« Est-il encore possible d’enquêter ? » : trois journalistes français convoqués à la DGSI après des investigations sur l’armée

« Est-il encore possible d’enquêter ? » : trois journalistes français convoqués à la DGSI après des investigations sur l’armée

  • Trois journalistes sont convoqués par la DGSI.
    Trois journalistes sont convoqués par la DGSI. Pixabay

L’essentiel : Trois journalistes français à l’origine d’une enquête en 2018 sur des soupçons de trafic d’influence dans l’armée sont convoqués par la DGSI le 14 décembre prochain. 

Trois journalistes auteurs d’une enquête en 2018 sur des soupçons de trafic d’influence dans l’armée française sont convoqués mercredi 14 décembre à la DGSI pour des soupçons d’atteinte au secret de la défense nationale, a appris l’AFP mercredi de sources proches du dossier.

Benoît Collombat et Geoffrey Livolsi, auteurs de l’enquête « Transport aérien : soupçons de trafic d’influence dans l’armée », sont convoqués en audition libre en compagnie de Jacques Monin, directeur des enquêtes et de l’investigation de Radio France qui avait diffusé l’enquête dans l’émission « Secrets d’info » sur France Inter, selon ces sources proches du dossier. L’enquête avait aussi été diffusée sur internet.

Plainte d’un membre des forces spéciales

Selon l’une de ces sources, les trois journalistes sont convoqués le 14 décembre à 10h car ils sont « soupçonnés d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction de révélation ou divulgation d’information permettant l’identification d’un membre d’une unité des forces spéciales« .

Selon une autre de ces sources, la convocation intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte après une plainte avec constitution de partie civile déposée par un ancien membre des forces spéciales dont le nom était mentionné dans leur article.

Leur enquête révélait que « le Parquet national financier (PNF) enquête sur des soupçons de favoritisme et de trafic d’influence au sein de l’armée française. Au cœur de ses investigations : les contrats de sous-traitance du transport aérien », qui auraient donné lieu à une perquisition à l’état-major des armées.

« Dans le collimateur de la justice« 

Elle évoquait notamment le nom d’un responsable du Commandement des opérations spéciales (COS) présenté comme étant « dans le collimateur de la justice », sans que l’on sache à ce stade si ce lieutenant-colonel est effectivement le plaignant.

Sollicité pour savoir si l’enquête principale était toujours en cours, le PNF n’avait pas répondu mercredi matin. Contacté sur la convocation visant ses journalistes, Radio France n’a pas non plus répondu dans l’immédiat. Joint par l’AFP, le journaliste Geoffrey Livolsi a indiqué que « ces convocations sont une nouvelle tentative d’intimidation contre les journalistes enquêtant sur l’armée. »

« Est-il encore possible d’enquêter sur ce sujet sans être inquiété par les services de renseignements ? Pour rappel, notre média Disclose », qu’il a co-fondé en 2018, « est aussi visé depuis un an par une enquête pour violation du secret de la défense nationale », a-t-il rappelé. Benoît Collombat et Jacques Monin n’ont pas souhaité s’exprimer publiquement.

Un député a déposé une proposition de loi visant à lutter contre le recrutement d’ex-militaires par des entités étrangères

Un député a déposé une proposition de loi visant à lutter contre le recrutement d’ex-militaires par des entités étrangères

http://www.opex360.com/2022/11/27/un-depute-a-depose-une-proposition-de-loi-visant-a-lutter-contre-le-recrutement-dex-militaires-par-des-entites-etrangeres/


 

Cet ancien pilote est « responsable d’avoir vendu la technologie et la propriété intellectuelle américaines à la Chine. Ce crime a été commis par un ancien membre de l’armée américaine qui a préféré l’argent liquide à son entreprise et à son pays », a justifié l’avocat général durant le procès.

Cette affaire est assez classique… En revanche, le recrutement d’anciens pilotes militaires occidentaux par l’Armée populaire de libération [APL] l’est moins. Alors que Shapour Moinian était jugé à San Diego, un ancien aviateur de l’US Marine Corps [USMC] Daniel Edmund Duggan attendait d’être fixé sur son sort, la justice australienne devant se prononcer sur son éventuelle extradition vers les États-Unis. En effet, il lui est reproché d’avoir mis ses compétences et son expérience au service de la Chine.

Selon l’agence Reuters, pendant un temps, cet ancien pilote d’AV-8 Harrier II aurait été en lien avec la Test Flying Academy of South Africa [TFASA], laquelle a travaillé pour la société Lode Technologies, alors dirigée par l’homme d’affaires chinois Su Bin. Or, celui-ci a été arrêté au Canada en 2014, avant d’être condamné aux États-Unis pour une affaire d’espionnage informatique s’étant intéressée à la conception d’avions militaires américains.

Cela étant, fin octobre, Londres a fait part de son intention de mettre un terme au recrutement d’anciens pilotes des forces armées britanniques par… la Chine. D’après la presse d’outre-Manche, Pékin aurait ainsi recruté une trentaine d’ex-pilotes militaires en qualité d’instructeur, en leur proposant des salaires très alléchants d’environ 240’000 livres sterling par an. Et, apparemment, la TFASA aurait servi d’intermédiaire dans cette entreprise.

L’APL cherche « des pilotes occidentaux ayant une grande expérience pour l’aider à développer des tactiques et les capacités de ses forces aériennes. Et ceux qui ont accepté un tel emploi contribuent à améliorer les connaissances et les capacités militaires de la Chine », avait alors expliqué un responsable britannique. Également concernés par ce phénomène, l’Australie et le Canada ont ouvert des enquêtes.

Quant à la France, où d’anciens pilotes militaires, notamment de la Marine nationale, ont été approchés par la Chine, comme l’ont révélé le site spécialisé Intelligence On Line et le quotidien « Le Figaro » [mais aussi un vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux, ndlr], la discrétion semble de mise… D’où la question écrite adressée au ministère des Armées par le député Jean-Louis Thiériot [LR], le 1er novembre dernier.

« La presse a révélé que la République populaire de Chine attirait, par le biais d’une entreprise sud-africaine [Test Flying Academy of South Africa], d’anciens pilotes occidentaux notamment britanniques, australiens mais aussi français avec des contrats à plus de 20’000 euros/mois aux fins d’instruire les futurs pilotes de son armée », a d’abord rappelé le député.

Et de demander au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, si la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] était « informée de cette offensive chinoise » et s’il existait des « dispositions interdisant aux anciens militaires de proposer leurs services auprès de puissances étrangères et de délivrer des secrets sur les techniques opérationnelles des forces armées ».

Les réponses aux questions écrites adressées par les parlementaires au gouvernement tardant toujours à venir, M. Thiériot a, sans attendre, pris l’initiative de déposer une proposition de loi visant à « lutter contre le recrutement par des entités étrangères d’anciens militaires de l’armée française ».

« Alors que la France offre un précieux vivier d’anciens officiers maîtrisant la délicate technique de décollage par catapulte et d’appontage, qu’elle sera bientôt la seconde puissance militaire [occidentale, ndlr] après les États‑Unis à utiliser la technologie des catapultes électro‑magnétiques dont est équipé le Fujian – troisième porte‑avions chinois – et que des pilotes de l’aéronavale témoignent être approchés par la Chine […], il est urgent de mettre en place un plan de lutte contre le recrutement d’anciens militaires de nos forces armées par des entités étrangères et le transfert de compétences sensibles qui en résulte », est-il expliqué dans l’exposé des motifs de cette proposition de loi.

Celle-ci propose de compléter l’article R4139-17 du code de la Défense par une disposition instituant une « commission au sein de la DGSE » chargée de « contrôler les engagements au service d’une entité étrangère ou d’un État étranger des anciens militaires de l’armée française avec la mise en place d’une procédure spécifique d’autorisation préalable ».

Normalement, une telle prérogative devrait théoriquement revenir à la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense [DRSD], dont l’une des missions est de contrer les ingérences étrangères. Sans doute que ce point sera évoqué lors de l’examen de cette proposition de loi par la commission de la Défense.

Renseignement : Le ministère des Armées lance le projet TORNADE pour le traitement massif des données

Renseignement : Le ministère des Armées lance le projet TORNADE pour le traitement massif des données

http://www.opex360.com/2022/10/12/renseignement-le-ministere-des-armees-lance-le-projet-tornade-pour-le-traitement-massif-des-donnees/


 

En effet, les solutions proposées par Preligens permettent, via des algorithmes d’intelligence artificielle, d’automatiser le traitement [et non pas l’analyse] de grandes masses de données. Ainsi, il y a deux ans, l’entreprise avait dévoilé le logiciel « Defence Site Monitoring », capable d’identifier automatiquement des matériels militaires ainsi que tout mouvement inhabituel sur des sites d’intérêt en exploitant l’imagerie satellitaire fournie par Airbus.

La Direction du renseignement militaire [DRM] fit savoir, en juillet 2021, que, à l’issue de l’expérimentation « TAIIA », elle avait retenu Prelingens pour lui fournir un « outil d’aide à la surveillance d’activités sur les sites stratégiques » qui, « mis à la disposition des analystes, les assiste dans l’élaboration du renseignement d’intérêt militaire et les aide à anticiper des menaces par la mise en place de mécanismes de veille et d’alerte ».

Puis, Preligens obtint de nouvelles commandes de la part du ministère des Armées, notamment via l’accord cadre OURANOS. Mais la jeune entreprise vient de franchir un nouveau cap. En effet, ce 12 octobre, la Direction générale pour l’armement [DGA] lui a notifié un contrat d’une valeur de 240 millions d’euros pour des « solutions de traitement des données adaptées aux besoins de la défense ».

Plus précisément, ce marché, appelé « TORNADE » [Traitement Optique et Radar par Neurones Artificiels via Détecteur], vise à acquérir des licences logicielles de quatre solutions d’intelligence artificielle pour le traitement et l’exploitation de grandes masses de données. La DRM ne sera pas la seule bénéfiaire puisque, selon Preligens, d’autres unités « tournées vers les opérations » pourront les utiliser. Ce sera notamment le cas du Commandement des opérations spéciales [COS] et du Commandement de la Cyberdéfense [COMCYBER].

« Face à l’augmentation du volume des données disponibles issues de multiples sources, notamment satellitaires, le développement d’outils de traitement massif de données, grâce à l’intelligence artificielle, est un enjeu majeur pour appréhender plus rapidement et de manière plus complète la situation, afin de décider mieux et plus vite », explique la DGA.

Aussi, poursuit-elle, « les licences logicielles acquises dans le cadre du marché Tornade permettront aux entités du ministère des Armées de répondre à ce besoin d’accéder rapidement à un renseignement précis et adéquat dans une masse de données : création automatique de cartes à partir d’images satellites, détection d’objets dans ces images pour les domaines du visible, de l’infra-rouge et de l’imagerie radar ».

Quoi qu’il en soit, souligne Preligens, c’est la première fois qu’une jeune entreprise de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française « porte directement elle-même son innovation à ce stade de déploiement ».

Focus sur le 13ème régiment de Dragons Parachutistes

Focus sur le 13ème régiment de Dragons Parachutistes


par Jean de Saint Blancard (*)- Esprit Surcouf – publié le 12 août 2022

https://espritsurcouf.fr/defense_focus-sur-le-13eme-regiment-de-dragons-parachutistes_par_jean-de-saint-blancard-n195-12082022/


Approcher le 13ème Régiment de Dragons Parachutistes (13° RDP),  c’est s’approcher d’un régiment au fonctionnement particulier. Le « 13 » est une unité des Forces Spéciales, spécialisée dans le renseignement. Ses soldats doivent être protégés par le plus grand anonymat, pas de visage, pas de localisation, pas d’information publique sur leurs actions. Le secret est une force pour garantir le succès de leurs missions. L’auteur nous en dit un peu plus.

Le Commandement des Forces Spéciales Terre (CFST) regroupe trois régiments de l’armée de terre, le 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1° RPIMA), le 13eme régiment de Dragons parachutistes (13° RDP) et le 4eme Régiment d’Hélicoptères de Forces Spéciales (4° RHFS). Il est aux ordres du Commandement des Opérations Spéciales (COS) et de la DRM (Direction du renseignement militaire).

Ce CFST, commandement de niveau divisionnaire, est basé à Pau-Uzein, dans les Pyrénées françaises. La majorité de ses opérations sont classées « Secret Défense ». A ce jour, il compte environ 2500 hommes et femmes et dispose de 45 hélicoptères. Il ne doit pas être confondu avec le le Groupement d’Appui des Opérations Spéciales, qui permet de greffer des unités conventionnelles spécialisées (NRBC, Génie, Cyno, etc) en fonction de la mission préparée.

Un peu d’histoire…

Créé en 1676, portant successivement les noms de ses colonels sous la royauté, le régiment devient 13e régiment de dragons sous la Révolution. Il s’illustre à Valmy en 1792, puis sous l’Empire à Hohenlinden, à Austerlitz, à Iéna et à la Moskova.  Sous Napoléon lll, il devient régiment des dragons de l’Impératrice, et retrouve son numéro dès 1870. Lors du premier conflit mondial, il s’illustre à Ypres en 1914, puis à Verdun en 1916.

Durant la deuxième guerre mondiale, équipé de quatre-vingts chars, il combat du 10 mai au 25 juin sans interruption, en Belgique, à Dunkerque, puis sur le « front de Seine » où il se retrouve pratiquement anéanti. 13ème régiment de dragons parachutistes 1952, il  prend part aux opérations d’Algérie dans la 10° division parachutiste du général Massu.

Rapatrié en métropole, il est transformé en régiment interarmes de recherche et de renseignement. Il s’installe alors en Lorraine, à Dieuze, pendant 48 ans. À l’été 2011, le 13ème RDP prend ses quartiers dans le camp de Souge à Martignas-sur-Jalle, près de Bordeaux, permettant un regroupement cohérent des forces spéciales dans la région sud-ouest. La devise du régiment n’a jamais changé.

 

Le travail du « 13 »

Le 13è RDP est un système complet et autonome de renseignement. Les Dragons recueillent, traitent et diffusent l’information. Toujours en uniforme, ils utilisent tous les moyens de pénétration imaginables au service d’un seul et même objectif : le renseignement humain.

« Voir sans être vu » pourrait être leur devise, car leur régiment n’est pas là pour faire le coup de force, mais tout au contraire pour s’infiltrer en profondeur dans les lignes ennemies sans se faire repérer. Les progressions se font toujours dans un silence absolu et tous les ordres sont donnés par gestes et signaux. Les groupes de reconnaissance et d’observation sont peu armés, ils sont munis le plus souvent de pistolets mitrailleurs Uzi ou MP5, toujours dotés de silencieux. La seule utilisation de ces armes ferait échouer la mission et conduirait tout le groupe à une mort certaine.

Les hommes peuvent se terrer plusieurs semaines, c’est pour cela qu’ils emportent avec eux vivres et matériels qui pèsent au total une soixantaine de 60 kilos. Ils disposent de caméras numériques associées à des intensificateurs de lumière pour observer des camps ou bases ennemis à plusieurs centaines de mètres, et de nuit. Ils sont dotés de tous les moyens nécessaires pour pouvoir transmettre au commandement,  situé à plusieurs centaines de kilomètres en arrière. Toutes les communications sont évidemment codées et les radios n’envoient que des informations compressées, selon des fréquences variables.

La mission peut être aussi de désigner au laser des cibles à l’aviation. Et ils sont bien sûr capables de poser des charges, sur des antennes de télécommunications par exemple, dans des zones où l’aviation ne pourrait pas intervenir.

Il s’agit donc de faire la guerre autrement. Réussir une mission demande aux dragons d’accumuler un grand nombre de qualités : résistance physique, rusticité, adaptabilité, grande intelligence de situations, sang-froid, courage et force mentale.

Les escadrons du « 13 ».

Le régiment a la particularité de se décliner en plusieurs escadrons, dont sont spécialisés dans la recherche humaine en tous milieux. A ce titre ils suivent des entraînements dans le monde entier, comme à Djibouti, en Guyane, en Suède ou ailleurs le « 13 » a été projeté sur les cinq continents et dans plus de trente pays

Les 7 escadrons spécialisés sont les suivants : le 1er escadron est celui de l’instruction, c’est donc l’académie de formation du 13ème RDP ; le 2ème escadron est spécialisé dans les milieux nautiques et détient une expertise jungle. A cet effet il regroupe des nageurs- palmeurs, plongeurs et des navigateurs qui sont en mesure de se déplacer et d’intervenir discrètement, à proximité immédiate d’une façade maritime ou de réseaux fluviaux.

Le 3ème escadron est spécialisé dans les milieux montagnes et détient l’expertise grand froid ;le 4ème escadron est spécialisé dans les milieux désertiques et détient l’expertise mobilité ; le 5ème escadron est spécialisé dans les milieux urbains, avec une expertise dite troisième dimension, donc la possibilité d’effectuer des sauts en parachute à très grande hauteur, avec masque à oxygène et pilotes biplaces ; le 6ème escadron sert d’appui technique ; le 7ème escadron se consacre au traitement et à l’analyse du renseignement. Il existe enfin un dernier escadron, l’ECL (Escadron de Commandement et de Logistique).

Volontaires pour servir au « 13 ».

Chaque année, le régiment recrute une centaine de jeunes. Ils viennent d’autres régiments de l’Armée de Terre ou du monde civil. Dans ce dernier cas, le candidat doit être âgé de 18 à 27 ans, être de nationalité française, jouir de ses droits civiques, présenter un casier judiciaire vierge, avoir effectué sa journée Défense et Citoyenneté (JDC), être en bonne condition physique à la date de signature du contrat, avoir réussi des tests de sélection ainsi que des tests d’agrément technique « unités spéciales ».  Les qualités souhaitées sont la motivation et la volonté, la rusticité et l’endurance, l’autonomie et le sens des responsabilités.

Chaque volontaire commence par suivre une formation initiale mois, qui permet d’obtenir le brevet parachutiste. Certains seront alors dirigé vers des régiments plus classiques, d’autres enchaîneront sur la « filière forces spéciales » pendant 13 mois. Cela consiste en des aguerrissements longs et des spécialisations approfondies en techniques de combat commando, une initiation au tir toutes armes, notamment à longue distance, en corps-à-corps, en identification de matériels adverses, en survie, en techniques secrètes d’infiltration et de renseignement chez l’ennemi, en informatique, en dépiégeage, en techniques de photo-vidéo, en camouflage, en langues rares, etc…

Il est aussi possible de s’engager dans d’autres formations plus pointues telles que celle d’équipier SIC (cyber guerre), de traitant et d’analyste renseignement, d’expert en géopolitique et en investigations, à des fins par exemple d’identification et de localisation des réseaux ennemis.

Ce parcours très exigeant est caractérisé par sa durée mais aussi par le niveau de son instruction qui impose un travail et un investissement personnels quasi quotidiens…

Encore plus loin

À l’occasion d’un entraînement organisé à « Bordeaux Lac » début décembre 2021,  permis d’approcher des équipiers de recherches spécialement formés pour s’infiltrer discrètement par voies nautiques, ceux du 2ème escadron dont la devise est « Encore plus

loin… ».

Ces militaires opèrent soit en surface à l’aide de palmes ou d’embarcation, soit sous l’eau en plongée, équipés de respirateurs à circuit fermé. Certains sont qualifiés « Plongeurs Offensifs » et peuvent mener des infiltrations subaquatiques en toute discrétion et sur de longues distances. Les insertions nautiques sont généralement menées de nuit.

Au cours de l’exercice, ont été utilisés des embarcations et du matériel adaptés aux opérations spéciales, des Kayaks, des propulseurs sous-marins, le « Squale ». L’adaptation des modes opératoires et des matériels est une exigence primordiale répondre aux attentes du COS et de la DRM, car le « 13 » est un maillon essentiel du renseignement et de la lutte antiterroriste en opérations extérieures.

***

(*) Jean de SAINT VICTOR de SAINT BLANCARD est à la fois plongeur et photographe. Plongeur, il l’est depuis 1974 après un baptême de plongée dans la piscine de l’Université de Paris X lorsqu’il était étudiant en droit… Il a effectué son Service National « palmes aux pieds » comme « plongeur de l’armée de terre » et a poursuivi avec une formation pédagogique pour enseigner la plongée. Il est moniteur Fédéral 1er degré, Moniteur Nitrox confirmé FFESSM.

Photographe, évidemment spécialisé dans les prises de vues subaquatiques, il a reçu de multiples récompenses dans les concours et compétitions organisées par les fédérations de l’image. Il collabore à plusieurs magazines de plongée et expose régulièrement ses clichés lors de manifestations culturelles.

Le ministère des Armées passe à la vitesse supérieure en matière d’intelligence artificielle

Le ministère des Armées passe à la vitesse supérieure en matière d’intelligence artificielle

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« Le traitement massif des données, c’est le nouveau nerf de la guerre. C’est ce qui nous permettra de prendre la bonne décision. Aussi, nous ne pouvons donc dépendre de personne », avait ainsi résumé Florence Parly, alors ministre des Armées.

Après une première phase compétitive et la mise en place un « écosystème » constitué de PME, de jeunes entreprises innovantes et de laboratoires spécialisés dans le traitement des données et l’intelligence artificielle, la Direction générale de l’armement [DGA] confia ce programme au tandem Thales et Atos, via leur co-entreprise Athea, avec Cap Gemini et Sopra Steria comme sous-traitants.

Cette seconde phase devait permettre de développer des « démonstrateurs » pour les six cas d’usage prévus par ARTEMIS.IA.

Pour rappel, intitulé « aide à l’exploitation des données massives, hétérogènes », le premier doit aboutir à un « outil d’exploitation permettant le croisement de données structurées et non structurées » permettant d’effectuer des « analyses multidimensionnelles sur la base de critères géographiques, temporels, relationnels ou statistiques ». Le second concerne la cybersécurité, avec la capacté de détecter des anomalies dans de « grands volumes d’évènements journalisés » tandis que le troisième s’intéresse au suivi de la santé des militaires.

Le quatrième cas d’usage, appelé « intelligence technique et économique », vise à faciliter la recherche d’informations dans de grandes masses de données et d’en faire la synthèse. Dans le même ordre d’idée, il est également question de mettre au point un « outil d’élaboration de la situation maritime, tirant parti du croisement de différentes sources de données » pour avoir la capacité de repérer et d’identifier des « modèles de comportement y compris anormaux et dans la prédiction de la situation maritime future ». Enfin, le sixième domaine couvert par ARTEMIS.IA est celui du Maintien en condition opérationnelle [MCO], avec l’élaboration d’un système d’analyse prévisionnelle et de gestion des flottes [véhicules, aéronefs].

A priori, les démonstrateurs mis à l’épreuve par des « utilisateurs opérationnels » au cours de ces derniers mois ont donné pleinement satisfaction. Ce qui a motivé le ministère des Armées à passer la vitesse supérieure.

En effet, via un communiqué publié dans la soirée du 10 juillet,la DGA a indiqué que le projet ARTEMIS.IA venait d’entrer dans une phase d’industrialisation, avec le déploiement prévu d’une première plateforme opérationnelle de traitement massif de données, la réalisation de standards successifs, la formation et le soutien pour une durée de trois ans.

Plus précisément, cette première application concernera l’exploitation d’information multi-sources à des fins de renseignement. Elle sera livrée en 2023. « Le marché prévoit également le déploiement de futures capacités qui répondront aux spécificités d’autres domaines métiers, élargissant ainsi l’emploi d’ARTEMIS.IA à toutes les entités du ministère des Armées », a détaillé la DGA, pour qui ce programme « constituera plus largement un socle technique de référence, hautement sécurisé et souverain, susceptible d’irriguer à terme d’autres projets étatiques dans le domaine de l’intelligence artificielle. »

Effectivement, un tel projet doit répondre à des impératifs de sécurité… Comme l’avait souligné l’ex-député Fabien Gouttefarde, dans un avis budgétaire publié en octobre 2021, il doit « prendre en compte les nombreuses spécificités du monde de la Défense que sont la protection des données, la multiplicité des réseaux et des niveaux de classification, la gestion du besoin d’en connaître, l’accès aux algorithmes et aux données, tout en répondant aux problématiques de distribution géographique des données et des utilisateurs raccordés au travers de moyens de télécommunications militaires souvent contraints en termes de bande passante et de débit ».

Dans cet avis, M. Gouttefarde s’inquiétait du fait que le ministère des Armées était « en train de concevoir un super système d’analyse des données qui ne fonctionnera que dans 3 ans au plus tôt, c’est-à-dire à un moment où quasiment toutes les technologies impliquées auront évolué ».

Sur ce point, la DGA fait justement valoir qu’ARTEMIS.IA a été conçu « comme une plateforme modulaire », ce qui lui permettra de « bénéficier des avancées technologiques à venir dans le domaine du big data et de l’intelligence artificielle » afin de toujours « mieux répondre à l’évolution des besoins du ministère ».

L’état-major russe a diffusé des images présentées comme étant celles des rescapés du croiseur Moskva

L’état-major russe a diffusé des images présentées comme étant celles des rescapés du croiseur Moskva

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« Nous estimons qu’ils l’ont touché avec deux Neptune, » a en effet indiqué un haut responsable du Pentagone à la presse, le 15 avril. Ce qui contredit la version avancée par Moscou, qui, avant de reconnaître le naufrage du Moskva, avait parlé d’un incendie provoqué par la « détonation de munitions » survenue à bord du navire.

Pour rappel, long de 186,4 mètres pour 12’500 tonnes de déplacement, le Moskva était surtout utilisé pour établir une « bulle de protection » aérienne pour les autres navires russes présents en mer Noire, notamment grâce à ses 64 missiles surface-air S-300F [SA-N-6 Grumble]. Étant donné que la marine russe est censée avoir la maîtrise des approches maritime ukrainiennes, la perte de ce croiseur peut être vu comme un camouflet.

« C’est un gros coup dur symboliquement », a estimé le responsable du Pentagone. Et sa perte « crée un vide en termes de capacités militaires », a-t-il ajouté. Et cela d’autant plus que ce vide ne pourra pas être comblé étant donné que, conformément à la convention de Montreux, la Turquie « n’autorise pas les navires de guerre à entrer dans la mer Noire, et [les Russes] ne pourront donc pas le remplacer avec l’un des autres navires de la classe Slava qui leur restent », a-t-il fait valoir.

Mais au-delà la perte matérielle, aucun bilan humain n’a été avancé après le naufrage du Moskva, l’état-major russe ayant seulement assuré que son équipage – soit 510 marins – avait été évacué. « Nous pensons qu’il y a eu des victimes, mais il est difficile d’évaluer combien », a dit le responsable du Pentagone, avant de préciser que des survivants avaient été « récupérés par d’autres navires russes croisant dans les parages ».

En 1982, durant la guerre des Malouines/Falklands, le torpillage du croiseur ARA General Belgrano, comparable, par ses dimensions, au Moskva, mais avec un équipage deux fois plus important, avait fait 323 tués. Soit 30% des marins à bord. Ce qui peut donner une idée des pertes subies par la marine russe.

Quoi qu’il en soit, le 16 avril, le minstère russe de la Défense a produit une vidéo censée montrer les rescapés du Moskva.

 

« Le commandant en chef de la marine, l’amiral Nikolaï Iévménov, et le commandant de la flotte en mer Noire ont rencontré l’équipage du croiseur Moskva à Sébastopol », en Crimée, a-t-il précisé. Et d’ajouter : L’amiral « a informé l’équipage du croiseur que les officiers, les aspirants et les marins continueraient de servir dans la marine », précisant que les « traditions du Moskva seront soigneusement préservées ».

Selon ces images, dont l’authenticité reste à confirmer [il se peut qu’elles soient antérieures à la perte du croiseur, ndlr], l’analyste américain HI Sutton estime qu’environ 240 marins du Moskva ont survécu au naufrage. Dont 90 officiers et officiers-mariniers ainsi que 130 matelots. Pour autant, cela ne veut pas dire que leurs camarades ne figurant pas sur cette vidéo ont péri, un certain nombre d’entre-eux peuvent avoir été blessés.

Guerre en Ukraine : Le directeur du renseignement militaire français poussé vers la sortie

Guerre en Ukraine : Le directeur du renseignement militaire français poussé vers la sortie



Que savaient les autorités françaises de la situation militaire à la frontière ukrainienne quelques jours avant le début de l’offensive russe, le 24 février, en fonction des renseignements dont elles disposaient alors? Une partie de la réponse a été donnée par Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, une semaine plus tôt [le compte-rendu a fini par être publié un mois après…].

« Nous disposons bien de moyens de renseignement souverains qui nous permettent de développer nos propres analyses sur la situation en Ukraine. Nous avons renouvelé la totalité de nos capacités satellitaires d’observation, d’écoute et de communication, et nous utilisons les avions de reconnaissance et d’écoute, les Atlantique 2 et les Gabriel, ainsi que les Rafale [qui ont escorté les Mirage 2000D dotés de la nacelle ASTAC, ndlr], qui permettent aussi d’apprécier des situations, ou encore les navires qui ont été déployés dans la mer Noire », a d’abord rappelé Mme Parly, précisant que ces capteurs avaient été « orientés » vers l’Ukraine « depuis l’automne » 2021.

« La question qui se pose ne concerne pas tant ce que nous observons que les conclusions à en tirer. Si nous voyons les mêmes choses que nos partenaires, nous n’en tirons pas nécessairement les mêmes conclusions. C’est pour mener nos propres analyses que nous continuons d’investir dans des capacités souveraines », a enchaîné la ministre.

Et celle-ci de conclure : « Nous avons le sentiment qu’il [le président Poutine] n’a pas encore pris sa décision. Je reste prudente : ce n’est pas une science exacte. […] Une attaque est-elle possible? Oui. Est-elle plausible? Oui, compte tenu des moyens acccumulés. Est-elle imminente? Je ne le sais pas ».

Sur ce dernier point, les États-Unis et le Royaume-Uni ont estimé que l’offensive russe qui se préparait était effectivement imminente. D’où le retrait de leurs instructeurs militaires et de leur personnel diplomatique ainsi que l’évacuation de leurs ressortissants.

Le 6 mars, dans un entretien au quotidien Le Monde, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées [CEMA], a admis une divergence d’appréciation de la situation avec le américain.

« Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d’autres options », a en effet affirmé le général Burkhard.

Pour rappel, il revient à la Direction du renseignement militaire [DRM] de collecter les informations sur les forces en présence, les capacités susceptibles d’être mises en œuvre, la nature des unités et des matériels engagés. Tenter de savoir ce qu’il se passe dans l’entourage d’un chef d’État et d’identifier les personnes influentes dans les cercles du pouvoir relève de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE] et du… ministère des Affaires étrangères, via ses représentations diplomatiques.

Cela étant, l’évaluation de la situation avant l’invasion de l’Ukraine par les « services » du ministère des Armées était-elle vraiment erronée? Ce n’est pas si simple… sachant que, par exemple, en matière de combat urbain, il faut engager 6 soldats pour en combattre un retranché dans une ville. Ou qu’il aura fallu près de neuf mois pour reprendre Mossoul à l’État islamique, en 2017, alors que la supériorité aérienne était acquise aux forces irakiennes grâce à l’appui de la coalition dirigée par les États-Unis. Aussi, les affirmations selon lesquelles l’objectif du Kremlin était de s’emparer de Kiev pouvaient sembler excessives, les généraux russes étant supposés être au fait de ces réalités. Et, d’ailleurs, à moins de faire partie de l’entourage du président russe, il était difficile de connaître ses véritables intentions.

Quoi qu’il en soit, ce qui est décrit comme un « raté » du renseignement français ne sera pas sans conséquence. Selon une information de L’Opinion, confirmée par l’AFP, le général Éric Vidaud, qui avait été nommé à la tête de la DRM il y a sept mois, après avoir dirigé le Commandement des opérations spéciales [COS] vient d’être remercié.

Selon une source militaire sollicitée par l’AFP, des bruits de coursives sur la possible éviction du général Vidaud couraient depuis « quelques jours ».

Quoi qu’il en soit, l’an passé, et selon les rumeurs qui circulaient avant le traditionnel « mercato » estival des généraux, le général Vidaud était pressenti pour prendre les rênes de la Direction de la sécurité et du renseignement de défense [DRSD] et non celles de la DRM, ce poste devant revenir au général Bertrand Toujouse, qui en avait été le numéro deux. Finalement, celui-ci fut nommé à la tête du COS. À l’époque, le site spécialisé Intelligence Online avait parlé d’une « ingérence inédite de l’Élysée » dans ce processus des nominations.

Du Génie dans les opérations en Ukraine (en cours)

Du Génie dans les opérations en Ukraine (en cours)

publié le 7 mars 2022 par – Mars attaque

http://mars-attaque.blogspot.com/2022/03/du-genie-dans-les-operations-en-ukraine.html#more


Réserves introductives d’usage évidemment : avec le brouillard de la guerre obscurcissant des pans entiers des opérations, un manque de recul surtout sur les aspects micro-tactiques des opérations (et une meilleure visibilité – toute relative – sur le niveau opératif et stratégique), de nombreux biais possibles d’analyse, une situation dynamique et évolutive, des courbes d’apprentissage en cours des deux côtés…

Le Génie est une arme servant, à la pelle, à garantir la liberté d’action des forces amies et à réduire la capacité de manœuvre adverse. Elle peut, en théorie, mettre à disposition de la force, en phase offensive comme en phase de stabilisation, une boite à outils de capacités extrêmement variées.

Intégrant les composantes « combat » et « infrastructures » (qui sont séparées en France), l’arme du Génie dans les forces armées russes est une subdivision propre, qui a, comme d’autres composantes, connue une modernisation relative au cours des dernières années (en quantité et en qualité), notamment matérielle (nouveaux robots, ponts, blindés de bréchage…).

Crédits : Oryx. Protection sommaire sur un moyen de franchissement du Génie de l’armée russe.

Les unités russes du Génie, au déclenchement de la nouvelle phase d’invasion de l’Ukraine en février, bénéficient, en théorie, du retour d’expérience des opérations menées en Ukraine depuis quelques années (avec un fort focus sur la partie protection de la force) et en Syrie (avec un fort focus sur la partie déminage / dépollution).

Alors que les moyens du Génie étaient bien observés (notamment via le renseignement d’origine image des satellites) dans la phase de montée en puissance/pré-positionnement/entraînements pré-déclenchement des opérations, il y a, à ce jour, une très faible observation depuis de l’engagement de moyens Génie : rares ponts mobiles (sur camions ou blindés, type TMM-3 ou PMP) – peu ou pas utilisés, peu ou pas de blindés de déminage/bréchage, peu de moyens d’aménagement du terrain type tracteurs, bulldozers, etc. (des KamAZ, ou BAT-2), peu de moyens de déminage portatifs, etc. Que cela soit dans les images/vidéos des pertes sur le terrain, des convois circulant en territoire ukrainien, des images de la communication opérationnelle russe (plus nombreuses depuis quelques jours pour reprendre l’offensive aussi dans ce domaine), etc.

Une impression et des observations venant plutôt rejoindre l’analyse d’une surprenante faible intégration interarmes, relevée depuis le lancement des opérations, dans les détachements russes. Avec des colonnes de moyens infanterie/cavalerie, avec peu ou pas de moyens Génie d’appui au combat, et, au final, un manque d’indices sur une utilisation effective du Génie en phase offensive.

Sur-utilisant les axes (potentiellement pour diverses raisons, notamment : climatiques (boues, pluies et neiges), réflexion tactique relative, absence de besoin de contourner des dispositifs adverses…), les détachements russes cherchent peu ou pas à déboucher « dans la verte » et à couper à travers champs ou à passer les coupures humides hors des ouvrages d’art. N’utilisant donc pas les moyens de franchissement, pourtant plutôt nombreux aux frontières de l’Ukraine au déclenchement de l’offensive.

Face aux embuscades, simples ou sophistiquées (avec obstacles piégés, abattis, bouchons de mines, etc.), les capacités en ouverture d’itinéraires semblent être peu/pas utilisées (des capacités qui, si elles ralentissent le rythme de la manœuvre – ce qui est de moins en moins recherchée comme un préalable une fois la surprise passée, garantissent pourtant une meilleure sureté).

Sur les toutes 1ères bases avancées russes installées sur le territoire ukrainien, peu ou pas de postes de tirs protégés sont visibles, ni systèmes de fortifications plus ou moins développés (à base de bastion walls, abris, postes de tirs aménagés, etc.), les blindés ne sont pas embossés en phases de stationnement, etc. Des mesures de protection sommaire à confirmer, avec les possibles futures contre-attaques, attaques de postes, opérations spéciales sur les arrières, fronts qui se figent, etc.

Des zones de mises en batterie d’artillerie (pour la partie artillerie de courte/moyenne portée) aux protections elles aussi relativement sommaires, avec peu de zones protégées pour les mises en batterie des pièces, pour enterrer les réserves de munitions, se protéger des tirs de contre-batterie, pour les postes de commandement enterrés, etc.

Plusieurs hypothèses à cela (avec une liste non exhaustive, mais alors, vraiment non exhaustive).

1/ Cf. les réserves en introduction. Le manque d’informations, à chaud, conduit-il à des observations biaisées que le temps long de l’analyse rétrospective viendra contredire ? Avec notamment des informations (relatives) disponibles surtout (globalement) sur le front Nord/Est plus que sur le front Sud (et des physionomies peu similaires entre les deux axes d’efforts).

2/ Les possibles futurs combats en zone urbaine à grande échelle, notamment pour la partie déminage/dépiégage/dépollution, pourraient obliger à une utilisation plus forte des moyens (particuliers) du Génie (surtout avec l’utilisation possible de pièges, IEDs ou autres, qui semblent apparaitre plus depuis quelques jours, en villes, mais pas seulement).

3/ Les transitions en cours, entre la phase de poussée initiale (plutôt désordonnée) et la phase secondaire (un nouvel échelon envoyé, une approche plus méthodique, un plus fort appui des moyens d’artillerie, des opérations face aux « kystes urbains », des lignes qui à certains endroits se figent en zones péri-urbaines…), avec en parallèle la transition vers la techno guérilla côté ukrainien, pourrait changer la donne concernant le Génie, et contraindre à des évolutions. Faute de quoi…

4/ Les moyens Génie russes sont, historiquement, plutôt rattachés au niveau des grandes unités (avec des bataillons / régiments du Génie au niveau des corps/groupes d’armée ou divisions), gérant (au moins lors des grands exercices vitrines) des opérations propres. Des séquences plutôt peu ou pas combinées avec les autres armes, par étapes, en détachant peu ou pas de capacités au niveau des unités en-dessous (bataillons/compagnies). Soit une intégration interarmes encore perfectible pour vraiment apporter toute sa plus-value. Cela sera-t-il amené à changer ?

Fin, mais loin d’être la fin (car il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur les capacités des uns et des autres, leur utilisation, leur niveau de déploiement en quantité, de juger au-delà des séquences de mise en valeur de quelques exemplaires de matériels, etc.). A suivre donc…

Les forces russes prétendent avoir détruit deux blindés ukrainiens ayant franchi la frontière; Kiev dément

À l’issue de l’entretien entre MM. Poutine et Macron, il y a deux semaines, Moscou avait assuré que ses troupes déployées en Biéolorussie regagneraient leurs casernes à la fin de leurs manœuvres menées conjointement avec leurs homologues biélorusses, le 20 février. Seulement, ce jour-là, Minsk a annoncé que ces exercices vont finalement se prolonger jusqu’à une date non précisée… et qu’ils porteraient sur de nouveaux domaines.

« La décision de prolonger les manœuvres a été prise en raison d’une activité militaire accrue près des frontières de la Russie et de la Biélorussie et d’une escalade […] dans la région ukrainienne du Donbass », a justifié le ministère biélorusse de la Défense, via un communiqué.

Effectivement, et alors que la Russie annonçait le retrait de quelques unités de blindés de Crimée – annonce dont la portée a été amoindrie avec l’arrivée d’autres capacités militaires près de l’Ukraine -, la situation s’est subitement dégradée dans le Donbass, où les forces gouvernementales ukrainiennes sont aux prises avec les séparatistes pro-russes des républiques populaires auto-proclamées de Donetsk et de Louhansk.

Ainsi, la Mission spéciale d’observation déployée en Ukraine par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE] a constaté 1566 violations du cessez-le-feu [théoriquement imposé par les accords de Minsk 2, signée en février 2015] pour la seule journée du 18 février, contre « seulement » 153 trois jours plus tôt. Dans son dernier rapport, celle-ci s’attarde surtout sur les moyens mis en œuvre par les séparatistes, affirmant avoir observé la présence de 30 lance-roquettes multiples BM-21 Grad ainsi qu’une dizaine d’obusiers dans les zones que ces derniers contrôlent, à proximité de la ligne de contact.

Dans ce contexte, les autorités des deux républiques séparatistes ont décrété la mobilisation générale, tout en ordonnant l’évacuation des civils vers la Russie. Une décision qui a été qualifiée de « manœuvre cynique » par Washington, pour qui il s’agit de « préparatifs » avant une offensive lancée par Moscou.

La confusion aidant, tous les éléments sont réunis pour provoquer un incident susceptible d’avoir les plus graves conséquences. Voire pour mener une opération sous fausse bannière, ce qui ne peut être exclu… D’autant plus que la situation rappelle – de loin – celle qui prévalait entre la Finlande et l’Union soviétique en 1939.

À l’époque, Helsinki et Moscou étaient liés l’accord de Tartu de 1920 et un pacte de non-agression signé en 1932 [et renouvelé en 1934]. Seulement, des manœuvres furent menées à partir de mars 1938 par l’Armée rouge, près de la Finlande, alors que les Soviétiques voulaient établir une zone tampon pour protéger Leningrad [Saint-Petersbourg aujourd’hui]

Ce fut dans le cadre de celles-ci que des obus tombèrent dans les environs du village soviétique de Mainila. Les forces finlandaises en furent tenues pour responsables par Moscou, alors que, de par leur position, leurs pièces d’artillerie n’avaient pas la portée suffisante pour un tel bombardement. Une propagande savamment orchestrée fit le reste, avec son lot d’agressions [fictives] imputées aux Finlandais.

L’incident de Mainila servit de prétexte à l’Union soviétique pour rompre ses relations diplomatiques avec la Finlande… et pour lancer la « guerre d’hiver », qui se solda le traité de Moscou, lequel fut signé aux dépens de la Finlande, malgré les succès tactiques de son armée.

Aussi, le bombardement d’un poste-frontière russe signalé par le FSB [le renseignement intérieur russe, ndlr], ce 21 février, est-il bien le fait des forces ukrainiennes, comme le sous-entend Moscou [ce que Kiev conteste]? Ou entre-t-il dans le cadre d’une opération sous fausse bannière, comme cela fut le cas pour le village de Mainila?

« Le 21 février, à 09h50, un obus de type non identifié tiré depuis le territoire de l’Ukraine a complètement détruit le point des gardes-frontières dans la région de Rostov, à une distance d’environ 150 mètres de la frontière russo-ukrainienne », a en effet déclaré le FSB. « Il n’y a pas eu de victime, les démineurs travaillent sur le site », a-t-il précisé.

« On ne peut pas les empêcher de produire ces fausses informations […] mais nous insistons sur le fait que nous ne tirons sur aucune infrastructure civile ou sur la région de Rostov », a rétorqué Pavlo Kovalchuk, un porte-parole des forces armées ukrainiennes, auprès de l’AFP. Et d’insister : « Il n’y a pas de tirs d’artillerie sur les forces d’occupation » russe [dans le Donbass].

Après que le FSB a fait état du bombardement de ce poste frontière de la région de Rostov, l’armée russe a affirmé avoir tué « cinq saboteurs » ayant franchi la frontière près de la localité Mitiakinskaïa.

« Lors de combats, cinq personnes appartenant à un groupe de saboteurs et de renseignement ayant violé la frontière de la Russie ont été éliminés », a affirmé un communiqué émis par le district militaire sud. Deux véhicules de combat d’infanterie [VCI], présumés ukrainienset dont la type n’a pas été précisé, auraient été détruits « à l’aide d’armes antichars ».

« Pas un seul de nos militaires n’a franchi la frontière avec la Fédération de Russie, et pas un seul d’entre eux n’a été tué aujourd’hui [21/02] », a assuré Anton Gerachtchenko, un haut responsable du ministère ukrainien de l’Intérieur.

À peine l’affirmation russe démentie par Kiev, Alexandre Bortnikov; le chef du FSB, en a lancé une nouvelle, lors d’une réunion du Conseil de sécurité convoquée par le président Poutine pour évoquer la situation en Ukraine. « Cette nuit, deux groupes de saboteurs de l’armée ukrainienne se sont rendus à la frontière russe […]. Suite à des affrontements, ces deux groupes de saboteurs ont été détruits. L’un des militaires ukrainiens a été capturé », a-t-il déclaré.

Lors de ce même conseil, le chef du Kremlin a estimé que « l’utilisation de l’Ukraine comme instrument de confrontation » avec la Russie « représente une menace sérieuse, très grande », assurant que la priorité de Moscou n’est « pas la confrontation mais la sécurité ».