Conseil de Défense : le rapport déclassifié sur les Frères musulmans en intégralité
Le 21 mai 2025, un rapport confidentiel intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France » a été présenté au gouvernement, puis examiné en Conseil de défense.


Le 21 mai 2025, un rapport confidentiel intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France » a été présenté au gouvernement, puis examiné en Conseil de défense. Rédigé par deux hauts fonctionnaires, ce document de plus de 60 pages ne parle ni de terrorisme, ni de séparatisme violent. Il s’attaque à une dynamique autrement plus insidieuse : l’enracinement d’une idéologie islamiste intégraliste dans le quotidien des structures françaises.
Son objet ? Décrire, analyser, et nommer une mouvance trop souvent mal comprise : le frérisme. Ce courant, héritier des Frères musulmans fondés en Égypte en 1928, s’adapte à son environnement, s’organise sur le temps long et se développe sous le seuil de détection classique des outils de lutte contre l’islamisme.
Frères musulmans : une organisation à cercles concentriques
Au cœur du rapport, une description limpide d’un mode de structuration méconnu. La confrérie fonctionne selon « des cercles concentriques dont le centre est constitué d’un “cercle restreint” de militants assermentés ». Autour de ce noyau, gravite une galaxie plus diffuse d’influence et de relais idéologiques, désignée comme la « mouvance frériste ».
Cette distinction est importante. Le frérisme ne désigne pas seulement l’adhésion à une organisation formelle, mais aussi l’adhésion à des logiques, des langages, des pratiques, sans nécessairement revendiquer l’appartenance au noyau central. C’est cette souplesse organisationnelle qui rend le phénomène difficile à appréhender. Il ne s’agit pas d’une armée, mais d’un archipel.
Une stratégie d’influence territoriale progressive
Loin d’une stratégie de confrontation, le frérisme agit par infiltration. Le rapport décrit une dynamique fondée sur l’implantation locale et l’adaptation stratégique. En Europe, les Frères musulmans « capitalisent […] sur une dynamique désormais ancienne » : les institutions communautaires.
Il ne s’agit pas de s’enfermer dans des enclaves, mais d’investir les structures sociales existantes. Associations, écoles, lieux de culte, centres culturels, clubs sportifs deviennent autant de points d’appui pour une influence organisée. Cette présence « renforcée par une nouvelle génération de prédicateurs » permet une diffusion culturelle et religieuse ciblée, agile, et médiatiquement compatible.
Les enfants en première ligne du projet frériste
La jeunesse est au cœur de cette stratégie. Le rapport insiste sur « la rigorisation de la pratique religieuse » chez les plus jeunes, avec une mention spécifique à « l’explosion du nombre de jeunes filles portant une abaya et l’augmentation massive et visible du nombre de petites filles portant le voile ».
Cette observation n’est pas anecdotique. Elle met en lumière une influence qui ne vise pas seulement les individus mais les structures d’éducation, de transmission, de socialisation. L’objectif est clair : forger très tôt des repères religieux conservateurs, en rupture progressive avec les normes républicaines.
Une subversion sans violence mais avec méthode
Ce qui rend le frérisme redoutable, c’est son invisibilité relative. Loin des discours de rupture, c’est dans le glissement progressif des normes, dans la normalisation d’un contre-discours religieux politique, que s’installe la menace. Un lent travail d’érosion idéologique.
La dernière partie du rapport n’est pas seulement analytique. Elle formule des recommandations. Les auteurs appellent à « mieux appréhender la menace, documenter ses structures, connaître les aspirations de la population musulmane et lui adresser des messages forts ».
C’est une stratégie d’intelligence politique qui est proposée. Parmi les priorités : « une prise de conscience des effets de l’islamisme en France » et « un discours laïque renouvelé ». L’enjeu est de reconstruire un récit républicain fort, audible et cohérent.
Le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » documente un phénomène invisible à l’œil nu, mais bien réel. Il ne décrit ni un coup d’État ni un projet violent. Il décrit un travail d’influence, un enracinement idéologique, une conquête culturelle progressive.
C’est une alerte froide et rigoureuse. Une alerte qui, si elle est entendue, pourrait permettre à la République de se défendre, non pas contre une menace spectaculaire, mais contre une lente et méthodique transformation de ses fondations.