Les conditions d’une future politique sahélienne
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Par Angélique Bouchard – Le Diplomate média – publié le 9 décebre 2024
La nomination de Kash Patel par le président élu, Donald Trump, au poste de directeur du FBI a suscité de vives réactions le soir du samedi 30 novembre. L’actuel directeur du FBI, Christopher Wray, qui occupe le poste depuis 2017, sera donc licencié. Les médias américains ont qualifié Patel de « choix extrêmement controversé ».
Le talk-show « Morning Joe » de MSNBC, le qualifie de « personnification de la colère MAGA contre le ministère de la justice et le FBI ».
Les conservateurs, eux, ont appelé Patel à « nettoyer le FBI », agence corrompue et inefficace selon eux.
Patel, 44 ans, est un avocat expérimenté en matière de sécurité nationale, de renseignement et de lutte contre le terrorisme. Au cours de la première administration Trump, il a été le directeur principal de la lutte contre le terrorisme au Conseil de sécurité nationale, puis chef de cabinet du secrétaire à la Défense par intérim, Christopher Miller, de 2020 à 2021.
L’avocat a commencé sa carrière en tant que défenseur public dans le comté de Miami-Dade en Floride, après avoir fréquenté l’Université Pace à New-York et avoir obtenu un certificat en droit international à la Faculté de droit de l’University College de Londres.
En 2014, Patel est devenu procureur fédéral à la Division de la sécurité nationale du ministère de la Justice et a joué un rôle prépondérant dans la poursuite des membres d’Al-Qaïda et de l’EI et d’autres groupuscules terroristes.
Avant de rejoindre la première administration Trump, Patel a été conseiller à la sécurité nationale et conseiller principal à la House Permanent Select Committee on Intelligence (HPSCI), où il rendait compte au président du comité, le Représentant Devin Nunes, républicain de Californie. Dans ce rôle, il a contribué à superviser l’enquête de la Chambre sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016.
Kash Patel a surtout mis en lumière les agissements de l’agence, notamment la surveillance exercée par le FBI sur la campagne et le premier mandat du président Trump. Il a été également « membre de l’équipe de transition » de Donald Trump, conseillant l’administration sur les potentielles nominations au cabinet.
Trump a annoncé la nomination de Patel sur son réseau Truth Social :
« Kash est un brillant avocat, enquêteur et combattant de l’America First, qui a passé sa carrière à dénoncer la corruption, à défendre la justice et à protéger le peuple américain (…). Il a joué un rôle essentiel dans la découverte du canular « Russie, Russie, Russie », en se faisant le défenseur de la vérité, de la responsabilité et de la Constitution ».
En revanche, cette nomination a attisé la colère des premiers détracteurs de Trump et des libéraux, à l’instar de l’ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, qui a appelé le Sénat à rejeter la nomination de Kash Patel, comparant cette décision au règne de terreur de Jospeh Staline. Dans une déclaration à NBC News, dans l’émission « Meet the Press », Bolton a déclaré :
« Trump a nommé Kash Patel pour être son Lavrentiy Beria. Heureusement, le FBI n’est pas le NKVD (Commissariat du peuple aux affaires intérieures) … Le Sénat devrait rejeter cette nomination à 100% des voix ». (Source : John Bolton compares Kash Patel to Stalin’s right-hand man after Trump’s FBI nomination, par Andrea Margolis, Fox News, 1er décembre 2024).
La déclaration de Bolton fait référence directe à Lavrentiy Beria, qui était le chef de la police secrète soviétique sous Staline. Beria est une figure historique, tristement connue, pour avoir organisé et mis en œuvre une surveillance, répression et purges ethniques à grande échelle sous le régime stalinien.
De son côté, Andrew McCabe, qui a été brièvement le directeur par interim du FBI, sous Trump en 2017, avant d’être renvoyé pour avoir « prétendument divulgué des informations aux médias et manque de loyauté », a qualifié la nomination de Patel de : « plan visant à perturber, à démanteler, à distraire le FBI » :
« C’est une terrible nouvelle pour les hommes et les femmes du FBI et pour la Nation, qui dépend d’un FBI très performant, professionnel et indépendant. Le fait que Kash Patel soit totalement incompétent pour ce poste n’est même pas un sujet à débattre » a déclaré McCabe sur CNN. (Source : Kash Patel’s nomination sparks enthusiasm, anxiety ; future of the FBI appears uncertain, par Andrea Margolis, Fox News, 30 novembre 2024).
Fervent partisan de la doctrine « MAGA », Kash Patel est un critique féroce de la corruption des élites gouvernementales et de l’État profond. Sa critique systématique du Bureau, dans le passé, a fait fureur.
En 2023, Patel a publié un livre intitulé « Government Gangsters : The Deep State, the Thruth and the battle for Our Democracy », qui a pointé les rouages mis en place « par les principaux acteurs et leurs tactiques au sein de la bureaucratie gouvernementale permanente ».
Dans une interview accordée en septembre dernier au Shawn Ryan Show, Patel a mentionné l’empreinte du FBI, qu’il a qualifiée « d’énorme » :
« Je fermerais le bâtiment Hoover du FBI dès le premier jour et je le rouvrirais le lendemain en tant que musée de l’État profond ». (Lien : https://x.com/ShawnRyan762/status/1863026829101027684)
Le poste de directeur du FBI nécessite l’aval du Sénat. Dans un post publié samedi soir sur X, Mik Davis, allié de Trump, a qualifié Patel « d’incontestablement qualifié » pour le poste :
« J’ai été le conseiller principal du président de la commission judiciaire du Sénat, Chuck Grassley, chargé des nominations- le poste chargé de la confirmation du directeur du FBI. Kash Patel sera confirmé par le Sénat. Il apportera des réformes indispensables à un FBI corrompu et défaillant » (Source : Trump nominates Kash Patel to serve as FBI director : Advocate for truth, par Andrea Margolis, Peter Pinedo, Fox News, le 30 novembre 2024).
La déclaration de Trump indique que Patel travaillera avec Pam Bondi, la candidate au poste de procureur général, pour réformer le FBI :
« Ce FBI mettra fin à l’épidémie croissante de criminalité aux États-Unis, démantèlera les gangs criminels de migrants et mettra fin au fléau du trafic d’êtres humains et de drogue à travers la frontière. Kash travaillera sous la direction de notre procureure générale Pam Bondi, pour ramener la fidélité, le courage et l’intégrité du FBI ».
En effet, la nomination de Patel laisse entrevoir des changements majeurs que l’agence devrait probablement subir au cours du second mandat de Donald Trump.
Le FBI est devenu pour beaucoup d’Américains une arme politique et sociale, dévoyé de sa mission première qui est la lutte contre le crime et la sécurité du peuple américain. La crise de légitimité et la défiance grandissante à l’égard de l’agence nécessitent une révision totale de la culture du Bureau.
Cette révision de la « Culture Maison » passe aussi par une révision de la politique RH.
Nicole Parker, une ancienne agente spéciale du FBI a mentionné en 2023, dans une interview à The Hill les raisons pour lesquelles elle avait qui quitté son poste au mois de novembre de cette même année, du fait de la politisation et des dérives grandissantes qui règnent à l’agence.
Lors de son passage au FBI, elle a déclaré avoir participé à des enquêtes telles que la fusillade de 2018 au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, en Floride, ou des enquêtes financières portant sur « des combines à la Ponzi de plusieurs millions de dollars », des agressions sexuelles et autres affaires d’extorsions.
Selon Parker, les « priorités et les principes directeurs » du FBI ont changé pendant qu’elle y travaillait : « les problèmes de politisation se succèdent » au sein du FBI.
Elle cite à ce titre l’exemple d’agents portant des gilets du FBI qui se sont agenouillés avec des manifestants de Black Lives Matter à Washington, D.C., en juin 2020 :
« Bien que les agents aient droit au premier amendement, ils ne sont pas libres d’exprimer publiquement tout soutien politique potentiel lorsqu’ils sont en service et qu’ils portent l’équipement officiel du FBI », a-t-elle fait valoir. Mme Parker a déclaré qu’il était « consternant » que les agents n’aient pas été réprimandés pour cela.
Elle a également affirmé que le FBI avait abaissé les critères de recrutement. Le bureau « Diversité et Inclusion », l’ODI (Office of Diversity and Inclusion), doit être réévalué en raison de son instumentalisation politique.
Le FBI doit relever ses normes de recrutements et réévaluer à la hausse les critères de sélection des candidats, en se basant uniquement sur « la méritocratie » et non la couleur de peau ou le genre.
De même, le siège du FBI doit être considérablement réduit et les agents de « la Centrale » doivent être davantage sur le « terrain » pour lutter efficacement contre le crime.
Selon Mme Parker, ces changements structurels ont « démotivé les agents », qui ont désormais tendance à « garder la tête basse », ce qui, selon elle, est l’une des principales raisons de sa démission. (Source : https://thehill.com/homenews/house/3851797-who-is-former-fbi-agent-nicole-parker-testifying-in-first-house-weaponization-hearing/).
Ce témoignage fait écho aux propos de Kash Patel, qui promet de rétablir l’intégrité du FBI s’il est confirmé sans ses fonctions. Dans son livre Patel appelle à une refonte très claire de l’agence :
« Les choses vont mal. Le FBI a gravement abusé de son pouvoir, menaçant non seulement l’État de droit mais aussi les fondements mêmes de l’autonomie gouvernementale, socle de notre démocratie. Ce n’est pas la fin de l’histoire. Le changement est possible au FBI et il est désespérément nécessaire. Le fait est que nous avons besoin d’une agence fédérale qui enquête sur les crimes fédéraux et cette agence sera toujours exposée au risque de voir ses pouvoirs abusés ».
Kash Patel plaide pour un licenciement des « acteurs corrompus », une « surveillance agressive » du Congrès sur l’agence, une refonte complète des procureurs spéciaux et le déménagement du FBI hors de Washington D.C.
« Le plus important est de faire sortir le FBI de Washington. Il n’y a aucune raison pour que l’agence nationale chargée de l’application de la loi soit centralisée dans le marigot. Conserver le FBI dans son gigantesque bâtiment, au siège de Washington ne fait que favoriser une culture de l’Entre- Soi institutionnel et inciter les hauts dirigeants du FBI à perdre de vue leur mission première pour se lancer dans des jeux politiques, s’attirer les faveurs de politiciens et cultiver leurs relations avec la presse pour faire avancer leur carrière ».
Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.
par Jean Daspry* – CF2R – TRIBUNE LIBRE N°163 / novembre 2024
https://cf2r.org/tribune/des-dangers-de-la-diplomatie-de-limprevision/
« La prospective est un art difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir » (Pierre Dac). Surtout si l’on ne fait pas l’effort indispensable pour anticiper l’évènement en amont et s’y préparer sans tabou en n’écartant aucune hypothèse, y compris les plus invraisemblables. Telle n’est pas la démarche suivie dans les principales chancelleries occidentales, y compris en France des deux côtés de la Seine. L’approche tactique et médiatique l’emporte sur l’approche stratégique et prospective. L’émotion sur la raison. La morale sur le réel. Les choses ont bien changé en ce bas monde au cours des trois décennies du XXIe siècle. Une sorte de changement de paradigme pour changement d’époque. Hier, les diplomates pratiquent naturellement la prévision au quotidien avec un certain succès. Aujourd’hui, ils excellent dans l’imprévision et l’impréparation au monde de demain avec une constance qui force le respect.
Il fut un temps révolu où gouverner, c’était prévoir. Outre la gestion des dossiers courants, le travail des diplomates comportait une dimension prospective importante. Il leur revenait de toujours se poser la question du jour d’après et de penser l’impensable afin de s’y préparer. Afin de les épauler, voire de les suppléer dans cette fonction, le ministre des Affaires étrangères, Michel Jobert met en place le Centre d’analyse et de prévision (CAP) dont il confie la direction à un brillant esprit, Thierry de Montbrial en 1974. Cette structure a pour mission d’étudier, en toute indépendance intellectuelle, toutes les options envisageables le plus en amont possible sur quelques dossiers choisis. Dans les couloirs feutrés du Quai d’Orsay, on sait qu’un diplomate surpris est un diplomate désarmé. En ce temps-là, les surprises dites stratégiques sont rares à l’exception notable de la chute du mur de Berlin et de l’effondrement de l’Union soviétique. C’était il y a trente-cinq ans. L’impression prévaut alors que les diplomates affectés à l’administration centrale ou dans les cabinets ministériels (cellule diplomatique de l’Élysée en particulier) sont prêts à parer à toute éventualité, disposant en permanence de plans B dans leurs tiroirs. Ainsi, la diplomatie, rarement prise au dépourvu, peut jouer son rôle traditionnel d’amortisseur des chocs géopolitiques. Et cela pour le plus grand bien de l’image de notre pays dans le monde. Depuis, les choses ont bien changé.
Il est un temps bien présent où gouverner, c’est subir. L’Ukraine c’est sauve-qui-peut depuis l’élection de Donald Trump comme 47e président des États-Unis. Alors que certains (peu nombreux) mettent en garde contre une impréparation de notre diplomatie consécutive au retour à la Maison Blanche de l’homme à la mèche blonde sur le dossier ukrainien, d’autres (plus nombreux) n’en ont cure. Pourquoi perdre inutilement son temps à galoper dans les nuages alors que Kamala Harris est donnée favorite ? Pris de court, comme d’affreux gamins, ces prévisionnistes à la petite semaine nous font le coup de la fameuse surprise stratégique[1]. Et, ils tirent aujourd’hui frénétiquement la sonnette d’alarme alors que le train Trump est déjà parti et que l’Europe ne pourra le prendre en route. Pour eux, elle devrait sortir de sa torpeur habituelle en proposant une offre des Vingt-Sept leur permettant de ne pas subir un nouveau Munich russo-américain[2]. Mais, ils oublient que l’on manœuvre difficilement le mammouth bruxellois dans l’urgence et sur des questions de stratégie. Leurs suppliques risquent de rester à l’état de vœux pieux. Comme dit l’autre, il aurait fallu y penser plus tôt. L’Europe continuera de rester un nain politique pour longtemps encore. Alea jacte est ! Ainsi se présente une Europe – et la France également – pratiquant avec une constance qui force le respect tout l’art de la diplomatie de l’imprévision, de la négligence coupable.
« C’est dire que la prévision est autant un art qu’une science, dont la pratique suppose une combinaison harmonieuse de savoirs et d’expérience » (Thierry de Montbrial). Le résultat est là. La conjugaison des erreurs et des aveuglements politico-diplomatiques se paie, le moment venu, intérêt et principal. Rien ne sert d’invoquer le Dieu pas de chance pour s’exonérer de ses responsabilités dans la mauvaise appréciation d’une échéance internationale : élections, guerre, paix, révolutions, catastrophes humanitaires, climatiques… De ce point de vue, les résultats des dernières élections présidentielles aux États-Unis constituent un cas d’école tant le bon sens fut absent des prévisions intangibles de la bien-pensance des deux côtés de l’Atlantique. Ils méritent d’être enseignés dans les écoles initiant à la diplomatie pratique, dans les universités de notre Douce France et à Sciences Po Paris. Des dangers de la diplomatie de l’imprévision !
[1] Sylvie Kaufmann, « L’électrochoc Trump secoue l’UE », Le Monde, 14 novembre 2024, p. 35.
[2] Michel Duclos, « Une « offre européenne » sur l’Ukraine doit être mise au point au plus vite », Le Monde, 14 novembre 2024, p. 32.
Donald Trump a déclaré mardi qu’il entend nommer Pete Hegseth (44 ans), chroniqueur pour Fox News depuis 2014 et vétéran de la Garde nationale américaine (il y servait avec le grade de capitaine), pour occuper le poste de secrétaire à la Défense.
D’autres noms étaient cités comme candidats potentiels à la Défense: le représentant Mike Rogers de l’Alabama, président républicain de la commission des forces armées de la Chambre des représentants ; le lieutenant-général à la retraite Keith Kellogg ; la sénatrice Joni Ernst, républicaine de l’Iowa et Robert Wilkie, ancien responsable du Pentagone qui était à la tête des Anciens combattants pendant le premier mandat de Trump.
Pete Hegseth, une fois sa nomination confirmée par le Sénat, pourrait réaliser la promesse de campagne faite par le président élu de débarrasser l’armée américaine des généraux qu’il accuse de privilégier des politiques progressives en matière de diversité.
Déjà dans le collimateur de Pete Hegset: le chef d’état-major interarmées, le général de l’armée de l’air Charles Quinton Brown. Pete Hegseth a en effet accusé C.Q. Brown, qui est afro-américain, de « poursuivre les positions radicales des hommes politiques de gauche ». Pete Hegseth, dans son dernier livre publié au mois de juin (au titre éloquent: « The War on Warriors: Behind the Betrayal of the Men Who Keep Us Free »), s’en est pris à C.Q. Brown, se demandant si ce dernier aurait été nommé à son poste s’il n’avait pas été noir: « Etait-ce en raison de sa couleur de peau ou de ses compétences? Nous ne saurons jamais mais douterons toujours, ce qui, à première vue, peut sembler injuste pour C.Q.. Mais comme il est celui qui a fait de la carte raciale l’une des plus importante, cela a peu d’importance », a écrit Pete Hegseth.
En annonçant sa décision, Donald Trump a chanté les louanges de Hegseth, un vétéran de l’Army national guard qui, selon son site internet, a servi en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo Bay, à Cuba. « Pete est coriace, intelligent et il croit véritablement en l »America First », a dit Donald Trump dans un communiqué. « Avec Pete aux commandes, les ennemis de l’Amérique sont prévenus. Sa grandeur sera rendue à notre armée et l’Amérique ne cédera jamais. »
Pete Hegseth a dit avoir quitté l’armée en 2021, après avoir été considéré comme un extrémiste par une institution qui ne voulait plus de lui.
Dans un post du 27 octobre (« Etats-Unis: en attendant l’épuration dans l’Institution militaire« ), je m’interrogeais: « Trump veut-il la peau des chefs militaires américains? ». La réponse devient de plus en évidente. L’inquiétude règne déjà au Pentagone, où les craintes de voir Donald Trump évincer des officiers et des fonctionnaires du DoD qui seraient, selon lui, déloyaux, sont vives (voir mon article du 8 novembre où je rappelle que Donald Trump a promis de « virer les bureaucrates voyous », « les ripoux et les cafteurs de la Défense et de la sécurité nationale où ils sont nombreux »).
L’Europe aussi dans le collimateur
Les pays européens ont certainement aussi de quoi s’inquiéter. Visiblement, pas de mansuétude à attendre du futur Secrétaire à la Défense. « Obsolète, surpassée en puissance de feu, envahie et impotente »: voilà le portrait de l’Europe selon Hegseth.
« Pourquoi l’Amérique, le ‘numéro d’urgence » de l’Europe depuis un siècle, devrait-elle écouter des pays bien-pensants et impotents, qui nous demandent d’honorer des accords de défense dépassés et unilatéraux à la hauteur desquels ils ne parviennent plus à se hisser? », s’est aussi demandé le très Natosceptique Pete Hegseth dans son récent livre.
Billet d’humeur de la rédaction – ASAF – publié le 8 novembre 2024
https://www.asafrance.fr/defense-de-la-memoire-du-general-bigeard/
En démocratie, donc en France, tout le monde a le droit de s’exprimer et de faire part de ses opinions. Encore faudrait-il qu’elles soient valablement étayées et émises par des associations relativement objectives ou des personnalités au-dessus de tout soupçon.
Dans le cas présent, il s’agit d’un mouvement d’humeur émis par des associations de gauche voire d’extrême-gauche et de personnes de même tendance et bien peu connues du grand public d’ailleurs et qui s’insurgent contre l’érection de la statue du général Marcel Bigeard à Toul, sa ville natale. Une affaire amorcée par une pétition lancée le 10 mars 2024 et relancée par une manifestation le 25 mai dernier demandant d’interdire la présence de cette statue sur le domaine public.
En effet, la statue ayant été financée exclusivement par des fonds privés, les contestataires n’avaient plus d’argument à critiquer autre que le lieu d’édification. C’est bien léger comme argumentaire.
Mais que reprochent-ils donc au Général Marcel Bigeard ?
D’être un fils du peuple qui a commencé comme soldat de seconde classe et qui a terminé Général de Corps d’Armée ?
D’avoir été prisonnier des Allemands en 1940 et de s’être évadé pour entrer dans la Résistance ? D’avoir effectué 3 séjours en Indochine avant d’être fait prisonnier par le Vietminh après Dien Bien Phu ?
D’avoir fait deux séjours en Algérie où il a été gravement blessé deux fois ? Cela n’a pas empêché Bigeard de reconnaître le courage de ses adversaires qu’ils appartiennent au Vietminh ou au FLN. En particulier lorsqu’il évoquait le commandant Azzedine, en disant « On ne se déshonore pas en rendant hommage à l’adversaire ».
Un parcours militaire aussi exceptionnel au service de la France lui a valu d’être décoré de la plaque de Grand-Croix de la Légion d’Honneur par le Président Coty, le 14 juillet 1956.
Puis comme si cela ne suffisait pas, il a servi sa Patrie en s’engageant en politique. Nommé Secrétaire d’État à la Défense par Valéry Giscard d’Estaing, il a été ensuite deux fois élu député de la 5ème circonscription de Meurthe et Moselle chaque fois contre des adversaires de gauche.
Après son décès, pour lui rendre hommage, la 50ième promotion de l’École Militaire Interarmes (EMIA) a pris comme nom de baptême « Général Bigeard ».
Que reprochent donc à Marcel Bigeard ces associations plus ou moins confidentielles et ces soi-disant personnalités irréprochables.
Une accusation de torture en Algérie que le général Bigeard a toujours nié ?
Si cela avait été le cas, aurait-il été nommé au Gouvernement de Giscard d’Estaing ? Aurait-il été élu député comme ces deux députés LFI-NUPES qui le critiquent et dont pourtant l’un des leurs est fiché S ? Pour le bien et la grandeur de la France, naturellement !
Pour critiquer de tels états de service, il faut en avoir quelques-uns soi-même pour être crédible. Sous peine d’être ridicule.
Cette contestation n’est donc que politique, simplement pour permettre aux contestataires d’exister et de critiquer les valeurs de la République en général et de l’Armée en particulier.
Ce n’est pas nouveau.
Déjà en 1978, Mr Yvon Bourges, Ministre de la Défense, a obligé le Colonel Érulin alors en pleine opération à Kolwezi, en Afrique australe avec le 2ème REP, de recevoir Alain Ménargues, journaliste à France Inter, pour répondre à la question de tortures qu’il aurait infligées en Algérie 15 années auparavant. Tout ceci sous la pression d’une gauche qui voulait décrédibiliser une opération de sauvetage en vies humaines réussie, mais lancée par un gouvernement de droite. Cette opération « Bonite » aura coûté quand même la vie à 5 légionnaires, mais pour sauver plusieurs centaines d’autres vies.
Hélas certains contestataires n’ont que faire de la vérité.
On peut alors leur conseiller d’aller voir la stèle en marbre de 3,65m de haut et pesant 8 tonnes avec le profil sculpté du général Bigeard érigée devant la caserne Laperrine à Carcassonne. Et s’ils ont le courage d’aller frapper au poste de garde du 3ème RPIMa, son ancien régiment, pour faire valoir leur point de vue, nul doute qu’ils y recevront le meilleur accueil !
En conclusion, s’il y a bien un domaine où les Armées en général et Marcel Bigeard en particulier n’ont pas de leçon à recevoir des politiques et autres affidés, c’est bien celui de la morale.
Colonel (h) Christian Châtillon
Délégué National de l’ASAF
Un officier d’active de Gendarmerie nous a transmis cette tribune dans laquelle il livre ses réflexions sur la doctrine de la Gendarmerie.
Dans l’ombre des institutions républicaines, là où le devoir se mêle à la conscience, une question insidieuse se faufile : un Gendarme, peut-il encore, en son âme et conscience, servir la République sans se sentir en contradiction avec elle ?
Depuis toujours, la mission de service public est érigée en idéal absolu, gravée dans les consciences des militaires comme un serment sacré. Pourtant, derrière cette noble ambition se dresse un autre impératif, plus silencieux, mais tout aussi pesant : celui de la soumission à la machine républicaine. Mais qu’advient-il lorsque la volonté politique, aveuglée par ses ambitions, se heurte à la réalité du terrain ?
Trop souvent, hélas, l’idéalisme des décideurs semble déconnecté des besoins tangibles. Et dans cette déconnexion, les décisions, prises à la hâte et en haut lieu, risquent de s’éloigner de l’intérêt général, celui qu’elles prétendent pourtant défendre.
Dans bien des administrations, ce constat est une source de désillusion. La Gendarmerie nationale, corps militaire longtemps réputé pour sa loyauté et son silence, n’y échappe pas. Si certains ont osé briser ce mutisme, ils restent encore trop rares, tandis que la majorité demeure en retrait, retenant en eux ce goût amer d’impuissance. La “loyauté » républicaine, comme un carcan invisible, les enchaîne à leur devoir, les privant de la liberté d’exprimer leur désarroi.
Depuis plusieurs années, les priorités politiques semblent avoir pris le pas sur le sens profond de nos missions. Une perte de repères s’installe, s’immisce au cœur même de notre conscience professionnelle, fragilisant nos convictions. Nos chefs, jadis guides éclairés, sont eux-mêmes ébranlés, tiraillés entre leur devoir de loyauté et leur liberté de conscience, aujourd’hui réduite à une ombre vacillante. Le glissement est évident : de “serviteurs” de la République, nous sommes devenus ses “instruments”, obéissants à des injonctions qui parfois nous échappent.
Les directives se multiplient, souvent portées par des plans d’action de grande envergure, mais dénuées de sens pour ceux qui arpentent le terrain, jour après jour. Cette avalanche de décisions, détachées des réalités, finit par miner l’adhésion des troupes. Et cette désaffection, imperceptible au premier regard, s’étend peu à peu dans les rangs.
Voici donc, sans fard ni embellissement, quelques points de tension, des interrogations non résolues, que l’on murmure tout bas mais qui mériteraient d’être criées tout haut :
– Le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur, une décision dont les effets se font sentir chaque jour.
– Les réformes sur le temps de travail, des mesures textuelles qui alourdissent un peu plus la charge des militaires.
– L’identité militaire, qui se dilue, entre tradition et modernité.
– Le syndrome du “bon élève”, ce besoin constant de prouver sa valeur, au détriment parfois de l’autonomie.
– Les liens complexes avec l’autorité administrative, qui semblent parfois peser davantage que le bien commun.
– La lutte entre la prévention de voie publique et le poids du judiciaire, une bataille silencieuse mais constante.
– La longévité de la Gendarmerie face à la Police nationale, une question d’équilibre des forces et des moyens.
Enfin, et surtout, la volonté du politique, si souvent en décalage avec la réalité du terrain, qui érode peu à peu la quête de sens des Gendarmes.
Dans un contexte de tensions sociales et d’instabilité politique croissante, cette lente dégradation, déjà bien amorcée, pourrait-elle encore susciter l’intérêt chez les décideurs, ou sommes-nous condamnés au silence ?
Dans l’intimité silencieuse de mon bureau, une question me ronge, obsédante, presque impertinente. Ai-je encore le droit de me poser des questions, de douter, face à l’Institution à laquelle je voue mon quotidien ? Qu’on ne s’y méprenne pas, mes mots ne sont ni une révolte ni une revendication militante. Ils sont le fruit d’une réflexion, sincère, lucide, sur ce qu’est devenue la Gendarmerie, ce bastion séculaire qui vacille sous le poids des changements.
Les réformes se sont succédé, bouleversant les fondations mêmes de notre maison. Loi du 3 août 2009, PSQ, DGE, PVP… (politique de sécurité du quotidien, dispositif de gestion de l’évènement, présence voie publique) des sigles qui défilent comme des promesses, mais qui, sur le terrain, créent un gouffre. Un gouffre entre la réalité politique, façonnée dans les couloirs feutrés du pouvoir, et la dure réalité opérationnelle que nous vivons chaque jour.
Le fossé se creuse, et avec lui, le malaise grandit. Nous, gendarmes, sommes appelés à “l’intelligence des territoires”, à l’adaptation, à l’initiative locale. Mais ces belles intentions se heurtent sans cesse à des directives nationales, aveugles aux particularités de nos territoires. Nous sommes devenus les exécutants d’ordres venus d’en haut, sans qu’un regard ne soit posé sur ce qui fait la singularité de chaque ville, de chaque route que nous arpentons. La DGE, la PVP… autant d’outils qui, bien qu’essentiels sur le papier, se transforment en carcans sur le terrain.
Prenons l’exemple de la sécurisation des églises ou des écoles. Nous voilà sommés, sans ménagement, de placer un gendarme devant chaque lieu de culte, devant chaque établissement. La directive est formelle, rigide. Mais, à l’heure où nos ressources s’amenuisent et où chaque mission en chasse une autre, comment pouvons-nous répondre à cette demande ? Nous ne sommes pas des surhommes, et la réalité finit par nous rattraper. Pourtant, qui, parmi ceux qui nous dirigent, s’est posé la question du rapport bénéfice-risque ? Qui a pris le temps de réfléchir à la faisabilité, à l’impact réel sur le terrain ? Non, cela n’a pas d’importance. L’ordre est politique, et donc, il ne peut être contesté.
Nous ne demandons pas à désobéir. La loyauté, nous l’avons ancrée dans notre ADN. Mais à force de suivre aveuglément, sans jamais remettre en question, ne risquons-nous pas de perdre ce qui fait notre essence même ? La prise de risque, l’initiative, ne sont plus encouragées. Chaque échelon supérieur interfère, empêche, verrouille les décisions locales. Le commandement unique, cet héritage qui a forgé notre Institution, semble aujourd’hui menacé.
Les « spécialistes » se multiplient. Chaque domaine a désormais son référent, son expert. Cela pourrait sembler vertueux, une montée en compétence, un gage de professionnalisme. Mais à quel prix ? La polyvalence, autrefois notre force, est en train de disparaître. Nos brigadiers, ces hommes et ces femmes capables de tout, se retrouvent enfermés dans des rôles cloisonnés, incapables d’agir avec la liberté d’antan.
Un autre exemple, plus subtil mais tout aussi parlant : la fameuse PVP. Cette volonté de rapprocher la Gendarmerie de ses citoyens, de renouer le lien, est louable. Mais sur le terrain, que constatons- nous ? Une pression statistique qui déforme la réalité. Les chiffres augmentent, mais qu’en est-il du véritable impact ? Nos outils ne reflètent pas notre quotidien, ils alimentent une vision déconnectée, une illusion qui fait dire aux élus : “On ne vous voit pas assez”. Cette perception est peut-être juste dans certains territoires, mais pas partout. Et pourtant, pour satisfaire cette soif de chiffres, nous trichons, nous adaptons nos rapports, non par malhonnêteté, mais par obligation.
Et là réside le nœud du problème. Nous avons cessé d’être des acteurs de notre propre mission.
Nous disons ce que nos chefs veulent entendre. Nous validons, nous acquiesçons, par peur de remettre en question, par crainte de compromettre une carrière. Le courage intellectuel a cédé le pas à l’obéissance aveugle.
Notre liberté d’action, tant enseignée, tant valorisée, s’est évaporée, étouffée sous le poids de la hiérarchie et de la bureaucratie.
Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave. L’immédiateté gouverne tout. Chaque événement, chaque incident est scruté par tous les échelons, avant même que les premiers éléments ne remontent aux responsables opérationnels. L’urgence devient la norme, et avec elle, une infobésité qui nous submerge. Les mails, les comptes-rendus, les ordres qui se bousculent… tout devient prioritaire, tout devient urgent. Et dans ce flot continu d’informations, nous ne faisons plus que réagir, sans jamais anticiper.
À cela s’ajoute la “communication”. Celle qui flatte l’ego, qui alimente le narcissisme de certains, qui pensent réinventer le métier. Ces “influenceurs”, comme ils aiment à se nommer, réduisent notre engagement à des images, des slogans. La médiocrité s’installe, insidieusement.
Enfin, une réforme de la déconcentration est en marche, voulue par le président de la République, avec pour ambition de simplifier l’action publique. Mais peut-on vraiment y croire ? Les bonnes intentions sont là, certes, mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Les autres administrations ne suivent pas, la cadence n’est pas la même, et nous, gendarmes, continuons de crouler sous nos dossiers, sous les heures “bureau”, sous les enquêtes qui s’empilent.
Malgré tout, il nous est demandé de rester fidèles, de continuer à servir, sans questionner. Mais est- ce cela, être loyal ? Est-ce accepter sans jamais remettre en question ? Sommes-nous condamnés à une soumission aveugle, à ne plus nous appartenir, à sacrifier ce qui faisait de nous des gendarmes et non des policiers ?
La policisation de notre Institution est en marche. Et avec elle, c’est peut-être notre âme que nous perdons.
Jean Ceymon
Après la pluie de missiles iraniens envoyée vers Israël mardi, et depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le terme de «troisième guerre mondiale» occupe les esprits. Et en termes de soldats, l’Iran et la Russie figurent tous deux parmi les 10 armées les plus grandes au monde.
Alors que l’escalade de la guerre au Proche-Orient semble hors de contrôle et que l’invasion russe en Ukraine s’éternise, la crainte d’une généralisation des conflits à l’échelle mondiale se fait sentir, chaque pays usant de sa force militaire pour intimider son adversaire.
Le nombre, une force de dissuasion majeure lors de conflits entre pays frontaliers. La majorité des pays de la planète possèdent une armée, avec un nombre de soldats plus ou moins actifs. Mais certaines nations ont développé leurs rangs.
Voici les 10 armées possédant le plus grand nombre de soldats actifs en 2024, selon une étude menée par Statista.
Avec 2 millions de soldats actifs au sein de son armée, pour une population qui dépasse 1,4 milliard d’habitants, la Chine possède le plus grand effectif militaire au monde. Egalement connue sous le nom d’Armée populaire de libération depuis la fin de la guerre sino-japonaise, l’armée chinoise est composée de plusieurs branches, dont une force des fusées, une force de soutien stratégique et une force de soutien logistique interarmées propres à elle.
L’armée indienne compte près de 1,45 million de soldats actifs dans ses rangs selon les dernières données disponibles. Une force militaire considérable pour le pays qui est devenu le pays le plus peuplé au monde avec plus d’1,45 milliard d’habitants. Cette force militaire humaine, également appuyée par le soutien d’1,15 million de soldats réservistes, est l’une des plus importantes au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Troisième pays le plus peuplé au monde avec plus de 340 millions d’habitants, les États-Unis disposent de forces armées qui comptent 1,39 million de soldats actifs, répartis au sein de l’US Army, de l’US Navy, de l’US Air Force, de l’US Marine Corps et de l’US Space Force. Les militaires évoluent sous les ordres du général Charles Q. Brown Jr, second afro-américain au poste de chef d’Etat-Major des armées des Etats-Unis.
Quatrième armée la plus importante au monde, l’armée nationale de Corée du Nord, connue sous l’appellation officielle d’Armée populaire de Corée, possède près d’1,2 million de soldats actifs dans ses rangs, pour une population totale d’environ 26 millions d’habitants, sous les ordres du commandant suprême, du chef de l’Etat Kim Jong-un, qui possède aussi le grade de maréchal. La Corée du Nord est également le pays avec le service militaire le plus long au monde (10 ans pour les hommes, 8 pour les femmes).
Depuis son invasion entamée en Ukraine il y a plus de deux ans, l’armée russe ne cesse de faire parler d’elle. Le pays dispose de 831.000 soldats actifs, pour une population totale de plus de 145 millions d’habitants, épaulés par de nombreux réservistes et hommes réquisitionnés pour la guerre en Ukraine. Trois branches principales la composent : les forces terrestres, les forces aérospatiales et la marine.
Voisin important de l’Inde avec qui il possède des relations diplomatiques parfois tendues, le Pakistan dispose de la 6e force armée mondiale en termes de soldats actifs, avec 654.000 soldats prêts à partir au combat, sur une population totale qui approche les 240 millions d’habitants.
Au coeur de l’actualité ces derniers jours après une attaque massive contre Israël, l’armée iranienne dispose d’un nombre de soldats plus que conséquent. Composées de l’Artesh, armée régulière, et des Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime, les forces armées de la République islamique d’Iran sont composées de 575.000 soldats actifs, principalement présents à l’intérieur du pays et dans le golfe persique, sur une population totale estimée à près de 89 millions d’habitants.
Voisin de Pyongyang, la Corée du Sud est dotée d’une armée comptant près de 555.000 soldats parmi son effectif actif, sur un total de près de 52 millions d’habitants. Grandement employée lors de mission de l’ONU, l’armée sud-coréenne participe à de nombreuses manœuvres avec les militaires américains, afin de se préparer à toute attaque nord-coréenne.
Fondée le 22 décembre 1948 dans le cadre de l’indépendance du Vietnam, l’armée populaire vietnamienne dispose d’environ 470.000 soldats actifs dans ses rangs, pour une population totale qui approche les 100 millions d’habitants. Elle est connue pour avoir été présente dans les plus grands conflits du sud-est de l’Asie dans les années 1970 et 1980.
Avec 440.000 soldats actifs en permanence pour environ 105 millions d’habitants dans le pays, l’armée égyptienne est la 10e plus importante à l’échelle mondiale sur le plan humain. Les soldats des forces armées égyptiennes se sont fait remarquer lors de la révolution égyptienne en 2011, en refusant de suivre les ordres de l’ancien président Hosni Moubarak, le contraignant à démissionner.
Billet du lundi 30 septembre 2024 rédigé par Jean-Philippe Duranthon, membre du Conseil d’administration et membre fondateur de Geopragma.
https://geopragma.fr/un-frexit-institutionnel/
Les tentatives de séduction, les portes qui claquent et les accusations d’infidélité, dignes de Feydeau, qui ont caractérisé le choix du Premier Ministre puis la formation du gouvernement, ont éclipsé l’annonce de la composition de la nouvelle Commission européenne : celle-ci a été à peine évoquée dans la presse et est restée absente des déclarations des responsables politiques. Elle est pourtant riche d’enseignements sur l’influence que la France a désormais au sein de l’Union Européenne et vis-à-vis de la Commission.
1/ Thierry Breton a eu l’élégance de déclarer qu’il n’était plus candidat, ce qui a arrangé tout le monde, mais en précisant qu’Ursula von der Leyen avait réclamé son départ ; il a ensuite affiné son propos en indiquant que celle-ci avait placé Emmanuel Macron devant un choix : « ou bien c’est Thierry Breton mais avec un plus petit portefeuille, ou bien c’est un autre, mais avec un plus gros portefeuille ». Une forme de chantage, donc. Le propos n’est pas ici de dire qui, d’Ursula von der Leyen ou de Thierry Breton, avait raison dans les différents débats qui les ont opposés ces derniers mois ; il est de remarquer que la présidente de la Commission s’est permise de récuser un candidat présenté par la France et que le président de la République s’est plié à cette étrange initiative. On peut en déduire que le rapport de forces entre ladite présidente et ledit président n’est pas en faveur de ce dernier, à qui pourtant elle doit son poste, et que le poste de président de la Commission a pris une stature nouvelle, qui le place au-dessus des chefs d’Etat, ces derniers fussent-ils d’un grand pays.
2/ La « grosseur » du portefeuille alloué au commissaire français peut être discutée. Celui-ci est en charge de « la prospérité et la stratégie industrielle » : « vaste programme ! », pourrait-on s’exclamer, tant ces deux thèmes, et surtout le premier, sont vastes. Mais ils sont aussi bien vagues ! Cette imprécision autorise tous les débordements mais permet aussi une « cornérisation ». D’ailleurs, d’autres commissaires ont en charge « la transition » (climatique, peut-on supposer), « la souveraineté technologique », « l’économie et la productivité », « l’énergie », « la recherche et l’innovation », concepts qui sont beaucoup plus précis ; peut-on agir pour « la prospérité » et définir la stratégie industrielle de l’Union sans s’intéresser à ces domaines qui sont en d’autres mains ? L’action de « notre » commissaire sera donc conditionnée par celle de ses collègues compétents pour les mêmes problématiques.
On pourrait se rassurer en notant que le commissaire français fait partie des quatre « vice- présidents exécutifs » de la Commission. Mais le titre est plus honorifique que fonctionnel (la précédente Commission comportait huit vice-présidents exécutifs, chiffre élevé qui amène à relativiser l’importance du rôle) car leurs titulaires ne bénéficient d’aucun pouvoir hiérarchique sur les commissaires « de base » ; il ne peut d’ailleurs pas en être autrement puisque les décisions de la Commission sont collectives et que, juridiquement, chaque commissaire dispose du même poids que les autres. En outre, les trois autres vice-présidents exécutifs sont les commissaires présentés par l’Espagne, la Finlande et la Roumanie : difficile d’en déduire que le titre reflète l’importance du pays au sein de l’UE.
Le portefeuille confié au commissaire français est-il vraiment « un plus gros portefeuille » comme l’avait promis Ursula von der Leyen ?
3/ Le choix de Stéphane Séjourné peut surprendre. Il ne s’agit pas ici de discuter des mérites et des limites d’une personne mais seulement de noter que le nouveau commissaire français n’a ni la personnalité, ni l’expérience longue et multiple de son prédécesseur. Il est peu probable qu’il ait rapidement le même poids que lui au sein des instances européennes.
Les mauvais esprits pourraient penser qu’au moment où, en France, se met laborieusement en place une vraie-fausse cohabitation, son choix résulte avant tout de la volonté du président de la République d’avoir à Bruxelles un commissaire qui lui sera personnellement fidèle, de montrer que le choix du commissaire et les relations avec la Commission font partie du « domaine réservé » qu’il n’entend pas partager. Si cela était vrai, il faudrait en déduire que les vicissitudes de la politique intérieure ont le pas sur la défense des intérêts du pays au sein de la Commission.
4/ Le choix des commissaires et la répartition des rôles entre eux ne sont pas toujours favorables aux intérêts français. Ainsi, les deux commissaires qui seront en première ligne sur les questions énergétiques sont de fervents adversaires du nucléaire : l’Espagnole Teresa Ribera Rodriguez,
« vice-Présidente exécutive à la transition juste, propre et compétitive », et le Danois Dan Jorgenson, « commissaire à l’énergie et a au logement ». Il est étrange que, s’agissant d’un sujet aussi important et sensible, qui fait l’objet de fortes oppositions au sein de l’Union, la France n’ait pas pu éviter que les deux commissaires en charge de cette politique fassent l’un et l’autre partie du camp hostile aux orientations qu’elle défend.
Plusieurs conclusions peuvent être tirées de ce rapide examen :
1/ Le poids de la France dans l’UE se réduit. L’époque où les pays fondateurs pilotaient le processus est bien fini, la France n’est plus qu’un pays comme un autre, l’élargissement a fait son œuvre. La Commission s’est émancipée et le « couple franco-allemand » n’est qu’un souvenir.
2/ Le Commissaire français aura bien des difficultés à défendre, dans le cadre des orientations communautaires, nos intérêts nationaux. Il disposera de bien peu de leviers pour son action au sein des institutions communautaires.
3/ Alors que chaque renouvellement de la Commission est toujours l’occasion, pour chaque pays, de pousser ses pions, les dirigeants français ont fait preuve d’une grande légèreté (naïveté ou impuissance ?). Ils n’ont pas cherché à, ou su, résister aux pressions de leurs homologues ou de la présidente de la Commission. C’est surprenant compte tenu de l’importance que tient l’Europe dans leurs discours.
Tout se passe donc comme si la France se désengageait involontairement du pilotage des institutions européennes, Une sorte de Frexit institutionnel, en quelque sorte. Etonnant !
Jean-Philippe Duranthon
Nommé ministre des Armées le 20 mai 2022, Sébastien Lecornu est donc maintenu à son poste dans le (premier?) gouvernement Barnier. Ce qui n’est pas sans déplaire à de nombreux militaires qui reconnaissent la détermination de leur ministre.
On lira son CV ici.
Que préciser ou ajouter?
Que ce « discret » (selon l’AFP), proche d’Emmanuel Macron, est né en 1986… Qu’il a occupé à partir de 2020 le poste de ministre des Outre-mer dans le gouvernement Jean Castex, puis celui de ministre des Armées d’abord dans le gouvernement Élisabeth Borne puis dans le gouvernement Gabriel Attal.
Qu’il a été le principal artisan de l’élaboration et du vote de la loi de programmation militaire (LPM) d’avril 2023, qui doit s’appliquer de 2024 à 2030. Cette LPM prévoit 413 milliards d’euros de dépenses militaires sur les sept années d’exercice. Le budget annuel passera ainsi de 32 milliards en 2017 à 69 milliards en 2030, soit un doublement du financement des armées.
Qu’est-ce qui l’attend?
Du roulis politique! Ce gouvernement naît dans la douleur et la mauvaise humeur. Et sa durée de vie est évidemment jugée éphémère.
Des pressions et menaces sur la LPM et le budget des Armées, puisqu’il va falloir réduire le train de vie de l’Etat. Toutefois, les plafonds de dépenses prévisionnels pour le PLF 2025, considérés comme une « base technique » pour préparer le prochain budget, montrent que pour l’instant, les Armés s’en sortent bien (+ 7 % par rapport à la loi de finances initiale de 2024, à 50,5 milliards d’euros).
Des remises en question dans le dossier « Ukraine », sur la nature et le montant des aides françaises à Kiev face à Moscou. C’est possible; on se souviendra qu’en mars dernier, lors du débat sur l’Ukraine au Parlement, LFI avait exprimé son rejet de la stratégie française d’aide à Kiev.
« On va devoir vivre avec ». Devant un parterre de dirigeants d’entreprises, le chef d’état-major des armées françaises a prévenu face à la remise en cause inexorable du « modèle occidental » à travers le monde, appelant à « se préparer à des temps assez durs, sinon très durs, pour l’Occident ».
« On entre résolument dans une nouvelle ère, un Occident qui est contesté (…) et une fragmentation de l’ordre international extrêmement forte« , a averti le général Thierry Burkhard devant les responsables du Medef et de dix grands groupes français, mardi 27 août.
Cet ordre international « a été fondé sur le droit, construit par le monde occidental et on nous reproche de l’avoir construit pour le monde occidental », a-t-il ajouté, décrivant « en parallèle la montée d’un ordre alternatif (…) qui veut nous pousser dehors ».
Le général intervenait à Paris lors d’une cérémonie de lancement du partenariat ProMilès entre ces groupes et l’armée, visant notamment la reconversion des soldats blessés dans le secteur privé, le renforcement de la réserve et l’emploi des conjoints de militaires. En avril, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait indiqué vouloir moderniser le recensement pour identifier « en continu » les compétences de volontaires susceptibles de renforcer la réserve militaire. Le président de la République, Emmanuel Macron, veut doubler le nombre de réservistes, actuellement de 40.000, qui viennent en appui des plus de 200.000 militaires de l’armée française.
« Le recours à la force est désinhibé et apparaît comme la manière la plus forte d’imposer sa volonté et de résoudre les différends », a poursuivi le général Burkhard. » Ne croyons pas qu’on va revenir au monde d’avant. Ce qui se met en place, on va devoir vivre avec ».
Les entreprises concernées, du domaine militaire (KNDS, Thalès, Dassault Aviation…) ou non (Société Générale, Michelin, Schneider Electric…) s’engagent via ce partenariat à « conforter ou initier » leurs relations avec la formation militaire pour une durée renouvelable de cinq ans. Parmi les facteurs stratégiques essentiels des années à venir, le militaire a aussi cité la guerre informationnelle, dans laquelle « nos compétiteurs agissent de manière extrêmement forte ».
Il a également cité le changement climatique comme « catalyseur de chaos, en termes de guerre d’accès aux ressources, de déplacement de population ou de famine ».