Ce 14 août, la préfecture de Meurthe-et-Moselle a indiqué qu’un accident impliquant « deux aéronefs militaires » venait de se produire dans le secteur de Colombey-les-Belles un commune limitrophe du département des Vosges. « Le centre opérationnel départemental a immédiatement été activé et le plan SATER [sauvetage aéroterrestre] engagé en appui des forces militaires » pour retrouver les pilotes, a-t-elle ajouté.
« Des opérations de recherche des pilotes ont été engagées par le groupement de gendarmerie départementale, le service départemental d’incendie et de secours, l’office national des forêts et l’ADRASEC [Fédération nationale des radioamateurs au service de la sécurité civile] », a ensuite précisé la préfecture, laissant le soin aux autorités militaires de donner plus de détails sur cet accident.
La base aérienne 133 de Nancy-Ochey étant la plus proche du lieu de l’accident, l’hypothèse qu’il s’agissait de Mirage 2000D de la 3e Escadre de chasse a été [trop] rapidement avancée. En effet, via le réseau social X, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a indiqué que les avions impliqués étaient deux Rafale de l’Escadron de transformation Rafale [ETR] 3/4 « Aquitaine », basés à Saint-Dizier [Haute-Marne].
« Un des pilotes a été retrouvé. Il est sain et sauf. Les recherches sont toujours en cours. Merci à nos forces armées ainsi qu’aux gendarmes mobilisés dans les recherches et pour sécuriser la zone », a déclaré le ministre.
Selon l’AAE, les deux appareils seraient entrés en collision alors qu’ils revenaient d’une mission de ravitaillement en Allemagne. Le pilote du premier Rafale a pu s’éjecter avant l’impact. Quant à l’équipage du second [un instructeur et un élève-pilote], il était encore porté disparu en début d’après-midi.
L’ETR 3/4 Aquitaine forme les futurs équipages de Rafale de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] et de la Marine nationale. Pour cette mission, il dispose de Rafale B [biplace] et C ainsi que de trois Rafale Marine.
Jusqu’à ce jour, l’AAE n’avait perdu qu’un seul Rafale. En décembre 2007, un appareil de ce type, basé à Saint-Dizier, s’était en effet écrasé sur une zone boisée de la commune de Neuvic [Corrèze], son pilote ayant été victime d’une « désorientation spatiale » selon le rapport d’enquête.
THEATRUM BELLI enrichit sa rubrique sur Les Paras avec un témoignage du général Jean-Bernard Pinatel (auteur de l’ouvrage sur L’esprit guerrier paru chez Balland l’été dernier) sur ses rencontres avec quatre illustres généraux : Sauvagnac, Massu, Bigeard, Le Borgne.
Le général Sauvagnac
Ma vocation parachutiste est aussi liée à mes rencontres à Bayonne avec le général Henri Sauvagnac. J’étais l’ami de ses fils, en particulier de Daniel, qui, après avoir été élève officier à Saint-Cyr, promotion Vercors, me rejoignit à la 3e compagnie du 1er RCP et mourut des suites d’une fracture du bassin occasionnée par un mauvais atterrissage. Soigné à l’hôpital militaire de Bordeaux, j’ai toujours été persuadé qu’il s’était laissé mourir car les paras, pour lui, c’était fini.
Les fantassins de ma promotion de Saint-Cyr (1958-1960) furent envoyés en Algérie sans faire une année d’école d’application. Elle fut remplacée par un stage pré-AFN de 3 mois qui se déroula en 2 mois au camp des garrigues près de Nîmes puis d’un mois à Philippeville, j’avais en tête de choisir le 1er REP, où deux places étaient réservées à notre promotion et que mon classement me permettait d’obtenir.
Malheureusement, lors de sa tournée des popotes de décembre 1960, le général de Gaulle avait été chahuté par les paras et les légionnaires opposés à son projet d’un référendum sur l’autodétermination en Algérie. Furieux, le chef de l’État avait mis son veto : aucun cyrard ne devait se laisser contaminé par l’esprit de contestation des paras.
Effondré, je n’avais, en outre, aucun plan B.
Je m’en ouvris au général Sauvagnac qui dirigeait le Sud-Est Constantinois et qui m’avait donné ses coordonnées. Il me conseilla sans attendre de choisir le 7e RTA si mon désir était bien d’aller au feu, précisant avec malice que le drapeau du 7e RTA était « plus décoré que celui du 1er REP ». Je montrai son télégramme à mes camarades et les 7 premiers optèrent pour le 7e RTA.
Le général Sauvagnac, élève de Saint-Cyr, de la promotion du Rif (1924-1926) fut un des pionniers du parachutisme militaire en France. Son brevet de parachutisme militaire porte le numéro 1.
À cette époque, au bout de quelques sauts en ouverture automatique, les premiers paras ouvraient eux même leur parachute après une chute libre de quelques secondes autant dire que les accidents de sauts furent nombreux. Huit mois après son premier saut, au cours de son 37e saut, le général Sauvagnac alors capitaine, battit le record du monde de chute libre avec une chute de 74 secondes.
De 1937 à 1940, le capitaine Sauvagnac commanda la compagnie du 601e groupe d’infanterie de l’air qui fut la première unité parachutiste française basé à Reims, et enfin, le bataillon de chasseurs parachutistes no 1 qui devient le 1er RCP le 1er mai 1943. Il en prend temporairement le commandement puis devient son chef de corps de 1945 à 1947. Lorsque la demi-brigade de marche parachutiste est créée en décembre 1946 à partir d’effectifs de la 25e DAP, le lieutenant-colonel Sauvagnac en prend le commandement pour combattre en Indochine. Volontaire pour un second séjour en Indochine, il prend le commandement de l’ensemble des troupes aéroportées (TAP). De 1956 à 1958 il commande la 25e division parachutiste. Grand officier de la Légion d’honneur, cité douze fois au feu.
Je l’ai revu plusieurs fois à Pau lorsqu’il venait visiter le 1er RCP où après le saut en chute libre traditionnel de la Saint-Michel, il demandait que les chuteurs lui soient présentés pour les féliciter et j’ai pu ainsi à ces occasions discuter plusieurs fois avec lui.
Le Général Massu
Le Général Massu, était gouverneur de la Région Militaire dont le PC était à Metz lorsque j’étais sous-lieutenant, chef de la 1re section de la 3e compagnie du 1er RCP, basé depuis son retour d’Algérie en juin 1961à Montigny-lès-Metz.
Nommé en septembre 1961 gouverneur de Metz, le général Massu, établit la « coupe de cheveux para » pour toute la région militaire . Il instaura notamment une tradition dominicale pour la garnison de Metz : chaque dimanche soir, un sous-lieutenant du 1er RCP, à tour de rôle, dirigeait une patrouille en ville dont le rôle essentiel était de se poster devant la gare de Metz avec un 6 X 6, accompagné d’un sous-officier, de deux paras et d’un coiffeur. Sa mission consistait à vérifier que les permissionnaires revenaient avec la coupe règlementaire et dans le cas contraire, les faire monter dans le 6 X 6 où le coiffeur leur infligeait une coupe Iroquois à l’envers, c’est-à-dire leur passait la tondeuse au milieu du crâne, les laissant repartir avec deux touffes de cheveux séparées par une grande trace blanche ce qui les obligeait à se raser complétement la tête afin d’éviter le ridicule.
En général notre tableau de chasse était composé essentiellement d’aviateurs de la base de Frescaty et de biffins non-paras. Un soir, à ma grande surprise, je vis débarquer un grand para élancé dont la chevelure blonde débordait du béret minuscule et non réglementaire. Horrifié, je ne lui laissai pas le temps de s’expliquer et lui ordonnais de se taire si bien qu’il ne put prononcer un seul mot ; mon sous-officier l’entraîna dans le 6 X 6 et lui fit subir le même sort, assorti de remontrances puisque sa désinvolture faisait honte aux paras.
Le lendemain matin, je fus convoqué par l’officier adjoint du régiment, le capitaine Soutiras, que j’avais connu en Algérie. Il me reçut chaleureusement et m’apprit d’un ton presque amusé :
— Pinatel, vous en avez fait de belles hier soir !
— Comment mon capitaine ?
— Vous avez tondu le majordome de Madame Massu qui rentrait spécialement de permission pour un grand dîner chez le gouverneur ; il a dû se raser complètement le crâne et Madame Massu l’a très mal pris et vous a fait mettre huit jours d’arrêts simples par le commandant la place de Metz.
Je proteste en disant que cette coupe de cheveux est applicable à tous sans exception. Désolé, Soutiras me répond qu’il ne peut rien pour moi :
— Le seul qui peut vous accorder le sursis est le Général Massu, puisque le commandant de la place est son subordonné direct. Je ne vous recommande cependant pas de le lui demander, car Massu, qui n’a jamais tremblé devant l’ennemi, a la réputation de ne jamais désavouer son épouse.
Indigné par cette sanction imméritée, je persiste.
Le capitaine me tend alors la feuille de punition afin que j’inscrive moi-même « Je demande le sursis car j’estime cette punition imméritée ». Le capitaine Soutiras me regarde avec un air contrit qui veut dire : toi mon vieux tu ne sais pas ce qui t’attend, mais il se contente de confirmer qu’il transmettra. La nouvelle fait le tour du régiment et au mess les paris sont ouverts entre ceux qui pensent que je ferai « mes huit jours » et ceux qui pensent que le Général Massu « rajoutera de la sauce ». Pendant trois semaines, je n’entends plus parler de la punition et quand je finis par penser qu’elle est passée aux oubliettes, je reçois l’ordre de me présenter en tenue n°1 au PC du gouverneur[1] à 11 heures le lendemain.
Le capitaine Soutiras me précise qu’un aspirant m’attendrait non pas par la grande porte du square Giraud mais à une petite porte, située quelques dizaines de mètres plus loin sur l’avenue Ney. Je n’en mène pas large toute la journée et mes camarades accroissent mon inquiétude par leurs commentaires du genre : « Je n’aimerais pas être à ta place ». Le soir venu, je fais une reconnaissance des lieux pour être sûr d’être à l’heure au rendez-vous. Le lendemain, je me présente donc dix minutes avant l’heure en grande tenue, un aspirant m’attend, me salue et tourne les talons en me disant simplement : « mon lieutenant suivez-moi » et me fait monter par un escalier de service au premier étage où se situe le bureau du général Massu. Il me fait entrer :
— Voici le sous-lieutenant Pinatel, mon général !
Et sort en fermant la porte. Je fais un salut impeccable et reste au garde à vous paralysé par l’émotion de me trouver devant ce grand chef para. A ma grande surprise le général Massu se lève de son bureau vient vers moi la main tendue et me dit :
— Je suis heureux de rencontrer celui qui a réussi à faire couper les cheveux au majordome de mon épouse, je m’y étais essayé mais je n’avais jamais réussi.
Son regard se fixe sur mes deux citations dont celle à l’ordre de l’armée et tend le bras vers un confortable fauteuil, et s’assoit en face de moi :
— Je vois que vous avez fait une belle campagne d’Algérie, racontez-moi où et comment vous avez obtenu cette palme.
Je lui fais un compte rendu succinct tant je suis impressionné. Il me pose des questions sur le régiment, comment se passe l’entraînement de ma section puis se lève, va à son bureau prends la punition et y appose son sursis. Puis il sonne l’aspirant, me serre à nouveau la main sans rien dire et recommande à l’aspirant :
— Ramenez le lieutenant Pinatel par le même chemin.
Nous saluons, demi-tour réglementaire et nous sortons par le même chemin. Intrigué mais soulagé, je questionne l’aspirant sur les motifs de cette discrétion. Il me répond avec un large sourire :
— Mon lieutenant, si nous étions passés par la grande porte, nous aurions dû défiler devant le bureau de Madame Massu qui est contigu à celui du général et elle conserve toujours sa porte ouverte.
Je comprends que le général Massu ne voulait pas provoquer son épouse[2] ni qu’elle apprenne qu’il m’avait accordé le sursis, approuvant ainsi la tonte de son majordome. Une fois encore cette histoire fit le tour du régiment et me conféra une notoriété auprès des sous-officiers anciens qui me saluèrent désormais avec plus de rigueur.
Une fois par mois avec ma section, j’allais au champ de tir qui était dans une forêt proche du fort Drian, deux fois, je revis le général Massu qui venait à cheval et sans en descendre se renseignait sur l’entraînement de mes hommes. J’étais très fier que ce grand chef se fasse remettre le planning d’instruction de ma section et s’arrangeait pour venir me voir.
Lorsque nous avons quitté la Lorraine pour Pau en décembre 1962, je ne revis plus le général Massu mais j’eus la chance de servir sous les ordres d’autres officiers parachutistes prestigieux, les commandants Guegen et Trapp, le général Bigeard, et d’avoir été le « largueur » attitré du général Le Borgne qui commanda la 25° brigade aéroportée de Pau de 1969 à 1971.
Le général Bigeard
J’ai connu Marcel Bigeard lorsque j’étais lieutenant au 1er RCP.
Il était l’officier le plus décoré depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Titulaire de 27 citations dont 19 à l’ordre de l’armée, Bigeard reste encore aujourd’hui une légende chez les parachutistes. J’eus la chance de le rencontrer puis qu’il me suive tout au long de ma carrière militaire et civile, lors de rencontres ou via une correspondance épistolaire que j’entretins avec lui jusqu’en 2007, trois ans avant sa mort.
Le dernier souvenir que je vais partager ici c’est la lettre qu’il m’adressa en 2007 à la suite d’une sollicitation de son appui afin d’organiser un saut de réconciliation sur Dien Bien Phu. Le projet avorta à cause d’une opposition stupide du ministère des Affaires étrangères : « On ne se réconcilie pas avec un régime communiste ». Ce document est un reportage de Paris Match sur la photocopie duquel il m’avait apporté son soutien. Les mots sont de sa main.
A la fin de la guerre d’Algérie, il fut admis sur titres à l’Ecole de guerre où il ne fit qu’une année destinée à le reconvertir au combat sous menace nucléaire. En 1964, il prit le commandement de la 25e brigade parachutiste à laquelle appartenait le 1er RCP. Ma première rencontre avec lui eu lieu au cours d’un exercice de cadres qu’il avait organisé au PC du régiment autour d’une grande caisse à sable où était représentée une zone entre Meuse et Moselle et où les deux brigades de la division étaient déployées pour stopper la progression des armées soviétiques sous menace d’utilisation de l’arme nucléaire tactique.
Nous étions au début du déploiement de la force nucléaire française qui à l’époque était appelée « force de frappe ». En effet, les Forces aériennes stratégiques venaient d’être créées le 14 janvier 1964. En février, le premier Mirage IV et le premier avion ravitailleur C-135F arrivèrent dans les forces. En octobre, la première prise d’alerte par un Mirage IV, armé de la bombe AN-11, et un avion ravitailleur C-135F eu lieu sur base aérienne de Mont-de-Marsan (40) dont je fus chargé d’ailleurs de tester les défenses. Le trio arme nucléaire (AN-11), avion vecteur (Mirage IV) et avion de projection (ravitailleur) était alors opérationnel.
Ce que je retiens de cet exercice c’est la gouaille et le charisme de Bigeard qui nous expliqua que lors d’un exercice d’état-major à l’Ecole de guerre, les deux commandants de la 20e et de la 25e brigades, lui et le général commandant la 20e brigade, avaient reçu comme mission de déployer leurs unités entre Meuse et Moselle pour stopper une percée des chars soviétiques. Mimant sur la caisse à sable la manœuvre, il nous expliqua en des mots peu châtiés que son camarade n’avait rien compris à la menace nucléaire et n’avait pas dispersé assez ses unités. Lorsque les instructeurs jouant le rôle des soviétiques avaient lancé un engin nucléaire sur chaque brigade, la 20e avait à eu 30 % de pertes et avait été déclarée hors de combat tandis que la sienne, la 25e qu’il avait dispersé par sections et avec l’ordre de s’enterrer n’avait été sanctionné par les arbitres de l’exercice que par 1 % de pertes et était totalement apte au combat. « Enseignement sous menace nucléaire on se disperse et on s’enterre jusqu’à ce que l’ennemi s’imbrique dans notre dispositif ». On sentait qu’il nous envoyait aussi un message subliminal : « j’étais le meilleur contre les chleus, les Viets et les Fells, alors contre les Soviétiques ce sera pareil ; si on doit aller en guerre avec moi vous risquerez moins qu’avec les autres ». Nous étions tous ressortis de ce premier contact tous gonflés à bloc.
Ma deuxième rencontre fut du même type que celle avec Massu. J’étais à cette époque lieutenant adjoint de Noir et à ce titre j’assistais à la réunion hebdomadaire chez le colonel quand le capitaine Vasseur était absent, ce qui était souvent le cas, car ayant un enfant gravement malade qui finalement décéda, il restait souvent chez lui pour soutenir son épouse et s’occuper de ses trois autres gamins.
A cette réunion, le colonel en particulier ses adjoints le patron du BOI[3], le commandant Gueguen, le commandant des services techniques, et son homologue des services administratifs nous informaient et recueillaient notre avis. C’était encore une période marquée par le putsch d’avril 61 et le haut commandement se méfiait des parachutistes. Tout en mettant à la tête des brigades des officiers incontestables comme Bigeard, restés fidèles à De Gaulle, ils donnaient les régiments à des officiers qui avaient peu ou pas servi dans les paras. C’était le cas du colonel. Ils affectaient sous leurs ordres des commandants chevronnés comme Gueguen ou Trapp qui n’avaient pas participé au putsch d’avril 1961. En revanche, l’échelon inférieur, celui des commandants de compagnie, était pourvu par des « osmosés » qui n’avaient ni l’esprit ni la condition physique suffisante. Les paras ressemblaient à cette époque à un mille-feuille : une tranche de dur, une tranche de mou.
N’ayant pas fait le putsch car je me trouvais à cette date-là à l’hôpital Bégin pour soigner ma blessure de guerre, je me considérais avec mes camarades lieutenants en charge de maintenir l’esprit para. Chuteur, instructeur commando, spécialiste survie, j’avais plus de titres de guerre que les capitaines et même que le colonel qui n’avait rien d’un chef para.
Aussi j’étais rarement d’accord avec ce que le colonel voulait faire. Malheureusement, à la différence de tous ceux qui comme le commandant Gueguen pouvaient s’adresser à lui en privé, ma seule chance de faire entendre mon point de vue était la réunion des commandants de compagnie Je ne m’en privais pas et exprimais souvent mon désaccord avec la mesure envisagée, même si mes suggestions étaient rarement prises en compte. Un jour le colonel nous exposa un projet de l’état-major qui s’inquiétait du fait que beaucoup des « osmosés » ne réussissaient pas les tests paras, certains même manœuvraient en permanence pour ne pas sauter avec leur compagnie quand il y avait du vent ou la nuit et faisaient tout pour faire leurs 6 sauts d’entretien dont 1 saut de nuit par an dans des conditions optimales[5], et ainsi être considérés comme aptes et toucher la solde à l’air[4]. Ces tests consistaient à faire 8 kms en une heure avec arme, casque et un sac de 15 kg ainsi que d’autres épreuves comme les tractions, les abdominaux, le lancer de grenade.
Le colonel nous commenta un projet de note émanant de la direction des ressources humaines de l’état-major de l’armée de terre qui envisageait de moduler la difficulté des tests en fonction l’âge pour trouver des officiers à muter dans les paras. Toujours l’osmose. Il exposa donc cette idée qui reçut l’appui de tous les capitaines présents, Trapp et Gueguen qui s’étaient prononcés contre mais en privé, ne pipaient mot. Pour ma part j’étais révolté. L’esprit para exige que le chef commande par une seule phrase : « Faites comme moi », ce qui suppose évidemment qu’il passe les mêmes tests que ses soldats. Je décidai donc de rien dire et d’en parler ultérieurement au commandant Gueguen et je baissai la tête mimant d’être plongé dans une profonde réflexion. Quand mon tour vint de m’exprimer, je fis signe que je n’avais rien à dire en passant l’index en travers de mes lèvres. Le colonel fut surpris et sans le vouloir me provoqua.
— Je suis étonné Pinatel pour une fois vous n’avez rien à dire.
— Non mon colonel, je pense.
— Pinatel faites-nous part de vos réflexions.
— Non mon colonel, je ne peux pas, ce serait irrespectueux.
Moment de silence total dans la salle. Toutes les têtes se tournèrent vers le commandant Trapp qui plissait les yeux jusqu’à les faire presque disparaître, Gueguen prenant un air détaché. Voyant que personne ne venait à son secours le colonel commanda :
— Pinatel, je vous ordonne de parler.
— Et bien mon colonel puisque vous m’y obligez, je ne peux pas accepter que l’on instaure des tests inversement proportionnels à l’âge alors que plus on vieillit, plus la solde à l’air est élevée[4]. Moins d’efforts mais plus de solde ! Mais ce qui me réconforte et c’est la raison pour laquelle que je gardais le silence, c’est que vous serez à la retraite avant moi.
— Pinatel vous me visez personnellement, vous êtes un impertinent, vous passerez à la fin de la réunion dans mon bureau.
Je me rendis au bureau du colonel qui m’annonça qu’il me mettait huit jours d’arrêts pour manque de respect envers un supérieur. Du tact au tact je lui répondis :
— Mon colonel, je demande le sursis.
Trois jours après, je me retrouvai dans le bureau du général Bigeard en grande tenue, mes deux citations et ma décoration des blessés bien en vue. Bigeard ne m’en fit pas la remarque mais, visiblement, il avait sur son bureau mon dossier militaire qu’il avait consulté. Il alla droit au but :
— Alors Pinatel qu’avez-vous dit à votre colonel.
Je racontai la scène et terminai par ma défense.
— C’est parce qu’il m’a mis au garde-à-vous et m’a ordonné de parler que je lui ai dit ce que je pensais.
Bigeard partit d’un large sourire :
— Oui, cette histoire de tests modulables est une belle connerie et la formule que vous avez employée c’est celle que je cherchais : moins d’efforts mais plus de solde. Je vous donne le sursis, mais n’exagérez pas à l’avenir.
— Bien mon général.
Je le saluais et fis demi-tour.
Quelques temps après, j’apprenais que le Général Bigeard m’avait choisi pour former les sous-officiers de la division au camp de Gers et le commandant Trapp me rajouta le Peloton d’élèves gradés du Régiment. Je me trouvais à 25 ans commandant de compagnie d’instruction avec des moyens considérables. Tous les futurs sous-officiers de la division parachutiste allaient passer entre mes mains ainsi que les futurs caporaux du régiment. Quelle magnifique preuve de confiance ! Bigeard me donna l’ordre de faire une sélection sévère et de ne donner le CAP 2 qu’à un candidat sur deux. Les deux mois d’instruction se terminaient par un raid survie de 5 jours qui conduisait les meilleurs du camp de Gers au sommet du Vignemale via le col d’Ilhéou, le lac de Gaube et le refuge de Bayssellance.
J’eus plusieurs fois l’occasion de revoir le général Bigeard lorsqu’il fut nommé secrétaire d’État à la suite de la crise du service militaire puis en tant que député et membre de la Commission de la Défense nationale. Il me convoqua plusieurs fois pour avoir mon avis. Je n’ai malheureusement gardé que notre dernière correspondance, explicite de l’affection qu’il me portait. Un beau projet avorté par la bêtise d’un directeur de cabinet qui me mentit effrontément et qui me refusa une audience avec son Ministre.
Le général Le Borgne, l’esprit corsaire
Guy Le Borgne est né à Rennes le 6 janvier 1920. Fils d’un avocat et attiré depuis son adolescence par la carrière des armes, il intègre Saint Cyr en 1939 avec la promotion Amitié franco-britannique. En mai 1940, la première année est écourtée et les élèves-officiers après seulement un an d’école sont promus sous-lieutenants et envoyés en Afrique du Nord d’où ils reviennent, une fois l’armistice signé, en zone non occupée à Aix pour reprendre leurs études. À la sortie de l’école il choisit l’infanterie coloniale et sert successivement au Mali, au Sénégal et au Maroc d’où il rejoint les parachutistes de la France Libre en formation en Angleterre, au centre de Peterborough. Une fois breveté, il suit la formation commando. Puis il acquiert la spécialité « Jedburgh » pour être parachuté en France occupée afin d’y encadrer les maquis, les organiser et surtout les instruire. Il choisit un nom de guerre pour éviter d’éventuelles représailles sur sa famille en France : ce sera Le Zachmeur, un pseudonyme qui signifie LeGrand Chef en breton. Le 16 juillet, il est parachuté près de Quimperlé dans le sud Finistère. Avec le maquis qu’il commande, il libère Pont-Aven, Quimperlé et Quimper. Affecté au 2e régiment de chasseurs parachutistes, il conduit en décembre 1944 et janvier 1945 de délicates patrouilles de renseignement en jeep armées sur le front des Ardennes belges, dans la région de Bastogne. Ramené en Angleterre, il est parachuté en Hollande avec la Brigade SAS (Spécial Air Service) sur Amherst, à soixante kilomètres sur les arrières de l’ennemi, pour une opération de diversion qui doit servir d’appât aux Allemands. L’opération se termine mal. Il est capturé, mais réussit à s’évader en rapportant au commandement des renseignements de la plus haute importance.
À 25 ans, le lieutenant Le Borgne est chevalier de la Légion d’Honneur, titulaire de 4 citations, médaillé de la Résistance, titulaire de la Military Cross et de la croix de guerre néerlandaise. Il rejoint l’Indochine, en 1950, et participe à la création du 8e Bataillon de Parachutistes Coloniaux dont il prend le commandement comme capitaine où il accumule les faits d’armes qui lui valent cinq nouvelles citations. Il est promu officier de la Légion d’Honneur en 1953. Chef de bataillon en 1954, Directeur des études aéroportées à la Direction des études et de la fabrication et des armements, il est admis à l’École de Guerre (1957-58). Il prend le commandement du 3e régiment parachutiste d’infanterie de marine (1960-62). Il dégage la base de Bizerte à la tête de son régiment et refusera de participer au putsch d’Alger en 1961.
Le Général Le Borgne[7], Breton avait l’esprit d’un corsaire. À Bizerte, il avait saisi un yacht de 17 mètres appartenant à un Egyptien et s’était débrouillé pour le faire remorquer jusqu’en France. Ce yacht magnifique était ancré à Saint-Jean de Luz. Je portais au général Le Borgne une vénération particulière car il incarnait pour moi « l’esprit corsaire » que m’ont légué probablement mes ancêtres de la branche Silhouette dont certains, corsaires du Roi, finirent leur vie sous les pontons anglais.
Il est promu commandeur de la Légion d’Honneur en 1962 et prend le commandement de l’Ecole des troupes aéroportées à Pau qu’il va moderniser et embellir.
C’est là que je l’ai rencontré pour la première fois.
Promu général de brigade en 1970, il prend le commandement de la 25e brigade aéroportée à Pau (1970-72) dont le 1er RCP fait partie. Le général était un passionné de ski. Je ne sais pas comment il apprit que je sautais dans le civil et que j’étais très doué en précision d’atterrissage. Il demanda au colonel Brénac qui commandait le 1er RCP de me permettre d’être son largueur pour un saut sur le glacier du Vignemale et une autre fois sur celui de Saint Lary.
Cette nouvelle mission m’excite au plus haut point. Pourtant je suis impressionné, non pas de larguer le général Le Borgne, mais de le rencontrer tout court. Je vais donc me présenter à lui au Hameau où se trouve le PC de la brigade à moins de deux kilomètres du camp d’Idron.
— Pinatel, je vous ai fait venir car on me dit que vous avez été vice-champion de France de précision d’atterrissage et un largueur confirmé. Etes-vous capable de me larguer au bon endroit y compris sur le Vignemale ?
— Oui mon général, c’est possible mais il faut avoir des conditions de vent très calmes et le seul qui peut nous le garantir à l’avance c’est un guide de haute-montagne de Cauteret, Monsieur Bouary. Ses prévisions sont très fiables, un ou deux jours à l’avance. De mémoire de montagnard, il ne s’est jamais trompé.
— Très bien, je vais demander à mon état-major de le contacter et je vous ferai signe la veille au soir. Au fait vous savez skier en hors-piste ?
— Oui mon général.
— Très bien vous sauterez donc avec nous. Nous serons trois.
Sauter d’un Nord-Atlas sur un terrain situé à 3 000 mètres d’altitude demande une grande précision, car de part et d’autre de ces deux glaciers se trouvent des à-pics de près de 1 000 mètres. Et un parachutiste qui manquerait ces glaciers ayant moins de 200 mètres de large aurait une bonne chance d’y laisser sa vie. Mais cette mission ne m’inquiétait pas, tellement j’étais sûr de ma compétence en matière de largage.
La veille je rencontre le pilote et le copilote qui vont nous larguer, tout aussi mobilisés que moi pour réussir cette mission. Je mets au point avec eux la procédure suivante : l’avion se présente dans l’axe du glacier en tenant compte de la direction du vent et le pilote me met le vert dès qu’il est axé, me laissant décider du moment du saut. Couché à plat ventre contre le plancher de l’avion, la tête dépassant la porte, fouettée par le vent glacé, je guide l’avion à vue et avec le pouce de ma main, je fais signe un peu à droite un peu à gauche, au co-pilote qui se tient à l’entrée du cockpit et qui retransmet mes corrections au pilote. Arrivé au début du glacier, je lance une flamme de couleur orange en tissus lestée et pas encore un siki[8] pour évaluer si l’axe choisi par le pilote est le bon et s’il a bien évalué la direction du vent et sa force. En fonction de l’endroit où la flamme touche le sol, je demande au pilote de repasser 100 m plus à droite ou plus à gauche. Au cours de ce deuxième passage je largue les skis qui font office de siki et cela me permet de faire une deuxième correction et c’est au troisième passage que le saut a lieu. Toujours couché sur le sol de la carlingue j’évalue la verticale et vérifie la direction puis je me relève, m’écarte de la porte et je donne le go et je saute en dernier derrière le général le Borgne et l’officier de son état-major qui l’accompagne. Le vent très froid me saisit et le parachute ouvert, la descente dure moins d’une minute avec une vue magnifique sur toute la chaîne des Pyrénées ; à l’atterrissage je m’enfonce de 40 cm dans la neige et je sue à grosse goutte enfonçant jusqu’aux genoux pour parcourir les 300 mètres qui me séparent de l’hélicoptère Alouette 3 qui est posée en limite de la zone de saut et qui vient récupérer les parachutes. A l’époque dans les Pyrénées il n’y avait pas de grands remonte-pentes et cette descente de 2500 m à ski dans une neige immaculée via le col de Bayssellance et le lac de Gaube jusqu’à Cauteret ou Gavarnie fut un moment d’une exceptionnelle intensité. Cela se termina par un déjeuner sur le capot de la voiture du général. Au moment de me déposer, le général me dit :
— À bientôt mon capitaine, nous allons refaire cette sortie sur le glacier de Saint Lary !
L’ensemble de mes cadres m’attendaient passablement inquiets. Je téléphonai immédiatement au colonel Rouquette pour lui rendre compte : Mission accomplie, on remet ça sur le glacier de Saint-Lary ».
Tout au long de ma carrière, j’ai entretenu avec eux une relation quasi filiale leur envoyant mes vœux chaque année et je ne manquais pas de les tenir au courant de ma carrière et de les appeler au secours chaque fois que le haut commandement qui voyait en moi un futur chef des armées voulait me faire commander d’autres unités que les paras. Alors que par trois fois je m’apprêtais à démissionner car ma carrière importait peu à côté du plaisir et de la fierté de servir avec ses soldats d’élite à qui, si on leur donne l’exemple, on peut tout demander, ils surent trouver les mots et me donner l’espoir pour que je continue la carrière des armes. Ce rapport que j’entretenais avec ces grands chefs m’apparaissait tellement normal que je n’en tirai aucune gloire vis à vis de mes camarades, j’étais seulement fier de ressentir qu’ils me faisaient confiance et qu’ils me considéraient comme un des leurs.
Général Jean-Bernard Pinatel
NOTES :
Le palais du Gouverneur, appelé autrefois General-Kommando, a été édifié au début du XXe siècle pour servir de pied-à-terre à l’empereur Guillaume II.
Suzanne Massu, née Torrès, était infirmière en chef de l’escouade des « Rochambelles » de la 2e DB. Il fait la connaissance durant l’épopée de la 2e DB du général Leclerc et l’avait épousée.
Bureau opérations Instruction.
C’est-à-dire en juin où la nuit était décrétée à 22 h 00 et où jusqu’à 22 h 30 on voyait encore très bien.
En revanche dès que le temps était beau et sans vent, ils se pressaient sur la zone de saut et faisaient leur saut de nuit en juin quand il faisait encore jour mais plus tard que le coucher du soleil, où commençait la nuit administrative.
Tests inversement proportionnels.
En novembre 1976, il devient gouverneur militaire de Lyon et commandant de la Ve Région Militaire comme général de corps d’armée. Grand officier de la Légion d’Honneur en 1978, le général Le Borgne prit sa retraite en 1980.Il est élevé à la Dignité de Grand Croix de la Légion d’Honneur en 2004 et totalise 13 citations.
Le siki est un mannequin que l’on largue avant les sauts d’entraînement pour calculer la dérive liée au vent.
André Zirnheld est un parachutiste français libre, membre du Special Air Service pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est célèbre pour avoir été le premier officier parachutiste français tué au combat et comme auteur de la Prière du para, écrite en 1938. Il est compagnon de la Libération.
André Louis Arthur Zirnheld est né à Paris le dans une famille catholique d’origine alsacienne. Durant sa jeunesse, il était scout à la 26e troupe Scout de France de Paris, puis routier et sera chef Louvetier. Il fut élève au Pensionnat catholique diocésain de Passy. Il est licencié et diplômé d’études supérieures de philosophie, et nommé en 1937 professeur de philosophie au lycée Carnot de Tunis. En , il est affecté comme professeur au Collège de la Mission laïque française à Tartus, en Tunisie.
Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, André Zirnheld est affecté dans une batterie de DCA au Liban. Zirnheld est volontaire pour aller combattre en métropole mais l’armistice du est signé avant. Zirnheld rejoint alors la France libre en passant en Palestine britannique. Il est condamné pour désertion par un tribunal militaire français, qui confisque tous ses biens.
Zirnheld est affecté comme soldat au 1er bataillon d’infanterie de marine, avec lequel il participe, comme sergent-chef, au premier combat d’une unité FFL à Sidi-Barani le , contre l’armée italienne. En , en raison de ses diplômes, Zirnheld est retiré du front et nommé directeur-adjoint du service d’information et de propagande au Caire. Bien qu’il s’intéresse beaucoup à son travail, Zirnheld demande rapidement à être envoyé au front. Il s’inscrit au stage d’élève-officier à l’École des aspirants de Brazzaville en , d’où il sort cinquième fin 1941.
Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, André Zirnheld est affecté dans une batterie de DCA au Liban. Zirnheld est volontaire pour aller combattre en métropole mais l’armistice du est signé avant. Zirnheld rejoint alors la France libre en passant en Palestine britannique. Il est condamné pour désertion par un tribunal militaire français, qui confisque tous ses biens.
Zirnheld est affecté comme soldat au 1er bataillon d’infanterie de marine, avec lequel il participe, comme sergent-chef, au premier combat d’une unité FFL à Sidi-Barani le , contre l’armée italienne. En , en raison de ses diplômes, Zirnheld est retiré du front et nommé directeur-adjoint du service d’information et de propagande au Caire. Bien qu’il s’intéresse beaucoup à son travail, Zirnheld demande rapidement à être envoyé au front. Il s’inscrit au stage d’élève-officier à l’École des aspirants de Brazzaville en , d’où il sort cinquième fin 1941.
De retour au Proche-Orient en février 1942, Zirnheld se porte volontaire pour une unité commando parachutiste repassée récemment sous l’autorité de l’armée de l’air avec l’appellation de 1re compagnie de chasseurs parachutistes — 1re CCP et intégrée comme french squadron au Special Air Service. Il est sous les ordres du capitaine Georges Bergé puis, après la capture de celui-ci, sous les ordres du capitaine Augustin Jordan.
Lors de sa première mission, Zirnheld commande une équipe de quatre hommes qui effectue un raid sur l’aérodrome Berka-3 le , détruisant six avions ennemis au sol. Il reçoit alors, comme tout SAS après sa première mission, l’insigne des ailes opérationnelles SAS ou « ailes égyptiennes ». Ses missions suivantes seront le sabotage d’une voie de chemin de fer, puis une attaque de véhicules et ramener des prisonniers de la Luftwaffe. Il est ensuite proposé pour la Croix de guerre et la Military Cross.
La quatrième mission de Zirnheld est un raid sur la grande base aérienne allemande de Sidi-Haneish, près de Marsa Matruh, en Égypte. Ce raid est effectué dans la nuit du 26 au par 18 jeeps armées conduites par des SAS britanniques et français. En quelques minutes, les jeeps, en formation de V inversé, parcourent la longueur de la piste en mitraillant les avions garés. Trente-sept bombardiers et avions de transport sont détruits, pour la perte de deux SAS britanniques tués sur l’aérodrome.
Pendant le retour, la jeep de Zirnheld a une crevaison. Une des autres jeeps, à bord de laquelle se trouve l’aspirant François Martin, vient à son secours, pendant que le reste de la formation continue sa route. Les deux jeeps réparent, reprennent la route, puis les pneus crèvent une seconde fois. Lorsque le soleil se lève, les jeeps s’arrêtent et tentent de se camoufler. Trois heures après, une formation de quatre bombardiers allemands Junkers Ju 87 « Stuka » les repère et les mitraille.
À leur second passage, Zirnheld est touché, d’abord à l’épaule, puis à l’abdomen. Le groupe repart en jeep, avant de se cacher dans un oued, Zirnheld souffrant trop pour supporter davantage le transport. Il meurt vers 13 heures. Martin le fait enterrer sur place avec les honneurs militaires ; une croix sommaire formée de deux planches à caisse est érigée sur sa tombe avec cette inscription : « aspirant André Zirnheld, mort pour la France le ».
Un peu avant sa mort, il dit à François Martin : « Je vais vous quitter. Tout est en ordre en moi. », et lui demande de s’occuper des papiers et livres dans son barda. C’est Martin qui aurait découvert le carnet de Zirnheld dans lequel celui-ci a écrit en 1938 une Prière qui, dans les années 1960, sera considérée comme« La prière du para ».
Zirnheld sera cité à l’ordre de la Libération, avec comme commentaire : « Excellent chef, calme et audacieux ». Une attitude qui convient parfaitement à la devise des SAS, Who dares wins (Qui ose gagne).
« Ceux du Sahel » est le nom de la 63e promotion de l’École militaire interarmes (EMIA).
Entre 2013 et 2022, la France s’engage dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne.
Le 11 Janvier 2013, à la demande des autorités maliennes, la France déploie des troupes pour arrêter l’avancée de groupes terroristes en direction de Bamako. Les soldats de la force Serval s’engagent sans relâche des zones désertiques du Mali jusqu’aux montagnes des Adrar des Ifoghas pour débusquer l’ennemi et couper son ravitaillement logistique dans le pays.
En juillet 2014, la force Barkhane succède aux opérations Serval et Epervier. Elle s’étend en plus du Mali et du Tchad, à la Mauritanie, au Niger et au Burkina Fasso. Forte de 4500 hommes, elle poursuivra avec ses partenaires africains, jusqu’en 2022, la lutte contre les groupes armées djihadistes sur toute la bande sahélo-saharienne.
Cette nouvelle promotion de l’EMIA (180 élèves), dont plus d’un tiers a été engagé dans ces opérations au cours des dix dernières années, rend ainsi hommage aux 59 soldats morts au Sahel ainsi qu’à leurs frères d’armes blessés dans leur chair et dans leur cœur.
Et du côté de l’ESM
Le capitaine Henry Desserteaux est le parrain de la 210e promotion de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
Après des études au lycée Carnot à Dijon, il intègre en 1937 l’ESM « Promotion Marne et Verdun » puis rejoint en qualité de sous-lieutenant le 70e bataillon alpin de forteresse en 1939. En juin 1940, il commande la section chargée de la défense de la Redoute Ruinée.
Après l’armistice, Desserteaux rejoint le 13e BCA où il est promu lieutenant en 1941. Placé en congé d’armistice, il entre en Résistance et multiplie les coups d’éclat. Il est très engagé dans le bataillon de Savoie de l’armée secrète où il forme des hommes le jour et organise des sabotages la nuit. Chef permanent de l’avant-garde de ce bataillon, il participe aux combats de libération de la Maurienne. Promu capitaine en mars 1944, il participe aux assauts du sommet du Roc Noir où cantonnent les chasseurs de montagne allemands. Il réalise alors l’un des plus fameux exploits de la campagne des Alpes en faisant prisonnier par une manœuvre audacieuse 14 artilleurs et en s’emparant d’un canon de 77mm. Il termine la guerre avec le 13e BCA en Autriche.
Volontaire pour servir en Indochine, il est immédiatement suivi par 52 de ses hommes qui voient en lui un chef exemplaire. Il prend la tête d’une compagnie de marche formée d’hommes du 6e, 11e, 13e et 27e BCA aux ordres du 110e RI. Grâce aux raids qu’il dirige dans la chaine annamitique, il entretient un climat d’insécurité chez l’adversaire et capture de nombreux prisonniers. Sa compagnie occupe à partir de l’été 1947 une série de points d’appui dans la plaine côtière. Elle défend ainsi le poste de Dat-Do avec héroïsme face aux assauts des bataillons vietminh.
Dans la nuit du 25 septembre 1947, alors qu’il est en mission de reconnaissance de la base d’attaque d’une opération, il est pris dans une violente embuscade et une rafale le touche en pleine poitrine. Le CNE Desserteaux meurt en Indochine, la veille de ses 30 ans.
Chevalier de la Légion honneur à titre posthume et titulaire de six citations dont quatre à l’ordre de l’armée. « Sa mort prive la France d’un de ses meilleurs enfants et l’armée d’un héros », dira un hommage.
Le nom de la nouvelle promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr a été dévoilé lors du Triomphe samedi 20 juillet. Il s’agit du capitaine Henry Desserteaux. Un homme qui incarna jusqu’au bout la devise scoute : « Je m’engage à servir de mon mieux, Dieu, l’Église et ma Patrie. »
« La 210e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr portera le nom de capitaine Henry Desserteaux », a déclaré ce samedi 20 juillet le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, lors de la traditionnelle cérémonie du Triomphe au cours de laquelle les noms des nouvelles promotions de Saint-Cyr ont été dévoilés. Peu connu du grand public, Henry Desserteaux est un choix qui engage. Ancien scout, il s’est illustré par son courage et son héroïsme jusqu’à sa mort en Indochine en 1947.
Né à Dijon en 1917, il est l’aîné de quatre frères qui seront tous scouts à la 3e Dijon. « Entré chez les « Pics verts » en 1931, il est successivement second puis chef de cette patrouille aussi fameuse que brillante », peut-on lire dans l’ouvrage Scouts morts en Indochine. « Il mène de pair avec succès études et activités scoutes. » Que ce soit par goût de l’aventure ou sens du service, deux traits forgés lors de ses années de scoutisme, il décide de préparer Saint-Cyr. Admis à la « Spéciale », il n’en oublie pas pour autant le scoutisme et intègre le clan Charles de Foucauld de Saint-Cyr.
À la sortie de l’école, il choisit de rejoindre les chasseurs alpins. Lors de la Seconde guerre mondiale il entre en Résistance « et multiplie les coups d’éclat »,précise l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Chef permanent de l’avant-garde de ce bataillon, il participe aux combats de libération de la Maurienne. « Il réalise alors l’un des plus fameux exploits de la campagne des Alpes en faisant prisonnier par une manœuvre audacieuse 14 artilleurs et en s’emparant d’un canon de 77mm. »
Sa mort prive la France d’un de ses meilleurs enfants et l’armée d’un héros.
Une guerre en chassant une autre, il se porte volontaire pour servir en Indochine et est immédiatement suivi par 52 de ses hommes qui voient en lui un chef exemplaire. Après là encore plusieurs coups d’éclat, il est pris dans une violente embuscade et une rafale le touche en pleine poitrine en septembre 1947 et meurt la veille de ses 30 ans. Chevalier de la Légion honneur à titre posthume et titulaire de six citations dont quatre à l’ordre de l’armée : « Sa mort prive la France d’un de ses meilleurs enfants et l’armée d’un héros », dira un hommage. Un héros qui a vécu jusqu’au bout l’idéal scout et sa promesse : « Je m’engage à servir de mon mieux, Dieu, l’Église et ma Patrie. »
L’association Ile de Ré Patrimoine a découvert le lieu de la bataille du pont du Feneau, qui a eu une influence considérable – mais méconnue – sur l’histoire de France et du Royaume-Uni au 17e siècle. Son président est à réécouter en intégralité en cliquant ci-dessus.
C’est une bataille sanglante qui a changé la France et le Royaume-Uni il y a 400 cents ans. Et elle a eu lieu sur l’île de Ré. Le lieu de la bataille du pont du Feneau vient d’être découvert. À l’époque, en novembre 1627, les troupes anglaises du duc de Buckingham ont été lourdement défaites par l’armée du Roi de France, faisant plus de 3.000 morts. Et cet évènement a consolidé la monarchie chez nous, et renforcé le Parlement outre-Manche – avant-même le siège de La Rochelle qui achèvera la chute des protestants en France.
L’association Ile de Ré Patrimoine affirme aujourd’hui avoir localisé le site de cette bataille du pont du Feneau, dans les marais entre La Couarde et Loix, grâce aux archives, aux descriptions de l’époque et aux images aériennes d’aujourd’hui. Et son président, le journaliste Indelacio Alvarez, invité de 7h45 de France Bleu La Rochelle, va maintenant lancer des fouilles archéologiques sur ce site qui n’a jamais été visité par les historiens. « C’est quelque chose d’unique en Europe, de retrouver un site datant des guerres de religions, quatre siècles plus tard, totalement intact. C’est aussi unique de retrouver potentiellement une armée enfouie dans les marais, c’est-à-dire dans l’état où ces soldats ont été tués, c’est-à-dire avec des armes, avec des cuirasses, sans doute des casques, des épées, leurs chevaux… tout ce qu’on peut trouver et qu’on ne trouve pas habituellement sur un champ de bataille ».
« L’idée, c’est de commencer des prospections en 2025, des sondages. Là, on va avoir une idée plus précise de ce qui peut être localisé à droite et à gauche du chemin, dans une zone d’à peu près vingt mètres de chaque côté. Et puis il y a le chenal, où énormément de corps ont pu tomber ou ont pu être simplement jetés, pour ensuite être traînés vers la mer », jusqu’à la fameuse fosse aux Anglais, la baie de Loix. « Mais on pense, quand même, que des centaines et des centaines de soldats sont restés dans ces marais. Et si on a suffisamment de sondages encourageants, eh bien on pourra commencer les fouilles archéologiques pendant trois ans ».
L’association « Ile de Ré Patrimoine » donne rendez-vous ce jeudi 6 juin, dans la salle des fêtes d’Ars-en-Ré, pour une présentation complète de son projet. Il est même prévu de se rendre sur place. Le rendez-vous est à 14h30.
Madame Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes, vient d’oser déclarer que « La France rende à l’Algérie ce qui lui appartient ». Or, si madame Rima Hassa avait un minimum de culture, pour ne pas parler de simple décence, elle devrait tout au contraire crier « Vive l’Algérie française », tant ce pays doit en effet tout à la France. Jusqu’à son nom qui lui fut donné par elle en 1839…
Au moment de l’indépendance de juillet 1962, tout ce qui existait en Algérie y avait en effet été construit par la France à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé puisqu’il était directement passé de la colonisation turque à la colonisation française. Ce fut en effet la France qui créa l’Algérie en lui donnant ses frontières. Des frontières qui, à l’Ouest, furent tracées en amputant territorialement le Maroc. Le Tidikelt, le Gourara, le Touat, Tindouf, Colomb Béchar etc. furent ainsi arrachés au Maroc pour être généreusement offerts à Algérie française dont l’Algérie algérienne est l’héritière directe. Une héritière qui, sans le moindre remords, a conservé le legs exorbitant fait par la France aux dépens du Maroc. Une Algérie que la France ouvrit vers le Sud en lui offrant un Sahara qu’elle n’avait, et par définition, jamais possédé puisqu’elle n’avait jamais existé. Une réalité historique résumée en une phrase par le général de Gaulle : « […] Depuis que le monde est monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni, à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays sans qu’il y ait eu à aucun moment, sous aucune forme, un État algérien» (Charles de Gaulle, 16 septembre 1959, déclaration à la RTF).
Dans l’ancienne Régence turque d’Alger, l’ouest reconnaissait l’autorité spirituelle du sultan du Maroc. Ce dernier avait d’ailleurs un représentant, un khalifat, dans la région, l’un d’entre eux ayant été le propre père d’Abd el-Kader. Quant à l’Est, il était tourné vers Istanbul. Nulle part, la prière n’était donc dite au nom d’un chef « algérien » car, à l’époque, la « nation algérienne » n’existait pas puisqu’il s’agissait d’un « non concept ».
Ferhat Abbas (1899-1985), l’ancien chef du GPRA écrivit lui-même en 1936 : «Si j’avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste […] je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les morts et les vivants ; j’ai visité les cimetières : personne ne m’en a parlé…». En 1962, la France légua à sa « chère Algérie » selon la formule de Daniel Lefeuvre, un héritage composé de 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 km avec les pistes sahariennes), de 31 routes nationales dont près de 9 000 kilomètres étaient goudronnés, de 4 300 km de voies ferrées, de 4 ports équipés aux normes internationales, de 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), de 34 phares maritimes, d’une douzaine d’aérodromes principaux, de centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), de milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, de 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, d’une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., de milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes (soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), d’un hôpital universitaire de 2 000 lits à Alger, de trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, de 14 hôpitaux spécialisés et de 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants.
Sans parler du pétrole découvert et mis en exploitation par des ingénieurs français. Ni même d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance. À telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer jusqu’à du concentré de tomate, des pois chiches et même de la semoule pour le couscous. Quant à sa seule exportation agricole, celle de ses succulentes dattes, elle ne sert même pas à compenser ses achats de yaourts fabriqués à l’étranger.
Or, tout ce qui existait en Algérie en 1962 avait été payé par les impôts des Français. En 1959, l’Algérie engloutissait ainsi 20% du budget de l’État français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Éducation nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! Pour la France, le fardeau algérien était donc devenu impossible à porter car, en soulageant les misères, en soignant, en vaccinant et en faisant reculer la mortalité infantile, elle avait créé les conditions de la catastrophe comme l’a écrit René Sédillot en 1965 : « [En Algérie], la colonisation française a poussé l’ingénuité – ou la maladresse- jusqu’à favoriser de son mieux les naissances : non seulement par le jeu des allocations familiales, mais aussi par la création d’établissements hospitaliers destinés à combattre la stérilité des femmes. Ainsi, les musulmanes, lorsqu’elles redoutaient d’être répudiées par leurs maris, faute de leur avoir donné des enfants, trouvaient en des centres d’accueil dotés des moyens les plus modernes tout le secours nécessaire pour accéder à la dignité maternelle ».
Chaque année à partir du lendemain du second conflit mondial, 250 000 naissances étaient ainsi comptabilisées en Algérie, soit un accroissement de 2,5 à 3% de la population, d’où un doublement tous les 25 ans. Or, la France s’était elle-même condamnée à nourrir ces bouches nouvelles et à créer ensuite autant d’emplois puisqu’elle considérait l’Algérie comme une de ses provinces, au même titre que la Bretagne ou que l’Alsace… En 1953, comme les recettes locales ne permettaient plus de faire face aux dépenses de fonctionnement, l’Algérie fut en faillite. Au mois d’août 1952, anticipant en quelque sorte la situation, le gouvernement d’Antoine Pinay (8 mars 1952-23 décembre 1952), demanda au parlement le vote de 200 milliards d’impôts nouveaux, tout en étant contraint de faire des choix budgétaires douloureux. Pour aider encore davantage l’Algérie il fallut alors faire patienter la Corrèze et le Cantal. L’addition des chiffres donne le vertige : durant les seuls 9 premiers mois de 1959 les investissements en Algérie atteignirent 103,7 milliards de crédit dont 71,5 milliards directement financés par le Trésor français. De 1950 à 1956 la seule industrie algérienne reçut, hors secteur minier, en moyenne 2 395 millions anciens francs annuellement. En 1959 et en 1960 cette somme atteignit en moyenne 5 390 millions (Lefeuvre, 2005).
Entre 1959 et 1961, pour le seul plan de Constantine, les industries métropolitaines investirent 27,40 milliards d’anciens francs, gaz et pétrole non compris. La France s’est donc ruinée en Algérie alors qu’elle n’y avait aucun intérêt économique réel. Qu’il s’agisse des minerais, du liège, de l’alpha, des vins, des agrumes etc., toutes les productions algériennes avaient des coûts supérieurs à ceux du marché international. Or, toujours généreuse, la France continua d’acheter à des cours largement supérieurs au marché des productions qu’elle avait déjà largement payées puisqu’elle n’avait jamais cessé de les subventionner !
Au bilan, l’Algérie a donc été placée sous « assistance respiratoire » par la France qui n’a cessé de l’alimenter artificiellement. Année après année, la France remplissait donc le « tonneau des Danaïdes », algérien, nourrissant les bouches nouvelles, bâtissant hôpitaux, écoles, routes, ponts et tentant de créer artificiellement des milliers d’emplois. Non seulement la France n’a donc pas pillé l’Algérie, mais, plus encore, c’est elle qui serait fondée à lui « présenter la facture ». En effet, les demandes de Madame Rima Hassan ne valent pas davantage que celles faites au mois de janvier 2021 quand les médias officiels algériens exigèrent de la France un « dédommagement » pour le « pillage » du fer « algérien » qui, selon eux, aurait servi à fabriquer la Tour Eiffel !!! Or, le minerai de fer ayant servi à édifier l’emblématique monument fut extrait de la mine de Lurdres en Lorraine, département de Meurthe-et-Moselle. Quant aux pièces métalliques composant la Tour, elles sont, comme ses visiteurs peuvent le constater, estampillées à la marque des aciéries de Pompey, également en Lorraine, là où elles furent fondues.
Au verbe et à l’idéologie, l’histoire oppose donc les faits. Des faits qui font l’objet de mon livre argumentaire Algérie, l’Histoire à l’endroit.
*Universitaire, professeur à l’École de Guerre et aux Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Expert auprès du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda). Directeur de la revue par internet L’Afrique réelle.
Le président français, Emmanuel Macron, a salué vendredi 31 mai la mémoire de l’infirmière Geneviève de Galard, héroïne de la bataille de Diên Biên Phù qui scella en 1954 la présence coloniale française en Indochine, décédée jeudi à l’âge de 99 ans.
«L’ange de Diên Biên Phu nous a quittés. Infirmière militaire, Geneviève de Galard fit montre, aux pires heures de la guerre d’Indochine, d’un dévouement exemplaire du courage et des souffrances de 15 000 soldats français», a écrit le président sur X. Elle fut la seule femme présente dans l’enfer de Diên Biên Phù, qui tourna au fiasco pour l’armée française face au Viêt-Minh indépendantiste et communiste, devenant un cimetière à ciel ouvert pour 3 400 de ses soldats. Mené de mars à mai 1954, l’affrontement déboucha sur les Accords de Genève qui, en juillet 1954, scellèrent le départ des Français de cette colonie et coupèrent en deux le Vietnam.
Seule infirmière auprès des soldats
Née à Paris le 13 avril 1925, Geneviève de Galard-Terraube a grandi dans une vieille famille aristocratique. Devenue infirmière, elle signe en 1953 un contrat de convoyeuse de l’air et se porte volontaire pour l’Indochine. L’un des avions d’évacuation sanitaire qu’elle convoyait fut détruit par des tirs en atterrissant à Diên Biên Phu le 28 mars 1954. Durant deux mois, elle demeure sur place, «seule infirmière dans cette nasse tropicale où quinze mille hommes luttaient et mouraient», relève l’Elysée dans un communiqué. La cuvette de Diên Biên Phù devient «l’épicentre du conflit (…) huis-clos de l’histoire sans autre issue qu’une défaite de plus en plus inéluctable», souligne la présidence.
«L’Ange de Diên Biên Phù»
Lorsque le camp retranché français tombe, en mai 1954, les 12 000 soldats français survivants sont faits prisonniers, et Geneviève de Galard rapatriée en France contre sa volonté. Elle s’y retrouve confrontée à une immense popularité. «Que je n’avais jamais ni voulue, ni recherchée. Je n’avais fait que mon devoir», dira-t-elle. Vêtue d’une tenue de parachutiste, elle fait la une des journaux, qui la surnomment «L’Ange de Diên Biên Phù», puis le tour du monde. L’héroïne de 29 ans remontera Broadway à New York sous une pluie de confettis. Sa vie durant, elle continuera à s’occuper des personnes handicapées, en particulier au centre de rééducation des Invalides.
M. Macron a adressé ses «condoléances émues» à son époux le colonel Jean de Heaulme, qu’elle avait épousé en 1956, et à tous les anciens combattants d’Indochine.
Le gendarmeNicolas Molinari, du 4ème peloton porté de l’escadron de gendarmerie mobile 211/1 de Melun (l’un des sept escadrons nouvellement créés) a succombé à ses blessures ce mercredi en Nouvelle-Calédonie après avoir été atteint à la tête quelques heures plus tôt par un tir d arme à feu. Il était âgé de 22 ans et était célibataire sans enfant. Une cagnotte est mise en place par la Fondation Maison de la Gendarmerie.
Le militaire était en mission de maintien de l’ordre avec son unité à Plum, à une trentaines de kilomètres au sud de la capitale Nouméa, où se déroulent depuis plusieurs jours des affrontements qui opposent depuis plusieurs jours une partie de la population avec des gendarmes dans le contexte du vote de la réforme constitutionnelle pour l’élargissement du corps électoral.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné des précisions lors des questions au gouvernement au Sénat en réponse à l’interpellation du sénateur calédonien Georges Naturel. Le jeune militaire a été atteint par balle “après une nuit de protection dans un endroit particulièrement dangereux où les tirs ont été à balles réelles (..) des vieux, comme on dit chez vous en Nouvelle Calédonie, sont venus parler aux gendarmes, il a alors retiré son casque et alors il s’est fait tirer dessus en plein front” a expliqué le ministre, cité par Public Sénat. Il a été transporté à Plum, au Régiment d’infanterie de marine du Pacifique Nouvelle-Calédonie (RIMAP-NC) pour être pris en charge précise GendInfo avant d’être transféré à l’hôpital de Noumé où il est décédé à 23h46, heure locale.
Le gendarme Molinari est entré en Gendarmerie en 2020, comme gendarme adjoint volontaire (GAV). Formé à l’école de de Gendarmerie de Montluçon, il a été affecté à la brigade de proximité de Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans la Drôme, puis au Peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie (PSIG) de Romans-sur-Isère. Admis en 2022 au concours de sous-officier de Gendarmerie, il est retourné à l’école de Gendarmerie de Montluçon.
Un nouvel escadron qui a reçu son fanion en octobre 2023
À l’issue de sa scolarité, il a choisi la gendarmerie mobile et l’escadron de gendarmerie mobile 211/1 de Melun, nouvellement créé en 2023 et qui a reçu son fanion le 12 octobre au CNEFG de Saint-Astier. Âgé de 22 ans, il était célibataire sans enfant. Le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale, adresse tout son soutien et celui de l’institution à la famille et aux proches du gendarme Nicolas Molinari, ainsi qu’à ses camarades touchés par ce drame.
La Voix du Gendarme et ses partenaires, l’UNPRG et l’APNM Gendarmes et Citoyens adressent leurs condoléances attristées à la famille du gendarme Nicolas Molinari et tout leur soutien à ses camarades.
C’est le 45e gendarme décédé en service commandé en Nouvelle-Calédonie depuis 1853 selon un recensement effectué par l’Union nationale des personnels et retraités de la Gendarmerie en Nouvelle-Calédonie.
Une cagnotte de la Fondation maison de la Gendarmerie
La fondation Maison Gendarmerie a mis en place une cagnotte au profit de ses parents. Une première cagnotte avait été mise en place sur une autre plate-forme mais a été fermée.
Les corps des deux gendarmes mobiles morts en service en Nouvelle-Calédonie seront rapatriés lundi en métropole (photo Gendarmerie). Ils sont arrivés à Nouméa ce samedi et une cérémonie a eu lieu en présence des autorités militaires et du Haut-Commissaire.
Le premier gendarme a été tué le 15 mai. En mission de maintien de l’ordre avec l’escadron de gendarmerie mobile (EGM) 211/1 de Melun, à Plum, en Nouvelle-Calédonie, le gendarme Nicolas Molinari est victime d’un tir par arme à feu. Transporté à Plum, au Régiment d’infanterie de marine du Pacifique Nouvelle-Calédonie (RIMAP-NC) pour être pris en charge, il a succombé des suites de ses blessures.
Le second a perdu la vie le 16 mai, lors d’un départ en mission blindée de la caserne de Bailly. Il s’agit de l’adjudant-chef Xavier Salou, affecté à l’escadron de gendarmerie mobile 11/1 du Groupement blindé de gendarmerie mobile de Satory. Âgé de 46 ans, il était en couple et père de deux enfants. Il a trouvé la mort, touché par un tir accidentel déclenché dans des circonstances encore à préciser.
Le retour des corps en métropole est prévu lundi, sur la base aérienne d’Istres; un hommage devrait avoir lieu en milieu de semaine prochaine, selon la gendarmerie.