Le Tchad veut un désengagement militaire français beaucoup plus rapide (actualisé)

Le Tchad veut un désengagement militaire français beaucoup plus rapide (actualisé)

Au Tchad, où la campagne électorale pour les élections législatives et locales prévues le 29 décembre bat son plein, les autorités veulent accélérer le départ des forces françaises.

Selon mon confrère Franck Alexandre, de RFI, des sources proches du gouvernement français indiquent que Paris a bien reçu, jeudi soir 19 décembre, une demande pour un départ de tous les soldats français avant le 31 janvier prochain. Information que RFI a pu confirmer côté tchadien.

« La négociation est toujours en cours », assurent les militaires français cités par mon confrère. Les discussions seraient « techniques, mais se passent bien », précisent-ils. Même son de cloche apparemment à Ndjamena où l’on insiste sur la qualité du partenariat. « La situation n’a rien à voir avec les pays de l’AES », souligne une source proche des autorités tchadiennes, ajoutant qu’un premier calendrier de retrait s’étalant jusqu’en mars a été refusé, car jugé trop long.

« On veut montrer que le désengagement est bien en cours », ont déclaré de hauts responsables militaires français qui confirment aussi que les relèves prévues ont été annulées et le matériel des unités arrivantes a été rappelé en métropole. D’où le départ le 10 décembre du détachement chasse dont les Mirage 2000 stationnaient sur la base aérienne de Ndjamena. D’où aussi l’évacuation en cours des emprises françaises de Faya-Largeau (50 soldats) et d’Abéché (une centaine d’hommes). Deux bases lointaines, à dix jours de piste.

Il faudra ensuite s’occuper du camp Kossei.

Après les redéploiements français du Sahel (du Mali en particulier), les forces françaises ont éprouvé leurs procédures et maîtrisent les étapes des sorties de théâtre. Ce qui ne signifie pas que ce type d’opération est sans risques et sans surprises.

Une partie de matériel prendra certainement la route maritime pour regagner la métropole. Des ports du Cameroun pourraient être utilisés. A moins que les infrastructures portuaires de la Guinée Equatoriale, notamment le port de Bata, ne puissent aussi servir pour ce transit.

Actualisation
Ce vendredi, « 120 soldats français ont décollé de l’aéroport militaire de N’Djamena à bord d’un Airbus A330 Phoenix MRTT, à destination de la France », selon un communiqué publié sur la page Facebook du ministère tchadien des Armées. Interrogée par l’AFP à Paris, l’armée française n’a pas commenté cette annonce. Mais des photos du départ de ces soldats circulent sur les réseaux sociaux:

 

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024


En ce jour particulier qui devrait être celui de la paix, de la fraternité et du partage, que vous soyez en famille, en opération, de permanence, seuls ou avec vos frères d’armes, Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024.

Chaque année, il est d’usage d’accompagner ce court message de Noël par un poème. Cette fois, ce sera un texte du commandant Antoine de Saint-Exupéry, tiré de son ouvrage « Citadelle ».

Mais j’ai bâti à l’heure de la garde mes sentinelles. Et il est quelqu’un, ici, pour manger. Leur repas est bien autre chose que soins accordés au bétail pour accroissement du tour du ventre. Il est communion dans le pain du soir des sentinelles. Et certes chacune l’ignore.

Cependant de même que le blé du pain, à travers eux, se fera vigilance et regard sur la ville, il se trouve que la vigilance et le regard qui embrasse la ville, à travers eux, se fait religion du pain. Ce n’est pas le même pain qui est mangé. Si tu désires les lire dans leur secret qu’ils ignorent eux-mêmes, va les surprendre au quartier réservé, quand ils courtisent les femmes. Ils leur disent :

« J’étais là, sur le rempart, j’ai entendu siffler trois balles à mon oreille. Je suis demeuré droit, n’ayant point peur. »

Et ils plantent dans le pain leurs dents avec orgueil. Et toi, stupide, qui écoutes les mots tu confonds avec une vantardise de soudard la pudeur de l’amour. Car si le soldat raconte ainsi l’heure de ronde c’est bien moins pour se faire grandiose que pour se complaire dans un sentiment qu’il ne peut dire. Il ne sait pas s’avouer à lui-même l’amour de la ville. Il mourra pour un dieu dont il ne sait dire le nom. Il s’est déjà donné à lui, mais il exige de toi que tu l’ignores. Il exige de soi-même cette ignorance.

Il lui paraît humiliant de paraître dupe de grands mots. Faute de savoir se formuler il refuse par instinct de se soumettre à ton ironie son dieu fragile. De même qu’à sa propre ironie. Et tu vois mes soldats jouer les matamores et les soudards – et se complaire à ton erreur – pour goûter quelque part, au fond d’eux-mêmes, et comme en fraude, le goût merveilleux du don à l’amour.

Et si la fille leur dit : « Beaucoup d’entre vous – et c’est bien dur – mourront en guerre… », tu les entends approuver bruyamment. Mais ils approuvent par des grognements et des jurons. Cependant elle éveille en eux le plaisir secret d’être reconnus. Ils sont ceux qui mourront d’amour.

Et si tu parles d’amour, alors ils te riront au nez ! Tu les prends pour des dupes dont on tire le sang avec des phrases de couleur ! Courageux, oui, par vanité ! Ils jouent les matamores par pudeur de l’amour. Ainsi ont-ils raison car il arrive que tu les voudrais dupes.

Tu te sers de l’amour de la ville pour les convier au sauvetage de tes greniers. Se moquent bien de tes greniers vulgaires. Te feront croire par mépris pour toi qu’ils affrontent la mort par vanité. Tu ne conçois point véritablement l’amour de la ville. Ils le savent de toi le repu. Sauveront la ville avec amour, sans te le dire, et injurieusement, puisque tes greniers logent dans la ville, ils te jetteront comme un os au chien, tes greniers sauvés.

Illustration : Légion étrangère

La nouvelle formule « islamiste 2.0 » du « jihadisme institutionnalisé »

La nouvelle formule « islamiste 2.0 » du « jihadisme institutionnalisé »

ihadisme politique
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Alexandre Del Valle – Le Diplomate Média – publié le 18 décembre 2024

https://lediplomate.media/2024/12/la-nouvelle-formule-islamiste-2-0-du-jihadisme-institutionnalise/alexandre/monde/mena/moyen-orient/terrorisme-moyen-orient/


D’après des spécialistes du jihadisme, comme le germano-égyptien Asiem el Difraoui ou l’américain, Aaron Y. Zelin, la victoire de Joulani et du Hay’at Tahrir al Cham contre le régime Bachar el-Assad a signé la victoire du « jihadisme politique » comme stratégie de conquête. Ce phénomème nouveau, que nous avions qualifié dans nos écrits d’« institutionnalisation du jihadisme », est un véritable tournant dans l’histoire de l’islamisme international. La Syrie est en effet, plus efficacement encore que les Talibans, le premier terrain d’essai de cette catégorie hybride, qui va probablement être un casse-tête sécuritaire pour de nombreux pays et pour tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre l’islamisme radical et qui croyaient naïvement que l’islam politique comme celui des Frères musulmans ou de la Turquie d’Erdogan représentaient peut-être LA solution alternative au jihadisme, incapable de conquérir le pouvoir et d’administrer un Etat.

Le « Sham » du HTS, dont la Syrie est le noyau-dur, va redevenir un pôle d’attraction du jihadisme et du panislamisme européen et proche-oriental, même si son leader a dit renoncer au jihad global et a rompu avec Al-Qaïda. La conquête de la Syrie n’est que l’une des étapes d’un projet jihadiste régional. Le terme de « Hay’at Tahrir Sham » désigne en effet la « libération de la Syrie élargie au sens de tout le Proche-Orient (Jordanie, Liban, Palestine Israël, Syrie, etc) … D’ailleurs, si Al-Joulani est apparu avec le drapeau syrien de la Révolution, jadis prohibé par les Jihadistes de DAECH, il a également parlé depuis la mosquée des Omeyades de Damas, devant un autre drapeau, blanc, qui symbolise la couleur de l’islam, que Joulani ne renie aucunement puisqu’il a dédié sa victoire à la Oumma Islamique (Oumma al -islamiyya) et non pas la Syrie…

En fait, le HTS a mis en œuvre une stratégie d’adaptation proche de celle, dite « par étapes », des Frères musulmans, adeptes d’un salafisme réformiste, (Salafiyya islahiyya) apparemment plus moderne, mais qui poursuit le même objectif final du Tamkine planétaire ou Califat universel. Le génie du pragmatique Joulani est que sa formule politique va permettre de réunir dans une même expérience victorieuse tous les degrés de l’islamisme radical, un processus initié par les Talibans depuis le départ des Etats-Unis d’Afghanistan, mais que Joulani a plus de capacité à faire triompher puisque deux de ses parrains directs, la Turquie membre de l’Otan et le Qatar qui abrite une base américaine, sont structurellement liés à l’Occident et peuvent contribuer au processus de transition politique et d’institutionnalisation de l’islamisme jihadiste, deux options de l’islamisme qui ont longtemps été impossibles et qui se sont violemment combattues. Cela ne veut pas dire qu’Al-Qaïda, le Hamas, les Frères musulmans, le Milli Görüs turc, le Jamaà islami pakistanais et l’Etat islamique, mouvances aux milles divergences, vont fusionner ou même arrêter de se combattre ou d’être tantôt alliés tantôt rivaux ou ennemis, mais l’expérience du « jihadisme politique », synthèse de l’islam politique à la Frères musulmans et du jihadisme à la Al-Qaïda, va attirer des partisans issus de toutes les nuances de l’islamisme sunnite, des plus institutionnelles aux plus jihadistes et révolutionnaires.

Revenons à la chute d’Assad qui a permis de consacrer l’institutionnalisation du Jihad de Joulani

Pour revenir à la chute d’Assad, la priorité actuelle de Abou Mohamad al-Joulani, de son vrai nom Ahmed al-Charaà, est l’instauration d’un nouveau régime capable à terme d’instaurer son hégémonie sur tout le territoire syrien, donc capable de fédérer dans un futur Etat les rebelles islamistes fréristes et pro-turcs, les salafistes jihadistes qui l’ont suivi dans sa démarche, les anciens rebelles de 2011 sunnites et pas forcément islamistes mais conservateurs, et les minorités ethniques kurdes, turkmènes, arméniennes, assyro-chaldéennes, chrétiennes, chiites, alaouites et druzes y compris. Or force est de constater qu’avec 30 à 40 000 hommes, soit moins que l’Armée Nationale Syrienne – avant les ralliements récents, puisque l’ANS dispose de 50 000 soldats et mercenaires, ses troupes réellement fidèles issues comme lui d’Al-Qaïda/Al-Nosra et autres salafistes ralliés depuis 2017 (et le changement de nom en HTS) sont limitées. Les Kurdes insoumis ne vont pas plier facilement face à l’ANS pro-turc et au HTS pro-Qatari qui veulent soumettre au nouveau pouvoir islamiste le Kurdistan/Rojava autonome et ses Forces Démocratiques Syriennes (FDS), dont le noyau-dur sot les YPG kurdes proches du PKK turco-kurde. Les Druzes sont eux aussi armés, bien que n’ayant pas de forces miliciennes officielles, et ils sont encore épargnés car ils sont assez difficiles à soumettre dans leurs montagnes du sud-Ouest du pays frontalier d’Israël et du plateau du Golan occupé par Tsahal et habité par des frères Druzes avec qui ils sont en contact et solidaires en cas d’attaque islamiste.  Une partie des chefs druzes a d’ailleurs appelé à être rattachés à Israël, où les Druzes sont les seuls arabes ayant des hautes positions dans l’armée et totalement fidèles à Israël. Quant aux anciens militaires du régime, bien qu’amnistiés, ils ne sont pas encore considérés assez fiables pour qu’une grande armée nationale postrévolutionnaire et post-Assad soit opérationnelle rapidement contre les forces séparatistes. Pour ce qui est du Djebel Ansariyya, la montagne alaouite, bien qu’officiellement désarmée et ayant été abandonnée par les troupes d’élites alaouites du Général pro-russe Souheil Hassan (« Le Tigre ») et de la division de Maher Al-Assad, partis vers l’Irak, il pourrait devenir rebelle et se réarmer rapidement dans ses fiefs et donc créer lui aussi des difficultés si les persécutions et vengeances massives arrivaient, d’où l’actuelle prudence de Joulani. Mais combien de temps le leader du HTS pourra-t-il contenir ses troupes salafistes-jihadistes assoiffées de vengeance et de sang, habitués à couper des têtes et les empêcher d’agir conformément à la doctrine du Jihad qu’ils n’ont jamais reniée ?

Joulani va-t-il vraiment réussir à devenir Charaà et troquer si facilement son nom de guerre jihadiste ?

De ce fait, ce n’est qu’une fois le pouvoir du HTS déployé partout, ce qui nécessitera la difficile soumission de l’ANS pro-turque, en plus de la soumission des zones rebelles kurdes, que Joulani pourra montrer progressivement son vrai visage : la pleine application de la Charià en Syrie, après une première annonce d’une version soft visant à rassurer minorités et l’Occident. Faire progressivement du « Cham » un pays attrayant tant pour des salafistes radicalisés du monde entier frustrés de ne pas avoir pu faire le Hijra (émigration ») à l’époque de gloire du « Dawla » (l’Etat, sous-entendu islamique, EI), que pour des millions de sunnites syriens revanchards qui vont goûter à la formule islamiste après tant de décennies de répression de la part des « apostats » alaouites et de leur Etat sécularisé baathiste et nationaliste.  Joulani va finalement rétablir plus efficacement que DAECH, un Etat islamique qui sera parrainé ou reconnu rapidement par des puissances liées à l’Occident, Turquie, Qatar, Koweït, Arabie saoudite. Toute une génération d’islamistes va idéaliser le succès de Joulani, qui a réussi en en finir avec les alaouites-baathistes d’Assad, « ennemis de l’islam », presque sans tirer un coup de feu, en récupérant les efforts des rebelles et des Syriens lassés de la corruption et du régime totalitaire syrien. Il va donc y avoir un appel d’air vers la Syrie, surtout la poche d’Idlib, le foyer de jihadistes français, d’Omar Diaby/Omsen. Car la zone d’Idlib va rester bien plus islamiste-jihadiste que les autres places syriennes étant donné que les jihadistes vaincus en 2016-2017 se sont réfugiés dans l’incubateur d’Idlib et y ont vécu selon la Charià salafiste et sous protection indirecte turque depuis des années.

L’excitation malsaine de la mouvance jihadiste extérieur et le pouvoir d’attraction du Sham

Pour le procureur national antiterroriste, Olivier Cristen, qui a évoqué une surveillance accrue de la “djihadosphère”, cette victoire très médiatisée de HTS – bien qu’en réalité l’ANS et les brigades de rebelles du Sud ont aussi joué un rôle important – a créé une sorte “d’excitation malsaine” des pro-jihadistes français pour qui le Cham est un quasi-lieu de pèlerinage califal. Rappelons qu’au sein du HTS et des groupes autonomes qui ont dû lui prêter allégeance, d’autres groupuscules jihadistes et islamistes étrangers demeurent attachés au jihad global, comme les légions ouïghoures, qui soutiennent leur peuple en Chine. Avec des groupes de jihadistes d’Asie centrale, du Caucase, maghrébins ou francophones, ils représentent encore quelques milliers de personnes qui vont être utilisés, comme lors de la conquête d’Alep fin novembre, comme kamikazes pour enfoncer des lignes adverses lors d’offensives, notamment contre les Kurdes, les Druzes ou les Alaouites en cas de résistance. On sait par ailleurs que certains terroristes de France, dont l’assassin de Samuel Paty, Abdoullah Anzorov, fils de réfugiés Tchétchènes, était en contact avec des jihadistes d’Idlib, comme cela a été confirmé le 4 novembre et le 10 décembre derniers lors des procès des tueurs de l’enseignant. L’influence même du HTS sur Anzorov a été attestée devant les juges par l’un de ses complices repentis, Ismael Gamaev, qui a révélé qu’il « participait activement »  à un groupe Snapchat crypté, avec des membres cette organisation, lesquels auraient lancé un appel à tuer les caricaturistes de Mahomet, et auprès de qui il aurait confirmé l’accomplissement de ce « jihad punitif ».

Quid des 300 djihadistes français disparus des radars ?

Sur 1500 volontaires français venus faire le Jihad et leur Hijra (« émigration » islamique imitant celle de Mahomet à Médine en 622, sorte d’Alyah jihadiste), on sait que beaucoup sont morts, mais d’autres ont survécu. Ainsi, Omar Diaby alias Omsen a été donné pour mort plusieurs années durant avant finalement de réapparaître dans un documentaire. Ensuite, lorsque les islamistes du HTS ont libéré les prisonniers des geôles du régime de Bachar al-Assad, deux djihadistes Français y ont été identifiés parmi les prisonniers, mais les experts sont certains qu’ils sont très probablement plus nombreux. 300 jihadistes français sont dans la nature, disparus, et susceptibles de réapparaître, tandis que la poche d’Idlib en abriterait au moins 120. Enfin, il y a toujours la possibilité d’une résurgence de l’État islamique, actuellement très affaibli, divisé en petites cellules éparses, mais à qui le chaos ambiant pourrait également profiter. Certes, la priorité d’Al-Joulani, semble axée sur l’instauration d’un nouveau régime en Syrie, ce qui nécessite des concessions verbales et juridico-politiques de transition. Les mêmes consignes ont été données par l’ancien homme d’économie et de culture Al-Bachir, récemment nommé Premier Ministre de la Syrie de Joulani, mais ce fidèle du chef de HTS ne manie-t-il pas lui aussi la taqiya, le mensonge pieux, comme son chef ? L’avenir le dira. Toujours-est-il qu’il va y avoir un appel d’air vers la Syrie, car indépendamment même  de la pseudo modération de Bachir et Joulani, qui est motivée par l’urgence de lever les sanctions économiques occidentales et la Loi Caesar américaine qui pénalise toute reconstruction, pour de nombreux jihadistes, le pouvoir de fascination du Sham est intacte et le HTS est celui qui a fait tomber l’apostat Bachar. Pour les islamistes salafistes français, le Sham demeure avec l’Afghanistan libérée des Américains, le seul « véritable Dawla islamiyya » (Etat islamique), au monde, fruit d’un « jihad béni », où la Charià salafiste va être appliquée et l’est déjà dans la région du HTS au nord. Si cette Charià devient officielle dans tout le pays, les bons musulmans salafistes n’ayant pas le droit de vivre parmi les « Mécréants » pourront venir y accomplir leur Hijra, leur « émigration » sainte, vers cet Etat islamique paré qui plus est de l’auréole et du prestige du jihad vainqueur face aux laïques, mécréants et apostats baathistes et alaouites. A cet effet, le charisme de recruteurs propagandistes comme d’Omar Diaby, en liberté et ayant prêté allégeance au HTS, va attirer des jeunes radicalisés de France et d’Europe qui ont été frustrés de ne pas avoir pu rejoindre le jihad syrien contre Bachar et qui vont « enfin » réaliser leur rêve dans le cadre d’une « excitation malsaine” évoquée par le procureur national antiterroriste, Olivier Cristen

À lire aussi : Le Sommet d’Astana : Opération de la dernière chance pour la Syrie 


 

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L’EPR de Flamanville, le plus puissant des réacteurs nucléaires français, est enfin raccordé au réseau électrique

L’EPR de Flamanville, le plus puissant des réacteurs nucléaires français, est enfin raccordé au réseau électrique


L’EPR de Flamanville. Stephanie Lecocq / REUTERS

 

Le dernier né des réacteurs français commence un cycle de dix-huit mois, jusqu’à sa première maintenance. Une quinzaine d’arrêts et de redémarrages auront lieu sur le chemin de la pleine puissance, l’été prochain.

Jusqu’au bout du suspens, mais cette fois ça y est. «L’EPR de Flamanville produit ses premiers électrons ! Samedi 21 décembre 2024 à 11h48, l’EPR de Flamanville a été connecté au réseau électrique français et a commencé à produire ses premiers électrons», a annoncé Luc Rémont, le PDG d’EDF ce samedi sur la plateforme LinkedIn. «C’est un évènement historique pour toute la filière nucléaire française.» «Grand moment pour le pays. L’un des réacteurs nucléaires les plus puissants du monde, l’EPR de Flamanville, vient d’être raccordé au réseau électrique. Réindustrialiser pour produire une énergie bas carbone, c’est l’écologie à la française. Elle renforce notre compétitivité et protège le climat», a salué Emmanuel Macron, lui aussi sur Linkedin.

Fierté et soulagement pour les équipes de l’EPR de Flamanville alors que ce premier raccordement au réseau électrique avait été promis par EDF « avant la fin de l’automne », enclenchant un compte à rebours oppressant dans la dernière ligne droite.

D’abord promise pour ce vendredi matin 10 heures, l’opération, dite « couplage » a été repoussée d’abord à 23 heures ce même vendredi, puis à 10h du matin, ce samedi. Finalement l’heure à retenir sera 11h48. Avec un dernier retard de près de vingt-six heures, sur un chantier qui arrive à son terme avec douze années de retard et un coût trois fois plus élevé que prévu, à plus de 13 milliards. Mais qui est parti pour fonctionner 60 ans, au moins, et alimenter en électricité quelque deux millions de foyers chaque année. Une odyssée des temps modernes, avec un long voyage semé d’embûches. «Ce matin, c’est l’accomplissement d’un effort titanesque qui a fini par payer. Un long chemin, qui n’a été ni facile, ni parfait, mais qui aboutit au bénéfice des Français. Nous en tirons tous les enseignements pour réussir la relance du nucléaire que nous avons décidée avec le Président de la République. 
Bravo et merci à toutes les équipes d’EDF mobilisées sur place. Le cœur du réacteur, c’est eux !», salue Agnès Pannier-Runacher la ministre démissionnaire de la transition écologique. 

Des centaines de personnes restent mobilisées sur le site pour jouer cette partition au millimètre. Paradoxalement, ce n’est pas le cœur du réacteur nucléaire, là où le combustible produit de la chaleur, qui a fait l’objet du plus d’attention, mais la turbine. Cette immense machine dont les pales vont tourner à 1500 tours minutes, propulsées par la vapeur produite par le réacteur. Cette vapeur doit être parfaite, car à cette vitesse la moindre goutte d’eau a la puissance d’une balle de pistolet. Les capteurs scrutent les vibrations, la chaleur, l’environnement… Une fois toutes les conditions réunies, l’alternateur, qui produit l’électricité à proprement parler, a été lancé. « Il doit être synchronisé pour produire à 50 hertz, la fréquence du réseau électrique français », explique Régis Clément, directeur adjoint de la production nucléaire chez EDF. Dans un premier temps, cette énorme installation ne produira que quelques mégawatts (MW) d’électricité. Il n’atteindra sa pleine puissance qu’à l’été 2025. 

D’ici là, il reste encore quelques étapes techniques et réglementaires à franchir, avant la mise en service industrielle de l’EPR. Fla3, selon sa dénomination EDF, est couplé au réseau à environ 20% de ses capacités. Pour passer le seuil de 25%, EDF doit obtenir le feu vert de l’autorité de sûreté nucléaire, (ASN), de même pour 60%, puis 80%. Le couplage marque certes l’entrée en production du géant de 1600 MW, le plus puissant des réacteurs du parc français, il marque aussi le début d’une nouvelle phase de tests, faits de variations de puissance, d’arrêts en moins de deux secondes, d’îlotage (test du réacteur quand le réseau électrique a un problème). Tous ces scénarios sont faits pour éprouver l’installation et réduire au minimum tout risque d’incident. Une quinzaine d’arrêts et de redémarrages auront lieu sur le chemin de la pleine puissance, l’été prochain.

Saluons les acteurs qui sont allés jusqu’au bout. Ils n’ont rien lâché et l’ont mis en service, ce qui prépare quand même très bien la relance du nucléaire

Olivier Bard, délégué général du Gifen

Ensuite, la production pourra encore varier, jusqu’à la première visite de contrôle (V1) de l’EPR prévue en 2026, soit environ dans 18 mois. Toutefois, la donnée prise en compte pour cette V1 n’est pas la durée de fonctionnement, mais le volume d’électricité produit, soit 14 TWh. Cela correspond à la consommation d’environ deux millions de foyers pendant un an. Et surtout, cela revient à user le combustible, comme on viderait le réservoir d’une voiture. À 14 TWh, il faudra refaire le plein : décharger et recharger en combustible le cœur du réacteur. À bien des égards, cette première visite complète est similaire à celles effectuées tous les dix ans dans les autres réacteurs du parc, une sorte de contrôle technique en beaucoup plus poussé, version monde du nucléaire.

Le changement du couvercle dans dix-huit mois

Il y a cependant une différence de taille : le couvercle de la cuve contenant les éléments radioactifs sera changé à cette occasion, pour répondre à un engagement pris auprès de l’ASN. « Ce n’est pas un sujet de sûreté, mais de durée de vie », résume Régis Clément. Le métal du couvercle actuel se fragilisera dans le temps au contact des neutrons, « il sera changé avant de présenter un risque », rassure Régis Clément. Dans les faits, de nombreux équipements dédiés au contrôle et au fonctionnement du réacteur sont installés sur le couvercle. Ils seront « retirés pour être installés sur le nouveau», ce qui devrait prendre « un peu plus d’un mois », ajoute Régis Clément. La donnée est connue de longue date. Fin 2014, Areva NP a «découvert une anomalie de fabrication de l’acier du couvercle », explique l’IRSN. En 2017, l’ASN et l’IRSN ont considéré que le remplacement de ce couvercle devrait être réalisé au premier arrêt pour rechargement du réacteur (VC1). Qui aurait dû survenir bien avant 2026…

Le changement du couvercle est un des innombrables déboires rencontrés sur le chantier. Et malgré tout, la mise en service de l’EPR est un sujet de fierté, chez EDF d’abord, mais aussi pour toute une filière industrielle. «Saluons les acteurs qui sont allés jusqu’au bout. Ils n’ont rien lâché et l’ont mis en service, ce qui prépare quand même très bien la relance du nucléaire », souligne Olivier Bard, délégué général du Gifen, le groupement des industriels français de l’énergie nucléaire.

Opération Poker : une démonstration de force des Forces aériennes stratégiques

Opération Poker : une démonstration de force des Forces aériennes stratégiques

Jean-Baptiste Leroux – armees.com – Publié le

Les forces aériennes stratégiques ont achevé une nouvelle édition de l'opération Poker. Défense.gouv
Les forces aériennes stratégiques ont achevé une nouvelle édition de l’opération Poker. Défense.gouv | Armees.com

 

Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2024, les Forces aériennes stratégiques françaises ont mené avec succès une nouvelle édition de l’opération Poker. Cet entraînement d’envergure met en lumière la maîtrise opérationnelle et l’expertise technique de la composante nucléaire aéroportée.

Un exercice stratégique au cœur de la dissuasion nucléaire

L’opération Poker, organisée quatre fois par an, incarne le savoir-faire des Forces aériennes stratégiques (FAS). Cette manœuvre militaire d’ampleur vise à simuler un raid nucléaire d’entraînement au-dessus du territoire français. Lors de cette édition, le général de corps aérien Stéphane Virem a dirigé les opérations depuis le centre opérationnel de Taverny, soulignant l’importance stratégique de cet exercice.

Au cœur de cet entraînement, une quarantaine d’aéronefs, dont les Rafale B de la 4e escadre de chasse et les ravitailleurs A330 MRTT Phénix, ont été mobilisés. En parallèle, des avions conventionnels, comme les Mirage 2000-5 et les Rafale C, ont soutenu le raid. L’ensemble de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) a été impliqué, y compris les bases aériennes et aéronavales, les contrôleurs aériens et les unités de défense sol-air. Ce déploiement massif vise à reproduire des conditions réalistes et exigeantes pour tester la réactivité des équipages et la coordination interarmées.

Innover pour garantir la crédibilité opérationnelle

L’opération Poker dépasse la simple répétition de procédures. Elle joue également un rôle clé dans le développement de nouvelles tactiques, intégrant le multimilieu et le multichamp (M2MC). Cette approche innovante permet de s’adapter aux défis contemporains et de renforcer la posture de dissuasion française. Chaque étape, de la planification à l’exécution, est minutieusement évaluée pour identifier les marges d’amélioration.

Au-delà de l’entraînement, l’exercice a pour objectif de démontrer la crédibilité opérationnelle de la composante nucléaire française à ses alliés et partenaires internationaux. Cette édition de décembre 2024 a réaffirmé la place centrale des FAS dans la stratégie de dissuasion nucléaire, tout en mettant en avant l’engagement et l’expertise de l’ensemble des personnels impliqués.

Guerre économique et extraterritorialité : l’Europe doit renforcer son arsenal juridique

Guerre économique et extraterritorialité : l’Europe doit renforcer son arsenal juridique

In this Saturday, June 29, 2019, file photo, U.S. President Donald Trump, left, meets with Chinese President Xi Jinping during a meeting on the sidelines of the G-20 summit in Osaka, Japan.(AP Photo/Susan Walsh, File)/XHG301/24311596857150/JUNE 29, 2019, FILE PHOTO/2411070720

par Guy-Alexandre Le Roux – Revue Conflits – publié le 21 décembre 2024

https://www.revueconflits.com/guerre-economique-et-extraterritorialite-leurope-doit-renforcer-son-arsenal-juridique/


Une nouvelle étude de l’Institut Montaigne aborde la question de l’extraterritorialité. Sur ce sujet stratégique pour l’économie mondiale, les États européens et l’UE manquent d’un arsenal défensif et offensif, au détriment des entreprises européennes.

Une déstabilisation juridique internationale

L’extraterritorialité désigne la capacité d’un État à appliquer ses lois au-delà de ses frontières, souvent au nom de l’intérêt national. Le principe est toléré en droit international au nom de la « théorie des effets », une extension du principe de territorialité selon laquelle « le droit de la concurrence peut avoir une application extraterritoriale lorsque des actions menées à l’étranger ont un effet direct et substantiel sur la concurrence sur les marchés intérieurs ». Aux États-Unis, des lois comme le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) ou le Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) s’imposent à des entreprises étrangères dès lors qu’elles utilisent des services financiers américains ou opèrent sur des marchés clés. Ces mesures établissent de fait un contrôle indirect sur les économies. Et, en cas de litige, il n’existe aucun instrument pour arbitrer.

En Relations internationales, la sécurité repose toujours sur la force, surtout lorsqu’il n’existe pas d’arbitres. La Chine a donc développé un arsenal juridique similaire, illustré par sa loi sur la sécurité nationale de Hong Kong. Les règles imposées par ces deux grandes puissances ne se contentent pas de défendre leurs intérêts : elles redéfinissent les rapports de force économiques mondiaux, au détriment de l’autonomie européenne.

Les entreprises européennes, premières victimes

Les conséquences pour les entreprises européennes sont lourdes : amendes exorbitantes, exclusion des marchés internationaux, et même transferts forcés de technologies sensibles. L’affaire Alstom est emblématique. En 2014, la branche énergie de la multinationale française a été acquise par General Electric dans un contexte de pressions judiciaires américaines liées au FCPA. Derrière ces litiges se profile un impératif stratégique : fragiliser les champions industriels européens.

L’application extraterritoriale de lois, notamment dans le domaine des sanctions économiques, se traduit également par une entrave au commerce international. Les entreprises de l’UE, naviguant entre des régimes juridiques conflictuels, doivent allouer des ressources considérables pour rester en conformité, au détriment de leur compétitivité.

Il faut croire que le retour de D. Trump à la Maison-Blanche sur la promesse de renforcer le dollar va doper l’agressivité de l’extraterritorialité américaine.

Un débat européen embryonnaire

Face à ces menaces, il est nécessaire que les États de l’UE se musclent. La question est de savoir qui doit s’en occuper, les instances européennes ou les États ? Pour protéger leur souveraineté et leurs entreprises, les États sont méfiants vis-à-vis des interventions de la banque centrale européenne. Mais, leur arsenal juridique est trop faible ou limité.

L’UE ne dispose que de mesures défensives, comme le règlement de blocage, qui limite l’application de sanctions étrangères sur le territoire européen. Toutefois, cette approche reste insuffisante. La stratégie récemment présentée par la Commission européenne sur la sécurité économique en juin 2023 n’intègre toujours pas une réponse offensive à l’extraterritorialité.

Les divisions internes de l’Union, alimentées par des visions divergentes entre États membres, ralentissent tout consensus. Certains, comme la France, appellent à une réponse européenne coordonnée, tandis que d’autres craignent d’éroder leurs relations transatlantiques ou de déléguer davantage de compétences à Bruxelles.

Vers une stratégie européenne offensive ?

L’adoption récente d’instruments de défense commerciale, tels que l’Instrument anticoercition (IAC), pourrait marquer un tournant. Le chemin vers une approche offensive que préconise l’Institut Montaigne reste semé d’embûches. Cela ne va pas de soi, car il est inscrit dans l’ADN de l’UE de ne recourir à aucune forme d’extraterritorialité offensive. Cette spécificité européenne pourrait changer.

L’armée chinoise poursuit sa modernisation, selon le rapport annuel du Pentagone

L’armée chinoise poursuit sa modernisation, selon le rapport annuel du Pentagone

Le Pentagone a publié mercredi son rapport annuel sur les capacités militaires de la Chine. Un rapport sans surprises, qui vise à documenter le niveau de préparation au combat de l’armée chinoise.

– Renforcement de la marine
La marine chinoise, la plus large au monde, compte désormais plus de 370 navires et sous-marins, contre environ 340 en 2022, selon le Pentagone. Les forces navales chinoises ont également renforcé leur capacité à mener des missions au-delà de la première chaîne d’îles du Pacifique, qui comprend Okinawa au Japon, Taïwan et les Philippines.

– Plus de 600 ogives nucléaires (500 en 2023)
Le stock chinois d’ogives nucléaires opérationnelles est passé à plus de 600 en 2024 contre plus de 500 l’an dernier, affirme le rapport. Il dépassera les 1.000 têtes nucléaires d’ici 2030, assure le Pentagone, alors que Pékin s’efforce de « moderniser, diversifier et élargir rapidement ses forces nucléaires ». Cela permettrait à la Chine de « viser davantage de villes américaines, d’installations militaires et de sites stratégiques » en cas de conflit nucléaire potentiel.

– Armée de l’air
L’armée de l’air chinoise « se rapproche rapidement des standards technologiques américains », indique le rapport. Elle modernise et développe ses propres appareils, ainsi que des systèmes autonomes, sans pilote.

– Missiles
La Chine développe également de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) qui amélioreront « considérablement » ses forces nucléaires et nécessitent une augmentation de la production de têtes nucléaires, affirme le rapport. En 2022, la Chine a « probablement achevé » la construction de trois nouveaux champs de lancement de missiles, incluant au moins 300 unités de lancement de missiles balistiques intercontinentaux. Pékin pourrait également chercher à développer des missiles intercontinentaux conventionnels capables de frapper les États-Unis.

– Projection mondiale
La Chine cherche à élargir ses infrastructures et sa logistique à l’étranger pour « projeter et maintenir sa puissance militaire sur de plus grandes distances » au-delà de sa base de Djibouti. L’APL envisagerait de construire des installations logistiques militaires dans des pays comme la Birmanie, le Pakistan et le Bangladesh, ainsi qu’au Kenya et au Nigeria, entre autres.

– Pressions sur Taïwan
La Chine a « intensifié » sa pression diplomatique, politique et militaire contre Taïwan en 2023. Pékin a « continué d’éroder les normes établies depuis longtemps à Taïwan et dans ses environs en utilisant diverses tactiques de pression », ajoute le Pentagone. Ces pressions incluent le maintien d’une présence navale autour de l’île, l’augmentation des incursions au-delà de la ligne médiane du détroit de Taïwan, ligne tampon non officielle entre les deux territoire, et dans l’espace aérien de Taipei, ainsi que la conduite d’exercices militaires d’envergure à proximité. S’appuyant sur les statistiques de l’armée taïwanaise, le Pentagone note une augmentation du nombre d’avions chinois ayant traversé la ligne médiane en 2023.

Corruption
Les efforts chinois sont entravés par des cas de corruption, qui ont conduit à l’éviction de hauts dirigeants. Effectivement, « plusieurs dirigeants faisant l’objet d’une enquête ou limogés pour corruption ont supervisé des projets de développement d’équipements liés à la modernisation des missiles nucléaires et conventionnels terrestres de la Chine », indique le rapport. Entre juillet et décembre 2023, au moins 15 officiers de haut rang de l’APL travaillant dans des domaines comme les missiles terrestres ont fait l’objet d’une enquête ou d’une révocation pour corruption, selon le rapport. Le licenciement en octobre de Li Shangfu, ancien administrateur militaire de l’aérospatiale, est le plus notable.

Malgré les efforts du président chinois Xi Jinping pour lutter contre la corruption, la culture opérationnelle opaque de la RPC lui permet de prospérer, en particulier dans les activités comme la construction et l’achat d’armes. « Les récents efforts de lutte contre la corruption se sont concentrés sur le renforcement du contrôle des processus d’approvisionnement, en particulier dans les programmes essentiels à la modernisation militaire », notent les rédacteurs du rapport US.

Le rapport est à consulter ici (en anglais)

A noter un article paru sur defenseOne, « How China is adopting battlefield lessons from Ukraine » qui analyse les enseignements que l’APL a tirés du conflit ukrainien, en particulier dans le domaine des drones.

Le miroir aux Alaouites – Une brève histoire militaire de la guerre en Syrie

Le miroir aux Alaouites – Une brève histoire militaire de la guerre en Syrie

par Michel Goya – La voie de l’épée – publié le 14 décembre 2024

https://lavoiedelepee.blogspot.com/


Si l’on faisait défiler la carte de la guerre civile en Syrie depuis le 15 mars 2011, semaine après semaine, on verrait 681 images montrant des taches de couleur changeantes, puis un fort ralentissement à partir de la 400e, pour finalement ne pratiquement plus bouger jusqu’à la 682e. À ce moment précis, en une seule image, la couleur du camp assadiste serait remplacée par celle de la rébellion arabe sunnite.

Les effondrements rapides sont assez courants dans l’histoire des guerres, mais un effondrement aussi soudain survenant après des années de conflit lent ou même figé est très surprenant. Comme pour toutes les surprises stratégiques, cela mérite qu’on s’y intéresse en revenant loin en arrière.

Le problème des trois camps et Assad sauvé une première fois

Rappelons tout d’abord que le conflit syrien n’est pas un problème stratégique classique à deux camps, où l’action réciproque se fait à somme nulle et où une partie finit par imposer sa volonté à l’autre pour aboutir à une paix plus favorable. Le conflit syrien est un cas assez exceptionnel de conflit mosaïque, où plusieurs camps s’affrontent simultanément avec des configurations changeantes d’alliances et de rapports de force, d’autant plus complexes que plusieurs acteurs extérieurs sont intervenus. C’est une des raisons principales de la longue durée de ce conflit : la possible défaite définitive d’un des camps suscite des réactions étrangères mais aussi internes, finissant souvent par le sauver.

La guerre en Syrie a commencé par l’opposition de deux camps : le camp loyaliste au régime, s’appuyant surtout sur la minorité alaouite et la majorité de la bourgeoisie de toute origine, et disposant de la majorité des organes de force — que l’on appellera l’AAS (Armée arabe syrienne) pour simplifier —, contre ce que l’on va appeler par commodité la rébellion arabe sunnite (RAS), en réalité une multitude de groupes armés plus ou moins bien équipés. Les deux camps sont imbriqués géographiquement : l’AAS contrôle fermement la zone côtière alaouite, tandis que la RAS domine l’est du pays, à l’exception de quelques poches comme Deir-er-Zor. Mais les choses les plus importantes se passent sur l’axe de l’autoroute M5 ou à proximité, avec son chapelet de grandes villes — Alep, Idlib, Hama, Homs, Damas, Deraa — que se disputent loyalistes et rebelles. C’est sur cette bande nord-sud de 500 km de long sur 100 de large que se situeront la très grande majorité des combats de la guerre.

Un troisième camp se forme très rapidement avec le Parti de l’union démocratique (PYD) kurde, qui, contrairement à la RAS, est un mouvement unifié. Le PYD prend le contrôle des provinces frontalières de la Turquie jusqu’à l’Irak. Affilié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de Turquie, il se tient à l’écart des combats entre loyalistes et Arabes sunnites.

La RAS, initialement très disparate, finit par former des fédérations de groupes comme l’Armée syrienne libre (ASL), plutôt nationaliste baasiste, le Front islamique pour la libération de la Syrie (FILS), à dominante Frères musulmans, ou le Front islamique syrien (FIS), salafiste. Ces formations reçoivent une aide importante des monarchies du Golfe et de la Turquie selon leur obédience salafiste ou frériste, et plus timidement des pays occidentaux qui tâtonnent. Le printemps 2012 voit également la création du « Front pour la victoire » (Jabhat al-Nosra, JAN), sous la direction d’Abou Mohammed al-Joulani, venu des rangs de l’État islamique en Irak (alors branche d’Al-Qaïda), rejoint par des djihadistes syriens souvent libérés par le régime l’année précédente. Tous ces ensembles sont rivaux dans l’allocation des ressources, mais coopèrent contre le régime.

Ce combat imbriqué entre forces hétérogènes n’est pas fait de grandes manœuvres, mais d’une multitude de petits combats qui, au tournant de l’année 2013, donnent de plus en plus l’avantage à la rébellion arabe sunnite. L’Euphrate, les provinces d’Idlib et de Deraa (avec la participation des Druzes) passent presque entièrement sous le contrôle des rebelles, qui prennent également de plus en plus le dessus dans les villes du centre. Le régime est sauvé une première fois par l’intervention de l’Iran, via le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique-Force Qods, qui regroupe les gangs chabiha, les milices d’autodéfense locales et importées au sein des Forces de défense nationale, et surtout engage le Hezbollah et les Pasdarans de la division Sabin dans une contre-offensive.

L’intervention iranienne en Syrie suscite également celle d’Israël, qui n’hésite plus désormais à frapper sur le territoire syrien, en particulier près du Golan. En revanche, le refus américain de s’engager fin août 2013, après l’emploi d’armes chimiques sur le quartier rebelle de la Ghouta, discrédite les pays occidentaux auprès de la rébellion, qui recule et se reconfigure sous l’égide de nouvelles fédérations plus radicales.

Le problème à quatre camps et Assad sauvé une deuxième fois

La période voit également l’apparition en Syrie de l’État islamique. En sommeil depuis ses défaites de 2007, l’État islamique en Irak renaît soudainement à l’occasion du mouvement de révolte sunnite en Irak, durement réprimé et dont il se nourrit. Fin 2013, l’État islamique en Irak, devenu un temps aussi « au Levant », rompt avec JAN et avec Al-Qaïda. Le nouvel État islamique devient alors l’ennemi de tout le monde, mais il obtient des succès rapides, s’emparant de presque tout l’Euphrate syrien et irakien, approchant Alep d’un côté et tenant Falloujah de l’autre, ainsi que le désert syrien et Mossoul en Irak. Le régime de Damas, mais également la Turquie, ne sont pas mécontents de voir ce nouvel acteur affronter la rébellion arabe sunnite à l’arrière puis les Kurdes.

Ces victoires fulgurantes de l’EI et la création du califat ont au moins pour effet de faire réagir les États-Unis, qui organisent en 2014 une coalition pour lutter contre lui en Irak et en Syrie. Les États-Unis réussissent à former les Forces démocratiques syriennes (FDS), associant l’armée kurde (PYG) avec certains groupes arabes et assyriens, et installent la base d’al-Tanf au point de jonction des frontières de la Syrie, de la Jordanie et de l’Irak. La coalition américaine, avec une participation française, appuie les FDS et l’armée irakienne dans la lente reconquête des villes tenues par l’EI. En Irak, elle se retrouve alliée de fait avec la Force Qods, qui chapeaute les Unités de mobilisation populaires (Hachd al-Chaabi) chiites irakiennes. Les deux capitales de l’EI, Raqqa et Mossoul, sont reprises en 2017, et le califat est définitivement détruit fin 2018.

Pendant ce temps, l’association d’al-Nosra et d’Ahrar al-Sham, les deux mouvements rebelles syriens les plus puissants, ainsi que plusieurs autres factions au sein de l’Armée de la conquête (Jaish al-Fatah), change la donne au nord du front M5 avec l’aide de la Turquie et de l’Arabie Saoudite. L’AAS subit une défaite humiliante dans sa tentative de dégager Alep, tandis que la contre-attaque de l’Armée de la conquête permet aux rebelles de s’emparer de la province et de la ville d’Idlib et de menacer le port de Lattaquié. Très affaiblie, l’AAS est repoussée de Palmyre par l’EI, qui s’approche d’Homs. L’anticipation est une nouvelle fois à la défaite, et l’AAS commence à se désagréger tandis que le régime se déchire à Damas.

Cette fois, c’est la Russie qui sauve Assad en déployant, en septembre 2015, une puissante force anti-aérienne afin de protéger le régime de toute velléité américaine de campagne aérienne, et surtout une très puissante escadre de 70 aéronefs, chasseurs-bombardiers et hélicoptères d’attaque pour l’essentiel, sur la base de Hmeimim, ainsi que l’appui de l’escadre navale installée à Tartous et l’intervention de bombardiers depuis la Russie. La Russie déploie aussi quelques forces terrestres en soutien et appui à ses opérations, dont la société Wagner. Elle prend également un rôle très important dans la conduite des opérations, allant jusqu’à prendre directement le commandement des groupes du 5e corps d’armée de l’AAS. Forte de ce soudain soutien, l’AAS renforcée se dégage et entreprend le long siège d’Alep. Le siège est également l’occasion de la première intervention directe de la Turquie, qui s’empare, avec l’Armée nationale syrienne (ANS), dont Ahrar al-Sham, de la zone kurde au nord d’Alep entre le deuxième semestre 2016 et le printemps 2017, avant de s’attaquer à la province kurde d’Afrin au début de 2018.

La prise d’Alep en décembre 2016 est un point de bascule. L’anticipation générale se modifie, cette fois en faveur du régime, dont on ne voit plus comment il pourrait être vaincu avec le soutien russe. L’effort militaire se porte sur l’est du pays dans une course de vitesse avec les FDS et les Américains, tandis qu’un accord entre la coalition pro-Assad et la Turquie aboutit en mai 2017 à la formation de « zones de désescalade » — Idlib, Rastane entre Homs et Hama, Ghouta orientale (près de Damas) et Deraa — où l’on estime au moins possible de faire cesser les combats. Les rebelles sont désormais incapables de mener des opérations offensives autonomes d’une grande ampleur.

En 2018, après un violent combat entre Wagner et les forces américaines, les limites se figent à l’est du pays entre les FDS et l’AAS. Elles se figent également au nord-est, fin octobre 2019, après l’annonce d’un retrait partiel américain, suivi immédiatement d’une nouvelle offensive turque anti-kurde dans la zone de Tell Abyad à Ras al-Aïn. La moitié ou presque du Rojava, cette longue bande de 50 km de large occupée par les Kurdes le long de la frontière turco-syrienne, est entre les mains des Turcs et de leurs mercenaires arabes. Des forces américaines restent dès lors dans l’est du pays et sur la base d’al-Tanf pour continuer la lutte contre ce qui reste de l’EI et peser sur la route de l’« axe de la résistance » de Téhéran à Beyrouth via la Syrie. L’année est aussi marquée par une campagne de frappes israéliennes au printemps 2018 contre les Gardiens de la Révolution ou lors de l’attaque américano-franco-britannique en avril, après un nouvel emploi d’armes chimiques par l’AAS.

Au grand dam de leurs alliés, les Russes laissent faire. Ces interventions étrangères n’empêchent pas l’AAS, avec le Hezbollah en fer de lance et l’appui de l’armée russe, de s’emparer des « zones de désescalade » : la Ghouta en avril 2018, Rastane en mai et Deraa en juin, où le Front du Sud reste néanmoins présent en échange de la remise de ses armes lourdes sous l’égide russe (et non iranienne, à la demande d’Israël) et de l’acceptation de l’administration de Damas.

Reste la poche d’Idlib. Celle-ci, qui a accueilli beaucoup de réfugiés et de combattants rebelles arabes sunnites en échange des redditions des villes, est beaucoup plus résistante que les autres, d’autant plus qu’elle est limitrophe de la Turquie. Au deuxième semestre 2018, il y a au moins 50 000 combattants rebelles dans la poche : Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ex-JAN, ex-Fatah al-Cham, et le Front national de libération, pro-turc, forment les organisations les plus puissantes.

L’offensive de l’AAS, lancée en septembre 2018, s’achève en mai 2019 sans résultat. L’AAS reprend l’offensive plus violemment en décembre 2019, provoquant la fuite d’un million de réfugiés en Turquie et, en retour, une intervention de l’armée turque, qui s’accroche avec les forces russes et inflige, début mars 2020, une sévère défaite à l’AAS. Le 5 mars 2020, la Russie et la Turquie signent un accord qui gèle la situation dans la région.

De la drôle de paix à la guerre éclair

Commence alors une « drôle de paix », où les positions ne bougent plus entre les différents camps, mais sont régulièrement frappées par des attaques aériennes d’avions ou de drones turcs contre les positions kurdes ou entre HTC depuis Idlib (dont l’attaque de l’Académie militaire d’Homs en octobre 2023) avec la réponse de l’AAS. La vraie bataille est alors celle de l’administration, et là, HTC s’impose clairement à Idlib. Sous la direction pragmatique d’al-Joulani, HTC parvient à prendre le contrôle du territoire, à imposer son autorité aux autres groupes, et à gérer, avec les ONG et les conseils locaux, l’administration d’une population qui a pu atteindre quatre millions sur l’équivalent d’un département français, notamment face aux crises du COVID-19 et du tremblement de terre de février 2023.

À l’inverse de la violence d’Al-Qaïda en Irak/EII envers les « déviants » musulmans et les minorités, qui avait provoqué un rejet général, y compris de l’opinion arabe sunnite, al-Joulani renouvelle une forme de statut de dhimmis aux Druzes et aux chrétiens, en les autorisant à pratiquer leur culte sous conditions (un statut bien supérieur à celui des chrétiens en Arabie saoudite, par exemple). Contrairement à Al-Qaïda, avec qui il a rompu en 2016, ou à l’EI, Mohammed al-Joulani ne prône plus le jihad international, jugé contre-productif. Par analogie au communisme soviétique, on pourrait parler de « salafisme dans un seul pays », en attendant la suite. Toujours est-il que cela réussit à Idlib, et que le contraste avec la gestion misérable, corrompue, inefficace et sous l’égide de la peur de l’administration du régime d’Assad est frappant. L’économie syrienne s’enfonce, hormis celle du captagon, et jamais le décalage entre la misère du peuple et le luxe des élites n’a été aussi grand.

Outre cet avantage comparatif incontestable lorsqu’il s’agit de conquérir les cœurs et les esprits, la « zone libérée » d’Idlib, là encore par comparaison avec les guérillas marxistes, est aussi le point de départ d’une montée en puissance militaire. Là où l’AAS, corrompue, tombe graduellement en déliquescence, HTC et les groupes alliés montent en puissance, s’entraînent et préparent une future offensive.

L’invasion russe en Ukraine, en février 2022, est le premier domino dont la chute va, des années plus tard, provoquer celle d’Assad, en absorbant progressivement toutes les forces russes présentes en Syrie, réduites à une dizaine d’appareils en 2024 et à des capacités d’intervention limitées. L’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas en Israël est le deuxième domino agissant depuis un autre axe. Dès le 7 octobre, l’Iran apporte son soutien au Hamas, et le Hezbollah commence à lancer des roquettes sur le nord d’Israël dès le lendemain. Ce soutien reste timide, car l’Iran ne veut pas d’une guerre à grande échelle contre Israël ou les États-Unis, mais il est suffisant pour donner un prétexte à Israël pour frapper sans retenue en Syrie.

Depuis le 8 octobre, l’artillerie ou surtout l’aviation israélienne frappe presque quotidiennement en Syrie contre les infrastructures ou les personnalités de la Force Qods, dont le chef au Levant est tué, ou contre tout ce qui appartient ou peut aider le Hezbollah. Avec l’offensive israélienne à partir de septembre 2024, le Hezbollah subit des coups très violents, perdant ses chefs, plus de 4 000 de ses combattants et une grande partie de son infrastructure. L’organisation n’est plus en mesure d’aider l’AAS, alors que l’Iran ne veut plus non plus le faire, sous peine de subir des dégâts irrémédiables.

En novembre 2024, le roi Assad est nu, mais il ne le perçoit visiblement pas, tout à son intransigeance, malgré les signes de bonne volonté de la Ligue arabe et de la Turquie. Excédé, Erdogan, qui sait forcément ce qui se prépare à Idlib et pourrait sans doute l’empêcher, ferme les yeux, et al-Joulani saisit l’opportunité de ce clignement très bref.

Si on savait le régime stratégiquement très faible, il fallait attendre le révélateur des combats pour connaître le niveau tactique réel des unités. Le nombre ne compte pas vraiment dans les points de contact : on ne s’y trouve que très rarement au-delà du 1 contre 2, et finalement le matériel compte assez peu. Ce qui importe vraiment – la valeur de la structure de commandement, la motivation et la compétence – est souvent peu tangible, d’où la nécessité d’un combat réel pour l’évaluer. À cet égard, l’attaque de la coalition menée par HTC vers Alep ne laisse aucun doute sur l’écart désormais immense entre les unités légères rebelles et les bataillons de l’AAS, un écart qui n’a jamais été aussi grand depuis le début de la guerre.

Avec la conquête très rapide d’Alep le 30 novembre 2024, tout le monde anticipe soudain la victoire possible des rebelles, et c’est là que l’effet d’avalanche commence. Le Front Sud, dominé par l’ASL, se réactive et se lance à l’assaut de Deraa puis de Damas. Ceux qui veulent participer à la victoire viennent grossir les rangs des deux coalitions, nord et sud. Au niveau tactique, à quoi bon combattre dans l’AAS quand on sait que l’on va forcément perdre ? Autant utiliser le numéro de téléphone de ralliement largué par les drones rebelles en avant de leur attaque.

Ne sachant pas encore qu’Assad a déjà prévu de les abandonner lâchement, les unités les plus fidèles, recrutées surtout parmi les Alaouites comme la 4e division blindée de Maher al-Assad, tentent de résister un peu du côté de Hama, mais elles sont rapidement dépassées. La route vers Damas est ouverte. La capitale est prise dans la nuit du 7 au 8 décembre. Le camp loyaliste dans son ensemble a disparu en même temps que son leader.

La rébellion arabe sunnite unie – au moins HTC, l’ASL et tous les groupes affiliés – l’a donc emporté et contrôle désormais tout l’axe M5 et les provinces de la côte, avec une inconnue sur le sort des bases russes. Qu’en sera-t-il maintenant de l’attaque préventive israélienne, détruisant autant que possible tous les instruments de frappe en profondeur de l’AAS et la défense anti-aérienne, mais occupant aussi une zone tampon au-delà du Golan annexé ? Qu’en sera-t-il des zones frontalières occupées cette fois par les Turcs avec l’ANS ? Qu’en sera-t-il surtout de tout le territoire occupé par les FDS ? Les groupes arabes sunnites vont-ils rester subordonnés aux Turcs ou aux Kurdes ou rallier le nouveau pouvoir à Damas ? Le danger est surtout grand pour les Kurdes qui, s’ils perdent la protection américaine – et cela est parfaitement possible avec la nouvelle administration Trump –, seront immédiatement attaqués par les Turcs et peut-être par les Arabes sunnites.

Beaucoup d’inconnues donc, en dehors même de la forme politique que prendra la Syrie centrale. Il est probable, au regard des premiers signaux donnés, que la coalition au pouvoir à Damas veuille passer d’abord par une nouvelle « drôle de paix », afin de consolider sa conquête et d’établir un État « salafiste à visage humain », avant de reprendre le combat au moins pour réunifier le pays.

Les disparus d’Algérie

Les disparus d’Algérie

Seules les victimes auraient éventuellement le droit de pardonner. Si elles sont mortes, ou disparues de quelque façon, il n’y a pas de pardon possible”
(Jacques Derrida)

Il y a 62 ans, tel Ponce Pilate, le gouvernement français se lavait les mains et tournait la page. Pays sans nom, sans frontière, sans unité, c’est par la France et dans la France que l’Algérie avait acquis une personnalité, pour la première fois dans l’histoire… C’est par la France qu’elle devint officiellement indépendante, le 5 juillet 1962… et c’est à cette date que le drame des disparus –ayant connu un essor vertigineux dès la signature du « cessez le feu »- atteint son apogée dans le paroxysme de l’horreur…

Le point de départ de la gigantesque entreprise de destruction qui devait s’abattre sur les Français d’Algérie –entreprise de destruction voulue et organisée par le régime gaullien- fut la honteuse signature des accords d’Évian du 18 mars 1962 avec comme symbole de forfaiture, le massacre du 26 mars à Alger… Son aboutissement, le 5 juillet 1962 à Oran. Entre ces tragédies, plusieurs milliers d’Européens (on ne connaîtra jamais le nombre exact) disparaîtront, enlevés parfois même sous les yeux des militaires français qui n’interviendront pas : « Ils n’avaient pas d’ordre », disaient-ils ! En réalité, ils avaient des ordres de « non intervention ». Ainsi, dans toute l’Algérie des camps s’ouvrirent, parfois à proximité même des villes et des cantonnements militaires sous le regard bienveillant des autorités françaises.

La plus élémentaire des missions eût été d’ordonner à notre armée, encore puissante, d’effectuer des opérations de sauvetage en direction de ces camps… sa première motivation étant de sauver ses propres soldats dont près de 400 furent pris vivants au combat. Nul ne recouvrit jamais la liberté… et cela en dépit des accords d’Évian et des conventions de Genève. L’autre motivation était de sauver, d’une part, ces milliers de civils européens menacés de jour en jour d’extermination, d’autre part, ces milliers de Musulmans fidèles à la France à qui l’on avait fait une promesse formelle de protection, à qui l’on avait juré que le drapeau français ne serait jamais amené et que l’on a livré avec une révoltante bonne conscience, pieds et mains liés à la vindicte des bourreaux.

Alors, quand les familles éplorées suppliaient les militaires d’intervenir après l’enlèvement de l’un des leurs ; quand elles en appelaient à nos gouvernants, nos médias, nos associations humanitaires, à la Croix Rouge… quand ce n’était pas au Clergé, on leur rétorquait sans ménagement « qu’ils étaient tous morts » ! Et ainsi, parce qu’ils « étaient tous morts », on a laissé, des années durant, pourrir dans les geôles, les mines de sel, les camps de la mort lente et les bordels, nos proches, nos familiers, nos frères…

Car on ne supprima pas des milliers de personnes du jour au lendemain… Certaines vécurent des années durant dans leur univers concentrationnaire ; déclarations d’hommes politiques et témoignages l’attestent. C’est ainsi que :

– Le 26 janvier 1971 (9 ans après l’indépendance), le Président algérien Boumedienne déclarait : « A Paris, on semble ignorer que nous détenons un grand nombre d’otages français. Quand il le faudra, nous en communiquerons la liste à la presse, d’où une émotion considérable en France. Alors, pour obtenir la libération de ces otages, il faudra y mettre le prix.« 

– Le couple des enseignants Allard, de Bruyère-le-Châtel (Essonne), d’abord pro-FLN puis expulsés d’Algérie au cours du second trimestre de 1971, révéleront qu’environ sept cent cinquante disparus européens ont été vus et contactés dans les camps de travail situés à proximité des puits de pétrole d’Hassi-Messaoud. A l’automne 1972, quelques-uns de ces hommes ont tenté de s’évader. On les a retrouvés bastonnés à mort sur la rocade sud, avec la main droite coupée.

– Le 23 avril 1982, l’hebdomadaire « SPECIAL DERNIERE » publiait les révélations de Mr Poniatowski qui affirmait qu’en 1975 (il était alors Ministre de l’Intérieur), il y avait encore des centaines de captifs en Algérie.

Ce jour-là, nous fîmes connaissance avec l’incroyable, l’impossible, l’inimaginable. En première page, on pouvait lire : 

        « EXCLUSIF : Les photos des Français détenus sans raison PRISONNIERS EN ALGERIE depuis VINGT ANS. Un vrai camp de concentration installé du côté de Tizi-Ouzou« .

Au total 15 photos sous lesquelles figuraient les noms et prénoms des « disparus ». Or l’une d’elles nous apprenait ainsi que le gardien de la paix, Pelliser Jean Claude, enlevé le 16 mai 1962 à Maison Blanche, Alger, dans l’exercice de ses fonctions, était toujours en vie… alors qu’il avait été déclaré « décédé » le 13 novembre 1970 par le Tribunal de Grande Instance de Paris.

20 ans après ces tragédies, il y avait encore des survivants dans les camps de concentration algériens. Nous en avions là la preuve. Que firent alors les autorités françaises ?

Le 12 novembre 1964, Le Figaro lançait le chiffre de 6000 à 6500 Européens enlevés entre le 19 mars 1962 et le 31 décembre 1962… preuve qu’après l’indépendance les enlèvements s’étaient poursuivis.

L’accusation était portée et elle était irréfutable. Alors, pourquoi l’armée française –qui était toujours présente ne Algérie- n’intervenait-elle pas pour sauver ces malheureux? Et pourtant ils étaient enfermés dans des camps parfaitement localisés et connus des autorités, attendant dans la souffrance et la déchéance une vaine délivrance. Certains furent libérés, mais sur des initiatives individuelles d’officiers outrepassant les ordres reçus et… immédiatement sanctionnés. Parfois même, ces morts-vivants étaient plongés dans leur univers concentrationnaire à proximité des camps militaires français, tels, la cité du Petit Lac à Oran.

Que de cris déchirants, que d’appels au secours ces militaires français ont-ils dû entendre chaque nuit, eux qui étaient terrés dans leur caserne, l’arme au pied, attendant la quille prochaine…

Que d’horribles, que d’épouvantables hurlements ont dû retentir, des années durant, dans ce pays livré aux écorcheurs ! Mais nul ne pouvait les entendre. Une chape de silence s’était abattue sur ces malheureux ajoutant ainsi à leur calvaire et, engoncé dans son égoïsme, son confort et son indifférence, le peuple français ne répondit pas aux plaintes et aux râles qui s’échappaient de toutes les contrées de l’Algérie et qui venaient s’écraser contre ce mur qu’il avait érigé sur ses côtes. Ces sacrifiés là, dont le nombre s’amenuisait au fil du temps, n’étaient plus que des animaux survivants d’un triste bétail pensant, abandonnés à leur délire, à leurs rêves et à leurs rancœurs. Durant des années, ils ont croupi derrière des barreaux ou dans des camps, à épier leurs geôliers, à écouter les râles des mourants et les cris de ceux que l’on torturait, en suivant de leurs yeux, leurs inoubliables yeux, empreints de crépuscule mental, la marche rêveuse des nuages dans l’immensité du ciel étoilé.

Pauvres êtres torturés! Leurs cris déchirants seront restés vains durant toutes ces années, mais ces plaintes ne sont pas perdues. Quelque part dans les cieux elles ont été enregistrées indélébilement et le jour du jugement dernier, elles se feront de nouveau entendre… et les paroles prophétiques du Maréchal Juin remontent à ma mémoire : « La France est en état de péché mortel et elle connaîtra, un jour, le châtiment ».

Pour autant en dépit des renseignements qui lui parvenaient régulièrement, la grandeur gaullienne ne s’abaissa pas à donner les ordres nécessaires pour sauver ces sacrifiés et les cadres de l’armée, les consuls et ambassadeur de France à Alger respectèrent ces ordres de ne pas intervenir, abandonnant ceux qui n’étaient plus que des morts en sursis, oubliant que, pour des raisons similaires, on condamna à la fin de la seconde guerre mondiale, les officiers allemands qui ne s’étaient pas opposés aux ordres d’Hitler.

Ils sauvèrent ainsi leur carrière, certes ! Plus tard, colonels, généraux, députés, ambassadeurs, couverts de titres et de médailles usurpés, ils se prélasseront et se féliciteront de leur « bon choix ». Mais, où est leur honneur ? Que devient une armée sans honneur ?

        « La voix de la conscience et de l’honneur est bien faible quand les boyaux crient », disait Diderot…

Ainsi, la France et l’armée française d’alors sont aujourd’hui éclaboussées d’une honte que le temps ne suffira pas à effacer. Il n’y a pas d’exemple qu’un État ait livré de la sorte ses enfants au bourreau. Et cette tache indélébile ternira à jamais l’honneur de la Vème République.

José CASTANO

La guerre des Malouines : succès et limites d’une comparaison avec la situation française

La guerre des Malouines : succès et limites d’une comparaison avec la situation française

JEANNE ACCORSINI/SIPA/2406101358

par par Swan Dubois Galabrun, Lilian Tassin, Augustin Fille. Officiers de l’armée de Terre – Revue Conflits – publié le 10 décembre 2024

https://www.revueconflits.com/la-guerre-des-malouines-succes-et-limites-dune-comparaison-avec-la-situation-francaise/


La guerre des Malouines (1982) permet de tirer de nombreux enseignements pour l’armée française aujourd’hui. Que ce soit la communication internationale, le rapport au droit et à la politique et le mode opératoire, c’est un conflit à mieux comprendre pour percevoir les enjeux contemporains.

par Swan Dubois Galabrun, Lilian Tassin, Augustin Fille. Officiers de l’armée de Terre.

Faire de la guerre des Malouines un cas d’école pour la France n’est désormais plus une prise de risque intellectuelle tant les occurrences montrant l’intérêt de cette guerre pour la réflexion française ne manquent pas : les officiers de Marine Corman et Lavernhe exposant la fin du HMS Sheffield dans Vaincre en Mer au XXIe siècle, le député Yannick Chenevard, invoquant l’exemple britannique pour attirer l’attention sur l’intérêt d’une flotte stratégique[1]. La comparaison de l’amiral Vandier dans Mer et Marine en 2021, érige l’événement en un type de guerre déclinable auquel la France serait confrontée. Pourtant, els sont les points communs, mais aussi les divergences afin d’en tirer les justes leçons. Cette analyse est complexe puisque son intérêt n’est pas l’exhaustivité historique ou géopolitique, mais plutôt de dresser une comparaison générale. Cette entreprise possède un fort ancrage historique, mais elle se veut surtout dialectique dans sa capacité à se détacher de l’histoire et de l’actualité.

Situation avant la crise

En 1982, dans un contexte de guerre froide, l’ennemi est à l’Est et le Royaume-Uni ne conçoit une action militaire que dans le cadre de l’OTAN avec comme partenaire minimal les États-Unis. Le temps est à l’austérité et aux coupes budgétaires, dont l’une des premières cibles est les forces armées. Face à l’ennemi soviétique, une flotte de surface solide, principalement anti-sous-marine, semble largement suffisante. Les bâtiments sont conçus et les équipages formés principalement à la lutte contre les submersibles, puis au combat de surface ou anti-aérien, alors que les missions d’appui à un débarquement ou de frappes de cibles terrestres passent largement au second plan.

Sur le plan aéronaval, les porte-avions britanniques sont jugés trop coûteux et inutiles, l’allié américain étant censé fournir l’appui aéronaval dans le cas d’une opération de projection de forces en dehors de l’Europe. Il est décidé que le vieux HMS Hermes, après avoir été proposé à la vente à l’Australie, ne sera pas modernisé et amené vers la retraite, alors que l’Invincible, censé lui succéder, n’est sauvé qu’au prix de la conversion, sur le papier, en porte-aéronefs de lutte anti-sous-marine, et de la vente de la tête de classe à l’Australie. Enfin, les deux navires amphibies de la classe Fearless ne sont plus en mesure de prendre la mer. Dans le paysage institutionnel, seul l’amiral Leach, First Sea Lord, plaide activement pour le maintien d’une capacité à projeter durablement une force conséquente : si son action ne rencontre qu’un succès modéré pour les unités de surface, elle permet au moins de maintenir un volume de force respectable pour les Royal Marines, regroupés au sein de la 3e Commando Brigade. La capacité de combat amphibie qu’ils représentent a été sauvée en l’attribuant à une seule unité, bénéficiant de l’ensemble des moyens nécessaires et des infrastructures d’entraînement. Une comparaison avec la France ne serait pas forcément indiquée puisque cette capacité est répartie entre la 6e Brigade Légère Blindée, la 9e Brigade d’infanterie de Marine, les fusiliers marins et les commandos marine de sorte que la culture amphibie n’est pas le seul pré carré de la marine.

La question capacitaire au cœur de la crise

L’ordre de bataille réduit de la Royal Navy conduit les responsables politiques à n’envisager que des réponses limitées. Lorsque le 20 mars, Margareth Thatcher demande au Foreign Office un mémorandum intitulé Options in the South Atlantic, la partie rédigée par John Nott[2] sur les possibilités d’actions en matière de défense illustre les faibles capacités d’action de la Navy : la seule option considérée sérieusement est l’envoi de Marines tandis que les possibilités d’envoyer des sous-marins ou de mettre sur pied une Task Force sont à peine évoquées.

Pourtant, dès le 29 mars, Margareth Thatcher fera le choix de dépêcher sur place, depuis la Méditerranée, un sous-marin nucléaire d’attaque et un navire ravitailleur puis de faire appareiller un second sous-marin d’Écosse. C’est à ce moment qu’entre en scène l’un des acteurs clefs de la victoire britannique : la Royal Fleet Auxiliary. Cinquième branche de la Navy, la RFA sert depuis 1905 au ravitaillement et aux liaisons entre la Grande-Bretagne et ses dominions, mais aussi au ravitaillement des navires engagés dans des opérations militaires. Cette flotte auxiliaire au statut civilo-militaire permet d’externaliser partiellement les coûts de maintien en condition des navires et de formation de l’équipage, tout en disposant d’une flotte de transport et de ravitaillement sous commandement militaire en temps de crise. C’est aussi elle qui met en place la réquisition des navires de la Merchant Navy, détachant à bord des navires réquisitionnés des officiers spécialistes, dans le cadre du STUFT System[3]. Dès le déclenchement du conflit, un navire de la RFA sera donc en chemin pour les Malouines, premier élément d’une chaîne logistique qui tiendra tout le long de l’engagement britannique.

Lors de la réunion de crise du 30 avril, Sir Leach, seul militaire présent en l’absence de ses supérieurs, insista sur la nécessité de mettre sur pied une flottille complète, couvrant l’ensemble du spectre des menaces, et soutenue par un appareil logistique conséquent.

La constitution de la Task Force s’articula autour de trois types de navires : ceux de combat, de ravitaillement et de transport. Les bâtiments de combat sont dans un premier temps prélevés sur la masse des navires à la mer dont dispose la Royal Navy. Mais très vite, les navires disponibles paraissent insuffisants par rapport aux besoins. Au prix d’un effort remarquable de la part des chantiers navals britanniques, les jumeaux de la classe Fearless sont modernisés et remis en état en un temps record, réussissant ainsi à compenser en quelques semaines des années de sous-investissement. Le HMS Invincible, pourtant annoncé comme vendu à l’Australie par le ministère de la Défense, va en trois jours être équipé pour le combat. Dans les deux cas, les chantiers navals et les équipes de maintenance ont travaillé main dans la main, sous très court préavis, pour des résultats excellents, fruit d’une tradition de coopération civilo-militaire ancienne et entretenue.

Les navires de ravitaillement sont fournis par la RFA, c’est d’ailleurs principalement l’indisponibilité de ceux-ci, bien plus que des navires de lignes, qui compromet partiellement la capacité de la Navy à honorer ses engagements auprès de ses alliés, soulignant leur importance dans le fonctionnement d’une marine au rayonnement mondial. Fort de cet enseignement, la RFA maintient toujours en conditions opérationnelles sept navires ravitailleurs de flotte de trois classes différentes. La Marine Nationale, de son côté, ne dispose que de quatre Bâtiments Ravitailleurs de Flotte de la classe Jacques Chevallier, soit moitié moins que ceux employés dans la Task Force britannique.

Les navires de transport militaires disponibles étant très insuffisants, il est envisagé dès la mise sur pied de la Task Force d’employer des navires civils de la Merchant Navy pour réaliser l’acheminement des troupes nécessaires. C’est ainsi que le SS Canberra acheminera la quasi-totalité du 42 Commando, et que le paquebot Queen Elizabeth 2 servira au transport de la 5e Brigade d’Infanterie. Face aux besoins pressants d’aéronefs supplémentaires, c’est d’ailleurs un porte-conteneurs civil, l’Atlantic Conveyor, qui va être réaménagé afin d’accueillir vingt-cinq appareils. Illustration de la prise de conscience britannique de l’importance de disposer d’au moins deux porte-avions, l’un pour défendre la Task Force et l’autre pour appuyer les opérations à terre. Ce questionnement est largement d’actualité au sein de la Marine Nationale, dans le cadre du programme PANG, qui a été tranché en faveur d’une seule unité de la nouvelle classe, laissant la classe Mistral comme seul élément d’appui aéronaval complémentaire.

Les Britanniques n’hésitent donc pas à agréger des navires civils, parfois employés de manière originale en s’appuyant sur une structure préexistante, à des navires militaires pour combler les trous capacitaires béants dont souffrait la Royal Navy. La démarche de création d’un tel outil en France date de 2016, avec l’article 58 de la Loi pour l’économie bleue, et inscrite dans le Code de la Défense [article L1355-4]. Cependant, si le CESM a souligné la faiblesse des structures et des moyens de ce type à la disposition de la France, les assises de la mer le 19 novembre dernier ont donné un nouvel élan à la réalisation de cette ambition[4].

Une opération amphibie pour la reconquête

L’opération amphibie à proprement parler, n’a été rendue possible que par la très faible résistance argentine sur les lieux du débarquement. Lorsque dans la nuit du 21 au 22 mai la 3 Commando Brigade, précédées d’éléments de reconnaissance du SBS[5] , prend pieds sur le rivage de la baie de San Carlos, suivie des premiers éléments du Parachute Regiment, ses pertes sont négligeables, et seuls deux aéronefs anglais sont abattus. Cela s’explique par la faible présence argentine, mais aussi par la décision quasi immédiate des Argentins de quitter les lieux du débarquement pour établir des défenses plus en profondeur dans l’île, moins exposée aux appuis feux navals directs des navires britanniques.

Ce très faible coût du débarquement britannique est la conséquence d’une série de choix, justifiés par les caractéristiques très originales du territoire à reconquérir. Le commandement britannique a choisi de débarquer loin des objectifs principaux, préférant exposer ses troupes lors de l’approche de l’objectif plutôt que sur la phase de débarquement. Cela a permis de tomber sur des défenses argentines très réduites, sans que les ennemis puissent exploiter la profondeur de leur défense. De plus, le choix de débarquer de nuit a permis de repousser au maximum l’heure de perte de surprise et de débarquer un maximum de personnels avant l’attaque aérienne argentine. Cependant, l’absence d’aérodrome permettant la mise en œuvre d’avions de combat sur l’archipel contraint les Argentins à attaquer depuis le continent, où s’est réfugié le porte-avions Veinticinco de Mayo. Cette contrainte permet aux Britanniques d’espérer mettre en place une bulle A2AD[6] solide sinon hermétique, pour protéger les mises à terre des renforts et de l’échelon de soutien de l’opération à terre.

La réussite du débarquement britannique aux Malouines repose donc avant tout sur l’exploitation à fond de leur supériorité navale locale, rendant toute résistance argentine sur le point de débarquement illusoire. Mais aussi sur le choix de ne pas chercher une action précipitée, de se fondre dans le tempo de la guerre en cours, et d’accepter de construire une victoire sur la durée, en débarquant loin des objectifs à haute valeur politique, de manière à transformer la supériorité navale britannique en une supériorité terrestre, fondée sur la qualité, mais aussi sur le nombre et la résilience de la force débarquée. La persistance d’une structure civilo-militaire britannique permettant la projection de force et les choix opérationnels courageux traduisent une volonté politique de mener et de gagner la guerre.

Le politique doit composer avec l’opinion britannique

À l’hiver 1982, le gouvernement Thatcher était au plus bas dans l’opinion publique. La culture britannique de l’Empire, par-delà les mers, explique que la perte initiale des îles n’ait pas été ignorée, mais ait soulevé de vives critiques et une forme de honte de s’être laissé ainsi prendre. Thatcher, en décidant d’accepter l’épreuve de force avec les Argentins, a donc été largement soutenue par une population mue davantage par l’envie de reprendre les îles que par la détestation de son gouvernement. On relève peu d’oppositions à la guerre, soit des oppositions de principe peu construites contre la guerre en général, soit émanant d’acteurs qui préféreraient la négociation. Elles sont dans tous les cas peu homogènes et marginales. Au cours du conflit, la relation avec les médias incarne dans une certaine mesure le jeu du cabinet avec sa crainte de voir un retournement de l’opinion publique : la diffusion de l’information quant à la perte du Sheffield va soigneusement être préparée et diluée dans le temps afin de ne pas créer un coup de communication susceptible d’embraser les passions. Les photos montrant des cadavres, notamment ceux de soldats britanniques, sont contrôlées, voire interdites. Si certains journalistes se sont plaints, on a surtout vu une franche coopération avec les militaires[7].

Le poids de la culture stratégique aux sources des choix politiques

Le paradigme continental de la France la porte vers la mer, en dépit d’une grande tradition et d’aménités incontestables qui font d’elle une nation maritime. Les affaires d’outre-mer et les guerres coloniales n’ont jamais suscité l’enthousiasme profond des Français, elles ont même provoqué leur ire lorsque le contingent est envoyé, ce que les Britanniques n’ont jamais fait en créant un modèle d’armée professionnelle à but expéditionnaire. La population ne comprendrait sans doute pas l’acharnement à guerroyer pour ces territoires lointains s’ils étaient envahis, quand déjà en temps de paix, on souligne qu’ils sont coûteux et hétérogènes par rapport à la métropole. À l’inverse, rien n’interdit d’imaginer qu’en cas de conflit limité et d’envoi de professionnels, une large part de la population, si son patriotisme est éveillé, pourrait soutenir une telle entreprise par fierté nationale. Éveil qui doit autant à la culture qu’à la participation des vecteurs d’expression et d’influence que sont les médias. Suivant la trinité clausewitzienne, c’est eux qui représentent le plus la population en portant l’opinion publique. Les considérer comme des ennemis et non comme des alliés dans un même but serait donc une mécompréhension certaine. Même si la naissance des réseaux sociaux et d’internet limite la comparaison entre nos deux époques, l’adhésion de la population reste suspendue aux médias et à leur volonté de soutenir le projet. Soulignons alors la nécessité que les journalistes soient sensibilisés à ces enjeux pour mieux éclairer l’opinion publique tout en portant sa voix.

La tension existant d’ailleurs entre le politique et la population à travers la pression que l’opinion publique exerce du second sur le premier, met en lumière le jeu existant en démocratie pour les cabinets entre l’impératif de se maintenir et celui de diriger le pays. Les deux ne sont pas contradictoires puisque l’envoi immédiat de la flotte a répondu à un souci de maintien pour Thatcher comme à des enjeux de grande stratégie de la Grande-Bretagne. La France fait face à des enjeux similaires : en dépit de mécompréhensions marginales, on observe au parlement un consensus global sur les thématiques de défense par un effort des parlementaires pour aider les militaires en donnant une voix politique à leurs demandes. Pas de clivage comme on s’y attendrait, mais un travail commun, car fondé sur des éléments tangibles incontestables : Malouines, comme Éparses par exemple, présentent des ressources du sol et de la mer, et des points d’appui sur les routes commerciales en cas de fermeture de canaux comme Panama et Suez. Les événements en mer Rouge à l’hiver 2024 ont d’ailleurs renvoyé ces hypothèses du monde de la fiction à celui de la réalité. Ressources, positions stratégiques, diversité de populations et de cultures constituent une profondeur stratégique pour la France comme pour le Royaume-Uni. Ce sont autant d’atouts qui font d’elles des puissances, et symbolisent leur rang de Grande Nation. Leur perte est à la fois celle des constituants réels de la puissance, mais aussi de son symbole. La possession de ces terres est d’ailleurs consacrée par la sanctuarisation de la dissuasion même si l’absence de continuité physique avec la métropole crée des opportunités de contestation sous le seuil du conflit. L’importance est dissymétrique dans les opinions entre ces territoires et la métropole, de sorte que le vecteur nucléaire est disproportionné. Les Anglais l’ont envisagé sans l’utiliser pour cette raison, même si leur doctrine diffère. Considérant l’arme atomique dans une architecture plus vaste de défense, la riposte, même par des moyens conventionnels, est nécessaire pour conserver la crédibilité.

Au cœur de la conduite de la guerre, la culture du commandement et sa relation au politique est facteur de succès

Cette question de la pertinence du vecteur employé selon la crise relève du dialogue entre politique et militaire, qui commence dès le 2 avril au matin, quand l’amiral Sir Leach propose d’envoyer la flotte de Woodward, sachant à la fois qu’il faut réagir au plus vite, mais aussi qu’il obtiendra en cas de succès la fin des coupes budgétaires. Pour la durée du conflit, Downing Street dialogue avec l’état-major situé non pas à Whitehall, mais à Northwood, à 30 km, et dirigé par l’amiral Fieldhouse, afin d’éviter les interférences. La Grande Bretagne possède un atout culturel puisque les grands généraux britanniques, rompus à ce genre de guerres, ont la réputation d’avoir une très fine compréhension de leur milieu politique. Le haut commandement jouit d’une certaine autonomie grâce à la confiance du politique, en dépit de quelques interférences réelles, où le cabinet rappelle son existence de façon très insistante auprès des commandants de terrain en raison de son besoin de résultats afin de ne pas avoir à négocier en position de faiblesse. Les Français jouissent de structures de commandement tout aussi adaptées à ce genre d’opérations grâce à une longue expérience dans le domaine, même si ces guerres avaient lieu contre des adversaires asymétriques. L’invasion d’un territoire d’outre-mer marquerait un défi plus élevé pour ces structures qui devraient affronter un ennemi de même envergure. Cette question de l’ennemi renvoie à celle du contexte international puisque c’est ce dernier qui va conditionner les forces en présence pour l’affrontement.

L’ONU, un acteur incontournable

La Guerre des Malouines est riche d’enseignements si on analyse le comportement de chacun de ses acteurs. D’abord, il faut mentionner l’ONU, puisqu’elle est l’institution incontournable en cas de contentieux entre deux pays. Il est un préjugé tenace selon lequel cette dernière est une organisation qui génère des résolutions stériles n’améliorant jamais la situation. Pourtant, Anthony Parsons, représentant le Royaume-Uni à l’ONU durant le conflit, explique le contraire[8] : selon lui, il était essentiel de gagner à New York avant de gagner aux Malouines. En tant que nation membre du bloc de l’ouest, les Anglais étaient attachés à faire valoir leurs droits statués dans l’article 51 de la Charte onusienne autorisant la légitime défense. Face aux Argentins qui semblaient sûrs d’eux grâce au narratif qu’ils avançaient, autrement dit une nation non alignée qui reprenait son territoire légitime à une nation impérialiste, les Anglais ont réussi à faire voter une résolution adoptée par la grande majorité du conseil du moment[9].

Pour les Argentins, le plan était de faire durer la guerre, en montrant qu’ils étaient les prétendues victimes d’une nation coloniale, et non les agresseurs. Les tractations infinies à New York devaient épuiser le Royaume-Uni qui aurait dû composer avec une opinion internationale et intérieure hostile. Au lieu de cela, les Anglais ont fait adopter la résolution légitimant leur réponse militaire, en brisant deux mythes. Le premier est que l’Occident, et plus particulièrement les ex-puissances coloniales, n’était pas seul à croire au droit international face à un tiers-monde prétendument obsédé par la décolonisation. Le deuxième concerne l’ONU. Parsons y souligne la qualité des débats malgré le préjugé d’impuissance de l’institution, ceux-ci étaient écoutés avec attention par la communauté diplomatique internationale. Il conclut en qualifiant la victoire à New York « d’essentielle» pour la Royal Navy en route pour l’Atlantique Sud. Et ce serait sans oublier le prestige obtenu qui a permis de rassurer les alliés du Royaume comme impressionner ses rivaux.

Il est évident de mentionner que la France ne saurait se passer de l’ONU et d’une résolution. Néanmoins, force est de constater que cette institution n’a jamais été aussi peu écoutée. De plus, les Malouines se considéraient anglaises à 98%, affaiblissant le narratif argentin. Un sondage mettant en difficulté la France dans un de ses territoires ultra-marins fragiliserait au contraire sa posture aux Nations-Unies. La question du sentiment d’appartenance à la métropole semble alors cruciale aux yeux de l’ONU dans ses arbitrages. Sommes-nous donc sûrs, à moyenne échéance comme dans le long terme, d’être capables de maintenir ce sentiment au vu des troubles sociaux actuels dans nos outre-mer ?

Le poids des grands compétiteurs

Ensuite, cette guerre ne saurait être abordée sans évoquer le rôle des superpuissances de l’époque. Dans ce monde bipolaire, les Anglais ont habilement manœuvré en raccordant les Américains à leurs côtés, tout en impressionnant les Soviétiques avec un show of force habile en pleine reprise de la Guerre froide avec le mandat Reagan.

Pour les Falklands, les États-Unis ont sacrifié leur politique sud-américaine afin de conserver l’intégrité du bloc occidental face à l’URSS. À ce titre, le sénateur du Delaware en 1982, Joe Biden[10], déclare que les États-Unis soutiendront leur allié, au prix du traité de Rio signé en 1947 avec l’Amérique du Sud qui constituait la clé de voûte de leur stratégie régionale. Les Américains fournissent ainsi un appui économique, logistique, et militaire par le biais de renseignements offerts aux Anglais, mais s’aliènent une bonne partie du continent par la même occasion en trahissant leurs engagements.

À l’heure du pivot vers l’Asie de l’administration américaine, et de l’élection de Trump, il faut rappeler qu’un soutien étasunien n’est jamais désintéressé. Les conséquences d’un déclin français dans l’Indo-Pacifique seraient dommageables et enverraient un signal clair aux Chinois qui lorgnent sur Taïwan. En somme, les Américains n’ont aucun intérêt à ce qu’une des rares puissances otaniennes en mesure de projeter de la puissance dans la région soit fragilisée.

Quant à l’URSS, son implication dans le conflit est restée marginale. Les Soviétiques furent très impressionnés par la capacité de la Grande-Bretagne à projeter sa puissance à des milliers de kilomètres, impression à rapprocher de la fascination des Russes pour le domaine naval depuis des siècles[11]. La superpuissance de l’époque en vint même à questionner sa relation avec son plus grand « allié », la Pologne, qu’elle venait de placer sous loi martiale à cause de la gronde générée par le syndicat Solidarność. La « relation spéciale » entre le Royaume-Uni et les États-Unis renforça donc la dissuasion otanienne et fut utile à la reprise de la guerre froide sous Reagan.

Le signalement stratégique n’est donc pas un concept stérile. En s’affirmant auprès de ses alliés, notamment par la conduite d’exercices impliquant l’arme nucléaire, la France participe également à démontrer sa force auprès de ses compétiteurs. L’opération Serval a par exemple suscité un certain émoi outre-Atlantique, les Américains y reconnaissant un savoir-faire expéditionnaire unique[12]. Autrement dit, il ne faut pas sous-estimer l’impression créée par nos armées auprès de nos compétiteurs.

Mais si le signalement stratégique est important pour notre pays, savoir décrypter le comportement de nos alliés, compétiteurs et rivaux l’est tout autant. Comment alors interpréter les propos du président malgache, Andry Rajoelina, qui déclarait que les îles Éparses faisaient partie de Madagascar[13] ? La France étant chassée du Mali et du Niger par des juntes appuyées par Moscou, il ne fait aucun doute que le tempo semble opportun pour revendiquer les Éparses de manière plus active.

Nouer des alliances avec des pays aux enjeux similaires

Enfin, la France fut un point essentiel de la stratégie de riposte britannique. Les deux pays partageaient un certain nombre de points communs : ex-puissances coloniales, les deux nations comptaient encore de nombreux territoires à travers le monde, en étant à la fois dans l’OTAN et soucieuses de préserver leur autonomie stratégique. Paris fut d’une grande aide pour Londres. En bloquant l’approvisionnement d’Exocet à l’Argentine d’abord, puis en faisant pression sur le Pérou pour empêcher le don des leurs. François Mitterrand proposa à la Navy d’utiliser Dakar comme point d’appui, fourni du renseignement, et assura par des gestes forts Margaret Thatcher de son soutien diplomatique. Les pilotes anglais s’entrainèrent même contre les Super-Étendard français aussi en service dans l’armée argentine.

Quelle leçon pour la diplomatie française ? Cultiver des relations cordiales avec des pays aux mêmes affinités stratégiques paraît être essentiel. Au moment où le Zeitenwende fait regarder l’Allemagne à l’est, est-il envisageable de penser à un soutien européen fort sur la question de nos outre-mer, spécificité nationale rare à l’échelle du continent ? L’article 42 du traité de l’Union ne statue même pas sur la forme que doit revêtir l’aide des pays européens en cas d’agression d’un membre. Les alliances bilatérales, et surtout celle avec le Royaume-Uni qui possède toujours des intérêts similaires, doivent être fructifiées par un renforcement de notre culture opérationnelle commune : c’est le sens des accords de Lancaster House, signés en 2010.

Pour finir, il est important de noter que le scénario d’une puissance étrangère déstabilisant nos outre-mer a fait les gros titres avec l’ingérence azerbaïdjanaise en Nouvelle-Calédonie. La place que cet épisode a occupée dans les médias témoigne d’une progressive prise de conscience collective de la vulnérabilité de nos territoires. Ces scenarii, hypothèses soutenues depuis longtemps par Conflits[14], ou issus de la Red Team, intéressent désormais des médias grand public, comme le témoigne l’enquête[15] réalisée par Alexandra Saviana. Elle y détaille notamment une offensive malgache pour récupérer à son compte la ZEE des îles Éparses, revendiquées de longue date. Appuyé par la Chine et ses capacités hybrides (cyberattaques, soutien logistique et économique), ce scénario présente de nombreuses similitudes avec l’attaque des Malouines quarante-deux ans auparavant.

Maintenant que les États-Unis se tournent résolument vers le Pacifique, ils n’iront pas contre la France si, en agissant pour ses intérêts, elle œuvre pour conserver une crédibilité sur le théâtre européen. Paradoxalement, la crédibilité des acteurs de ce théâtre est testée par des stratégies indirectes et périphériques sur nos outre-mer, comme le montre l’implication de l’Azerbaïdjan. Chez nos alliés, la solidarité officielle sera nécessaire à défaut d’enjeux conduisant à leur implication active à nos côtés. Les Malouines proposent à ce titre un dernier enseignement : les alliés soutiennent volontiers, mais l’action de guerre se fait seul, de sorte que conserver les capacités d’intervenir est la garantie de nos souverainetés. C’est ce qui s’est passé pour les Français au Sahel, et la capacité à agir seul devra être éprouvée. Pour cela, la triade clausewitzienne politique/armée/peuple devra être entretenue dans une même culture de la profondeur stratégique française à travers ses territoires ultra-marins. Profondeur qui est la source de sa puissance, et qui, associée à l’arme nucléaire, permet de conserver ce statut de pays puissant parmi ses pairs.


[1] Voir la MISSION GOUVERNEMENTALE – redéfinition du dispositif de flotte stratégique – juillet 2023, par le Député Yannick Chenevard.

[2] Alors secrétaire d’État à la Défense.

[3] Ships Taken Up From Trade, Navires Réquisitionnés Dans la Flotte Commerciale.

[4] Forces et faiblesses de la France maritime, Académie de marine, septembre 2024.

[5] Special Boat Service, pendant naval du SAS.

[6] Anti-Access Area Denial ou Dénie d’accès et interdiction de zone.

[7] Henri Masse, Une guerre pour les Malouines, thèse de doctorat, 1996 dir. Prof. Alfred Wahl, 1996, p. 180.

[8] A. Parsons, « The Falklands Crisis in the United Nations, 31 March-14 June 1982 », International Affairs (Royal Institute of International Affairs 1944-), vol. 59, no 2, p. 169‑178, 1983.

[9]  Résolutions adoptées par le Conseil de sécurité en 1982 | Conseil de sécurité https://main.un.org/securitycouncil/fr/content/resolutions-adopted-security-council-1982

[10]  https://www.youtube.com/watch?v=3C9hxsRO7pI

[11] V. Mastny, « The Soviet Union and the Falklands War », Naval War College Review, vol. 36, no 3, p. 46‑55, 1983.

[12] M. Shurkin, « France’s War in Mali : Lessons for an Expeditionary Army », 2014.

[13] https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/iles-eparses-0/madagascar-les-iles-eparses-sont-malgaches-1528034.html

[14] Voir par exemple « Les îles Eparses, un enjeu stratégique pour la France » par Paul VILLATOUX, 6 juillet 2021

[15] A. Saviana, Les Scénarios noirs de l’armée française. Groupe Robert Laffont, 2024.