Réactivation de la brigade du génie

Réactivation de la brigade du génie

par Paulin de Rosny – Revue Conflits – publié le 4 décembre 2024

https://www.revueconflits.com/reactivation-de-la-brigade-du-genie/


En septembre 2024, l’Armée de Terre française a réactivé la brigade du génie (BGEN) lors d’une cérémonie aux Invalides, en présence de hautes autorités civiles et militaires. Son commandement a été confié au général Christophe Bizien. Loin d’être une simple restauration, elle est une étape clé de la restructuration profonde des forces terrestres.

Cette réactivation marque le retour d’une unité clé dissoute en 2010 dans un contexte de rationalisation budgétaire. La renaissance de la BGEN est un signal fort : une armée qui investit dans son génie se prépare à une guerre de terrain, où la maîtrise du milieu d’engagement et la neutralisation des menaces sont déterminantes.

Combler un vide stratégique

Créée en 1993, la brigade du génie avait pour vocation de centraliser des capacités rares et stratégiques : franchissement d’obstacles, neutralisation des menaces NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique), déminage et cartographie avancée. Ces missions, essentielles à la mobilité et à la sécurité des forces armées, répondaient aux besoins des brigades interarmes dans des environnements complexes. Inspirée des modèles britannique et allemand, la BGEN combinait des expertises techniques variées, allant des unités cynotechniques à la cartographie, tout en offrant une structure de coordination réactive.

Exercices sur la Maine

Cependant, la dissolution de cette brigade en 2010, dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP), a fragmenté ces capacités. L’absence d’une structure centralisée a réduit l’efficacité des forces terrestres, notamment dans des domaines critiques comme le franchissement. L’éclatement des unités a également affecté la rapidité d’intervention dans des contextes tactiques où chaque minute compte, comme en Afghanistan ou au Sahel. La vulnérabilité des zones arrière, souvent négligées, s’est également accrue, exposant des faiblesses stratégiques que la BGEN aurait pu combler. C’est sur ces retours d’expérience et sur l’étude prospective des conflits de demain que se fonde la réactivation de la BGEN.

Centraliser pour mieux servir

Le 11 septembre 2024, la réactivation officielle de la BGEN a marqué un tournant stratégique pour l’armée de Terre. Cette brigade, désormais basée à Angers dans le quartier Berthezène, regroupe des régiments spécialisés dans des missions complémentaires. Cette nouvelle organisation reflète une volonté de centralisation des capacités rares pour répondre aux menaces modernes.

La BGEN inclut des unités emblématiques : le 2e régiment de dragons, expert en défense NRBC, capable de neutraliser les menaces chimiques, biologiques et radiologiques ; le 19e régiment du génie, pilier des capacités de franchissement et des infrastructures lourdes ; le 28e groupe géographique, garant du renseignement topographique et de la cartographie avancée ; le 31e régiment du génie, spécialisé dans l’appui direct et la mobilité des forces ; et le 132e régiment d’infanterie cynotechnique.

Équipes cynophiles

Ces régiments permettent à la BGEN de couvrir tout le spectre des opérations militaires, qu’il s’agisse de la sécurisation des zones arrière, de l’appui direct au combat ou de la préparation des terrains pour des manœuvres stratégiques. Intégrée au Commandement de l’Appui et de la Logistique de Théâtre (CALT), la BGEN collabore étroitement avec la brigade de maintenance et la brigade logistique pour garantir une continuité opérationnelle optimale.

Maîtriser le milieu d’engagement

La réactivation de la BGEN repose sur une ambition centrale : garantir la maîtrise du terrain dans toutes les phases des opérations. Dans les conflits modernes, la mobilité des forces, la sécurisation des infrastructures et la neutralisation des menaces adverses sont des enjeux cruciaux. Comme le dit le ministère des armées, « cette unité spécialisée se révèle essentielle pour maîtriser le milieu d’engagement dans le domaine du combat de haute intensité comme en gestion de crise, en s’appuyant notamment sur des capacités de géographie, de défense NRBC, de contre-mobilité, de combat cynotechnique, de franchissement, d’appui au déploiement lourd et d’aide au déploiement. Désormais réunies, ces capacités pourront mieux conjuguer leurs effets. »

Dans les régions traversées par des cours d’eau, comme en Europe de l’Est, des ponts flottants motorisés (PFM), capables de supporter des véhicules lourds comme les chars Leclerc, permettent de franchir rapidement des obstacles naturels. Ces équipements, combinés aux engins de franchissement de l’avant (EFA), assurent une progression continue des forces en première ligne. En parallèle, les capacités de déminage et de contre-mobilité permettent de ralentir les forces adverses tout en protégeant les forces alliées.

La sécurisation des zones arrière, souvent perçue à tort comme secondaire, est un autre domaine d’excellence du génie. Les enseignements de l’histoire, notamment la défaite de Sedan en 1870, montrent que des zones arrière mal protégées peuvent compromettre une campagne entière. En garantissant la continuité logistique et stratégique, la BGEN joue un rôle clé dans la préservation des forces.

Enfin, les capacités du 28e groupe géographique renforcent la planification stratégique. En fournissant des données topographiques précises et en anticipant les obstacles naturels ou artificiels, le génie contribue directement à optimiser les manœuvres militaires. Cette combinaison d’expertise tactique et stratégique fait de la BGEN une arme essentielle dans les conflits modernes.

Moderniser le génie

La réactivation de la BGEN s’accompagne d’un investissement massif dans les technologies de pointe. Les drones, utilisés pour la reconnaissance et le déminage, permettent de réduire les risques pour les sapeurs tout en augmentant l’efficacité des interventions. Ces outils offrent une cartographie en temps réel et une capacité d’intervention à distance, vitales dans les environnements à haut risque.

L’arrivée de l’Engin du Génie de Combat (EGC), prévu pour 2029, symbolise cette modernisation. Successeur de l’EBG Vulcain, l’EGC combinera des capacités de creusement, de destruction et de franchissement, tout en offrant une protection renforcée pour ses équipages grâce à des systèmes téléopérés. Conçu pour répondre aux exigences des conflits de haute intensité, cet engin est l’illustration d’un génie militaire en phase avec les défis technologiques du XXIe siècle.

Par ailleurs, la formation continue des sapeurs est au cœur des priorités. En combinant des entraînements individuels, des exercices collectifs et une maîtrise des nouvelles technologies, la BGEN prépare ses membres à opérer dans des environnements variés, qu’il s’agisse de zones urbaines, montagneuses ou de plaines traversées par des obstacles naturels.

Achever la réforme

Malgré ses avancées, la réactivation de la BGEN reste incomplète. Certaines capacités critiques, comme le franchissement assuré par le 6e régiment du génie, ne sont toujours pas intégrées dans la brigade, limitant une centralisation pourtant revendiquée comme essentielle. Par ailleurs, les contraintes budgétaires et les coûts liés à la modernisation des équipements représentent des obstacles importants dans un contexte où les ressources militaires sont déjà sous tension.

Cependant, ces défis n’entament pas l’ambition portée par cette brigade réactivée. Avec sa devise, « Ils marcheront en tête », la BGEN incarne une armée française qui allie tradition et innovation pour répondre aux besoins des conflits modernes. En plaçant la maîtrise du terrain au centre de sa stratégie, l’Armée de Terre réaffirme que le génie n’est pas qu’un soutien, mais une arme décisive. La réactivation de la BGEN, ancrée dans une vision stratégique et technologique, représente une étape clé dans la transformation des forces terrestres françaises, prêtes à relever les défis d’un monde en mutation. Si vis pacem, para bellum.

De nouvelles capacités de franchissement dans le viseur de la Défense belge

De nouvelles capacités de franchissement dans le viseur de la Défense belge

– Forces opérations Blog – publié le

Renouveler les capacités de franchissement de brèches humides ou sèches de la Composante Terre belge, voila l’objet d’un programme lancé fin juillet et pour lequel l’industrie française aura une carte à jouer. 

Approuvé mi-juillet par le gouvernement belge, le programme est depuis peu entré en phase d’appel à candidature (RFP). L’enjeu ? D’une part, l’acquisition de huit systèmes de pose de ponts tactiques (Mobile Assault Bridge – MAB) et de 17 ponts. Et d’autre part, le soutien des systèmes acquis pour une durée de 10 ans. De quoi renouveler une capacité relevant des bataillons de génie et dont l’importance pour la mobilité militaire revient sur le devant de la scène.

Ce MAB sera « un véhicule à roues équipé d’une cabine blindée permettant la pose et la reprise de ponts tactiques de manière autonome ». Exit donc la chenille privilégiée jusqu’alors avec les chars lanceurs de pont Iguane (Leguan) sur châssis Leopard 1, place à un outil visiblement monté sur un châssis 10×10 afin de conserver « une grande mobilité tactique et une capacité tout-terrain ». 

Ce poseur de ponts présentera une protection de niveau 3a/b contre les mines, de niveau 3 contre les menaces balistiques et une protection minimale contre les engins explosifs improvisés. Un bouclier complété par l’ajout d’un tourelleau téléopéré sorti des stocks belges, de lance-pots fumigènes ainsi que d’un système de protection NRBC. 

Quant aux travures, celles-ci auront une longueur minimale de 22 m. De classe MLC 80, ces ponts permettront le franchissement de l’ensemble des véhicules à roues et chenillés aujourd’hui en service. Ils disposeront par ailleurs d’un système « Health & Usage Monitoring System » (HUMS), ces capteurs permettant de déterminer la charge réelle et de prédire l’ « état de santé » donc la durée de vie du système. 

Cet avant-goût de cahier des charges s’accompagnent de plusieurs exigences opérationnelles, à commencer par les dimensions. « La longueur du pont est un facteur tactique déterminant. Un pont plus long offre une plus grande flexibilité au commandant tactique dans le choix du site de franchissement », estime une Défense belge selon qui « un pont de 26 m permet également de dépasser la capacité de franchissement d’assaut russe ». 

Second critère majeur, l’interopérabilité est souhaitée avec un maximum de pays membres de l’OTAN. Et si le projet semble s’inscrire en dehors du partenariat stratégique franco-belge « Capacité Motorisée » (CaMo), l’argument d’un nouveau rapprochement capacitaire avec l’armée de Terre pèsera dans la balance. La modularité du système, enfin, est recherchée dans une moindre mesure. Il est en effet « souhaitable que que le pont long puisse être transformé en deux ponts courts » pour mieux s’adapter à la brèche rencontrée et ainsi « économiser des moyens de franchissement lors de la manoeuvre tactique ».

L’investissement est évalué à plus de 85 M€, un effort représentant plus du tiers des 235 M€ inscrits dans le plan STAR pour renouveler les capacités du génie. Un document adopté en 2022 pour définir la transformation de la Défense à l’horizon 2030 et dont la mise à jour pourrait être conduite par le prochain gouvernement belge. 

Ce type d’engin n’est maîtrisé que par une poignée d’industriels. Hormis KNDS Deutschland et son Iguane agnostique du porteur, le besoin belge n’est pas sans rappeler le système de pose rapide de travures (SPRAT) adopté côté français. Utilisé depuis 2011 par l’armée de Terre et modernisé il y a peu, le SPRAT de CNIM Systèmes Industriels permet de déployer deux ponts courts de 14 m ou un pont long de 26 m composé de deux travures en une dizaine de minutes. Des atouts à combiner avec l’éventualité d’une interopérabilité franco-belge renforcée. 

Crédits image : 13e régiment du génie

L’armée belge a rejoint le projet français de Véhicule de génie de combat

L’armée belge a rejoint le projet français de Véhicule de génie de combat


Après l’infanterie avec le Griffon], l’arme blindée cavalerie avec le Jaguar et l’artillerie avec le Camion équipé d’un système d’artillerie [CAESAr] ainsi que le Griffon MEPAC [Mortier Embarqué Pour l’Appui au Contact], le partenariat stratégique CaMo [Capacité Motorisée], scellé par la France et la Belgique, s’est récemment élargie à l’arme du Génie. C’est en effet ce que vient d’annoncer la composante terrestre de la Défense belge, via les réseaux sociaux.

« Poursuite de l’expansion du projet CaMo et excellente nouvelle pour le Génie ! Le 19 juin, à EuroSatory, le commandant de la composante Terre [le général Jean-Pol Baugnée] et le chef d’état-major de l’armée de Terre française [le général Pierre Schill] ont signé l’objectif d’état-major [OEM] pour l’acquisition en commun de l’Engin du Génie de Combat [EGC] », a-t-elle indiqué, le 9 juillet.

L’EGC est en réalité le « Moyen d’appui au combat » MAC du programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation] qui, à terme, doit remplacer non seulement l’Engin blindé du Génie [EBG, monté sur un châssis d’AMX-30] mais aussi l’EGRAP [Engin du génie rapide de protection] et l’EGAME [Engin du génie d’aménagement – EGAME], encore en service au sein de l’armée de Terre. Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, il est question de commander 125 exemplaires.

Pour ce programme, CNIM Systèmes industriels s’est associé à Texelis et, plus récemment à KNDS France, pour proposer l’Auroch, un véhicule d’aménagement du terrain de type 8×8 [et non de chenilles, contrairement à tous les engins similaires en service aux États-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni], capable de fournir un « appui à la manœuvre des unités de mêlée ».

Alliant « vitesse et grande capacité de travaux de protection ou de dégagement d’obstacle », l’Auroch sera équipé de capteurs électro-optiques pour surveiller son environnement ainsi que d’un tourelleau téléopéré Hornet [fourni par Arquus] armé d’une mitrailleuse de 7,62 mm. Grâce à moteur diesel d’environ 600 chevaux, cet engin de 28 tonnes serait en mesure d’atteindre une vitesse de pointe de 80 km/h sur route.

« L’EGC est un véhicule qui visera à renouveler la capacité d’appui délivré par le Génie dans les zones de contacts en intégrant les technologies les plus récentes. Il remplacera partiellement le Char Pionnier et permettra donc grâce à un excellent compromis entre mobilité, protection et performance de façonner le terrain ou de le dégager des obstacles majeurs pour les unités au contact. Les premières livraisons […] sont prévues pour 2030 », a précisé la composante Terre de la Défense belge.

Pour rappel, la France et la Belgique ont également noué un partenariat selon le même modèle pour le Véhicule blindé d’aide à l’engagement [VBAE], pour lequel un contrat de pré-conception a été notifié par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr] à un groupement momentané d’entreprise formé par Arquus [racheté par le belge John Cockerill] et KNDS France.

À noter par ailleurs que, dans le cadre de CaMo, deux bataillons de génie belge ont signé une charte de jumelage avec le 1er Régiment Étranger de Génie [REG] et le 6e Régiment du Génie [RG]. Même chose pour la « Field Accommodation Unit » [FAU], chargée de « fournir des infrastructures temporaires aux détachements en opération », avec le 31e Régiment du Génie de Castelnaudary.

« Le jumelage ‘CaMo’ a pour but de recueillir les expériences et façons de faire d’une unité similaire afin d’alimenter le processus d’amélioration. Il s’agit principalement de relations basées sur des exercices et des moments d’interopérabilité ou d’échange de sous-unités et par ce lien d’approfondir les connaissances réciproques », a expliqué la Défense belge au blog spécialisé « À l’avant-garde ».

Photo : CNIM SI

Top départ pour le renouvellement des systèmes de franchissement de l’armée de Terre

Top départ pour le renouvellement des systèmes de franchissement de l’armée de Terre

par – Forces opérations Blog – publié le

Un second essai concluant pour SYFRALL ? Une douzaine d’années après un premier appel d’offres infructueux, le ministère des Armées relance officiellement la compétition pour le renouvellement des moyens de franchissement de coupures humides de l’armée de Terre. 

Après la demande d’information émise en 2021, place à la mise en concurrence en bonne et due forme. Son objet ? Le développement et la fourniture d’au maximum une vingtaine de systèmes de franchissement léger lourd (SYFRALL). Conduit par la Direction générale de l’armement, cet appel d’offres européen débouchera sur un marché composé d’une tranche ferme et de tranches optionnelles. 

Destiné à remplacer les engins de franchissement de l’avant et ponts flottants motorisés, un système SYFRALL sera composé de portières de classe MLC 40R et MLC 85C/100R et des ponts de classe MLC 85C/100R, le tout embarqué sur camion porteur protégé ou non. De quoi permettre à toute la gamme de véhicules SCORPION ou à un char Leclerc rénové de traverser rivières, lacs et autres fleuves. Tous les régiments du génie en seront dotés, à l’image d’un 3e régiment du génie au sein duquel sera créée une section de franchissement.

Le ministère des Armées semble cette fois déterminé à matérialiser des réflexions lancées il y a deux décennies. Entre la DI et le lancement de la procédure d’acquisition, de l’eau a coulé sous les ponts. Non seulement les systèmes en service ont près de 40 années de service au compteur, mais le conflit russo-ukrainien aura aussi mis en lumière l’urgence de renforcer les moyens d’appui à la mobilité, axe d’effort parmi d’autres identifiés par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, dans un document publié l’an dernier. 

Depuis, une nouvelle loi de programmation a été adoptée pour la période 2024-2030. Un document grâce auquel SYFRALL a maintenant un cap : huit portières et 300 mètres de pont devraient être en service en 2030, une capacité portée à 2500 m à l’horizon 2035. Conduite selon une logique incrémentale, l’opération bénéficiera cette année d’une première ligne de 37 M€ en autorisations d’engagement. De quoi assurer le lancement en réalisation et notifier la commande des têtes de série. 

De source industrielle, les concepteurs de l’EFA et du PFM, CEFA et CNIM Systèmes Industriels, auraient décidé de combiner les forces pour mieux se positionner face à l’éventuelle concurrence française et étrangère. Un duo renforcé par Soframe et dont le pilier CSI planche depuis quelques années sur un PFM de nouvelle génération. 

Crédits image : cellule communication/6e RG

Le Génie recherche un nouveau système de bréchage pour remplacer les SDPMAC

Le Génie recherche un nouveau système de bréchage pour remplacer les SDPMAC

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par Philippe Chapleau – Linges de défense – publié le 15 avril 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2024/04/12/genie-brechage-24557.html


Le déminage pyrotechnique fait actuellement l’objet d’une demande d’information (RFI 143) de la part de la DGA qui anticipe le renouvellement des systèmes SDPMAC (système de déminage pyrotechnique pour mines antichars) Vulcain d’ici à 2027. 

La procédure vise à remplacer les 11 systèmes SDPMAC de l’armée de Terre (3e et 19e RG). Composé d’un lanceur CARPET d’origine israélienne et d’un châssis AMX-30B2, un SDPMAC tire jusqu’à vingt roquettes qui neutralisent les mines, permettant ainsi d’ouvrir un passage de 100 m de long sur 6 m de large. Ces systèmes, bien que revalorisés, affichent un âge moyen de 17 ans pour le lanceur et de 34 ans pour le châssis. En outre leur disponibilité était inférieure à 25% en 2020.

C’est donc cette capacité vieillissante que la DGA projette de remplacer « d’ici 2027 ».

Il s’agit, selon la RFI, de « doter les unités du génie en appui des éléments de premier échelon de moyens permettant « d’ouvrir une brèche à travers un itinéraire réputé miné de mines antichar potentiellement complété par des mines anti-personnel. »

« En lieu et place d’une salve de tirs de roquettes, la performance devra être obtenue par le tir unique d’un dispositif pyrotechnique permettant en une fois de traiter un itinéraire de cheminement a minima de 100 m de profondeur et permettant la traversée d’un véhicule tactique« , précise la DGA. Ce système de bréchage pyrotechnique sera acheminé sur une remorque dédiée, tractée par les véhicules tactiques de transport de troupe blindés dont la capacité à tracter est de 3 tonnes (Griffon et Serval). 

Le système devra aussi pouvoir être transporté (transport logistique) par voies ferrée, maritime et aérienne (Antonov et A400M minimum).

Le besoin porterait sur:
– 34 porteurs de type remorque ;
– 600 à 1200 dispositifs pyrotechniques actifs (dits « de guerre ») ;
– 600 à 1200 dispositifs pyrotechniques d’exercice ;
– 36 systèmes inertes de manipulation, pour l’instruction en salle de classe.

La RFI peut être consultée ici

La brigade du génie (BGEN) sera créée à Angers à l’été prochain

La brigade du génie (BGEN) sera créée à Angers à l’été prochain

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 1 er février 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


La nouvelle brigade du génie (BGEN) verra le jour à Angers, en cours d’été prochain (photo Franck Dubray, Ouest-France).

Elle sera composée des régiments suivants : 19e régiment du génie (19e RG), 31e régiment du génie (31e RG), 2e régiment de dragons (2e RD), 28e groupe géographique (28e GG), 132e régiment d’infanterie cynotechnique (132e RIC). Le 6e RG d’Angers reste, quant à lui, dans le giron de la 9e BIMa

La BGEN, dont l’état-major s’installera dans des locaux angevins en cours de préparation à 2 km de l’école du Génie, « assure aux unités appuyées un haut niveau d’expertise dans les domaines spécialisés du génie militaire (mobilité, contre mobilité, déminage, franchissement, appui au déploiement…), de la géographie, de la cynotechnie et du NRBC« , selon l’armée de Terre.

Cette brigade est intégrée au commandement de l’appui et de la logistique de théâtre (CALT).

Créé à l’occasion de la transformation de l’armée de Terre, le commandement de l’appui et de la logistique de théâtre, en est « une évolution majeure ».

L’un des objectifs du CALT est d’être en capacité de mener une action face à toute sorte de menace et d’augmenter la capacité de réactivité. En intégrant les différentes fonctions de l’appui et du soutien, détenues par les domaines de la logistique, de la maintenance et du génie militaire terrestres, le CALT assure la cohérence et la fluidité de l’appui et du soutien apportées aux forces dès le début et tout au long de leur déploiement. En zone arrière, il assure la liaison entre la métropole et le théâtre des opérations extérieures, mais surtout la continuité de l’organisation opérationnelle du soutien.

Missions et moyens de la BGEN seront présentés lors d’une  journée interarmes du génie (JIAG) qui aura lieu le mercredi 7 février, à Angers. 

L’école du Génie d’Angers a un nouveau chef

L’école du Génie d’Angers a un nouveau chef

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 16 septembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Lu dans notre édition d’Angers, le vendredi 15 septembre:

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J’en profite pour rappeler qu’Angers va renforcer sa position de creuset du Génie avec l’arrivée à partir de 2024 de l’état-major de la future brigade du Génie (voir mon post). J’y écrivais qu' »à Angers va s’installer l’état-major de la future brigade du génie dont la création est prévue le 1er août 2024 autour d’un noyau clef. Cette unité va intégrer le 132e RIC et le 19e RG de la 1re division, le 31e RG et le 2e RD de la 3e division, le 25e RGA et le 28e GG du COMRENS ».

L’armée de Terre disposera d’une quatrième unité de sécurité civile à Libourne

L’armée de Terre disposera d’une quatrième unité de sécurité civile à Libourne

https://www.opex360.com/2023/08/02/larmee-de-terre-disposera-dune-quatrieme-unite-de-securite-civile-a-libourne/


 

Ces Formations militaires de la Sécurité civile [ForMiSC] comptent actuellement environ 1400 sapeurs-sauveteurs, répartis selon trois UIISC spécialisées. Et, comme l’a annoncé le président Macron en octobre 2022, à l’issue d’une campagne particulièrement éprouvante menée contre les feux de forêts, une quatrième sera créée en 2024.

Peu après cette annonce, plusieurs municipalités du sud-ouest se sont portées candidates pour accueillir cette UIISC 4, celle-ci devant compter environ 600 militaires.

Tel a notamment été le cas de Limoges qui fut l’une des grandes perdantes des réformes successives de la carte militaire menées dans les années 2000 puisqu’elle a dû se résoudre à abandonner la base aérienne 274, le 15e Bataillon du train, l’état-major des forces n°4 et l’état-major de la 3e Brigade légère blindée. L’Agglomération d’Agen s’est aussi mise sur les rangs, en association avec le conseil départemental du Lot-et-Garonne et la communauté de communes Coteaux et Landes de Gascogne. De même que Mont-de-Marsan et Pau.

Finalement, c’est Libourne qui a visiblement présenté le dossier le plus solide. C’est en effet ce qu’a confirmé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans un entretien accordé au journal Sud Ouest, le 1er août. Ainsi, l’UIISC 4 prendra ses quartiers dans une caserne qui abrita, autrefois, une école de sous-officiers de la Gendarmerie nationale [ESOG] et l’école des officiers de réserve du Service de santé des Armées.

En 2021, la municipalité de Libourne avait soutenu un projet visant à faire de cette ancienne caserne un centre commercial dédié à l’univers du vin. Finalement, cette emprise retrouvera sa vocation originelle. Selon M. Darmanin, 318 millions d’euros seront investis pour réhabiliter les bâtiments abandonnés en 2009. À noter que certains sont « protégés au titre des Monuments historiques », souligne Sud Ouest.

« Plusieurs critères ont été retenus : il n’y aura pas d’artificialisation des sols, car il s’agira de rénover des bâtiments existants ; Libourne est aussi à proximité d’axes routiers importants, d’une desserte SNCF et de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac », a encore expliqué le ministre.

Par ailleurs, et après celle de Nîmes, une seconde base aérienne de la sécurité civile va être créée. Et selon M. Darmanin, Mont-de-Marsan tiendrait la corde pour l’accueillir.

Le général Schill précise la nouvelle organisation des brigades interarmes de l’armée de Terre

Le général Schill précise la nouvelle organisation des brigades interarmes de l’armée de Terre

https://www.opex360.com/2023/05/05/le-general-schill-precise-la-nouvelle-organisation-des-brigades-interarmes-de-larmee-de-terre/


 

Cependant, lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense, le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], a donné une autre justification au report des livraisons de 1200 blindés [Griffon, Jaguar, Serval et autres Leclerc portés au standard XLR].

« Pour ce qui concerne […] le programme SCORPION, les cibles ne sont pas réduites et notre objectif à terminaison reste d’atteindre les volumes précédemment définis. L’atteinte de ces cibles est néanmoins reportée au-delà de 2030. Nous devions faire un choix et je l’assume totalement, même si dans un monde idéal, j’aurais évidemment souhaité à la fois maintenir le rythme prévu et acquérir des capacités supplémentaires qui n’étaient pas prévus que nous avons pu financer », a d’abord expliqué le général Schill.

« J’ai proposé moi-même que les munitions téléopérées, les charges actives cyber, certains blindés destinés à notre défense sol-air, l’accélération de la lutte antidrones et les unités de robots soient financées en contrepartie d’un lissage du programme SCORPION », a-t-il ensuite affirmé.

Plus précisément, ces nouvelles capacités réclamées par le CEMAT se traduiront par la livraison de munitions téléopérées, de 24 Serval équipés d’une tourelle MISTRAL [missile transportable anti-aérien léger] et de 12 Serval de lutte anti-drone qui viendront complérer 12 Véhicules de l’avant blindé [VAB] de type ARLAD. Il est aussi question d’acquérir de nouveaux radars de détection afin de « maitriser l’espace et les menaces aériennes au-dessus des forces terrestres ».

Plus généralement, l’armée de Terre va de nouveau se « transformer », selon le plan « Une armée de Terre de combat« , que le général Schill a succinctement évoqué sur les réseaux sociaux. Et, lors de son audition, il a livré quelques éléments supplémentaires.

« Ma priorité portera sur le commandement : en veillant à ce que chaque échelon soit à sa bonne place, en donnant de l’autonomie, en réintroduisant de la subsidiarité, c’est-à-dire en tendant vers le respect du triptyque ‘une mission, un chef, des moyens’ pour mieux fonctionner. La maîtrise du risque, l’obligation de résultat et le succès de la mission sont la contrepartie à la subsidiarité », a-t-uil fait valoir.

Ainsi, le commandement des forces terrestres [CFT] va être réorganisé, en vue d’obtenur un « gain de cohérence », ce qui passera, a détaillé le CEMAT, par un « poste de commandement de niveau corps – le CRR-FR – et deux PC de division, chaque division possédant en propre son bataillon de commandement et de quartier général, en mesure de préparer le combat et le diriger ».

En outre, a-t-il poursuivi, il y aura « trois commandements pour apporter aux divisions les capacités nécessaires dans les domaines du renseignement, des opérations dans la profondeur, des actions spéciales, de l’hybridité, du cyber, des appuis et de la logistique ». Et le tout reposera sur « des brigades interarmes et spécialisées, plus autonomes ».

Parmi celle-ci, les régiments d’infanterie verront leur format réduit… mais leurs capacités seront « significativement renforcées […] dans tous les champs », a indiqué le général Schill. Ainsi, et comme l’a déjà suggéré M. Lecornu lors de ses récents déplacements, ils compteront une section de mortiers de 120 mm ainsi qu’une section « d’attaque électronique » [et non pas « d’appui électronique]. En outre, ils disposeront d’unités dotés de « munitions téléopérées, de robots terrestres » et de « capacités anti-char » renforcées.

« Bien sûr, les Griffon et les Serval continueront à remplacer les véhicules d’ancienne génération. Demain, la transition de la [Peugeot] ‘205’ à la voiture connectée sera achevée. Cela fait plus de 40 ans que les VAB équipent nos régiments d’infanterie, les GRIFFON et SERVAL arrivent et sont dès à présent déployés en Roumanie et en Estonie », a assuré le CEMAT.

Quant aux régiments de l’Arme Blindée Cavalerie [ABC], leurs « capacités d’agression » seront renforcées, avec, là aussi, des munitions téléopérées. Il en ira de même pour leurs moyens de renseignement [drones, radars]. Enfin, ils diposeront eux aussi e nouvelles unités dédiées à la guerre électronique et/ou au renseignement technique. « Une majeure partie de nos chars Leclerc [160 sur 200, ndlr] sera rénovée autour d’une pérennisation de leur motorisation, d’une meilleure protection, d’une connectivité modernisée et de nouveaux viseurs », a promis le général Schill.

Par ailleurs, l’artillerie pourra remplacer ses 13 LRU [dont au moins deux ont été cédés à l’Ukraine] par autant de lanceurs de nouvelle génération d’ici 2030. Cette dotation pourrait doubler en 2035. Mais, d’après le CEMAT, chacun de ses régiments disposera de 16 CAESAr NG [Camions équipés d’un système d’artillerie de nouvelle génération], de 8 motiers embarqués sur Griffon pour l’appui au contact [MEPAC] et de munitions téléopérées de type LARINAE à l’horizon 2028. Et sans oublier de « nouveaux moyens d’acquisition et de renseignement avec une quinzaine de véhicules d’observation artillerie, des radars de surveillance terrestre, et des drones SDT-L complémentaires aux SMDR [Système de mini-drones de renseignement] déjà livrés et au SDT du 61e régiment d’artillerie ».

Le SDT-L [Système de drones tactiques légers] ne figure pas dans le projet de LPM 2024-30. Cependant, la Direction générale de l’armement [DGA] a émis une demande d’information [RFI] pour un drone à décollage vertical [si possible] de moins de 150 kg et d’une autonomie de 14 heures et capable d’assurer des missions de renseignement image et électronique, voire de désignation laser.

Enfin, le Génie va être réorganisé, tout en bénéficiant d’un renforcement de ses effectifs. Cela « lui permettra de recréer des unités disparues spécialisées dans le minage, le contre-minage et le franchissement » ainsi que « de densifier des capacités échantillonnaires aujourd’hui comme l’ouverture d’itinéraire, le franchissement fluvial », a expliqué le général Schill. Et d’ajouter : « En plus des premiers engins du combat du génie et des 8 premières portières de franchissement SYFRALL, l’arrivée des GRIFFON et SERVAL Génie assurera la mise sous blindage des unités de combat du génie ».

L’objectif de cette réorganisation est « d’accroître l’autonomie » des brigades interarmes, composées pour la plupart de trois régiments d’infanterie, deux de cavalerie, d’un d’artillerie et d’un du génie, en vue de « déployer une unité de combat opérationnelle sur le terrain ». Et cela selon trois axes.

Le premier portera sur le « ciblage tactique », grâce à la mise en réseau des moyens de renseignement » [grâce aux drones et aux radars] ainsi qu’aux capacités d’action afin d’établir « une chaîne de frappe efficace ». Le second se contrera sur l’hybridité, avec « pour objectif de progresser dans l’action spéciale terrestre, l’influence, le partenariat et les actions de déception, pour fournir aux divisions ou aux corps d’armée déployés des capacités accrues et plus cohérentes dans ce domaine ».

Enfin, a expliqué le CEMAT, le troisième axe concernera la logistique « au sens large ». Et c’est une leçon rappelée par la guerre en Ukraine. « Il faut sortir de l’idée que ‘la logistique suivra’ » et il est « primordial que notre capacité d’autonomie et de soutien logistique monte en gamme pour construire une véritable manœuvre », a-t-il soutenu.

Orion 4: les sapeurs d’Angers ont ouvert la voie aux Leclerc de la 2e brigade blindée

Orion 4: les sapeurs d’Angers ont ouvert la voie aux Leclerc de la 2e brigade blindée

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 4 mai 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Ils n’étaient qu’une quarantaine sur les quelque 12 000 soldats français et étrangers engagés dans Orion 2023, le plus grand exercice militaire de ces trente dernières années; mais les sapeurs angevins du 6e régiment du génie ont rempli leur mission avec efficacité.

La phase 4 de l’exercice Orion s’est jouée ces quinze derniers jours dans l’est de la France, dans un quadrilatère de 400 km sur 250 km, en partie dans les camps de Champagne (Suippes, Mailly, Sissonne, Mourmelon, Bitche) mais aussi en terrain libre, sous l’œil intéressé des populations locales.

A Givry-sur-Aisne, un bourg de 300 habitants sur les bords de la rivière, les curieux étaient nombreux, dès le petit matin, pour observer la manœuvre des engins du génie. « Les militaires du 6e RG ? Ils sont déjà à l’œuvre et préparent le franchissement« , explique le colonel Cedric Méreuze qui commande le 31e régiment du génie. « Pourquoi ce franchissement ? Parce que les ponts sur la rivière ont été détruits ou endommagés par l’ennemi qui se replie. Parce qu’il faut faire franchir l’Aisne aux unités de la 2e brigade blindée qui a lancé sa contre-attaque ».

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Selon le scénario de la phase 4 d’Orion, l’État Mercure souhaite rétablir son influence régionale sur l’État Arnland. Il a d’abord apporté un soutien matériel et financier à la milice Tantale en lutte contre les forces gouvernementales d’Arnland. Puis il a lancé une attaque aéroterrestre pour faire reculer les forces d’une coalition rassemblée, sous commandement français et sous mandat Onu et Otan, pour protéger l’intégrité de l’État Arnland. Les brigades alliées, soutenues par l’aviation et l’artillerie, ont d’abord contenu les assaillants puis ont contre-attaqué ; d’où l’impératif et rapide franchissement de l’Aisne par les unités blindées en vue d’une action décisive.

« A six heures du matin, le génie de combat a aménagé deux points de passage sur la rivière », explique le major Patrick, le chef de la section du 6e régiment du génie d’Angers qui renforce le 31e régiment du génie de Castelsarrasin. « En 15 minutes, nous avons déployé un engin de franchissement de l’avant qui permet des franchissements continus aux véhicules jusqu’à 70 tonnes puis un pont flottant motorisé (PMF) ».

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Le major commande la quarantaine de sapeurs angevins dont le sergent Jonathan. Lui a supervisé la mise en place du PMF qui « peut être utilisé comme un pont ou comme un bac naviguant d’une rive à l’autre ». Aussitôt les engins de franchissement installés, les VBL (véhicules de combat légers) de la 2e brigade blindée ont traversé la rivière et lancé des patrouilles alors que les chars Leclerc blindés frappés de la croix de Lorraine du 12e régiment de cuirassiers franchissaient l’Aisne à leur tour en vue de la bataille de Mourmelon.

Mission accomplie pour les sapeurs : la contre-offensive franco-alliée a pu se poursuivre victorieusement.

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