Comment Apple, Google ou Microsoft se préparent aux catastrophes climatiques de demain
Les GAFAM redoutent le réchauffement du climat à venir. Il pourrait en effet avoir des conséquences désastreuses pour leurs activités.
Le dérèglement du climat dû aux émissions de gaz à effet de serre ne préoccupe pas seulement les écologistes. Il inquiète aussi de grandes entreprises technologiques qui craignent ses conséquences pour leurs activités… et leurs profits. CDP (Carbon Disclosure Project), une organisation britannique environnementale à but non lucratif, a soumis 7000 compagnies dans le monde de tout secteur à un questionnaire pour évaluer leur impact environnemental. Les meilleurs élèves ont écopé de la lettre A. Mais il ne s’agissait pas seulement de les noter. Parmi les thèmes abordés, il y avait aussi celui, moins courant, des risques et bénéfices que pourrait leur faire courir un réchauffement climatique. Et les réponses sont parfois surprenantes.
Apple a peur pour la fabrication de ses produits
Commençons par Apple, le bon élève crédité d’un « A ». Difficile de faire plus pessimiste. « Nous considérons le changement climatique comme un risque potentiel qui pourrait rendre difficile ou impossible la fabrication et la fourniture de produits à nos clients, créer des retards et des inefficacités dans la chaîne d’approvisionnement et de fabrication, ainsi que des ralentissements et des interruptions des offres de services », énumère l’entreprise. Apple précise aussi avoir fait planter des espèces d’arbres résistants à la sécheresse sur le site de son Apple Park. Et signale avoir été jusqu’à prendre en compte les inondations en plaine qui pourraient avoir lieu dans 200 ou 500 ans afin de déterminer dès aujourd’hui la localisation de ses data centers. Enfin, il réaffirme sa volonté d’investir dans les énergies renouvelables et donne de nombreux détails pratiques sur la façon dont il tente dès aujourd’hui de diminuer l’empreinte carbone de la fabrication de ses produits.
Google craint pour ses revenus publicitaires
Alphabet est moins disert et beaucoup plus fou. La holding a fait des projections aux horizons 2020/2025, 2050 et 2100 et suivant différents scénarios. Elle craint quatre phénomènes : l’élévation du niveau de la mer, la multiplication des précipitations, la hausse des températures et le stress hydrique. « L’exposition à une augmentation de la température aura probablement un impact sur bon nombre de nos sites mondiaux d’ici 2050. Dès 2050, les effets combinés de l’élévation du niveau de la mer et des inondations pourraient être importants dans notre quartier général de Bay Area », souligne Alphabet. Google réfléchit à mettre en place des canaux de ruissellement et à élever le plancher de ses nouveaux bâtiments, notamment sur ses sites de Mountain View et de Sunnyvale. Par ailleurs, Alphabet craint que le changement climatique puisse avoir un impact négatif sur ses revenus publicitaires, « si cela oblige les utilisateurs à réduire le taux de leurs transactions économiques et que cela pousse les annonceurs à acheter moins de publicité en ligne ».
Microsoft veut préserver sa réputation
Microsoft est presque expéditif. Il estime qu’il sera peut-être confronté à des risques de transition, notamment une tarification croissante des émissions de gaz à effet de serre, une modification du comportement des clients et des préférences des consommateurs. Mais finalement, il pense froidement que son principal risque est de voir sa réputation ternie en raison de son secteur d’activité qui pourrait être stigmatisé. Il compte sur ses efforts en la matière pour prévenir cette situation auprès du grand public. « Nous n’avons identifié aucun risque physique majeur pour nos activités », souligne-t-il. Étonnamment, il estime que ses services de cloud ne seront pas impactés par le réchauffement climatique. « La conception des services de cloud de Microsoft repose sur la redondance géographique, ce qui non seulement réduit notre propre vulnérabilité au changement climatique, mais offre également à nos clients l’option d’une alternative résiliente au climat pour les centres de données locaux », résume-t-il l’air satisfait.
Facebook et Amazon ont refusé de répondre
On notera un point commun à ces trois acteurs qui prétendent faire le maximum pour réduire leur empreinte carbone. Ils sont vent debout contre une augmentation des taxes sur l’énergie. Google s’y prépare toutefois en essayant de réduire au maximum sa facture énergétique.
Nous aurions bien aimé conclure ce bref tour d’horizon par Facebook et Amazon mais ils ont refusé de répondre au questionnaire de CDP ! Il est vrai que Jeff Bezos est opposé à la limitation de la consommation d’énergie et qu’il part du principe qu’il faudrait exporter la pollution sur d’autres planètes du système solaire afin de pouvoir maintenir la croissance. Tout un programme et une philosophie qui semble bien différente d’Apple, Google ou Microsoft.