Rapport sur l’Unwra : « des problèmes de neutralité persistent »

Rapport sur l’Unwra : « des problèmes de neutralité persistent »

Une livraison d’aide humanitaire fournie par l’Unrwa passe par le poste-frontière de Kerem Shalom, en Israël, le 26 mars 2024. Christoph Soeder / dpa/picture-alliance

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza a des « problèmes persistants de neutralité » politique, avance un rapport remis lundi 22 avril au chef des Nations unies. Le texte, très attendu, dit qu’Israël doit encore fournir la « preuve » que ses membres sont liés à des « organisations terroristes ».

La Croix (avec AFP) – publié

https://www.la-croix.com/international/rapport-sur-l-unwra-des-problemes-de-neutralite-persistent-20240422


L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans la bande de Gaza a des « problèmes persistants de neutralité » politique, mais Israël doit encore fournir la « preuve » que ses membres sont liés à des « organisations terroristes », pointe lundi 22 avril un rapport remis au chef des Nations unies.

L’UNRWA demeure « irremplaçable et indispensable pour le développement humain et économique des Palestiniens », souligne ce groupe indépendant, présidé par l’ancienne ministre française des affaires étrangères Catherine Colonna et chargé par le secrétaire général Antonio Guterres d’une mission d’évaluation de la « neutralité » de l’UNRWA.

« L’UNRWA demeure cruciale pour apporter une aide humanitaire vitale et des services sociaux essentiels, notamment en matière de santé et d’éducation, aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie », souligne le groupe dans un rapport très attendu d’une cinquantaine de pages.

Menaces et perturbations d’opérations humanitaires

« L’UNRWA est irremplaçable et indispensable pour le développement humain et économique des Palestiniens. De plus, beaucoup considèrent que l’UNRWA est une planche de salut humanitaire », écrit la mission pilotée par l’ex-cheffe de la diplomatie française. « Mais en dépit de ce cadre solide, des problèmes liés à la neutralité persistent », relève-t-elle.

Il s’agit « de cas d’employés du personnel exprimant publiquement leurs opinions politiques, de livres scolaires au contenu problématique venant du pays hôte et utilisés dans certaines écoles de l’UNRWA, de syndicalistes politisés proférant des menaces contre l’encadrement de l’UNRWA et perturbant des opérations » humanitaires, selon le groupe indépendant.

L’agence qui compte plus de 30 000 employés dans la région (Gaza, Cisjordanie, Liban, Jordanie et Syrie), est accusée par Israël d’employer « plus de 400 terroristes » à Gaza. Et 12 de ses employés sont accusés par les Israéliens d’avoir été directement impliqués dans l’attaque sans précédent du 7 octobre menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a fait 1 160 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles. Des accusations qui ont entraîné la suspension de financements par certains pays donateurs, dont certains ont repris depuis.

Pas de preuves sur la présence de terroristes

« Sur la base d’une liste de mars 2024 contenant des numéros d’identité de Palestiniens, Israël a affirmé publiquement qu’un nombre significatif d’employés de l’UNRWA sont membres d’organisations terroristes. Cependant, Israël doit encore en apporter la preuve », prévient le groupe dans son rapport.

D’autant que l’UNRWA, créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, « est la colonne vertébrale des opérations humanitaires » à Gaza, avait répété la semaine dernière devant le Conseil de sécurité son patron Philippe Lazzarini, dénonçant une campagne « insidieuse » pour mettre fin à ses opérations. « Démanteler l’UNRWA aura des répercussions durables », avait-il prévenu, avec pour conséquence notamment d’« aggraver la crise humanitaire à Gaza et accélérer l’arrivée de la famine ».

La famine menace déjà le nord du territoire palestinien, où plus de 34 000 personnes, la plupart des civils, ont été tuées depuis le début de l’offensive israélienne, selon le ministère de la santé du Hamas.

Les unités de force mobile rassemblent 11 164 CRS et 12502 gendarmes mobiles

Les unités de force mobile rassemblent 11 164 CRS et 12502 gendarmes mobiles

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 4 avril 2024

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Historiquement créées pour gérer les troubles à l’ordre public résultant de manifestations ou de mouvements de foule, les 64 compagnies républicaines de sécurité (CRS) et les 116 escadrons de gendarmes mobiles (EGM) constituent une réserve nationale employable sur l’ensemble du territoire pour des missions de maintien de l’ordre ou de sécurisation. En 2022, les effectifs de CRS étaient de 11 164 agents et ceux de gendarmes mobiles de 12 502, stables au cours des dix dernières années.

La Cour des Comptes vient de publier une étude critique (elle y exprime ses doutes, par exemple, sur “l’adéquation de la flotte de blindés Centaures à l’usage réel qui en sera fait”) sur “les forces mobiles“. 

Forte de ses constats et de ses critiques, la Cour a émis des recommandations:

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L’intérêt du rapport va bien au-delà des recommandations car il dresse un état des lieux des moyens et des missions confiées au UFM (unités des forces mobiles).

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Le rapport comporte trois parties :
– l’évolution de l’emploi des forces mobiles dans un contexte de maintien de l’ordre évolutif,
– le modèle des forces mobiles et les pistes d’optimisation de leur gestion,
– et la préservation et le développement des moyens humains et matériels.

“Le nucléaire ne doit pas être notre ligne Maginot” : les leçons du Sénat sur la guerre en Ukraine

Le nucléaire ne doit pas être notre ligne Maginot” : les leçons du Sénat sur la guerre en Ukraine


Dans un rapport publié ce matin, les sénateurs Cédric Perrin et Jean-Marc Todeschini appellent à tirer les conclusions de la guerre en Ukraine dans la prochaine loi de programmation militaire. Les priorités: l’artillerie, les drones, la défense sol-air, l’aviation de combat et les stocks de munitions.

 

Militaires ukrainiens manipulant un canon Caesar, dans la région du Donbass

Militaires ukrainiens manipulant un canon Caesar, dans la région du Donbass, en Ukraine. 

A. Messinis/AFP

Bientôt un an après le début de l’invasion de l’Ukraine, quels enseignements tirer du conflit pour les armées françaises? Alors que les derniers ajustements et arbitrages de la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 sont en cours, la commission de la défense du Sénat s’est livré à l’exercice délicat du Retex (retour d’expérience), cher aux militaires. Le résultat: un rapport d’une cinquantaine de pages, signé par Cédric Perrin (LR, Territoire de Belfort) et Jean-Marc Todeschini (PS, Moselle), et adopté mercredi 8 février en commission de la défense, qui appelle à un “changement de logiciel” des armées françaises.

Quels enseignements tire le document du conflit ukrainien? Il appelle en préambule à garder la tête froide. “La France n’est pas l’Ukraine, ni dans son environnement géostratégique, ni dans les moyens dont elle dispose, écrivent les deux sénateurs. Cette guerre ne doit pas devenir l’alpha et l’oméga de la réflexion stratégique. La guerre qu’il nous faut préparer, c’est la prochaine, qui ne ressemblera probablement à aucune des précédentes.” 

Une dissuasion pas suffisante

La France est un Etat doté de l’arme nucléaire, membre de l’UE et de l’Otan, ce qui le rend difficilement comparable à l’Ukraine, qui n’a pas ces trois garanties. Cela dit, elle ne pourra pas faire l’économie d’une remise en question profonde de son outil militaire. D’abord parce que la guerre en Ukraine, “symétrique, interétatique et de haute intensité, avec une forte attrition” rappelle la nécessité “de disposer de volumes d’équipements et de munitions suffisants”. Ensuite parce que l’hypothèse d’un engagement majeur est crédible. Les auteurs listent trois scénarios plausibles: “la possibilité d’un conflit ouvert entre l’Otan et la Russie”; un engagement majeur dans la zone méditerranéenne; ou un conflit ouvert en Outre-mer.

Face à ces menaces, la dissuasion n’apparaît pas comme une garantie suffisante, indiquent les sénateurs. “Bien que fondamentale, la dissuasion nucléaire ne fournit pas de solution à tous les cas de figure, écrivent-ils. Elle ne doit pas être notre nouvelle ligne Maginot. Ces défis nécessitent une montée en puissance conventionnelle. Coûteux dans leur gestion, les stocks d’équipements militaires ont été sacrifiés depuis la fin de la guerre froide. C’est toute cette logique de gestion en flux tendus et de juste suffisance qui doit être revue.”

Le problème, estiment les rapporteurs, c’est que la LPM en préparation, malgré un investissement prévu de 413 milliards d’euros, risque de ne pas être à la hauteur de l’enjeu. La Revue nationale stratégique (RNS) présentée en novembre, trop générale, “manque d’ambition”, disent-ils. “Il manque un cadrage global de nos ambitions opérationnelles et capacitaires, sur la base de différents scénarios d’engagement des armées à l’horizon de la fin de la décennie.” Soit, en gros, ce que détaillaient les différents Livres blancs sur la défense (2008, 2013…), documents plus volumineux et plus complets que la RNS.

Une “économie de guerre” qui ne décolle pas

Autre limite identifiée par les rapporteurs: le passage à une “économie de guerre”, poussé par Emmanuel Macron, n’est pas vraiment au rendez-vous. L’expression “est excessive au regard des objectifs poursuivis et, surtout, des résultats obtenus à ce jour”, estiment-ils. Certes, l’Etat met la pression sur les industriels pour qu’ils produisent plus vite et moins cher. Mais la puissance publique doit accélérer, assurent les rapporteurs, en prenant des engagements de commandes de long terme. “Sans engagements fermes de l’État, sans contrats-cadres pluriannuels, les industriels continuent à dépendre de l’exportation et ne bénéficient pas de la visibilité nécessaire pour se préparer le cas échéant à monter en puissance”, estiment Cédric Perrin et Jean-Marc Todeschini.

La grande leçon de l’Ukraine, c’est ce que les spécialistes, rejoints par les rapporteurs du Sénat, appellent “le retour de la masse”: la nécessité de redonner du volume à des armées réduites à la portion congrue par les dividendes de la paix. Les formats d’armées attendus pour 2030 (200 chars, 225 avions de combat, dont 185 pour l’armée de l’air) apparaissent trop modestes. “Un plancher de 185 appareils est probablement trop bas, estimait le major général de l’armée de l’air et de l’espace, le général Frédéric Parisot, en juillet 2022 devant les députés de la commission de la défense. Sans doute faudrait-il tendre vers un plancher de 225 avions afin de pouvoir remplir sereinement nos missions.”

Idem pour les matériels navals et terrestres. “Dans l’hypothèse – purement théorique – où la France serait confrontée à un conflit du même type (que l’Ukraine, ndlr), on peut dire approximativement que l’ensemble des chars français auraient été perdus à la fin du mois de mars, l’ensemble des VBCI (véhicules blindés de combat d’infanterie) au début du mois d’avril, l’ensemble de l’artillerie (Caesar + canons AUF1 + lances roquettes unitaires) avant la fin avril et l’ensemble des 1.600 Griffon (blindés de transport) en août“, écrivent les rapporteurs, s’appuyant sur les travaux de Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité du think-tank de l’Ifri (Institut français des relations internationales).

Remuscler la défense sol-air

Les urgences à traiter dans la LPM sont multiples, estime encore le rapport. D’abord, les feux dans la profondeur: nouveaux lance-roquettes unitaires (LRU), canons Caesar supplémentaires. Ensuite, les drones et munitions téléopérées (drones kamikazes). Le document appelle aussi à muscler les défenses sol-air et moyens de lutte anti-drones: “L’armée de l’air dispose aujourd’hui de de 18 systèmes de défense sol-air (8 SAMP/T et 10 Crotale), ce qui est très peu“, souligne les sénateurs. Un investissement important devrait également être consacré aux moyens de suppression des défenses aériennes ennemies (SEAD), largement dégarnis en France depuis la retraite, à la fin des années 90, des missiles antiradars Martel.

Le retour de la masse passe aussi par une politique volontariste de reconstitution de stocks de munitions, estime le rapport du Sénat. Ce dernier appelle à “combiner les anciens et nouveaux équipements, plutôt que d’éliminer systématiquement les anciennes capacités au profit des nouvelles”. Un travail sur les normes est aussi nécessaire pour vérifier qu’elles “sont en adéquation avec la réalité du cycle de vie des munitions et, le cas échéant, des contraintes de la haute intensité”. En clair, certaines munitions, dont la date d’expiration est théoriquement dépassée, peuvent très bien être encore tout à fait fonctionnelles.

Stopper l’opération Sentinelle

Le rapport appelle enfin à relever le niveau de préparation opérationnelle des armées, notoirement insuffisant. Avec une proposition inspirée de celle de la Cour des comptes: arrêter l’opération Sentinelle, qui engage encore environ 10% des 77.000 militaires la force opérationnelle terrestre (FOT).