Découvrez les performances exceptionnelles du Lockheed C-130J Super Hercules, un avion militaire aux multiples fonctions stratégiques.
[Article publié initialement en avril 2024]
Dans le domaine de l’aviation militaire, les missions et objectifs de chaque aéronef doivent être multiples. De la reconnaissance, à l’escorte jusqu’aux attaques menées, la polyvalence d’une armée aérienne est nécessaire dans un monde de tensions perpétuelles dont les enjeux géo-politiques augmentent. Du côté du transport, un avion en particulier possède des compétences certaines et ce, depuis plusieurs décennies : le Lockheed C130J “Super Hercules”. Focus.
Le très “populaire” Lockheed C-130 Hercules
SI vous n’êtes pas très passionné par le monde de l’aviation, de prime abord le Lockheed C-130 Hercules ne vous dit peut-être rien. Pourtant, il y a fort à parier que vous l’ayez déjà vu sur grand ou petit écran. Cet engin dont l’envergure flotte avec les 41 mètres et culmine à 12 mètres de hauteur, a souvent été montré dans de grandes sagas comme James Bond, Fast and Furious ou encore Transformers.
Il se remarque très facilement grâce à son nez bombé, sa peinture grise foncée et surtout, ses hélices iconiques. Conçu par Lockeed Martin dans les années 1950, il compte aujourd’hui plus de 2000 exemplaires dans le monde et a été dérivé en plusieurs modèles. Et il s’est considérablement adapté aux missions et enjeux modernes.
Le C-130J Super Hercules, un grand qui pèse son poids
A la fin des années 1990, le C-130 se modernise et propose une version dite “Super Hercules”, avec de nouveaux moteurs et un changement dans le poste de pilotage. Un poil plus long de 4 mètres que son modèle de base, notre géant des airs pèse environ 34 tonnes à vide et peut doubler son poids une fois chargé. Même si ces statistiques sont bien loin de ce que propose l’avion le plus massif de l’histoire.
L’avion, dans cette version, peut également atteindre la vitesse maximale de 670 km/h.Le site du Ministère des Armées françaises le décrit comme un “avion de transport tactique ou d’assaut (…) quadri turbopropulseur de transport militaire, de court à moyen rayon d’action”.
Les capacités du C-130J Super Hercules et sa version C-130J-30
Sur la fiche des spécificités de l’engin, la Défense française rappelle qu’il peut voler pendant 8 heures non-stop et dévoile quelques-unes des ses principales fonctions.
Outre le transport de personnes et de militaires, il est d’un soutien logistique de grande utilité capable de livrer des colis ou du matériel en tout genre. Il peut supporter le transport de plus de 120 personnes dans ses soutes, et pas moins de 92 parachutistes dans sa version C-130J-30.
Un document de l’Armée de l’air et de l’Espace française précise ses principales fonctions :
Largage de personnes
Largage de colis
Transport
Recherche et sauvetage
Extraction de personnel en zone de menace
Ravitaillement en vol des hélicoptères (version KC-130J)
Lancée en janvier 2015 après l’attentat contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, l’assassinat de la policière Clarissa Jean-Philippe et la prise d’otages sanglante de l’Hypercacher, l’opération intérieure Sentinelle mobilise encore actuellement 10 000 militaires, dont 3 000 placés en réserve, afin de soutenir les forces de sécurité intérieure [FSI] dans le cadre du plan Vigipirate, lequel fait partie du dispositif de lutte contre le terrorisme.
Évidemment, au regard des effectifs engagés, cette opération n’est pas sans conséquence sur les activités de l’armée de Terre. Ainsi, un rapport du Sénat, publié en 2021, avait souligné que la « cible de 90 jours de préparation opérationnelle par militaire n’a plus été atteinte » depuis son lancement.
En outre, un an plus tard, la Cour des comptes, pointant son coût, avait estimé qu’il était temps d’y mettre un terme, à l’instar de ce que venait de faire la Belgique avec son opération « Vigilant Guardian ». Il « n’est plus plus pertinent de poursuivre sans limite de temps une contribution à la tranquillité publique par un ‘affichage de militaires dans les rues’ » et il « appartient donc aux FSI de reprendre des secteurs d’activité qui leur reviennent en priorité et pour lesquels elles sont mieux équipées qu’en 2015 dans la mesure où les moyens humains et matériels ont été significativement renforcés pour leur permettre de faire face à la menace terroriste », avait-elle jugé.
Pour justifier sa position, la Cour des comptes avait soutenu que la menace terroriste était « devenue endogène ». En outre, étant donné que, selon elle, cette menace était désormais « portée par des individus inspirés par l’État islamique mais pas nécessairement affiliés à une organisation terroriste », les militaires de la mission Sentinelle ne semblaient pas les « mieux placés » pour faire face à cette situation car ils ne disposaient « ni du renseignement intérieur, ni de pouvoirs de police, ni des armements appropriés en zone urbaine ».
Quoi qu’il en soit, la recommandation de la Cour des comptes est restée lettre morte. Et l’opération Sentinelle va visiblement durer encore longtemps… Du moins, c’est ce qu’a suggéré le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale [le compte-rendu vient d’être publié, ndlr].
« Nous continuons à adapter notre posture sur le territoire national, dans le cadre de l’opération Sentinelle : il faut identifier ce qui fonctionne et ce que l’on peut améliorer, en coordination étroite avec le ministère de l’Intérieur. Il faut notamment réduire les effectifs déployés en permanence, qui perdent de la visibilité alors que cette visibilité était l’objectif premier », a d’abord expliqué le CEMA.
« L’ensemble des moyens alloués à l’opération Sentinelle ne représente que 10 000 hommes, qui viennent en soutien de 100 000 gendarmes et 100 000 policiers. Leur effet n’est donc pas dans le nombre, mais ailleurs : il s’agit de faire passer un message lors du déploiement, et d’accroître l’effort dans des zones très ciblées », a-t-il continué, avant d’insister sur la nécessité de maintenir, si ce n’est d’améliorer, le « dialogue civilo-militaire ».
Cependant, il n’en reste pas moins que la poursuite de l’opération Sentinelle interroge toujours. Elle « fait parfois de nos soldats des cibles vivantes pour ceux qui propagent la violence et la haine » et «les militaires ne sont pas des officiers de police judiciaire [OPJ], ce qui limite concrètement leur action, notamment en matière de contrôle des individus, même si leur présence rassure », a lancé le député Laurent Jacobelli [RN]. En outre, a-t-il poursuivi, les « 10 000 hommes et femmes engagés dans l’opération Sentinelle » n’étant « pas employés ailleurs, peut-être serait-il judicieux d’envisager de les employer à autre chose, à l’heure où nous avons toujours du mal à fidéliser les personnels ».
S’il a défendu le principe de l’opération Sentinelle malgré ses limites [« il n’est pas incongru de considérer que les Français doivent être défendus là où ils sont menacés », a-t-il dit], le général Burkhard a admis que la motivation des militaires qui y sont engagés est un « sujet de préoccupation ». D’où l’idée de les employer « pour leurs capacités spécifiques », afin de donner aux missions un « opérationnel non négligeable ».
« Par exemple, les unités de Sentinelle qui sont au contact de la population sont des petits groupes commandés par un sergent ou un caporal-chef. Ce sont des militaires qui à ce niveau de grade ont rarement l’occasion d’être placés dans de telles situations de commandement et de décision », a détaillé le CEMA. Aussi, « l’opération Sentinelle est donc assez formatrice pour les cadres de bas niveau » car elle « leur confère une autonomie de décision et une véritable responsabilité, dans une mission par ailleurs très difficile ».
Cependant, a reconnu le général Burkhard, « la situation n’est pas pour autant pleinement satisfaisante et certaines modifications sont souhaitables ». Et d’ajouter : « Il faut identifier précisément les avantages offerts par l’opération Sentinelle et ce contre quoi elle sert à lutter ».
Parmi les évolutions possibles, le CEMA a évoqué une réduction du « socle d’effectifs déployés » tout en « maintenant une présence, des contacts et une visibilité, ainsi qu’un dialogue civilo-militaire ». L’idéal serait de pouvoir « capitaliser sur la capacité à utiliser pleinement une réserve susceptible de se déployer sur tout le territoire national », a-t-il dit. Seulement, les armées n’étant pas réparties de manière équilibrée sur le territoire national, leur « déploiement sera plus difficile dans certaines zones ».
Une évolution consisterait à confier d’autres missions à la force Sentinelle.
« La réserve de Sentinelle est orientée vers la lutte antiterroriste. Or, sur le territoire national, le terrorisme n’est pas la seule menace qui pèse sur les Français, ou en tout cas qui perturbe leur quotidien – pensons à une catastrophe naturelle par exemple. Nous pourrions étendre la capacité de réaction de la réserve à d’autres champs et la rendre utilisable plus rapidement – l’objectif est de disposer de personnels prêts à quitter leur quartier en trois heures», a détaillé le général Burkhard, qui s’est gardé d’évoquer tout autre rôle précis…
Enfin, au titre du maintien de la qualité du « dialogue civilo-militaire », le CEMA a estimé qu’il faudrait éviter de « s’installer dans la routine des relèves tous les deux mois ». Ainsi, a-t-il développé, il faudrait « pouvoir déployer des effectifs sur une ou deux semaines » et « dire au préfet que dans dix jours on déploiera une section à son profit pour surveiller ce qui doit l’être ». Et cela afin de faire en sorte de « marier surveillance globale et appui, ce qui appellera naturellement à faire fonctionner le dialogue civilo-militaire », a-t-il conclu.
Dans le cadre de la mission d’assistance militaire de l’Union européenne (EUMAM) à l’Ukraine, la France poursuit son soutien par des formations complètes et adaptées aux besoins exprimés par le partenaire.
En France, la formation progressive de la brigade « Anne de Kyiv » se poursuit. Après des modules dédiés aux formations sur les savoir-faire individuels du combattant, le travail se concentre maintenant sur la manœuvre des sections (30 à 40 combattants) au sein des compagnies (150 à 200 combattants). La progressivité de la formation dispensée permet une meilleure efficacité de la chaine de commandement à tous les échelons.
Par ailleurs, en Pologne, la formation du bataillon ukrainien se poursuit, mettant l’accent sur les cadres de contact, dont l’esprit d’initiative est un véritable vecteur de supériorité.
Flanc oriental de l’Alliance : activités de coopération opérationnelle
Sur le flanc oriental de l’Alliance, les armées françaises poursuivent leur engagement pour la sécurité régionale.
En Estonie, du 26 au 27 octobre, les soldats de la compagnie d’infanterie légère française déployée dans le pays se sont entrainés au combat interarmes avec leurs homologues estoniens dans le cadre d’un scénario favorisant l’intégration du drone dans la manœuvre tactique. Ainsi, l’Estonian defence league a renseigné avec ses drones les actions de reconnaissance conduites par les sections de Serval françaises. Ce type d’entrainement démontre le haut niveau d’expertise des deux armées dans le cadre d’une coopération bilatérale privilégiée.
Plus au sud, les soldats de la mission AIGLE qui appartiennent au bataillon multinational de l’OTAN en Roumanie sous commandement français poursuit les activités de coopération opérationnelles.
Le 30 octobre, les exercices DACIAN FALL 24 et CARPATHIAN ARCH 24 se sont terminés par une synthèse dynamique. Cette manœuvre interalliée a été réalisée au travers d’un scénario simulant un conflit sur le flanc est de l’Alliance. Cette séquence a illustré le haut niveau de préparation et de cohésion entre les alliés roumains, français, belges, luxembourgeois, espagnols, polonais, portugais, macédoniens du Nord et américains. Enfin, cette semaine, le bataillon multinational a accueilli un premier détachement espagnol. L’arrivée de ce détachement s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du bataillon multinational vers le niveau brigade sous le commandement de la France.
Enfin, cette semaine, le bataillon multinational a accueilli un premier détachement espagnol. L’arrivée de ce détachement s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du bataillon multinational vers le niveau brigade sous le commandement de la France.
Cette semaine a également été marquée par le début de l’exercice OTAN DYNAMIC FRONT. Ce dernier est conduit simultanément en Allemagne, en Pologne, en Estonie, en Roumanie et en Finlande pour la partie française. Mené du 4 au 24 novembre, cet exercice regroupe 33 nations participantes. Dans ce cadre, les militaires sont déployés dans des conditions climatiques très exigeantes. Ainsi, les artilleurs du 93e régiment d’artillerie de montagne ont rejoint la Finlande le 3 novembre. Les CAESAR ont été acheminés par voie ferrée depuis la France jusqu’en Suède, à la frontière avec la Finlande. Il s’agit d’une manœuvre logistique d’ampleur puisque le détachement français s’est déployé en autonomie au-delà du cercle polaire, à 3300km de leur base de départ, illustrant la mobilité stratégique de l’OTAN. Cet entraînement annuel de plus de 5000 soldats de l’Alliance vise ainsi à éprouver les capacités d’action communes entre alliés.
Par ailleurs, dans le ciel européen, un A330 MRTT de l’armée de l’Air et de l’Espace a participé à deux missions de ravitaillement en vol au profit d’avions de combat grecs, italiens et espagnols dans le cadre de l’exercice de frappe aérienne dans la profondeur de l’OTAN NEPTUNE STRIKE 24- 2.
Ces ravitaillements en vol, effectués dans le cadre des missions OTAN de réassurance sur le flanc est de l’Alliance, attestent de la capacité à conduire des missions complexes avec un haut niveau d’interopérabilité.
De plus du 4 au 8 novembre, 3 Rafale sont déployés sur la base aérienne de Zagreb en Croatie ainsi que 3 Rafale sur la base aérienne de Spangdhalem en Allemagne et un A330 MRTT en Pologne. Le déploiement prend la forme d’une dilution rapide et agile des moyens, avec une empreinte logistique la plus légère possible, conformément au concept ACE (Agile Combat Employment) de l’OTAN. Ces missions aussi appelées MORANE en France s’inscrivent dans le cadre des missions AIR SHIELDING de l’OTAN. L’objectif est simple : compliquer la solution de ciblage de l’adversaire sur les matériels à haute valeur ajoutée.
Plus particulièrement, le 6 novembre, les armées ont participé à un exercice de combat aérien simulant dans le ciel roumain une incursion d’un force aérienne adverse. Cette mission de l’OTAN a ainsi fictivement opposé dans un environnement complexe des F16 roumains renforcé du dispositif MAMBA de défense aérienne français face aux F18 espagnols et aux Rafale français.
La réactivité, la cohésion et l’efficacité des alliés participant à l’exercice démontrent leur capacité à se défendre dans l’espace aérien.
Atlantique Nord : activités opérationnelles
Dans l’Atlantique Nord, les activités opérationnelles se poursuivent dans le cadre de la posture défensive et dissuasive de l’OTAN sur le flanc est.
Depuis le 24 octobre, le chasseur de mines tripartite (CMT) Croix du Sud a quitté Brest pour son déploiement opérationnel en Baltique. Ainsi, il a rejoint le 31 octobre le Task Group de guerre des mines de l’OTAN (SNMCMG 1), composé de bâtiments allemands, lituaniens, belges, estoniens et néerlandais. Ensuite, le 4 novembre, la Croix du Sud et l’ensemble de la force OTAN ont débuté leur patrouille pour se déployer au large de l’Estonie et neutraliser des engins explosifs issus des deux guerres mondiales.
En parallèle, le 30 octobre, après sa patrouille en direction de la mer de Norvège, le patrouilleur de haute-mer (PHM) Commandant Blaison a rejoint le Task Group OTAN (SNMG1) au large de Bergen
Méditerranée centrale : activités de préparation opérationnelle
Par ailleurs, dans le sud de l’Europe en méditerranée centrale, une frégate de type La Fayette (FLF) participe à l’opération IRINI. En complément, un détachement d’avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) déployé à la Sude (Crète) assure aussi des vols de surveillance maritime au profit de cette opération. Lancée le 31 mars 2020, l’opération EUNAVFORMED IRINI vise à faire respecter l’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de la Libye avec des moyens aériens, spatiaux et maritimes.
PROCHE ET MOYEN-ORIENT
Méditerranée orientale : activités de préparation opérationnelle
Au Proche-Orient, face à la situation actuelle et s’appuyant sur des moyens régulièrement positionnés en Méditerranée orientale, les armées ont renforcé à titre de précaution leur dispositif militaire afin d’être en mesure de faire face à toute détérioration de la situation.
Ainsi, le 30 septembre, les armées françaises ont déployé un porte-hélicoptère amphibie (PHA) dans la région sur court préavis. Bâtiment polyvalent, il dispose de plusieurs capacités de projection par air ou par mer, ainsi que d’une capacité d’appui sanitaire pour un bâtiment qui a une vocation d’état-major embarqué. Le dispositif déployé est à la fois modulable et réactif.
En méditerranée orientale, une frégate multi-mission continue de patrouiller afin de maintenir la capacité d’appréciation autonome de situation de la France dans la zone. Cette semaine, elle a notamment conduit plusieurs activités opérationnelles conjointes avec la frégate allemande FGS Ludwigshafen.
En complément, depuis le 13 octobre, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) opère depuis La Sude (Crète) pour conduire des missions de surveillance au profit de la sûreté maritime.
Forces françaises aux Emirats Arabes Unis (FFEAU) : activités opérationnelles
Plus au sud, en mer Rouge, depuis le 15 octobre, la frégate française déployée au sein de l’opération européenne ASPIDES continue ses accompagnements de navire de commerce pour garantir la liberté de navigation de Suez à Ormuz.
A terre, aux Emirats arabes unis dans le cadre de l’accord de coopération bilatéral franco-émirien, la 27e brigade de chasseurs alpins française et la 11e brigade de montagne des Forces armées émiriennes, s’entrainent ensemble au combat en zone montagneuse au cours de l’exercice DHIAB AL JABAL. Plus de 200 soldats manœuvrent et conduisent des campagnes de tir au travers de thèmes tactiques créés conjointement et
répondant aux besoins du partenaire hôte. Cet exercice s’intègre dans le cadre d’une coopération bilatérale étroite et démontre la pertinence du dispositif français au PMO.
Irak : coopération opérationnelle
En Irak, le dynamisme des activités opérationnelles illustre la qualité du partenariat de confiance unissant les Forces armées irakiennes et françaises.
Ainsi, les Rafale de la base aérienne projeté au levant ont poursuivi leur participation au sein de la Coalition au-dessus de la zone afin de lutter contre Daech. Du 24 au 31 octobre, ils ont effectué 18 sorties aériennes, pour un total de 71 heures de vol.
Le 29 octobre, ces mêmes Rafale ont également conduit des entraînements de combat air-air avec les forces irakiennes. Ces vols Partner Nation Integration ont permis un échange privilégié entre les forces françaises et les forces irakiennes.
Toujours, en Irak, la formation du 3e bataillon du désert débuté le 24 septembre dernier s’est achevée le 01 novembre. S’inscrivant dans le cadre du traité de coopération bilatéral, la Task Force LAMASSU placée sous le contrôle opérationnel des Forces françaises aux Emirats arabes unis vise à s’entrainer avec le partenaire aux manœuvres de combat en milieu désertique.
DAMAN : activité opérationnelle
Par ailleurs, au Sud-Liban, malgré l’intensification du conflit, les contingents de casques bleus maintiennent leurs positions sur ordre du Force Commander de la FINUL.
La Force Commander Reserve (FCR), unité de réaction et d’intervention armée par la France et la Finlande, demeure en posture d’alerte. Elle s’engage quotidiennement, sur décision du commandement de la FINUL pour maintenir la mobilité de la force dans l’ensemble de la zone. La FCR poursuit aussi sa mission de surveillance permanente de l’espace aérien et de détection des tirs d’artillerie.
La FCR effectue quotidiennement des reconnaissances d’axes dans la zone d’opération de la FINUL. Les détachements interarmes ont pour mission de rétablir la praticabilité des axes obstrués en s’assurant de l’absence de munitions non explosées et en déblayant les gravats liés aux destructions. Ces actions réaffirment la liberté de manœuvre de la FINUL au plus proche de la zone des combats.
Ces activités opérationnelles permettent une appréciation directe de l’évolution du conflit.
Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) : coopération opérationnelle
Dans la corne de l’Afrique, la France poursuit son engagement aux côtés de la République de Djibouti. Ainsi, du 27 octobre au 2 novembre, les Mirage 2000-5 des FFDj ont effectué 22 sorties aériennes. Ces vols s’inscrivent dans le cadre de la préparation opérationnelle des pilotes dans le domaine de la défense de l’espace aérien djiboutien.
AFRIQUE
En Afrique, les armées françaises s’engagent au quotidien auprès de leurs partenaires pour mener des actions de coopération, adaptées aux besoins de chaque pays.
Golfe de Guinée : coopération opérationnelle
Dans le golfe de Guinée, le porte-hélicoptère amphibie (PHA) Dixmude déployé en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la mission Corymbe a fait escale du 30 octobre au 2 novembre à Pointe-Noire en République du Congo.
Après la fin du stage SIREN la semaine dernière, cette escale a été marquée par le lancement le 4 novembre de l’édition 2024 de l’exercice de sécurité maritime GRAND AFRICAN NEMO 24.
Depuis 2018, GRAND AFRICAN NEMO est devenu un rendez-vous annuel majeur de coopération opérationnelle et réunit cette année 18 nations du golfe de Guinée aux côtés de la Marine nationale ainsi qu’une dizaine de partenaires multinationaux. Cette septième édition qui se déroule dans cinq zones d’exercices allant du Sénégal à l’Angola a pour objectif de contribuer au renforcement de l’expertise des marines participantes. Ces entrainements renforcent ainsi la capacité à agir ensemble dans les domaines de lutte contre la pêche illégale, la piraterie, la pollution maritime, les trafics illégaux et le sauvetage en mer. S’étendant sur 5 707 kilomètres de rivages de l’Afrique de l’Ouest, le golfe de Guinée est une région maritime de premier plan. Située à la croisée des grandes routes maritimes, la région abrite d’importantes ressources naturelles, notamment pétrolières, halieutiques et minérales, qui sont propices à la convoitise et au développement d’activités illicites.
Depuis le sommet de Yaoundé de 2013, la Marine nationale participe trois à quatre fois par an aux patrouilles conjointes African NEMO et à l’exercice annuel majeur Grand African NEMO, qui agrège un plus grand nombre d’unités et de centres opérationnels.
Eléments français au Sénégal (EFS) : coopération opérationnelle
Par ailleurs, en Mauritanie, du 20 septembre au 2 novembre, dix-sept militaires de la Marine nationale mauritanienne appuyés par un spécialiste des Éléments français au Sénégal se sont perfectionnés dans le domaine de la surveillance maritime. Cette séquence visait à développer une expertise approfondie de guetteur sémaphorique pour contribuer au renforcement de la sécurité des côtes mauritaniennes. La continuité de ce partenariat à la demande du partenaire consolide l’outil de défense national mauritanien, contribuant directement à la sécurité régionale en Afrique de l’Ouest et au contrôle efficace de ses espaces maritimes.
INDOPACIFIQUE
Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) : activité opérationnelle
En Indopacifique, dans la journée du 31 octobre, la frégate de surveillance (FS) Floréal a réalisé une saisie d’une centaine de kilos de drogue sur un bateau de type caboteur à 90 nautiques (environ 166 km) au nord des côtes de La Réunion.
Lors de sa montée à bord, l’équipe de visite du bâtiment de la Marine nationale a constaté la présence de drogues à l’intérieur du caboteur.
Cette opération est le fruit d’une coopération interservices. Elle a été réalisée par les Forces Armées dans la Zone Sud de l’Océan Indien, en coordination avec le préfet, délégué du gouvernement pour l’Action de l’Etat en Mer.
Cette opération contribue à assurer la stabilité régionale et à protéger les populations.
Forces armées de Polynésie française (FAPF) : activité opérationnelle
Enfin, après une patrouille dans l’océan Pacifique entre les Philippines et le Japon dans le cadre de la mission ASIE 24.2, la frégate de surveillance (FS) Prairial a accosté le 05 novembre dans le port de Maizuru au Japon.
Le Prairial est maintenant engagé aux côtés du F200 Gardian déjà présent au Japon, dans la mission de surveillance Enforcement Coordination Cell ECC/AETO. Cette mission vise à lutter contre les contournements des sanctions établies sur la Corée du Nord par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
ANTILLES – GUYANE
Forces armées en Guyane (FAG) : activités opérationnelles
Par ailleurs, en Guyane, suite à une période de sécheresse sans précédent, le fleuve Maroni et plus largement l’ensemble des cours d’eaux sont arrivés à un niveau d’étiage ne permettant plus la navigation.
Dans ce contexte, les FAG se mobilisent activement pour mener la mission d’assistance aux populations isolées et dépendantes du fleuve.
Cette mission s’est traduite par le transport de 45 élèves de Trois Sauts à Camopi. La livraison de denrées de premières nécessités débute aujourd’hui par rotation de CASA.
La mission d’assistance à la population témoigne ainsi de l’engagement des FAG à répondre avec réactivité aux besoins des populations locales. D’autre part, les FAG continuent d’assurer en permanence les opérations de lutte contre l’orpaillage et la pêche illégales.
Forces armées aux Antilles (FAA) : coopération opérationnelle
En Martinique, le 3 novembre, 25 soldats des forces armées d’Haïti (FAD’H) sont arrivés dans le cadre d’un partenariat militaire opérationnel (PMO) entre la France et Haïti. L’objectif de ce partenariat est de favoriser un partage de connaissance dans les opérations militaires au milieu des populations civiles et répond à un besoin exprimé par le partenaire.
Les Forces armées aux Antilles contribuent ainsi à la sécurité et à la stabilité régionale de la zone caraïbe.
En démocratie, donc en France, tout le monde a le droit de s’exprimer et de faire part de ses opinions. Encore faudrait-il qu’elles soient valablement étayées et émises par des associations relativement objectives ou des personnalités au-dessus de tout soupçon.
Dans le cas présent, il s’agit d’un mouvement d’humeur émis par des associations de gauche voire d’extrême-gauche et de personnes de même tendance et bien peu connues du grand public d’ailleurs et qui s’insurgent contre l’érection de la statue du général Marcel Bigeard à Toul, sa ville natale. Une affaire amorcée par une pétition lancée le 10 mars 2024 et relancée par une manifestation le 25 mai dernier demandant d’interdire la présence de cette statue sur le domaine public.
En effet, la statue ayant été financée exclusivement par des fonds privés, les contestataires n’avaient plus d’argument à critiquer autre que le lieu d’édification. C’est bien léger comme argumentaire.
Mais que reprochent-ils donc au Général Marcel Bigeard ?
D’être un fils du peuple qui a commencé comme soldat de seconde classe et qui a terminé Général de Corps d’Armée ?
D’avoir été prisonnier des Allemands en 1940 et de s’être évadé pour entrer dans la Résistance ? D’avoir effectué 3 séjours en Indochine avant d’être fait prisonnier par le Vietminh après Dien Bien Phu ?
D’avoir fait deux séjours en Algérie où il a été gravement blessé deux fois ? Cela n’a pas empêché Bigeard de reconnaître le courage de ses adversaires qu’ils appartiennent au Vietminh ou au FLN. En particulier lorsqu’il évoquait le commandant Azzedine, en disant « On ne se déshonore pas en rendant hommage à l’adversaire ».
Un parcours militaire aussi exceptionnel au service de la France lui a valu d’être décoré de la plaque de Grand-Croix de la Légion d’Honneur par le Président Coty, le 14 juillet 1956.
Puis comme si cela ne suffisait pas, il a servi sa Patrie en s’engageant en politique. Nommé Secrétaire d’État à la Défense par Valéry Giscard d’Estaing, il a été ensuite deux fois élu député de la 5ème circonscription de Meurthe et Moselle chaque fois contre des adversaires de gauche.
Après son décès, pour lui rendre hommage, la 50ième promotion de l’École Militaire Interarmes (EMIA) a pris comme nom de baptême « Général Bigeard ».
Que reprochent donc à Marcel Bigeard ces associations plus ou moins confidentielles et ces soi-disant personnalités irréprochables.
Une accusation de torture en Algérie que le général Bigeard a toujours nié ?
Si cela avait été le cas, aurait-il été nommé au Gouvernement de Giscard d’Estaing ? Aurait-il été élu député comme ces deux députés LFI-NUPES qui le critiquent et dont pourtant l’un des leurs est fiché S ? Pour le bien et la grandeur de la France, naturellement !
Pour critiquer de tels états de service, il faut en avoir quelques-uns soi-même pour être crédible. Sous peine d’être ridicule.
Cette contestation n’est donc que politique, simplement pour permettre aux contestataires d’exister et de critiquer les valeurs de la République en général et de l’Armée en particulier.
Ce n’est pas nouveau.
Déjà en 1978, Mr Yvon Bourges, Ministre de la Défense, a obligé le Colonel Érulin alors en pleine opération à Kolwezi, en Afrique australe avec le 2ème REP, de recevoir Alain Ménargues, journaliste à France Inter, pour répondre à la question de tortures qu’il aurait infligées en Algérie 15 années auparavant. Tout ceci sous la pression d’une gauche qui voulait décrédibiliser une opération de sauvetage en vies humaines réussie, mais lancée par un gouvernement de droite. Cette opération « Bonite » aura coûté quand même la vie à 5 légionnaires, mais pour sauver plusieurs centaines d’autres vies.
Hélas certains contestataires n’ont que faire de la vérité.
On peut alors leur conseiller d’aller voir la stèle en marbre de 3,65m de haut et pesant 8 tonnes avec le profil sculpté du général Bigeard érigée devant la caserne Laperrine à Carcassonne. Et s’ils ont le courage d’aller frapper au poste de garde du 3ème RPIMa, son ancien régiment, pour faire valoir leur point de vue, nul doute qu’ils y recevront le meilleur accueil !
En conclusion, s’il y a bien un domaine où les Armées en général et Marcel Bigeard en particulier n’ont pas de leçon à recevoir des politiques et autres affidés, c’est bien celui de la morale.
Colonel (h) Christian Châtillon Délégué National de l’ASAF
Un officier d’active de Gendarmerie nous a transmis cette tribune dans laquelle il livre ses réflexions sur la doctrine de la Gendarmerie.
Dans l’ombre des institutions républicaines, là où le devoir se mêle à la conscience, une question insidieuse se faufile : un Gendarme, peut-il encore, en son âme et conscience, servir la République sans se sentir en contradiction avec elle ?
Depuis toujours, la mission de service public est érigée en idéal absolu, gravée dans les consciences des militaires comme un serment sacré. Pourtant, derrière cette noble ambition se dresse un autre impératif, plus silencieux, mais tout aussi pesant : celui de la soumission à la machine républicaine. Mais qu’advient-il lorsque la volonté politique, aveuglée par ses ambitions, se heurte à la réalité du terrain ?
Trop souvent, hélas, l’idéalisme des décideurs semble déconnecté des besoins tangibles. Et dans cette déconnexion, les décisions, prises à la hâte et en haut lieu, risquent de s’éloigner de l’intérêt général, celui qu’elles prétendent pourtant défendre.
Dans bien des administrations, ce constat est une source de désillusion. La Gendarmerie nationale, corps militaire longtemps réputé pour sa loyauté et son silence, n’y échappe pas. Si certains ont osé briser ce mutisme, ils restent encore trop rares, tandis que la majorité demeure en retrait, retenant en eux ce goût amer d’impuissance. La “loyauté » républicaine, comme un carcan invisible, les enchaîne à leur devoir, les privant de la liberté d’exprimer leur désarroi.
Depuis plusieurs années, les priorités politiques semblent avoir pris le pas sur le sens profond de nos missions. Une perte de repères s’installe, s’immisce au cœur même de notre conscience professionnelle, fragilisant nos convictions. Nos chefs, jadis guides éclairés, sont eux-mêmes ébranlés, tiraillés entre leur devoir de loyauté et leur liberté de conscience, aujourd’hui réduite à une ombre vacillante. Le glissement est évident : de “serviteurs” de la République, nous sommes devenus ses “instruments”, obéissants à des injonctions qui parfois nous échappent.
Les directives se multiplient, souvent portées par des plans d’action de grande envergure, mais dénuées de sens pour ceux qui arpentent le terrain, jour après jour. Cette avalanche de décisions, détachées des réalités, finit par miner l’adhésion des troupes. Et cette désaffection, imperceptible au premier regard, s’étend peu à peu dans les rangs.
Voici donc, sans fard ni embellissement, quelques points de tension, des interrogations non résolues, que l’on murmure tout bas mais qui mériteraient d’être criées tout haut :
– Le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur, une décision dont les effets se font sentir chaque jour.
– Les réformes sur le temps de travail, des mesures textuelles qui alourdissent un peu plus la charge des militaires.
– L’identité militaire, qui se dilue, entre tradition et modernité.
– Le syndrome du “bon élève”, ce besoin constant de prouver sa valeur, au détriment parfois de l’autonomie.
– Les liens complexes avec l’autorité administrative, qui semblent parfois peser davantage que le bien commun.
– La lutte entre la prévention de voie publique et le poids du judiciaire, une bataille silencieuse mais constante.
– La longévité de la Gendarmerie face à la Police nationale, une question d’équilibre des forces et des moyens.
Enfin, et surtout, la volonté du politique, si souvent en décalage avec la réalité du terrain, qui érode peu à peu la quête de sens des Gendarmes.
Dans un contexte de tensions sociales et d’instabilité politique croissante, cette lente dégradation, déjà bien amorcée, pourrait-elle encore susciter l’intérêt chez les décideurs, ou sommes-nous condamnés au silence ?
La quête de Sens ou la soumission républicaine : réflexions sur la doctrine de la Gendarmerie
Dans l’intimité silencieuse de mon bureau, une question me ronge, obsédante, presque impertinente. Ai-je encore le droit de me poser des questions, de douter, face à l’Institution à laquelle je voue mon quotidien ? Qu’on ne s’y méprenne pas, mes mots ne sont ni une révolte ni une revendication militante. Ils sont le fruit d’une réflexion, sincère, lucide, sur ce qu’est devenue la Gendarmerie, ce bastion séculaire qui vacille sous le poids des changements.
Les réformes se sont succédé, bouleversant les fondations mêmes de notre maison. Loi du 3 août 2009, PSQ, DGE, PVP… (politique de sécurité du quotidien, dispositif de gestion de l’évènement, présence voie publique) des sigles qui défilent comme des promesses, mais qui, sur le terrain, créent un gouffre. Un gouffre entre la réalité politique, façonnée dans les couloirs feutrés du pouvoir, et la dure réalité opérationnelle que nous vivons chaque jour.
Le fossé se creuse, et avec lui, le malaise grandit. Nous, gendarmes, sommes appelés à “l’intelligence des territoires”, à l’adaptation, à l’initiative locale. Mais ces belles intentions se heurtent sans cesse à des directives nationales, aveugles aux particularités de nos territoires. Nous sommes devenus les exécutants d’ordres venus d’en haut, sans qu’un regard ne soit posé sur ce qui fait la singularité de chaque ville, de chaque route que nous arpentons. La DGE, la PVP… autant d’outils qui, bien qu’essentiels sur le papier, se transforment en carcans sur le terrain.
Prenons l’exemple de la sécurisation des églises ou des écoles. Nous voilà sommés, sans ménagement, de placer un gendarme devant chaque lieu de culte, devant chaque établissement. La directive est formelle, rigide. Mais, à l’heure où nos ressources s’amenuisent et où chaque mission en chasse une autre, comment pouvons-nous répondre à cette demande ? Nous ne sommes pas des surhommes, et la réalité finit par nous rattraper. Pourtant, qui, parmi ceux qui nous dirigent, s’est posé la question du rapport bénéfice-risque ? Qui a pris le temps de réfléchir à la faisabilité, à l’impact réel sur le terrain ? Non, cela n’a pas d’importance. L’ordre est politique, et donc, il ne peut être contesté.
Nous ne demandons pas à désobéir. La loyauté, nous l’avons ancrée dans notre ADN. Mais à force de suivre aveuglément, sans jamais remettre en question, ne risquons-nous pas de perdre ce qui fait notre essence même ? La prise de risque, l’initiative, ne sont plus encouragées. Chaque échelon supérieur interfère, empêche, verrouille les décisions locales. Le commandement unique, cet héritage qui a forgé notre Institution, semble aujourd’hui menacé.
Les « spécialistes » se multiplient. Chaque domaine a désormais son référent, son expert. Cela pourrait sembler vertueux, une montée en compétence, un gage de professionnalisme. Mais à quel prix ? La polyvalence, autrefois notre force, est en train de disparaître. Nos brigadiers, ces hommes et ces femmes capables de tout, se retrouvent enfermés dans des rôles cloisonnés, incapables d’agir avec la liberté d’antan.
Un autre exemple, plus subtil mais tout aussi parlant : la fameuse PVP. Cette volonté de rapprocher la Gendarmerie de ses citoyens, de renouer le lien, est louable. Mais sur le terrain, que constatons- nous ? Une pression statistique qui déforme la réalité. Les chiffres augmentent, mais qu’en est-il du véritable impact ? Nos outils ne reflètent pas notre quotidien, ils alimentent une vision déconnectée, une illusion qui fait dire aux élus : “On ne vous voit pas assez”. Cette perception est peut-être juste dans certains territoires, mais pas partout. Et pourtant, pour satisfaire cette soif de chiffres, nous trichons, nous adaptons nos rapports, non par malhonnêteté, mais par obligation.
Et là réside le nœud du problème. Nous avons cessé d’être des acteurs de notre propre mission.
Nous disons ce que nos chefs veulent entendre. Nous validons, nous acquiesçons, par peur de remettre en question, par crainte de compromettre une carrière. Le courage intellectuel a cédé le pas à l’obéissance aveugle.
Notre liberté d’action, tant enseignée, tant valorisée, s’est évaporée, étouffée sous le poids de la hiérarchie et de la bureaucratie.
L’immédiateté gouverne tout
Cette situation n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave. L’immédiateté gouverne tout. Chaque événement, chaque incident est scruté par tous les échelons, avant même que les premiers éléments ne remontent aux responsables opérationnels. L’urgence devient la norme, et avec elle, une infobésité qui nous submerge. Les mails, les comptes-rendus, les ordres qui se bousculent… tout devient prioritaire, tout devient urgent. Et dans ce flot continu d’informations, nous ne faisons plus que réagir, sans jamais anticiper.
À cela s’ajoute la “communication”. Celle qui flatte l’ego, qui alimente le narcissisme de certains, qui pensent réinventer le métier. Ces “influenceurs”, comme ils aiment à se nommer, réduisent notre engagement à des images, des slogans. La médiocrité s’installe, insidieusement.
Enfin, une réforme de la déconcentration est en marche, voulue par le président de la République, avec pour ambition de simplifier l’action publique. Mais peut-on vraiment y croire ? Les bonnes intentions sont là, certes, mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Les autres administrations ne suivent pas, la cadence n’est pas la même, et nous, gendarmes, continuons de crouler sous nos dossiers, sous les heures “bureau”, sous les enquêtes qui s’empilent.
Malgré tout, il nous est demandé de rester fidèles, de continuer à servir, sans questionner. Mais est- ce cela, être loyal ? Est-ce accepter sans jamais remettre en question ? Sommes-nous condamnés à une soumission aveugle, à ne plus nous appartenir, à sacrifier ce qui faisait de nous des gendarmes et non des policiers ?
La policisation de notre Institution est en marche. Et avec elle, c’est peut-être notre âme que nous perdons.
Au salon Euronaval, grand rendez-vous de la marine de guerre, l’armée française a présenté un premier prototype de drone de combat sous-marin aux dimensions impressionnantes.
Dans le grand hall, tous les yeux sont tournés vers lui. Au salon Euronaval 2024 qui se tient jusqu’au 7 novembre à Paris, la direction générale de l’Armement (DGA) a présenté ses dernières innovations, dont une panoplie de drones conçus pour épauler les navires en opération. Parmi eux, un « cachalot » de métal, aux proportions inhabituelles pour ce genre de modèle.
Baptisé UCUV – Unmanned Combat Underwater Vehicle (Véhicule sous-marin de combat sans pilote) – cet engin de 10 tonnes pour 10 mètres de long devrait pouvoir sillonner les mers, scrutant les profondeurs et transmettant de précieuses informations aux bateaux de combat. Il est développé en partenariat avec le géant français de la défense, Naval Group.
L’UCUV a déjà eu droit à une première phase de test sous l’eau. Les principales missions envisagées sont pour l’instant cantonnées à du renseignement.
Le drone dispose d’un sonar et d’une faculté optronique pour détecter des objets et récupérer de l’imagerie. Un « périscope » moderne est déjà positionné sur le toit de l’appareil. D’autres capacités de renseignements sont étudiées, comme l’emport d’un armement, aussi à l’étude, d’après un ingénieur de la DGA avec qui Numerama a pu échanger.
Les drones, nouveau danger des batailles navales
Ce premier prototype du drone peut parcourir les mers pendant plusieurs heures. À terme, l’appareil devrait être assez endurant pour opérer durant des jours, offrant aux forces armées une option pour des déploiements plus longs sur une zone d’intérêt.
La marine française ne dispose pas encore d’un drone sous-marin de référence pour ses forces armées. Plusieurs autres appareils du même ordre étaient présentés autour de l’UCUV, démontrant une volonté d’investir dans une dronisation accrue de la marine.
Les principaux appareils en circulation aujourd’hui sont des navires autonomes ou des drones en forme de torpilles pour détecter et frapper. La France pourrait déployer un arsenal intéressant, à condition que les délais de production soient tenus.
La victoire nette et massive de Donald Trump permet de dégager cinq leçons pour les États-Unis. Analyse de Jean-Baptiste Noé.
Le premier point, c’est la victoire totale et complète de Donald Trump. Un véritable raz de marée. D’abord avec la conquête de la Maison-Blanche, où il gagne les grands électeurs et le vote populaire, ce qui n’avait pas été le cas en 2016. Sa victoire est donc encore plus large qu’en 2016. Ce raz de marée républicain s’exprime également dans la victoire au Sénat et à la Chambre des représentants. Les républicains sont d’ores et déjà majoritaires au Sénat et devraient l’être à la Chambre. Dans les deux cas, ils ont repris plusieurs sièges aux démocrates. À quoi s’ajoute le contrôle de la Cour suprême où les juges conservateurs sont majoritaires.
Deuxième point : c’est la défaite des commentateurs et des « experts ». La plupart des commentaires tenus ces dernières semaines se sont révélés faux. Non par erreur d’analyse, mais parce que beaucoup sont davantage dans la propagande que dans la volonté de comprendre les États-Unis. Ils annonçaient une élection très serrée, « sur le fil du rasoir », il n’en fut rien. Cette large victoire est le meilleur schéma pour la démocratie américaine. Il aurait été tout à fait redoutable que l’élection soit aussi serrée qu’en 2016 ou en 2020, avec des cascades de contestations. Ou pire en 2000, quand il fallut attendre plusieurs semaines pour avoir les résultats. C’est d’ailleurs l’une des possibilités avancées par Alexandre Mendel dans ses chroniques. Preuve de l’utilité de parcourir les États-Unis et de connaitre l’ensemble du pays, et pas seulement New York ou Washington.
Dès la chronique du 16 octobre, il annonçait la possibilité d’une victoire nette dans l’article intitulé « La dynamique est désormais dans le camp Trump ».
Dès mi-octobre, les démocrates ont compris qu’ils avaient perdu l’élection présidentielle, ce qui n’empêchait pas les commentateurs et les experts habituels de dire que ça allait être très serré.
Attribuer l’étiquette de « nazi » ou de « fasciste » à Trump et à ses électeurs ne résout pas le problème politique et empêche de comprendre les motivations du vote. L’aveuglement idéologique a fait le reste. À ce stade, on peut se demander si c’est seulement de l’incompétence ou si c’est aussi du mensonge.
Les démocrates s’empêchent de comprendre les Américains
Troisième point : la défaite intellectuelle des démocrates. Jouer la carte de la morale, expliquer qu’il faut voter pour Obama parce qu’il est noir, pour Clinton parce que c’est une femme et pour Harris parce qu’elle additionne les deux ne fonctionne pas. Faire campagne sur le genre, l’identité, la race non plus. Les électeurs américains attendaient des réponses sur le chômage, l’inflation et la sécurité pas sur les pensées de laboratoire des universités américaines. La défaite de Kamala Harris signe la fin de la période Clinton, ouverte par l’élection de Bill Clinton en 1992. Barack Obama et Joe Biden étaient dans leur filiation, tout comme Harris. C’est désormais terminé et il faudra passer à autre chose en 2028.
Quatrième point : la transformation intellectuelle du parti républicain. Donald Trump a très largement gagné même s’il n’est pas au niveau de l’époque Nixon (1972), Reagan (1984) qui avaient obtenu presque tous les États. Nixon avait eu quasiment tous les États en 1972. George Bush en 1988 était la continuité des années Reagan. S’il a perdu en 1992, ce n’est pas parce que le reaganisme était épuisé, mais parce qu’il a affronté un dissident, Ross Perot, qui a obtenu près de 19% des voix, empêchant Bush de remporter un certain nombre d’États qui auraient dû lui revenir. Lorsque George Bush est intronisé président des États-Unis en 1988, il dit qu’il s’engage à ne pas augmenter les impôts. Or il a augmenté les impôts pendant son mandat, d’où la dissidence de Perot. En 1996, il fait 8% des voix et, là aussi, Bill Clinton n’obtient pas la majorité des voix. Clinton a gagné par deux fois avec les grands électeurs, mais sans le vote populaire. Jusqu’en 1996, les républicains font plus de voix que les démocrates.
Georges Bush fils change la philosophie des républicains dans les années 2000 en adoptant le néo-conservatisme. Doctrine qui n’est pas éloignée de celle d’Obama. Les républicains des années 2000 sont plus éloignés de Reagan que Trump aujourd’hui.
Donald Trump a changé la doctrine des républicains et a transformé leur logiciel intellectuel
Ce qui fait que lorsque Barack Obama gagne en 2008, beaucoup de commentateurs expliquent que les républicains ne pourront plus jamais gagner les élections présidentielles. Pourquoi ? Parce que du fait du changement démographique aux États-Unis, les femmes, les latinos, les noirs votent naturellement pour les démocrates.
Donald Trump a changé la doctrine des républicains et a transformé leur logiciel intellectuel.
Cinquième point : la question de l’avenir du trumpisme. Donald Trump a 78 ans, donc a priori c’est son dernier mandat. On le voit mal se présenter à 82 ans pour un troisième mandat. Et donc, sitôt élu, se pose aussi la question de sa succession. Et notamment de savoir qui de JD Vance ou de Ron DeSantis pourra lui succéder.
Finalement, la question qui s’ouvre aujourd’hui, ce n’est pas tellement celle du mandat de Donald Trump que de celle de l’avenir du trumpisme. Et notamment si les Américains, les républicains vont opter pour un trumpisme sans les extravagances, sans les côtés arrogants et crispants de Donald Trump et savoir si cela peut leur permettre d’ouvrir une nouvelle parenthèse reaganienne.
Jean-Baptiste Noé
Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d’économie politique à l’Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
Lors de sa première audition à l’Assemblée nationale en tant que chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], le général Jérôme Bellanger a évoqué les enjeux de la Très Haute Altitude [THA]. « C’est une zone dans laquelle il faut absolument investir, parce qu’elle est duale et qu’elle permet des systèmes résilients en termes de communications et en termes de surveillance » et aussi « parce que, la nature ayant horreur du vide, si nous n’y allons pas, d’autres iront à notre place ». Et d’insister : Il est « hors de question d’avoir des ballons chinois positionnés au-dessus de nos têtes à Paris et qui nous observent ».
Pour rappel, la THA est susceptible de devenir un nouveau champ de conflictualité, faute de cadre juridique suffisamment précis pour la réglementer. En effet, à ce jour, il n’y a pas de consensus sur la définition de la limite basse de l’espace extra-atmosphérique et de la limite haute de l’espace aérien. D’où un flou que certains pays tentent d’exploiter, comme l’a montré l’affaire du ballon espion chinois abattu au large de la Caroline du Sud par un F-22A Raptor de l’US Air Force, en février 2023.
L’an passé, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a élaboré une stratégie dédiée à cette THA. Stratégie dont la mise en œuvre a été récemment confiée au général Alexis Rougier au sein de l’EMAAE. Cela étant, le général Bellanger a expliqué aux députés qu’il faudrait se doter de « moyens de neutralisation » [et donc d’intervention] dans cette Très Haute Altitude, qu’il a qualifiée de « Far West ». Et que cela passait par « l’exploration » de certaines capacités, en lien avec certains industriels.
Si, s’agissant de la THA, le pseudosatellite Zephyr d’Airbus et le Stratobus de Thales Alenia Space sont régulièrement cités, d’autres solutions sont sur le point de se concrétiser.
Ainsi, fondée en 2016, l’entreprise toulousaine Zephalto, a récemment effectué, avec succès, le vol d’essai d’une capsule pressurisée qui, avec deux personnes à bord, s’est élevée à 6 000 mètres d’altitude à l’aide d’un ballon. L’objectif est de pouvoir emmener des passagers dans la stratosphère à des fins commerciales [il s’agit de développer une nouvelle sorte de « tourisme spatial »]. Mais pas seulement puisqu’il est aussi question d’effectuer des vols pour des expériences scientifiques et technologiques.
Ayant également investi ce créneau, l’entreprise Hemeria vient de réaliser, avec succès, le premier vol d’essai de son ballon stratosphérique manœuvrant BalMan, conçu sous la maîtrise d’ouvrage du Centre national d’études spatiales [CNES].
« Dans la nuit du 30 octobre, le ballon manœuvrant BalMan […] a effectué avec succès son 1er essai en vol, depuis le Centre Spatial Guyanais, validant ainsi la fiabilité de l’enveloppe du ballon stratosphérique et des systèmes de sécurité du vol aux conditions de la haute altitude », a en effet indiqué le CNES, via un communiqué diffusé ce 6 novembre.
Ce projet de ballon manœuvrant stratosphérique est également soutenu par la Direction générale de l’armement [DGA]. Il est en outre financé par France Relance.
L’objectif de ce projet, explique le CNES, est d’avoir la « capacité de rester au-dessus d’une zone géographique d’intérêt, à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude, bien plus longtemps que [ne] peut le faire un ballon dérivant, un avion, voire un drone ». Pour cela, les opérateurs de l’aérostat « utilisent les courants de vents à différentes altitudes afin de [le] déplacer horizontalement ». Ce qui ouvre le champ à de nombreuses applications, tant militaires que civiles.
Selon Hemeria, ce ballon stratosphérique manœuvrant permettra de « faciliter l’accès à l’espace à moindre coût », de « survoler plus longtemps une zone d’intérêt » et de « réduire les contraintes logistiques ».
Pour rappel, la stratosphère est située entre une dizaine et une cinquantaine de kilomètres d’altitude, c’est-à-dire entre la troposphère et la mésosphère.
Un second vol de ce BalMan devrait avoir lieu dans le courant de l’année prochaine. Il s’agira cette fois de tester son aptitude à emporter une charge utile de 50 kg. Les activités autour ce cet aérostat « vont maintenant se poursuivre pour rapidement proposer cette technologie aux communautés scientifique, de défense ou aux opérateurs commerciaux », a fait valoir Caroline Laurent, directrice des Systèmes orbitaux et des Applications au CNES.
Bien entendu, il ne s’agit que de visuels qui permettent de se faire une très bonne idée de ce à quoi ressemblera le successeur du Charles de Gaulle.
En 2038, le porte-avions nouvelle génération ou PANG devrait être livré à la Marine nationale. Le successeur de l’actuel Charles de Gaulle, conçu par Naval Group à qui on doit également la construction de nombreux sous-marins parmi les plus sophistiqués du monde, sera officiellement commandé en 2025. Dernièrement, le PANG s’est dévoilé dans quelques visuels qui seront peut-être susceptibles de changer entre aujourd’hui et 2038.
PANG, un futur géant des mers
Actuellement, le plus gros porte-avions du monde vogue sous pavillon américain, nom de code CVN-78, il est plus connu sous le nom de l’USS Gerald R. Ford. Ce mastodonte, propulsé à l’énergie nucléaire, est capable de transporter plus de 75 appareils (avions, hélicoptères, drones…).
Long de 332,5 mètres, il domine largement ces autres concurrents en mer. Et, il sera également plus imposant que le futur porte-avions français nouvelle génération dont le nom reste encore à être trouvé. En mer, le PANG, qui est son nom générique, sera long de 310 mètres et large de 85 mètres et pourra accueillir pas moins de 2000 membres d’équipage.
Le PANG sera donc plus petit que l’USS Gerald R. Ford, mais bien plus grand que son prédécesseur le Charles de Gaulle. En effet, le bâtiment militaire en service depuis 2001 mesure 261,5 mètres de long pour 64 mètres de large au maximum.
Cependant, le futur navire de la Marine nationale intègrera une caractéristique que l’on retrouve sur les deux autres bâtiments militaires : la propulsion nucléaire. Cela permet tout simplement d’avoir un rayon d’action illimitée puisqu’il n’est pas nécessaire de recharger les batteries.
Un bâtiment qui se dévoile petit à petit
Bientôt commandé en 2025, le PANG ne devrait pas être livré avant 2038, soit pas avant 14 ans. Cependant, rien n’empêche de se faire déjà une idée de ce à quoi ressemblera le futur fleuron de la Marine nationale. C’est ainsi que le 4 novembre 2024, à l’occasion du salon Euronaval, le média Mer et Marine a pu publier les derniers visuels en date du PANG, le porte-avions de nouvelle génération.
crédit photo : Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome
crédit photo : Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome
crédit photo : Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome
crédit photo : Naval Group / Chantiers de l’Atlantique / TechnicAtome
Les avions seront catapultés dans les airs
Pour qu’ils puissent prendre leur envol rapidement, les appareils à bord du PANG seront tout simplement catapultés dans les airs. S’il ne s’agit pas d’une nouvelle technique puisque celle-ci est utilisée sur la plupart des porte-avions dont l’USS Gerald R. Ford et le Charles de Gaulle, c’est la technologie qui est derrière qui va évoluer.
Jusqu’alors, sur le Charles de Gaulle, les avions étaient catapultés à 250 km/h dans les airs grâce à un système à vapeur. Sur le PANG, c’est un système de fabrication américaine qui sera mis à l’honneur avec l’utilisation d’un système EMALS ou Electromagnetic Aircraft Launch System, plus précis, mais plus demandeur en énergie.
Cependant, cette technologie n’est pas encore parfaitement au point. Le Point rapportait même, en janvier 2024, que le gouvernement américain avait statué qu’il fallait certainement attendre l’horizon 2030 pour que l’EMALS soit parfaitement opérationnel. Une chance pour le PANG qui pourra donc bénéficier d’une technologie en constante évolution et améliorée au plus haut point.
Dans sa déclaration de politique générale du 1er octobre 2024, le nouveau Premier ministre Michel Barnier, a accordé une grande attention à la Nouvelle-Calédonie. Celle-ci, vitrine-laboratoire incontestée de la stratégie Indo-Pacifique de la France est confrontée depuis mai 2024 à un cycle de violences destructrices qui ont largement entamé les relations entre communautés, affaiblissant l’image régionale de la France et la cohérence de sa politique indo-pacifique. Le Premier ministre et son ministre des Territoires d’outre-mer François-Noël Buffet, semblent désireux d’ouvrir la voie à la conciliation et à la reprise du dialogue en Nouvelle-Calédonie. Cette démarche d’apaisement laisse entrevoir l’espoir d’un accord sur la future gouvernance et une nouvelle formule de souveraineté pour le territoire. Pour autant, 26 ans après les Accords de Nouméa (1998) qui évoquaient un « destin commun » et trois referendums sur la question de l’indépendance, une histoire commune différemment interprétée continue à diviser les mémoires des habitants et l’avenir statutaire de l’île apparait encore dans les limbes. Avec la crise calédonienne, l’ambition indo-pacifique de la France s’est heurtée de plein fouet à une réalité politique et historique mal prise en compte. Deux niveaux de lecture se superposent liant étroitement enjeux de politique intérieure et de politique étrangère. Faute d’une sortie par le haut de la crise, les efforts entrepris par Emmanuel Macron pour légitimer le positionnement indo-pacifique de la France pourraient être largement remis en cause. Cette fragilisation de la posture française intervient alors que l’on assiste à un fort réinvestissement diplomatique et sécuritaire des États-Unis et de leurs proches soutiens (Australie, Japon) dans la région pour y contrebalancer une politique de présence et d’influence chinoise de plus en plus active. Le point de vue de Marianne Péron-Doise, chercheuse associée à l’IRIS où elle dirige l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique.
Comment se caractérise l’approche préconisée par le gouvernement Barnier ?
Le Premier ministre s’est engagé à adopter une approche fondée sur « l’écoute, le respect et le dialogue » et a annoncé une concession majeure demandée par les partisans de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, en s’engageant à ne pas convoquer les chambres conjointes du Parlement pour finaliser la réforme controversée sur l’élargissement du corps électoral aux scrutins provinciaux. Il a notamment déclaré que le président Macron le confirmerait lorsqu’il rencontrerait les représentants de la Nouvelle-Calédonie au Parlement français en novembre. Si cela répond à l’une des principales demandes des dirigeants indépendantistes, cette mise entre parenthèses de la réforme du mode de scrutin a généré une intense frustration de la part de la fraction loyaliste, dont le député macroniste Nicolas Metzdorf, perpétuant le clivage entre communautés. Jusqu’à présent, le président Macron s’était contenté de dire qu’il « suspendrait » le projet de loi. Tout aussi important, M. Barnier a déclaré qu’une nouvelle période de reconstruction économique et sociale allait commencer, en parallèle aux efforts pour parvenir à un consensus politique sur la gouvernance future. Il a ajouté que les élections locales seraient reportées à la fin de l’année 2025. Enfin, une mission parlementaire dirigée par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat français devrait se rendre en Nouvelle-Calédonie du 9 au 14 novembre 2024.
Quels sont les principaux enjeux que devra traiter François-Noël Buffet, nouveau ministre des Territoires d’Outre-mer ?
À ce jour, la situation sécuritaire, sociale et alimentaire des 300 000 habitants de l’île est très dégradée. Elle nécessite un changement radical d’approche politique et humaine pour ramener un minimum d’ordre sur le territoire, ce qu’a bien compris le gouvernement Barnier. Insécurité, crise de confiance, marasme économique, radicalisation des forces politiques en présence, anxiété régionale des proches voisins de la Nouvelle-Calédonie sont à ce stade les principales données que François-Noël Buffet aura rapidement à traiter.
Lors de la visite à Paris d’une délégation calédonienne transpartisane venue alerter sur l’urgence de la reconstruction, début octobre 2024, le nouveau ministre des Territoires d’outre-mer, qui a dirigé une commission sénatoriale sur la Nouvelle-Calédonie et connaît donc bien les enjeux, a pu exposer son approche :
– Retrouver l’impartialité de l’État français, qu’il a qualifié de « pierre angulaire des accords de Matignon et de Nouméa » ; – Retrouver le consensus dans la prise de décision ; – Renouer rapidement le dialogue avec toutes les parties ; – Favoriser un retour rapide à l’ordre public ; – Soutenir la reconstruction sociale et économique.
La mission du ministre en Nouvelle-Calédonie, mi-octobre, lui a permis de saisir l’ampleur des efforts à mettre en place pour permettre le retour à un fonctionnement normal des principaux services publics : écoles, hôpitaux, transports. L’État prévoit d’allouer une enveloppe de l’ordre de 4,5 milliards d’euros sur cinq ans pour permettre un redémarrage du tissu socio-économique de l’île. La situation est d’autant plus critique que l’industrie du nickel, considéré comme le moteur économique de l’île, est en quasi-faillite.
Ces propositions concernant la Nouvelle-Calédonie indiquent une certaine flexibilité. L’indication de François-Noël Buffet selon laquelle Paris doit « retrouver » l’impartialité est un geste significatif, un aveu virtuel de la partialité passée. Les indépendantistes en ont fait une critique majeure de la gestion par la France du troisième référendum sur l’indépendance en 2021 et des développements depuis lors. Il reste à voir si les concessions de la France suffiront à mettre fin aux troubles.
Quelles sont les premières réactions locales et régionales à ces annonces ?
Les annonces du gouvernement Barnier représentent des efforts de conciliation importants de la part de la France et sont significatives à la fois pour la Nouvelle-Calédonie et pour ses propres voisins, l’Australie, les pays mélanésiens et au-delà pour le Forum des Îles du Pacifique (FIP). Si c’est Michel Barnier qui a fait les principales annonces, il ne fait aucun doute que le président Macron – architecte tenace et convaincu de l’Indo-Pacifique français – est engagé. Le fait que le Premier ministre ait accordé une priorité aussi marquée à la Nouvelle-Calédonie, alors même que son gouvernement et son projet de budget général sont scrutés sans ménagement par les parlementaires, reflète la détermination de la France à ne pas perdre pied dans la région et à y défendre une souveraineté qui constitue l’axe majeur de sa stratégie indo-pacifique. Dans le même temps, peut-être conscient de la fragilité de son gouvernement et de sa vulnérabilité aux potentielles motions de censure, le Premier ministre s’est assuré une attention institutionnelle permanente en désignant comme responsables d’une mission de concertation et de dialogue les présidents des deux chambres du Parlement français. Le président du Sénat, Gérard Larcher, joue depuis longtemps un rôle constructif en Nouvelle-Calédonie. L’envoi d’une mission de haut niveau qu’il co-dirigera avec Madame Yaël Braun-Pivet indique également aux pays de la région du Pacifique, qui ont dès juillet 2024 proposé une mission de médiation du FIP, que la France contrôle la situation.
Les réactions des partis locaux en Nouvelle-Calédonie ont été variées. Le groupe multipartisan venu à Paris début octobre 2024 a soutenu sans équivoque l’approche de Michel Barnier. Certains élus loyalistes se sont montrés critiques, estimant que le ministre n’avait pas saisi la gravité de la situation. Les partis indépendantistes, s’ils ont été rassurés par l’abandon de la réforme du corps électoral, ont maintenu leur appel à un nouveau vote d’autodétermination après le troisième référendum qu’ils estiment non recevable, ainsi qu’à la libération de leurs dirigeants détenus en France métropolitaine. Il reste à voir si les concessions gouvernementales suffiront à mettre fin aux troubles en Nouvelle-Calédonie. La mouvance indépendantiste est divisée et la capacité de certains dirigeants à contrôler la frustration des jeunes Kanaks est incertaine.
Les concessions françaises ont été accueillies avec soulagement par la « famille » du Pacifique, notamment le FIP, la principale organisation régionale d’Océanie qui regroupe 18 États et territoires associés du Pacifique et dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française sont membres depuis 2016. L’organisation, avec laquelle la France a toujours eu des relations difficiles, s’était auto saisie d’une mission de médiation courant juillet avant de revenir à une proposition de mission « d’information », plus acceptable par le gouvernement français, afin de dresser un état des lieux de la situation en Nouvelle-Calédonie.
Comment comprendre les enjeux d’une « information équilibrée » face à la crise néo-calédonienne ?
Ce souci d’une information transparente qui pourrait être dispensée en toute connaissance de cause par des représentants du FIP et destinée aux membres du Forum comme à l’opinion publique océanienne met l’accent sur la bataille des narratifs, la guerre informationnelle et de possibles ingérences étrangères à l’œuvre autour de la crise calédonienne. Des questions subsistent sur la nature du soutien du gouvernement azerbaïdjanais au Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) via une ONG, le Groupe d’Initiative de Bakou, financée par le régime du président Ilham Aliyev et soutenant des mouvements indépendantistes. La France étant visée via la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française pour la punir de soutenir l’Arménie dans son conflit avec l’Azerbaïdjan. En avril 2024, un mémorandum portant sur une coopération entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale azerbaïdjanaise a ainsi été signé par une représentante du FLNKS au nom du Congrès. Ce dernier le déclarera nul par la suite. Cette tentative de déstabilisation, qui en cache sans doute d’autres, plus subtiles, ne rend que plus nécessaire l’accès à une « information équilibrée » selon les mots de l’ambassadrice française pour le Pacifique, Véronique Roger-Lacan. Il s’agit de contrer l’effet de brouillage de narratifs sur l’usage disproportionné de la violence par les autorités françaises et de rééquilibrer l’émotion des pays insulaires, notamment mélanésiens, face à ce qu’ils perçoivent comme une tentative néocoloniale de dépouiller les peuples autochtones de leurs droits et de leur représentation légitimes.
La mission d’information du FIP, constituée des Premiers ministres des îles Cook, de Tonga, Fidji ainsi que du ministre des Affaires étrangères des îles Salomon a auditionné des interlocuteurs les plus divers de la société calédonienne du 27 au 29 octobre 2024. Peut-elle être considérée comme neutre ? Fidji et les Îles Salomon font partie de l’arc mélanésien et sont membres du Groupe Fer de lance mélanésien créé en 1988 pour soutenir l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et dont le FLNKS fait partie. Par ailleurs, Fidji, les îles Cook et Tonga sont largement intégrés au projet chinois de Belt and Road Initiative (BRI). Cette prise d’influence économique chinoise s’exerce également en Nouvelle-Calédonie, Pékin important plus de 50 % du nickel du territoire.
La crise néo-calédonienne marque-t-elle le recul, sinon la fin de l’ambition indo-pacifique de la France ?
L’idée que la France puisse être un pays du Pacifique insulaire continue de surprendre bon nombre de ses voisins. Tout en saluant l’engagement avec Paris, les membres du Groupe Fer de lance considèrent la France comme un pays européen et une puissance coloniale qui administre encore des territoires saisis au XIXe siècle. En effet, la stratégie indo-pacifique française s’appuie sur une légitimité d’État résidant et l’existence d’une souveraineté en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna. La question néo-calédonienne peut en soulever d’autres. Lors d’une de ses premières interventions au sein du FIP alors qu’il venait d’être élu (en 2021) le président indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou avait pu déclarer « Il ne fait aucun doute que la France a besoin de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française, face aux autres puissances de la région. Mais ce n’est pas notre projet – nous voulons nous intégrer à nos voisins dans la région ».
Jusqu’à présent, la France s’est efforcée de tirer parti de l’Accord de Nouméa et des transferts de compétences au gouvernement local en s’appuyant sur ses prérogatives régaliennes, c’est-à-dire la défense et les relations extérieures. La revendication de la légitimité océanienne de la France s’est appuyée sur la possession d’un vaste domaine maritime qui en fait la deuxième puissance maritime mondiale, sa capacité à le contrôler et à participer à la sécurité régionale à travers de nombreuses coopérations militaires. La France développe ainsi un discours alternatif et inclusif au sein d’un espace polarisé par la rivalité sino-américaine tout en bénéficiant des capacités diplomatiques et financières de l’Union européenne. Le président Macron souhaitait notamment renforcer la coopération avec les États insulaires d’Océanie en les aidant à protéger leur économie bleue, à lutter contre la pêche illégale et l’impact du changement climatique.
La montée en puissance des Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) au sein d’un dispositif militaire récemment renforcé en personnel et en équipements, a pour fonction de mettre en œuvre cette diplomatie multilatérale axée sur la sécurité environnementale, l’aide humanitaire en cas de désastre naturel (HADR) et la défense de la biodiversité, aux côtés des partenaires australiens et néo-zélandais. L’accueil à Nouméa en décembre 2023 de la réunion des ministres de la Défense du Pacifique Sud (SDPMM) a souligné le rôle du territoire dans l’affirmation du statut indo-pacifique de la France et son souci de s’insérer davantage dans la coopération sécuritaire régionale au profit de ses voisins insulaires plus vulnérables. La France a donc beaucoup à perdre sur le plan régional et international en laissant perdurer une crise calédonienne qui ruinerait la crédibilité de son engagement indo-pacifique et modifierait dangereusement les rapports de forces en présence.