Un cadre historique d’al-Qaïda au Maghreb islamique a été tué lors d’une opération française au Mali

Un cadre historique d’al-Qaïda au Maghreb islamique a été tué lors d’une opération française au Mali

 

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Ainsi, dans la nuit du 25 au 26 février, l’une d’elles a visé Yahia Djouadi [alias Abou Ammar al-Jazairi], un cadre historique d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] qui s’était replié à environ 100 km au nord de Tombouctou.

« Après l’avoir localisé dans une zone connue pour être un refuge des groupes appartenant à AQMI et au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM/RVIM], puis formellement identifié, il a été neutralisé par une intervention au sol, appuyée par un hélicoptère de reconnaissance et d’attaque Tigre et deux drones français », a indiqué l’État-major des armées [EMA], ce 7 mars.

Le délai entre cette opération et son annonce [plus d’une semaine] tient probablement au temps qu’il a fallu pour confirmer l’identité du chef d’AQMI ainsi éliminé.

Celui s’était engagé dans la mouvance jihadiste en 1994, en rejoingnant les rangs du Groupe islamique armé [GIA], dont sera issu le Groupe salafiste pour la prédication et le combat [GSPC]. Et après l’allégeance de cette organisation à al-Qaïda, en 2006, Yahia Djouadi sera promu chef militaire par Abdelmalek Droukdel [éliminé par une opération française en juin 2020, ndlr].

Pendant un temps, il avait été nommé « émir » pour le Sahara, à la place de Mokhtar Belmokhtar [présumé mort à la suite d’une frappe française], jugé trop « indépendant » par Droukdel. Il sera cependant remplacé plus tard par Nabil Abou Alqama. Puis il devint « émir » d’AQMI pour la Libye en 2015, avant d’être contraint de gagner le Mali, quatre ans plus tard, en tant que coordinateur financier du l’organisation.

« Il s’installe dans la zone de Tombouctou où il appuie la structuration et coordonne l’approvisionnement de matériels au profit du haut commandement du JNIM et d’AQMI. Il assure également un rôle de coordinateur financier et logistique pour le groupe », rappelle en effet l’EMA.

Pour ses activités terroristes, Yahia Djouadi avait été inscrit sur la liste des sanctions des Nations unies dès juillet 2008.

La mise hors d’état de nuire de cet « Un acteur historique de l’expansion d’al-Qaïda et du terrorisme jihadiste en Afrique de l’Ouest » est un « nouveau succès tactique significatif pour la force Barkhane qui reste déterminée à poursuivre le combat contre les groupes armés terroristes, avec ses alliés sahéliens, européens et nord-américains », souligne l’EMA.

Au niveau militaire, cette neutralisation a au moins deux conséquences : elle affaibli l’état-major d’AQMI, qui perd un cadre expérimenté tout en isolant davantage Iyad ag Ghali, le chef du JNIM, dont la branche sahélienne d’AQMI est une des composantes.

Pour rappel, l’un des objectifs prioritaires des forces spéciales françaises est de neutraliser Iyad ag Ghali.

« Clairement, aujourd’hui, c’est Iyad Ag Ghali qui est la priorité numéro une puisque c’est lui qui est à l’origine des attentats de Ouagadougou, c’est lui qui est à l’origine des poses d’IED [engins explosifs improvisés] par les groupes armés terroristes, c’est lui qui est à l’origine des prises d’otages. Et donc, pour nous, c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire à neutraliser s’il n’est pas possible de le capturer, dans les prochains mois », avait en effet confié le général Éric Vidaud, quelques semaines avant de quitter ses fonctions de commandant des opérations spéciales [COS], en juin 2021.

Par ailleurs, les Forces armées maliennes [FAMa] ont de nouveau subi une attaque meurtrière, le 5 mars, à Mondoro [centre du Mali], Un bilan officiel a fait état de 27 soldats tués et de 33 blessés, dont 21 grièvement. Les autorités maliennes ont assuré que les opérations de ratissage menées dans la foulée de l’assaut ont permis de « neutraliser » 47 terroristes, dont plusieurs chefs.

« Les FAMa n’ont pas demandé l’appui de Barkhane. Le camp de Mondoro se trouve dans une zone où il a été demandé à Barkhane de ne pas opérer, sans doute en raison de la présence de mercenaires du [groupe paramilitaire russe] Wagner », a indiqué une source militaire française à l’AFP. En outre, selon elle, les pertes subies par les forces maliennes seraient plus élevées et 21 véhicules, dont des blindés, auraient été récupérés par les jihadistes.

Quatre militaires français de l’escorte du chef d’état-major de la MINUSCA ont été arrêtés à l’aéroport de Bangui

Quatre militaires français de l’escorte du chef d’état-major de la MINUSCA ont été arrêtés à l’aéroport de Bangui


En mai 2021, l’interpellation de Rémy Quignolot, un ancien militaire français, fut mise en scène par les autorités centrafricaines, qui l’accablèrent de charges, allant de l’atteinte la sûreté de l’État au terrorisme en passant par l’espionnage et la de détention d’armes de guerre. « Nous déplorons l’instrumentalisation manifeste de cette arrestation et relevons que les informations personnelles de cette personne ont été immédiatement rendues publiques par le biais de réseaux de désinformation liés à la promotion d’intérêts bien identifiés qui sont habitués à viser la présence et l’action de la France en République centrafricaine », déplora alors le Quai d’Orsay.

Au moment des faits, un groupe d’experts des Nations unies venaient de dénoncer les actions du groupe paramilitaire russe Wagner, alors devenu devenu incontournable dans le pays, avec la bénédiction des autorités centrafricaines. Dans le même temps, une campagne de dénigrement de la France battait son plein, pour le grand profit de la Russie.

« Leur système de désinformation est très bien fait. Il alimente le recours aux mercenaires russes en Afrique. Le meilleur exemple en est donné par la République centrafricaine, où ce discours anti-Français a permis de légitimer une présence de mercenaires prédateurs russes au sommet de l’État avec un président Touadéra qui est aujourd’hui l’otage du groupe Wagner », résuma le président Macron, dans un entretien publié par le Journal du Dimanche, le 30 mai 2021.

En attendant, cela fera bientôt un an que Rémy Quignolot est prisonnier à Bangui. Qu’en sera-t-il des quatre militaires français qui ont été arrêté à l’aéroport de Bangui, le 21 février, alors qu’ils escortaient le général [français] Stéphane Marchenoir, le chef d’état-major de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique [MINUSCA]?

« L’équipe de protection rapprochée du général Marchenoir, chef d’état-major de la Force de la MINUSCA, composée de quatre militaires français, a été arrêtée cet après-midi à l’aéroport de Bangui », a en effet confirmé l’ambassade de France en Centrafrique, via un communiqué diffusé dans la soirée du 21 février.

Et d’expliquer que « ces quatre officiers de sécurité escortaient le chef d’état-major de la MINUSCA » pour embarquer à bord d’un vol d’Air France « avec leur équipement professionnel ».

 

Et, comme ce fut le cas pour Rémy Quignolot, leur arrestation a été instrumentalisée via les réseaux sociaux, certains comptes non sans influence ayant accusé ces militaires français d’avoir voulu « assassiner » le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, l’avion de celui-ci devant atterrir à Bangui peu avant le départ du vol d’Air France.

« Sans raisons particulières, ils ont été arrêtés par la gendarmerie centrafricaine alors qu’ils se trouvaient près de l’aéroport et des accusations relatives à une tentative d’attentat ont été portées via les réseaux sociaux », a expliqué une source militaire française à l’AFP.

En tout cas, l’ambassade a dit « regretter vivement cet incident » et « condamner son instrumentalisation immédiate sur certains réseaux malveillants et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu ».

« La MINUSCA regrette cet incident et condamne vivement son instrumentalisation sur les réseaux sociaux, dans une tentative de manipulation de l’opinion publique. Elle rejette catégoriquement les accusations d’atteinte à la sureté de l’État. Dans le cadre de leur dialogue permanent, le leadership de la MINUSCA est en contact avec les plus hautes autorités centrafricaines pour trouver une issue dans les meilleurs délais », a commenté la mission de l’ONU, via un communiqué.

Cet incident est survenu alors qu’un rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, évoqué par RFI, met de nouveau en cause le groupe Wagner ainsi que le recrutement d’anciens membres des milices anti-balaka par les Forces armées centrafricaines [FACa], sur lesquelles les mercenaires russes ont la mainmise, ainsi que le ciblage des communautés peules et musulmanes.

En outre, Yao Agbetse, l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine a récemment dénoncé l’interdiction faite aux enquêteurs de se rendre dans les zones minières où ont lieu les combats les plus violents. « Si on est empêchés d’accéder à des lieux ou des violations auraient été commises, cela peut laisser supposer que les entités qui procèdent ainsi ne veulent pas la manifestation de la vérité et cela est inacceptable », a-t-il fait valoir.

La Russie menace de réagir « militairement » si les États-Unis ne retirent par leurs troupes d’Europe de l’Est

La Russie menace de réagir « militairement » si les États-Unis ne retirent par leurs troupes d’Europe de l’Est

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Si certaines unités russes sont supposée avoir quitté la Crimée après la fin des exercices qu’elles venaient de réaliser, d’autres seraient arrivées dans les environs de l’Ukraine, réduisant ainsi tout espoir de « désescalade ». Ainsi, selon un responsable américain, Moscou aurait déployé environ 7000 militaires de plus à proximité de la frontière ukrainienne.

« Les Russes ont annoncé qu’ils retiraient des troupes de la frontière avec l’Ukraine […]. Nous savons maintenant que c’est faux. En réalité nous avons désormais confirmé que ces derniers jours la Russie a augmenté sa présence le long de la frontière ukrainienne de jusqu’à 7000 militaires dont certains arrivés aujourd’hui », a confié ce responsable à la presse, le 16 février.

En outre, dans le cadre des manœuvres conjointes qu’elle mène en Biélorussie, l’armée russe s’est exercée à poser à un pont flottant de type PMP-P [Pomtommo Mostovoy Park] sur la rivière Pripiat, au niveau de la Réserve radioécologique d’État de Polésie, créée en 1988 à la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl [Ukraine].

 

C’est en effet ce qu’a permis de constater l’imagerie satellitaire, fournie par la société Maxar. En outre, et selon des images diffusées via les réseaux sociaux, l’armée russe aurait également déployé le système de pose de pont mécanisé lourd TMM-3 en Biélorussie.

Évidemment, le choix du secteur où ce pont flottant a été posé interroge, d’autant plus que d’autres parties de la rivière Pripiat aurait pu convenir pour un tel exercice, qui plus est sans avoir à exposer les sapeurs à la radioactivité libérée lors de la catastrophe de Tchernobyl.

 

Cela étant, c’est dans la région du Donbass [sud-est de l’Ukraine] que la situation s’est brusquement détériorée, avec des violations qualifiées « d’inhabituelles » du cessez-le-feu entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes pro-russes des républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk.

Dans un communiqué publié ce 17 février, les forces ukrainiennes ont accusé les séparatistes de la région de Louhansk d’avoir bombardé la localité de Stanytsia Luhanska. Une école maternelle a été endommagée. Selon Kiev, trois personnes auraient été blessées.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a dénoncé des « bombardements provocateurs ». Et son ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a appelé « tous les partenaires de l’Ukraine à condamner rapidement cette grave violation des accords de Minsk par la Russie dans un contexte sécuritaire déjà tendu ».

De leur côté, les séparatistes de Louhansk ont livré une autre version, soulignant que la « situation sur la ligne du front s’est dégradée au cours des dernières 24 heures ». Et d’accuser Kiev d’ »essayer de pousser le conflit vers une escalade ». À Moscou, on ne dit pas autre chose.

« Nous avons à maintes reprises prévenu qu’une concentration exagérée des forces armées ukrainiennes à proximité immédiate de la ligne de contact ajoutée à d’éventuelles provocations pourrait constituer un danger terrible. Nous voyons maintenant que d’épouvantables provocations sont en cours », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, selon qui les « premières frappes sont venues du côté ukrainien ».

Pour les Occidentaux, la version développée par Moscou peine à convaincre. « Nous n’avons aucune certitude sur les incidents, mais nous avons vu des tentatives de mise en scène d’un prétexte pour justifier une invasion de l’Ukraine et bien sûr c’est une préoccupation », a commenté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. « Il y a pas mal d’officiers russes au Donbass et ils peuvent fomenter un prétexte? […] Nous suivons de près ce qui se passe et nous continuerons à exposer les plans et les actions de désinformation de la Russie pour lui compliquer la tâche et rendre plus difficile une invasion », a-t-il ajouté.

À Washington, le président américain, Joe Biden, a mis en garde contre une opération sous fausse bannière devant servir à la Russie de prétexte pour envahir l’Ukraine. Une estimation partagée par Boris Johnson, le Premier ministre britannique.

Cela étant, cette situation est liée aux exigences que la Russie entend obtenir de l’Otan et des États-Unis au sujet de sa sécurité. Et elle veut notamment l’arrêt de l’élargissement de l’Alliance atlantique [et en particulier en direction de l’Ukraine et la Géorgie] ainsi que le retour à la situation qui prévalait en 1997, c’est au moment de la signature de l’Acte fondateur censé régir ses relations avec les Alliés.

Recevant son homologue italien, Luigi Di Maio. ce 17 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’en est pris à l’Otan en des termes vifs.

« L’Otan adopte une position arrogante et provocatrice en menant une politique de la porte ouverte qui pousse les pays neutres à rejoindre l’Alliance », a-t-il en effet déclaré. « Cette position est arrogante et provocatrice parce qu’elle est conçue pour pousser les pays neutres à frapper à leur porte très ouverte », a-t-il insisté.

En outre, M. Lavrov, qui, il y a peine trois jours, estimait qu’une solution diplomatique était encore possible, a déploré le fait que l’Otan a « rejeté la demande » de Moscou « d’appliquer principe de l’indivisibilité de la sécurité [en Europe] après de longues tentatives d’esquiver toute discussion ».

« L’Otan a dit qu’il était hors de question [de l’appliquer] parce que les garanties légales de sécurité ne peuvent être données qu’au sein de l’Otan et non ailleurs », a expliqué le ministre russe.

Quoi qu’il en soit, dans sa réponse aux propositions américaines, Moscou n’entend rien céder. « En l’absence de disposition de la partie américaine à s’entendre sur des garanties juridiques fermes pour notre sécurité […] la Russie sera forcée de réagir, notamment par la mise en oeuvre de mesures à caractère militaire et technique », a prévenu la diplomatie russe, rappelant qu’elle veut le « retrait de toutes les forces et armements des États-Unis déployés en Europe centrale et orientale, en Europe du Sud-Est et dans les pays baltes » et qu’elle attend aussi des propositions des Alliés au sujet de leur « renoncement à tout élargissement futur de l’Otan ».

Quelle nouvelle géographie militaire française et européenne au Sahel et en Afrique de l’ouest?

Quelle nouvelle géographie militaire française et européenne au Sahel et en Afrique de l’ouest?

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Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 17 février 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Suite aux annonces du président Macron (lire mon post précédent), l’EMA a apporté quelques précisions sur le redéploiement régional des forces françaises au Sahel et en Afrique de l’ouest. 

Pour l’instant, on parle toujours de Barkhane. Le nom évoluera peut-être…

L’esprit final de la transformation.
Il ne s’agit ni d’une déroute ni d’une défaite tactique pour l’armée française, insiste bien l’EMA. A terme, les forces françaises du Sahel n’auront plus vocation à agir contre les GAT sauf à frapper les « têtes » des groupes terroristes.

La réarticulation.
C’est une manoeuvre complexe qui s’inscrit dans le cadre d’un processus coordonné avec les partenaires africains et européens. Pendant cette manoeuvre, les opérations contre les GAT se poursuivront de façon à sécuriser la partie terrestre de l’opération de désengagement. Toujours pendant cette manoeuvre, le dialogue se poursuivra avec les FAMA « dans une perspective de déconfliction ».
Elle devrait prendre de 4 à 6 mois, mais une forte contrainte climatique (saison des pluies à partir de mai) pourrait perturber la manoeuvre.

En termes d’effectifs.
Actuellement, en BSS sont localisés 4600 soldats français dont 2400 sont au Mali.  A échéance, les effectifs seront entre 2500 et 3000 hommes.
Les « unités retirées ne vont pas être redéployées », selon l’EMA; ce qui signifie que près de 1500 à 2000 militaires tricolores pourraient quitter le théâtre et regagner la France. Le reste sera déployé au Tchad et au Niger (« pas de commentaires » de l’EMA sur le Burkina Faso mais les FS de Sabre s’y maintiendront).  Par ailleurs, les forces françaises du Sénégal, du Gabon et de Côte d’Ivoire poursuivront leurs missions, en particulier l’appui et l’accompagnement aux forces locales. 

Et Takuba?
Takuba répond à des besoins spécifiques des militaires maliens qui ne sont/seront pas ceux des autres pays sahéliens et du golfe de Guinée.
Par ailleurs, l’engagement des pays contributeurs dépend de mandats nationaux spécifiques, avec un engagement spécifique et unique valant pour le Mali. Ces mandats ne peuvent pas être transposés tels quels hors du Mali. Il va donc y avoir une phase de redéfinition politique nationale pour savoir si les pays contributeurs resteront prêts à poursuivre leur mission au profit de nouveaux partenaires.

La France et ses partenaires annoncent leur retrait militaire du Mali

La France et ses partenaires annoncent leur retrait militaire du Mali

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Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 17 février 2022

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La France et ses partenaires ont décidé de quitter le Mali. Le président Macron vient de l’annoncer lors d’une conférence de presse conjointe avec des présidents africains et des représentants européens dont Charles Michel qui a dénoncé le « venin du terrorisme« .

Avant la conférence de presse, une déclaration conjointe signée par 25 pays et organisations partenaires a annoncé que « en raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les états Européens opérant aux côtés de l’opération (française) Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations. »
« En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les Etats européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », est-il aussi écrit dans cette déclaration.
Paris et ses partenaires souhaitent toutefois « rester engagés dans la région » sahélienne et « étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest » pour contenir la menace jihadiste. Les « paramètres » de cette réorganisation seront arrêtés « d’ici juin 2022 ».

Lors de la conférence de presse, Emmanuel Macron, qui « récuse complètement » la notion d’échec français au Mali, a précisé que l’action de la France et de ses partenaires va désormais s’orienter dans quatre directions:
– impliquer les pays du golfe de Guinée dans la lutte contre le terrorisme, ce dont se sont félicités les responsables ouest-africains présents
– mettre les populations civiles au cœur de la stratégie
– faire évoluer les modalités de la présence militaire  et accélérer la transformation en réduisant l’empreinte
– cesser d’être impliqués aux côtés d’autorités (« la junte » du Mali qui fait « appel à des mercenaires ») qui ne le souhaitent pas. 

C’est pourquoi la France (dont le Président a rappelé le « rôle fédérateur » et qui reste prête à jouer le rôle de nation-cadre) et ses alliés européens vont quitter les emprises maliennes de Gossi, Gao et Ménaka, en relation avec les forces maliennes et la Minusma (« Durant cette période, nous maintiendrons nos missions de soutien au profit de la Minusma », a précisé le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse).

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Des forces de Takuba seront repositionnées dans le nord du Niger. Le Président, en revanche, n’a rien précisé en ce qui concerne la sortie des forces françaises puis le futur dispositif de Barkhane (l’EMA pourrait le préciser ce matin, lors d’un point presse). Le retrait français et européen vers le Niger et la sous-région du golfe de Guinée pourrait prendre 4 à 6 mois (d’ici juin). L’avenir de l’EUTM n’a pas été détaillé non plus.

Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France, a très vite réagi :

« Cette décision est un terrible aveu d’échec de la politique menée par la France au Sahel depuis près de dix ans. Barkhane se retire sans que les raisons qui l’ont amenées au Sahel n’aient été véritablement réglées : l’insécurité n’a fait que progresser, l’instabilité politique n’a fait que s’aggraver et le rejet de la politique française dans la région est massif. A l’heure actuelle 2,1 millions de personnes ont fui les violences et 13 millions de Sahélien.n.e.s ont besoin d’aide humanitaire. »
« Comment expliquer une telle situation, autant de vies perdues de soldats des différentes armées engagées dans ce conflit, malgré les milliards dépensés ? Nous sommes nombreux depuis des années à appeler à une réorientation des stratégies dans la région, alertant sur l’impossibilité pour les structures militaires seules de répondre aux causes profondes des conflits sahéliens qui sont avant tout liés à des enjeux de gouvernance, d’inégalités marquées et de défiance profonde des populations face à leurs autorités. Notre pays, s’il a sincèrement voulu aider le Sahel, a aussi pêché par manque d’humilité et une approche ressentie à travers la région comme paternaliste et souvent incohérente, refusant souvent d’entendre les sociétés civiles de ces pays« .
« Il est désormais urgent de tirer les leçons de cet échec. Nous le devons aussi à la mémoire des 58 militaires morts depuis 2013 au Mali et dans les autres pays de la région. Il est temps d’avoir un débat sur notre politique au Sahel, débat qui a d’ailleurs cruellement manqué ces dernières années. Seul le lancement de l’opération Serval en 2013 a fait l’objet d’un vote. Cela fait donc 9 ans que le Parlement ne s’est pas prononcé sur notre intervention militaire au Sahel. Nous appelons à une remise à plat urgente et à ce que la prochaine présidente de la République ou le prochain président de la République s’engage à mener dès les premiers mois de son mandat une consultation inclusive avec le Parlement, les acteurs des diasporas sahéliennes en France, le monde de la recherche et les sociétés civiles du Sahel et de notre pays. Au risque sinon de répéter encore et toujours les mêmes erreurs. « 

M. Le Drian laisse entendre que la fin de la présence militaire française au Mali est proche

M. Le Drian laisse entendre que la fin de la présence militaire française au Mali est proche

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Il était à la manœuvre en tant que ministre de la Défense au moment du lancement de l’opération Barkhane, qui prit le relais de Serval, en août 2014. Désormais chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian a laissé entendre que la fin de celle-ci est désormais proche, alors qu’il était l’un des invités de l’émission « C à vous », de France5, le 14 février. Une fin rendue inéluctable au regard de l’évolution politique du Mali depuis août 2020.

Au Mali, « on a un double problème. On a d’abord un problème politique. Les autorités du Mali, aujourd’hui, c’est une junte de colonels. Cinq colonels qui ont pris le pouvoir il y a deux ans et qui disent : ‘il faut qu’on le garde encore pendant cinq ans’. Et c’est avec […] une junte de ce type qu’il faudrait qu’on travaille », alors qu’ils « dénient tout processus démocratique au sein de ce pays », a commencé par expliquer M. Le Drian.

Et de souligner que la junte a été « condamnée » par ses « voisins », en particulier ceux de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao], laquelle a imposé des sanctions sévères à Bamako [avec le soutien, par ailleurs, de la France]. « C’est la junte qui s’isole, c’est la junte qui perd, c’est la junte qui est faillie et qui devra assumer la suite », a martelé le chef du Quai d’Orsay, dont des propos antérieurs avaient en partie motivé l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali par les autorités maliennes dites de transition, en janvier dernier.

L’autre problème évoqué par M. Le Drian est d’ordre militaire, la force Barkhane n’ayant visiblement plus tout la latitude nécessaire pour combattre les groupes armés terroriste [GAT], qui est sa raison d’être.

« Progressivement, on met des entraves à notre capacité opérationnelle, on renvoie des Européens avec lesquels il y avait des accords dûment écrits [en l’occurrence, le contingent danois qui avait été engagé dans la force européenne Takuba, ndlr], on demande de modifier le traité qui nous unit au Mali pour assurer notre fonctionnement militaire. Et puis, en plus, [le groupe paramilitaire] Wagner arrive [avec] maintenant un millier de mercenaires russes, qui ont pour objectif affiché de protéger la junte et qui se sont payer, comme de bons mercenaires », a détaillé le ministre.

Aussi, a-t-il poursuivi, « dans ces conditions là, il est difficile de continuer […]. Et donc le président de la République a souhaité que l’on se réorganise » pour continuer le « combat contre le terrorisme ».

Sur ce point, M. Macron avait déjà annoncé une évolution du dispositif militaire français au Sahel, avec le retrait de trois bases situées dans le nord du Mali [celles de Tombouctou, Kidal et Tessalit, ndlr]. Ce qui a d’ailleurs servi de prétexte aux autorités maliennes pour se tourner vers la Russie et solliciter les services de Wagner.

« Donc, si les conditions ne sont plus réunies, ce qui est manifestement le cas, pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera de combattre le terrorisme à côté, avec les pays du Sahel qui sont, eux, tout à fait demandeurs », a insisté M. Le Drian.

Quoi qu’il en soit, l’annonce de la fin de la présence militaire française au Mali [ainsi que celle de la force européenne Takuba] serait imminente, probablement pour prendre de court la junte malienne, qui a déjà fait savoir qu’elle n’hésitera pas à demander le retrait des forces françaises si elle le juge nécessaire.

Selon Reuters, qui cite trois sources diplomatiques, le retrait français du Mali pourrait être annoncé d’ici la fin de cette semaine. L’agence de presse a également évoqué l’existence d’un document qui, envoyé aux pays impliqués au Mali, précise que « la France et ses partenaires de la Force Takuba étaient convenus de coordonner le retrait de leurs ressources militaires du territoire malien ».

À noter que le Premier ministre, Jean Castex, a promis un débat sur la base de l’article 50-1 de la Constitution. En attendant qu’il ait lieu, le Sénat a auditionné la ministre des Armées, Florence Parly et en fera de même avec M. Le Drian, le 16 février.

Photo : EMA

La force Barkhane a « neutralisé » 40 jihadistes impliqués dans des attaques au Bénin

La force Barkhane a « neutralisé » 40 jihadistes impliqués dans des attaques au Bénin

 

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« Ces attaques […] ont entraîné au total, la mort de quatre Rangers béninois d’African Parks et de deux chauffeurs d’African Parks [dont les noms seront annoncés une fois que tous les proches auront été avisés], de l’Instructeur Responsable de l’application de la loi d’African Parks et d’un soldat des Forces Armées Béninoises, ainsi que l’hospitalisation de douze blessés », a précisé l’ONG, via un communiqué publié le 11 février.

Pour rappel, l’instructeur évoqué dans le texte était un ancien sous-officier du 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], âgé de 50 ans. Cela a motivé l’ouverture une enquête par le Parquet national antiterroriste [PNAT] pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste ». Les investigations ont été confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure [DGSI].

Cela étant, quelques heures après ces trois attaques, la force française Barkhane a été sollicités par les autorités béninoises et burkinabè afin de localiser leurs auteurs. Des capacités aériennes de renseignement ont ainsi été mobilisées, a indiqué, ce 12 février, l’État-major des armées [EMA].

C’est ainsi que, le 10 février, le groupe suspect a été repéré alors qu’il se trouvait encore près de la zone où les attaques venaient de se produire. Puis, s’étant déplacé au Burkina Faso, et « en accord et en coordination permanente avec les autorités burkinabè », souligne l’EMA, un drone MQ-9 Reaper a procédé à une frappe contre une première colonne terroristes, neutralisant ainsi une dizaine de jihadistes [ainsi que cinq motos].

Puis, peu après, une patrouille de Mirage 2000 a été engagée pour effectuer trois autres frappes contre des « regroupements terroristes à proximité » du lieu où la première avait été réalisée par le MQ-9 Reaper. « Au cours de cette action, plus d’une trentaine de terroristes ont été neutralisés, un pick-up et plus d’une dizaine de motos ont été détruits », a indiqué l’EMA.

Il est probable que le groupe terroriste mis hors de combat par Barkhane appartienne au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM, lié à al-Qaïda], et plus précisément à la katiba Macina, active dans le parc national du W.

Ces frappes aériennes ont été effectués deux jours après une opération menée par Barkhane dans le nord du Burkina Faso. Opération au cours de laquelle une dizaine de jihadistes du groupe Ansarul Islam ont été neutralisés, après de « violents combats » ayant impliqué des commandos français.

Barkhane : Des commandos français pris à partie par une dizaine de jihadistes au Burkina Faso


Le 14 novembre 2021, au moins 300 jihadistes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda] et à Ansarul Islam lancèrent une attaque contre le poste de gendarmerie d’Inata, situé dans la province du Soum, au nord du Burkina Faso. Rapidement submergés par les assaillants, les gendarmes burkinabè subirent de lourdes pertes, le bilan établi à l’issue des combats ayant fait état de 53 tués et d’au moins 20 disparus dans leurs rangs.

Cette attaque suscita une vive émotion au Burkina Faso, qui ne fut pas étrangère aux difficultés qu’éprouva un convoi de la force français Barkhane lors de sa traversée du pays pour se rendre à Gao [Mali]. Et probablement qu’elle fut également l’élément déclencheur du coup d’État formenté par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui vient par ailleurs d’être déclaré président par le Conseil constitutionnel burkinabè.

Quoi qu’il en soit, après l’affaire d’Inata, les jihadistes multiplièrent les attaques contre les forces burkinabè et les Volontaires pour les défense de la patrie [VDP], une organisation mise sur pied par Ouagadougou pour protéger, notamment, les civils. Mais pas seulement. Le 18 janvier, quatre militaires français en mission de reconnaissance à l’aéroport de Ouahigouya, furent blessés par un engin explosif improvisé [EEI ou IED].

L’attaque de Ouahigouya eut lieu alors que la force Barkhane et l’armée burkinabè menaient l’opération Laabingol, dans une région située plus à l’est et connue pour servir de refuge aux groupes armés terroristes [GAT]. Selon un bilan communiqué par l’État-major des armées [EMA], environ 60 jihadistes furent « neutralisés » durant cette action.

Mais la traque des jihadistes actifs dans cette zone n’était pas terminée pour autant. Ainsi, dans la nuit du 7 au 8 février, Barkhane a repéré un groupe d’une quinzaine de jihadistes appartenant à Ansarul Islam, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Ouahigouya.

L’EMA a décrit comme ce groupe comme ayant été « particulièrement actif depuis plusieurs mois », avec de « nombreuses attaques menées contre les populations civiles de la région de Ouahigouya et contre les forces partenaires, notamment par la pose d’engins explosifs improvisés sur les axes de circulation ». Et d’ajouter qu’il a été impliqué dans l’assaut contre le poste de gendarmerie d’Inata.

Après avoir repéré et identifié par différentes capacités de renseignement, ce groupe jihadiste a d’abord été visé par une frappe aérienne, effectué aux abords de son campement. Puis, avec l’appui d’un hélicoptère d’attaque, un groupe de commandos a été déposé au sol pour une reconnaissance des lieux.

Sauf que, dès le début de leur progression, les commandos français ont été pris à partie par une dizaine de jihadistes embusqués. L’EMA évoque de « violents combats », lesquels ont nécessité l’intervention de l’hélicoptère d’attaque.

À l’issue des combat, lors de la fouille du camp, les militaires français ont saisi une « quantité importante » d’armement, d’explosifs et de munitions… Et constaté la « neutralisation de dix terroristes », mais aussi les corps de quatre civils présents sur le campement, « au milieu » des jihadites. Ceux-ci, a expliqué l’EMA, ont « perdu la vie lors des échanges de tirs ». Et d’ajouter que « conformément aux règles », ils ont été « enterrés avec toute la dignité nécessaire ».

« La force Barkhane déplore la mort de 4 civils lors de cette opération. Elle reste résolument engagée dans le combat contre les terroristes, aux côtés de ses partenaires sahéliens et de ses alliés européens, pour protéger les populations », a conclu l’EMA.

Le Premier ministre malien insulte la Légion étrangère

 

 

Si le Mali n’a actuellement plus d’ambassadeur en France depuis février 2020, c’est parce que celui qui occupait cette fonction, Toumani Djimé Diallo à l’époque n’a pas été remplacé après son rappel à Bamako pour avoir tenu des propos offensants à l’égard de la Légion étrangère, lors d’une audition au Sénat.

« Je n’ai pas l’habitude de la langue de bois. Je vais vous parler franchement. Dans les forces [françaises], il y a les officiers, il y a l’armée normale mais il y a aussi la Légion étrangère. Et c’est là le problème. Je vous dis, en vous regardant droit dans les yeux, qu par moment, dans les ‘Pigalle’ de Bamako, vous les y retrouvez, tatoués sur tout le corps, en train de rendre une image qui n’est pas celle que nous connaissons de l’armée nationale du Mali. Alors, ça fait peur, ça intrigue et ça pose des questionnements », avait en effet affirmé le diplomate.

Sauf que, à Bamako, la présence militaire française se limitait alors à la « Représentation militaire Barkhane au Mali » [RMBM]… et que les légionnaires n’y ont jamais été déployés. Ce que l’֤État-major des armées [EMA] rappela après la déclaration de l’ambassadeur malien. « Ils n’ont pas vocation à y aller et n’ont ni quartier libre ni temps de repos hors des bases opérationnelles », avait-il insisté.

« Plutôt que de véhiculer et de propager de fausses accusations, nous attendons de l’ambassadeur du Mali qu’il mobilise toute son action pour la mise en oeuvre des décisions du sommet de Pau et la réussite de tous », avait réagi le cabinet de Florence Parly, la ministre des Armées, soulignant à son tour qu’il n’y avait « quasiment plus de soldats français stationnés à Bamako » depuis août 2014. Et d’insister : « Cette mise en cause est non seulement fausse mais inacceptable. Inacceptable et indécente quand la France s’est résolument engagée pour combattre les groupes terroristes qui menacent les populations du Sahel. »

À l’époque, et à l’issue du sommet de Pau, qui avait réuni la France et les pays du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger], il avait décidé de renforcer la présence militaire française dans la région dite des trois frontières, avec l’envoi d’unités du 2e Régiment Étranger de Parachutistes [REP], du 2e Régiment Étranger d’Infanterie, du 1er Régiment Étranger de Cavalerie [REC] et du 1er Régiment Étranger de Genie.

Depuis, la situation politique au Mali n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était alors, une junte ayant pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’État exécuté en deux temps. Et celle-ci ne nourrit pas les meilleurs sentiments qui soient à l’endroit de la France, le chef du gouvernement dit de transition, Choguel Kokalla Maïga, ayant multiplié les déclarations désobligeantes.

Comme encore le 7 février. Alors qu’il est reproché à la junte malienne d’avoir sollicité les services du groupe paramilitaire russe Wagner, M. Maïga a de nouveau reproché à la France d’avoir cherché la partition de son pays, lors d’une allocution prononcée devant des diplomates en poste à Bamako.

« Après [un] temps d’allégresse [en 2013, avec l’opération Serval], l’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali qui a [consisté dans] la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser pour revenir en force à partir de 2014 », a déclaré M. Maïga, en prenant quelques libertés avec les faits.

En outre, le Premier ministre de transition a implicitement demandé le départ forces françaises et européennes [celles du groupement de forces spéciales « Takuba », ndlr], après avoir accusé Paris de néo-colonalisme, pour avoir soutenu les sanctions prises par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao] à l’égard de Bamako.

« Les Américains n’ont-ils pas libéré la France? […] Quand les Français ont jugé que [la présence américaine en France] n’était plus nécessaire, ils ont dit aux Américains de partir, est-ce que les Américains se sont mis à insulter les Français? », a-t-il demandé. Sur ce point, la France a effectivement quitté le commandement militaire intégré de l’Otan en… 1966, ce qui s’était traduit par le départ des forces américaines. Pour autant, on ne peut pas dire que Washington ait épargné le général de Gaulle par la suite…

Puis M. Maïga s’en est pris à la force européenne Takuba, dont le nom « n’a pas été pris au hasard » puisqu’il signifie « sabre » en tamasheq. Et d’y voir, encore, la volonté de « diviser » le Mali.

Enfin, et pour répondre reproches faits à la junte au sujet de son appel à au groupe Wagner, le Premier ministre malien a terminé son propos par une critique du rappel à Bamako de Toumani Djimé Diallo, en soulignant qu’il avait été demandé par Paris « sur la base de simples déclarations […] sur le comportement peu orthodoxe de certains légionnaires français au Mali, j’allais dire mercenaires ».

Ainsi, non seulement M. Maïga a repris à son compte la déclaration de l’ancien ambassadeur du Mali en France au sujet du « comportement » de légionnaires qui n’ont jamais mis les pieds à Bamako tout en les assimilant à des mercenaires, ce qu’ils ne sont pas.

En effet, la Légion étrangère est un corps d’armée qui a son histoire, son drapeau et ses traditions. Ses actions sont revendiquées par la France et sont soumises au droit international [et à celui des conflits armés]. En clair, le légionnaire a un statut qui n’a rien à voir avec celui d’un mercenaire, qui n’a de compte à rendre qu’à son « employeur », lequel monnaye ses services au plus offrant. Le cas de Wagner est un peu différent, dans la mesure où ce groupe paramilitaire fait coïncider ses intérêts avec ceux de la Russie.

En tout cas, la présence de la Légion étrangère au Mali n’aura rien coûté aux finances publiques maliennes… Ce qui ne sera pas le cas de celle de Wagner, qui, a priori, facture son intervention 10 millons de dollars par mois.

« Détruire le terrorisme au Mali était une mission impossible »

« Détruire le terrorisme au Mali était une mission impossible »

Tribune

Comment expliquer les difficultés diplomatique et militaire française au Mali ? Pour le chercheur Serge Michaïlof, une série de maladresses et d’erreurs d’interprétation ont conduit à cette situation. Il pointe en particulier un « fétichisme » de la démocratie et une vision erronée de la lutte contre le terrorisme.


Par Serge Michaïlof* – La Croix – publié le 02/02/2022

https://www.la-croix.com/Debats/Detruire-terrorisme-Mali-etait-mission-impossible-2022-02-02-1201198182

* Chercheur associé à l’IRIS, ancien cadre de l’Agence française de développement (AFD)

 

 

Au Mali, notre fétichisme à l’égard d’une démocratie à bout de souffle a conduit notre diplomatie à ajouter une série de maladresses à l’erreur initiale commise par le président Hollande de transformer l’opération Serval, aux objectifs clairs et limités, en une opération Barkhane aux objectifs flous et inatteignables. Notre armée a brillamment arrêté le rezzou djihadiste qui aurait sans doute pu conquérir Bamako en 2013. Mais lui demander ensuite avec Barkhane de détruire le terrorisme au Mali était lui confier une mission impossible.

D’abord, on ne combat pas au Mali le « terrorisme » comme George W. Bush l’a fait, avec le succès qu’on lui connaît, en Afghanistan et en Irak. Le terrorisme est un mode d’action au service de buts politiques. Vouloir lui faire la guerre n’a pas de sens. Nous combattons au Sahel des ennemis multiples qui parfois utilisent le terrorisme comme mode d’action, mais qui ne dédaignent pas pour autant des actions armées typiques de la guérilla.

Business as usual

La mise en place de Barkhane a laissé croire au président Ibrahim Boubacar Keïta fraîchement élu que, les Français s’occupant des djihadistes, la démocratie à la malienne pouvait se poursuivre « business as usual ». L’une de ses premières décisions a été d’acheter un avion présidentiel, avec sans doute un bon dessous de table, sur le budget de la défense ! Nous aurions alors dû quitter le Mali pour faire revenir à la raison un président inconséquent.

Nous avons ensuite toléré une armée malienne profondément corrompue où quelques généraux faisaient fortune pendant que nos soldats se faisaient tuer. Nous n’avons pas compris que cette démocratie malienne était en phase terminale, car incapable de ramener la sécurité et la justice dans le pays. Tous les observateurs attendaient par conséquent le coup d’État, seul capable de dénouer la situation.

Au lieu de négocier avec le nouveau régime militaire notre soutien sur une base de realpolitik contre une transition acceptable à leurs yeux, nous nous sommes bruyamment associés aux condamnations de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Or la Cedeao est aussi un syndicat de chefs d’États soucieux de ne pas se faire renverser par un colonel. Nous n’avions pas à nous positionner en première ligne, car les interventions des institutions africaines ont alors paru instrumentalisées par la France. Nous avons bien accepté sans rien dire que le fils du président Deby succède à son père et que Bongo II soit élu dans des conditions bien suspectes…

Un coup d’État prévisible

Le deuxième coup d’État de 2021 était aussi prévisible, car faisant suite à une ridicule tentative du nouveau président de marginaliser les poids lourds de la junte, ce qui était irréaliste. En échange du maintien de notre soutien militaire, politique et financier, nous aurions très probablement pu exiger un « assainissement » de l’armée sur le plan de la corruption, du népotisme et du comportement vis-à-vis des droits humains, assainissement qui était alors dans l’intérêt du chef de la junte pour enfin obtenir des résultats sur le plan de la sécurité. Nous l’avons au contraire « cornérisé » et il est allé chercher les mercenaires russes de Wagner pour se protéger.

Attention maintenant à ne pas recommencer les mêmes erreurs avec le Burkina Faso, dont le nouveau chef d’État a fait l’effort de rédiger un très sérieux manuel de contre-insurrection, alors qu’il s’exaspérait à juste titre de l’incapacité du régime à faire face à l’insécurité grandissante. Faisons-lui confiance et tentons un deal avec lui. Sinon nous offrons un véritable boulevard aux Russes. Les recettes du pétrole à 80 dollars le baril leur permet en effet de financer l’armée malienne et donc de maintenir au pouvoir la junte le temps que les mines d’or prennent le relais pour payer les mercenaires du groupe Wagner.

Des sanctions qui vont toucher les plus pauvres

Les sanctions de la Cedeao vont en premier frapper la population malienne la plus pauvre. Une sortie du Mali de la zone franc est d’ailleurs à terme logique car, avec le blocage des réserves de la BCEAO et l’assèchement de la liquidité des banques, il faudra bientôt faire imprimer des billets à Moscou pour payer les fonctionnaires. Une telle sortie, si elle se concrétisait, se traduirait par des médicaments inabordables, par la faim, par l’asphyxie de financements vitaux. Déjà 13 ONG internationales ont tiré la sonnette d’alarme. Or la responsabilité de cet accroissement de misère nous sera attribuée. En effet, la junte manie avec intelligence l’arme nationaliste et les services du GRU russe inondent les réseaux sociaux d’Afrique de l’Ouest d’une propagande antifrançaise extrêmement efficace à laquelle nous semblons incapables de répondre.

Si nous poursuivons au Burkina et en Guinée une politique fondée sur le fétichisme de la démocratie qui se limite à des élections plus ou moins truquées tous les cinq ans, nous réussirons le tour de force d’offrir aux Russes la possibilité de couper en deux l’Uemoa, ce qui sur le plan géopolitique sera quand même un tour de force. Nous avons ignoré que la démocratie au Sahel ne devrait pas se résoudre à soutenir des filous et que, si l’enjeu est vraiment vital, on peut s’allier un moment même avec le diable putschiste. Ou comment transformer ce qui avait été l’opération courageuse, difficile et réussie que fut Serval en 2013, en une sorte de bérézina sahélienne à petite échelle, en se demandant maintenant comment sortir l’armée de ce piège. Quel gâchis !