Pour l’US Marine Corps, les pertes russes en Ukraine justifient l’abandon de ses chars M1A2 Abrams

Pour l’US Marine Corps, les pertes russes en Ukraine justifient l’abandon de ses chars M1A2 Abrams

 

 

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 10 mai 2022

http://www.opex360.com/2022/05/10/pour-lus-marine-corps-les-pertes-russes-en-ukraine-justifient-labandon-de-ses-chars-m1a2-abrams/


Dévoilé en mars 2020 et faisant régulièrement l’objet de mises à jour, le plan « Force Design 2030 » vise à restructurer d’une manière radicale l’US Marine Corps, afin de permettre à celui-ci de disposer d’unités plus légères et réactives. L’objectif est de « se concentrer sur la guerre maritime, en refusant l’utilisation des mers aux adversaires et en garantissant la liberté d’action des forces américaines », en particulier en Indo-Pacifique. En clair, il s’agit avant tout de contrer les visées chinoises dans la région.

Aussi, ce plan prévoit une réduction des effectifs de l’USMC [ainsi que, paradoxalement, leur fidélisation, l’idée étant de disposer de combattants expérimentés] et la suppression de capacités « traditionnelles » jugées « trop lourdes », tout en misant sur de nouvelles capacités reposant sur des technologies émergentes.

L’une des mesures emblématiques de ce plan est la dissolution des unités mettant en oeuvre des chars lourds M1A2 Abrams, ceux-ci étant jugés inadaptés pour reprendre de vive force des îles tombées aux mains de l’Armée populaire de libération [APL] chinoise. Un tournant pour l’USMC qui se dota pour la première fois de chars en 1923 [des Renault FT en l’occurrence, ndlr].

Cependant, cette restructuration n’est pas du goût de tout le monde. Et trois anciens officiers de premier plan de l’USMC, dont le général Charles Krulak [qui en fut le commandant entre 1995 et 1999], le général John Sheehan [ex-Commandant suprême allié de l’Atlantique ou SACLANT] et le général Anthony Zinni [ex-chef de l’US CENTCOM], en ont dit tout le mal qu’ils en pensaient dans une tribune publiée par le Washington Post en avril dernier.

« Le plan reflète certaines notions erronées sur l’avenir de la guerre. En termes simples, c’est de la folie de miser sur la technologie qui nous permettrait de mener des batailles à distance. La guerre est inévitablement une sale affaire, et la guerre en Ukraine est un exemple de ce que nous pourrions rencontrer à l’avenir. La technologie n’a pas éliminé le besoin en capacités d’artillerie et de blindés », ont-ils ainsi fait valoir.

Et d’insister : « La guerre est aussi souvent inattendue : Force Design 2030 prépare les Marines à un ensemble restreint de conflits possibles – mais le monde pourrait tout aussi bien nous lancer une balle courbe [une référence à un type de lancer au base ball, ndlr]. Les menaces à la sécurité mondiale sont à la fois variées et étendues, et elles ne se limitent pas à la Chine et à la Russie. La Corée du Nord, l’Iran et des acteurs non étatiques du monde entier ont le potentiel de transformer les tensions et les désaccords en conflits. »

En outre, ces trois généraux ont aussi mis en doute l’affirmation selon laquelle les unités légères de Marines décrites dans le plan puissent rester discrètes alors qu’elles auront à se déplacer, à se réapprovisionner et à communiquer avec le commandement. Cela « ne tient pas compte tenue de la technologie dont dispose la Chine. Dès que les hostilités commenceront, il va de soi que l’ennemi les visera avec une force écrasante », ont-ils estimé.

Enfin, « placer de petits groupes de Marines sur des îles pour attendre que les navires ennemis passent à leur portée n’est pas une innovation. Réduire les capacités de combat importantes qui peuvent être nécessaires dans tous les théâtres pour développer des capacités douteuses sur un théâtre n’est pas une innovation », ont conclu ces trois anciens généraux de l’USMC.

Pour autant, ceux qui ont concocté ce plan de transformation voient dans la guerre ukraine la confirmation de leurs intuitions. Tel est le cas du général Karsten Heckl, le commandant adjoint de l’USMC, qui s’en est récemment expliqué lors d’une intervention devant le le Center for International and Strategic Studies et l’US Naval Institute.

S’agissant des chars Abrams, « je n’en vois tout simplement pas le besoin » [en Indo-Pacifique], a affirmé le général Heckl. « Et quand vous considérez l’environnement opérationnel dans cette région, où voyez-vous que les chars peuvent être utiles? Taïwan? Ok. Où d’autres? », a-t-il ensuite demandé.

« Les chars sont, comme on l’a vu avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont d’énormes besoins en carburant. Nous avons appris, il y a longtemps, en Irak et en Afghanistan, que les camions-citernes sont des cibles. Nous devons trouver les moyens de réduire notre dépendance car c’est maintenant une faiblesse. C’est devenu une vulnérabilité importante », a justifié le général Heckl, en faisant allusion aux problèmes rencontrés par les blindés russes face aux forces ukrainiennes.

En effet, des centaines de chars russes, principalement des T-72, ont été détruits ou capturés quand d’autres ont été abandonnés sur le terrain, faute d’essence [et une chaîne logistique défectueuse]. Cela étant, et au-delà de l’efficacité des missiles anti-chars fournis aux Ukrainiens, le T-72 a un point faible : les obus qu’il transporte sont stockés « en collier », au niveau de sa tourelle, là même où la protection est minimale…

Cependant, l’USMC aura toujours besoin de blindés… Et même s’il pourra éventuellement compter sur les Abrams de US Army dans le cadre d’une manœuvre interarmées, il mise sur le véhicule blindé amphibie ACV-30, lequel doit remplacer les AAV, dont l’emploi a été restreint après un accident qui a coûté la vie à huit des siens ainsi qu’à un membre de l’US Navy, en juillet 2020.

Quoi qu’il en soit, le char de combat a régulièrement été remis en cause depuis son apparition sur le champ de bataille, durant la Première Guerre Mondiale…. Mais ses détracteurs n’ont jamais eu gain de cause jusqu’ici. Cependant, les pertes subies par les forces russes en Ukraine ont rouvert le débat, alors qu’il faudrait sans doute considérer les déficiences de ces dernières… Ainsi que celles des engins qu’elles utilisent… D’ailleurs, les Philippines viennent à nouveau de se doter d’un bataillon de chars – légers – de type Sabrah, conçu par Elbit Systems.

33 sites pour stocker le matériel de guerre prépositionné par le Pentagone

33 sites pour stocker le matériel de guerre prépositionné par le Pentagone

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 29 novembre 2021

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L’annonce britannique de l’envoi des matériels d’une brigade blindés en Allemagne m’incite à refaire le point sur les fameux “pre-positioned war reserve materiel” (PWRM) américains. On lira ici un document doctrinal US sur ces stocks.

Ces stocks prépositionnés d’armement, munitions, carburant, véhicules (comme ces 650 JLTV en Allemagne, photo ci-dessus) et pièces de rechange constituent un des trois vecteurs de renforcement US avec les vecteurs aériens et maritimes qui permettent d’acheminer hommes et équipements sur des théâtres d’opération et d’y renforcer les moyens déjà déployés. 

Actuellement, il existe 33 sites de PWRM comme le montre cette carte du CRS:

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L’USMC en dispose de trois dont un en Norvège et deux embarqués dans les navires des maritime prepositioning ship squadrons (un MPSRON dans l’océan Indien, l’autre dans le Pacifique).

L’US Army dispose de 7 Army Pre-Positioned Stocks (APS):
– le 1 aux USA
– le 2 en Europe de l’Ouest (pour l’année fiscale 2022, l’US Army va consacrer 1,2 milliard de $ à cet APS)
– le 3 embarqué, dans l’océan Indien
– le 4, au Japon et en Corée
– le 5, au Koweït et au Qatar
– le 6 dans les Caraïbes
– le 7 en Italie, au profit de l’US Army Africa.

L’USAF (les points bleus sur la carte) a aménagé 23 sites de prépositionnement. Pas d’aéronefs dans ces sites, mais du matériel roulant, de levage, de ravitaillement, du carburant etc. Pour les sites de l’USAF, lire le récent rapport de la Rand Corporation. Il s’intitule: “Analysis of Global Management of Air Force War Reserve Materiel to Support Operations in Contested and Degraded Environments”.

Un rapport du GAO de mars 2021: “DOD Needs a Complete Picture of the Military Services’ Prepositioning Programs“, détaille les stocks du DoD, tout en avertissant que leur gestion n’est pas toujours satisfaisante (une critique émise à plusieurs reprises et déjà dans un rapport de ce même GAO en 2005), que la disponibilité de certains équipements n’est pas bonne et que le stockage est parfois insuffisant ou inadapté…

Externalisation
Dernier point à rappeler: la gestion et l’entretien de ces réserves sont externalisés. 

Ainsi, l’APS-2 (Allemagne) et l’APS-5 (Koweït et Qatar) sont en partie gérés par l’entreprise britannique M&E Global. L’APS-2 est également soutenu par des personnels d’Amentum (photo ci-dessous) et d’URS Federal Services Inc.

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KBR se charge de l’APS-3 et de certaines opérations à l’APS-4.

Catastrophes et guerres: l’Amérique s’entraîne au Muscatatuck Urban Training Center

Catastrophes et guerres: l’Amérique s’entraîne au Muscatatuck Urban Training Center

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 24 juin 2019

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Prenez 400 ha et bâtissez-y un centre de préparation aux interventions de crise et au combat urbain, voire au cybercombat, et plongez-y vos primo-intervenants civils,  secouristes, pompiers,  sapeurs (comme sur la photo ci-dessus prise lors de Guardian Response 19), marines, fantassins, spécialistes NBC et transmetteurs… Bienvenu au Muscatatuck Urban Training Center, l’une des composantes du complexe de formation et d’entraînement d’Atterbury-Muscatatuck, un complexe de 14 000 ha situé dans l’Indiana.

Le Muscatatuck Urban Training Complex (ou MUTC, voir son Facebook ici) est dédié aux opérations urbaines de secours et de combat. Ainsi, du 1er au 7 juin, 1 500 pompiers s’y sont formés dans le cadre d’un  tremblement de terre fictif (lire ici). Simultanément, s’y formaient des secouristes US, sud-africains et israéliens.

Ses 1 000 acres (400 ha) abrite 200 bâtiments en dur pour l’entraînement au combat urbain, un espace aérien dédié fréquenté par des hélicoptères et des drones, 2,5 km de tunnels (photo ci-dessous), un centre de gestion des opérations conjointes(le Combined Arms Collective Training Facility ou CACTF) et un environnement cyber (le CyberTropolis) pour des actions offensives et défensives… 

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C’est là que se sont entraînés, il y a quelques mois, les soldats de la compagnie Echo, du 2 bataillon du 6e régiment de Marines (photo tout en haut) et ceux de la 3e brigade de la 101e division aéroportée. Et c’est là qu’en août prochain, vont se déployer ceux de la compagnie Kilo du 3e bataillon du 8e régiment des Marines. Des Marines qui seront déployés avec leurs camarades britanniques pour s’entraîner au combat urbain rapproché et à manoeuvrer dans un environnement où drones et robots seront présents.

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Ils s’entraîneront sous la supervision du Marine Corps Warfighting Laboratory, basé à Quantico, en Virginie. Ce “Lab” a lancé un vaste programme baptisé “Projet Metropolis 2.0” pour mieux former les combattants au combat urbain et robotisé, comme le demandait un document de 2016, le Marine Corps’ Operating Concept.

Des “marines” américains s’entraînent à Saint-Astier avec les “moblos”

Des “marines” américains s’entraînent à Saint-Astier avec les “moblos”

 

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – Publié le 26 janvier 2019

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Des US Marines du “Special Purpose Marine Air-Ground Task Force-Crisis Response-Africa” ont passé quelques jours au Centre national d’entraînement de la gendarmerie à Saint-Astier. Ils se sont entraînés avec des gendarmes mobiles dans le cadre d’un scénario incluant une émeute et la protection d’une emprise diplomatique US.

Ce type de formation n’est pas nouveau. Depuis déjà plusieurs années, des unités de l’USMC travaillent avec les gendarmes mobiles français sur les questions de contrôle des foules.

 

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La SPMAGTF-CR-AF est une force de réaction rapide de l’USMC (US Marine Corps photo, 2nd Lt. Taylor Cox). Ces photos ont été prises le 18 janvier.

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Lourd, lourd: comment réduire la charge du combattant?

Lourd, lourd: comment réduire la charge du combattant?

Par Philippe Chapleau – Lignes de défense – 28 septembre 2018

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L’USMC vient de commander 225 886 porte-plaques pour une valeur de 62,6 millions de dollars. La commande a été passée à une société inconnue du New Jersey: Vertical Protective Apparel LLC qui va fournir des porte-plaques de génération III.

Voici l’avis d’attribution:
Vertical Protective Apparel LLC,* Shrewsbury, New Jersey, is awarded a ceiling $62,612,464 five-year, firm-fixed-price, indefinite-delivery/indefinite-quantity contract for the purchase of up to a maximum 225,886 Plate Carrier Generation IIIs and data reports. Work will be performed in Shrewsbury, New Jersey, and is expected to be complete by September 2023. Fiscal 2018 operations and maintenance (Marine Corps) funds in the amount of $2,952,438 will be obligated on the first delivery order immediately following contract award and funds will expire the end of the current fiscal year. This contract was competitively procured via the Federal Business Opportunities website, with four offers received. The Marine Corps Systems Command, Quantico, Virginia, is the contracting activity (M67854-18-D-1309).”

Elles pèsent 25% de moins que les actuels porte-plaques en dotation au sein de l’USMC. 8 tailles seront disponibles à partir de juin 2019.

Cette commande intervient alors que le Pentagone se repenche sur la question du poids des équipements de ses soldats. On a vu ses efforts pour faire mettre au point des robots de transport, des “mules” capables de décharger le combattant de charges individuelles ou collectives.

Pour sa part, CNAS vient de publier une étude intitulée “The Soldier’s Heavy Load”; elle s’inscrit dans la série “Super Soldiers”  commandée par l’Army Research Laboratory à ce Think Tank proche du parti républicain.

CNAS a publié des chiffres éloquens, comme par exemple le poids des équipements susceptibles d’être portés:

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CNAS a aussi évalué le poids par fonction et démontré que la barre des 50 livres est en moyenne toujours dépassée:

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Même si certains chiffres du rapport de CNAS sont dépassés (le poids des casques par exemple), les données illustrent bien, et une fois encore, le problème de la surcharge qui ralentit les soldats, limite leurs performances et provoque de nombreuses blessures parmi les soldats en opération.

Ce rapport est à consulter ici.

Le Concept américain de la bataille multi-domaines

Le Concept américain de la bataille multi-domaines

 

 

Centre de la Doctrine et d’Enseignement du Commandement (CDEC)

Lettre CDEC N°11 – Juin 2018

https://www.penseemiliterre.fr/lettre-de-la-doctrine-n-11_3009102.html

Le concept Multi-Domain Battle

Que peut-on déduire des études de l’US Army et l’US Marine Corps sur l’évolution du combat interarmes au XXIe siècle ?

Comparaison n’est pas raison” dit le proverbe. Certes… mais comme l’affirmait également le politicien allemand du début du XXe siècle, Walter Rathenau, « Denken heißt Vergleichen ! » : Penser signifie comparer !

Au travers du RETEX et des échanges doctrinaux avec ses partenaires internationaux, le CDEC assure une veille orientée sur nos principaux alliés et bien entendu sur de potentiels adversaires. Cette démarche vise deux objectifs.

Il s’agit d’une part de conduire une observation comparative permettant au Centre d’évaluer ses méthodes et ses thématiques explorées dans le cadre des réflexions conduites par l’armée de Terre en matière d’emploi des forces.

D’autre part, cette démarche faite d’études et de recueil de bonnes pratiques, vise à garantir une meilleure compréhension des acteurs, alliés ou ennemis, qui seront engagés et impliqués dans nos opérations futures. Les conclusions tirées de ces études sont directement opératoires. Elles permettent d’évaluer une partie de nos propres réflexions prospectives et doctrinales et de mobiliser nos réseaux afin d’orienter nos nouvelles recherches d’informations, notamment par le biais de nos officiers de liaison à l’étranger et de ceux insérés au CDEC. Ce processus permanent concourt à la réactivité du Centre pour explorer des pistes non encore envisagées ou en réfuter d’autres qui ne correspondent ni à nos ambitions, ni à nos capacités.

Dans ce cadre, cette lettre propose de jeter un regard sur les réflexions actuellement menées par les armées américaines dans le domaine de l’emploi des forces terrestres, à l’horizon 2025-2040. Sans être en rupture totale avec la doctrine Air-Land Battle, qui prévalait jusqu’au début des années 2000, les orientations prises par l’US Army et par l’US Marine corps prennent résolument en compte les impératifs posés par les nouvelles formes de conflictualité et l’évolution des techniques.

Les mêmes causes, nouveaux ennemis, nouvelles technologies, nouvelles conflictualités, produisant les mêmes effets, l’armée de Terre française a conduit la même démarche et a dépassé le stade des orientations ou de la réflexion. Le programme Scorpion qui arrive dans les forces est, en effet, porteur d’une nouvelle pratique d’un combat interarmes collaboratif réellement « info valorisé » et d’une réelle capacité technique permettant à l’armée de terre d’asseoir sa capacité intégratrice au combat.

Bonne lecture.

Général Pascal Facon

Lire et télécharger : Le Concept américain de la bataille multi-domaines (Lettre CDEC N°11) – Juin 2018

Exit le M40 : L’US Marine Corps choisit le fusil de précision Mk13 Mod 7 pour ses tireurs d’élite

Exit le M40 : L’US Marine Corps choisit le fusil de précision Mk13 Mod 7 pour ses tireurs d’élite

Depuis la guerre du Vietnam, les tireurs d’élite du corps américain des Marines sont dotés du M40, un fusil de précision qui dérivé du Remington 700, a un un calibre 7,62×51 mm OTAN et une portée de seulement 915 mètres. Évidemment, le temps passant et la nature des engagements ayant évolué, cette arme est désormais dépassée.

D’où l’annonce récemment faite par le Marine Corps Systems Command (SYSCOM). Ainsi, l’US Marine Corps prévoit d’acquérir 356 fusils de précision Mk13 Mod 7, une arme dérivée du Mk13 de l’armurier Arsenal Democracy. Les premières livraisons seront effectuées vers la fin de cette année et se poursuivront en 2019.

« Lorsque le Mk13 Mod 7 sera opérationnel, il sera le fusil de précision principal du Corps des Marines », a déclaré le lieutenant-colonel Paul Gillikin, chef de la division « Infanterie » du Marine Corps Systems Command.

« À une époque où la technologie, les munitions et les armes légères progressent à un rythme de plus en plus rapide, il est extrêmement important de veiller à ce que le Corps des Marines soit à l’avant-garde des nouveaux systèmes d’armes », a fait valoir le SYSCOM.

Par rapport au M40A6, le Mk13 Mod7, qui équipe déjà les unités spéciales des Marines [US MARSOC] a une portée supérieure de 300 mètres. Fusil à verrou, il utilise des munitions de calibre .300 Winchester Magnum. Ces dernières, a expliqué l’adjudant-chef Tony Palzkill, sont « plus performantes que celles de calibre 7,62mm Otan, ce qui augmentera les chances de succès du tireur d’élite. »

Selon le SYSCOM, cette arme offre une « plus grande gamme de tir et davantage de précision par rapport aux systèmes actuels et anciens. » Le Mk13 Mod7 peut être doté d’une lunette de visée et d’une optique de vision nocturne, avec un réticule de type grille « amélioré ».

« Ce fusil de précision permettra aux Marines de réengager plus rapidement les cibles avec un tir précis de longue portée tout en restant dissimulé », a commenté le sergent. Randy Robles, un instructeur de l’école instructeur la Scout Sniper School de Quantico.

Les fusils Mk13 Mod7 destinés aux tireurs d’élite des Marines seront assemblés et distribués par le Naval Surface Warfare Center de Crane [Indiana]. La dernière version du M40 [le M40A6, ndlr] restera cependant en dotation pour l’entraînement et la formation des futurs tireurs d’élite.

Photos : Kristen Murphy (c) USMC

Un programme ambitieux pour les futurs véhicules de reconnaissance des US Marines

Un programme ambitieux pour les futurs véhicules de reconnaissance des US Marines

 Romain Vincent – Forces Opérations Blog – 10 mai, 2018

http://forcesoperations.com/un-programme-ambitieux-pour-les-futurs-vehicules-de-reconnaissance-des-us-marines/

 

L’US Marine Corps (USMC) est une branche à part entière de l’armée américaine qui dispose de son propre budget et de ses propres programmes pour mener à bien sa mission : déployer de manière autonome une force expéditionnaire rapide et efficace aux moyens de navires, d’aéronefs, d’hélicoptères, de blindés ou encore de systèmes d’artillerie. Engagé dans toutes les opérations militaires des États-Unis, le corps des Marines sert d’avant-garde. Leur réussite est déterminante pour la suite des opérations, l’ennemi devant être affaibli un maximum avant l’arrivée du reste des forces. Pour « maîtriser » le champ de bataille en un éclair, les généraux de l’USMC comptent sur leur futur véhicule de reconnaissance, un bijou de technologie encore dans les cahiers des officiers de programme, mais qui devra être opérationnel dans dix ans. 

 

Dessin imaginant diverses versions de l'ARV en combat collaboratif avec des drones aériens (Source : USMC)

Dessin imaginant diverses versions de l’ARV en combat collaboratif avec des drones aériens (Source : USMC)

Dans le même temps que l’US Army se concentre sur le programme de Next-Generation Combat Vehicle, l’US Marine Corps a besoin d’un nouveau véhicule blindé de reconnaissance sur roue de type 8×8 (dit ARV pour Armored Reconnaissance Vehicle) le plus vite possible. Selon Breaking Defense, d’ici 2023, l’USMC veut des prototypes d’une « version terrestre du F-35 » pour une unité de reconnaissance « radicalement nouvelle » dont les missions seront évidemment la reconnaissance en territoire hostile, la transmission des données au reste de la force mais aussi l’élimination de cibles clés. Loin d’un simple remplacement de la flotte actuelle vieillissante des LAV (Light Armored Vehicle), où on ne ferait que remplacer du vieux par du neuf, les généraux des Marines veulent avant tout « résoudre le problème de la reconnaissance et de la contre-reconnaissance » du futur, ce sont les mots du Lieutenant-général Robert Walsh en charge du « combat development ».

Sur ce besoin, les Marines ont reçu 282 travaux de la part des industriels intéressés (suite à une journée de rencontre du 9 janvier dernier dont les présentations sont disponibles ici en bas de page), qui ne proposent pas un simple véhicule nouveau, mais tout un éco-système de combat terrestre avec des drones, des capteurs, des systèmes de guerre électronique, des systèmes d’armes qui évolueraient tous ensemble par un réseau connecté. En fait, les Marines ont relancé leur programme de remplacement où les industriels n’avaient, à l’époque, pas satisfait en ne proposant que des évolutions légères pour les LAV. Walsh a l’idée de s’appuyer sur le cas du F-35 qui est passé d’un « simple » avion furtif à une plate-forme électronique globale pouvant transmettre ses données au reste de la force.

Walsh voit – et compte bien obtenir – un véhicule capable de déployer un drone aérien, « éclaireur profond », pour ensuite utiliser « des tirs de précision » ainsi que « la guerre électronique » pour détecter et bloquer les transmissions ennemies. Sa conception elle celle d’une « architecture ouverte » où l’ARV et les systèmes coopérants pourraient être constamment améliorés avec les nouvelles technologies dès qu’elles seront disponibles. Côté équipements, Walsh veut du très lourd. Le véhicule devra être apte à fonctionner pendant de longues périodes avec un minimum de réapprovisionnement. Sa « performance amphibie » devra être supérieure à celle des LAV sans que sa taille ou son poids deviennent un obstacle à son transport sur mer. Et il devra être équipé d’un canon automatique de calibre moyen type 30mm ainsi que d’une puissance de feu « anti-blindage contre les chars lourds ». Walsh veut aussi des ARV équipés de missiles à longue portée type Spike ou de drones kamikaze type Switchblade, et qui seraient capables d’abattre les drones ennemis. Les besoins de protection sont tout aussi exigeants : un système de protection active, comme le Trophy israélien, ainsi que les défenses anti-EEI (Engin Explosif Improvisé).

Il n’est pas précisé si tous les ARV seront aussi lourdement équipés, et il parait logique que non car, comme c’est le cas pour les LAV actuels, l’ARV sera la base d’une « famille de véhicules de reconnaissance blindés de prochaine génération » qui répondront chacun à une mission spécifique (il y a des LAV transporteurs de troupes, d’autres de type poste de commandement, mortier, antichar, antiaérien etc). Ces véhicules seront accompagnés de plusieurs types de drones, qu’ils soient aériens ou terrestres, de combat ou de reconnaissance, voire de « mini-robots ». Rappelons-le, malgré l’attirail prévu pour les ARV, le but premier de ce programme reste de faire progresser les missions de reconnaissance des « éclaireurs » de l’USMC, ils n’ont pas vocation à être des véhicules « de combat » bien qu’ils devront être capables de détruire des ennemis faiblement protégés ou des blindés, les Marines ayant terminé le mois dernier les phases de test pour le remplacement de leur véhicule spécifiquement de combat.

Si les militaires et les observateurs constatent que le projet est presque surréaliste (technologies disparates, coût, délais), il serait réalisable car les Marines n’en veulent que 500 (sans compter les drones), un « nombre relativement faible pour un programme de défense » selon les journalistes de Breaking Defense. Les 50 premiers véhicules devront être produits entre 2026 et 2027 et les 450 restants devront être livrés avant l’année 2033 (selon Walsh, la cadence pourrait être encore plus élevée « si l’argent était là »). Walsh, qui souhaite rompre avec le processus classique où l’on adresserait à un seul maître-d’oeuvre spécialisé dans la production de véhicules terrestres, est ouvert à toute soumission d’idée par les industriels de tous les horizons, de toutes les spécialités : « Lorsque vous vous ouvrez à beaucoup de gens, vous allez trouver beaucoup d’idées différentes. »