la question si sensible du droit d’asile, auquel est éligible la moitié de l’humanité ;
  • d’autre part une révision complète de la manoeuvre opérationnelle qui imposerait de mettre en oeuvre une protection effective des frontières européennes, appelant notamment une action de l’avant dans les espaces maritimes, relevant d’un commandement militaire, compte tenu de l’étendue et de la complexité de la zone d’action, du volume des flux et de leurs modes opératoires, et des moyens à déployer. 

Je n’évoquerai pas la question des laissez-passer consulaires tant il est évident que la France – qui reste la 7ème puissance mondiale, doit réaffirmer sa souveraineté, et ne saurait en particulier se soumettre aux volontés de l’Algérie, du Mali…ou de quelque autre état.

La Gendarmerie davantage impliquée dans la lutte contre l’immigration clandestine ?

Le droit du sol, dont la suppression à Mayotte devait faire l’objet d’un projet de loi constitutionnelle, repoussé en raison de la dissolution, doit l’être également dans les autres territoires ultramarins, en particulier de manière urgente en Guyane où des surinamaises viennent accoucher en très grand nombre.

La direction nationale de la police aux frontières (DNPAF) est la direction spécialisée est en charge du contrôle aux frontières et de la lutte contre l’immigration irrégulière.

Elle a donc dans ces domaines un rôle central en terme de définition des objectifs et de coordination.

Pour autant, le contrôle aux frontières et la lutte contre l’immigration irrégulière exige aujourd’hui une autre approche opérationnelle. Il s’agit en effet d’interdire de vastes segments, dans des terrains souvent complexes, appelant des manoeuvres d’envergure, s’appuyant dans la profondeur, et nécessitant le déploiement d’effectifs importants, robustes, aptes si nécessaire à l’engagement de force. Dans ses zones de compétence, la gendarmerie a naturellement vocation à répondre à de telles exigences.

Sous réserve qu’elle soit engagée selon le principe de contrats opérationnels lui permettant de valoriser les atouts que lui confèrent sa culture militaire en termes de planification, d’organisation du commandement (articulation en groupements tactiques Gendarmerie intégrant l’ensemble de ses moyens dont ceux aériens), de modes opératoires, et évidemment sa connaissance intime du terrain qu’apportent ses unités territoriales. Coordonnée au niveau de région zonale avec la Sous-direction des frontières, la mission de la Gendarmerie s’arrêtait cependant aux fonctions de rétention et d’éloignement.

LVDG En matière de lutte contre les stupéfiants et de terrorisme, deux infractions souvent connexes à d’autres crimes ou délits, quelles sont les mesures qu’attendent du nouveau gouvernement les praticiens que sont les magistrats, les policiers et les gendarmes ? 

Bertrand Cavallier Il m’apparaît important d’aborder les deux sujets de façon distincte, même s’il y a des liens croissants entre les deux phénomènes.

J’aborderai d’emblée la question terroriste. Outre le renforcement des unités d’intervention spécialisée (GIGN, RAID, et BRI), des progrès considérables ont été consentis depuis une dizaine d’années, notamment au travers de l’essor de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), dont il faut saluer le travail considérable dans le suivi et le démantèlement de réseaux terroristes, relevant principalement  de l’islam dit radical. Cependant, la même DGSI dans un rapport intitulé “État des lieux de la pénétration de l’islam fondamentaliste en France”, posait le constat suivant : “les réseaux islamistes ont investi un ensemble de champs et d’institutions leur permettant de fabriquer des individus dont la vision du monde est étrangère au lègs de l’héritage politico-culturel français (…) Le risque ultime que font peser les quatre mouvements islamistes les plus actifs – Frères Musulmans, salafistes, tabligh, turcs – est l’avènement d’une contre-société sur le territoire national. Ce risque se matérialise et s’intensifie alors que près de 53% de français de confession musulmane pratiquent un islam “conservateur” voire “autoritaire” qui confine à une forme de sécessionnisme politique et social pour 28% d’entre eux”. La France est donc confrontée à l’essor d’une matrice idéologique, voire civilisationnelle, sur fond de haine de ce que nous sommes, de ce nous représentons. Cette haine est de plus dopée par la question du conflit israélo-Hamas. Cette matrice engendre un terrorisme d’atmosphère (pressions, menaces notamment contre les professeurs, port ostentatoire de vêtements religieux…) mais également des actions très violentes qui relèvent de plus en plus d’individus isolés. Face à cela, l’action de la DGSI est moins aisée, et ce sont les gendarmes et des policiers des unités à vocation de sécurité publique (brigades territoriales, Psig, commissariats dont les BAC) qui, à tout moment, et sans transition, peuvent devoir agir comme primo-intervenants. Ce qui constitue une prise de risque maximale. Et renvoie à la question de leur équipement, de leur formation,  et du “soutien” assuré de leur hiérarchie et des magistrats, pour qu’ils puissent, dans le “brouillard” de l’intervention, agir efficacement.

Mais sur le plan sécuritaire, faut-il encore prendre la question par le commencement et agir en amont, en limitant une immigration qui, de par ses origines, renforce cette contre-société.

À titre d’exemple, et qui sera dérangeant, que penser des arrivées de ressortissants afghans dans les départements du Pas-de-Calais et du Nord, tellement massives que les forces de sécurité intérieure ne mettent même plus en oeuvre la procédure d’OQTF. Mesure à l’efficacité certes limitée, notamment du fait des fausses identités, mais qui permet une traçabilité minimum.

Déchéance de nationalité pour les trafiquants de stupéfiants

Le lien entre immigration et trafic de stupéfiants est assez logique tant cette criminalité est dominée par des individus d’origine immigrée, pour partie de citoyenneté française, mais aussi en proportion notable étrangers, principalement d’origine africaine, et que des passerelles sont établies avec des mouvances islamistes.

Mais une question première s’impose. Pour qu’il y ait offre, il faut une demande, même si aujourd’hui l’offre si endémique stimule la demande. La France – triste record – est en tête du classement des pays d’Europe pour la consommation de Cannabis. L’observatoire français des drogues (OFDT) constate par ailleurs que le marché des drogues se caractérise par des évolutions considérables : diversification des produits consommés, essor des poly-consommations, adaptation constante des modes de diffusion avec l’utilisation croissante par les réseaux de l’internet favorisant notamment la diffusion de drogues de synthèses…

Donc, question de toute évidence sociétale, qu’est-ce qui peut expliquer cette forme d’addiction si massive, dans notre pays, et notamment au sein de la jeunesse ? On ne pourra s’économiser une réflexion de fond en la matière.

En termes de réponse, depuis le 1er septembre 2020, la réponse pénale a évolué avec l’introduction de l’amende forfaitaire délictuelle pour usage de stupéfiants, dressée par les forces de l’ordre.  Sera-ce suffisamment dissuasif ? D’autant que, s’agissant du cannabis, l’environnement européen penche pour une libéralisation de son usage. Et que penser du choix du Canada d’exercer un contrôle complet de ce stupéfiant de sa production à sa consommation ? 

Mais cela ne règle pas la question des autres drogues qui prolifèrent (cocaine…), et sur lesquelles les trafiquants orienteront davantage leurs activités.

Un syndrome de sud américanisation

Aborder la lutte contre les trafics de stupéfiants nécessite de bien saisir toute la dimension de ce défi compte tenu d’une part du préjudice porté à la jeunesse, d’autre part de la généralisation de la violence, et de l’essor d’organisations, soit des cartels, dont les capacités sont telles qu’ils peuvent aujourd’hui menacer la souveraineté de certains Etats d’Europe occidentale. J’ai dans un autre média évoqué un syndrome de sud-américanisation.

Il faut donc aujourd’hui raisonner aujourd’hui en termes de guerre contre ce qui affecte nos capacités vitales au sens premier du terme, soit les nouvelles générations, mais également remet en cause notre pacte social et le principe même de l’Etat de droit. 

Le trafic de drogue développe, à partir de ses centres de gravité, soit les quartiers dits difficiles, un réseau très étendu, sous formes notamment de petits commerces (épiceries, kebabs, ongleries, barbiers…) maillant les territoires, y compris ruraux. Il se traduit désormais par de vastes guerres de territoires, provoquant une escalade de la violence, avec le recours désormais banalisé aux armes de guerre.

Il se caractérise pour ses approvisionnements par de fortes connexions internationales, en particulier avec le Maghreb, mais aussi avec l’Europe du Nord, où, selon Europol, “se situe l’épicentre du marché de la cocaïne”. Les plus gros trafiquants, ceux qui tirent les ficelles de ces réseaux tentaculaires, résident de plus en plus à l’étranger, notamment au Maroc, en Algérie, mais surtout dans les Emirats Arabes Unis. DubaÏ s’est notamment imposé, selon le juge Christophe Perruaux, comme “le trou noir de la lutte contre le blanchiment de l’argent de la drogue”. Ces narco-trafiquants dont des dizaines de français, ont accumulé des richesses considérables qu’ils ont investies localement. Faute de convention judiciaire au niveau européen, et du fait de la lenteur des procédures, ils sont encore pratiquement intouchables. Or, ces individus, ainsi que leur patrimoine, sont parfaitement identifiés, grâce notamment à l’infiltration par l’agence Europol de l‘application cryptée Sky ECC.

Cette guerre exige de la République en danger, certes une volonté inflexible, mais surtout un grand pragmatisme.

Sur le plan juridique, les procédures doivent être simplifiées, en finir avec leurs effets incapacitants, notamment pour la saisie des avoirs criminels. En la matière, il faut :

privilégier la saisie des avoirs criminels visibles par la population avoisinante, et flécher la distribution des biens mal acquis au profit des quartiers où ils ont été saisis pour que la richesse négative devienne positive pour toute la collectivité éprouvée par ces trafics ;

faire de la non-justification de ressources une infraction à part entière, en inversant la charge de la preuve;

Ressortissant à la norme juridique concernant les personnes, il faut mettre en oeuvre les mesures suivantes :

systématiser, à l’occasion de toute condamnation à une peine d’emprisonnement, l’interdiction de paraître dans le quartier à minima durant six mois, ainsi que l’interdiction du territoire français à tout individu étranger avec mesure effective d’expulsion. Alors que les capacités de l’administration pénitentiaire sont saturées, les mesures d’expulsion assorties de l’interdiction du territoire national, qui devraient être logiquement applicable à tout étranger auteur d’infractions graves ou multi-récidiviste, seraient de nature à réduire de façon significative la population carcérale (plus de 20% de ressortissants étrangers). Par là-même, les condamnations à une peine d’emprisonnement pourraient être plus effectives, et ainsi faire reculer ce syndrome gravissime de l’impunité ;

procédant de l’adaptation indispensable de notre politique migratoire, procéder très rapidement à l’expulsion des étrangers en situation irrégulière, notamment les dits mineurs non accompagnés, qui sont massivement recrutés par les dirigeants des réseaux. Il faut aussi étendre la déchéance de nationalité aux trafiquants de stupéfiants binationaux afin d’expulser ces marchands de mort.

Contractualiser la mission de restauration durable de la sécurité avec la force de l’ordre la plus adaptée

Sur le plan opérationnel, deux actions complémentaires s’imposent. Premièrement harceler, déstabiliser sur toute l’étendue du territoire les points de distribution et de blanchiment des trafiquants en coopération étroite avec les services fiscaux. Ensuite, selon une logique de concentration des efforts en ciblant certaines zones emblématiques, et en démontrant ainsi que la République sait et peut encore agir, contractualiser la mission de restauration durable de la sécurité avec la force de l’ordre la plus adaptée (atouts de proximité, capacités de montée en puissance…), sous l’autorité d’un préfet coordonnateur, et avec l’appui d’une task force de magistrats.

D’aucuns, (tel Christian Estrosi NDLR) ont évoqué l’engagement de l’armée de terre. Cette option procède d’une vision simpliste qui voudrait renouveler la bataille d’Alger. Laissons agir les forces de sécurité intérieure qui ont les capacités et la culture professionnelles requises pour mener ces opérations.

En revanche, s’agissant tout particulièrement de l’interception dans les espaces maritimes, mais aussi de la localisation et de la neutralisation de membres de cartel opérant depuis l’étranger, les capacités du ministère des armées  (rens, cyber, intervention…)  apparaissent très précieuses.

La République a la capacité de reconquérir ces territoires en agissant avec force. Mais pour que cette reconquête soit durable, elle doit comprendre que l’enjeu essentiel est la population qui y réside. Elle se doit donc de reconquérir les âmes et les coeurs, en restant présente, par la mise en oeuvre concrète de la sécurité de proximité, et la sécurité retrouvée, en agissant de façon globale (éducation, économie …).

Sur le plan diplomatique, eu égard aux enjeux qui sont essentiels, ne plus les sacrifier à des intérêts court-termistes, en réaffirmant, ce qui est plus qu’attendu par un pays affichant des ambitions d’acteur international, notre souveraineté.

LVDG En matière de maintien de l’ordre, face à des « black block » ou à des “écoterroristes”, ou encore dans un contexte très dégradée comme en Nouvelle Calédonie, que préconisez vous, compte-tenu des effectifs et moyens disponibles ?

Bertrand Cavallier Les dix dernières années révèlent un engagement sans précédent des forces spécialisées dans le maintien de l’ordre (Gendarmerie mobile, CRS, Compagnies départementales d’intervention). Certaines crises comme celle des Gilets jaunes, qui a connu des épisodes très violents, à Paris mais aussi en province (Le Puy-en-Velais, Pouzin en Ardèche…) ont même nécessité, du fait de leur ampleur, l’engagement des unités territoriales, qui souffrent d’un manque d’équipement adapté.

La situation budgétaire et économique de la France, les fractures politiques (présence d’une mouvance révolutionnaire très active), sociales mais aussi culturelles, obligent tout analyste lucide et raisonnable à comprendre que notre pays est entré dans une période de turbulences. Cette donne concerne tant la métropole que les territoires d’outre-mer, avec la dérive insurrectionnelle de la Nouvelle-Calédonie.

Un élément d’importance dans ce contexte, qui peut participer d’un paradoxe, est l’attente, consciente ou intuitive, d’ordre par une majorité de la population.

Le prochain gouvernement, et plus particulièrement le ministre de l’Intérieur, doit donc anticiper pour gérer au mieux les troubles d’ampleur. Il doit dans cette perspective avoir comme priorité d’économiser les forces de l’ordre, en priorité la gendarmerie mobile et les CRS.

Ceci implique de réduire les grands évènements, très consommateurs en forces mobiles, mais également de prendre toutes les mesures nécessaires pour réduire le volume de forces engagées, par des dispositifs mieux ajustés à la réalité de la menace de troubles, la poursuite de la judiciarisation et un renforcement des moyens de force intermédiaire à la disposition des gendarmes et des policiers.

Le bon dimensionnement des dispositifs de maintien de l’ordre relevant du principe de l’économie des forces, est assuré par une étroite collaboration entre le responsable de l’ordre public (le préfet) et le commandant des forces mobiles. Ce qui est d’ailleurs préconisé dans les textes en vigueur. Cette collaboration se traduit par la validation d’une conception d’opération privilégiant la manoeuvre fondée sur la mobilité des forces, et un positionnement très clair de l’autorité préfectorale durant la conduite de la manoeuvre.

Deux exemples concrets permettent d’illustrer ce qui doit devenir la règle générale.

Tout d’abord Paris, soit le centre de gravité de notre pays.

L’arrivée de Laurent Nunez à la tête de la préfecture de police de Paris a été marquée par des changements très positifs, attendus depuis longtemps tant par la gendarmerie mobile que par les CRS, et participant, sans doute, d’une autre philosophie du maintien de l’ordre que celle de ses prédécesseurs immédiats.

Outre une posture très bienveillante, le préfet Nunez a systématisé la participation des officiers supérieurs de Gendarmerie mobile, et des CRS, aux réunions préparatoires aux opérations de maintien de l’ordre, dont beaucoup peuvent dégénérer du fait notamment de la présence quasi systématique des blacks-blocs. Ces échanges, sous la gouverne de la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulation), ont permis de mettre en oeuvre des dispositifs plus manoeuvriers, tout d’abord en remédiant au mélange d’unités de forces différentes, en favorisant une meilleure subsidiarité, et en systématisant la constitution de GAP, soit des Groupes d’appui projetables, constitués par des professionnels du maintien de l’ordre, soit des gendarmes mobiles, soit des CRS. Ces GAP, agissant dans le cadre de dispositifs jalonnant à distance les cortèges, ont vocation à intervenir très rapidement en cas de regroupement d’activistes. en limitant ainsi l’usage de la force légitime. 

À l’occasion des JO et dans une manoeuvre d’échelle inédite, procédant de cette démarche d’étroits échanges en amont, le préfet Nunez a opté pour une sectorisation missionnelle et spatiale des forces déployées. Il a également permis une meilleure inter-opérabilité avec les compagnies d’intervention de la préfecture de police, par l’initiation d’entraînements communs avec les gendarmes mobiles, au Centre National d’Entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier.

Il est à espérer que cette évolution vertueuse ne dépendra pas que du seul facteur humain.

Ce constat est aussi valable pour la province, avec les différentes opérations conduites par des manifestants dits écologistes mais largement infiltrés par des activistes de l’ultra-gauche, contre les bassines dont celle de Sainte-Soline devenu le symbole “totémique” de cette contestation. L’étroite collaboration du commandement de la Gendarmerie au niveau régional et départemental, avec les autorités préfectorales, a permis de privilégier une manoeuvre dynamique, par la combinaison d’actions défensives, mais surtout mobiles (bascules, projections…) favorisées par la composante renseignement. Cette conception de manœuvre a permis de prendre l’ascendant sur les adversaires, avec un usage minimum de la force. 

La judiciarisation du maintien de l’ordre doit constituer un mode d’action majeur s’agissant de l’effet final recherché

La judiciarisation du maintien de l’ordre, soit la capacité à identifier les fauteurs de troubles, et à réunir les éléments de preuve pour leur imputer une infraction donnée (dont au premier niveau, la participation à un attroupement sur le fondement de l’article 41-4 du Code pénal) doit constituer un mode d’action majeur s’agissant de l’effet final recherché : le retour à une situation normale par la gestion régulée de la conflictualité ( inhérente  au pacte social) en s’appuyant sur la logique incontestable de l’état de droit.

Cette judiciarisation est fortement attendue par la population, qui ne comprend pas l’impunité dont ont pu bénéficier des fauteurs de troubles professionnels, une impunité de fait les incitant ainsi à poursuivre leurs actions prédatrices, mais également par les gendarmes et policiers.

Les forces de l’ordre, dont on exige qu’elles agissent selon les principes de proportionnalité et d’absolue nécessité dans l’usage de force, attendent de façon légitime, face notamment aux individus violents, une plus plus grande effectivité de la réponse pénale. Cette réponse, qui participe de l’action de justice dévolue à tout citoyen, est indispensable pour neutraliser durablement des acteurs de plus en plus agressifs, et par là, abaisser les risques d’affrontement, et moins exposer les gendarmes et policiers

En définitive, la judiciarisation doit permettre de diminuer le volume des forces engagées, et l’attrition des unités (moins de blessés), ce qui indispensable en termes d’économie des forces.

Cette judiciarisation est désormais pleinement intégrée dans les conceptions d’opération, comme l’a démontré la dernière vaste manoeuvre conduite par la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine lors des manifestations anti-bassines, en juillet dernier, dans les départements des Deux-Sèvres, de la Vienne et de la Charente maritime (présence des magistrats, “engagement des OPJ” de l’avant au sein des escadrons de gendarmerie mobile). Cependant, plusieurs pistes pourraient être explorées pour l’optimiser, sachant que l’arsenal pénal, durci ces dernières années,  est largement suffisant :

la systématisation de la participation des magistrats du parquet à la conception de la manoeuvre (réalisée lors des opérations à l’occasion des manifestations anti-bassines) ;

la mise en place (projection sur le terrain) de magistrats spécialisés en matière de violences à agents dépositaires de l’autorité publique, formés à cet effet ;

l’amélioration des dispositifs d’identification d’auteurs présumés de violence par le recours aux innovations technologiques dont les marqueurs à distance, permettant de privilégier des arrestations après les opérations proprement dites (diminution des risques), la généralisation de la fiche de mise à disposition électronique, expérimentée avec succès au sein de la Préfecture de police de Paris depuis 18 mois, et permettant une meilleure prise en comptes des fauteurs de troubles présumés par le parquet.

Rééquilibrer les moyens des forces de l’ordre

Le rééquilibrage des moyens des forces de l’ordre par rapport aux armements, sans cesse perfectionnés, dont disposent leurs adversaires, est indispensable.

“Les autorités au plus haut niveau doivent prendre les dispositions pour éviter qu’il y ait des blessés graves, voire des morts au sein des forces de l’ordre, car la maîtrise dans l’emploi de la force ne signifie pas la sur-exposition des gendarmes et policiers et dans un contexte très incertain, il ne faut surtout ne pas déstabiliser les corps constitués majeurs”

Les moyens à disposition des forces de l’ordre.

Les évènements en Nouvelle-Calédonie sont, en termes d’ordre public, d’une toute autre nature que celle des troubles qu’a pu connaître la métropole, ces dernières années. Les forces de l’ordre sont en effet confrontées à une situation insurrectionnelle qui dure depuis quatre mois. Elle se caractérise par des opposants très déterminés, majoritairement jeunes, pour partie conditionnés sur le plan idéologique, et le recours très fréquent à la prise à partie des forces de l’ordre avec des armes à feu de gros calibre.

Revoir, en mettant en œuvre l’économie des forces, le schéma fonctionnel de la gendarmerie mobile pour sanctuariser les créneaux d’entraînement

La Gendarmerie qui fournit la plus grande partie du dispositif engagé a déployé l’ensemble de ses capacités, dont une composante blindée renforcée depuis la métropole par des Centaures, et qui constitue un atout opérationnel majeur.

La culture militaire de la Gendarmerie, et plus particulièrement celle de la gendarmerie mobile, s’est avérée capitale pour agir dans un tel environnement qui, correspondant au sommet du spectre du maintien de l’ordre, relève en réalité de l’infra-combat.

Les premiers retex portent sur :

l’importance première de la formation militaire tactique et de la robustesse à la fois physique mais aussi mentale et morale. S’agissant notamment de la gendarmerie mobile, il faut revoir, en mettant en oeuvre l’économie des forces, son schéma fonctionnel pour sanctuariser les créneaux d’entraînement ;

l’efficacité d’un dispositif cohérent intégrant l’ensemble des moyens de la Gendarmerie sous une chaîne de commandement unique, y compris en s’appuyant sur les ressources humaines et technologiques de l’IRCGN (optimisation de la manoeuvre de police judiciaire….);

la pertinence de la planification, du déploiement d’état-majors opérationnels, et d’une résilience  logistique. À l’inverse de la mutualisation et de l’externalisation, la Gendarmerie doit recouvrer son autonomie, notamment dans le domaine du soutien des moyens de mobilité terrestre ;

l’avantage de l’inter-opérabilité avec les armées, en particulier avec les régiments du génie ; cette inter-opérablité, qui s’appuie notamment sur une culture de base commune et une proximité des hiérarchies respectives, doit être confortée.

Un enseignement qui appelle une prise en compte rapide par les responsables politiques, porte sur la nécessité impérieuse d’une mise à plat des armements dont dispose la gendarmerie mobile en situation très dégradée

Les engagements récents en Nouvelle-Calédonie ont en effet mis en exergue :

une grande fragilité dans la capacité à agir dans les 0-40 mètres du fait, d’une interdiction du lancer à main de la grenade GM2L  (Interdiction depuis levée mais mesure malencontreusement limitée à la seule Nouvelle-Calédonie), de l’absence de grenades à effets de souffle puissant (de type GLI, voire OF37) pour se désengager face à des individus lourdement armés, du manque d’efficacité des nouvelles munitions de LBD…sachant que le GIGN est doté de certains moyens de force intermédiaire, à l’efficacité éprouvée, qui pourraient être mis en dotation dans les escadrons de gendarmerie mobile ;

Une carence grave en matière de capacité à administrer des tirs à longue distance

Une carence grave en matière de capacité à administrer des tirs à longue distance, suite, il y a une dizaine d’années,  à l’incompréhensible suppression au sein des escadrons de gendarmerie mobile, des cellules observation tireur, équipées alors de carabines Tikka (conservées heureusement au sein des CRS) et de moyens optiques performants.

Un Centaure en action (Photo Sirpa Gendarmerie)

La réflexion prochaine doit également s’intéresser au format de la composante blindée, renouvelée avec l’arrivée des Centaures.

Pourquoi la Gendarmerie doit renouveler ses blindés ? les explications de Bertrand Cavallier

S’il est évidemment à espérer que l’ordre républicain soit rétabli durablement en Nouvelle-Calédonie, au plus grand profit de l’ensemble de la population, dans toutes ses composantes, il faut toutefois bien saisir que ce scénario pourrait se renouveler dans d’autres territoires, y compris et surtout en métropole du fait de l’expansion de zones hautement “volcaniques”, en particulier dans la proximité immédiate de la capitale.

La gendarmerie accueille un nouveau lieutenant

La gendarmerie accueille un nouveau lieutenant

Après trois ans exercés à la communauté de brigades de Prades, le lieutenant David Adjutor a été affecté à la gendarmerie Arnaud-Beltrame, à Marguerittes, en remplacement du capitaine Bruno Surin parti à Nîmes au groupement. Agé de 42 ans, marié et père de deux grands enfants maintenant, il a toujours effectué son métier avec passion depuis plus de 22 ans en gendarmerie. Son rêve d’enfant concrétisé, il a servi aussi bien en outre-mer (la Réunion) qu’en divers départements de métropole (Loire-Atlantique, Haute-Savoie, Savoie, Pyrénées-Orientales).

Depuis le 1er août, muté à la brigade de Marguerittes, brigade périurbaine qui fait partie de la compagnie de Nîmes qui couvre les communes de Marguerittes, Saint-Gervasy, Bezouce, Cabrières, Lédenon, Poulx, Manduel et Redessan, il a 32 effectifs sous ses ordres. Le lieutenant David Adjutor remercie le capitaine Bruno Surin de l’unité qu’il lui laisse, et maintient ses objectifs : toujours plus de présence de voie publique, accentuer le contact des militaires de la brigade de Marguerittes avec la population, ses représentants et les différents acteurs, une présence (qu’elle soit judiciaire, routière, contact), et pouvoir lutter contre toute forme de délinquance au quotidien en rapprochant les gendarmes de la population.

Le parcours de l’adjudant Eric Comyn, tué par un délinquant routier récidiviste à Mougins

Le parcours de l’adjudant Eric Comyn, tué par un délinquant routier récidiviste à Mougins


 

L’adjudant de Gendarmerie Eric Comyn, a été tué par un chauffard ayant refusé d’obtempérer ce lundi soir à Mougins (Alpes-Maritimes). Son parcours militaire.

Sur le même sujet : Un gendarme tué lors d’un refus d’obtempérer à Mougins (06), le chauffard en fuite interpellé (actualisé avec réactions et précisions)

Né le 30 avril 1970 à Paris, Eric Comyn a effectué son service militaire dans la Marine nationale. Il a ensuite choisi de rentrer dans la Gendarmerie. Formé à l’école de Gendarmerie de Le Mans qu’il a intégrée le 11 janvier 1994, il a débuté son parcours le 9 janvier 1995 à l’escadron de gendarmerie mobile de Revigny-sur-Ornain (55). Il y restera jusqu’en septembre 1998, date de son affectation à l’escadron de gendarmerie mobile de Lure (70). 

En juin 2021, il effectue son changement de subdivision d’arme (CSA) et rejoint la brigade territoriale de Le Luc (83). C’est le 1er juillet 2007, qu’il intègre comme piéton le peloton d’autoroute de Mandelieu-la-Napoule, devenu le peloton motorisé. Il y est nommé au grade de maréchal des logis-chef en 2022 puis adjudant en 2024.

L’adjudant Comyn était à quelques mois de sa retraite et envisageait de rejoindre la réserve opérationnelle.

Il était notamment titulaire de la médaille de la Défense national échelon or, et de la médaille du protection du territoire.

Très apprécié pour ses qualités humaines et professionnelles, il était très impliqué dans la vie de l’unité et, très bon bricoleur, avait notamment réalisé de nombreux travaux de casernement.

L’enquête, ouverte pour “meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique”, a été confiée à Brigade de recherches de Cannes et la Section de recherches de Marseille.

Une cagnotte de la Fondation maison de la Gendarmerie 

La Fondation Maison de la Gendarmerie a mis en place une cagnotte au profit de de son épouse, Harmonie et de ses 2 enfants, Valentin (15 ans) et Marie (11 ans). 

La Voix du Gendarme adresse ses condoléances attristées à sa famille et tout son soutien à ses camarades.

Les parcours des nouveaux commandants de groupement et de Comgend

Les parcours des nouveaux commandants de groupement et de Comgend


Trois commandants de Gendarmerie outre-mer, trente commandants de groupement de gendarmerie départementale, quatre commandants de groupement de gendarmerie mobile et trois commandants de groupement de gendarmerie spécialisée prennent leurs fonctions le 1er septembre où les ont prises en début d’été pour plusieurs d’entre-eux. La Voix du Gendarme vous présente leurs parcours. Parmi les profils, on constate l’arrivée d’une génération de commandants de groupement de gendarmerie départementale qui ont commandé des brigades et effectué tout leur parcours en GD, ce qui est assez nouveau. Nous vous présenterons les nouveaux commandants de Sections de recherches prochainement.

ComGend de Guadeloupe : général Christophe Perret, sous-directeur de l’action internationale à la Direction des affaires européennes et internationales du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer

Il succède au général Vincent Lamballe, nommé commandant en second de la Garde républicaine

Saint-Cyrien de 49 ans, il a d’abord commandé un peloton de gendarmerie mobile à Aubervilliers (1998-2001), au cours duquel il a servi neuf mois au sein de la mission des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine. Il a ensuite été commandant de compagnie et officier pédagogie à l’École de Gendarmerie de Montluçon (2001-2004) puis a commandé la compagnie de Trévoux dans l’Ain (2004-2008). 

Après avoir suivi la scolarité de l’école de guerre en Espagne, il y est resté comme attaché de sécurité intérieure adjoint (2008-2012). Puis, après deux ans au bureau des affaires criminelles de la DGGN, il a pris le commandement du groupement de gendarmerie départementale de Haute-Marne (2014-2017) avant de partir comme attaché de sécurité intérieure en Tunisie.
En 2020, il a été l’un des précurseurs de la nouvelle direction des affaires européennes et internationales du ministère de l’Intérieur, créée octobre 2020. 

Comgend de Martinique : général Yvan Carbonnelle, conseiller contre-terrorisme de la coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT).  

Il succède au général William Vaquette, nommé chef du Sirpa Gendarmerie et conseiller communication du DGGN

Saint-Cyrien âgé de 50 ans, il a débuté comme commandant du peloton d’intervention de l’escadron 43/3 de Dreux (28) avant de commander la compagnie des Sables d’Olonne, avec entre-temps un détachement à la Commission européenne. Il a été aussi été cadre à l’EOGN, chef de la section “délinquance et criminalité organisée” à la DGGN, adjoint au chef de bureau de la lutte antiterroriste (BLAT), adjoint au chef de l’UCLAT (L’Unité de coordination de la lutte antiterroriste) et chargé de missions auprès du DGGN et du directeur des opérations et de l’emploi. Le général Carbonnelle, a commandé le groupement de Vaucluse (84). Il est titulaire d’un master de criminologie (Aix-Marseille), ainsi que de deux diplômes universitaires, l’un en droit pénal (Sceaux) et l’autre portant sur les “études islamiques” (Sorbonne).

Comgend de Saint-Martin Saint-Barthélémy : lieutenant-colonel Hugues Loyez, stagiaire à l’École de Guerre

Il succède au colonel Maxime Wintzer-Wekehind, nommé au bureau du suivi de la synthèse et de la veille opérationnelle (BSSVO) du Centre national des opérations (CNO)

Né en 1988, Saint-Cyrien (promotion “capitaine de Cacqueray”), Hugues Loyez a débuté comme commandant du peloton d’intervention de l’EGM 29/1 d’Aubervilliers, devenu par la suite l’EGM 29/1 de Drancy, avec lequel il a notamment effectué une mission en Nouvelle-Calédonie. Il a ensuite occupé le poste d’adjoint au commandant de l’Antenne GIGN (AGIGN) de Polynésie Française à Tahiti, avant de prendre le commandement de l’unité de 2019 à 2020. De retour en métropole, il a pris le commandement la compagnie d’Amboise (37) puis a rejoint l’École de guerre en 2023. Le lieutenant-colonel Hugues Loyez, breveté parachutiste et “chef de mission en intervention spécialisée”, est notamment titulaire de l’ordre national du Mérite.

Allier (03) : colonel Olivier Traullé, commandant en second du groupement de la Drôme.

Il succède à la colonelle Isabelle Orefice.

Originaire de Normandie, cet officier de 50 ans a une grosse expérience de terrain, particulièrement en ordre public. Ancien sous-officier en gendarmerie mobile, EGM de Pontcharra (38), il a débuté sa carrière d’officier à la tête du peloton d’intervention de l’EGM 21/5 de Chambéry (73) puis a commandé l’EGM 34/6 de Saint-Gaudens (31) avec lequel il a été projeté en Afghanistan, pour accompagner et former la police afghane sur le terrain. Il ensuite participé à la formation de la Garde nationale au Niger avant de prendre la tête de la compagnie de Digne-les-Bains (04) où il participé à la gestion du crash de la Germanwings. Il a ensuite commandé une seconde compagnie, celle du Moule en Guadeloupe, une unité confrontée à un fort taux de criminalité et impactée par les tempêtes Irma et Maria.

Alpes-Maritimes (06) : colonel Benoit Taponat : chargé de mission au pôle Stratégie du cabinet du DGGN. Ingénierie et pilotage de programmes de transformation interne

Il succède au colonel Sébastien Thomas, nommé adjoint au sous-directeur des soutiens et des finances à la DGGN.

Saint-Cyrien, le colonel Benoît Taponat, 42 ans, a effectué tout son parcours en gendarmerie départementale. Il a en effet débuté comme commandant en second de la compagnie de Romorantin-Lanthenay (41). Il a ensuite été chargé de mission auprès du général, conseiller “Gendarmerie” du ministre de l’Intérieur avant de commander la compagnie de Belley (01). Après l’École de guerre, il a été nommé conseiller “opérations-emploi” au cabinet du directeur général de la Gendarmerie. De 2019 à 2022, il a exercé les fonctions de commandant en second de la Polynésie française avant de revenir au cabinet du Directeur général comme chargé de mission au pôle stratégie du cabinet avec en charge l’ingénierie et pilotage de programmes de transformation interne.

Ardèche (07) : colonel Pierre-Charles Grosse : attaché de sécurité intérieure à Vienne (Autriche)

Il succède au colonel Benoît Terrier, nommé chargé de mission auprès de la direction des soutiens et des finances de la DGGN.

Saint-Cyrien, âgé de 41 ans, il a débuté au peloton autoroute de Nemours (77), puis a commandé le prestigieux escadron motocycliste de la Garde républicaine avant de prendre la tête de la compagnie de Saumur (49). Il a ensuite été chef du département d’enseignement militaire et tactique à l’EOGN avant d’être élève à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) dans le cadre de la scolarité de l’École de guerre.

Aube (10) : colonel Antoine Lagoutte, chef du bureau de la synthèse budgétaire à la DGGN.

Il succède au colonel François Goetz, nommé chef-adjoint du service central de renseignement criminel de la Gendarmerie.

Saint-Cyrien, âgé de 44 ans, il a intégré la Gendarmerie via le concours des officiers des armes après des débuts dans l’armée de Terre comme chef de section à la 3ème compagnie de commandement et de transmissions de Limoges. Il a commencé dans l’Arme comme commandant de l’EGM 13/6 de Narbonne (11)avant d’être à la tête du centre de recherche et d’expertise logistique (CREL) du Chesnay (78) où il a été responsable de la spécification technique et du contrôle des équipements des forces de sécurité intérieure. Il a ensuite commandé la compagnie de Morlaix (29) puis a été chargé de mission auprès du directeur des soutiens et des finances de la Gendarmerie comme responsable des dossiers de transformation, de soutien logistique et d’achat. Il a ensuite adjoint du chef du bureau de la synthèse budgétaire à la DGGN avant d’en prendre la tête. Il est breveté de l’École de guerre. Engagé dans la vie associative, il est membre fondateur et trésorier de l’association francaise sur la fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP).

Aude (11) : colonel Francis David. Chef d’état major de la Gendarmerie de Guadeloupe.

Il succède au colonel Olivier Berger, nommé adjoint au sous-directeur de la politique des ressources humaines à la DGGN.

Issu de l’école militaire du corps technique et administratif (ECTA), âgé de 50 ans, le colonel David a d’abord servi pendant plus de six ans au sein du service de santé des armées comme chef de cabinet de du directeur de l’école d’application du SSA au Val de Grâce et chef du service logistique de cette même école. En 2003, il a participé à une opération extérieure au Kosovo comme gestionnaire du groupe medico-chirugical (GMC) et responsable du déménagement de la structure de Mitrovica vers Plana. Après avoir intégré l’Arme via le concours des officiers des armées, il a débuté comme commandant en second de la compagnie de Sentis (60) puis commandant de la compagnie de Le Marin en Martinique. Il a ensuite été adjoint au chef du bureau de l’organisation à la DGGN de 2015 à 2020, période pendant laquelle il a été pilote du J9 innovation au centre des opérations Covid19 et créateur et co-animateur du Lac information stratégique. Il a rejoint la Guadeloupe en août 2020.

Charente-Maritime (17) : colonel Johanne Gojkovic-Lette, officier adjoint veille au Centre national des opérations (CNO).

Il succède au colonel Rémi de Gouvion-Saint-Cyr qui est affecté à l’ANFSI – Agence du numérique des forces de sécurité intérieure en tant que chargé de mission.

Saint-Cyrien direct, âgé de 47 ans, le colonel Johanne Gojkovic-Lette a débuté comme commandant du peloton d’intervention et adjoint du commandant de l’EGM 11/7 de Verdun (55). Il s’est ensuite orienté vers la police judiciaire comme chef du groupe délinquance financière et adjoint au chef de la section de recherches d’Orléans puis chef de la section de recherches de la Réunion. Il a poursuivi dans ce domaine comme chef de la section délinquance financière et cybercriminalité au bureau des affaires criminelles de la sous-direction de la Police judiciaire (SDPJ) à la DGGN. Comme lieutenant-colonel, il a commandé la grosse compagnie du Muret (81) avec 190 militaires sous ses ordres avant de revenir dans la PJ comme commandant pendant trois ans la section de recherches de la Gendarmerie des transports aériens (GTA). Il a enchaîné sur un poste de chargé de mission à la SDPJ puis a intégré le Centre national des opérations (CNO) comme officier adjoint veille. Il est auditeur du centre des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI).

Correze (19) : colonel Julien Gossement, chargé de projets à la Sous-direction emploi des forces (SDEF) à la DGGN.

Il succède au colonel Xavier Lefevre, nommé attaché de sécurité intérieure en Côte d’Ivoire à Abidjan.

Âgé de 45 ans de recrutement universitaire, diplômé de l’École de guerre, il a débuté comme commandant de peloton à l’EGM 26/2 de Bouliac (33) avant d’être aide de camp du SGDSN (secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale). Il a ensuite été commandant en second de la compagnie de Hyères (83) puis commandant de la compagnie de Montbard (21). Il a ensuite été Conseiller Gendarmerie de la SNCF avant d’être chargé de projets à la sous-direction emploi des forces (SEF) .

Eure (27) : colonel François Hulot, chef du centre d’analyse et d’exploitation à la Direction des opérations et de l’emploi (DOE).

Il succède au colonel Emmanuel Gros, affecté au service de la Transformation de la DGGN.

Saint-Cyrien, âgé de 41 ans, nommé colonel à 38 ans, il est un “pur GD”. Il a débuté comme commandant de la communauté de brigades de Pont L’Évêque (14) puis a enchaîné avec le commandement de la compagnie des îles du Vent en Polynésie française (987) à Faa’a. Il a ensuite commandé une deuxième compagnie à Ploermel dans le Morbihan (56). Après l’École de guerre, il a servi au cabinet du ministre de la Défense pendant trois ans entre 2018 et 2021 avant d’être nommé chargé de projets à la DOE puis chef du centre d’analyse et d’exploitation à la DOE.

Eure-et-Loir (28) : colonel Julien Andreau, adjoint au chef de la Mission de gouvernance ministérielle des ressources humaines (MGMRH) du ministère de l’Intérieur.

Il succède au colonel Stéphane Tourtin, nommé cadre-enseignant à l’École de guerre et auditeur de la session nationale de l’Institut des hautes études de défense nationale.

De recrutement universitaire, âgé de 45 ans, le colonel Julien Andreau a débuté en 2005 comme adjoint au chef de l’EDSR (EDSR) de l’Oise. Il e ensuite notamment commandé l’EDSR des Yvelines, et la compagnie d’Angers après un passage de cinq ans au bureau personnel officier de la DGGN.

Finistère (29) : colonel Pierre-Yves Caniotti, responsable de la stratégie et de la prospective au commandement du ministère de l’intérieur dans le cyberespace.

Il succède à la colonelle Charlotte Tournant, nommée chargée de mission à la mission des hauts potentiels (MHP) à la direction des ressources humaines.

Saint-Cyrien de 46 ans, ce Jurassien a débuté à la Section de recherches d’Ajaccio en Corse, avant de passer cinq ans à la sous-direction de la police judiciaire à la DGGN comme chargé des technologies numériques. Il a ensuite commandé la compagnie de Rezé (44) puis la Section de recherches de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. En 2020, il a été l’un des préfigurateurs du commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace (Comcybergend) avant d’intégrer cette nouvelle unité puis le commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace.

Gard (30) : colonel Emmanuel Casso, directeur d’instruction à l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN)

Il succède au général Eric Chuberre, nommé commandant en second de la région de Gendarmerie Bretagne et de la Gendarmerie pour la zone de sécurité ouest.

Saint-cyrien, âgé de 41 ans, il a débuté comme chef d’équipe à la Section de recherches d’Ajaccio avant de rejoindre la sous-direction de la police judiciaire à la DGGN. Après avoir commandé la compagnie de Saint-Paul à la Réunion, il a été officier de liaison Gendarmerie au ministère de la Justice puis directeur d’instruction à l’EOGN.

Indre (36) : colonel Julien Faugère, chef du bureau J5 (planification) au Centre national des opérations

Il succède au colonel Laurent Texier

De recrutement universitaire, âgé de 44 ans, il a débuté comme commandant de peloton en gendarmerie mobile, a commandé l’Egm 14/6 de Perpignan (66) et la compagnie de Provins (77). Diplôme de l’École de guerre, il est spécialiste en planification et a été chef de la section planification du Centre de planification et de gestion de crise (CPGC). Il a été à la manoeuvre lors de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes.

Gers (32) : colonel Philippe de Laforcade, chef du centre zonal des opérations de la Région de Gendarmerie Auvergne – Rhône-Alpes.

Il succède au colonel Sébastien Mahey, nommé chef de la division formation de l’école de Gendarmerie de Châteaulin.

De recrutement universitaire, âgé de 44 ans, pur GD, il a débuté comme commandant de la brigade de Fontenay-le-Comte (85) et a enchaîné comme commandant en second de la compagnie de Tahiti avant de prendre la tête de la compagnie de Quimperlé (29). Après l’École de guerre, il a été adjoint à un chef de bureau à la DGGN, chargé d’études prospectives et stratégiques et du suivi et de l’analyse des dynamiques de réorganisation territoriale. Il a ensuite rejoint comme chargé de mission le centre zonal des opérations dont il est devenu le chef.

Lot-et-Garonne (47) : colonel Alexandre Peruch, chef du département accompagnement de la transformation de la Gendarmerie.

Il succède au colonel Emmanuel Houzé nommé chargé de mission sécurité intérieure auprès de l’Organisation des Nations Unies à New-York.

Saint-cyrien, âgé de 48 ans, il a commandé un peloton d’intervention de gendarmerie mobile à Maison-Alfort, la compagnie de Libourne lors de la reprise du commissariat de police et a été adjoint au commandant du 2e régiment d’infanterie de la Garde républicaine. Il a également été instructeur à l’EOGN, a servi au bureau des effectifs à la DGGN, a été chef du bureau opérations-emploi à la Réunion. Il a participé à une opération extérieure au Kosovo et est ancien combattant.

Le colonel Perruch est diplômé d’HEC et est auditeur de IHEDN et a reçu une formation en intelligence artificielle dans le cadre d’un cycle supérieur de l’Institut des Hautes Études du Ministère de l’Intérieur (IHEMI).

Lozère (48) : colonel Marie-Béatrice Tonanny, chef de bureau au service de la transformation

Elle succède au colonel Cédric Michel, affecté à l’état-major de la région de Gendarmerie Sud à Marseille

Recruté sur titres, âgée de 46 ans, ancienne élève du lycée militaire d’Aix-en-Provence, cette scientifique a servi au Pole judiciaire de la Gendarmerie, a commandé la compagnie du Vigan et a servi à la sous-direction de la police judiciaire au Bureau des affaires criminelles où elle a en particulier suivi l’enquête nationale sur les mutilations de chevaux. Elle a ensuite rejoint le service de la transformation comme chef du département de l’administration de la donnée.

Maine-et-Loire (49) : colonelle Virginie Giudici, chargée de mission à l’Inspection générale de l’administration, au sein des services du ministère de l’Intérieur.

Elle succède au colonel Tanguy Landais, affecté à l’état-major de la région de Gendarmerie de Bretagne.

Âgée de 43 ans, issue du recrutement universitaire, cette alsacienne a débuté comme commandant de la communauté de brigades de Mormoiron (84) avant de retourner à l’EOGN comme cadre de contact puis officier pédagogie. Elle a ensuite commandé la compagnie de Fort-de-France en Martinique avant de rejoindre la DGGN comme officier concepteur au bureau de la formation. Après l’École de guerre, elle a servi à l’inspection générale de l »administration (IGA) comme chargée de mission.

Mayenne (53) : colonel Xavier Dumolard de Bonviller, commandant en second la Gendarmerie de Polynésie française

Il succède au colonel Pierre-Yves Le Trong affecté au commandement des écoles de la Gendarmerie à Rochefort.

De recrutement universitaire, âgé de 44 ans, il a débuté comme commandant en second de la compagnie de Rezé (44) avant d’intégrer le cabinet du DGGN. Il a ensuite commandé la compagnie d’Étampes (91). Breveté de l’École de guerre, il a rejoint la Polynésie comme commandant en second.

Meurthe-et-Moselle (54) : colonel Sébastien Brach, adjoint au conseiller Gendarmerie au cabinet du ministre de l’Intérieur

Il succède au colonel Frédéric Dantin, affecté à l’état-major de l’Inspecteur Général des Armées Gendarmerie (IGAG) en tant que chef du pôle études-enquêtes

Âgé de 49 ans, cet ancien sous-officier formé à Chatellerault qui a servi comme enquêteur en brigade et en brigade de recherches en Alsace a débuté son parcours d’officier comme officier adjoint police judiciaire en Polynésie. Il a ensuite été chef de division au sein de la Section de recherches de Rennes avant de commander la compagnie de Haguenau en Alsace. Il a ensuite été élève à l’ENA (Promotion Hannah Arendt), dans le cadre de la scolarité de l’École de guerre et à l’issue a été nommé sous-préfet, directeur de cabinet du préfet de la Haute-Vienne (87). Depuis octobre 2022, il était adjoint au conseiller Gendarmerie du ministre de l’Intérieur.

Pas-de-Calais (62) : colonel Olivier Alary, Chargé de mission affaires européennes et internationales au cabinet du DGGN

Il succède au général Frantz Tavart, nommé commandant de l’EOGN

Saint-Cyrien, âgé de 49 ans, il a débuté son parcours d’officier dans l’arme du Train et a intégré la Gendarmerie via le concours des officiers des armées (OA). Il a commandé un escadron de gendarmerie mobile, a été conseiller militaire technique du haut commandant de la Garde nationale du Niger et a commandé la compagnie de Calais-Boulogne.

Il a également été chef du bureau sécurité intérieure de l’Union au sein du secrétariat général des affaires européennes (SG) chargé de mission en affaires européennes et internationales chef du Pôle des affaires européennes et internationales (PAEI), et a servi au commandement de la prévôté. Il est breveté de l’École de guerre. Il a reçu avec le colonel Franck Peinaud le Prix de la réflexion stratégique de la Gendarmerie, pour leur article publié dans Revue de l’Union européenne.: “Culture européenne commune des forces de sécurité intérieure : état de l’art et enjeux”.

Pyrénées-Orientales (66) colonel Lionel André, conseiller technique montagne du DGGN

Il succède au colonel Arnaud Goudard, affecté à la direction des opérations et de l’emploi (DOE).

De recrutement universitaire, âgé de 45 ans, ce spécialiste montagne a débuté comme commandant en second de la compagnie de Foix (09). Il a enchaîné comme comme commandant en second de la compagnie de Bonneville (74). Après sa formation de spécialiste Montagne, – il est titulaire du brevet de commandement des opérations d’enquête et de secours- il a pris la tête du PGHM de Corte puis de celui d’Ajaccio. Après l’École de guerre, il a commandé la compagnie de Villefranche-sur-Saône (69) avant de rejoindre le commandement des réserves où il a été en charge de la communication, de la rédaction en chef du mensuel et des questions internationales. Depuis 2020, il était conseiller technique montagne du DGGN.

Bas-Rhin (67) : général Gwendal Durand, sous-directeur de l’accompagnement du personnel

Il succède au général Jude Vinot nommé adjoint au directeur des opérations et de l’emploi, chef du pôle de stratégie générale.

Saint-cyrien, âgé de 50 ans, il a commencé dans l’armée de Terre (arme du Train) comme chef d’un peloton de circulation routière à Arras avant de rejoindre la Gendarmerie via le concours des officiers des armées (concours des capitaines).

Il a commandé l’escadron de gendarmerie mobile 24/1 de Maisons-Alfort, la compagnie de Bordeaux (33) et le groupement de gendarmerie départementale de Meurthe-et-Moselle à Nancy (54) en 2015.

En état-major et en administration centrale, il a été : chef de la section des opérations à l’état-major de la défunte force de gendarmerie mobile et d’intervention (FGMI) à Maisons-Alfort, chef du bureau opérations emploi à l’état major de la FGMI, chef de la section veille média du service d’information et de relations publiques des armées-Gendarmerie (SIRPA-G) à la DGGN à Issy-les-Moulineaux, chef du bureau média du SIRPA-G, chargé de mission à la direction des personnels militaire, adjoint au sous-directeur de l’accompagnement du personnel en 2021 puis sous directeur en titre à compter de 2022.
Breveté du Collège Interarmées de Défense (École de guerre) en 2008, il est notamment chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du Mérite, chevalier des palmes académiques, et titulaire de la croix du combattant et du titre de reconnaissance de la Nation. Il a participé à une opération extérieure en ex-Yougoslavie.

Haute-Saône (70) : colonel Alban Delalonde : chargé du projet, directeur du programme Centaure à la DGGN

Il succède au colonel Thierry Crampé, nommé adjoint au commandant de la Gendarmerie de la Guyane.

Âgé de 50 ans, de recrutement officier de réserve après deux ans comme chef de section à l’instruction au sein du 3ème régiment d’hélicoptères de combat (3°RHC) à Étain-Rouvres (55), il a commencé son parcours comme commandant du peloton d’intervention de l’escadron 35/7 de gendarmerie mobile à Revigny-sur-Ornain (55). Il a ensuite commandé pendant un an le peloton d’intervention de l’escadron 12/1 de gendarmerie mobile à Versailles-Satory (78 avant de prendre la tête de cet escadron. Le colonel Delalonde, a commandé deux compagnies, celles de Mantes-La-Jolie (78) en 2012, et de Meaux (77) en 2018.

Entre temps, il a été adjoint au chef du bureau de la sécurité intérieure auprès du préfet délégué pour la zone de défense et de sécurité ouest, et chef de la section emploi gendarmerie mobile (SEGM) auprès du général commandant la région de gendarmerie Bretagne, commandant la Gendarmerie pour la zone de défense et de sécurité Ouest.

En administration centrale, il a occupé les fonctions d’adjoint au chef du bureau de l’ordre public (BOP) à la direction des DOE, d’adjoint au chef du bureau de la sécurité et de l’ordre publics (BSOP) au sein de la sous-direction de l’emploi des forces (SDEF).

Il y a conçu l’ensemble des textes de doctrine déclinant, au niveau de la Gendarmerie, le schéma national de maintien de l’ordre (SNMO), et en particulier l’instruction n°200000 GEND/DOE/SDEF/BSOP du 28 juillet 2022, relative à la gestion de l’ordre public par les unités de la Gendarmerie.

Au 1er décembre 2021, dans le cadre de la direction du programme VIPG (véhicule d’intervention polyvalent de la gendarmerie) CENTAURE qui lui a été confiée, il a été affecté en tant que chargé de projets au sein de cette même sous-direction. Outre la conduite de ce programme en lien avec l’industriel et l’ensemble des services qui y ont concouru, il a pu proposer la conception de la doctrine d’emploi de la composante blindée de la Gendarmerie validée le 14 décembre 2023.

Sarthe (72) : colonel Nicolas Bracq, gestionnaire ressources humaines au département du personnel officier à la DGGN.

Il succède au colonel Laurent de la Follye de Joux nommé chef de la mission des compétences à la direction des resources humaines de la Gendarmerie.

Il est l’un des rares commandant de groupement à avoir débuté comme gendarme adjoint volontaire (GAV). C’est en effet à Vannes (56) que le Breton Nicolas Bracq 44 ans, a fait son entrée en Gendarmerie. Il a ensuite été sous-officier d’active en gendarmerie mobile, au sein du groupement blindé (GBGM) à Versailles Satory (78).

Comme officier, il a débuté comme commandant de la communauté de brigades de Thiéblemond-Farémont (51) puis a été instructeur à l’école polytechnique à Palaiseau avant de prendre la tête de la compagnie de Châtellerault (86). Après l’École de guerre, il a rejoint le département du personnel officier à la DGGN comme gestionnaire. Il est marié et père de 5 enfants.

Haute-Savoie (74) : colonel Stanislas Ganuchaud, cabinet du DGGN

Il succède au colonel Benoît Tonanny nommé chargé de mission à la DGGN

Le colonel Stanislas Ganuchaud (Photo Linkedin)

Saint-Cyrien de 43 ans, il a commencé par le commandement de la communauté de brigades de Carnac-Quiberon avant d’être officier pédagogie au bureau des études générales de l’EOGN. Il a ensuite commandé une compagnie en Corse de avant de rejoindre l’École de guerre puis la direction des ressources humaines de la DGGN comme chargé de projets. Il était conseiller RH au cabinet du DGGN depuis 2022. Chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, il est également titulaire de la médaille de la Gendarmerie, de la croix du combattant, de la médaille d’Outre-mer, de la médaille de la Défense nationale échelon Or, du titre de reconnaissance de la nation et de la médaille de protection militaire du territoire.

Deux-Sèvres (79) : colonel Erwan Kermorvant, chef du centre zonal des opérations de la région de Gendarmerie des Hauts-de-France

Il succède au colonel Ludovic Vestieu, affecté au le commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace.

Saint-Cyrien (promotion CES Raffalli) de 46 ans, il a intégré la Gendarmerie au grade de capitaine via le concours des officiers des armées après un début dans l’armée de Terre à l’école d’application de l’artillerie et au 40ème régiment d’artillerie à Suippes comme chef de section de tir, section de reconnaissance, adjoint au commandant de la deuxième batterie. Ce Breton a d’abord commandé l’EGM 46/2 de Chatellerault pendant quatre ans puis la compagnie de Chateaubriand avant de rejoindre la DGGN au centre de planification et de gestion de crise (CPGC). Après l’École de guerre, il a été affecté à la SDAO (sous-direction de l’anticipation opérationnelle) où il a eu en charge les contestations violentes. Moniteur commando, breveté parachutiste, il est ancien combattant et a participé à deux opérations extérieures, au Kosovo avec l’armée de Terre en 2005 et en 2023 comme chef du détachement prévôtal de la Force commander reserve (FCR) de l’opération Daman au Liban. Il est notamment chevalier dans l’ordre national du Mérite.

Var (83) : colonel Grégory Goumain, attaché de Sécurité Intérieure Attaché à Rome

Il succède au colonel Guillaume Dinh, nommé à l’état-major du CGOM

Saint-Cyrien, âgé de 47 ans, il est un spécialiste de la Police judiciaire et a notamment commandé la Section de recherches d’Angers (49) et fait un passage à la sous-direction de la police judiciaire à la DGGN. Il a aussi commandé la compagnie de Ghisonaccia en Corse. Italianophile, il a suivi l’École de guerre en Italie où il est retourné comme attaché de sécurité intérieure à Rome.

Haute-Vienne (87) : colonel Dorothée Cloître, référente nationale pour les violences intrafamiliales pour la Gendarmerie

Elle succède au général Bernard Thibaud, admis en deuxième section.

De recrutement universitaire, âgée de 46 ans, elle a commandé la brigade de Saint-Trivier-de-Courtes (01) puis a été chef de section Ressources humaines à la DGGN avant de commander la compagnie de Palaiseau, (78) une très grosse unité à 215 militaires. Elle a ensuite été chef du département des partenariats de l’EOGN avant d’être chargée de mission au cabinet du DGGN et référente nationale pour les violences intrafamiliales pour la Gendarmerie. La colonelle Cloitre est titulaire du brevet technique option “études administratives militaires supérieures de la Gendarmerie”.

Vosges (88) : colonel Grégory Moura, chef du centre zonal des opérations de la région de Gendarmerie Grand Est

Il succède au colonel Frédéric Avy, affecté au commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace.

Saint-Cyrien, âgé de 41 ans, il a débuté comme commandant du peloton d’intervention de l’EGM de Pamiers avant de retourner à Saint-Cyr comme instructeur pendant trois ans. Il a ensuite commandé la compagnie de Gassin-Saint-Tropez (83). Après l’École de guerre, il a été affecté au ministère des affaires étrangères comme conseiller Gendarmerie aupres du directeur de la sécurité diplomatique avant d’être nommé chef du centre zonal des opérations de la région de Gendarmerie Grand Est. Le colonel Grégory Moura a été de novembre 2023 à mars 2024 chef du détachement prévotal auprès de la mission Aigle (1500 militaires français prépositionnés au sein de la multinational division south-east de l’Otan dans le cadre de la dissuasion stratégique).

Essonne (91) : colonel Olivier Langou, Sous-directeur de la gouvernance de la Direction du NUMérique au secrétariat général du ministère de l’Intérieur

Il succède au colonel Hugues Sublet

De recrutement officier de réserve (Gendarmerie), après son service national, cet ingénieur de l’école des Mines diplômé de l’école nationale supérieure d’informatique et de mathématiques appliquées a été directeur de projets informatiques comme chef de la section investigations de la sous-direction des systèmes d’information de la Gendarmerie.

Il en particulier travaillé dans le domaine des fichiers judiciaires en particulier le TAJ (traitement des antécédents judiciaires) avant de commander la compagnie de Lucé (28). Il a ensuite été chef du bureau Bureau de la mobilité et de la proximité numérique au STSISI (Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure) et c’est lui qui a piloté le déploiement de la flotte sécurisée de terminaux mobiles connectés au profit des forces de l’ordre, les NEO.

Val d’Oise (95) : colonel Denis Mottier, officier de liaison Gendarmerie auprès du président de l’association des maires de France (AMF).

Il succède au colonel Quentin Petit, affecté au Centre national des opérations (CNO)

Issu de l’École navale, ce bordache de 43 ans qui a reçu l’exigente formation des commandos marine avec le brevet de chef de section aéroportée et de plongeur de bord, a intégré la Gendarmerie via le concours d’officier des armées (OA) au grade de lieutenant de vaisseau après avoir été chef de quart, chargé du service courant sur le TCD Siroco (transport de chalands de débarquement) et chef d’escouade d’une promotion d’élèves de l’École navale. Il a débuté comme commandant de l’escadron de gendarmerie mobile 24/2 de Bayonne à la tête duquel il a été engagé en Guyane (opération Harpie), en Guadeloupe, en Nouvelle-Calédonie et à la Réunion. Il a également été engagé sur plusieurs opérations de maintien de l’ordre dans l’hexagone en particulier à Notre Dame des Landes. Il a été projeté en Afghanistan comme officier de liaison sur une base opérationnelle avancée (forward operating base FOB ) américaine dans la province du Wardak, où il a été décoré de la croix de la valeur militaire et du combat action badge, une distinction américaine pour les militaires “ayant engagé activement l’ennemi ou ayant été engagé par lui et se comporter de manière satisfaisante conformément aux règles d’engagement prescrites après le 18 septembre 2001.” Il ensuite suivi la scolarité de l’École de guerre puis a commandé la compagnie de Nice (06) avant d’être chef de section au bureau de la sécurité publique en charge de la prévention et des partenariats puis adjoint au chef de bureau à la direction des opérations et de l’emploi où il a mis en place les maisons de protection de famille (MPF). Il a été ensuite chargé de projet à la sous-direction de l’emploi des forces (SDEF) où il a notamment conduit le projet Brigade 4.0 et suivi la cohérence des productions par rapport à la stratégie Gend 20-24.

Gendarmerie mobile

Groupement IV/3 Orléans : lieutenant-colonel Frédéric Sanchez

Il succède au colonel Jonathan Voisin

Ancien sous-officier, âgé de 50 ans, ce spécialiste de la gendarmerie mobile a une grosse expérience. Il a notamment été adjoint du commandant de la Gendarmerie de Guadeloupe.

Groupement III/7 Reims : lieutenant-colonel Benjamin Soccal, adjoint au commandant du groupement III/7 de Reims.

Il succède au colonel Christian Gojard affecté chargé de mission GM au sein de la RGIF à Maisons-Alfort 

Issu du recrutement officier de réserve (armée de l’air), il a commandé un peloton d’intervention (Arras), l’EGM d’Hirson et la compagnie de Beaune (21). Cet officier expérimenté a notamment été chef du centre de conduite des opérations Harpie de la Gendarmerie de Guyane.

Groupement II/3 Mont-Saint-Aignan : lieutenant-colonel Silvère Franck, groupement des opérations extérieures (GOPEX), détaché au groupement de gendarmerie départementale de Dordogne pour concevoir et conduire les opérations relatives au relais de la flamme des JO 2024.

Il succède au colonel Grégoire Gaudin

Ancien sous-officier, âgé de 52 ans il a commandé le peloton d’intervention de l’EGM de Lodève, l’EGM de Calais, la compagnie de Brest puis a été instructeur au CNEFG de Saint-Astier, hhef de la section de perfectionnement des Unités à la division rétablissement de l’ordre (RO). Il a ensuite été pendant cinq ans Conseiller stratégique du Directeur Général de la Gendarmerie Nationale malienne au sein de la mission de l’Union Européenne EUCAP-SAHEL-MALI. Après avoir été pendant quatre mois Provost Marshal adjoint au sein du Commandement de Réaction Rapide – France (CRR-FR) de l’OTAN à Lille (59), il a été détaché au Groupement de Gendarmerie Départementale de Dordogne à Périgueux (24) pour concevoir et conduire les opérations relatives au relais de la flamme des JO 2024.

Groupement I/3 Rennes : colonel Michaël Capron

Il succède au colonel Mathias Cazajous

Saint-Cyrien de 44 ans, ll a débuté dans l’armée de Terre au 40ème régiment d’artillerie de Suippes avant d’intégrer la Gendarmerie, via le concours des officiers des armées. À l’issue de l’EOGN, il a commandé l’EGM de Mont-de-Marsan (40), période pendant laquelle il a été projeté pendant trois mois en Afghanistan, à titre individuel, au sein de la cellule renseignements de l’état-major à Kaboul. Il a ensuite pris la tête de la compagnie de Reims (51). brevet technique option « études administratives militaires supérieures de la gendarmerie 

Groupements de gendarmerie spécialisée

Groupement spécial de sécurité et de sûreté de Paris (Gendarmerie de l’Air) : colonel Yannick Gouriou, chef d’état-major du GBGM de Versailles-Satory

Il succède au colonel Damien Michel affecté au groupement des opérations extérieures (GOPEX)

Issu de l’école du corps technique et administratif (ECTA), âgé de 54 ans, il a d’abord servi comme chef du département logistique de l’école du service de santé des armées, puis chef des moyens généraux de l’hôpital d’instruction des armées Clermont Tonnerre à Brest. Après avoir intégré la Gendarmerie via le concours des officiers des armées. Il a commandé l’EGM 21/1 de Melun, la compagnie de Mayenne (52), a servi au groupe de soutien ressources humaines (GSRH) du groupement des Pyrénées Orientales à Perpignan avant de rejoindre la Direction de la coopération internationale (DCI) comme chef de division. Il a alors retrouvé la mobile comme commandant en second du groupement de Mont-Saint-Aignan avant de devenir chef d’état-major du GBGM de Versailles-Satory qui l’a notamment vu être projeté en Guyane en 2023 à la tête du GTG (groupement tactique Gendarmerie). Pendant les Jeux olympiques, il a été engagé comme l’un des GOMO.

Groupement de Gendarmerie maritime de Toulon (GMAR) : colonel Emmanuel Bougon, chef du bureau du suivi de la synthèse et de la veille opérationnelle du Centre national des opérations.

Il succède au colonel Frédéric Marc, affecté à la division des opérations à l’état-major de la Gendarmerie maritime à Houilles.

Âgé de 41 ans, issu de l’École navale, fils de militaire, il retrouve la Marine nationale. Il a débuté comme commandant en second d’une compagnie dans les Vosges avant d’être officier de renseignement au groupement du Morbihan puis commandant de la compagnie de Redon (22). Après l’École de guerre, il a été chef de cabinet du général commandant la région PACA, puis officier opérations à la région PACA, adjoint au chef du bureau du suivi de la synthèse et de la veille opérationnelle, avant d’en prendre la tête.

Groupement de Gendarmerie des transports aériens Nord de Roissy-en-France : colonel Frédérik Réhault , chef de la division des fichiers au service central de renseignement criminel de la Gendarmerie

Il succède au colonel Jérôme Robert

Agé de 45 ans, Frédérick Réhault est issue de l’école de l’Air de Salon-de-Provence. Il a débuté comme commandant de peloton à l’EGM de Decize (58) avant d’intégrer l’institut de recherches criminelles de la Gendarmerie (IRCGN) où il a travaillé sur l’analyse des supports numériques dans le cadre des enquêtes judiciaires. Il a ensuite commandé une unité d’expertise en traitement de l’information et a été chef du fichier automatisé des empreintes digitales au sein du service central de renseignement criminel (SCRC) avant de prendre la tête de la division des fichiers au SCRC, et d’être directeur d’un programme relatif aux investigations biométriques. Il a commandé la compagnie de Salon-de-Provence.