Un général français à la tête de la mission de l’OTAN en Irak

Un général français à la tête de la mission de l’OTAN en Irak

Un général de division français a pris jeudi le commandement de la mission de l’OTAN en Irak, une mission un peu oubliée. Cette nomination illustre le partenariat stratégique entre Paris et Bagdad. Voir le communiqué de l’Otan ici.

Dans l’ultra-sécurisée zone verte abritant ambassades et institutions publiques dans le centre de Bagdad, une cérémonie de passation a été organisée sur une base militaire: le général de division Christophe Hintzy a pris la relève du lieutenant général Lucas Schreurs qui assurait pour les Pays-Bas le commandement annuel de la mission de l’Otan depuis mai 2024. « La France et l’Irak ont un long partenariat dans tous les domaines », a indiqué le général Hintzy. « Cette prise de commandement en Irak vient compléter notre partenariat stratégique avec nos amis irakiens. »

Cet officier général qui a commandé 12e régiment de cuirassiers, à Olivet, et est passé général de division le 1er janvier 2025, a été de 2022 à 2024 le représentant de la France auprès du Centcom, Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. Il a rappelé que l’OTAN est en Irak pour une mission « d’assistance, de conseil, de construction capacitaire, de façon à ce que l’armée irakienne soit en mesure de faire face au terrorisme (…) mais également d’assurer la stabilité et la sécurité du pays ».

La passation intervient au moment où l’Irak entend aussi amorcer dès septembre un retrait graduel de la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington, et qui épaule les forces irakiennes dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Le Haut-commissariat au Plan avance des pistes pour porter le budget des Armées à 3,5 % du PIB d’ici 2030

Le Haut-commissariat au Plan avance des pistes pour porter le budget des Armées à 3,5 % du PIB d’ici 2030


Malgré une hausse continue de ses crédits depuis 2018, le ministère des Armées manque de marges de manœuvre budgétaires pour accompagner sa remontée en puissance. Tel est en effet le constat établi par deux récents rapports publiés par la Cour des comptes et la commission sénatoriale des Finances.

Ainsi, l’un et l’autre ont mis en garde contre le niveau trop élevé du report des charges, lequel a atteint le niveau record de 8 milliards d’euros lors de l’exercice 2024. Pour rappel, il s’agit d’une astuce comptable consistant à ne payer les factures que l’année suivante, des intérêts moratoires étant versés aux industriels en compensation.

« Alors que le stock de report de charges de 2022 vers 2023 était de 3,88 milliards d’euros, il s’établirait à environ 8,02 milliards d’euros de 2024 vers 2025. Il a ainsi plus que doublé en deux ans », a ainsi relevé le sénateur Dominique de Legge, dans son rapport rendu au nom de la commission des Finances.

Pour la Cour des comptes, cette « augmentation du report de charges en 2024 » va « bien au-delà de l’objectif fixé au ministère ». Et d’ajouter : « La révision de la trajectoire de report de charges en fin de période sous programmation, interrogent sur la capacité du ministère à en maîtriser le retour à un niveau raisonnable d’ici à 2030 ».

Un autre point d’attention sont les « restes à payer », c’est-à-dire les autorisations d’engagements [AE] non encore couvertes par des crédits de paiement [CP]. Leur niveau est « en très forte augmentation depuis 2019 » note la Cour des comptes, qui précise qu’il s’est élevé à 100 milliards d’euros à la fin de l’exercice 2024 [soit + 2,9 % par rapport 2023].

Or, comme le souligne M. de Legge, « près de 90 % des crédits de paiement prévus en 2025, hors dépenses de personnel, seront ainsi destinés à apurer ce stock, qui continue par ailleurs d’être alimenté par l’engagement d’AE. »

Aussi, les magistrats de la rue Cambon font valoir que, malgré la hausse significative du budget des Armées et l’évolution « très favorable » de la « moindre évolution des coûts de facteurs » [prix du carburant, par exemple], la « nouvelle dégradation des ratios de report de charges et de restes à payer fait peser un risque significatif sur la soutenabilité des dépenses de la mission Défense ».

« Le ministère et le gouvernement, se doivent désormais d’y mettre impérativement de l’ordre, soit en parvenant à couvrir par des ressources additionnelles ses besoins financiers non programmés, soit en faisant des choix capacitaires pour se ramener plus étroitement à la trajectoire financière planifiée par la Loi de programmation militaire », estime la Cour des comptes.

D’autant plus que, la semaine passée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a fait savoir que la France allait souscrire à l’objectif de l’Otan visant à porter les dépenses militaires à 5 % du PIB d’ici 2032.

« L’objectif de 3,5% est le bon montant pour les dépenses de base en matière de défense. Mais cela s’accompagne de dépenses qui vont concourir à l’augmentation de notre capacité de défense, qui ne sont pas des dépenses de défense directes, mais qui doivent être réalisées », comme la cybersécurité ou la mobilité militaire, a expliqué M. Barrot.

Pour rappel, il faut remonter au début des années 1960 pour retrouver un tel niveau de dépenses militaires en France.

Cependant, malgré les plans d’économies, les « réformes » et les promesses faites par les gouvernements successifs à la Commission européenne, les finances publiques continuent de se dégrader, avec une dette publique ayant dépassé les 3 300 milliards d’euros [113 % du PIB] et un déficit public s’étant établi 169,6 milliards d’euros en 2024 [soit 5,8 % du PIB]. Dans ces conditions, comment porter les dépenses militaires, au sens large, à 5 % du PIB, alors que d’autres priorités doivent aussi être financées ?

Le Haut-commissariat au Plan a tenté de répondre à cette question dans une note « flash » qu’il vient de publier. Selon lui, il n’existe que quatre leviers pour financer un tel effort, à savoir : la maîtrise des dépenses publiques, avec des « réduction inédites » dans certains domaines [social, fonction publique, etc.], une « hausse majeure des prélèvements obligatoires », alors que leur niveau, selon l’INSEE, est déjà de 42,8 % [hors cotisations sociales imputées], une « croissance du taux d’emploi », ce qui paraît compliqué à court terme, sauf à prendre des mesures radicales, et le « recours à un financement européen, via un endettement commun », ce qui pose des problèmes politiques et juridiques.

Selon cette note, « financer l’effort en ne recourant qu’à un seul levier – que ce soit la maîtrise de dépenses, des hausses d’impôts ou des réformes visant à accroître le taux d’emploi et grâce à cela les recettes publiques – semble peu crédible tant l’ampleur et la vitesse dans l’usage de chacun d’eux serait conséquente et inédite ». Aussi, « il apparaît donc indispensable de combiner plusieurs leviers, qui relèvent d’un choix politique essentiel », estime-t-elle.

Sans surprise, quand on connaît ses engagements pro-européens, le Haut-commissaire au Plan, Clément Beaune, pense que « la clé du problème » passe par l’Union européenne [UE], tant sur le plan financier qu’industriel.

« Au-delà du projet ‘ReArm Europe’, des solutions plus radicales doivent être envisagées. Un emprunt européen, permettant non seulement des financements communs mais aussi des acquisitions et des programmes industriels conjoints, est une idée qui progresse. Un montant proche de 500 milliards d’euros […] serait près de deux fois inférieur à l’effort consenti pendant la crise du Covid et faciliterait grandement les efforts nationaux, le niveau d’endettement global de l’Union européenne restant modéré », écrit M. Beaune dans son « éditorial ».

S’agissant de l’aspect industriel, le Haut-commissaire au Plan plaide pour une DGA [Direction générale de l’armement] européenne, laquelle serait créée à partir de l’Agence européenne de défense [AED], « sous le contrôle des États ». Une telle structure permettrait « de définir et d’acquérir en commun de nouveaux équipements » à des industriels européens.

« De la prescription à la production, c’est un modèle européen qu’il faut inventer : les erreurs commises dans le secteur spatial notamment, avec un ‘retour géographique’ inefficace, doivent inciter à bâtir un autre schéma, reposant sans doute, en aval, sur une spécialisation industrielle nationale plus assumée », conclut M. Beaune sur ce point.

POLARIS : les forces en présence

POLARIS : les forces en présence

Par Vincent Groizeleau – Mer et Marien publié le 13/05/2025

La troisième édition de l’exercice majeur de préparation opérationnelle de la Marine nationale a débuté le lundi 12 mai. D’ici le 15 juin, POLARIS 25 va mobiliser, en Atlantique et en Manche, quelques 3000 militaires français et alliés, une grosse vingtaine de bâtiments de surface, des moyens sous-marins et 40 aéronefs. Avec cette année une forte dimension amphibie.

Entrainer les forces aux combats de haute intensité dans tous les milieux et face à tous les types de menaces, au travers de scénarios complexes inspirés de conflits récents, tout en mobilisant d’importants moyens et des innovations pour un réalisme maximal : c’est l’objectif de POLARIS, une nouvelle génération d’entrainement de grande ampleur imaginée par la flotte française pour préparer ses unités aux engagements armés d’aujourd’hui. Le nom de cet exercice est issu de l’acronyme « Préparation Opérationnelle en Lutte Aéromaritime Résilience, Innovation et Supériorité ». 

Initié en 2021 et organisé tous les deux ans, cet exercice, après deux éditions en Méditerranée, se déroule pour la première fois cette année autour de la façade atlantique. En plus de la France, neuf autres nations alliées participent à ces manœuvres : l’Allemagne, le Brésil, l’Espagne, les États-Unis, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni et la Suède. S’y ajoute l’une des forces navales permanentes de l’OTAN en Europe du Nord, le Standing Nato Maritime Group One (SNMG1). « L’exercice poursuit une logique de combat depuis les bases navales jusqu’à la haute mer, dans les conditions du réel. Le scénario permettra de se préparer aux spécificités du combat moderne, multimilieux et multichamps (c’est-à-dire alliant les aspects terrestre, maritime, aérien, cyber, les fonds marins, le cyberespace, l’espace, la guerre électronique ou encore le champ informationnel). Cette première édition en Atlantique se distinguera par sa durée et sa complexité. Objectifs : stimuler l’inventivité et la combativité des militaires et accroître leur résilience en durcissant leur préparation face aux défis d’aujourd’hui », explique le ministère français des Armées. Alors que deux flottes s’affronteront au large de la Bretagne, une grande liberté d’action sera laissée aux unités et il n’y aura pas de seconde chance. Comme dans la réalité, si un bateau est coulé, le jeu sera terminé pour lui. 

Le scenario portera sur une tentative de prise de contrôle d’un territoire allié par plusieurs pays hostiles. Dans la première phase de Polaris, du 12 au 26 mai, les « rouges » lanceront des actions hybrides offensives, notamment depuis la mer, contre des emprises militaires, avec un enjeu, pour le pays allié, de défendre ses bases navales et leurs approches, en l’occurrence celles de Brest et Cherbourg.   

 

 

La deuxième phase, du 27 mai au 15 juin, sera axée sur le combat aéromaritime, des forces navales rouges de premier rang (bâtiments de surface et sous-marin) se positionnant au large des côtes bretonnes, depuis le golfe de Gascogne et la Manche. Suivant le scénario, la France prend la tête d’une force internationale, avec pour objectif de débarquer des unités terrestres et aéromobiles au sud de la Bretagne afin d’appuyer le pays allié et contrer son invasion. Constitué en Atlantique, le groupe naval bleu sera articulé autour de cinq grands bâtiments de projection (dont deux porte-hélicoptères amphibies et deux transports de chalands de débarquement). Avant de projeter chars et soldats sur les plages bretonnes, probablement sur les côtes morbihannaises (une démonstration d’opération amphibie étant prévue préalablement au sud-ouest de l’Angleterre), la force bleue devra combattre les unités navales rouges pour gagner la maîtrise de l’espace aéromaritime, indispensable pour conduire une opération de débarquement. 

Les moyens engagés par la Marine nationale

Concernant les unités engagées dans POLARIS, pour la première fois, le porte-avions Charles de Gaulle, rentré récemment à Toulon après son déploiement dans la région Indopacifique, ne sera pas de la partie. Ce sera en revanche le cas du groupe aérien embarqué, avec des avions de combat Rafale Marine et un ou plusieurs avions radars Hawkeye, l’aéronautique navale française participant également avec des avions de patrouille maritime Atlantique 2, ainsi que des hélicoptères Caïman Marine et Dauphin embarqués sur différents bâtiments. 

 

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© Mer Et Marine
Rafale Marine. 

 

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© Marine Nationale
Hawkeye. 

 

© Marine Nationale – Jean-Philippe Pons
Atlantique 2. 

 

© Marine Nationale
Caïman Marine survolant deux FREMM. 

 

© Marine Nationale – Charles Wassilieff
Hélicoptère Dauphin à bord d’un PHA. 

 

Les deux principaux bâtiments de la Marine nationale mobilisés pour cet exercice sont les porte-hélicoptères amphibies (PHA) Tonnerre et Dixmude avec leur batellerie, le premier ayant d’ailleurs participé en mars à un premier exercice d’opération amphibie « augmentée » grâce à l’emploi de différents types de drones. Un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), ainsi que trois frégates multi-missions (FREMM), dont une au sein du SNMG1, participent également, de même que la frégate légère furtive (FLF) Aconit, un patrouilleur de haute mer (PHM), le bâtiment d’expérimentation de guerre des mines (BEGM) Thétis, un bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain (BSAM) et un bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA). S’y ajoutent des moyens de la Force des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) pour la première phase de l’exercice (actions hybrides) et deux sections de fusiliers-marins qui seront embarquées pour la seconde phase. La chaîne sémaphorique, les bases navales de Brest et Cherbourg ainsi que différents services et quatre états-majors (CECLANT, COMNORD, FRSTRIKEFOR et FORFUSCO) sont enfin impliqués. 

 

© Jean-Claude Bellonne
Le PHA Tonnerre quittant Toulon début mai pour rejoindre l’Atlantique. 

 

© Jean-Claude Bellonne
Le PHA Tonnerre quittant Toulon début mai pour rejoindre l’Atlantique. 

 

© Marine Nationale – Marie Bailly
Le PHA Dixmude. 

 

© Mer Et Marine – Vincent Groizeleau
Débarquement de troupes depuis un PHA via un engin de débarquement amphibie rapide (EDAR) lors d’un précédent exercice. 

 

© Tangui Saunier
La FREMM Nomandie. 

 

© Jean-Claude Bellonne
La FLF Aconit. 

 

© Giorgio Arra
Un PHM, ici le Commandant Blaison. 

 

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© Michel Floch
Le BRGM Thétis. 

 

© Marine Nationale – Marie Delannoy
UN BSAM et un SNA du type Suffren. 

 

© Marine Nationale – Jonathan Bellenand
Commandos marine. 

 

L’armée de Terre et l’armée de l’Air

Toujours côté français, l’armée de Terre engage un groupement tactique embarqué (GTE) avec soldats et véhicules, un sous-groupement d’aérocombat (S-GAM) comprenant des hélicoptères de manœuvre et d’attaque, un groupement de commandos amphibie (GCA), une unité de commandement et de soutien (UCS), ainsi qu’une unité de défense sol-air (DSA), l’état-major de ces forces terrestres étant fourni par la 9ème brigade d’infanterie de marine (BIMa). De son côté, l’armée de l’Air et de l’Espace aligne des avions de combat Rafale et Mirage 2000, des Alphajet, ainsi que des avions radar et de ravitaillement en vol AWACS et MRTT. 

 

© Armee De L’air Et De L’espace
Un AWACS de l’armée de l’Air. 

 

Les Britanniques

Les Britanniques viennent à POLARIS avec le transport de chalands de débarquement auxiliaire RFA Lyme Bay, le bâtiment de projection RFA Argus, une flottille de quatre patrouilleurs du type P2000, un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon, ainsi que cinq hélicoptères (trois Merlin et deux Wildcat). S’y ajoute un commando de Royal Marines. 

 

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© Mer Et Marine- Vincent Groizeleau
Le RFA Lyme Bay, opérationnel depuis 2007, est l’un des trois bâtiments de ce type en service dans la Royal Fleet Auxiliary. Longs de 176 mètres pour un déplacement de plus de 16.000 tonnes en charge, ces TCD auxiliaire ont une importante capacité d’emport de matériel et de véhicules (150), ainsi que des logements pour 350 soldats en plus de leur équipage. Ils ne disposent cependant que d’un petit radier permettant de loger un seul chaland de débarquement. Une plateforme peut néanmoins être déployée sur tribord afin de réaliser des transfert de véhicules avec d’autres engins de débarquement. Ils peuvent accueillir un hélicoptère Chinook mais ne disposent pas de hangar. 

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© Michel Floch
Le RFA Argus. Cet ancien porte-conteneurs lancé en 1981 a été acquis en 1984 par la marine britannique afin d’être converti en porte-aéronefs auxiliaire, suivant le retour d’expérience de la guerre des Malouines. Long de 175 mètres pour un déplacement de plus de 28.000 tpc, il pouvait recevoir des avions à décollage et appontage verticaux Harrier. Le RFA Argus peut embarquer jusqu’à 6 hélicoptères dans son hangar, ou bien des véhicules. 

 

© Royal Navy
Patrouilleur du type P2000. Une quinzaine d’unités de ce type sont en service dans la Royal Navy. Ces petits patrouilleurs de 21 mètres sont conçus pour les missions de surveillance et de formation. 

 

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© Royal Navy
Hélicoptère britanique Merlin. 

 

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© Otan
Hélicoptère britannique Wildcat. 

 

Les Espagnols

Côté espagnol, l’Armada est présente avec le transport de chalands de débarquement Galicia, la frégate Cristobal Colon et un bataillon d’infanterie de marine. 

 

© Armada Espanola
Des fusiliers marins espagnols évoluant devant le TCD Castilla, jumeau du Galicia qui est engagé dans POLARIS. Mis en service en 1998, le Galicia mesure 160 mètres de long et affiche un déplacement de 13.800 tonnes à pleine charge. Il peut embarquer en plus de son équipage plus de 540 soldats, ainsi que 6 hélicoptères et près de 2500 tonnes de matériel, dont plusieurs dizaines de véhicules, y compris une trentaine de chars lourds. Les moyens terrestres sont débarqués au moyen de quatre chalands logées dans le radier. 

 

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© Jean-Claude Bellonne
Le Cristobal Colon, opérationnel depuis 2012, est la plus récente des cinq frégates espagnoles du type F100. Des bâtiments de 147 mètres et 6000 tpc disposant de lanceurs verticaux VLS Mk41 pour missiles surface-air SM-2 et ESSM (48 cellules), une tourelle de 127 mm, deux canons de 25 mm, quatre tubes pour torpilles Mk32. Ils peuvent en outre embarquer un hélicoptère. 

 

Les Italiens

L’Italie participe avec le Pattugliatore Polivalente d’Altura (PPA) Giovanni Delle Bande Nere et une unité d’infanterie de marine. 

 

© Giorgio Arra
Le PPA italien Giovanni Delle Bande Nere. Ce bâtiment de 143 mètres et 6200 tpc, du gabarit d’une frégate de premier rang, est la quatrième de sept unités de ce type commandées par la marine italienne. Mis en service fin 2024, il peut embarquer deux hélicoptères. Son armement comprend 16 missiles surface-air Aster 15 et Aster 30 (y compris la version Block 1), deux lanceurs triples pour torpilles MU90, une tourelle de 127 mm, un canon de 76 mm, deux affûts téléopérés de 25 mm et des mitrailleuses manuelles. Le Giovanni delle Bande Nere pourra également mettre en oeuvre 8 missiles antinavires Teseo Mk2/E. 

 

Les Néerlandais

Les Pays-Bas participent avec la frégate Van Amstel. 

 

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© Mer Et Marine – Vincent Groizeleau
La frégate néerlandaise Van Speijk, sistership du Van Amstel allant participer à POLARIS. Ces deux dernières frégates du type M encore en service dans la Koninklijke Marine mesurent 122 mètres de long et affichent un déplacement de 3300 tpc. Leur armement comprend notamment un système surface-air Sea Sparrow (16 missiles en cellules de lancement vertical), une tourelle de 76 mm, un système multitubes Goalkeeper, de l’artillerie légère et quatre tubes pour torpilles Mk32. Elles peuvent embarquer un hélicoptère. 

 

Les Américains

Les États-Unis sont présents avec une compagnie d’appui feu aérien de l’US Marine Corps, ainsi qu’un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon. 

 

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© Boeing
P-8A Poseidon de l’US Navy. 

 

Les Brésiliens

Le Brésil vient avec une section de fusiliers-marins. 

Le groupe naval de l’OTAN

Enfin, côté OTAN, le SNMG1 comprend, en plus d’une FREMM française, la frégate néerlandaise De Ruyter, la frégate portugaise Bartolomeu Dias et le ravitailleur allemand Rhön. 

 

© Fabien Montreuil
La frégate de Ruyter. Troisième des quatre unités néerlandaises du type De Zeven Provincien, cette unité de 144 mètres et 6000 tpc, en service depuis 2004, est plus particulièrement dédiée à la lutte antiaérienne. Elle dispose de lanceurs verticaux VLS Mk41 permettant de loger 32 missiles surface-air SM-2 et 32 ESSM. Alors que les 8 anciens missiles antinavire Harpoon vont être remplacés par des NSM, la frégate dispose d’une tourelle de 127 mm, un système multitubes Goalkeeper et quatre tubes pour torpilles Mk32. Elle peut également embarquer un hélicoptère. 

 

© Jean-Claude Bellonne
La frégate portugaise Bartolomeu Dias, mise en service en 1994, est l’une des deux anciennes frégates du type M acquises en 2006 par le Portugal. Long de 122 mètres pour un déplacement de 3300 tpc, ce bâtiment peut mettre en oeuvre 8 missiles antinavire Harpoon, un système surface-air Sea Sparrow (16 missiles en cellules de lancement vertical), une tourelle de 76 mm, un système multitubes Goalkeeper, de l’artillerie légère, quatre tubes pour torpilles Mk32 et un hélicoptère.   

 

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© Mer Et Marine – Jean-Louis Venne
Le ravitailleur allemand Rhön. En service depuis 1974, ce bâtiment de 130 mètres et 14.200 tpc peut regarnir les soutes à combustible de deux unités de combat simultanément. 

Le corps d’armée, nouvel étalon de puissance pour les forces terrestres

Le corps d’armée, nouvel étalon de puissance pour les forces terrestres

par Guillaume Garnier – IFRI – Date de publication : |
Briefing Corps d'armée, Guillaume Garnier, 2025

Face au retour de la guerre de haute intensité, notamment en Ukraine, le corps d’armée redevient un échelon essentiel. Seul capable de coordonner plusieurs divisions, il permet une manœuvre interarmes et multi-milieux cohérente à grande échelle. La France entend se positionner comme nation-cadre d’un tel outil de puissance.

Exercice militaire de l'armée française à Toulouse en février 2020
Exercice militaire de l’armée française à Toulouse en février 2020 Fred Marie/Shutterstock.com
  • L’armée de Terre vise la constitution d’un corps d’armée pleinement opérationnel à échéance 2030. Ce projet structurant implique une montée en puissance capacitaire, une régénération des forces et des arbitrages cruciaux dans les priorités d’acquisition.
  • Être nation-cadre d’un corps d’armée, c’est peser dans les plans de guerre,
    influer sur les opérations et asseoir son leadership en coalition. Même en temps de paix, ce rôle envoie un signal stratégique fort et renforce l’interopérabilité avec les alliés.
  • Aucun pays européen ne peut aujourd’hui armer seul un corps d’armée complet. La France doit donc structurer des partenariats solides pour relever ce défi. Un rehaussement du contrat opérationnel national et le recours à la réserve deviennent des options à envisager.

 

C’est à Napoléon que l’on doit en 1803 l’invention du corps d’armée, échelon de commandement clé dans l’organisation de la Grande armée. Il répond alors au besoin de diviser l’armée en sous-éléments à la fois mobiles et autonomes, c’est-à-dire capables d’engager un combat seul jusqu’à la concentration des autres colonnes en marche. Au contraire de la division qui lui est inférieure, le corps d’armée regroupe donc l’ensemble des armes de l’époque : infanterie, cavalerie, artillerie, génie et train. Par la suite, le corps d’armée conserve une place centrale dans les systèmes militaires des grands conflits européens puis mondiaux de 1870 à la Seconde Guerre mondiale, le plus souvent englobé dans des armées encore plus imposantes. Pendant la guerre froide, il est encore au coeur du dispositif otanien en tant que pion de référence de la « défense de l’avant » face au Pacte de Varsovie, rassemblant autour de 60 000 hommes. Dans le cas français, l’armée de Terre comptait jusqu’aux années 1990 trois corps d’armée (CA), intégrés au sein de la 1re Armée française, ainsi qu’un quatrième sous la forme de la Force d’action rapide (FAR).

Au tournant du XXIe siècle, les réductions successives des effectifs militaires ont conduit à voir cette grande unité quitter l’horizon des armées européennes, davantage habituées à compter leurs déploiements en centaines d’hommes (bataillon), au mieux en milliers (brigade) pour les opérations extérieures les plus dimensionnantes. La guerre de haute intensité sur le sol européen et le renforcement de la menace russe, conjugués à la perspective de désengagement américain, remettent en lumière ce niveau de commandement, seul à même de coordonner l’engagement d’un grand volume de forces (en dizaines, voire centaines de milliers de soldats pour les scénarios les plus dimensionnants en matière de défense collective) et d’intégrer l’ensemble des effets dans tous les champs et milieux.

Ce passage à l’échelle soulève cependant nombre de difficultés, d’ordre militaire mais également politique, puisqu’il comporte une dimension multinationale. Ce Briefing se propose d’examiner les défis à surmonter dès lors que la France entend être « nation-cadre » d’un CA « de combat », c’est-à-dire à pleine capacité opérationnelle (« warfighting corps ») et les leviers qu’elle peut utiliser dans un contexte où, à ce jour, aucun pays européen ne peut armer seul une unité de cette envergure.


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En métropole et dans le nord de l’Europe, l’armée de l’Air prépare ses équipages aux conflits de très haute intensité

En métropole et dans le nord de l’Europe, l’armée de l’Air prépare ses équipages aux conflits de très haute intensité

Des Mirage 2000 et des A400-M avant leur « desserrement » vers des bases moins exposées (photo AAE).

C’est ce que dans le jargon otanien on appelle l’ACE, pour « Agile Combat Employment » (ou mission de déploiement agile et rapide). C’était dans ce cadre que, du 24 au 28 février 2025, deux Rafale et une quinzaine de militaires français s’étaient déployés depuis la base aérienne de Šiauliai en Lituanie pour rejoindre la base aérienne de Lulea, en Suède.

Cette semaine, l’armée de l’Air et de l’Espace a lancé Pégase 25 et Jade, deux missions majeures de type ACE, visant à améliorer la préparation de ses équipages aux conflits de très haute intensité.

Objectif Nord

Dans le cadre de la première mission baptisée Pégase 25, l’AAE a projeté dans le nord de l’Europe un module composé de six Rafale, un avion ravitailleur MRTT et deux avions de transport A400M. L’objectif est double: entraîner les équipages et personnels au sol à se projeter loin du territoire national, tout démontrant à nos alliés la volonté française et les capacités à les soutenir en cas d’attaque venant de l’Est et du Nord. Comme le note le chercheur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) Etienne Marcuz, « parmi les six Rafale déployés, une partie provient de la 4e escadre, c’est à dire des Forces aériennes stratégiques qui mettent en œuvre la fameuse composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française. D’ailleurs, la communication de l’armée de l’Air et celle de l’Etat-Major des Armées utilisent d’ailleurs bien le mot dissuader ». Il faudra toutefois attendre d’autres communications pour savoir si cette mission a revêtu un caractère « nucléaire » officiel ou si cela reste sous-entendu (avec un message par conséquent moins fort).

Le choix des pays visités durant cette tournée, ainsi que le choix des terrains d’aviation utilisés sont également très intéressants, puisque ce sont autant de messages adressés à nos adversaires. « Plus les terrains utilisés seront sommaires et aux confins de l’Europe, plus le caractère opérationnel sera important », note Etienne Marcuz.

Cette mission Pégase 25 se décline en quatre phases, comme le précise l’AAE. La phase 1 (22 avril) a vu une projection de puissance vers la Suède, avec des interactions avec la Royal Air Force puis avec les forces suédoises qui accueillent les Français sur leur base aérienne de Kallax (Luleå). La phase 2 (du 22 au 25 avril) s’organise autour du renforcement de la capacité d’engagement multinational avec les pays scandinaves et de la poursuite du développement de la capacité de projection de puissance avec un soutien technico-logistique léger. La phase 3 (du 25 au 29 avril) prévoit une escale en Pologne; quant à la phase 4, elle verra une escale en Croatie, marquant l’engagement des armées françaises pour la stabilité dans les Balkans.

Jade pour « Jaillissement d’Escadre »

Le second exercice a été baptisé Jade pour « Jaillissement d’Escadre ». Il s’agit d’un type d’exercice qui était en vogue durant la Guerre Froide. Il vise à s’exercer à la dispersion des appareils d’une ou plusieurs bases aériennes vers d’autres terrains d’aviation moins exposés pour éviter les frappes de missiles et les bombardements ennemis.

Pour Jade (qui a débuté le mardi 22), ce sont 27 Mirage 2000D et B opérationnels de la 3e escadre de la base aérienne de Nancy qui ont reçu l’ordre, sans préavis, de se disperser sur cinq bases aériennes différentes: Luxeuil, Avord, Orléans et les deux bases écoles de Salon de Provence et Rochefort qui n’hébergent habituellement pas de chasseurs. 200 personnels de l’AAE ont été engagés dans cette manoeuvre.

Cette mission ACE démontre que l’armée de l’Air et de l’Espace s’entraîne de nouveau à des opérations militaires hostiles sur son propre territoire. « Ce type de procédure de dispersion est vital pour la crédibilité de la dissuasion française, car elle réduit la vulnérabilité de nos forces aériennes stratégiques à une frappe désarmante qui viserait à neutraliser la dissuasion au sol avant qu’elle ne puisse entrer en action », précise le chercheur de la FRS. Il faut aussi noter que ce type d’opération de « desserrement » peut être effectuée sur des aéroports civils, ce qui complique le renseignement ennemi et multiplie le nombre des cibles que l’ennemi devrait frapper pour neutraliser la flotte de combat de l’AAE.

Des Mirage 2000 de la 3e escadre lors de leur envol mardi (photo AAE).

La concomitance de Jade et de Pégase 25 témoigne du souci des forces aériennes françaises de prendre en compte tous les types de menaces. Même celles qui viseraient des capacités sur le territoire métropolitain. Elle confirme aussi la volonté française de disposer de forces projetables à très court préavis dans le cadre des missions de réassurance, voire dans le cadre de missions d’interdiction d’espaces aériens disputés.

Pour son président, la Pologne pourrait profiter du parapluie nucléaire de l’Otan et de la dissuasion française

Pour son président, la Pologne pourrait profiter du parapluie nucléaire de l’Otan et de la dissuasion française


Ayant rappelé que les « intérêts vitaux » de la France avaient une « dimension européenne », lors d’un discours prononcé à l’École militaire en février 2020, le président Macron avait proposé d’ouvrir un « dialogue stratégique » avec les membres de l’Union européenne [UE] sur le « rôle de la dissuasion nucléaire française » dans la sécurité du Vieux continent.

Et d’ajouter que les « partenaires européens qui souhaitaient s’engager sur cette voie pourraient être associés aux exercices » menés par les forces stratégiques françaises.

Seulement, ces propos ayant été tenus quelques mois après que M. Macron avait tendu la main à la Russie [voir la conférence des ambassadeurs d’août 2019, ndlr], cette proposition de dialogue stratégique ne suscita aucun engouement parmi les pays européens. Du moins, jusqu’au retour du président Trump à la Maison Blanche… et l’inquiétude chez certains d’un éventuel désengagement militaire des États-Unis de l’Otan.

Ainsi, début mars, alors qu’elle venait d’être remise sur la table par le locataire de l’Élysée, cette offre de dialogue stratégique autour de la dissuasion nucléaire française a été jugée « prometteuse » par Donald Tusk, le Premier ministre polonais.

Un parapluie nucléaire, « c’est ce qui peut nous donner un avantage très net sur la Russie », avait d’abord estimé M. Tusk, à Bruxelles, le 6 mars. « Comme toujours, ce sont les détails qui comptent, mais cette disponibilité de la France, c’est quelque chose de très prometteur », avait-il ajouté.

Plus tard, lors d’une séance au Parlement, M. Tusk confirma avoir « des discussions sérieuses avec les Français au sujet de leur idée d’un parapluie nucléaire au-dessus de l’Europe », avant de faire part de son souhait d’en « savoir plus, en détail, sur ce que cela signifie concernant la gestion de cette arme » car « si l’on devait s’y résoudre, cela vaudrait la peine d’avoir la certitude que c’est entre nos mains et que c’est nous qui décidons ». Et cela alors que M. Macron a soutenu que la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République, chef des armées ».

Reste que la position de M. Tusk se démarquait alors de celle d’Andrzej Duda, le président polonais… qui est aussi son adversaire politique, ce dernier s’étant prononcé à plusieurs reprises pour le déploiement en Pologne d’armes nucléaires tactiques B-61 américaines dans le cadre de la dissuasion de l’Otan.

Cela étant, dans un entretien accordé à l’agence Bloomberg, le 18 avril, M. Duda a finalement estimé que la Pologne pourrait profiter à la fois du parapluie nucléaire de l’Otan et de la dissuasion française, les deux pouvant être complémentaires. « Je crois que nous pouvons accepter les deux solutions. Elles ne ne sont ni contradictoires ni mutuellement exclusives », a-t-il en effet affirmé.

Pour rappel, M. Duda quittera ses fonctions dans quatre mois, c’est-à-dire à l’issue des élections présidentielles qui se tiendront le 18 mai et et le 1er juin, soit avant la signature d’un traité de partenariat stratégique entre la France et la Pologne. Les questions de défense y seront largement évoquées. Reste à savoir lesquelles…

Fin mars, le quotidien « Gazeta Wyborcza » a rapporté que ce nouveau traité de coopération, qui remplacera celui de 1991, « comprendra des garanties de sécurité et renforcera l’Otan ». Plus précisément, a-t-il ajouté, il devrait contenir une « disposition clé prévoyant une assistance mutuelle, y compris armée, en cas d’attaque ». À ce titre, la « France […] offrira à la Pologne une protection sous son ‘parapluie nucléaire’, a-t-il conclu.

La brigade franco-allemande et la relance de la défense européenne

La brigade franco-allemande et la relance de la défense européenne

par Jacob ROSS et Nicolas TÉTERCHEN – IFRI – Date de publication :

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Une chose est claire depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche : le projet d’unification européenne est menacé dans son existence même. À moins d’élaborer une politique de défense souveraine pour parer à la guerre en Ukraine et à l’affaiblissement des garanties de sécurité américaines, l’Union européenne verra se poursuivre l’érosion de sa dynamique de cohésion interne et de son attractivité externe.

Jägerbataillon 291 lors du défilé du 14 juillet, place de la République à Strasbourg, 2013
Jägerbataillon 291 lors du défilé du 14 juillet, place de la République à Strasbourg, 2013. © Claude TRUONG-NGOC/Wikimedia Commons (sous licence Creative Commons Attribution – ShareAlike 3.0 Unported – CC BY-SA 3.0).
Wikimedia Commons

La France et l’Allemagne sont en mesure de prévenir ce scénario. Feront-elles preuve d’une volonté politique suffisante ? L’évolution de la brigade franco-allemande représentera un bon indicateur pour évaluer leurs véritables dispositions.

•    Le contexte de création de la brigade, à la fin de la guerre froide, présente des analogies avec la conjoncture actuelle et témoigne du fait que les Européens ont perdu plus de trente ans pour renforcer leur sécurité
•    Il est urgent que le gouvernement allemand engage un dialogue stratégique sur la sécurité de l’Europe – en premier lieu avec la France, puis avec d’autres partenaires européens
•    La victoire électorale de Donald Trump a relancé l’idée d’une « armée européenne ». Or celle-ci est, dans la situation actuelle, absolument irréaliste. La brigade franco-allemande témoignera de la possibilité d’une intégration à long terme de la défense européenne, et d’une européanisation de l’OTAN
•    La formation a vocation à démontrer la capacité d’impulsion franco-allemande en Europe de l’Est – intégrée dans les structures de l’OTAN et en étroite coordination avec les États partenaires sur le terrain

Jacob Ross est chercheur à l’Institut allemand de politique étrangère (Deutsche Gesellschaft fur Auswärtige Politik, DGAP), où il se concentre notamment sur la France et les relations franco-allemandes. Auparavant, il a travaillé en tant qu’assistant à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN et à l’Assemblée nationale, ainsi que dans deux directions du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à Paris.

Nicolas Téterchen est doctorant à l’Université de Cergy ; sa thèse porte sur les perceptions de la politique de défense en Allemagne de 1990 à 2022. Il est assistant de recherche au programme France et relations franco-allemandes à l’Institut allemand de politique étrangère (Deutsche Gesellschaft fur Auswärtige Politik, DGAP) à Berlin. Il était auparavant en poste à la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie (CFACI) à Paris.

 

Ce Briefing reprend en partie les éléments d’un colloque qui s’est tenu à Strasbourg en mai 2024 sous l’égide conjointe du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Institut français des relations internationales (Ifri), et de la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP).


Cette publication est disponible en allemand sur le site de la DGAP : « Deutsch-französische Führung für ein souveränes Europa. Die Deutsch-Französische Brigade kann zeigen, ob der politische Willen dafür reicht » (pdf).

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La brigade franco-allemande et la relance de la défense européenne

La défense de l’Europe face à la Russie : cherchez la faille !

La défense de l’Europe face à la Russie : cherchez la faille !

Par Institut FMES, Pascal Orcier – Diploweb – publié le 18 avril 2025

https://www.diploweb.com/Carte-La-defense-de-l-Europe-face-a-la-Russie-cherchez-la-faille.html


L’institut Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES) est un centre de recherches qui décrypte les questions géopolitiques et stratégiques de la zone couvrant le bassin méditerranéen et le Moyen-Orient, de même que les recompositions entre acteurs globaux.
Pascal Orcier, professeur agrégé de géographie, docteur, cartographe, auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages.

En décembre 2024, l’Institut FMES fait un exercice de réflexion pour identifier un point de faiblesse de la défense de l’Europe face à la Russie. Si la ligne de défense courant de la Baltique à la Pologne lui semble solide, celle couvrant le flanc sud-est de l’Europe paraît beaucoup plus fragile. Même si le mois de décembre 2024 semble aujourd’hui bien loin – parce que d’autres fragilités sont apparues dans la relation UE / États-Unis, voire dans l’OTAN – cet exercice de réflexion reste pertinent par l’identification d’une zone de faiblesse. D’autres sont apparues.

En décembre 2024, l’équipe de direction de l’Institut FMES faisait le commentaire suivant de cette carte.

A L’APPROCHE de la prise de fonction de Donald Trump le 20 janvier 2025, les Européens et l’administration Biden finissante tentent de s’opposer aux ingérences de la Russie en Europe orientale, tout en livrant des armes à l’Ukraine pour rassurer le président Zelensky et l’encourager à composer avec le Kremlin. Les Occidentaux cherchent en effet à s’assurer qu’il ait suffisamment de cartes en main pour négocier avec le Kremlin au moment où l’aviation russe accroît les frappes contre les infrastructures électriques ukrainiennes.

La défense de l'Europe face à la Russie : cherchez la faille !
La défense de l’Europe face à la Russie : cherchez la faille !
Conception FMES, réalisation Pascal Orcier 2024.

Le président russe, rasséréné par l’élection de Donald Trump qu’il sait favorable à un arrêt des hostilités en Ukraine, pousse ses pions en Baltique (face aux pays baltes, à la Finlande et à la Suède) et en Europe orientale, profitant de l’incertitude engendrée par l’arrivée aux affaires d’un président américain transactionnel et pacifiste, mais aussi de la posture favorable à la Russie des pouvoirs en place en Hongrie et en Slovaquie. Ces deux pays, à la charnière des flancs nord et sud-est de l’OTAN comme de l’Union européenne, sont cruciaux pour la cohérence du dispositif de défense de l’Europe, comme le souligne notre carte.

En Moldavie, les services secrets ont démontré l’implication des services russes pour influencer le résultat du référendum sur l’adhésion à terme de ce pays à l’Union européenne (validé avec seulement 51 % des suffrages). En Roumanie, après avoir prouvé une ingérence massive du Kremlin dans le processus électoral, la Cour constitutionnelle a annulé le premier tour de l’élection présidentielle qui menaçait d’être remportée par le candidat prorusse Câlin Georgescu. En Bulgarie, la Russie dispose également de relais d’influence bien établis. En Géorgie, la présidente Salomé Zourabichvili (dont le mandat expire fin décembre 2024) a dénoncé l’élection de l’ancien footballeur populiste pro-russe Mikheïl Kavelachvili par un parlement sous influence russe, comme nombre de Géorgiens qui manifestent quotidiennement dans la rue. Soutenue par des intellectuels et des hommes d’affaires pro-européens, elle a annoncé qu’elle refuserait de céder sa place, laissant présager une grave crise institutionnelle. Face à l’activisme russe dans le champ de l’influence dans l’est du continent et en attente d’une administration américaine qui ne la ménagera pas, l’Union européenne doit plus que jamais se préparer à prendre ses responsabilités pour assurer sa défense, seule si nécessaire. Si la ligne de défense courant de la Baltique à la Pologne semble solide, celle couvrant le flanc sud-est de l’Europe paraît beaucoup plus fragile. C’est sans doute là que le Kremlin fera porter ses efforts.

Manuscrit clos en décembre 2024

Copyright pour la carte et le texte : décembre 2024/FMES


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Titre du document :
La défense de l’Europe face à la Russie : cherchez la faille !
Conception FMES, réalisation Pascal Orcier 2024.Document ajouté le 17 avril 2025
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L’Institut FMES a fait un exercice de réflexion pour identifier un point de faiblesse de la défense de l’Europe face à la Russie. Si la ligne de défense courant de la Baltique à la Pologne lui semble solide, celle couvrant le flanc sud-est de l’Europe paraît beaucoup plus fragile.

La Grèce signe la fourniture de 16 missiles antinavires avec la France

La Grèce signe la fourniture de 16 missiles antinavires avec la France


Un membre de l’équipage de la frégate française Courbet passe devant le lanceur du missile antinavire Exocet, le 13 janvier 1997.
Un membre de l’équipage de la frégate française Courbet passe devant le lanceur du missile antinavire Exocet, le 13 janvier 1997. ROMEO GACAD / AFP


 

«Dans nos intentions, il y a l’acquisition d’une quatrième frégate (…). Elle aura des armes stratégiques, c’est-à-dire des missiles de croisière», a indiqué le ministre grec de la Défense Nikos Dendias.

Le ministre grec de la Défense Nikos Dendias a annoncé ce lundi la signature d’un accord avec son homologue français, Sébastien Lecornu, pour la fourniture de 16 missiles antinavire Exocet. «On vient de signer un accord entre États pour la fourniture de 16 missiles Exocet» du missilier européen MBDA, a déclaré Nikos Dendias lors d’une conférence de presse commune avec Sébastien Lecornu à Athènes. Il n’a pas donné davantage de précisions.

«Des armes stratégiques»

Les deux pays avaient assorti leur accord d’une option pour acheter une quatrième frégate et le ministre français a indiqué lundi: «le dossier de la quatrième frégate avance». «Nous avons déjà une coopération étroite qui comprend les 3 Belharra et une discussion autour de l’acquisition d’une quatrième», a de son côté indiqué Nikos Dendias. Nikos Dendias avait déjà indiqué vendredi que «dans nos intentions, il y a l’acquisition d’une quatrième frégate».

«Elle fait partie de notre plan d’armement», avait-il insisté lors d’une intervention au Forum économique de Delphes. «Cette quatrième frégate (…) aura des armes stratégiques, c’est-à-dire des missiles de croisière», selon lui. Selon une source au sein de Naval Group interrogée en mars, une proposition a été faite pour fournir trois FDI supplémentaires à la Grèce qui seront construites dans les chantiers navals grecs, une valeur ajoutée pour le renforcement de l’industrie de défense du pays.

Le ministre grec de la Défense a également précisé vendredi discuter «de la possibilité d’acquérir (…) deux frégates italiennes d’occasion». La Grèce, membre de l’Otan, a annoncé le mois dernier lancer la refonte de son armée «la plus importante» de son histoire moderne à laquelle elle va consacrer quelque 25 milliards d’euros, dans un contexte de défis grandissants pour la sécurité de l’Europe.

Analyse – L’Union européenne face à la guerre en Ukraine : Conflit géopolitique ou prétexte à une intégration fédérale européenne ?

Analyse – L’Union européenne face à la guerre en Ukraine : Conflit géopolitique ou prétexte à une intégration fédérale européenne ?


Projet fédéraliste de l’Union européenne
Réalisation Le Lab Le Diplo

Depuis février 2022, le conflit en Ukraine a profondément bouleversé l’équilibre géopolitique du continent européen. Officiellement, l’Union européenne s’est positionnée comme un seul bloc, solidaire aux côtés de Kyiv, au nom de la défense du droit international, de la souveraineté des peuples et de la sécurité collective. Mais derrière cette posture qui se veut le plus consensuelle, certains observateurs perçoivent un autre enjeu, moins visible : l’exploitation du contexte de guerre afin de faire avancer un projet d’intégration politique plus ambitieux, porté notamment par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et par notre président de la république, Emmanuel Macron.

Analyse – L’Union européenne face à la guerre en Ukraine : Conflit géopolitique ou prétexte à une intégration fédérale européenne ?


Un conflit aux ramifications multiples

La guerre russo-ukrainienne, dans sa forme actuelle, a éclaté en février 2022 avec l’offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine, après huit années de tensions persistantes depuis les événements de l’EuroMaïdan, suivi de l’annexion de la Crimée en 2014. Moscou justifie son intervention par la nécessité de “dénazifier” l’Ukraine et de protéger les populations russophones du Donbass. Kyiv, de son côté, soutenu massivement par l’Occident, y voit une invasion impérialiste de la Russie. Visant à remettre en cause son intégrité territoriale et sa légitimité souveraine sur la région.

Le conflit oppose donc deux blocs : la Russie de Vladimir Poutine, soutenue plus ou moins discrètement par plusieurs puissances émergentes dans une logique de reconfiguration multipolaire ; et l’Ukraine, adossée au soutien militaire, financier et diplomatique de l’OTAN, des États-Unis et de l’Union européenne.

Trump, OTAN, UE : Une fracture transatlantique révélatrice

L’attitude de l’ancien président américain Donald Trump vis-à-vis de l’OTAN et de l’Union européenne a amplifié les doutes sur la solidité du lien transatlantique. En qualifiant l’OTAN d’organisation “obsolète” et l’Union européenne de “véhicule pour les intérêts allemands”, Trump a ouvertement remis en cause les fondements du système de sécurité européen. Plus récemment, ses déclarations évoquant l’éventualité de ne pas défendre un pays européen ne respectant pas les engagements budgétaires de l’Alliance (2 % du PIB annuel) ont renforcé un sentiment d’incertitude.

Dans ce climat de doute, certains dirigeants européens ont vu une opportunité : celle d’accélérer une intégration fédérale de l’Union, au nom de “l’autonomie stratégique”.

Des signaux clairs d’une bascule fédérale

Sous couvert de répondre aux urgences du moment, l’Union européenne a multiplié les initiatives qui dépassent largement son mandat initial. En voici quelques exemples :

  • Un prêt commun de 806,9 milliards d’euros, lancé via le plan de relance post-Covid “Next Generation EU”, a ouvert la voie à une mutualisation de la dette à l’échelle européenne – sans consultation directe des citoyens ;
  • L’euro, déjà en circulation dans 20 pays, est désormais envisagé comme levier de stabilisation politique, au-delà de son rôle économique initial ;
  • Le projet d’euro numérique, porté par la BCE, est censé moderniser les paiements dans la zone euro. Mais il suscite de vives inquiétudes : traçabilité des transactions, restrictions potentielles à l’usage, affaiblissement du rôle des banques commerciales et recentralisation du pouvoir monétaire à Francfort ; 
  • Le marché unique continue de s’étendre, imposant progressivement ses normes aux États membres, au détriment de certaines prérogatives nationales ;
  • La coopération militaire s’intensifie avec le projet d’armée européenne et les discussions autour d’un parapluie nucléaire européen, potentiellement adossé à la dissuasion française ;
  • Des fonds dédiés à la Défense, comme la Facilité européenne pour la paix (FEP) ou le Fonds européen de défense (FED), permettent à l’Union de financer directement la livraison d’armes à des pays tiers – une première historique.

Pris dans leur ensemble, ces éléments dessinent les contours d’une structure quasi-étatique. Or, cette mutation politique majeure s’opère sans mandat explicite des peuples européens.

Vers une Europe technocratique et hors sol ?

La critique principale formulée par les opposants à cette dynamique fédérale tient dans l’absence de légitimation démocratique. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, n’a pas été élue au suffrage universel des populations. Pourtant, elle a négocié et validé un prêt commun de 800 milliards d’euros engageant les générations futures, sans avoir consulté les citoyens européens.

Sur le plan militaire, domaine historiquement réservé aux souverainetés nationales, l’Union avance désormais vers une intégration doctrinale, stratégique et budgétaire. Ce glissement remet en cause le principe même de subsidiarité des États membres.

La France, quant à elle, semble opérer un recentrage stratégique. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, elle accepte de plus en plus de partager, voire de diluer, ses leviers de puissance (diplomatie autonome, industrie de défense, dissuasion nucléaire) dans une architecture européenne technocratique peu soumise au contrôle des urnes.

Un fossé grandissant entre les institutions et les peuples

Cette fracture n’est plus théorique. Lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, en février 2025, la venue du vice-président américain James David Vance a illustré le décalage croissant entre les élites européennes et leurs opinions publiques. Alors que Bruxelles et certaines capitales, Paris en tête, plaident pour une intégration stratégique plus poussée – y compris sur le nucléaire –, Washington a rappelé l’importance d’une Europe “alignée sur la volonté de ses peuples”.

Des sondages récents, évoqués en marge de la conférence, confirment cette tendance : de nombreux citoyens européens expriment leur méfiance vis-à-vis des choix opérés à Bruxelles, notamment en matière militaire, budgétaire ou énergétique. Le manque de transparence, le contournement des parlements nationaux et l’absence de référendums alimentent une crise de légitimité démocratique qui ne cesse de s’aggraver.

Une Union européenne à la croisée des chemins

L’idée d’une Europe unie reste porteuse d’espoir, comme en témoignent déjà les ambitions des traités de Maastricht. Mais l’instrumentalisation d’une crise majeure – en l’occurrence la guerre en Ukraine – pour faire progresser un projet fédéraliste sans le consentement des citoyens constitue un précédent lourd de conséquences.

L’Union européenne peut-elle encore se réclamer démocratique lorsque ses choix les plus structurants sont élaborés à huis clos, dans les couloirs de la Commission, loin des regards et des urnes ? Les idéaux d’union, de paix et de coopération sont nobles. Mais ils ne doivent pas servir de prétexte à une confiscation silencieuse des souverainetés nationales au profit d’un projet technocratique qui remet en question l’essence même de la démocratie : la libre souveraineté des peuples.


Projet fédéraliste de l’Union européenne
Alexandre Raoult

Alexandre Raoult est étudiant en master dans une grande école de commerce à La Rochelle. Photographe indépendant et jeune passionné de géopolitique, il s’intéresse également à l’histoire et à la satire politique. Il a intégré l’équipe du Diplomate média en tant que rédacteur en mars 2025.