Comment la Marine espère retrouver l’épave du sous-marin « La Minerve »

Comment la Marine espère retrouver l’épave du sous-marin « La Minerve »

Le navire avait mystérieusement disparu en 1968. L’Ifremer a commencé les recherches au large de Toulon, avant deux autres campagnes courant 2019.

Par Guerric Poncet – Le Point – Publié le | Le Point.fr


Photo de 1965 montrant le sous-marin « La Minerve » dans le port de Marseille.© STF / AFP

La marine va rechercher l’épave du sous-marin « Minerve »

La marine va rechercher l’épave du sous-marin « Minerve »

Le submersible français avait disparu en 1968 au large de Toulon avec ses cinquante-deux membres d’équipage.


Le submersible « Minerve », à quai dans le port de Marseille, le 1er janvier 1965. AFP

Par Nathalie Guibert – Le Monde – Publié le 5 février 2019

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/05/la-marine-va-rechercher-l-epave-du-sous-marin-minerve_5419664_3210.html

 

Grande nouvelle pour les familles des marins disparus de la Minerve, le sous-marin français qui avait disparu au large de Toulon en 1968 : le ministère des armées a annoncé, mardi 5 février, que les recherches allaient reprendre pour retrouver l’épave.

Un communiqué de la ministre des armées, Florence Parly, précise que les opérations seront confiées à la marine nationale avec le concours de l’Ifremer et du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM).

« Consciente de la souffrance des familles, que le temps ne saurait effacer, la ministre renouvelle sa compassion aux familles des cinquante-deux marins disparus dans l’accomplissement de leur devoir et salue leur mémoire », indique Mme Parly, tout en tenant « à souligner que, malgré les progrès technologiques, des recherches par plus de 2 000 mètres de fonds restent complexes et sans certitude d’aboutir ».

La disparition tragique du sous-marin argentin San-Juan et de ses quarante-quatre membres d’équipage, le 15 novembre 2017, avait eu un grand écho dans la communauté militaire sous-marine du monde entier. Le San-Juan avait implosé sous l’effet de la pression à la suite d’une avarie, et gisait par 870 mètres de fond, à 400 kilomètres au large de la Patagonie. Le drame avait tenu l’Argentine en haleine jusqu’à ce que, le 16 novembre 2018, une entreprise privée américaine localise l’épave.

Deux campagnes de recherche infructueuses

En France, les sous-mariniers se sont alors souvenus du drame du 27 janvier 1968, quand la Minerve, un sous-marin d’attaque de 58 mètres à propulsion diesel-électrique de la classe Daphné, avait coulé à une vingtaine de kilomètres au large de Toulon au cours d’un exercice. Le navire pourrait se trouver entre 1 000 et 2 000 mètres de profondeur.

Evoquant le San-Juan, les familles des cinquante-deux militaires disparus de la Minerve avaient interpellé Mme Parly. « Les Argentins ont retrouvé le San-Juan, après un an de recherches. Nos compatriotes savent-ils qu’un sous-marin de notre marine nationale a aussi disparu et que nous ne cherchons pas, nous, à savoir où il est ? », ont demandé Christophe Agnus et Hervé Fauve, respectivement le fils de l’ingénieur machine du navire, le lieutenant de vaisseau Jean Agnus, et le fils du commandant, le lieutenant de vaisseau André Fauve.

Lors de la disparition de la Minerve, la marine française avait mené des recherches durant cinq jours. Une autre campagne infructueuse avait eu lieu durant treize jours en 1969, avant que le dossier ne soit classé secret-défense, et les familles abandonnées au silence.

« Nous accueillons avec une grande satisfaction, et beaucoup d’espoirs, la décision de Mme Florence Parly (…), déclare Christophe Agnus, au nom des familles. Nous apprécions aussi le souhait de la ministre d’associer étroitement les familles à toutes les étapes de cette campagne de recherche. Une première réunion à l’état-major de la marine, ayant lieu dès lundi prochain, montre le changement important et la prise en compte de la douleur des familles. Une ouverture qui vient enfin après cinquante et un ans de silence de l’Etat, sur un dossier classé secret-défense pendant un demi-siècle, et qui est la récompense d’un travail de mémoire des familles, soutenu par quelques élus de la région toulonnaise. »

Des techniques plus performantes aujourd’hui

La Minerve est ainsi le seul sous-marin militaire du monde dont on ne connaît pas la position parmi ceux qui ont disparu depuis la seconde guerre mondiale, fait valoir Christophe Agnus. Les familles des morts ne demandent que « le respect », plaide-t-il, en pouvant localiser le tombeau de leurs proches sur une carte marine. Emmanuel Macron avait ouvert les archives en juin 2017. Christophe Agnus, qui les avait déjà consultées seul en 2007 à l’invitation de Nicolas Sarkozy, n’y avait rien découvert.

En 1968, les techniques de recherche étaient beaucoup moins performantes. La campagne 2019 « commencera par des essais techniques de quelques jours en février, dans la zone de présence possible de la Minerve, déterminée par l’analyse des enregistrements sismiques de l’implosion du sous-marin lors de sa disparition », indique le ministère. Et elle continuera, en juillet, pour bénéficier de conditions météorologiques favorables. Les moyens annoncés comprennent des bâtiments porteurs de sondeurs multifaisceaux, des drones sous-marins et un mini-sous-marin capable de photographier à grande profondeur.


In Memoriam: Décès du capitaine Baptiste Chirié et de la lieutenant Audrey Michelon

In Memoriam : Décès du capitaine Baptiste Chirié et de la lieutenant Audrey Michelon

 

Mise à jour  : 11/01/2019 – Direction : Armée de l’air

Dans la matinée du mercredi 09 janvier 2019, le contact radio/radar était perdu avec un Mirage 2000 D de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey.

Hier, jeudi 10 janvier 2019, Florence Parly, ministre des Armées et le général d’armée aérienne Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’Armée de l’air, annonçaient le décès de l’équipage.

L’Armée de l’air et ses aviateurs expriment leurs plus sincères condoléances à la famille et aux proches du capitaine Baptiste Chirié et de la lieutenant Audrey Michelon, morts en service aérien commandé.

Capitaine Baptiste Chirié (30 ans)

Pilote de chasse, entré en service en 2009 à l’Ecole de l’air, il était affecté sur Mirage 2000 D, au sein de l’escadron de chasse 1/3 « Navarre », depuis avril 2016.

Il comptabilisait 940 heures de vol et 24 missions de combat, réalisées dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.

Agé de 30 ans, il était marié et père de deux enfants.

Lieutenant Audrey Michelon (29 ans)

Navigatrice-officier système d’armes, entrée en service en 2011 en tant qu’officier sous contrat, elle était affectée sur Mirage 2000 D, au sein de l’escadron de chasse 1/3 « Navarre », depuis septembre 2015.

Elle comptabilisait 1.250 heures de vol et 97 missions de guerre, réalisées au Levant dans le cadre de l’opération Chammal et au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane.

Agée de 29 ans, elle était célibataire et sans enfant.

 

In memoriam. Simon Cartannaz et Nathanaël Josselin, de la BSPP

In memoriam. Simon Cartannaz et Nathanaël Josselin, de la BSPP

 

 

Samedi vers 8h40 (voir mon post d’hier), les pompiers de Paris sont alertés pour une odeur de gaz ressentie dans les étages d’un immeuble d’habitation situé au 6, rue de Trévise dans le 9e arrondissement de Paris. Environ 10 minutes après leur présentation sur les lieux, une très violente explosion suivie de feu survient, provoquant des dégradations très importantes sur l’ensemble des immeubles environnants.

Le caporal-chef Simon Cartannaz (à gauche sur la photo) et le sapeur de première classe Nathanaël Josselin (à droite) sont gravement touchés. Evacués en arrêt cardio-respiratoire et malgré les soins rapides prodigués, ils n’ont malheureusement pas survécu à leurs blessures.

Né le 29 juillet 1990 à Chambéry (73), le caporal-chef Simon CARTANNAZ intègre la brigade de sapeurs-pompiers de Paris le 06 août 2013. Il est par ailleurs sapeur-pompier volontaire à Chambéry. Il sert à la 8e compagnie au centre de secours Château-d’Eau où il se distingue lors du PEC (peloton d’élèves caporaux) et du PECCH (peloton d’élèves caporaux-chefs). En 2016, il est décoré d’une médaille pour acte de courage et de dévouement (ACD) échelon bronze et d’une médaille de la Sécurité Intérieure (MSI), échelon bronze. Il était célibataire et sans enfant.

Né le 17 février 1991 à Migennes (89), le sapeur de première-classe Nathanaël JOSSELIN intègre la brigade de sapeurs-pompiers de Paris le 07 octobre 2014. Il est également sapeur-pompier volontaire à Brienon (89). Il sert à la 8e compagnie au centre de secours Château-d’Eau. En 2016, il est décoré de la médaille de la Sécurité Intérieure (MSI), échelon bronze.

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 13 janvier 2018

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/

Mirage 2000 disparu : les deux membres d’équipage sont morts

Mirage 2000 disparu : les deux membres d’équipage sont morts

Par Stanislas Poyet – Coline Vazquez – AFP agence – Le Figaro – Mis à jour

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/01/09/01016-20190109ARTFIG00227-un-mirage-2000-disparait-entre-le-doubs-et-le-jura.php

 

Un Mirage 2000D au-dessus de Nancy. Sébastien Bozon/AFP

La ministre des Armées, Florence Parly, a confirmé jeudi soir le décès du capitaine Baptiste Chirié et de la lieutenant Audrey Michelon, les deux militaires présents à bord de l’appareil dont les circonstances précises de leur accident au-dessus du Jura restent à établir.

La ministre des Armées Florence Parly a annoncé jeudi soir, dans un communiqué, la mort des deux membres d’équipage du Mirage 2000D* qui s’est écrasé mercredi dans l’est de la France, précisant que «les circonstances précises de cet accident restent à établir». L’avion de chasse avait disparu des écrans radar ce même jour vers 11H00 après son décollage de la base de Nancy-Ochey en Meurthe-et-Moselle et alors qu’il effectuait un vol d’entraînement à basse altitude au-dessus du massif jurassien.

«Les opérations de recherche du Mirage 2000D, dont le signal avait été perdu mercredi dans la matinée, ont malheureusement conduit à la confirmation du décès des deux membres d’équipage, le capitaine Baptiste Chirié et la lieutenant Audrey Michelon», a déclaré Florence Parly dans le communiqué.

Pilote de combat, le capitaine Chirié totalisait 24 missions de guerre et 940 heures de vol, selon l’armée de l’Air. Originaire de Pau, il était marié, père de deux fillettes et sa femme était enceinte de leur troisième enfant, selon les informations de l’Est Républicain. La lieutenant Michelon, sous-chef navigatrice, totalisait quant à elle 97 missions de guerre et 1 250 heures de vol. Âgée de 30 ans et célibataire sans enfant, elle était originaire de Clermont-Ferrand et affectée à Nancy depuis quatre ans, toujours selon le quotidien régional. «Toute la communauté de défense est aujourd’hui en deuil», a écrit la ministre des Armées, en présentant «toutes ses condoléances à la famille, aux proches et aux frères d’armes des militaires décédés». Florence Parly a également annoncé que «des enquêtes ont d’ores et déjà été lancées», notamment une pour «recherche des causes de l’accident», ouverte par le parquet de Metz, compétent pour les affaires pénales militaires dans la zone Est. Elle se rendra vendredi sur la base aérienne de Nancy-Ochey, où était stationné l’appareil. Elle sera accompagnée du chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Philippe Lavigne, qui a lui aussi exprimé jeudi dans un communiqué «sa très forte émotion et ses plus sincères condoléances aux familles» des deux aviateurs «morts en service aérien commandé».

D’importantes recherches menées depuis mercredi

Dès mercredi, d’importantes recherches ont été lancées et ont repris ce jeudi matin pour retrouver les corps des deux membres d’équipage du Mirage 2000D. Quelque 150 militaires ont été mobilisés pour participer aux recherches, dans un lieu difficile d’accès et dans des conditions météorologiques défavorables. Des débris ont été retrouvés sur une vaste zone forestière du Jura, à proximité de la frontière suisse, ainsi que, selon une source proche du dossier, des fragments humains qui ont ensuite été soumis à une identification ADN.

Le Mirage 2000D est un chasseur-bombardier polyvalent. Mis en service en avril 1993, cet appareil construit par Dassault Aviation est biplace (un pilote et un navigateur officier systèmes d’armes). Il peut voler à une altitude opérationnelle supérieure à 15.000 mètres et peut emporter six tonnes d’armement. Ce type d’accident mortel est relativement rare. Parmi les cas recensés ces dernières années, un avion de chasse Mirage 2000-5 de la base aérienne de Luxeuil (Haute-Saône) s’était écrasé en octobre 2012 sur le territoire de la commune voisine de Froideconche. Le pilote était décédé. Le 1er mars 2011, le pilote et le navigateur d’un Mirage 2000 également basé à Luxeuil sont morts dans le crash de leur appareil en Creuse. Le 28 septembre 2017, un Mirage 2000 français s’était écrasé au décollage sur la base de N’Djamena au Tchad. Le pilote et le navigateur étaient parvenus à s’éjecter.

* Les avions Mirage ont été produits par Dassault Aviation, filiale du groupe Dassault, propriétaire du Figaro.

In Memoriam : ADC Roger Vanderberghe, tué en Indochine le 5 janvier 1952

In Memoriam : ADC Roger Vanderberghe, tué en Indochine le 5 janvier 1952

 

Phu Ly, Tonkin, le 11 mai 1951. Quelques hommes résolus feront échouer une offensive du Viet-minh. Prenant à revers un régiment ennemi parti à l’assaut des pitons de Nihn Binh, les commandos de Vandenberghe remporteront une victoire étonnante.

L’homme est grand, très grand. Vêtu d’un pyjama noir et d’une veste matelassée, le visage taillé à coups de serpe que durcit encore le casque de latanier timbré de l’étoile jaune du Viêt-minh, il détonne à l’écart des officiels, ces colonels et ces commandants que de Lattre a rassemblés à Phu Ly, à l’issue de l’opération Méduse qui a coupé les lignes de ravitaillement de Giap.

— Dis-moi, Bernard, quel est cet escogriffe planté sur la piste comme un poteau télégraphique et qui me fixe du regard ?

— Entre le Day et le fleuve Rouge, tout le monde le connaît, c’est Vandenberghe.

Le lieutenant Bernard de Lattre a souri. Il sait l’intérêt que porte son père aux hommes qui sortent du commun. De Lattre s’approche. Lorsqu’il arrive à six pas, il voit Vandenberghe se figer et saluer.

— Que fais-tu sur ce terrain ?

Simplement, Vandenberghe explique. Il est hâve, fatigué. Pour apercevoir son commandant en chef, il a fait exécuter à ses hommes une marche forcée de 20 km. Hier, il se trouvait en pleine zone ennemie, dans les calcaires de Chi-né. Il a franchi à l’aube le Day sur des radeaux de bambou. Il est là.

Je suis venu vous voir, dit-il. C’est un honneur pour un soldat que de voir un grand chef. Un vrai.

De Lattre ne répond pas, mais Bernard note, à un certain éclat de que son père a été touché par l’hommage rendu.

— Tu es adjudant, m’a-t-on dit. Qu’est-ce que tu fiches dans cette tenue et sans galons ?

— Mon général, je reviens de la guerre. Je ne porte jamais de galons parce que je me déplace seulement en zone viêt.

— Et tu crois que c’est payant ?

— Oui, je vais les chercher dans leurs zones, dans les grottes ou la forêt. Il m’arrive de les faire sauter avec leurs propres grenades ou avec les mines que je leur fauche. Ce matin, j’ai ramené un officier qui connaît le stationnement de la brigade d’assaut 304…

De Lattre sourit. Cet homme lui plaît. Il dira de lui, quelques jours plus tard : « C’est un peu comme si un tigre, en plus de ses crocs, de ses griffes et de sa détente, recevait un permis de chasse… »

Adjudant depuis quelques mois, Vandenberghe n’a que vingt-trois ans.

Quand il est arrivé en Indochine, à dix-neuf ans, cet ancien pupille de l’Assistance publique a éprouvé un coup de foudre pour ce pays et pour ses habitants. Sans l’avoir appris, il a compris le type de guerre qui se déroulait là-bas et, avec les premiers prisonniers capturés, il a constitué l’embryon d’un commando qui, en quelques mois, a remporté d’importants succès. En quatre années de combats incessants, il a été blessé cinq fois et cité neuf fois ! En plus de la médaille militaire, ce jeune chef de section est titulaire de la Légion d’honneur.

Ses exploits sont légendaires. Toujours à la tête de sa troupe, exclusivement composée d’anciens adversaires, il s’enfonce, des journées entières, dans le territoire viêt, se fond dans le paysage et frappe, durement, portant des coups sévères à l’ennemi. Redouté des Viêts, qui ont mis sa tête à prix, il s’est livré lui-même pour toucher la rançon, puis a massacré l’état-major du régiment d’assaut 46.

En ce matin du 11 mai, son destin a changé.

Il y avait un photographe pour prendre un cliché de la poignée de main que de Lattre a donnée à Vandenberghe. Cette photographie va faire de lui un symbole, l’égal de ces colonels Vanuxem, Edon, Erulin, Castries, Gambiez — qui constituent la cour du « roi Jean », ses maréchaux.

Responsable du secteur de Nam Dinh — le centre du delta tonkinois le colonel Gambiez a longuement interrogé Tranh Kinh, l’officier logistique de la brigade 304. Il a acquis la certitude que Giap se prépare à passer à l’attaque dans le « trou », une faille du dispositif français, 80 km de vide entre Phat-Diem et Phu Ly.

— Giap est obligé de passer à l’offensive, explique Gambiez à de Lattre. Pour des raisons politiques d’abord. Après sa victoire sur nos troupes, sur la R.C.4 au mois d’octobre dernier, il avait promis à Hô Chi Minh d’être à Hanoi pour la fête du Têt en février. Ce fut un échec, à Vinh Yen d’abord, puis à Mao Khé en mars. Il lui faut gagner maintenant.

Et Gambiez ajoute :

— D’autant plus que — raison stratégique — ses troupes sont au bord de l’asphyxie. Il doit impérativement leur fournir le riz nécessaire à sa campagne d’hiver 1951-1952.

De Lattre n’a pas eu besoin de réfléchir longtemps, il savait que l’attaque était proche. Dès le lendemain, il rameute ses unités d’intervention, les commandos marine et le Groupement mobile nord-africain (G.M.N.A.) du colonel Edon.

— Soyez en place pour le 30 mai, ordonne-t-il. Giap lance l’assaut le 28.

Il a mis en place le maximum d’effectifs. Au sud, la 304, qui doit investir les fiefs catholiques de Phat Diem et du Bui Chu. Au centre, la 320, qui doit faire sauter le verrou de Ninh Binh et foncer sur Phu Ly pour couper les communications vers Nam Dinh. A Ninh Binh, deux postes, installés sur deux chicots calcaires — les pitons Sud et Ouest —, sont les deux seuls points forts barrant le passage. Le piton Ouest est tenu par un escadron du 1er Chasseurs, commandé par le lieutenant Bernard de Lattre, le fils du général. Après avoir anéanti la maigre garnison de commandos marine du lieutenant Labbens, Giap se retourne vers les pitons calcaires.

Au milieu de la nuit, Gambiez alerte Vandenberghe :

— Les Chasseurs sont en difficulté à Ninh Binh. Prends ton commando et va en renfort. Tu es le seul à pouvoir passer au milieu des Viêts. Il faut monter sur les pitons, accrocher l’ennemi à fond et tenir jusqu’à l’arrivée du G.M.N.A.

Vandenberghe accepte. En cours de route, il apprend la mort du lieutenant de Lattre, son ami. Alors, il se hâte, jamais il n’a laissé sans la venger la mort d’un camarade.

Le jour pointe quand il arrive au débarcadère de Ky Cau, où sont stationnés les L.C.M. de la Marine. La seule voie d’accès passe en effet par le fleuve.

— Nous allons nous payer de culot, dit Vandenberghe, nous briserons par surprise l’encerclement ennemi. On fonce !

— Le piton Sud est tombé, annonce la radio.

— Et l’autre ?

— Malgré la mort du lieutenant, le piton Ouest tient encore.

Il est 8 heures du matin. A 9 heures, les transports déposent Vandenberghe à pied d’oeuvre. « C’est une course de vitesse », lui a expliqué Gambiez. Il fait aussi vite qu’il le peut. Sur la berge, les Viêts grouillent. Leur ultime assaut se prépare contre la position qui résiste toujours.

Il y a 100 m à peine pour aborder la falaise, mais ce sont 100 m parcourus en force, à la grenade, au pistolet-mitrailleur, au poignard. Ils sont 120, attaquant un régiment d’assaut, pris à revers. Et puis, il y a Dohl, un fauve redoutable, moitié chien, moitié loup, qui n’a jamais accepté d’autre maître que Vandenberghe.

Les commandos progressent, il leur faut vingt minutes pour atteindre la base du piton. Et l’escalade commence. Les hommes du commando « Tigre noir » n’ont aucune pratique, mais y suppléent par leur ardeur à combattre. Il leur faut souvent lâcher une main pour riposter, vers le bas d’où les fusillent les Viêts, vers le haut d’où les Bo doïs font pleuvoir les grenades.

Mais ils grimpent, mètre après mètre, se rapprochent du sommet. Comme l’ont fait, cette nuit, les groupes de choc de la 320, les commandos s’incrustent dans les rochers, gagnant mètre par mètre, inexorablement.

A mi-pente, d’une anfractuosité où il s’est tapi, un Viêt armé d’un fusil-mitrailleur est posté en embuscade. Vandenberghe se présente devant le trou. Une rafale le cloue au sol, les deux jambes traversées. Le Viêt se lève, décidé à achever le blessé. Mais Dohl bondit et le Viêt, la gorge arrachée, n’a même pas le temps de crier.

Les sergents Puel et Vuu, les premiers, arrivent sur place et hissent le blessé jusqu’au sommet du piton où les groupes d’assaut, emmenés par le sergent Tran Dinh Vy ont réussi à prendre pied malgré la résistance de deux compagnies du Régiment 64.

« Mission accomplie », lance, par radio, le sergent Chazelet, blessé, lui aussi, d’une balle dans l’épaule.

— Bravo et tenez bon, les renforts seront là à midi.

L’action du commando de Vandenberghe a été payante : au-delà de la reconquête du piton, elle a fait basculer le sens de la bataille. Jusque-là, les troupes de Giap étaient portées par la dynamique de l’attaque. Ils étaient déjà sur la route de Nam Dinh, bloquant toute possibilité d’intervention. L’action du commando, sur leurs arrières, les a obligés à stopper, deux heures durant. Et (-es deux heures ont été décisives, permettant au G.M.N.A. du colonel Edon d’avancer, amenant ses canons au plus près.

La « bataille du Day » va encore durer vingt-quatre jours. Giap essaiera de percer partout, au nord et au sud, à Phat-Diem et à Phu Ly. Mais il n’arrivera à passer nulle part : le bilan sera sévère pour lui, près de 12 000 tués, 2 000 prisonniers, ses trois divisions (304, 308, 320) saignées à blanc, qui se traîneront dans la brousse, brancardant leurs blessés qui mourront de gangrène, de fièvre, de misère…

A peine sur pieds, Vandenberghe reprendra ses opérations. Il sera l’une des avant-gardes de la reconquête d’Hoa Binh, au mois de novembre 1951; il ira encore traquer le Viêt dans ses repaires de Chi-né.

Mais ce qu’ils n’auront pu obtenir au combat, les Viêts l’obtiendront par la ruse et la trahison. Roger Vandenberghe sera assassiné dans son propre poste de Nam Dinh le 6 janvier 1952. Il mourra, solitaire, comme il avait vécu, à quelques heures de la mort de celui qu’il avait tant admiré et qui avait fait de lui l’un des symboles de notre combat d’Indochine, le maréchal de Lattre de Tassigny.

De Vandenberghe, on a écrit qu’il était un aventurier, une bête de guerre. C’est à la fois plus simple et plus glorieux : c’était un soldat, qui voulait libre la terre qu’il s’était choisie pour patrie.

Sa tombe porte le numéro 263 au cimetière de Nam Dinh.

Sur « Vanden », lire :

    • Erwan Bergeot : Le pirate du delta, Editions Balland, 1973.
    • Bernard Moinet : Vanden, le commando des Tigres Noirs, Editions France Empire, 1991
    • Charles-Henry de Pirey : Vandenberghe, le commando des Tigres Noirs, Indo Editions, 2003

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Né le 26 octobre 1927 à Paris. Roger Vandenberghe prend une part active aux combats de la Seconde Guerre mondiale et il est blessé par une mine le 4 février 1945 dans les Vosges. Après la fin du conflit, il part pour l’Indochine et très rapidement, il se trouve au coeur des combats les plus durs. Il en récolte une longue suite de blessures : à la cuisse droite par des éclats de grenade le 23 octobre 1947 à Chiêm Hoa (Tonkin); à la cuisse droite par balles le 21 février 1948 à Phuang-Khang (Tonkin).

Il est nommé sous-officier le 1er avril 1948.

A nouveau blessé à la cuisse gauche et au bras droit par l’explosion d’une mine le 12 janvier 1949 à Lang Dieu (Tonkin) ; au thorax par balle le 18 février 1949 à Day Dihn (Tonkin) ; à la cuisse droite par balle le 12 février 1951 à Van Cuu (Tonkin) ; aux deux jambes par balles le 30 mai 1951 à Ninh Binh (Tonkin) ; à la cuisse gauche par balle le 16 septembre 1951 à Nam Huan (Tonkin). Il est finalement assassiné le 5 janvier 1952 à Nam Dihn (Tonkin). Roger Vandenberghe était titulaire des décorations suivantes :

    • Légion d’honneur (26 février 1949) ;
    • médaille militaire (6 décembre 1948) ;
    • croix de guerre 1939-1945, une citation ;
    • croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures (14 citations).

Décès du brigadier-chef Karim EL ARABI (2° RH)

Décès du brigadier-chef Karim EL ARABI (2° RH)

Le 9 décembre, vers 00h45 heure de Paris, dans le cadre de l’opération BARKHANE, le brigadier-chef Karim El Arabi a été victime d’un accident de la route dans la région d’Aguelal au Niger. Il a été évacué en hélicoptère vers l’antenne médico-chirurgicale américaine d’Agadez où il est décédé à 3h43 heure de Paris.

Il était projeté au Mali depuis le 28 septembre comme équipier d’appui au recueil de l’information au sein du groupement de recherche multi capteurs (GRM).

Le brigadier-chef Karim EL ARABI est titulaire de la médaille d’outre-mer avec agrafes « Sahel », de la médaille de la défense nationale échelon argent, agrafe arme blindé cavalerie et mission d’opérations extérieures et de la médaille de la protection militaire du territoire avec agrafe « Sentinelle ».

Agé de 29 ans, célibataire, le brigadier-chef Karim EL ARABI est décédé en opération extérieure.

L’armée de Terre témoigne ses sincères condoléances à sa famille et ses proches.

Télécharger la biographie du brigadier-chef Karim EL ARABI

Source Armée de Terre : https://www.defense.gouv.fr/espanol/terre/actu-terre/mali-deces-du-brigadier-chef-karim-el-arabi

Ceux de 14 – Max Mader, un héros français de la Grande Guerre d’origine… allemande

Ceux de 14 – Max Mader, un héros français de la Grande Guerre d’origine… allemande

http://www.opex360.com/2018/11/11/ceux-de-14-max-mader-un-heros-francais-de-la-grande-guerre-dorigine-allemande/

 

Photo : Le sous-lieutenant Max Mader, à gauche sur la photo.

En ce début d’août 1914, les ressortissants allemands engagés au sein de la Légion étrangère se trouvèrent devant un cas de conscience : prendre les armes contre le pays qui les avait vu naître ou pour celui qu’ils avaient choisi de servir?

L’écrivain Ernst Jünger, qui relatera, en 1936, son expérience de légionnaire dans « Jeux africains« , prit la décision de déserter pour rejoindre l’armée allemande. D’autres conservèrent en leur « coeur » la devise de la Légion étrangère : « Legio Patria Nostra ». Et certains eurent une conduite héroïque, comme Max Mader.

Né le 18 janvier 1880 à Giengen [Wurtemberg, Allemagne], Max Mader est incorporé dans un bataillon de pionners wurtembourgeois à 18 ans. D’un caractère bien affirmé, il aurait eu un « différend » avec l’un de ses supérieurs. Que s’est-il passé? Difficile à le dire avec certitude… Mais il aurait probablement soldé définitivement ses comptes avec ce « supérieur », ce qui expliquerait ensuite sa désertion…

Quoi qu’il en soit, en décembre 1889, venu de la Suisse, Max Mader se présente à un bureau de recrutement de la Légion étrangère et signe un engagement de cinq ans. Affecté un 1er Régiment Étranger [RE], il sert au Tonkin jusqu’en 1904. Arrivé au bout de ses cinq années de contrat, il rempile pour un second. Il rejoint alors le 2e RE, à Saïda [Algérie]. Là, il prend part à de nombreux combats dans les régions sahariennes du Maroc et de l’Algérie.

En 1909, Max Mader est promu caporal. Et, désormais, il sert « sans interruption de service par engagements successifs ». Naturalisé français, il devient sous-officier en octobre 1911.

Après le début de la Première Guerre Mondiale, Max Mader, alors promu adjudant, est affecté au 2e Régiment de marche du 2e RE. Il se distingue lors des combats en Champagne, ce qui lui vaut la Médaille Militaire (décernée en mars 1915). Lors de la dissolution de son unité, le 11 novembre 1915, il est réaffecté au Régiment de Marche de la Légion étrangère [RMLE]. Il prend alors part à de nombreuses offensives et à autant de coups de main audacieux. Il se forge ainsi une solide réputation, qu’illustre son exploit du 21 avril 1917, à Auberive [Haute-Marne]

Voici tel qu’il est raconté dans l’historique du RMLE :

« Dans la longue et profonde sape, d’où s’échappaient des odeurs nauséabondes, mêlés aux morts ennemis en décomposition, éreintés par 5 jours et 5 nuits de combats, officiers et légionnaires des 6e et 7e compagnies, déjà décimées, et quelques mitrailleurs, dormaient d’un pesant sommeil. Cependant à l’extérieur, où ne veillaient que quelques guetteurs, immobiles dans le lugubre silence de ce matin de guerre, cote à côte, anxieux de savoir ce qu’apportait avec lui ce nouveau jour de lutte, un capitaine et son adjudant-chef, l’adjudant-chef MADER, le héros déjà légendaire, observaient le terrain en avant.

La tranchée 67, orientée lace au nord, commandait le vallon.

Du versant opposé qu’ils avaient atteint la veille, à la tranchée Bethmann-Hollweg, les zouaves tenaient la partie ouest. Mais en face de nous, l’Allemand s’était maintenu et même une batterie de canons lourds, soutenue par une compagnie, était encore en place à 150 mètres en avant du front du 26 bataillon. Pour y arriver il fallait descendre dans le ravin, et le boyau à flanc de coteau était pris d’enfilade par une mitrailleuse ennemie admirablement pointée.

Tandis que les deux chefs observaient en silence, un guetteur (Bangerter, Ire classe) attire leur attention sur un mouvement insolite dans le fond du vallon. En effet, une compagnie du 168e venant de l’ouest cherche à s’y infiltrer. Elle ignore sans doute la présence à cet endroit de l’ennemi qui, déjà, a remarqué son avance.

D’un petit fortin qui commande le boyau de liaison, il s’apprête à la recevoir à coups de grenades. Ce faisant il tourne le dos à la crête où se tiennent les observateurs de la Légion qui ne peuvent tirer de la tranchée sans atteindre l’ami en même temps que l’ennemi.

Encore quelques minutes et les bleu-horizon tomberont dans le piège. Mais Mader en vieux limier des champs de bataille a flairé le danger et d’un coup d’œil il débrouille toute la situation. Se mettre d’accord avec son commandant de compagnie, rassembler en hâte quelque dix légionnaires de surveillance dans la tranchée, ramasser quelques grenades, bondir dans le boyau de liaison suivi de ses hommes électrisés, c’est l’affaire d’une minute. Le petit groupe court si vite que les mitrailleurs ennemis ne peuvent ouvrir le feu, avant qu’il soit dans l’angle mort à l’abri des balles. La tête de la compagnie du 168e n’est plus qu’à quelques mètres du fortin, déjà les Allemands lèvent les bras pour lancer leurs grenades, lorsque, soudain, maigre et nerveuse, la grande silhouette de Mader bondissant dans leur dos, surgit au milieu d’eux. Épouvantée par cette apparition inattendue, l’escouade ennemie, abandonnant munitions et fortin, s’enfuit en désordre du côté de la batterie.

Quelques grenades éclatent, puis dans le boyau libéré l’adjudant-chef peut serrer la main du commandant de la compagnie ‘bleue’ reconnaissant.

Sans perdre une seconde Mader commence la poursuite. Suivi de ses dix fidèles légionnaires, soutenu à quelque distance par la courageuse compagnie du 168e, qui de la tranchée où elle est maintenant alertée, le ravitaille en grenades et le suit des yeux avec émotion, il saute dans les boyaux, nettoie les abris et poursuit inlassablement le combat corps à corps. Réveillés trop tard par leurs camarades du fortin, surpris dans leurs gîtes, les Saxons se défendent cependant avec beaucoup de courage. Mais leur résistance est inutile. En peu de temps la compagnie de soutien est mise hors de combat. Les six canons sont pris et remis à la bonne garde de la C. H. R. du 7e tirailleurs qui, de la crête où elle venait d’arriver, a pu suivre des yeux et admirer ce bel exploit.

Au retour, dans la tranchée boueuse, la 6e compagnie émerveillée accueille son adjudant-chef. Il fallait un Mader, un légionnaire de la vieille école, pour réaliser ce fait d’armes peut-être unique d’avoir du même coup, avec dix hommes, sauvé du désastre une compagnie française, mis en fuite une compagnie allemande, enlevé une batterie lourde et gagné la Légion d’honneur. »

Promu sous-lieutenant après cet exploit, Max Mader obtiendra d’autres citations (9 au total). Malheureusement, le 12 juin 1918, sa chance « hors du commun » va l’abandonner : il est en effet gravement blessé à Courtezon. Amputé du bras droit, il sera réformé.

Après la guerre, Max Mader devient surveillant du palais du Rhin à Strasbourg, puis, en 1935, gardien-chef du Château de Versailles. Durant l’occupation, il fait le sourd-muet pour ne pas avoir à répondre à ses anciens compatriotes. Il décédera le 24 octobre 1947 à Pancher-Bas [Haute-Saône]. Il était commandeur de la Légion d’Honneur et titulaire de la Médaille Militaire ainsi que de la Croix de Guerre 14-18 avec 9 citations.

 

Beyrouth, 23 octobre 1983 : Souvenons-nous des paras du Drakkar

Beyrouth, 23 octobre 1983 : Souvenons-nous des paras du Drakkar

LIBAN , Beyrouth, attentat du « Drakkar »contre les parachutistes français. 58 morts. 23/10/1983.
photo world Press

Theatrum-Belli — Publié le 23 octobre 2018

https://theatrum-belli.com/beyrouth-23-octobre-1983-souvenons-nous-des-paras-du-drakkar/

 

Le 23 octobre 1983, 6h30 du matin : un double attentat frappe la Force multinationale de sécurité à Beyrouth. En quelques secondes, 241 marines américains et 58 parachutistes français sont tués. Le poste Drakkar, occupés par les paras du 1er RCP, vient de subir la frappe la plus terrible contre l’armée française depuis les affrontements de la décolonisation. 

Bruno Racouchot était alors officier au 6e RPIMa. Il nous a aimablement autorisé à reproduire le texte d’hommage en annexe, initialement paru dans le cadre du très confidentiel « Club des chefs de section paras au feu ». 

23 octobre 1983, Beyrouth, 6h30 du matin, Drakkar est rayé de la carte 

Le 23 octobre 1983, les parachutistes français présents à Beyrouth dans le cadre de la Force Multinationale de Sécurité, étaient victimes d’un attentat. 58 d’entre eux devaient trouver la mort dans l’explosion du poste « Drakkar ». Le texte d’hommage qui suit a été publié dans le cadre du Club des chefs de section paras au feu, qui compte quelques anciens de cette mission sanglante, depuis le Général François Cann, alors à la tête de la force française, et le Général Paul Urwald, qui commandait alors le 6e RIP, jusqu’au benjamin du Club, Bruno Racouchot, officier-adjoint d’une des quatre compagnies déployées à Beyrouth-Ouest. Plus particulièrement en charge de la section de protection du PC du 6e RIP, Bruno Racouchot décrit la configuration extrêmement délicate et sanglante dans laquelle furent alors plongés les parachutistes français.

Rappel du contexte historique 

En juin 1982, Israël lance l’opération « Paix en Galilée », envahit le Sud-Liban et entreprend fin juin-début juillet l’assaut de Beyrouth-Ouest où les Palestiniens sont encerclés dans une nasse, les Syriens refusant de les accueillir sur leur territoire. Un cessez-le-feu est appliqué début août. La communauté internationale, soucieuse d’éviter des affrontements sanglants, décide d’intervenir. Sous la protection des parachutistes français, soutenus par les soldats américains et italiens, les forces palestiniennes sont exfiltrées en douceur. De 500.000 à 600.000 Palestiniens restent dans les camps.

Le 23 août, Béchir Gemayel est élu Président du Liban. Le 15 septembre, il est assassiné. Israël investit Beyrouth-Ouest. Du 16 au 18 septembre ont lieu les massacres de populations civiles dans les camps de Sabra et Chatila, où des centaines de civils palestiniens sont tués. Le 21 septembre, Amine Gemayel, frère aîné de Béchir, est élu président. Le 24 septembre, pour répondre à une opinion internationale scandalisée par les tueries dont les Palestiniens ont été victimes, une Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth est créée, intégrant des contingents français, américains, italiens et une poignée d’Anglais.

Dès lors, au Liban, la situation ne cesse de se dégrader. Massacres de populations civiles et attentats se multiplient. Les soldats de la Force Multinationale sont victimes d’innombrables attaques et de bombardements. Si les Américains sont cantonnés à l’aéroport et les Italiens en périphérie de la ville, si les Anglais se contentent de mener des missions de renseignement avec un escadron spécialisé, les Français, eux, reçoivent la mission la plus délicate, au cœur même de Beyrouth.

Tous les quatre mois, les contingents sont relevés, souvent avec des pertes sévères. En septembre 1983 a lieu la relève pour les légionnaires français installés à Beyrouth, remplacés par les parachutistes de la 11e Division parachutiste. C’est l’opération Diodon IV, qui deviendra l’engagement le plus sanglant pour l’armée française depuis les guerres coloniales. Le 3e RPIMa s’installe en secteur chrétien, dans la perspective d’une offensive face au « Chouf », pour pacifier la montagne où les Druzes s’en prennent violemment aux chrétiens. Des éléments du GAP, 1er RHP, 17e RGP, 12e RA, 35e RAP, 7e RPCS et le commando marine Montfort sont également à pied d’œuvre.

Le secteur le plus dangereux, celui de Beyrouth-Ouest, est dévolu à un régiment de marche, le 6e RIP, Régiment d’Infanterie Parachutiste, qui a pour mission principale la protection des populations civiles palestiniennes traumatisées des camps de Sabra et Chatila. Ce régiment, placé sous le commandement du colonel Urwald, a été formé spécialement pour cette opération, et est constitué de quatre compagnies de parachutistes : deux compagnies du 6e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine basé à Mont-de-Marsan, une compagnie du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes basé à Pau, une compagnie du 9e Régiment de Chasseurs Parachutistes basé à Pamiers.

Le quotidien d’un chef de section para au feu

C’est une vraie leçon de vie dont vont bénéficier les jeunes chefs de section plongés dans la fournaise de Beyrouth. Les Américains sont à l’époque encore sous le coup de la chute de Saïgon survenue à peine huit ans plus tôt. Ils sont repliés sur l’aéroport, ne sortant quasiment pas de leurs abris, usant de M113 pour traverser le tarmac de l’aéroport. Sous des tirs d’artillerie incessants, en septembre 1983, nos jeunes paras ont remplacé les légionnaires. A la différence des professionnels du 3e RPIMa, d’où viennent-ils ces jeunes du 6e RIP ? Ce sont pour la plupart des appelés, d’un genre un peu particulier cependant. Volontaires TAP, volontaires outre-mer, volontaires service long, pour beaucoup d’entre eux, ils ont déjà bénéficié d’une solide formation et ont effectué des « tournantes » hors métropole.

Mentalement et physiquement préparés, ils pressentent cependant dès leur arrivée que cela va être dur, très dur même. Mais ils vont faire front et s’adapter. Avec modestie, calme, détermination. Certes, en débarquant, chacun d’entre eux éprouve l’étrange picotement qui monte le long de la colonne vertébrale. Heureusement, ils ont à leurs côtés les « anciens », à peine plus âgés qu’eux, qui ont « fait » le Tchad, la Mauritanie, le Zaïre, Djibouti, et pour certains déjà, le Liban… Tous ces noms de TOE lointains les ont fait rêver à l’instruction, quand ils n’avaient déjà qu’un souhait, se montrer à la hauteur de ceux qui les avaient précédés sous le béret rouge. Aujourd’hui, le rêve se trouve enfin confronté brutalement à la réalité.

Beyrouth est un piège monumental. On a beau avoir bourlingué, on a beau avoir entendu tirer à ses oreilles, quand on est un jeune chef de section, débarquer dans un tel univers constitue une épreuve d’ordre quasiment initiatique. On n’ose pas le dire, mais on le ressent d’emblée jusqu’au tréfonds de soi. Avec la secrète question qui taraude et que l’on n’ose pas exprimer : saurai-je me montrer digne de mon grade et de mon arme ? Ce sont d’abord les missions ordinaires, protection des postes, ravitaillement, reconnaissance, tâches d’entretien peu glorieuses mais tellement nécessaires, que l’on accomplit sereinement parce que même si le contexte est moche, on leur a appris à être beaux. Les jeunes paras mûrissent vite. Les visages se creusent, le manque de sommeil se fait vite sentir. Paradoxalement, les relations soudent les esprits et les corps. De secrètes complicités se nouent. Plus besoin de longs discours, les ordres s’exécutent machinalement, avec un professionnalisme qui prouve que, par la force des choses, le métier des armes entre dans la peau de chacun.

L’ennemi est partout et nulle part

Le jeune chef de section apprend très vite à connaître son secteur. Il a la chance d’avoir à ses côtés des hommes décidés encadrés par des sous-officiers d’élite, totalement dévoués à leur tâche. Il rôde, de jour comme de nuit, pour imprimer dans ses neurones les itinéraires, les habitudes, les changements de comportements. Rien n’est anodin. Il sait qu’il lui faut lier connaissance, observer, échanger, parler, surveiller, lire, écouter… Pas de place pour la routine. Plus que jamais, il faut faire preuve d’initiative, agir à l’improviste, sortir des postes, aérer les périmètres de sécurité, ne pas céder à la tentation mortelle de se recroqueviller dans les postes, derrière les sacs de sable et les merlons de terre. Des milliers d’yeux observent les paras français depuis les tours qui encerclent les positions. Ici, l’aspect psychologique est capital. On est en Orient. Il n’est pas permis de perdre la face. Les Français ont des moyens dérisoires en regard de leurs adversaires potentiels ou des grands frères américains, qui peuvent d’un simple appel radio, déclencher la venue de norias d’hélicoptères. En revanche, les Français savent s’immerger dans la population. Ils mangent comme le Libanais de la rue, se mélangent aux civils qui déambulent dans des marchés grouillants. Savoir se faire apprécier, c’est se faire respecter. Un sourire généreux sur une face de guerrier, c’est rassurant. Ça prouve la force plus que les armes. C’est cette stature des paras français qui fait très vite leur réputation dans la population.

Ce profil si particulier des soldats français, ce sont les chefs de section et les sous-officiers qui l’impriment à leurs hommes. Quels que puissent être les risques, ils ne changeraient leur place pour rien au monde. Ils savent qu’ils vivent une aventure inouïe, où chacun va pouvoir aller à l’extrême limite de ses possibilités. Le chef de section para a beau n’avoir que vingt-cinq ou trente ans, il sait qu’il passe là une épreuve pour laquelle il s’est préparé depuis des années ou depuis toujours, celle du feu. Il devine intuitivement qu’il va peut-être lui être donné d’accéder à une autre forme de connaissance de la vie, qu’il va opérer une mue intérieure subtile que seuls « ceux qui savent » et les anciens comprendront. Il sait qu’il reviendra de Beyrouth, « pareil sauf tout »… Ceux qui ont lu Ernst Jünger savent ce qu’il entend quand il parle de « La Guerre, Notre Mère »…. Drakkar va littéralement « sublimer » cet état d’esprit.

L’épreuve

Deux jours avant Drakkar, le 21 octobre 1983, je suis désigné pour conduire, avec le capitaine Lhuilier, officier opération du 6e RIP, un entraînement commun de la Compagnie Thomas du 1er RCP avec les marines américains à l’aéroport. Il faut bien que la connaissance de la langue de Shakespeare serve à quelque chose… Lhuilier est une figure des paras-colos. Il a eu son heure de gloire avec le 3e RIMa au Tchad quelques années avant, où coincé dans une embuscade, il a fait monter sa compagnie à l’assaut des rebelles, baïonnette au canon, en chantant « La Marie »… Dans l’épreuve qui se profile à l’horizon, il va se révéler un roc inébranlable.

Marines et paras français au coude à coude à l’entraînement… Comment imaginer en voyant tous ces grands gaillards crapahuter dans la poussière et se livrer à des exercices de tir rapide, que la plupart d’entre eux reposeront bientôt dans un linceul de béton ?… Mis en alerte le samedi soir, nous dormons tout équipés sur nos lits de camp, l’arme à portée de main. On entend bien des explosions, des tirs d’artillerie sporadiques. Des rafales d’armes automatiques titillent les postes. Mais va-t-on s’inquiéter pour si peu ?

Dimanche 23 octobre 1983, 6h30 du matin. L’aube se lève. D’un coup, une explosion terrible, une lourde colonne de fumée qui s’élève plein sud dans le silence du dimanche matin. L’aéroport et les Américains sont mortellement touchés. Puis une minute après, encore une autre, plus proche cette fois, d’une puissance tout aussi ahurissante. On entend en direct sur la radio régimentaire que Drakkar a été rayé de la carte. Ce poste était occupé par la compagnie du 1er RCP commandée par le capitaine Thomas, dont heureusement un détachement était de garde à la Résidence des Pins, le QG français. Bilan des deux attentats : 241 marines et 58 paras français sont tués, sans compter d’innombrables soldats grièvement blessés, évacués en urgence en Europe.

Dès la première explosion, chacun a bondi à son poste. On comprend d’emblée que c’est terrible. Les ordres fusent à toute vitesse. Des équipes partent pour le lieu de l’attentat, les autres sécurisent les postes. Chacun sait ce qu’il a à faire. On est sous le choc, mais le professionnalisme l’emporte. La mécanique parachutiste, répétée inlassablement à l’entraînement, montre ses vertus en grandeur réelle. On va faire l’impossible pour sauver les camarades. Malheureusement, beaucoup sont déjà morts, déchiquetés, en lambeaux, que l’on ramasse jour après jour, nuit après nuit. On a entendu certains d’entre eux râler sous les ruines, alors que nous étions impuissants à les dégager des amas de gravats. Ils sont là, pris dans l’étreinte mortelle de l’acier et du béton, ceux pour lesquels nous sommes arrivés trop tard, ceux avec lesquels hier on riait, on plaisantait, on rivalisait. Aucun des paras qui va relever ses camarades en cette semaine d’octobre n’oubliera ces pauvres corps, « tués par personne », nobles et dignes jusque dans la mort, magnifiques soldats équipés et prêts pour le combat, parfois la main crispée sur leur Famas. Sans doute est-ce parce qu’ils ont rejoint les légions de Saint-Michel que leur souvenir semble éternel. Le mythe para en tous cas l’est. Maintenant plus que jamais. Et tous, nous communions alors dans une espèce de rêve étrange et éveillé, où la mort étonnamment proche se mêle inextricablement à la vie, en un jeu dont les règles nous échappent. Un nouveau jalon funèbre est posé après les combats des paras de la Seconde Guerre mondiale et bien sûr ceux des grands anciens d’Indochine et d’Algérie.

Le piège fatal

En signe de solidarité avec nos hommes, le Président de la République, François Mitterrand, vient rendre un hommage aux morts le 24 octobre. Les paras savent déjà qu’ils sont pris dans un traquenard monstrueux. Jour après jour, ils sont victimes de nouveaux attentats, dans un secteur totalement incontrôlable, où pullulent les milices, les mafias et les « services ». Personne ne sait réellement qui fait quoi, les informations sont sous influence, rien n’est sûr, tout est mouvant. Sans ordres ni moyens légaux, les paras sont contraints de se battre au quotidien pour assurer la survie de leurs postes et continuer à protéger les populations. Aucun renfort notable n’est envoyé de métropole, hormis une compagnie de courageux volontaires du 1er RCP venus prendre la place de leurs prédécesseurs. En dépit des nombreux morts et blessés qu’ils vont relever dans leurs rangs, les paras ne doivent compter que sur leur savoir-faire, leur calme et leur professionnalisme pour se défendre tout en évitant de répondre aux provocations, refusant parfois de tirer pour préserver les civils. A ce titre, la mission aura certes été remplie, mais nombreux sont les soldats français qui reviendront avec l’amer sentiment d’avoir perdu leurs camarades sans les avoir vengés.

Chacun sait alors que nous vivons un moment unique de notre vie, dont l’intensité et la profondeur nous bouleversent. L’aumônier, le père Lallemand, a le don de savoir parler aux soldats. Que l’on soit croyant pratiquant ou athée, agnostique ou païen, il sait trouver les mots qui apaisent et réconfortent. Paradoxalement, Drakkar ne va pas briser les paras, mais les souder. Les semaines à venir vont être infernales. Et cependant, tous font face avec une abnégation sublime. Le plus humble des parachutistes joue consciencieusement son rôle dans un chaudron où se multiplient les attentats. Bien des nôtres vont encore tomber, assassinés lâchement la plupart du temps. Mais tous accomplissent leur devoir avec fierté et discrétion. Nous recevons des mots et des cadeaux de métropole, comme ces Landais qui nous envoient du foie gras à foison pour Noël, ou encore ces enfants qui nous dédient des dessins touchants. Les paras sont soudés, et même la mort ne peut les séparer.

Dans la nuit du 25 décembre, les postes de Beyrouth-Ouest devenus indéfendables dans la configuration géopolitique de l’époque sont évacués. Fin janvier-début février, les paras  exténués sont rapatriés sur la France. Le contingent de « Marsouins » qui les remplace ne restera pas longtemps. Américains et Italiens quittent le Liban fin février. En mars, le contingent français rembarque, ne laissant sur place que des observateurs.

Les enseignements à tirer

Jeune ORSA à l’époque, ayant la volonté de préparer l’EMIA, je décide cependant de quitter l’armée. Cinq années de boxe intensive et à bon niveau m’ont appris qu’un coup encaissé doit toujours être rendu, au centuple si possible. Déphasage. Je ne me sens pas l’âme d’un « soldat de la paix ». Mais les paras vont rester ma vraie famille. Depuis, j’ai fait le tour du monde, connu d’autres aventures. J’ai passé des diplômes, « fait la Sorbonne », créé une entreprise. Mais rien n’a été oublié. Mes chefs d’alors sont devenus des amis. Nous avons eu des patrons magnifiques, Cann, Urwald, Roudeillac, des commandants de compagnie qui étaient des meneurs d’hommes, de vrais pirates pour lesquels on aurait volontiers donné sa vie, des sous-officiers et des soldats avec des gueules sublimes. Tout cela, mon ami le journaliste Frédéric Pons l’a mis en relief avec brio dans son livre « Les Paras sacrifiés » publié en 1993 et réimprimé en 2007 sous le titre « Mourir pour le Liban ». Il faut dire qu’à la différence de bien d’autres, Pons sait de quoi il parle. Ancien ORSA du 8e RPIMa, il a vécu l’une des premières missions de la FINUL au sud-Liban au tout début des années 80.

En novembre 2007,  j’ai été invité à prononcer une courte allocution à Coëtquidan, devant les élèves de l’EMIA qui avaient choisi pour parrain de leur promotion le Lieutenant de La Batie. J’avais connu Antoine quand il était à Henri IV, je l’avais ensuite revu lors de l’entraînement commun à l’aéroport le 21 octobre 1983… puis mort quelques jours après. Ayant quitté l’armée française comme lieutenant, j’ai donc souhaité parler à ces élèves officiers comme un vieux lieutenant à de jeunes lieutenants. Il faut savoir tirer le meilleur de toute expérience, surtout quand elle s’est révélée tragique. Bref, savoir transformer le plomb en or. Il fallait leur dire ce qu’une OPEX comme celle-là nous avait appris concrètement, nous fournissant des enseignements qui nous servent au quotidien dans la guerre économique.

Avec le recul, ce qui demeure certain, c’est que, sans en avoir eu alors une pleine conscience, Beyrouth anticipait le destin de l’Occident. Le terrorisme est devenu une menace permanente, y compris au cœur de notre vieille Europe. Mais en ce temps-là, nous autres, modestes chefs de section, n’étions pas à même d’analyser les basculements géopolitiques en gestation. Plus modestement, Beyrouth nous a révélé la valeur des hommes. Beyrouth nous a enseigné bien des sagesses. Pour ceux qui surent le vivre avec intelligence, Beyrouth fut une épreuve initiatique au sens premier du terme, qui nous a décillé les yeux sur nous-mêmes et sur le monde. Ce que les uns et les autres avons appris dans ce volcan, aucune école de management, aucun diplôme d’université, ne nous l’aurait apporté, ni même l’argent ou les honneurs. Nous avons appris le dépassement de soi pour les autres, la valeur de la camaraderie, la puissance des relations d’homme à homme fondées sur la fidélité, la capacité à transcender sa peur, la reconnaissance mutuelle, l’estime des paras pour leur chef et l’amour fraternel du chef pour ses paras… Des mots qui semblent désuets dans  l’univers qui est le nôtre, mais qui reflètent cependant un ordre supérieur de connaissance des choses de la vie. Cette richesse intérieure acquise, nous en ferons l’hommage discret à tous nos camarades tombés en OPEX le 23 octobre prochain, lorsque, à 6h30 du matin, nous penserons à ceux du Drakkar. Comme nos grands anciens, montera alors de nos lèvres vers le ciel la vieille chanson : « j’avais un camarade… »

Bruno Racouchot, ancien lieutenant au 6e RPIMa

L’auteur : DEA de Relations internationales et Défense de Paris-Sorbonne, maîtrise de droit et de sciences politiques, Bruno RACOUCHOT, est aujourd’hui le directeur de la société Comes Communication, créée en 1999, spécialisée dans la mise en œuvre de stratégies et communication d’influence.

 

 

capitaine Thomas Jacky
capitaine Ospital Guy
lieutenant Dejean de La Bâtie Antoine
sous-lieutenant Rigaud Alain
adjudant Bagnis Antoine
adjudant Moretto Michel
sergent Dalleau Christian
sergent Daube Vincent
sergent Lebris Jean-Pierre
sergent Longle Yves
sergent Ollivier Gilles
caporal chef Bensaidane Djamel
caporal chef Beriot Laurent
caporal chef Carrara Vincent
caporal chef Duthilleul Louis
caporal chef Grelier Xavier
caporal chef Loitron Olivier
caporal chef Margot Franck
caporal chef Seriat Patrice
caporal chef Vieille Hervé
caporal Girardeau Patrice
caporal Hau Jacques
caporal Jacquet Laurent
caporal Lamothe Patrick
caporal Lepretre Dominique
caporal Leroux Olivier
caporal Muzeau Franck
caporal Thorel Laurent
parachutiste de 1ère classe Gasseau Guy
parachutiste de 1ère classe Gautret Remy
parachutiste de 1ère classe Julio François
parachutiste de 1ère classe Pradier Gilles
parachutiste de 1ère classe Tari Patrick
parachutiste de 1ère classe Théophile Sylvestre
parachutiste Bachelerie Yannick
parachutiste Bardine Richard
parachutiste Caland Franck
parachutiste Chaise Jean-François
parachutiste Corvellec Jean
parachutiste Delaitre Jean Yves
parachutiste Deparis Thierry
parachutiste Di-Masso Thierry
parachutiste Durand Hervé
parachutiste Guillemet Romuald
parachutiste Kordec Jacques
parachutiste Lastella Victor
parachutiste Ledru Christian
parachutiste Levaast Patrick
parachutiste Leverger Hervé
parachutiste Meyer Jean-Pierre
parachutiste Porte Pascal
parachutiste Potencier Philippe
parachutiste Raoux François
parachutiste Renaud Raymond
parachutiste Renou Thierry
parachutiste Righi Bernard
parachutiste Schmitt Denis
parachutiste Sendra Jean

 

Un militaire français meurt dans un accident au Mali

Un militaire français meurt dans un accident au Mali

Le soldat appartenait au 14e régiment d’infanterie de soutien logistique parachutiste de Toulouse.

Un militaire de la force française Barkhane est mort dans mercredi 17 octobre au Mali dans des circonstances accidentelles, a annoncé la ministre des Armées lors d’une conférence de presse consacrée à la mise en oeuvre du plan famille en faveur des armées. Âgé de 23 ans et célibataire, le caporal Abdelatif Rafik appartenait au 14e régiment d’infanterie de soutien logistique parachutiste de Toulouse, a précisé le ministère dans un message publié sur Twitter.

 

Dans un communiqué, l’armée de Terre indique que le caporal, déjà présent au Mali à l’été 2017, avait rejoint à nouveau Barkhane le 3 octobre dernier en tant que pilote de camion logistique. Il est mort mercredi à Gao à 18h50 (20h50 à Paris) lors d’une opération de maintenance. Un pneu d’un camion a explosé accidentellement, projetant le militaire au sol. « Ses deux camarades ont été placés sous surveillance médicale », indique l’armée. 

Quelque 4 500 militaires français sont déployés au Sahel dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes.