La ministre des Armées plaide pour la montée en puissance de la force G5 Sahel

La ministre des Armées plaide pour la montée en puissance de la force G5 Sahel

Par Anne Bauer @annebauerbrux – Les Echos – 15/01/2018

https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/0301151919744-la-ministre-des-armees-plaide-pour-la-montee-en-puissance-de-la-force-g5-sahel-2145055.php

La ministre des armées Florence Parly a réuni lundi ses homologues du G5 Sahel- Bertrand Guay – AFP

La France ne ménage pas ses efforts pour faire émerger une armée régionale au Sahel afin de contrer les terroristes. Florence Parly demande à ses homologues de passer du papier au terrain.

La force conjointe G5 Sahel, qui doit réunir sept bataillons de 650 hommes en provenance des armées nationales du Mali, du Tchad, du Burkina Faso, de Mauritanie et du Niger, est en bonne voie, plaide-t-on à Paris. Engagée depuis cinq ans au Mali et chez ses voisins avec l’opération Barkhane (4.000 soldats français déployés), la France souhaite que les Africains s’approprient au plus vite la lutte contre les groupes armés terroristes, notamment dans la région instable « des trois frontières » à la croisée entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso.

Lundi, la ministre française des Armées Florence Parly et le chef d’état-major des Armées, le général François Lecointre, se sont réunis à Paris avec les ministres de la Défense et les chefs d’Etat-major du G5 Sahel, pour planifier la montée en puissance de cette force sahélienne et les opérations à mener.

Dons de 251 millions d’euros

Une première opération test menée en novembre 2017, l’opération Hawbi, qui réunissait 750 soldats des trois pays avec l’appui d’environ 180 militaires français a montré l’ampleur des progrès à accomplir avant que cette armée commune ne devienne opérationnelle. Rien n’était prévu pour le ravitaillement des hommes…

Sur le papier néanmoins, la force G5 Sahel prend corps. La dernière réunion convoquée à la Celle-Saint Cloud en décembre a permis de lever 251 millions d’euros, une somme suffisante pour démarrer. L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis sont désormais les principaux donateurs, suivis par l’Union européenne puis les Etats-Unis à concurrence d’une cinquantaine de millions chacun. Les gouvernements du G5 Sahel réclamaient 463 millions mais « il ne s’agit pas d’attendre le dernier euro pour agir », explique-t-on dans l’entourage de la ministre. D’autant qu’une nouvelle réunion de levée de fonds est prévue le 23 février à Bruxelles. Par ailleurs, la force G5 Sahel a un commandant avec le général malien Didier Dacko, différents postes de commandement, notamment à Sevare au Mali et une mission : la lutte contre le terrorisme sur trois « fuseaux » transfrontaliers.

Dégradation sécuritaire

Pour autant, les militaires français ne se font guère d’illusions : « rendre la force opérationnelle prendra du temps ». Première difficulté : la plupart des dons se faisant en matériel, comment éviter que la force conjointe du G5 Sahel ne devienne un échantillon inopérant d’armes disparates ? Deuxième préoccupation : comment définir de manière homogène les groupes armés terroristes, sachant que nombre de poseurs de bombes sont souvent de pauvres agriculteurs ou des enfants rémunérés pour porter un engin explosif ?

Vendredi, le groupe « Etat islamique dans le Grand Sahara », regroupement de divers mouvements terroristes (EIGS) a averti qu’il fera tout « pour que le G5 Sahel ne s’installe pas » dans sa zone de trafic (la région des trois frontières), tout en revendiquant les dernières attaques contre la force française Barkhane, qui a fait trois blessés jeudi au Mali ainsi que l’attaque du 4 octobre au Niger (8 morts dont 4 membres des forces spéciales américaines et 4 soldats nigériens). Les experts estiment que les groupes armés terroristes ne réunissent que 800 hommes environ. Pourtant, la situation sécuritaire aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger se dégrade. Il y aurait eu l’an dernier 276 attaques au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Au Mali, les élections présidentielles sont prévues en juillet, ce qui explique en partie l’impatience du président français Emmanuel Macron d’obtenir des « victoires » au Sahel, l’élection ne pouvant se dérouler sans sécurité.