Les joueurs du néant – Point de situation du 27 décembre

Les joueurs du néant – Point de situation du 27 décembre

 

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 27 décembre 2022

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


La stratégie n’est souvent qu’une résolution de problèmes successifs avec au loin une idée plus ou moins claire de la paix que l’on veut obtenir. La prolongation de la guerre en Ukraine a vu les deux camps accumuler les problèmes à résoudre avec des ressources différentes. Le vainqueur sera celui qui y parviendra le moins mal.  

Stalinisation partielle

Après deux mois et demi d’avancées rapides dans les provinces de Kharkiv et Kherson, l’offensive ukrainienne est désormais à l’arrêt, la faute à la météo d’automne avec ces pluies et sa boue qui gêne les manœuvres, la faute surtout à la nouvelle stratégie russe. Le 11 septembre dernier, on évoquait sur ce blog l’idée que les Russes ne pourraient jamais éviter une défaite cinglante sans un changement radical de posture. Ce changement radical a eu lieu.

Passons sur l’annexion des provinces conquises après un référendum surréaliste. Un tour de magie ne produit un prestige, le coup de théâtre final, que si l’illusion a été parfaite auparavant. Personne, sauf peut-être Vladimir Poutine, n’a pensé que transformer des terres conquises en terres russes allaient changer les perceptions de la population russe devenue d’un seul coup ardente à défendre la nouvelle mère patrie ou des ennemis et leurs soutiens qui auraient été dissuadés de provoquer une escalade en s’y attaquant. La carte « annexion » a fait pschitt et les choses sont revenues comme avant. Kherson, a été abandonnée quelques jours après avoir été déclarée « russe à jamais » et l’artillerie russe n’hésite pas visiblement à tuer ceux qui sont normalement des concitoyens.

Non, le vrai changement a été la stalinisation de l’armée russe. Si la mobilisation de 300 000 réservistes, et l’envoi immédiat de 40 000 d’entre eux sur la ligne de front, en a constitué l’élément le plus visible, il ne faut pas oublier le durcissement de la discipline avec le retour de l’interdiction de se constituer prisonnier comme lors de la Grande Guerre patriotique ou encore l’obligation indéfinie de service une fois déployés en Ukraine. Les commissaires politiques sont déjà là depuis plusieurs années, mais la société privée Wagner a réintroduit récemment les détachements de barrage en deuxième échelon (la mort certaine si on recule contre la mort possible si on avance). Ce n’est pas encore la mobilisation générale, mais personne n’est dupe. Le Rubicon est franchi.

La formation militaire russe s’effectue directement dans les unités de combat, or les unités et leurs cadres sont presque entièrement en Ukraine, laissant en arrière des conscrits jouant aux cartes et astiquant le peu de matériel qui reste. Il aurait été logique lorsque l’Ukraine conquise est devenue russe de les envoyer sur place rejoindre leurs unités d’origine, cela n’a pas été le cas et c’est très étonnant. Peut-être qu’envoyer au combat ces très jeunes hommes était plus délicat qu’envoyer des « vieux » réservistes. Ce non-engagement, à ce jour, reste un mystère. Maintenant, si on n’avait plus les moyens de former les classes de 130-160 000 conscrits, on en avait encore moins pour 300 000 réservistes. Là encore, peut-être croyait-on que ces anciens militaires, en théorie, n’en avaient pas besoin.

Tout est fait dans le plus grand désordre, et à la guerre le désordre se paie avec du sang. C’est avec du sang et de lourdes pertes que la ligne Surovikine est tenue, mais elle est finalement tenue et le test est plutôt réussi politiquement. La « stalinisation partielle » a provoqué un grand exode extérieur ou intérieur, de nombreux incidents, des plaintes sur les conditions d’emploi mais pas de révolte. Pourquoi s’arrêter-là maintenant que la vie des soldats ne compte plus du tout ? Le sacrifice de la première tranche de mobilisés a sauvé la situation, l’arrivée de la seconde – les 150 000 hommes encore en formation en Biélorussie et en Russie – permettra soit de geler définitivement la situation, soit de reprendre l’initiative. Et si cela ne suffit pas, il sera toujours possible d’en envoyer plusieurs centaines de milliers de plus. Le pot des cartes « poitrines » est encore plein, même s’il y a sans doute une carte « seuil critique mécontentement » qui peut surgir à tout moment, une carte qui peut devenir explosive si elle est posée sur un fond de défaites et de difficultés économiques.

Mais les hommes ne sont pas tout. L’armée russe est toujours « artillo-centrée » et ce d’autant plus qu’il faut compenser la médiocrité constante de la gamme tactique des bataillons par plus d’obus. Au mois de juin, on évoquait le point oméga, ce moment où il n’est plus possible d’attaquer à grande échelle faute d’obus la consommation (et les destructions) dépassant alors largement la production. Nouveau problème : on semble s’approcher de ce point oméga. Les cadences de tir quotidiennes ont déjà été divisées par trois depuis l’été, tandis qu’on voit des vidéos de soldats réclamer des obus et des images de grands dépôts vides en Russie. Il est vrai que l’Ukraine éprouve les mêmes difficultés et comme c’était également prévu, s’approche aussi du point oméga. Cela a contribué aussi à limiter les manœuvres ukrainiennes qui se seraient trouvées en bien meilleure position si elles avaient pu conserver les cadences de tir de l’été. De part et d’autre, on cherche partout des cartes « obus ». Celui qui en trouvera aura un avantage majeur sur son adversaire. Il n’est pas sûr qu’ils y parviennent, ce qui influerait grandement sur la suite de la guerre.

Du sang et des armes

Le plus étonnant dans ce contexte est que les Russes maintiennent une attitude très agressive en multipliant les attaques, forcément petites, le long du Donbass comme si l’objectif de conquête complète annoncée le 25 mars n’avait pas été abandonné. Les Russes n’ont visiblement pas encore admis qu’ils cherchaient systématiquement à atteindre des objectifs démesurés pour leur main et qu’ils y épuisaient à chaque fois leur armée. La bataille de Kiev en février-mars (le fameux « leurre ») a cassé une première fois leur force terrestre. Les pertes matérielles russes documentées et donc sans doute également humaines de ce premier mois de guerre représentent au moins un quart du total à ce jour. C’est l’extrême érosion des quatre armées engagées autour de Kiev qui a imposé leur repli rapide. Les trois mois suivants de la bataille du Donbass ont à nouveau épuisé l’armée russe et l’ont rendu à nouveau vulnérable. Ne pouvant plus attaquer à grande échelle, ni même tout défendre avec des forces réduites, les Russes ont été obligés de faire l’impasse dans la province de Kharkiv, en partie pour défendre la tête de pont de Kherson. Ils ont fini par exploser à Kharkiv et au bout du compte devoir abandonner aussi la tête de pont.

Ils viennent maintenant de sauver la situation et pourtant ils attaquent dans des conditions difficiles le long de zones fortifiées et sans espoir de disloquer l’ennemi, mais seulement de dégager la ville de Donetsk ou de s’emparer de Bakhmut, pour la plus grande gloire d’Evgueni Prigojine. D’une certaine façon, les Russes se créent eux-mêmes des problèmes en s’usant dans des attaques impossibles.

En attaquant à tout va, les Russes s’usent, mais ils espèrent aussi sans doute faire de même avec les Ukrainiens qui acceptent ce combat. Peut-être s’agit-il pour ces derniers de refuser à tout prix de céder du terrain, ce qui n’est pas forcément une bonne idée. Peut-être choisissent-ils aussi ces combats justement pour à nouveau saigner à blanc l’armée russe afin de pouvoir également à nouveau attaquer ensuite à grande échelle. Chercher simplement à tuer le maximum d’ennemis est le niveau zéro de la tactique, sauf si les pertes infligées sont suffisamment importantes pour empêcher l’ennemi de progresser par l’expérience. Compte tenu de l’actuelle structure de fabrications de soldats toujours aussi médiocre du côté russe et en tout cas inférieure à celle des Ukrainiens, c’est peut-être une bonne carte, sanglante, à jouer.

Créer des problèmes chez l’ennemi

Ce n’est tout de résoudre ses problèmes, encore faut-il en créer chez l’ennemi en fonction des cartes dont on dispose dans sa main. Depuis octobre, les Russes dilapident leur arsenal de missiles à longue portée pour ravager le réseau électrique ukrainien, en espérant entraver l’effort de guerre ukrainien, augmenter le coût du soutien occidental et affecter le moral de la population en la plongeant dans le noir et le froid. C’est l’exemple type de carte faible jouée par défaut, parce qu’il n’y en a pas beaucoup d’autres en main et sans trop croire à sa réussite. Là encore cette campagne de missiles approche de son point oméga, probablement dans deux ou trois mois et là encore on cherche des cartes « drones et missiles », notamment du côté de l’Iran afin de pouvoir continuer.

Mais cette action a aussi pour effet de provoquer un renforcement de la défense aérienne ukrainienne par la livraison occidentale de systèmes à moyenne et longue portée. Ce renforcement est lent, car ces systèmes sont rares, mais inexorables. La mise en place d’une batterie Patriot Pac-2 permettra de protéger efficacement une grande partie du pays contre les missiles. Deux batteries protégeaient presque tout le pays. Le risque pour les Russes est de se voir interdire totalement le ciel dans la profondeur, mais aussi également de plus en plus sur la ligne de front. Associé à des moyens de neutralisation de défense aérienne russes, et à la livraison d’avions d’attaque comme les A-10 Thunderbolt que les Américains avaient refusé, cela peut changer la donne sur le front et compenser l’affaiblissement de l’artillerie.

Autre carte relativement simple à jouer : la diversion biélorusse. L’entrée en guerre de la Biélorussie est l’Arlésienne du conflit. Le président Loukachenko freine des quatre fers cette entrée en guerre dont il sait qu’elle provoquerait immanquablement des troubles dans son pays et peut-être sa chute. Il est cependant toujours possible de maintenir une menace en direction de Kiev afin au moins de fixer des forces ukrainiennes dans le nord. L’état-major de la 2e armée combinée a été déployé en Biélorussie avec plusieurs milliers d’hommes, l’équipement lourd de quelques bataillons et quelques lanceurs de missiles Iskander et des batteries S-400, peut-être à destination de l’OTAN. Dans les faits, la carte biélorusse est faible. L’armée biélorusse est très faible et sert surtout de stocks de matériels et de munitions pour les Russes. Quant aux milliers de soldats russes, il s’agit surtout de mobilisés utilisant la structure de formation biélorusse. Dans le pire des cas, une nouvelle offensive russe ou russo-biélorusse, forcément limitée par le terrain aux abords du Dniepr, aurait sans doute encore moins de chance de réussir que celle du 24 février.

Côté ukrainien, on joue la carte des frappes de drones en profondeur sur le territoire russe et en particulier par deux fois sur la base de bombardiers d’Engels sur la Volga. Plusieurs TU-95 ont été endommagés, ce qui est loin d’être négligeable, mais les effets de cette mini-campagne sont encore plus symboliques que matériels. Si les Ukrainiens parvenaient seuls ou avec l’aide d’un allié à fabriquer en série ces nouveaux projectiles (drones TU-141 améliorés ou missile made in Ukraine) pourraient avoir une influence stratégique. Mais méfiance, ces bombardements peuvent à leur tour alimenter le discours victimaire du gouvernement russe et la population se sentir réellement menacée. Il faut toujours se méfier des effets secondaires de ses actions.

Nous sommes actuellement dans un temps faible, faible au niveau stratégique parce qu’au niveau tactique les choses restent toujours aussi violentes. Il reste cependant des cartes à tirer au pot et des problèmes à créer jusqu’au moment où aucun des deux camps ne puisse plus les résoudre ou que le pot soit vide des deux côtés. Actuellement, les paris sont plutôt contre Poutine, avec l’inconnu de sa réaction et de son entourage lorsqu’il ne pourra plus résoudre les problèmes.

Le ministère des Armées lance un appel à contributions sur l’avenir de la réserve militaire

Le ministère des Armées lance un appel à contributions sur l’avenir de la réserve militaire

 

http://www.opex360.com/2022/11/29/le-ministere-des-armees-lance-un-appel-a-contributions-sur-lavenir-de-la-reserve-militaire/


 

Cette ambition sera portée par la prochaine Loi de programmation militaire, actuellement élaborée par six groupes de travail [alliances et partenariats stratégiques, économie de guerre et équipement du combattant, environnement de travail et conditions de vie du militaire, espace et cyber, mémoire combattante et… avenir de la réserve militaire].

Ces groupes de travail sont censés réunir des militaires, des civils de la défense, des experts, des parlementaires, des représentants d’entreprises et d’associations, des organisations patronales et syndicales, des parlementaires et des chercheurs. Celui dédié à l’avenir de la réserve a tenu sa première réunion le 21 novembre dernier, en présence de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées.

À cette occasion, l’objectif « un réserviste pour deux militaires d’active » à l’horizon 2035 a été affirmé.

Étant donné que, en 2021, la France comptait 205’000 militaires d’active et que cet effectif pourrait augmenter à l’avenir, il faudra donc recruter et retenir plus de 100’000 réservistes, contre 38’500 actuellement.

Selon le communiqué publié par le ministère des Armées à l’issue de cette première réunion du groupe de travail « réserve militaire », une quinzaine de mesures devant permettre d’atteindre cet objectif ont d’ores et déjà été avancées, dont le recul des limites d’âge, l’adaptation des critères d’aptitude médicale pour certaines spécialités, une meilleure reconnaissance des réservistes et de leurs employeurs [civils], etc.

Cela étant, les bonnes idées étant souvent celles auxquelles on n’a pas pensé, le ministère des Armées vient de lancer un appel à contribution afin de « nourrir la réflexion engagée » par le groupe de travail sur la réserve militaire.

« Dans la mesure où la réserve concerne chaque citoyen, toutes les contributions pour bâtir la réserve de demain peuvent être envoyées à l’adresse : reserves@minarm.fr », a-t-il indiqué, via un communiqué.

Ces contributions « seront examinées avec attention et participeront à l’élaboration de propositions remises au ministre par le groupe de travail fin janvier, afin de nourrir la prochaine Loi de programmation militaire », a assuré le ministère des Armées.

En attendant, le groupe de travail poursuit ses travaux. Après avoir abordé les questions relatives à la doctrine d’emploi de la réserve, le 28 novembre, il abordera les thèmes du recrutement, de la rélation employeur-réserviste et de la communication dans les seamaines à venir.

Cela étant, l’armée de Terre a, par exemple, déjà une idée sur ce qu’elle compte faire de ses réservistes.

« L’objectif du doublement des réserves a été confirmé par le ministre des Armées, et nous devons réfléchir aux ressources nécessaires pour y procéder. La professionnalisation de nos réserves pourra dès lors être engagée », a ainsi déclaré le général Pierre Schill, son chef d’état-major, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en octobre.

Et d’ajouter : « Il existe plusieurs façons d’employer les réservistes dans l’armée de Terre. D’une part, les compléments individuels de réserve, qui occupent des postes à part entière au sein du fonctionnement des armées, doivent bénéficier de davantage de visibilité sur le volume d’activité et sur le temps d’engagement qui leur sera demandé. D’autre part, les réservistes en unités constituées qui doivent être correctement équipés et entraînés ».

Réserves: faire du chiffre certes mais surtout donner des moyens pour recruter, équiper et former

Réserves: faire du chiffre certes mais surtout donner des moyens pour recruter, équiper et former

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 23 novempbre 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Le ministre des Armées entend bien accorder une part de choix à la question des réserves dans la prochaine loi de programmation militaire. A plusieurs reprises, il a cité comme objectif le chiffre de 100 000 réservistes. Dans le JDD de dimanche dernier, il a ainsi précisé  que son objectif est d’avoir « 1 militaire de réserve pour 2 militaires d’active ». Effectivement, si le nombre de militaires (hors gendarmerie) est d’environ 205800 (chiffres de 2020), ce sont donc bien 100 000 réservistes qui sont espérés.

Question: s’agit-il de réservistes opérationnels? Oui, les réservistes citoyens ne sont pas concernés.

Question 2: passer de 40 000 à 100000, est-ce que ça signifie multiplier le budget des réserves par 2,5? « La règle de trois s’applique pour la masse salariale, pas pour les équipements. On en saura plus au moment de la LPM ».

Bouger les curseurs.
Lundi a eu lieu la première réunion du groupe de travail sur les réserves (photo ci-dessus MinArm).

Ce groupe de travail préfigure par ailleurs d’autres groupes de travail thématiques qui permettront d’alimenter et d’enrichir la LPM. Il fait partie des 6 groupes de travail mis en place par Sébastien Lecornu et préfigure une nouvelle méthode de co-construction de la Loi de programmation militaire. Les autres thématiques retenues pour ces groupes de travail sont : alliances et partenariats stratégiques, économie de guerre et équipement du combattant (capacitaire), environnement de travail et conditions de vie du militaire et de sa famille, espace et cyber, mémoire combattante.

Pour atteindre l’objectif de « 1 militaire de réserve pour 2 militaires d’active », il a identifié une quinzaine de mesures concrètes que le groupe de travail expertisera dans les prochaines semaines : en particulier le recul des limites d’âge et l’adaptation des critères d’aptitude médicale, la pleine utilisation des réservistes au quotidien dans nos unités militaires, le développement de la réserve sur des compétences rares, la reconnaissance des réservistes et des employeurs qui encouragent leur engagement.

A noter l’ITW du général Gaspari : « La Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve ». Il y parle de la Garde nationale et de l’objectif de 180 000 réservistes opérationnels (Armées et Intérieur).

LPM 2024-2030 : objectif 100 000 réservistes

LPM 2024-2030 : objectif 100 000 réservistes

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 22/11/2022

En vue de la LPM 2024-2030, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a présidé ce lundi un groupe de travail sur les réserves. L’objectif : trouver des solutions pour améliorer l’employabilité et l’accompagnement des réservistes.

 

Sébastien Lecornu préside la première réunion du groupe de travail sur les réserves
Sébastien Lecornu préside la première réunion du groupe de travail sur les réserves – © Ministère des Armées

 

« Notre objectif est d’avoir un militaire de réserve pour deux militaires d’active. Autrement dit, 100 000 réservistes pour une armée d’active de 200 000 hommes », telle est l’ambition affichée du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Pour y parvenir, un groupe de travail s’est réuni au sein du ministère des Armées pour ouvrir davantage les réserves. 70 participants étaient présents, dont le chef d’état-major des armées Thierry Burkhard, des parlementaires, des associations de réservistes, la Garde nationale ainsi que les organisations syndicales et patronales.

Les échanges ont d’abord porté sur les freins relatifs à l’employabilité des réservistes. Les retours de terrain indiquent en effet une attrition des effectifs, notamment dans le monde de l’entreprise. En principe, n’importe quel salarié du privé, s’il répond aux critères d’engagement, peut intégrer la réserve opérationnelle. Son entreprise est tenue de lui laisser ce temps disponible et ne peut s’y opposer. La réalité est toutefois plus nuancée. Si bien que de nombreux réservistes ne le déclarent pas et effectuent leurs missions durant leurs jours de congés. « Les lignes doivent bouger pour que la fierté d’être réserviste soit admise dans les entreprises » a expliqué Sébastien Lecornu. A cet effet, le MEDEF s’est engagé à agir en faveur de ce changement culturel.

Des mesures ajoutées à la prochaine LPM

Le faible intérêt de certaines missions, le manque de reconnaissance et la lourdeur administrative des recrutements ont également été soulignés. Aussi, pour répondre à ces différents freins, plusieurs pistes sont d’ores et déjà envisagées :

  • Augmentation de cinq ans de la limite d’âge pour intégrer la réserve
  • Clarification des missions pour adapter les compétences du réserviste au besoin
  • « Récompense » pour les entreprises facilitant l’accès à la réserve pour ses salariés
  • Simplification de la passerelle entre l’active et la réserve
  • Réévaluation de la gratification des réservistes pour les postes en tension
  • Autorisation du port de l’uniforme pour les réservistes lors des cérémonies officielles
  • Mise en avant des nouvelles technologies pour contacter les réservistes
  • Communiquer davantage pour changer le regard de la société sur les réservistes

Cette feuille de route a vocation à servir de base travail pour les cinq futures réunions du groupe de travail. Elles se tiendront jusqu’au mois de février. Les propositions qui seront remises à Sébastien Lecornu seront  intégrées dans la prochaine Loi de programmation militaire

Général Gaspari : “la Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve”

Général Gaspari : “la Garde nationale doit relever l’objectif du doublement de la réserve”


Le général Louis-Mathieu Gaspari a ouvert ces rencontres (Photo GN)

 

À la tête de la Garde nationale depuis le mois d’août et du conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM), le général de division Louis Mathieu Gaspari livre sa première interview depuis sa prise de fonctions. L’officier de Gendarmerie qui a succédé à une générale de l’Armée de l’air et de l’espace, fait le point sur les enjeux de ce grand service du ministère des Armées et du ministère de l’Intérieur, chargé des rayonnement et de la montée en puissance des réserves militaires des armées, de la Gendarmerie et de la Police nationale. À terme, la Garde nationale devrait rassembler 180000 hommes.

 

LVDG : la Garde nationale a été créée en 2016 à la suite des attentats. Où en est-elle aujourd’hui? A-t-elle atteint ses objectifs ? À combien estimez-vous le nombre de réservistes opérationnels actuellement dans les Armées et la Gendarmerie?

Général Louis-Mathieu Gaspari : vous avez raison de rappeler que la Garde nationale a été créée en 2016 pour répondre au désir d’engagement de la jeunesse qui souhaitait se rendre utile pour son pays après la vague d’attentats terroristes de 2015 et 2016.

6 ans après sa création, la Garde nationale compte 77 000 réservistes appartenant au ministère des Armées et au ministère de l’Intérieur. 7 000 d’entre eux sont employés quotidiennement sur le territoire national, en métropole ou en outremer, pour renforcer la sécurité de nos concitoyens et assurer la protection de notre territoire. 

Par ailleurs, près de 30% des réservistes de la Garde nationale sont des jeunes de moins de 30 ans. 1 sur 2 est un actif et le taux de féminisation dépasse les 20%.

Il me semble important d’indiquer à vos lecteurs que près de 40% de ces réservistes sont des Gendarmes. 

Un constat d’évidence s’impose : la Garde nationale est en constante évolution.

D’une part, sa visibilité et sa notoriété augmentent chaque jour, sous l’effet de la politique partenariale conduite auprès des entreprises, mais aussi des établissements d’enseignement supérieur ainsi que des collectivités territoriales. Elle se traduit très concrètement par la signature de conventions de partenariat qui facilitent l’employabilité des réservistes au service des forces armées, de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. 

J’observe d’autre part, avec beaucoup de satisfaction, que la Garde nationale est régulièrement engagée pour faire face à l’enchaînement ininterrompu de crises que notre pays traverse depuis 2015. J’évoquais tout à l’heure les attentats terroristes. Je fais également référence à la tempête Irma qui a dévasté Saint-Martin en 2017, mais aussi à la crise sociale des Gilets Jaunes en 2018, à la crise sanitaire de la COVID – 19 en 2020 et plus récemment aux crises climatiques et environnementales (épisodes caniculaires et feux de forêt). A chaque fois, la réserve opérationnelle a pris toute sa part dans la gestion de ces crises.

Compte tenu de ces éléments, la Garde nationale est aujourd’hui indispensable pour faire face à toutes ces crises qui présentent la caractéristique de ne plus seulement s’enchaîner mais de superposer les unes aux autres. La Garde nationale s’affirme donc comme un outil de résilience qui renforce indéniablement, par ses actions, la cohésion nationale et contribue au rehaussement des forces morales de la Nation.

Votre première question me permet enfin de saluer et de remercier les 77 000 réservistes qui composent la Garde nationale, de leur engagement que je sais total et résolu au service de notre pays.

LVDG : vous êtes secrétaire général de la Garde nationale depuis le 1er août, quels sont les enjeux pour la Garde nationale ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : l’enjeu principal pour la Garde nationale est de relever le défi du doublement de la réserve, fixé par le président de la République dans son discours aux armées le 13 juillet.

Cette montée en puissance concerne aussi la Gendarmerie nationale et la Police nationale. En effet, les réserves opérationnelles des deux forces de sécurité intérieure doivent passer respectivement à 50 000 et à 30 000 réservistes comme Emmanuel Macron l’a annoncé lors de la clôture du Beauvau de la sécurité à Roubaix le 14 septembre 2021. 

A terme, la Garde nationale devrait donc compter près de 180 000 réservistes opérationnels. Cet objectif ne pourra être atteint que si l’on transforme la Garde nationale, qui arrive déjà en 2022 à la fin d’un premier cycle. Il s’agit en quelque sorte de construire une “Garde nationale 2.0” pour être au rendez-vous de l’objectif assigné par le président de la République.

Telle est mon ambition pour la Garde nationale. J’y consacre toute mon énergie avec l’ensemble du secrétariat général que j’ai la chance et l’honneur de diriger depuis le 1er août 2022.

LVDG : vous êtes également secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette entité ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : le code de la défense dispose que le Conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM) est le lieu de consultation et d’échange sur toute question d’ordre général relative à la réserve militaire et au statut des réservistes. Plus précisément, le CSRM, présidé par le ministre des Armées, participe à la réflexion sur le rôle des réserves militaires au service de la défense et de la sécurité nationales et contribue à la promotion de l’esprit de défense et au développement du lien entre la nation et ses forces armées.

Comme vous l’avez rappelé, le secrétaire général de la Garde nationale est également secrétaire général du CSRM.

Le CSRM se réunit au moins une fois par an et émet des avis ou des recommandations sur toutes les questions inscrites à l’ordre du jour de ses réunions. 

Pour prendre une image que vos lecteurs comprendront aisément, le CSRM est un peu le Conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie (CFMG) des réservistes.

LVDG : quel est le but des Journées nationales du réserviste ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : les Journées nationales du réserviste (JNR) ont pour but de valoriser et de mieux faire connaître l’engagement au sein de la réserve. Les JNR sont en quelque sorte la fête des réservistes qui sont mis à l’honneur partout en France pendant un mois ! Les réservistes sont des citoyens qui ont décidé de donner de leur temps pour servir leur pays en complément de leurs études ou de leur vie professionnelle. Un tel engagement mérite toute notre reconnaissance !

Cette année, le thème des JNR était “Réservistes au cœur des territoires”.

L’édition 2022 des JNR a été lancée par les Rencontres de la Garde nationale qui se sont déroulées à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) le 14 octobre dernier.

Sur le même sujet : Le thème “réservistes au cœur des territoires”au cœur des Rencontres de la Garde nationale

Entre le 15 octobre et le 15 novembre 2022, ce sont près de 200 événements qui ont été organisés sur tout le territoire métropolitain et ultramarin, en liaison avec l’Éducation nationale, les entreprises, les collectivités territoriales qui emploient des réservistes, ainsi que les associations de réservistes. Ils ont pris la forme, par exemple, de conférences, de stands de présentation de la Garde nationale, de rallyes citoyens, de démonstrations de savoir-faire et de compétences détenus par des réservistes ! Souvent, des entreprises du secteur privé demandent à leurs salariés-réservistes de présenter leur démarche d’engagement et leurs missions à leurs collègues. Ces activités remportent, à chaque fois, un grand succès et suscitent de plus en plus de vocations.

Les JNR ont été clôturées, le 15 novembre, par une cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe.

À l’occasion de plusieurs déplacements dans les territoires, j’ai pu mesurer que l’engagement au sein de la réserve suscitait toujours beaucoup d’engouement et d’admiration. J’ai pu constater que la Jeunesse manifestait toujours sa volonté de donner de son temps et d’être utile à son pays. Elle sait que la Garde nationale est une réponse à son désir d’engagement ! 

LVDG : les entreprises favorisent-elles davantage les activités de leurs réservistes? Où y a-t-il encore du travail de sensibilisation à effectuer ?

Général Louis-Mathieu Gaspari : il est encore parfois difficile pour les réservistes de s’absenter de leur emploi civil au profit de leur emploi militaire, et ce avec le regard bienveillant de leur employeur. Faciliter cette démarche nécessite un travail de terrain constant destiné à faciliter l’employabilité des réservistes. Le Secrétariat général de la Garde nationale (SGGN) s’y emploie chaque jour, c’est même l’une de ses missions principales.

Aujourd’hui, plus de 900 conventions de partenariat ont été signées. Elles définissent le nombre de jours accordés par l’employeur civil pour du temps de réserve, décident du maintien de tout ou partie du salaire du réserviste pendant ses périodes de réserve et fixent le délai de préavis. Certains employeurs accordent, chaque année, jusqu’à 30 jours, voire plus, à leurs salariés-réservistes pour rejoindre leurs unités, bases ou régiments du ministère des Armées ou les forces de sécurité intérieure. En contrepartie, ils bénéficient du label “Partenaire de la défense” et d’exonération fiscale.

L’objectif est de créer un cercle vertueux “armées-employeurs-réservistes” dans lequel chacun se retrouve gagnant tout en contribuant significativement à l’esprit de défense du pays, socle indispensable à une cohésion nationale renforcée. 

« Les cadres de réserve : des cadres de la société civile, également cadres des armées »

« Les cadres de réserve : des cadres de la société civile, également cadres des armées« 

 

par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 18 novembre 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/11/15/cadres-de-reserve-des-cadres-de-la-societe-civile-egalement-23463.html


thumbnail_image001.jpgLe vendredi 25 novembre aura lieu, dans les locaux de l’UBFT (L’Union des Blessés de la Face et de la Tête) à Paris, un colloque dont le thème est : « Cadres de réserve: des cadres de la société civile, également cadres des armées ». Il est organisé par l’association Réunion des ORSEM.

Ce colloque a pour objectif de dresser un inventaire des contraintes et opportunités pour les parties prenantes (employeurs civils et militaires, enseignement supérieur civil et militaire) et d’observer les organisations retenues en Grande Bretagne et en Suisse, afin d’en dégager des propositions.

Une place pour les réserves.

En cette période de relative effervescence sur le sujet de la réserve militaire, après les déclarations du Président de la République et du CEMA, alors qu’il est question notamment d’en doubler le volume (voir les déclarations du ministre des armées), la Réunion des ORSEM souhaite attirer l’attention du commandement et des autorités sur la nécessité de conserver une place et un rôle à la réserve constituée de membres ayant une « première vie » dans la société civile.

Selon Bernard Bon, le président de l’association, « nous constatons depuis plusieurs années la dérive vers une réserve intérimaire dans laquelle les armées prélèvent de la ressource pour pallier des insuffisances d’effectifs. Nous sommes là très loin de la vocation historique et de l’étymologie même du terme. Cette réserve privilégie souvent de fait de très jeunes gens (étudiants) qui ont une durée de vie limitée dans l’institution ainsi que des retraités, fréquemment issus de l’active. Il s’ensuit le recul de la représentation de la société active dans la réserve« .

« Nous pensons », poursuit le colonel Bon, « qu’il est important de maintenir une réserve au sens premier du terme. A la fois pour permettre aux armées de disposer d’un bassin de ressource en quantité et en capacités diverses, mais également pour mieux assurer la liaison et l’ancrage avec la société civile dans des temps qui peuvent s’avérer difficiles. »

L’ACORAM (officiers de réserve de la marine) a primé quatre livres

L’ACORAM (officiers de réserve de la marine) a primé quatre livres

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 17 octobre 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Le comité du “Prix Marine Bravo Zulu”, prix littéraire de l’ACORAM, vient de rendre public son palmarès 2022  :
– Prix « Livre » : Le mystère de l’île aux cochons de Michel Izard paru chez Paulsen
– Prix « Beau Livre » : Voyage en mers françaises d’Olivier Poivre d’Arvor, Place des Victoires
– Prix « Bande dessinée » : La république du crâne de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, Dargaud
– Mention spéciale « Livre » : Toulon au fil des textes de Marc Bayle, Capit Muscas.

Pour en savoir plus sur ces quatre ouvrages, c’est ici.

Ce prix sera remis le jeudi 24 novembre prochain à 18h, dans les locaux de L’Union Nationale des Industries de la Manutention dans les ports français (UNIM).

PARIS : Journées nationales des réservistes 2022, 14 et 15 octobre

PARIS : Journées nationales des réservistes 2022, 14 et 15 octobre

 


Placées sous le thème « Réservistes au cœur des territoires », l’édition 2022 des journées nationales des réservistes (JNR) se tiendra du 14 octobre au 15 novembre 2022 et se déploiera autour de trois étapes.

Les Rencontres de la Garde nationale

Les JNR seront lancées par les Rencontres de la Garde nationale (RGN) qui se dérouleront, le 14 octobre (9h15 – 16h), à la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP – 17, boulevard Jourdan dans le 14e arrondissement), lieu symbolique permettant à la garde nationale d’aller notamment à la rencontre de la jeunesse qui constitue sa cible prioritaire en terme d’engagement.
Au moment où le président de la République a affiché une nouvelle ambition pour la réserve et la jeunesse dans son discours aux Armées le 13 juillet dernier, les RGN seront une journée de synthèse et de réflexion qui prendra la forme d’un colloque interactif construit en partenariat avec les Jeunes IHEDN. Comprenant 3 tables rondes, cet événement portera un regard, à la fois concret et prospectif, sur l’engagement des réservistes au sein des territoires. Il permettra notamment d’expliquer en quoi les réservistes sont des acteurs de la résilience et de la cohésion nationale et en quoi ils contribuent à accroître les forces morales de la Nation.
Des hautes personnalités (élus, chercheurs, professeurs des universités, chefs d’entreprise et leurs réservistes, experts militaires français et étrangers) viendront définir la notion de territoire et partager leurs expériences tout en contribuant aux réflexions relatives à la résilience et à la cohésion nationale. Environ 300 personnes prendront place dans l’Espace Adenauer de la CIUP. Les RGN seront animées par M. Frédéric de Lanouvelle.

Programme :

8h45 : Accueil des invités
9h15 : Ouverture des Rencontres de la garde nationale
9h40 : Table ronde n° 1 « Approche plurielle des territoires »
Pourquoi les territoires sont-ils devenus un objet de préoccupation pour les pouvoirs publics ? A travers une approche historique, géographique, démographique, sociologique et politique, les intervenants présenteront la réalité des territoires, au sein desquels les réservistes de la Garde nationale inscrivent aujourd’hui leur action.
11h : Table ronde n° 2 « Réservistes, acteurs de la résilience et de la cohésion nationale »
Des réservistes de la Garde nationale témoigneront de leur engagement concret lors de crises récentes. En quoi ces réservistes sont-ils des acteurs de la résilience et de la cohésion nationale ? En quoi permettent-ils d’accroître les forces morales de notre pays ?
12h15 : Cocktail déjeunatoire.
13h45 : Keynote « Menaces et enjeux pour les territoires »
Cette intervention analysera les risques potentiels auxquels les territoires seront exposés demain.
14h : Table ronde n°3 « Regards croisés sur des modèles étrangers de réserves » Des experts français et internationaux présenteront plusieurs modèles de réserves existant à l’étranger.
15h – 16h : Clôture des Rencontres de la garde nationale

Les territoires mobilisés à l’occasion des JNR

De très nombreux événements seront organisés, entre le 15 octobre et le 15 novembre, partout en France par les 10 composantes de la garde nationale (les armées, directions et services du ministère des armées et les forces de sécurité intérieure relevant du ministère de l’intérieur) afin de valoriser et de mieux faire connaître l’engagement au sein de la réserve. Ces activités seront organisées en liaison avec l’éducation nationale, les entreprises et les collectivités territoriales qui emploient des réservistes, ainsi que les associations de réservistes.

Retrouvez tous les événements planifiés sur https://garde-nationale.gouv.fr/les-evenements-jnr2022-sur-le-territoire-national

Le ravivage de la Flamme du Soldat inconnu

Les JNR seront clôturées par une cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe le 15 novembre à 18H30.

La Garde nationale

Créée en 2016 pour répondre au désir d’engagement de la Jeunesse à la suite des attentats terroristes de 2016 et placée sous la double tutelle du ministre des Armées et du ministre de l’Intérieur, la Garde nationale rassemble près de 77 000 réservistes opérationnels des Armées, directions et services, de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. 7 000 femmes et hommes sont employés au quotidien sur le terrain et participent activement à la sécurité de la population et de la protection des territoires.

La Garde nationale répond à trois objectifs :

Renforcer l’efficacité de l’action des forces armées ;
Faciliter l’élan d’engagement volontaire des citoyens, celui de la jeunesse en particulier ;
Développer l’esprit de résilience et renforcer la cohésion nationale.

M. Lecornu à propos des réservistes : « Contribuer à la défense nationale de son pays doit devenir un droit! »

M. Lecornu à propos des réservistes : « Contribuer à la défense nationale de son pays doit devenir un droit! »

http://www.opex360.com/2022/10/07/m-lecornu-a-propos-des-reservistes-contribuer-a-la-defense-nationale-de-son-pays-doit-devenir-un-droit/


 

« Il y a une loi morale qui règle la société, une légitimité générale qui domine la légitimité particulière. Cette grande loi et cette grande légitimité sont la jouissance des droits naturels de l’homme, réglés par les devoirs; car c’est le devoir qui crée le droit, et non le droit qui crée le devoir », a écrit François René de Chateaubriand…

Ceci ayant été rappelé, en temps de guerre ou de crise, contribuer à la défense de son pays est un devoir… En temps de paix, nul n’est tenu de servir sous les drapeaux. Du moins est-ce vrai depuis que les jeunes français n’ont plus le devoir de remplir leurs obligations militaires avec la suspension du Service national. Pour autant, faut-il instaurer un « droit » à « contribuer à la défense nationale » pour les civils qui voudraient signer un engagement à servir dans la réserve opérationnelle?

Visiblement, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, le pense. D’autant plus que, selon les annonces faites par le président Macron le 13 juillet dernier, il est question de doubler l’effectif de la réserve opérationnelle de niveau 1 [RO1]… Ce qui suppose de recruter environ 40’000 volontaires supplémentaires…

Volontaires qui devront pouvoir se libérer de leurs obligations professionnelles en cas de besoin. Ce qui, même si des conventions ont été signées avec de grandes entreprises, ne va pas forcément de soi pour les réservistes venus du secteur privé… En effet, il peut être compliqué pour une PME de se passer d’un employé possédant un savoir-faire essentiel à son activité pendant plusieurs jours.

D’où la mise en place, par M. Lecornu, d’un groupe de travail qui aura la tâche d’identifier « les freins à l’engagement » au sein de la RO1 et de trouver les « leviers nécessaires pour y remédier, notamment en termes d’évolutions réglementaires et législatives », a précisé le ministère des Armées, le 6 octobre.

Ce groupe de travail réunira des militaires, des parlementaires, des associations ainsi que des représentants d’organisations patronales et syndicales. Il aura à « formuler des propositions » qui serviront à élaborer la prochaine Loi de programmation militaire [LPM].

« Contribuer à la défense nationale de son pays doit devenir un droit! Chaque français doit pouvoir s’engager comme réserviste militaire et participer à la protection de la Nation. Les armées se mettent en ordre de marche pour pouvoir proposer une fonction adaptée aux compétences et profils de chacun », fait valoir M. Lecornu.

Et si participer à la défense nationale devient un « droit », alors ceux n’ayant pas l’aptitude physique requise pour l’ensemble des spécialités proposées par les armées pourraient le faire valoir. C’est d’ailleurs l’un des sujets qu’aura à aborder le groupe de travail.

« Les critères d’admissibilité physique et de santé constituant parfois des barrières à l’engagement pourront, pour certaines missions confiées à des réservistes, être allégés », précise le ministère des Armées. Un autre axe de travail concernera les « conditions nécessaires pour créer un concours bienveillant des entreprises et des employeurs quant à leurs salariés réservistes », poursuit-il.

Cela étant, les pays nordiques ont trouvé une solution pour ne pas manquer de réservistes… En effet, un service militaire censé être obligatoire est en vigueur tant en Norvège qu’en Suède [où il a été rétabli en 2018, ndlr]. « Obligatoire » est effectivement un vain mot puisque seulement une fraction d’une classe d’âge est appelée sous les drapeaux. Ainsi, l’armée norvégienne ne sélectionne que les plus motivés [soit 10’000 hommes et femmes sur 60’000], ce qui correspond à ses besoins. Son homologue suédoise a adopté une approche identique.

Photo : Ministère des Armées

Sentinelle: 225 000 militaires, 2 milliards d’euros entre 2015 et 2021

Sentinelle: 225 000 militaires, 2 milliards d’euros entre 2015 et 2021

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 12 septembre 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


La Cour des comptes estime « plus pertinent » que la mission Sentinelle ne soit plus confiée aux militaires (photo J. Legall, OF). Elle a fait cette recommandation dans un rapport publié ce 12 septembre

Petit rappel

Au lendemain des attentats de janvier 2015, pour faire face à la menace terroriste, le Président de la République a décidé d’activer l’opération Sentinelle, permettant de déployer jusqu’à 10 000 militaires pendant un mois sur le territoire national. De 2015 à 2021, ce sont près de 225 000 militaires qui ont été requis pour mettre en œuvre, sous commandement militaire, des mesures décidées par l’autorité civile, à la suite d’un dialogue civilo-militaire qui associe ministère des armées et ministère de l’intérieur.

En 2017, la Cour avait déjà établi un premier rapport sur la mise en œuvre de l’opération Sentinelle, complété en 2020, par un examen des moyens affectés à la lutte anti-terroriste. Après sept années de reconduction, et une situation de la menace terroriste qui a évolué, ce rapport livre un bilan actualisé de l’opération Sentinelle et réfléchit au bon emploi des armées sur le territoire national.

Dans ce dernier rapport de 52 pages, la Cour note qu’entre 2015 et 2020, la force Sentinelle est intervenue plus de 18 400 fois, dont seulement six fois sur des actes de nature terroriste.

Par ailleurs, la Cour estime que l’opération Sentinelle a coûté deux milliards d’euros cumulés de 2015 à 2020, voire trois milliards d’euros si l’on tient compte des jours pendant lesquels les militaires ne patrouillent pas.

Conséquence: 
« Il appartient donc aux FSI (forces de sécurité intérieures) de reprendre des secteurs d’activité qui leur reviennent en priorité et pour lesquels elles sont mieux équipées qu’en 2015 dans la mesure où les moyens humains et matériels ont été significativement renforcés pour leur permettre de faire face à la menace terroriste. »