L’Europe coalisée contre la France : Les deux Bruxelles contre la France (1/2)

L’Europe coalisée contre la France : Les deux Bruxelles contre la France (1/2)

OPINION – Où va l’Union européenne dans le domaine de l’industrie de la défense ? Selon le groupe Vauban, la création d’un marché unique au niveau européen ouvrira la porte aux industriels américains, israéliens et sud-coréens avec la création d’une autorité centralisée européenne de l’industrie de défense. Elle permettra une « coordination améliorée pour agréger l’acquisition de systèmes américains par des groupes d’États-Membres de l’UE », selon une recommandation du rapport Draghi. C’est pour cela que la France doit quitter et l’OTAN et l’Union européenne, selon le groupe Vauban.

« L'Europe ne faisant pas le poids face à l'OTAN, la seule issue à ce conflit, déjà palpable à Bruxelles, sera une supranationalité soigneusement encadrée ou recadrée par les Etats-Unis pour, à la fois, assoir leur leadership politique en Europe (un théâtre d'opération majeur pour eux quoiqu'en dise) et s'assurer des parts dominantes dans le marché européen de la Défense » (Le groupe Vauban)
« L’Europe ne faisant pas le poids face à l’OTAN, la seule issue à ce conflit, déjà palpable à Bruxelles, sera une supranationalité soigneusement encadrée ou recadrée par les Etats-Unis pour, à la fois, assoir leur leadership politique en Europe (un théâtre d’opération majeur pour eux quoiqu’en dise) et s’assurer des parts dominantes dans le marché européen de la Défense » (Le groupe Vauban) (Crédits : Commission européenne)

 

Dans sa longue histoire, la France s’est régulièrement retrouvée seule face à une Europe coalisée contre elle : la force de son État-nation, de son génie diplomatique et militaire et de son rayonnement culturel lui a toujours permis d’y faire face. Les guerres de Louis XIV puis celles de la Révolution et de l’Empire, jusqu’aux décisions diplomatiques et militaires du général de Gaulle, en témoignent. L’Histoire se répète aujourd’hui sous d’autres formes, moins épiques mais tout aussi décisives : la résurrection de la Communauté Européenne de Défense de 1952, l’alliance germano-italienne dans le domaine terrestre (avant son prolongement ultérieur dans le domaine naval), et l’accord germano-britannique de Trinity House, prenant à revers le Traité de Lancaster House et celui d’Aix-la-Chapelle, en sont trois récentes manifestations.

Au terme de ces développements, la France n’est nulle part dans une Europe qu’elle prétend pourtant bâtir mais qu’elle n’a ni volonté ni constance pour la guider vers le sens de ses intérêts.

Bruxelles la fédérale ou la « volière des cabris »

L’âme de la première coalition anti-française est à Bruxelles. S’arrogeant des compétences qu’aucun traité ne lui reconnaît, la Commission européenne, pourtant gardienne des traités, use et abuse des mêmes procédés, dénoncés en son temps par la France lors de la politique de la chaise vide (mai – juillet 1965) : utilisant avec zèle son droit d’initiative, elle prend prétexte du marché intérieur pour réglementer le domaine de la défense, sanctuaire pourtant exclusif des États-nations.

Avec ses manières à la fois arbitraires et bureaucratiques mais toujours opaques, car avançant masquée, elle promet à ce secteur le même sort que les autres domaines dont elle s’est occupée depuis 1958 : la ruine totale au profit de la concurrence extra-européenne. L’agriculture, les transports, l’énergie, la métallurgie, l’automobile ont été sacrifiés sur l’autel de ses décisions et de ses convictions : les mêmes remèdes produisant les mêmes causes, la défense ne fera pas exception.

En ce sens, le rapport Draghi et la nomination d’un Commissaire européen à la défense accélèrent le processus, amorcé en 1952 avec la CED. La marche fédérale de von der Leyen consiste en cinq étapes claires dont la caractéristique commune est de reposer sur des principes tous aussi faux que néfastes aux systèmes de défense de chaque État-membre :

  • D’abord, proclamer l’urgence en raison de la guerre en Ukraine et de la menace russe (voire du résultat redouté des élections américaines) : ce sentiment d’urgence, déjà utilisé lors de la crise du COVID pour faire de la santé – domaine intergouvernemental – un domaine communautaire, est la pédale d’accélérateur destinée à éviter les débats et prendre de court des États toujours aussi lents à réagir.
  • Cantonner ensuite les États aux seules questions de doctrine et d’emploi des forces, en détachant soigneusement les questions d’armement de ces domaines : la Commission s’affirme ainsi compétente en matière d’industrie de défense au nom de ses prérogatives générales en matière de marché intérieur, notamment dans le domaine de l’industrie et de la technologie ; or, sans industrie d’armement, il ne saurait être question de politique de défense et encore moins de capacités militaires. Cette séparation des composantes de la défense est une négation pure de la doctrine française, qui a toujours établi que pour bien faire la guerre, il faut soi-même être capable en national de concevoir, développer, produire et entretenir ses propres matériels ; cette politique industrielle a créé deux instruments efficaces : la DGA et des champions nationaux, maîtres d’œuvre de la dissuasion ;
  • Poursuivre l’élan avec la création d’un marché unique de la défense au nom de l’efficacité ; gouverné avec les mêmes principes ultra-libéraux qui l’ont toujours guidé, ce marché unique s’ouvrira sans réciprocité à la concurrence extra-européenne (américaine, israélienne et sud-coréenne, voire turque) au nom d’accords de commerce internationaux conclus sous la seule autorité de la Commission ; ce « single market for defence », censé « accroître la capacité de production et de soutenir les achats conjoints d’équipements européens » – ne résoudra rien car les racines du mal européen ne sont pas à rechercher dans les monopoles nationaux, mais bel et bien dans d’autres raisons que la Commission se refuse évidemment de mentionner : dans le désarmement généralisé que chaque pays a délibérément voulu ; dans des investissements de lâche confort extra-européens, américain, israélien et désormais sud-coréen, acquisitions qui ruinent toute préférence européenne pour les 50 ans à venir ; dans la mauvaise méthode de coopération dans les programmes où le plus incompétent des industriels devait toujours recevoir une part égale et qui finissent toujours par des retards, des surcoûts, des sous-performances (NH90, Tigre, A400M, Eurodrone, Eurofighter, etc) et des pertes d’emplois qualifiés (Airbus Defense & space actuellement).
  • Créer en parallèle une autorité centralisée européenne de l’industrie de défense (« centralised EU Defence Industry Authority ») pour faire « une programmation et des achats d’armement en commun, i.e. c’est-à-dire pour acheter en central au profit des États-Membres » (recommandation n° 9 du rapport Draghi, cité comme référence dans la lettre de mission de Mme von der Leyen vers Andrius Kubilius). Cette autorité permettra évidemment une « coordination améliorée pour agréger l’acquisition de systèmes américains par des groupes d’États-Membres de l’UE » (recommandation n°10 du rapport Draghi) : la préférence européenne est ainsi sacrifiée par ceux qui devraient la défendre…
  • Achever enfin la « véritable Union de Défense Européenne », nouvelle expression d’une Communauté Européenne de Défense qui verra, à son apogée la création d’une armée européenne sous la direction d’un Commissaire européen à la défense, prenant lui-même ses ordres auprès du SACEUR américain à l’OTAN.

L’Europe sous les fourches caudines américaines

Ce schéma n’est ni imaginaire ni exagéré : c’est très exactement l’Europe de la Défense que dessine le rapport Draghi et que M. Kubilius s’efforcera, pas à pas, de concrétiser durant son mandat. En ruinant assurément le secteur de l’industrie d’armement en Europe, il détruira l’objectif même recherché : la défense de l’Europe par elle-même. Que nombre d’États-membres n’aient pas protesté, se conçoit : comme le disait le général De Gaulle [1], « les Allemands, les Italiens, les Belges, les Pays-Bas sont dominés par les Américains ».

Mais il est tragique de constater qu’en France, il n’y aura plus communistes et gaullistes – ou un Mendès-France – pour faire échec à cette CED nouvelle version. Les communistes ont disparu et les gaullistes, depuis Jacques Chirac, se sont ralliés à la fédéralisation de l’Europe tout maintenant la doctrine de dissuasion française, refusant de voir que l’une sacrifie délibérément l’autre. Aucun parti, y compris le RN, ne va jouer le rôle-clé qu’il aurait pu jouer sur ce dossier, à l’instar de celui joué par le gaullisme en 1954.

Cette marche à la supranationalité ne sera donc pas freinée par les États-membres sans géopolitique ni par les partis souverainistes sans courage, mais bel et bien recadrée par ceux-là même à qui elles profitent in fine : l’OTAN et les Etats-Unis, car ce que Madame von Der Leyen n’a pas voulu voir ou dire, c’est que sa CED à elle, en faisant doublon à l’OTAN, se condamne d’elle-même.

  • Les capacités ? C’est l’OTAN.
  • Les normes pour l’industrie d’armement ? C’est encore l’OTAN.
  • La structure de commandement ? C’est toujours l’OTAN.
  • La force d’intervention ? C’est évidemment l’OTAN.

L’Europe ne faisant pas le poids face à l’OTAN, la seule issue à ce conflit, déjà palpable à Bruxelles, sera une supranationalité soigneusement encadrée ou recadrée par les Etats-Unis pour, à la fois, assoir leur leadership politique en Europe (un théâtre d’opération majeur pour eux quoiqu’en dise) et s’assurer des parts dominantes dans le marché européen de la Défense. « To get the U.S in, the Soviets out and the Germans down » : cette définition cynique de l’OTAN formulée par le premier Secrétaire-Général de l’OTAN, Lord Ismay, reste toujours d’actualité.

L’Europe de la défense de Mme von der Leyen se dissoudra donc dans le pilier européen de l’OTAN, donnant ainsi raison au général De Gaulle : « Vous savez ce que ça veut dire, la supranationalité ? La domination des Américains. L’Europe supranationale, c’est l’Europe sous commandement Américain » [2].

La seule initiative qui subsistera sera la communautarisation forcée de l’industrie de défense des États-membres, annoncée dès le 8 juillet 2017 par Mme Goulard, éphémère ministre de la défense française : « Si nous voulons faire l’Europe de la défense, il va y avoir des restructurations à opérer, faire des choix de compatibilité et, à terme, des choix qui pourraient passer dans un premier temps pour aboutir à privilégier des consortiums dans lesquels les Français ne sont pas toujours leaders ». La perte de souveraineté industrielle assumée est toujours d’actualité si l’on en croit MM. Cingolani et Folgiero, respectivement PDG de Leonardo et de Fincantieri qui ont repris récemment la même antienne…tout en s’assurant que cette Europe industrielle-là se fera sous leur tutelle [3].

Au bilan, la seule « politique de la chaise vide » que la France aura faite, n’a pas été le fruit d’une décision d’un ministre de la défense français qui s’affiche gaulliste, mais de quelques industriels tricolores qui ont refusé de signer leur arrêt de mort sur l’autel de la fédéralisation de l’industrie d’armement. Deux d’entre eux sont les maîtres d’œuvre de la dissuasion : ce n’est pas un hasard tant la CED de Mme von Der Leyen est négatrice de la doctrine de dissuasion nationale qui suppose la souveraineté intégrale et non la servitude volontaire aux deux Bruxelles.

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[1] C’était de Gaulle, Alain Peyrefitte, Tome II, page 296
[2] Op.cit.
[3] Propos extrêmement clairs de M. Cingolani, Corriere della Serra, 27 octobre 2024, liant perte de souveraineté et leadership« Dans l’espace, comme dans la défense, ce qui est petit n’est pas beau et même une taille moyenne comme la nôtre ne suffit pas : les entreprises européennes doivent s’allier, sacrifiant leur souveraineté sur le petit marché intérieur pour pouvoir rivaliser ensemble sur l’immense marché mondial. Leonardo fait office de sherpa dans ce domaine et avec Rheinmetall, nous avons atteint un premier sommet historique ».

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[*] Le groupe Vauban regroupe une vingtaine de spécialistes des questions de défense.

834 millions de dollars pour appuyer le recrutement du Corps des marines

834 millions de dollars pour appuyer le recrutement du Corps des marines

Photo U.S. Marine Corps by Lance Cpl. Janell B. Alvarez.

Le Corps des Marines (USMC) est bien décidé à attirer de plus nombreuses recrues dans ses rangs en 2025. Les efforts de communication et de marketing lancés depuis cinq ans commencent à payer, même si globalement le recrutement reste malaisé. D’où le recours à une entreprise spécialisée qui a fait ses preuves depuis 2019.

Pour l’année fiscale 2023 (FY 2023), l’USMC avait besoin de 33 000 nouvelles recrues; il a réussi à recruter 33 323 Marines. Parmi eux, 28 921 soldats d’active et 4402 réservistes.

Pour la FY 2024, l’objectif était de recruter 30 500 nouveaux Marines dont 27 500 soldats d’active et 3000 réservistes. Objectif atteint de très peu (voir mon post précédent sur le bilan 2024 du recrutement US).

Pour l’année fiscale 2025 (FY 2025), le Corps des Marine Corps s’est fixé comme objectif le recrutement de 29 300 nouveaux soldats d’active soit une hausse de 1 800 hommes et femmes, comme confirmé par le général Bowers, patron du recrutement de l’USMC.

Externaliser la com’

Pour atteindre ses objectifs, l’USMC a de nouveau passé un marché avec une société privée. Il s’agit de Wunderman Thompson LLC, une agence de marketing de New York qui a déjà travaillé avec l’USMC dans le cadre d’un marché d’une valeur de 639 millions de dollars octroyé en 2019. Le nouveau marché a une valeur estimée à 834 millions de dollars.

Voir ici une des vidéos élaborée alors pour le recrutement en 2020.

Et celle de 2021 vraiment orientée « recrutement ».

Enfin, voir ici une autre vidéo (plus dynamique encore, intitulée: « U.S. Marine Corps: Shifting Threats ») conçue en 2022.

Voici l’avis d’attribution du nouveau marché de 5 ans, reconductible pour la même durée:
Wunderman Thompson LLC, Atlanta, Georgia, has been awarded an $834,090,640 contract. This hybrid (firm-fixed-price and cost, indefinite-delivery/indefinite-quantity, single-award) contract is to provide full-service advertising agency support to furnish supplies and services to enhance the Marine Corps’ recruiting efforts. Work will be performed at Atlanta, Georgia, with an expected completion date of December 2029. This contract includes one five-year option period which, if exercised, could bring the cumulative value of this contract to $1,914,649,380. Fiscal 2025 operation and maintenance (Marine Corps) will be obligated at the time of contract award, $10,000 in. This serves as the contract minimum guarantee. All other funding will be made available at the task order level as task orders are awarded. This contract was competitively procured via SAM.gov and seven proposals were received. The Marine Corps Installations Command Contracting Office, Arlington, Virginia, is the contracting activity (M9549425D0001). (Awarded Oct. 31, 2024).

Reportage – Donbass : des populations divisées

Reportage – Donbass : des populations divisées

 Mikhail Tereshchenko/TASS/Sipa USA/38156926/MB/2203141231

par Pierre-Yves Baillet – Revue Conflits – publié le 2 novembre 2024


Depuis 2014, le Donbass est au cœur de la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Les deux belligérants s’affrontent férocement pour le contrôle de ce bassin industriel et minier. Les Ukrainiens clament que les mouvements séparatistes ne sont que des excroissances de Moscou et souhaitent restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie, quant à elle, affirme venir protéger des populations russes d’un régime nazi qui les persécute. Cependant, sur le terrain, la situation est plus complexe que ce qu’affirment Kiev et Moscou. Reportage.

Pierre-Yves Baillet, depuis le Donbass

La région nommée « Donbass » regroupe les oblasts (division administrative de l’ex-URSS) de Louhansk et de Donetsk. Louhansk ou Lougansk a une superficie de près de 27 000 km² et est peuplé d’environ 1 million et demi d’habitants. Pour une superficie équivalente, l’oblast de Donetsk est plus peuplé, il abrite plus de 4 millions d’habitants. Ainsi, avec ses 5 millions d’habitants, le Donbass regroupe à lui seul plus de 11 % de la population ukrainienne. Au siècle précédent, les populations de ces provinces ont connu la colonisation, la déportation, les massacres et l’immigration. En résulte des populations d’origines diverses et aux identités multiples et notamment une importante minorité russe. Selon un recensement de 2001, le Donbass est, après la Crimée, la région d’Ukraine comportant le plus de population d’origine russe. Celles-ci représenteraient environ 39 % de la population totale.

Une région au cœur des tensions

Le changement de régime en Ukraine en février 2014 est engendré par la Révolution de Maïdan. En réponse, des manifestations anti-Maïdan éclatent dans plusieurs villes orientales du pays et plus particulièrement dans le Donbass. « Ces protestations ont été baptisées “Printemps russe” à cause du soutien que leur apporte Moscou. Soutenus par des forces de sécurité russes, les protestataires anti-Maïdan se sont emparés des bâtiments administratifs, dans plusieurs villes ». Le 11 mai de cette même année se tient un référendum qui entraîne la proclamation d’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk (DNR et LNR). En février 2015, les belligérants se retrouvent en Biélorussie pour ratifier les accords de Minsk. Ce traité divise le Donbass en deux zones. La première sous l’autorité ukrainienne et la seconde est contrôlée par les séparatistes pro-russes qui obtiennent 16 000 km (soit 3 % du territoire global) et une bonne partie des ressources minières. Cependant, aucune des parties ne respecte les accords et les combats vont continuer.

Reportage au Donbass (c) Pierre-Yves Baillet

« Nous n’avons pas peur des soldats russes »

L’invasion massive de février 2022 va accentuer les fractures entre les populations du Donbass et engendrer un important exode. Plusieurs associations dont l’ONG ukrainienne Vostok SOS sont chargées d’aider les populations et d’évacuer les civils des zones de combats. Malgré un flux de réfugiés important, les bénévoles sont souvent confrontés à des habitants qui refusent de partir malgré le danger. Certains, notamment les plus âgés, ne sont pas prêts à abandonner le peu de biens qu’ils possèdent. D’autres en revanche attendent l’arrivée de l’armée russe. Depuis le 24 février, les volontaires de Vostok SOS interviennent, mettant leur vie en danger, dans toutes les villes victimes de bombardements. Au mois d’avril, les volontaires prenaient en charge les habitants de Sievierodonetsk et de Lysychantks dont plusieurs milliers ont fait le choix de rester malgré l’intensification des combats et la progression de l’armée russe.

À l’instar d’un habitant de Sievierodonetsk qui, malgré sa maison détruite, déclarait alors « Nous n’avons pas peur des soldats russes. Ce qui nous terrorise, ce sont les bombardements. Ce qui s’est passé à Boutcha ne se passera pas à Sievierodonetsk.[1] » Alors qu’aujourd’hui Sievierodonetsk et Lysychantks sont tombées aux mains des forces armées russes, des cas similaires se répètent dans les villes de Slovianks et de Bakhmut, prochaines cibles de Moscou.

« Ces jours-ci, Severodonetsk subit des lourds bombardements. La ligne de front s’approche, est très proche de la ville. Et nous sommes entrés ici pour faire sortir les gens. Nous avons sauvé environ 20 personnes âgées, des personnes qui avaient vraiment besoin de soins. Oui, nous avons réussi à trouver leurs adresses. Nous les avons pris en voiture pour les faire sortir de la ville qui subit des bombardements quotidiens réguliers et qui est déjà très endommagée. Il y a du verre partout sur les routes. Les câbles des trolleybus pendent comme une toile d’araignée. Ce type de scénario est très mauvais. Les gens devraient vraiment quitter cet endroit, beaucoup le font déjà. Nous sommes ici pour récupérer au moins ces gens qui ne sont pas capables de se déplacer par eux-mêmes et pour les emmener en sécurité. Et oui, c’est ce que nous avons fait aujourd’hui. Nous avons mis 20 personnes en sécurité ici à Sloviansk. »

Reportage au Donbass (c) Pierre-Yves Baillet

« Bandera n’est pas notre héros ».

Depuis plusieurs mois, Mikola et Eduard, deux volontaires de Vostok SOS, ont été confrontés à de nombreux refus et ont même été pris à partie par des locaux. Comme l’explique Eduard, une part non-négligeable de la population dans la région du Donbass, soutient la Russie. Selon lui, c’est le résultat d’un important travail de propagande. Mikola raconte :

« Parfois, notre travail est compliqué. Un jour dans la ville de Siversk, un homme nous a violemment interpellés en nous disant d’arrêter de venir évacuer les gens. Selon lui, nous étions là pour vider la ville de ses habitants. » Eduard ajoute : « Une autre fois, une dame et sa famille ont refusé d’être évacuées, car elle nous disait avoir vu à la télévision que les réfugiés souffraient, qu’ils n’avaient aucun endroit où loger et qu’ils mourraient de faim. Alors que pas du tout, nous leur fournissons tout le nécessaire ! La propagande russe a aussi beaucoup joué sur l’enrôlement forcé. Il est vrai que les hommes ne sont pas autorisés à quitter le territoire, mais c’est normal en temps de guerre et il n’y a jamais eu de problèmes majeurs à cause de cela. Cependant, des familles entières refusent de partir de peur de plus revoir un frère, un père ou un fils. Cela nous pose quelques problèmes, mais nous continuerons d’aider les gens dans le besoin et d’évacuer ceux qui le veulent ! »

Cependant, Eduard confie qu’il est inquiet de certains discours prononcés par les ultranationalistes ukrainiens. Il ne comprend pas pourquoi le russe devrait être interdit.« Pourquoi ne pourrait-on pas avoir deux langues en Ukraine ? Je peux être ukrainien et parler le russe. Je suis ukrainien et fier de l’être, tous les jours je risque ma vie face aux Russes. Nous sommes ukrainiens, mais ici Bandera n’est pas notre héros. »

Reportage au Donbass (c) Pierre-Yves Baillet

Les ressources minérales de l’Ukraine :

L’Ukraine est largement connue comme une puissance agricole. Mais en tant que gisement de matières premières, elle abrite 117 des 120 minéraux et métaux les plus utilisés, ainsi qu’une source importante de combustibles fossiles. Les sites web officiels n’indiquent plus la géolocalisation de ces gisements ; le gouvernement, invoquant la sécurité nationale, les a supprimés au début du printemps. Pourtant, l’analyse de SecDev indique qu’au moins 12 400 milliards de dollars de gisements énergétiques, de métaux et de minéraux ukrainiens sont désormais sous contrôle russe. Ce chiffre représente près de la moitié de la valeur en dollars des 2 209 gisements examinés par l’entreprise. Outre 63 % des gisements de charbon du pays, Moscou s’est emparé de 11 % de ses gisements de pétrole, de 20 % de ses gisements de gaz naturel, de 42 % de ses métaux et de 33 % de ses gisements de terres rares et d’autres minéraux critiques, dont le lithium. La Russie possédait déjà, depuis 2014, la majeure partie des ressources du Donbass.

[1] Les entretiens ont été réalisés entre mars 2022 et juillet 2022

Pour garantir son activité opérationnelle, l’US Navy va prolonger la durée de vie de ses plus anciens destroyers

Pour garantir son activité opérationnelle, l’US Navy va prolonger la durée de vie de ses plus anciens destroyers

https://www.opex360.com/2024/11/02/pour-garantir-son-activite-operationnelle-lus-navy-va-prolonger-la-duree-de-vie-de-ses-plus-anciens-destroyers/


Lancé dans les années 1990 , le programme DD(X) [ou DD21] prévoyait la construction de trente-deux « destroyers » furtifs de nouvelle génération au profit de l’US Navy. Ayant la signature radar d’un bateau de pêche malgré leurs 15 480 tonnes de déplacement ainsi que la capacité de produire assez d’électricité pour alimenter l’équivalent de 78 000 foyers, ces navires devaient révolutionner le combat naval. Seulement, il n’en a rien été : devant la hausse exponentielle des coûts, le Pentagone dut revoir drastiquement ses ambitions à la baisse… Et seulement trois unités ont été construites.

Dans le même temps, le programme LCS [Littoral Combat Ship], censé doter l’US Navy de cinquante-deux navires rapides et polyvalents grâce à l’intégration de « modules de mission » en fonction des tâches qu’ils devaient accomplir, s’est aussi soldé par un échec cuisant… Au point que certaines unités ont été désarmées seulement cinq ans après avoir été admises au service actif.

D’où le programme « Constellation », lancé afin de remplacer les LCS [surnommés Little Crappy Ships] par des navires conçus selon le modèle de la frégate multimissions [FREMM] italienne. Seulement, la prise en compte de nouvelles exigences fait que la construction de ces nouveaux navires [six ont été commandés à ce jour] accumule les retards.

Si le remplacement des LCS est prévu, il en va de même pour les « destroyers » appartenant à la classe Arleigh Burke, dont les premières unités [version Flight 1] ont été admise au service dans les années 1990, ainsi que pour les croiseurs de type Ticonderoga. Pour cela, le Pentagone a lancé le programme DDG[X], avec l’objectif de disposer d’un premier navire à l’horizon 2032.

Seulement, l’US Navy est contrainte de désarmer certains de ses navires sans pouvoir les remplacer dans l’immédiat. Tel est le cas des LCS mais aussi celui des croiseurs de type Ticonderoga, dont il ne reste plus que huit exemplaires en service sur les vingt-sept construits. En outre, les difficultés que rencontre actuellement l’industrie navale américaine ne sont pas sans conséquences sur la disponibilité technique de ses bateaux.

Enfin, la marine américaine doit financer d’autres programmes tout aussi importants, comme son futur avion de combat embarqué ou encore son sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] de nouvelle génération, etc.

Résultat : la flotte de navires de premier rang diminue progressivement, alors que l’activité opérationnelle, déjà très importante, pourrait s’intensifier si la situation dans la région Indopacifique venait à se dégrader.

Dans ces conditions, l’une des solutions consisterait à prolonger la durée de vie de certains navires. Et c’est d’ailleurs ce qu’a annoncé l’US Navy, le 31 octobre.

Ainsi, devant être désarmés entre 2028 et 2032, douze « destroyers » sur les vingt-et-un que compte la série « Arleigh Burke Flight 1 », joueront les prolongations. Cette décision a été prise en fonction de l’état des navires concernés ainsi que sur la faisabilité de leurs mises à niveau.

« Le contexte budgétaire actuel contraint la Marine à faire des investissements prioritaires pour garder plus de joueurs prêts sur le terrain. La Marine tire activement les bons leviers pour maintenir et développer ses forces de combat afin de soutenir les intérêts mondiaux des États-Unis […] et de remporter une victoire décisive en cas de conflit », a fait valoir Mme l’amiral Lisa Franchetti, la cheffe des opérations navales [CNO, c’est-à-dire de l’US Navy, ndlr].

Tous les « destroyers » de type Arleigh Burke Flight I ne seront pas logés à la même enseigne. Ainsi, la durée de vie des USS Stethem et USS Carney ne sera prolongée que d’un an. Il est question d’aller jusqu’à trois ans pour les USS Barry et USS The Sullivans. Enfin, les USS John Paul Jones, Curtis Wilbur, Stout, John S. McCain, Laboon, Paul Hamilton, Gonzalez et Cole seront maintenus en service pendant cinq années de plus.

À noter que l’US Navy avait précédemment décidé de prolonger les USS Arleigh Burke, USS Mitscher, USS Milius, USS Ramage et USS Benfold. Le désarmement des USS Russell, USS Fitzgerald, USS Hopper et USS Ross devrait se faire comme prévu.

« La prolongation de ces ‘destroyers’ hautement performants et bien entretenus renforcera encore nos moyens alors que de nouveaux navires de guerre en construction rejoindront la flotte », a commenté Carlos Del Toro, le secrétaire de l’US Navy. « Cela témoigne également de leur rôle durable dans la projection de puissance à l’échelle mondiale et de leur capacité avérée à se défendre […] contre les attaques de missiles et de drones » comme l’a montré leur engagement en mer Rouge, a-t-il ajouté.

Rapport Niinistö : « Plus sûrs ensemble : renforcer la préparation et l’état de préparation civils et militaires de l’Europe »

Rapport Niinistö : « Plus sûrs ensemble : renforcer la préparation et l’état de préparation civils et militaires de l’Europe »

par Giuseppe Gagliano* –  CF2R – NOTE D’ACTUALITÉ N°657 / octobre 2024

https://cf2r.org/actualite/rapport-niinisto-plus-surs-ensemble-renforcer-la-preparation-et-letat-de-preparation-civils-et-militaires-de-leurope/

*Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie). Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R.


Le récent rapport de Sauli Niinistö, ancien président de la Finlande, commandé par Ursula von der Leyen pour évaluer la préparation de l’Union européenne face aux crises et aux conflits, dessine une vision qui pourrait représenter un tournant politique, stratégique et en matière de renseignement pour l’Union européenne.

Politiquement, la proposition de créer un service de renseignement européen démontre une reconnaissance croissante au sein de l’UE de la nécessité de construire une défense intégrée et autonome, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des États membres et des alliés étrangers, en particulier les États-Unis. La demande d’une structure de renseignement unifiée répond au besoin de défendre le territoire européen contre des menaces internes et externes de manière plus efficace, améliorant la capacité de réponse collective. Cependant, l’idée d’une agence de renseignement centralisée se heurte aux préoccupations de certains États membres, qui pourraient craindre une perte de souveraineté concernant leurs capacités de renseignement et leur sécurité nationale.

D’un point de vue stratégique, la proposition de Niinistö arrive à un moment crucial, avec le conflit en Ukraine qui continue de menacer la stabilité de tout le continent et les activités russes qui demeurent une menace pour les États membres de l’UE. La Russie a intensifié ses opérations de renseignement et de sabotage dans les pays de l’Union, profitant de la fragmentation des réponses des différents pays. Dans ce contexte, la création d’une agence de renseignement européenne pourrait non seulement améliorer le flux d’informations entre les États membres, mais aussi renforcer la résilience contre les attaques informatiques, les sabotages d’infrastructures critiques et les opérations clandestines. La proposition d’un système « anti-sabotage » mentionnée par Niinistö, visant à protéger les infrastructures essentielles, montre comment l’UE évolue vers un concept de défense plus large, qui ne concerne pas seulement la dimension militaire mais aussi la sauvegarde des ressources et des réseaux internes. La guerre en Ukraine a clairement montré la vulnérabilité des infrastructures critiques, comme les gazoducs et les réseaux de communication sous-marins, incitant l’UE à adopter une approche proactive pour éviter d’autres perturbations et interruptions à l’avenir.

Du point de vue du renseignement, le projet de Niinistö s’inspire probablement des modèles déjà utilisés par les alliés occidentaux, comme le réseau des « Five Eyes » entre les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui partagent largement le renseignement pour coordonner leur protection. Bien que l’UE dispose déjà de mécanismes de partage d’informations entre les États membres, l’établissement d’une agence de renseignement pleinement opérationnelle représenterait un changement de paradigme, en consolidant et en standardisant les processus de collecte, d’analyse et de diffusion des informations. Niinistö souligne également la nécessité de renforcer le contre-espionnage au sein des institutions européennes, notamment à Bruxelles, ville devenue un point central pour les opérations de renseignement de nombreuses puissances étrangères, en particulier russes, en raison de la présence des institutions communautaires et d’ambassades. La recommandation d’un service de renseignement européen vise donc non seulement à protéger les citoyens et les infrastructures de l’UE, mais aussi à garantir l’intégrité et la sécurité de ses propres institutions.

Les propos de Niinistö reflètent le besoin croissant de confiance et de coopération entre les États membres, essentiel pour faire face efficacement aux menaces modernes. Cependant, il existe un scepticisme quant à la possibilité de mettre en place une véritable agence de renseignement européenne, car certains États membres considèrent le partage de renseignement comme une question de souveraineté nationale. Von der Leyen a déjà reconnu que la collecte de renseignement est traditionnellement une prérogative des États nationaux, et de nombreux pays pourraient voir d’un mauvais œil une entité supranationale traitant de questions aussi sensibles. Cette réticence souligne une fois de plus les limites de l’UE à surmonter les barrières nationales dans des domaines clés de la sécurité et de la défense, et montre que, bien qu’il y ait une vision claire de renforcement de l’autonomie stratégique, la réaliser sera loin d’être simple. En définitive, le rapport de Niinistö pose les bases d’une discussion critique et nécessaire sur l’autonomie stratégique de l’UE, dans un contexte mondial où la coopération entre les États européens sera cruciale pour faire face aux défis de sécurité posés par les puissances rivales.

Le rapport de Sauli Niinistö et la proposition de créer une agence de renseignement unique au niveau européen offrent de nombreux sujets de réflexion. D’une part, les avantages de cette initiative sont évidents : une agence de renseignement centralisée permettrait à l’Union européenne de répondre de manière plus coordonnée et rapide aux menaces communes, telles que le terrorisme, le sabotage et les opérations d’espionnage. Une structure unifiée pourrait réduire la fragmentation des informations entre les différents services nationaux, garantissant un flux plus rapide et fiable de données stratégiques et opérationnelles. Cela permettrait aux États membres de prendre des décisions éclairées et fondées sur la base de renseignements complets et partagés. Une agence unique pourrait également renforcer la sécurité des institutions européennes, notamment à Bruxelles. En outre, une initiative de ce type représenterait un pas en avant vers l’autonomie stratégique de l’UE, réduisant en partie la dépendance aux informations provenant d’alliés extérieurs, notamment des États-Unis.

Cependant, les inconvénients sont tout aussi importants. Tout d’abord, il existe un problème de confiance : de nombreux États membres pourraient hésiter à partager intégralement leurs informations avec une entité supranationale, craignant des fuites de données ou la possibilité que des informations sensibles tombent entre de mauvaises mains. La tradition historique des services de renseignement nationaux, considérés comme un symbole de souveraineté et de sécurité, pourrait se heurter à l’idée de céder un pouvoir décisionnel et opérationnel à une agence centrale européenne. De plus, la création d’une agence de renseignement commune pourrait ne pas garantir pleinement l’indépendance de l’UE vis-à-vis de l’influence américaine. Au contraire, une structure de renseignement centralisée pourrait faciliter le conditionnement extérieur, car les États-Unis pourraient chercher à établir des relations privilégiées avec l’agence européenne pour garder le contrôle d’informations sensibles et orienter les choix politiques et de sécurité européens. La force de l’alliance transatlantique, consacrée par des décennies de collaboration et de liens économiques et militaires, rendrait difficile pour l’UE de se libérer complètement de l’influence de Washington, qui pourrait exercer des pressions ou accéder indirectement aux informations recueillies par l’agence européenne à travers des accords ou des partenariats bilatéraux.

En définitive, la création d’une agence de renseignement unique pourrait représenter un progrès important pour la sécurité européenne, mais générer également des complexités importantes qui ne doivent pas être sous-estimées. Pour atteindre une véritable indépendance stratégique, l’UE devrait non seulement développer une structure opérationnelle centralisée, mais aussi garantir une protection adéquate contre les interférences extérieures, en maintenant une gestion autonome et confidentielle de ses propres informations. Le succès de ce projet dépendra de la capacité de l’UE à construire une agence qui sache combiner efficacement collaboration et confidentialité, en respectant les souverainetés nationales et en résistant aux possibles conditionnements extérieurs, afin que l’Europe puisse véritablement consolider son rôle d’acteur indépendant et stratégiquement autonome sur la scène internationale.

SNU : le gouvernement refuse de lâcher la corde !

SNU : le gouvernement refuse de lâcher la corde !

Par Axelle Ker – armees.com –  Publié le 31 octobre 2024

SNU : le gouvernement refuse de lâcher la corde ! – © Armees.com

Conflit en cours : malgré le vote de l’Assemblée nationale et du Sénat en faveur de la suppression du SNU le 30 octobre 2024, le gouvernement reste ferme. Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, a réaffirmé la volonté de l’exécutif de maintenir ce programme.

Le gouvernement défend le SNU

Le Service National Universel (SNU), un programme lancé en 2019 par le gouvernement d’Emmanuel Macron, fait aujourd’hui face à une résistance marquée au sein de la chambre basse et de la chambre haute. Malgré les votes de suppression du budget alloué au SNU par l’Assemblée nationale et le Sénat, mercredi 30 octobre 2024, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a déclaré, à la suite du Conseil des ministres que le gouvernement « ne souhaite pas supprimer le service national universel ».

Celle-ci a néanmoins reconnu, au nom du gouvernement les limitations budgétaires qui empêchent sa généralisation prévue pour 2026. « Il y a probablement nécessité de réinterroger le dispositif tel qu’il est conçu aujourd’hui. Il y a une partie du dispositif qui fonctionne très bien, d’autres qui peuvent peut-être être remis sur la table », précise la porte-parole du gouvernement.

Un « gadget présidentiel » trop couteux

C’est surtout le coût du service national universel qui est à l’origine des réticences des députés et des sénateurs, mais aussi ses résultats. Selon les estimations du rapport de la Cour des comptes de septembre 2024, la généralisation du SNU, soit pour 850 000 jeunes chaque année, coûterait entre 3,5 et 5 milliards d’euros annuellement.

Des projections qui ont suscité de vives critiques de la part de certains parlementaires, et cela, d’autant en raison du contexte d’austérité auquel doit faire face la France.  Le Pierrick Courbon (socialiste) notamment, dénonce pour sa part une « hérésie budgétaire ». Même tonalité du côté du sénateur socialiste Éric Jeansannetas qui considère qu’après cinq ans d’expérimentation, « il n’apparaît pas que le SNU apporte une plus-value suffisante […] pour justifier la poursuite de son déploiement ». La critique se fait encore plus vive pour Jean-Claude Raux, député écologiste, qui voit le SNU comme un « gadget présidentiel » qui « ne marche pas » et « coûte cher ».

Vers un abandon de la généralisation prévue pour 2026

Malgré les promesses faites par Gabriel Attal, ex-Premier ministre, de généraliser le SNU d’ici à 2026, les résultats du programme sont en deçà des attentes gouvernementales : en 2023, celui-ci affiche 28 % de désistements. Gil Avérous, ministre des Sports et de la Jeunesse, l’avait d’ailleurs admis, lundi 28 octobre 2024, au micro de Sud Radio : « En 2025, il ne le sera pas, en 2026 j’imagine mal qu’il puisse l’être. »

Les chiffres le confirment : bien que l’objectif pour 2025 soit de 66 000 jeunes, seuls 35 700 se sont engagés dans le programme jusqu’à présent. Les crédits budgétaires, initialement fixés à 130 millions d’euros, ont été ramenés à 80 millions d’euros en raison des contraintes financières. Discutés dans les deux chambres, les votes des commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, le 30 octobre 2024, ont pourvu de réaffecter les 130 millions d’euros initialement prévus pour le SNU vers le secteur du sport.


Axelle Ker
Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

La France aurait proposé de vendre 24 Rafale au Brésil

La France aurait proposé de vendre 24 Rafale au Brésil

https://www.opex360.com/2024/11/01/la-france-aurait-propose-de-vendre-24-rafale-au-bresil/


Depuis les années 2000, marquées par la vente de cinquante hélicoptères de manœuvre Super Cougar et celle de quatre sous-marins Scorpène, l’industrie française de l’armement est à la peine au Brésil.

Ainsi, la Force aérienne brésilienne [Força Aérea Brasileira, FAB] a préféré le JAS-39 Gripen E/F du suédois Saab au Rafale de Dassault Aviation, dans des conditions ayant donné matière à maintes controverses.

Plus récemment, le CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie] de KNDS France a perdu un appel d’offres lancé par l’armée brésilienne [Exército Brasileiro] pour se procurer trente-six obusiers automoteurs, celle-ci ayant choisi l’ATMOS 2000 du groupe israélien Elbit Systems. Cependant, la procédure d’acquisition n’est pas encore finalisée en raison de considérations politiques et judiciaires.

Pour autant, la partie française ne désespère pas… Et elle entend profiter du prochain sommet du G20, qui se tiendra à Rio de Janeiro, les 18 et 19 novembre, pour pousser ses pions. Du moins, c’est ce qu’affirme le journaliste brésilien Claudio Dantas.

En effet, selon ses informations, Paris aurait proposé de vendre à Brasilia cinquante hélicoptères H145 [proposés par Airbus Helicopters], trente-six CAESAr, un cinquième Scorpène et… vingt-quatre Rafale. En outre, un transfert de technologie concernant la chaufferie du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] souhaité par la marine brésilienne [Marinha do Brasil] dans le cadre du programme Prosub est toujours sur la table. Pour rappel, il avait été évoqué par le président Macron lors d’une visite officielle au Brésil, en mars dernier.

À cette occasion, le locataire de l’Élysée avait plaidé pour renforcer significativement la coopération entre la France et le Brésil dans le domaine militaire.

« Je veux qu’à vos côtés nous puissions continuer le formidable travail qui a été mené dans la cadre de la production des hélicoptères. Regardons aussi d’autres champs, des tourelles de combat aux satellites et à l’espace, qui doit être, là aussi, un instrument de coopération concrète. […] Nous avons là aussi à bâtir des coopérations technologiques […] pour l’intérêt de nos pays », avait en effet déclaré M. Macron, lors du lancement du Toneloro, le troisième sous-marin de type Scorpène de la Marinha do Brasil.

Et d’insister : « Et qui sait ? Au-delà de ces sous-marins, d’avoir d’autres équipements et d’avoir peut-être, pour fêter dans quelques années le sous-marin à propulsion nucléaire que vous aurez bâti […], avoir des Rafale qui passeront demain car nous aurons aussi, sur ce sujet, su bâtir une coopération nouvelle ».

Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que la Força Aérea Brasileira souhaite acquérir des avions de combat supplémentaires afin de compléter sa flotte de J-39 Gripen E/F [70 exemplaires prévus, au total]. Ces appareils remplaceraient ainsi une partie de ses F-5 Tiger II ainsi que ses chasseurs légers AMX, soit une quarantaine d’avions au total.

Cependant, d’autres pays lorgnent sur ce marché. C’est ainsi le cas de l’Inde, qui propose le HAL Tejas, en mettant dans la balance un possible achat massif d’avions de transport C-390 « Millenium » auprès du constructeur brésilien Embraer. C’est aussi celui de l’Italie, qui, à l’occasion du G20, devrait remettre une proposition portant sur la vente de trente M346 « Master », un chasseur léger développé par Leonardo. Enfin, le T-7A Red Hawk , produit par Boeing et Saab, serait également sur les rangs.

L’avenir du char français reste dans le collimateur des parlementaires

L’avenir du char français reste dans le collimateur des parlementaires


L’exercice est devenu récurrent. Chaque discussion budgétaire est propice à la remise en cause du projet franco-allemand de système de combat terrestre principal (MGCS) et aux interrogations quant à la pérennité du char Leclerc. L’examen du budget 2025 par la commission défense de l’Assemblée nationale n’y fait pas exception, nouvelle salve d’amendements infructueux à la clef. 

Caramba, encore raté. Une poignée d’amendements portant sur l’avenir de la fonction char ont été déposés par des groupes parlementaires n’ayant jamais fait mystère de leur opposition vis-à-vis des projets capacitaires franco-allemands. Si tous ont été rejetés, certains avaient au moins le mérite de dépasser l’habituel abandon du MGCS ou l’adoption de l’EMBT – un objet… franco-allemand – pour miser davantage sur l’évolution du char Leclerc. 

Entre autres tentatives, celle proposée par le Rassemblement national pour une solution de transition basée sur le Leclerc Evolution, une variante embarquant un canon ASCALON de 120 mm et plusieurs nouvelles briques de protection. L’acquisition en 2025 de six exemplaires, au coût unitaire estimé à 8 M€, aurait permis selon le RN « de consacrer l’évolution du Leclerc et son exportation, au même titre que l’évolution du char allemand Leopard, dont les nouveaux modèles sont déjà exportés en Europe, en attendant que le MGCS ne les remplace tous les deux ». 

L’ambition était moindre dans des socialistes focalisés sur la survivabilité du Leclerc rénové face aux armements antichars, à commencer par les munitions téléopérées. « La vulnérabilité liée à l’absence de dispositifs tactiques de protection contre ces attaques est plus que significative et pourrait entrainer, sans une réponse matérielle adaptée, une incapacité opérationnelle de nos unités blindées », ont observé les députés LFI-NFP. Essentiellement symbolique, la proposition trouve en réalité un écho dans une double démarche conduite de longue date par la Direction générale de l’armement. Ce sont les programmes d’auto-protection soft-kill et hard-kill PRONOÏA et PROMETEUS portés par Lacroix Defense d’un côté et par Thales et KNDS France de l’autre. 

« Les besoins militaires de l’armée de Terre nous ont bien indiqué lors des auditions que les forces terrestres ne souhaitent pas d’un char Leclerc amélioré », rappelait Isabelle Santiago, rapporteur pour avis sur la préparation et l’emploi des forces terrestres. Si « il faut redonner les moyens de pérenniser, de moderniser le char Leclerc pour le faire durer jusqu’en 2040-2045 », la députée socialiste rappelle que « l’enjeu consiste à ne pas rater la marche du changement de génération en consacrant des ressources à un modèle intermédiaire ». 

« Nous sommes un certain nombre à partager un intérêt pour soutenir les évolutions du char Leclerc, notamment pour que nos industriels soient en capacité de proposer des solutions innovantes mais plutôt en vue du char MGCS », relativisait pour sa part le rapporteur pour avis du programme 146, François Cormier-Bouligeon. « Ce qui compte, c’est d’investir dans les briques », des briques aujourd’hui conjointes mais qui pourront aussi venir alimenter un éventuel programme alternatif, notait-il.

Surtout, certaines idées se heurtent désormais au mur de l’austérité budgétaire. « Je ne suis pas certain que nous soyons en capacité les uns et les autres, mais à commencer par nous, de développer des solutions souveraines », admettait le député Renaissance. Les crédits prévus en loi de programmation militaires se concentrent, du moins en surface, sur les études relatives au MGCS et sur les efforts de rénovation et de pérennisation du Leclerc, tous deux lancés en amont. Et si le ministère des Armées envisageait sa trajectoire budgétaire comme un socle éventuellement renforcé par des crédits nouveaux, ce scénario paraît maintenant bien moins probable au vu de l’état de santé des finances publiques et des restrictions imposées à d’autres. À enveloppe fermée, tout changement de direction risquera de peser sur d’autres lignes tout autant urgentes. La coopération européenne reste donc le seul horizon, en attendant le point d’étape sur le projet franco-allemand promis par le ministre des Armées pour l’an prochain.

SNU : le Parlement supprime le financement, la fin est proche

SNU : le Parlement supprime le financement, la fin est proche

Par Paolo Garoscio – armees.com –  Publié le 31 octobre 2024

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snu-financement-suppression-senat-budget-echec-macron – © Armees.com

La suppression des crédits alloués au Service National Universel (SNU) dans le cadre du budget 2025 est un signal fort qui marque une rupture nette dans les ambitions initiales du gouvernement. Créé pour renforcer la cohésion nationale, ce dispositif, pourtant inscrit dans les promesses de campagne d’Emmanuel Macron, semble aujourd’hui pris dans les mailles de l’austérité. Le SNU, critiqué pour son coût et son efficacité limitée, pourrait bien disparaître.

Le SNU : un projet qui n’a jamais fonctionné

Le Service National Universel est né en 2019, conçu comme un prolongement du service militaire traditionnel, bien que strictement civil et volontaire dans sa forme initiale. Structuré autour d’un séjour de cohésion et d’une mission d’intérêt général, le SNU vise à inculquer aux jeunes des valeurs de discipline, de solidarité et de respect de l’autorité. Dans cette logique, le port de l’uniforme et la levée des couleurs, éléments symboliques du dispositif, se veulent un écho à l’héritage militaire et républicain français.

Cependant, la Cour des comptes, dans son rapport de septembre 2024, pointe une série d’écueils : un coût sous-évalué, estimé entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an, et des objectifs flous qui mettent en question sa légitimité. Ces critiques posent une question essentielle : dans quelle mesure le SNU peut-il véritablement combler le fossé entre les aspirations civiques et les exigences budgétaires de l’État ?

L’austérité face au SNU : une question de priorités financières

Le ministre des Sports et de la Jeunesse, Gil Avérous, a admis le 28 octobre 2024 l’impossibilité de généraliser le SNU pour des raisons budgétaires, soulignant ainsi les limitations financières d’un projet ambitieux mais coûteux. Cette déclaration trouve écho dans le contexte actuel, où le budget fait face à une pression accrue, alors que les priorités stratégiques se tournent vers la modernisation des forces et la préparation aux défis géopolitiques.

En comparaison, l’efficacité perçue du SNU semble décalée des besoins opérationnels et de la formation civique des jeunes, d’autant plus que les bénéfices attendus sont jugés insuffisants. « Pour l’instant, en 2025, j’ai les crédits du même montant que 2024 », déclarait Gil Avérous sur Sud Radio, traduisant une vision de plus en plus restrictive de l’État vis-à-vis de ce dispositif. Des crédits qui ne permettent d’accueillir que 64.000 jeunes… niveau jamais atteint par le simple volontariat.

La suppression des crédits par le Sénat : vers une fin du SNU ?

La commission des Finances du Sénat a acté, le 30 octobre, une décision plutôt attendue en faveur de la suppression des crédits du SNU. Les sénateurs, parmi lesquels Éric Jeansannetas, rapporteur des crédits de la Jeunesse, remettent en question la pertinence d’un programme jugé trop onéreux et peu efficace. Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, un amendement visant à réduire les crédits alloués au SNU de 100 millions d’euros a ainsi été adopté à une large majorité.

Pour les sénateurs, le dispositif peine à démontrer sa valeur ajoutée par rapport aux autres politiques d’engagement des jeunes. Jeansannetas a notamment déclaré : « Les objectifs font du surplace », ajoutant que le projet de généralisation du SNU à une classe d’âge entière paraît désormais « hors d’actualité ».

La fin du SNU : quelles conséquences pour l’engagement civique et la Défense ?

Si la suppression du SNU devient définitive, ce sera la fin d’un projet d’éducation civique, pourtant perçu comme un pont entre les valeurs militaires et civiques. Le retrait du SNU soulève de fait des questions sur la manière dont la France compte renforcer l’engagement de ses jeunes en l’absence de cet outil. Le service civique, bien qu’efficace, suffira-t-il pour combler les attentes des jeunes et des responsables politiques ?

Reste que le vote en Commission pourrait être contrebalancé lors des votes définitifs, surtout si Michel Barnier déclenche un 49.3 pour faire adopter le Budget 2025 par la force. Un scénario qui devient chaque jour plus plausible…


Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Chuteur ops, commandant de SR, patron du GIGN, DOE : le parcours d’Hubert Bonneau, nouveau chef des gendarmes

Chuteur ops, commandant de SR, patron du GIGN, DOE : le parcours d’Hubert Bonneau, nouveau chef des gendarmes

Le général de corps d’armée Hubert Bonneau, a été choisi ce jeudi 31 octobre en conseil des ministres pour diriger la Gendarmerie au terme d’un long processus de nomination et d’un inédit intérim officiel de plus d’un mois assuré par le major général, le général de corps d’armée André Pétillot.

Le commandant de la région de Gendarmerie Bretagne et de la Gendarmerie pour la zone de sécurité ouest depuis janvier 2023 sera en effet le nouveau chef des gendarmes à compter du lundi 4 novembre prochain. Il était en “finale” avec le général de corps d’armée Xavier Ducept, 57 ans, commandant de la région Île-de-France et la Gendarmerie pour la zone de sécurité Île-de-France, et commandant des forces de Gendarmerie (ComForgend) pendant les Jeux Olympiques et paralympiques. Deux autres généraux avaient été sélectionnés au sein du casting proposé au nouveau ministre de l’Intérieur, les généraux de corps d’armée Bruno Arviset, directeur des ressources humaines, 56 ans, et Tony Mouchet, 54 ans, directeur des opérations et de l’emploi.

Retour sur le parcours atypique de celui qui est le premier directeur général ayant commandé une section de recherches et possédant la rare qualification de chuteur opérationnel. S’il est, après le général Denis Favier le deuxième ancien commandant du GIGN à accéder à la fonction suprême de DDGN, il est le premier ancien de l’escadron parachutiste d’intervention de la Gendarmerie (EPIGN), qu’il a commandé (dissous en 2007 et dont les personnels ont été intégrés dans le nouveau GIGN).

Ancien du lycée naval de Brest

Né en décembre 1966 à Brest, scolarisé au lycée naval de Brest, il intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en 1986, promotion Général Callies, après deux ans de corniche au Prytanée national militaire de La Flèche.

À l’issue de Saint-Cyr, il choisit la Gendarmerie. À sa sortie de l’EOGN, en 1990, il commande le peloton d’intervention de l’escadron de gendarmerie mobile de Luçon (Vendée) avant de rejoindre en 1991 l’EPIGN comme adjoint au chef de l’unité. Il y obtient sa qualification de chuteur opérationnel et, en 1995, commande cet escadron. En 1998, il commande la compagnie de Papeete (Polynésie française) puis rejoint l’EOGN comme instructeur en 200 avant d’intégrer l’École de guerre en 2003. Il commande alors la section de recherches de Rennes de 2004 à 2007 puis prend la tête du groupement de gendarmerie départementale de la Corse-du-Sud en 2007.

Chef du GIGN

En 2011, il retrouve le GIGN comme commandant en second avant d’en prendre la tête en septembre 2014.

Il est à la tête de la prestigieuses unité d’élite lors de l’assaut de l’imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) le 9 janvier 2015 contre Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l’attentat de Charlie Hebdo, commis deux jours tôt. Promu général en 2016, il devient avril 2017 directeur de la sécurité diplomatique au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En avril 2020, il rejoint pour la première fois de sa carrière la Direction générale pour prendre le poste stratégique de directeur des opérations et de l’emploi.

En janvier 2023, il est soudainement nommé à la tête de la région de Gendarmerie Bretagne et commandant de la Gendarmerie pour la zone de sécurité ouest.

Absent de la “short-list” proposée à l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le général Hubert Bonneau est revenu dans la course avec Bruno Retailleau et a été choisi, une décision validée par le Premier ministre, le ministre des armées et in fine, le président de la République.

Homme de terrain, il pourra compter sur l’appui du major général, le général de corps d’armée André Petillot et ses deux adjoints, les généraux de corps d’armée Pierre Casaubieilh et de division Frédéric Boudier.