Des molécules organiques trouvées partout dans l’univers suggèrent que la vie a commencé dans l’espace profond

Des molécules organiques trouvées partout dans l’univers suggèrent que la vie a commencé dans l’espace profond

L’univers regorge de mystères fascinants, et parmi eux, les molécules organiques jouent un rôle clé. Ces composés carbonés, découverts aussi bien sur des astéroïdes que dans la poussière interstellaire, pourraient détenir les secrets de l’apparition de la vie. Grâce aux explorations spatiales, les scientifiques multiplient les découvertes, mettant en lumière des acides aminés et autres structures complexes. Mais d’où viennent réellement ces molécules ? Et quel rôle ont-elles joué dans l’émergence de la vie sur Terre ? Découvrons ensemble ce que ces explorations nous révèlent sur nos origines cosmiques.


Des molécules organiques trouvées partout dans l'univers suggèrent que la vie a commencé dans l'espace profond
Des molécules organiques trouvées partout dans l’univers suggèrent que la vie a commencé dans l’espace profond | Armees.com

L’univers, c’est un peu comme un immense terrain de jeu rempli de molécules à base de carbone, connues sous le nom de molécules organiques. Ces petites merveilles pourraient bien détenir les clés des matériaux nécessaires pour que la vie apparaisse. On les trouve un peu partout, que ce soit dans la poussière interstellaire, sur les comètes ou même sur les astéroïdes. Depuis longtemps, elles intriguent les scientifiques qui se demandent comment elles ont vu le jour et si notre chimie biologique ne viendrait pas de ces lointains nuages de poussière.

Que nous révèlent les explorations spatiales ?

Les missions robotiques ont été super utiles pour ramener des échantillons d’espace afin d’étudier ces composés organiques. Par exemple, les missions Hayabusa2 du Japon et OSIRIS-REx de la NASA ont rapporté des échantillons d’astéroïdes comme Ryugu et Bennu. Sur Ryugu, les chercheurs ont découvert au moins 20 000 sortes de composés carbonés, y compris 15 types différents d’acides aminés. Tout ça pose plein de questions passionnantes sur nos origines planétaires et si ces molécules ont pu aider à rendre notre planète habitable.

Et ce n’est pas tout ! Des sondes comme Giotto, qui a analysé la comète 1P/Halley en 1986, ont trouvé une quantité impressionnante d’espèces organiques. Plus récemment, en 2015, la sonde Rosetta, première mission à tourner autour et atterrir sur une comète (67P), a détecté des composés organiques simples tels que la glycine. Et en 2022, Rosetta a identifié pas moins de 44 composés organiques en seulement une journée ! Certains pesaient jusqu’à 140 Daltons (Da).

D’où viennent ces mystérieuses molécules ?

Les scientifiques s’interrogent : est-ce que ces composés viennent de nuages froids et sombres ou se forment-ils près des jeunes étoiles ? Prenons les hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAHs) par exemple : ils datent d’environ 1,5 milliard d’années après le Big Bang, ce qui montre bien que cette chimie complexe existe depuis longtemps dans le cosmos. Dans les nuages glacés, des ingrédients simples se regroupent sur des grains de poussière froids pour former des structures plus complexes grâce aux rayons ultraviolets et cosmiques.

Ces réactions chimiques continuent aussi dans les disques protoplanétaires où le méthanol et d’autres molécules survivent à la chaleur intense créée lors des naissances stellaires. Grâce à cette résistance, elles évoluent vers des formes encore plus élaborées avec un potentiel accru pour favoriser l’émergence de systèmes vivants lorsqu’elles arrivent sur une planète.

Un avenir prometteur pour l’exploration spatiale

Les futures missions spatiales sont pleines de promesses pour approfondir notre compréhension des molécules organiques dans l’espace. Des projets ambitieux comme le Clipper Europa de la NASA ou Juice de l’Agence spatiale européenne comptent bien percer ces mystères cosmiques. Un futur rotorcraft destiné à Titan pourrait également révéler des océans cachés sous ses croûtes glacées.

Ces recherches sont importantes pour ceux qui veulent comprendre comment la vie pourrait démarrer ailleurs. Comme le dit Christopher Glein : « Ceux d’entre nous qui cherchent la vie doivent comprendre comment les planètes peuvent acquérir des organiques sans qu’il y ait déjà de vie. » La quête pour savoir comment ces molécules auraient pu être livrées par météorites ou comètes à notre Terre primitive reste un sujet fascinant pour quiconque cherche à savoir « d’où nous venons en tant qu’espèce planétaire », selon Karin Öberg.

En continuant d’étudier ces composés organiques dans l’univers, on ouvre une fenêtre sur notre passé cosmique tout en éclairant nos possibles origines planétaires. En levant les yeux vers le ciel étoilé, chaque découverte nous rapproche un peu plus du grand mystère du début même de la vie telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Les forces françaises s’apprêtent à rétrocéder la base de Port-Bouët à l’armée ivoirienne et à quitter le Sénégal

Les forces françaises s’apprêtent à rétrocéder la base de Port-Bouët à l’armée ivoirienne et à quitter le Sénégal


En février 2023, alors que les forces françaises venaient de mettre un terme à leur présence en Centrafrique et d’achever leur retrait du Mali avant d’en faire autant au Burkina Faso, le président Macron annonça que la France allait mettre en œuvre une nouvelle stratégie pour l’Afrique, laquelle devait se traduire par une « diminution visible » de son dispositif militaire ainsi que par la mise en place de partenariats impliquant une « montée en puissance » des forces africaines.

Depuis, à la suite d’un putsch, le Niger a dénoncé les accords militaires qu’il avait scellés avec la France… Et le Tchad en a récemment fait autant. En outre, le Sénégal n’est pas loin de suivre le mouvement. Et cela malgré les récentes annonces sur les réductions, drastiques, des effectifs des forces français prépositionnées en Afrique, ceux-ci devant passer de 2 300 à seulement 600 militaires [300 au Tchad, 100 au Gabon, 100 en Côte d’Ivoire et 100 au Sénégal].

Lors d’une audition parlementaire, en janvier 2024, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, avait justifié cette évolution.

« Nous avons des bases au Sénégal, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Elles sont installées dans les capitales, et même parfois enclavées dans des aires urbaines en expansion. Leur empreinte et leur visibilité sont devenues difficiles à gérer. Nous devrons sans doute modifier notre schéma d’implantation pour réduire nos vulnérabilités » selon la formule « moins posé, moins exposé », avait-il dit.

Cependant, les enjeux sécuritaires, comme le terrorisme, les trafics et la compétition stratégique avec la Russie, la Chine, la Turquie ou encore l’Iran, n’ayant pas disparu, le CEMA avait défendu la nécessité de garder des « relations avec les autorités militaires locales » et de « garantir des accès stratégiques par voie maritime et aérienne ».

Lors de sa visite aux armées à Djibouti, le 20 décembre, le président Macron a soutenu qu’une telle évolution était nécessaire.

« Notre rôle change en Afrique […] parce que le monde change en Afrique, parce que les opinions publiques changent, parce que les gouvernements changent » et [aussi] « parce que nous avons décidé de manière souveraine en février 2023, après plusieurs années de changement progressif, de rebâtir un partenariat qui repose sur des partenaires respectés », « vis-à-vis desquels nous devons aider à la formation, à l’équipement, en renseignement, pour des opérations spécifiques », a en effet affirmé M. Macron.

Et d’ajouter qu’il fallait « changer la logique qui était la nôtre dans trop de pays » avec « des bases installées, pléthoriques, permanentes, qui nourrissaient des ambiguïtés ».

D’où l’annonce faite par le président ivoirien, Alassane Ouattara, le 31 décembre. « Nous pouvons être fiers de notre armée dont la modernisation est désormais effective. C’est dans ce cadre que nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré. « Ainsi, le camp du 43e BIMA, le bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouët, sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025 », a-t-il continué.

Une fois qu’il aura été rétrocédé, le camp de Port-Bouët sera baptisé du nom du général Thomas d’Aquin Ouattara, qui fut le premier chef d’état-major des armées ivoiriennes.

Pour rappel, à la suite du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN] de 2008, il avait été décidé de ne conserver que deux bases permanentes en Afrique, à savoir une au Gabon et une autre à Djibouti. Aussi, le 43e BIMa avait été dissous en 2009. Puis, après l’intervention au Mali, en 2013, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, revint sur cette décision et annonça la création des « Forces françaises en Côte d’Ivoire » [FFCI]. Ce qui était logique, Port-Bouët offrant l’avantage de donner l’accès à un aéroport et à un port en eaux profondes. Et cela dans le cadre d’un accord de défense révisé en 2012 et ratifié deux ans plus tard.

Quoi qu’il en soit, l’annonce de M. Ouattara ne met pas un terme à la coopération militaire entre les forces françaises et ivoiriennes. En novembre, l’armée de l’Air & de l’Espace a ainsi déployé une dizaine d’aéronefs en Côte d’Ivoire [A400M, Casa CN-235, C-130J, ALSR « Vador », hélicoptère Fennec, A330 MRTT et un 3 Mirage 2000D] pour prendre part à un exercice aéroterrestre organisé au profit des troupes aéroportées ivoiriennes.

Par ailleurs, les Éléments français au Sénégal, dont l’effectif devait être réduit à 100 militaires, devraient prochainement disparaître.

Dans un discours prononcé à l’occasion du Nouvel An, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a en effet dit avoir « instruit le ministre des Forces armées de proposer une nouvelle doctrine de coopération en matière de défense et de sécurité, impliquant, entre autres conséquences, la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025 ». Et de promettre que « tous les amis du Sénégal seront traités comme des partenaires stratégiques, dans le cadre d’une coopération ouverte, diversifiée et décomplexée »

Photo : Ministère des Armées

La Marine nationale a réalisé l’une de ses plus importantes saisies de drogue en Polynésie française

La Marine nationale a réalisé l’une de ses plus importantes saisies de drogue en Polynésie française


Si l’Europe et l’Amérique du nord restent les principales destinations du trafic de produits stupéfiants, l’Océanie, en particulier l’Australie, est de plus en plus prisée par les réseaux de trafiquants sud-américains. Ainsi, en 2012, la plus importante saisie effectuée par la Marine nationale dans la zone Pacifique était une cargaison de 200 kg de cocaïne. Cinq ans plus tard, le volume des prises avait été multiplié par dix, avec 1,4 tonne interceptée par la frégate de surveillance « Vendémiaire » et près de 600 kg par le Bâtiment de soutien outre-mer [BSAOM] « d’Entrecasteaux ».

Ce phénomène n’a fait que s’accentuer par la suite. En mars 2019, alors en mission de longue durée dans le Pacifique, la frégate de surveillance « Prairial » des Forces armées en Polynésie française [FAPF] intercepta un navire de pêche avec 766 kg de cocaïne à bord, au large du Nicaragua. Cette opération avait été menée en coopération avec les États-Unis, sous l’autorité du Joint Interagency Task Force – South [JIATF-S].

Depuis, des prises aussi importantes ont été plus rares. Jusqu’au 23 décembre dernier. En effet, ce jour-là, le BSAOM « Bougainville » a arraisonné le « Raymi », un navire de pêche battant pavillon espagnol, à environ 700 nautiques au sud de Papeete [Polynésie française]. Or, celui-ci transportait 11 ballots contenant 524 kg de cocaïne au total. Ses 14 membres d’équipage ont été interpellés et 8 000 euros ont été saisis.

« L’opération a été menée sous l’autorité du Haut-commissaire de la République en Polynésie française, délégué du Gouvernement pour l’action de l’État en mer. Elle fait suite à une étroite coopération entre le Commandement de la gendarmerie [COMGEND] pour la Polynésie française, et notamment l’antenne de l’Office anti-stupéfiants [OFAST] à Papeete, et la police fédérale australienne », a précisé la Gendarmerie nationale, via un communiqué publié ce 29 décembre.

Et d’ajouter : « Cette coopération internationale entre les forces de gendarmerie et police fédérale australienne a permis aux Forces armées en Polynésie française de mettre en place un dispositif de surveillance et d’interception ayant conduit à l’opération de contrôle du Raymi par le BSAOM Bougainville ».

Selon le Haut-commissariat, cité par Tahiti Infos, il s’agit de la « plus importante saisie » de cocaïne dans la « zone Polynésie française depuis 2017 » et « c’est également la première saisie en haute mer depuis 2017 ».

Selon le commandant du « Bougainville », le capitaine de corvette Mathieu L., cette opération a été complexe.

« Nous sommes 25 à bord du Bougainville pour conduire le bateau et effectuer des opérations comme celle-ci. Ce sont des opérations pour lesquelles nous sommes formés, entraînés, et ça fait partie du panel d’opérations que peut faire le Bougainville, en plus de ses missions de sécurité et de préservation de la zone maritime de la Polynésie française », a-t-il témoigné dans les pages de Tahiti Infos.

En octobre, la Marine nationale avait déjà saisi 43 tonnes de drogue, selon son chef d’état-major [CEMM], l’amiral Nicolas Vaujour.

« Nous faisons du bon travail, bien que les trafics continuent d’augmenter. Un narcotrafiquant arrêté aux Antilles a confié lors de son audition que notre navire qui avait intercepté le trafic, la frégate de surveillance ‘Ventose’, avait été surnommée El Diablo par les trafiquants, tant il avait surgi sans être vu et à une vitesse qu’ils n’attendaient pas, ceci pour une prise de 10,5 tonnes de drogue, dont 5 tonnes de cocaïne, ce qui représenterait 500 millions d’euros à la revente en France », avait en effet expliqué le CEMM, au Sénat.

La lutte contre le narcotrafic n’est pas une mission prioritaire pour la Marine nationale. « Ce n’était pas un sujet pour [elle] quand je suis entré au début des années 1980, c’était l’affaire des douanes », a souligné l’amiral Vaujour.

Aussi, a-t-il ajouté, « la Marine nationale ne dédie pas de moyens spécifiques à la lutte contre le narcotrafic, nous agissons selon nos ressources disponibles à proximité quand on nous signale un trafic – on décide alors de dérouter l’un de nos navires pour intervenir ».

Désinformation : comment les récits étrangers pénètrent en France

Désinformation : comment les récits étrangers pénètrent en France

Dans une étude dévoilée fin novembre en partenariat avec l’IHEDN, la Fondation Descartes s’intéresse aux effets en France de la désinformation étrangère concernant les conflits. Une démarche inédite et riche d’enseignements, notamment sur la crise Chine-Taïwan et les tensions entre la France et le Mali.

« Aujourd’hui, on en sait beaucoup sur les mécanismes des ingérences informationnelles, mais on en sait beaucoup moins sur leurs effets » : cette réflexion de Laurent Cordonier, docteur en sciences sociales et directeur de la recherche de la Fondation Descartes, au début de son intervention à l’École militaire le 26 novembre, pointe une zone grise du débat actuel sur la désinformation.

C’est donc ce qui a présidé à l’étude annuelle de cette fondation vouée à l’analyse de la désinformation, intitulée « Pénétration en France des récits étrangers sur les conflits contemporains » et présentée ce jour-là lors d’un colloque en partenariat avec l’IHEDN.

Le choix du sujet vient d’un constat simple : « Les parties prenantes à un conflit international élaborent systématiquement un récit visant à légitimer leur implication dans le conflit ainsi que les actions qu’elles y conduisent. » Partant de là, « quels facteurs influencent la sensibilité aux différents récits ? », demande Laurent Cordonier.

Pour répondre à cette question, le chercheur s’est d’abord entretenu avec « des acteurs de l’information internationale ainsi qu’avec des spécialistes des relations internationales et des phénomènes de désinformation et d’ingérences informationnelles étrangères : journalistes, membres de services de l’État chargés de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères, officiers généraux des forces armées françaises, diplomates français, chercheurs au sein d’instituts de recherche stratégiques et géopolitiques français et européens ».

LES 18-49 ANS PLUS SENSIBLES AUX RÉCITS RUSSE, DU HAMAS, MALIEN ET CHINOIS

Après ce travail préparatoire, il a choisi de se focaliser sur les perceptions par l’opinion publique française des différents récits concernant quatre conflits ou tensions contemporains : guerre Russie-Ukraine, conflit Hamas-Israël, « tensions entre la junte malienne et la France concernant les opérations Serval et Barkhane » et crise Chine-Taïwan. Il a ensuite élaboré un questionnaire reprenant « trois éléments centraux » des récits des deux protagonistes de chaque conflit ou tension, auquel ont répondu en août dernier 4000 personnes « composant un panel représentatif de la population française métropolitaine majeure ».

Ces « éléments centraux » (les affirmations principales) des différents récits ont été identifiés en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et du centre Géopolitique de la Datasphère de l’Université Paris 8 (GEODE). L’étude d’opinion datant du mois d’août, Laurent Cordonier précise qu’il n’est « pas exclu que la manière dont les Français perçoivent certains de ces récits ait pu quelque peu évoluer depuis ».

Sur une centaine de pages, l’étude montre que la sensibilité à l’un ou l’autre des récits est « en moyenne » liée à différents facteurs, comme l’opinion politique ou l’âge : « Les 65 ans et plus (et plus largement, les retraités) se montrent en moyenne plus sensibles que le reste de la population aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais, tandis qu’ils sont globalement moins sensibles que les autres aux récits russe, du Hamas, malien et chinois. L’inverse est vrai pour toutes les tranches d’âge de 18 à 49 ans. »

MÉDIAS PROFESSIONNELS OU RÉSEAUX SOCIAUX : INFLUENCE INVERSE

Un facteur précis semble « particulièrement influencer la sensibilité des Français » : le fait qu’ils s’informent auprès de médias professionnels ou, à l’inverse, sur les réseaux sociaux :

« À profil identique, une fréquence élevée d’information sur l’actualité internationale et géopolitique via les médias nationaux ou régionaux constitue un facteur de sensibilité accrue aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais, alors que c’est un facteur de moindre sensibilité aux récits russe, du Hamas, malien et chinois. À l’inverse, toujours à profil identique, des fréquences élevées d’information sur l’actualité internationale et géopolitique via les réseaux sociaux, YouTube et les messageries instantanées sont des facteurs de sensibilité accrue aux récits russe, du Hamas, malien et chinois. »

En revanche, aucun profil sociodémographique n’a pu être « clairement » associé à une sensibilité ou à une autre. Cependant, « plus le niveau de revenus du foyer des répondants est élevé plus, en moyenne, ces derniers se révèlent sensibles aux récits ukrainien, israélien, français et taïwanais, et moins ils le sont aux récits russe, du Hamas, malien et chinois ». La corrélation avec d’autres facteurs a aussi été étudiée, comme la culture géopolitique, la confiance en l’État et en la communauté scientifique ou la perception du changement climatique et des vaccins.

Selon l’étude, « une majorité de la population (62,1%) estime que les attaques informationnelles russes et chinoises qui ciblent la France représentent un danger pour notre pays et sa démocratie. » Mais ces récits ont peu d’effet, et « les manipulations de l’information russes et chinoises échouent (jusqu’ici, du moins) à faire basculer l’opinion publique française en faveur des récits qu’elles promeuvent sur la guerre en Ukraine et sur le statut de Taïwan ». 

ÉVALUER L’IMPACT DE LA DÉSINFORMATION, « UNE QUESTION DE PREMIÈRE IMPORTANCE »

En conclusion, la Fondation Descartes appelle à une meilleure étude des effets de la désinformation, comme l’écrit Laurent Cordonier :

« L’évaluation de la nature et de l’ampleur des conséquences des ingérences informationnelles étrangères sur la population française est une question de première importance. En effet, sans disposer d’une telle évaluation, qui fait aujourd’hui largement défaut, il est impossible de calibrer correctement la réponse des pouvoirs publics et des acteurs de l’information à ces opérations de manipulation. Sous-réagir exposerait le pays à un risque de déstabilisation.

Surréagir, par exemple en adoptant des mesures restreignant trop sévèrement la liberté d’expression en ligne ou en invisibilisant totalement dans les médias certains points de vue sur l’actualité internationale, reviendrait à abîmer la vie démocratique en cherchant à la protéger. Il appartient donc aux autorités et aux acteurs concernés de la société civile d’encourager et de soutenir la recherche scientifique sur les effets des ingérences informationnelles étrangères. »

Alors que les conflits Russie-Ukraine et Israël-Hamas sont très médiatisés, l’IHEDN a sélectionné quelques enseignements de l’étude concernant les deux autres, moins traités dans le débat public. Pour chaque conflit, « les éléments de récit des deux camps étaient présentés aux répondants dans un même bloc de questions comportant six items (à savoir, les trois éléments de récit de l’un des camps et les trois éléments de récit de l’autre camp). Au sein d’un bloc, les éléments de récit des deux camps étaient soumis aux répondants dans un ordre aléatoire ».

CHINE-TAÏWAN : LES FRANÇAIS « PEU SENSIBLES AU RÉCIT CHINOIS »

Cette partie de l’étude analyse la pénétration en France des récits élaborés par les protagonistes de la crise entre la Chine et Taïwan au sujet du statut de Taïwan.

Les questions étaient précédées de cette introduction : « Aujourd’hui, Taïwan est de fait un État séparé de la Chine continentale, doté de ses propres institutions. La Chine revendique cependant Taïwan comme l’une de ses provinces et n’exclut pas de recourir à la force pour y affirmer son autorité.

Nous allons vous présenter des affirmations qui reflètent différents points de vue sur cette crise. Merci d’indiquer à quel point, personnellement, vous êtes d’accord ou non avec chacune de ces affirmations. »

Les trois éléments centraux du récit chinois sont :

  • En soutenant le gouvernement de Taïwan, les États-Unis et d’autres puissances occidentales interviennent de manière illégitime dans les affaires intérieures chinoises.
  • Taïwan est historiquement chinoise et constitue une partie intégrante du territoire chinois.
  • Seul le gouvernement chinois est légitime pour décider de l’avenir de Taïwan.

Pour le récit taïwanais, ce sont :

  • C’est au peuple taïwanais, et non pas au gouvernement chinois, de décider librement et démocratiquement de l’avenir de Taïwan.
  • Taïwan étant une démocratie, son autonomie face à la Chine est essentielle pour la défense des valeurs démocratiques en Asie et dans le monde.
  • Taïwan n’ayant jamais été sous l’autorité du Parti communiste chinois, lorsque la Chine parle de « réunification » entre Taïwan et la Chine, c’est en réalité une unification par la force qu’elle envisage.

Comme pour chacun des autres conflits, les résultats varient selon les éléments de récit soumis aux répondants. Mais, en moyenne, les Français se montrent « peu sensibles au récit chinois » et « très sensibles au récit taïwanais ».

En matière d’opinion politique, « les répondants proches de l’extrême gauche et, dans une moindre mesure, de l’extrême droite sont en moyenne plus sensibles au récit chinois sur le statut de Taïwan que le reste du panel. Les répondants proches des écologistes, de la gauche, de la droite et, surtout, du centre se montrent au contraire plus sensibles que les autres au récit taïwanais ».

FRANCE-MALI : LES FRANÇAIS « DE PEU À MOYENNEMENT SENSIBLES » AU RÉCIT MALIEN

Dans cette partie, il s’agit d’évaluer la pénétration chez les Français des récits élaborés par les protagonistes des tensions entre la junte malienne et la France au sujet de l’interprétation des buts et résultats des opérations Serval et Barkhane (opérations militaires conduites par la France dans la région du Sahel de 2013 à 2022).

Voici comment les questions ont été introduites : « La région du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) est depuis longtemps touchée par une crise sécuritaire causée par des terroristes djihadistes. De 2013 à 2022, la France, ainsi que d’autres pays étrangers, interviennent militairement dans la région. Depuis, la France a progressivement retiré ses troupes du Sahel.

Nous allons vous présenter des affirmations qui reflètent différents points de vue sur cette crise. Merci d’indiquer à quel point, personnellement, vous êtes d’accord ou non avec chacune de ces affirmations. »

Les trois éléments centraux du récit de la junte malienne sont :

  • Les interventions militaires françaises au Sahel de 2013 à 2022 n’ont jamais permis de faire reculer le terrorisme djihadiste dans la région.
  • Les interventions militaires françaises au Sahel constituent une forme de néocolonialisme : leur vrai objectif était de préserver les intérêts et l’influence de la France dans la région du Sahel, sans se soucier de l’intérêt des populations locales.
  • En 2021, la France a abandonné le Mali à son sort, sans concertation préalable, ce qui a contraint le Mali à se tourner vers la Russie pour assurer sa sécurité.

Ceux du récit français sont :

  • Le but des interventions militaires françaises au Sahel qui ont débuté en 2013-2014 était d’aider les pays de la région dans leur lutte contre le terrorisme djihadiste.
  • Les interventions militaires françaises au Sahel qui ont débuté en 2013-2014 ont été réalisées en appui des armées légitimes des pays du Sahel.
  • Les interventions militaires françaises au Sahel qui ont débuté en 2013-2014 ont été réalisées à la demande des chefs d’État des pays du Sahel.

Là encore, les résultats varient pour chaque élément, mais en moyenne, les Français se montrent « de peu à moyennement sensibles au récit de la junte malienne » et « assez sensibles au récit français ».

Concernant leurs opinions politiques, « les répondants proches de l’extrême gauche se montrent en moyenne plus sensibles au récit malien que le reste des personnes interrogées. À l’inverse, les répondants proches de la gauche, de la droite et, plus encore, du centre sont en moyenne davantage sensibles que les autres au récit français ».

Le corridor de Zan­gezur, crucial à l’échelle de toute l’Eurasie, ignoré en Europe

 

par Xavier Raufer – AASDN – publié le 27 décembre 2024

https://aassdn.org/amicale/le-corridor-de-zangezur-crucial-a-l-echelle-de-toute-l-eurasie-ignore-en-europe/


Le corridor de Zan­gezur est un espace crucial à l’échelle de toute l’Eurasie. C’est par lui que doivent transiter les routes de l’énergie reliant le Moyen-Orient à l’Europe. Il attise de nombreuses convoitises mais demeure sous-estimé en Europe.

 

« Il jouait du piano debout, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup » chantait France Gall.

De même le corridor de Zangezur entre Ar­ménie et Azerbaïdjan, dont nul ou presque, dans l’Union européenne et ses princi­paux pays-membres, ne sait grand-chose.

Pourtant, ce corridor veut dire autant pour l’avenir de la cruciale charnière interconti­nentale Asie-Europe débouchant sur la mer Noire, que la guerre Russie-Ukraine, sur la­quelle toute l’Europe, tout le monde atlan­tique, s’obnubilent à présent.

S’il est achevé, ce corridor de Zangezur reliera Kars en Turquie orientale à Bakou en Azerbaïdjan, passant par une bande de territoire arménien, le long de la frontière de l’Iran, à travers la province azérie-exclave du Nakhitchevan, que ce corridor arménien sépare justement du pays lui-même.

Corridor de Dantzig dans l’entre-deux-guerres mondiale… Corridor de Zangezur à présent… Toujours, des terres stratégiques. Un résultat inévitable : une situation de conflit émerge et s’aggrave. Dans le cas présent, d’autant plus que les enjeux sont majeurs :

Pour R. T. Erdogan, ouvrir ce corridor est un impératif du panturquisme ; aller droit par l’autoroute et le train, sans obstacle (chrétien, en plus), d’Ankara à Bakou, c’est l’accès direct aux « Stans » d’Asie centrale, tous turcophones (sauf le Tadjikistan) ; l’émergence d’un « Turkestan » demain rassemblé, des limites de l’Europe à celles de la Chine

Pour l’Azerbaïdjan, perspective immense, ce corridor réalisé l’installe au carrefour des deux cruciales connexions économiques eurasiatiques : Nord-Sud et Est-Ouest. À terme, la voie ferrée directe + autoroute Kars-Bakou en ouvre une autre, plus stratégique encore, unissant la Russie à l’Inde ; bien plus courte, donc moins cher, que toute autre à travers l’Asie cen­trale. La circulation directe des conteneurs Russie-Azerbaïdjan ; de là jusqu’à Mum­bai (Bom­bay) via l’océan Indien est le rêve des pays en cause.

La Chine aussi surveille la situation : que Zangezur s’ouvre, raccourcirait et accélèrerait ses « Routes de la Soie ».

Obstacle majeur cependant, l’Iran, que le corridor de Zangezur couperait de l’Arménie. Quelle importance, diront les âmes simples. L’Azerbaïdjan, antique terre zoroastrienne (Azer = feu en Perse) – Azerbaïdjan, pays du feu et ses temples où brûle l’éternelle flamme du naphte de son sous-sol ? Pays musulman, à 60% chi’ite ? Un allié évident pour l’Iran ? Non justement : l’Azerbaïdjan est pleinement dans l’orbite turque ; et de toujours, le chi’isme perse vit dans la révérence du christianisme arménien. Pour les chi’ites perses, sans exagé­rer, les Armé­niens chrétiens sont un peuple-Christ aussi révéré que les Juifs pour les protes­tants américains.

Or là, déchirement pour Téhéran : le dernier tronçon du corridor Mourmansk – Moscou – Bakou – Mumbai, doit traverser tout l’Iran, de la Caspienne à l’océan Indien, jusqu’à son port de Chabahar. La voie ferrée Iran-Azerbaïdjan (Qazvin-Rasht-Astara) est la clé du corridor international de transport Nord-Sud (INSTC), raccordant Téhéran à l’immense grille commerciale de l’UEE (Union Économique eurasienne), suscitant maints bienfaits économiques, dont des exportations massives vers l’Asie centrale et la Russie.

Là cependant sont les soucis et espoirs de demain. Aujourd’hui, la guerre menace. Depuis novembre, l’état-major de Bakou et ses drones « Bayraktar-TB2 » turcs reprennent la surveillance des positions arméniennes, au-dessus du Karabagh, au long des fron­tières arménienne et iranienne ; survolant bien sûr le corridor de Zangezur et le Nakhitche­van.

Des intérêts économiques immenses. Un étroit corridor au fin fond d’une Arménie fragili­sée. Un Azerbaïdjan qui renforce sans cesse un arsenal turc, que son pétrole lui permet d’acheter. Des chefs d’État comme V. Poutine et R.T. Erdogan, adeptes de la géopoli­tique au long cours. L’OTAN et l’UE happées par l’Ukraine et désormais, par la Syrie. Une conju­gai­son bien tentante, quand même.


Xavier RAUFER
Revue CONFLITS
16/12/2024

Légende et source de la carte : L’Arménie et l’Azerbaïdjan (c) Wikipédia

Sabotage ou accident ? la Finlande enquête sur la panne d’un câble sous-marin

Sabotage ou accident ? la Finlande enquête sur la panne d’un câble sous-marin

par Nicolas Egon – armees.com – Publié le

Sabotage ou accident ? la Finlande enquête sur la panne d’un câble sous-marin
Sabotage ou accident ? la Finlande enquête sur la panne d’un câble sous-marin | Armees.com

Le 25 décembre 2024, une panne inattendue sur le câble sous-marin EstLink 2, reliant la Finlande et l’Estonie, a plongé les autorités des deux pays dans un état d’alerte maximale. Ce câble, essentiel pour l’échange d’électricité entre les deux nations, est au cœur d’une enquête approfondie visant à déterminer les causes de cette déconnexion. Selon Fingrid, l’opérateur finlandais du réseau électrique, l’incident s’est produit à 12h26 heure locale, affectant un transfert de 658 mégawatts d’électricité vers l’Estonie. Malgré la coupure, la Finlande a confirmé que son approvisionnement énergétique restait intact, un fait réconfortant en plein cœur des fêtes de fin d’année.

Enquête en cours : sabotage envisagé

Dès l’annonce de la panne, les soupçons d’un possible sabotage ont émergé. Arto Pahkin, responsable des opérations chez Fingrid, a déclaré qu’une intervention intentionnelle n’était pas exclue, ajoutant que deux navires se trouvaient dans la zone au moment critique. Parmi eux, le pétrolier Eagle S, battant pavillon des Îles Cook, est particulièrement surveillé. D’après des données de suivi maritime, ce navire aurait ralenti près de la zone de l’incident, soulevant des questions sur son rôle éventuel.

La Finlande et l’Estonie, déjà sur le qui-vive après des précédents en mer Baltique, intensifient leurs efforts pour sécuriser leurs infrastructures sous-marines. Les cas récents de coupures de câbles et de gazoducs dans cette région, notamment le sabotage du gazoduc Nord Stream en 2022, alimentent une tension géopolitique croissante.

Rôle stratégique du câble EstLink 2

Le câble EstLink 2, long de plus de 170 km, joue un rôle essentiel dans l’intégration des marchés électriques nordiques et baltes. Avec une capacité initiale de 1 016 mégawatts, il garantit un flux d’énergie entre la Finlande et l’Estonie, stabilisant les prix et sécurisant l’approvisionnement en cas de surcharge ou de panne locale.

L’endommagement de ce câble, même temporaire, révèle les vulnérabilités d’une infrastructure critique dans une région stratégiquement sensible. La Finlande et l’Estonie dépendent de ces connexions pour maintenir une résilience énergétique face aux risques croissants d’interruptions.

Implications politiques et géopolitiques

L’incident intervient dans un contexte de tensions exacerbées en mer Baltique, où chaque dysfonctionnement alimente des spéculations sur l’implication d’acteurs extérieurs. La possibilité d’un sabotage, évoquée par plusieurs responsables, souligne les enjeux géopolitiques liés à la sécurité des infrastructures sous-marines. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, la région a vu une série d’incidents, des dommages aux gazoducs aux ruptures de câbles de communication.

Chaque attaque ou panne renforce la nécessité pour les pays de l’Union européenne de surveiller et protéger leurs actifs critiques. Un porte-parole estonien a évoqué la nécessité d’une coopération internationale renforcée pour éviter de nouvelles perturbations. En novembre dernier, deux câbles entre la Finlande et l’Allemagne avaient déjà été sectionnés, déclenchant des enquêtes similaires.

Mesures urgentes : sécurisation et prévention

Face à ces menaces croissantes, les pays riverains de la Baltique ont intensifié leur surveillance des infrastructures stratégiques. Des drones sous-marins aux capteurs d’ancrage, de nouvelles technologies sont déployées pour prévenir et détecter rapidement tout acte hostile.

Les récentes pannes rappellent également l’urgence d’une collaboration entre secteurs publics et privés. Un rapport de l’Union européenne souligne que la coordination entre les marines nationales et les opérateurs industriels est devenue incontournable pour renforcer la sécurité maritime.

Tableau des incidents récents en mer Baltique :

Date Infrastructure Cause suspectée Conséquences
Décembre 2024 Câble EstLink 2 Possiblement sabotage Panne partielle d’électricité
Novembre 2024 Gazoduc Finlande-Estonie Ancre de cargo Flux interrompu
Septembre 2022 Gazoduc Nord Stream Explosion Arrêt prolongé

Un triple effort pour renouveler un pan de l’optronique du combattant

Un triple effort pour renouveler un pan de l’optronique du combattant

– Forces opérations Blog – publié le

Après les jumelles de vision nocturne, place à l’acquisition de jumelles multifonctions et de viseurs d’armes de nouvelle génération. Une démarche en trois actes lancé hier et pour laquelle le ministère des Armées envisage d’investir plus de 1,5 Md€. 

Noël ne pouvait être célébré sans une petite surprise de dernière minute de la part de la Direction générale de l’armement (DGA). Hier, celle-ci lançait un appel d’offres visant à acquérir de nouvelles aides à la visée, des jumelles multifonctions au profit des unités de combat et des jumelles multifonctions pour les unités spécialisées dans l’appui-feu et le renseignement. 

Trois besoins et autant d’ « accords-cadres multi-attributaires à marchés subséquents » potentiellement conclus pour une durée de sept ans. Chaque lot pourra être attribué à plusieurs candidats. Montant maximal estimé de cet investissement consenti principalement au profit de l’armée de Terre ? 1,573 Md€. Les cibles ne sont pas connues, mais l’un des prérequis exigés permet d’en mesurer l’étendue. Pour être retenu, il faudra notamment pouvoir fabriquer au minimum 1500 viseurs ou 250 jumelles par an.

Plus de 400 M€ sont fléchés vers l’achat d’un viseur d’armes, une enveloppe dont la partie ferme permettra de compléter un développement déjà engagé et de qualifier une solution combinant une voie directe optique et une voie infrarouge. Des commandes suivraient pour équiper tant le fusil d’assaut HK 416F que des armes d’appui comme la MINIMI. Il s’agit d’une seconde tentative pour les armées, à l’origine d’une procédure nommée « tir réflexe » mais finalement avortée. 

Mais l’engagement le plus significatif relève des jumelles multifonctions. Près de 1,2 Md€ sont consacrés au remplacement des parcs actuels par deux nouveaux modèles. L’un, pour le combattant, sera doté a minima d’une vision infrarouge thermique, d’une vision longue portée d’une part, et moyenne portée d’autre part. L’autre, pour les unités spécialisées, devra proposer une vision bi-oculaire, une voie infrarouge thermique, un télémètre et un pointeur laser, des fonctions logicielles de calcul et d’interfaçage avec des systèmes d’information, le tout à très longue portée. 

Ces marchés étaient attendus de longue date, la filière française a donc eu le temps d’aiguiser son offre. Difficile de ne pas penser aux deux géants du secteur, Safran et Thales. Le premier devrait miser sur le succès des jumelles JIM Compact et Moskito TI, mais aussi sur une nouvelle référence. Baptisée Nightwolf, cette jumelle est la première au monde à intégrer nativement un capteur infrarouge à ondes courtes (Short-Wave Infrared ou SWIR). S’il reste discret sur la question du viseur, Safran a bel et bien pris pied dans le segment grâce à un système DANIS à première vue au stade du prototype. 

Fournisseur des Sophie aujourd’hui en service, Thales a depuis longtemps levé le voile sur ses jumelles de 4e génération Sophie Ultima et Optima. Si l’Ultima s’oriente vers les fonctions spécialisées et a déjà trouvé preneur à l’export, sa « petite soeur » Optima répondrait aux besoins du combattant. Sa production en série est programmée pour 2025. Côté viseur, Thales propose un système XTRAIM lui aussi vendu à l’export. D’autres pourraient tenter l’aventure, à l’instar d’Elynxo. Il lui faudra néanmoins intégrer un groupement pour répondre au critère d’envergure du chiffre d’affaires. 

Crédits image : 11e RAMa

Le Tchad veut un désengagement militaire français beaucoup plus rapide (actualisé)

Le Tchad veut un désengagement militaire français beaucoup plus rapide (actualisé)

Au Tchad, où la campagne électorale pour les élections législatives et locales prévues le 29 décembre bat son plein, les autorités veulent accélérer le départ des forces françaises.

Selon mon confrère Franck Alexandre, de RFI, des sources proches du gouvernement français indiquent que Paris a bien reçu, jeudi soir 19 décembre, une demande pour un départ de tous les soldats français avant le 31 janvier prochain. Information que RFI a pu confirmer côté tchadien.

« La négociation est toujours en cours », assurent les militaires français cités par mon confrère. Les discussions seraient « techniques, mais se passent bien », précisent-ils. Même son de cloche apparemment à Ndjamena où l’on insiste sur la qualité du partenariat. « La situation n’a rien à voir avec les pays de l’AES », souligne une source proche des autorités tchadiennes, ajoutant qu’un premier calendrier de retrait s’étalant jusqu’en mars a été refusé, car jugé trop long.

« On veut montrer que le désengagement est bien en cours », ont déclaré de hauts responsables militaires français qui confirment aussi que les relèves prévues ont été annulées et le matériel des unités arrivantes a été rappelé en métropole. D’où le départ le 10 décembre du détachement chasse dont les Mirage 2000 stationnaient sur la base aérienne de Ndjamena. D’où aussi l’évacuation en cours des emprises françaises de Faya-Largeau (50 soldats) et d’Abéché (une centaine d’hommes). Deux bases lointaines, à dix jours de piste.

Il faudra ensuite s’occuper du camp Kossei.

Après les redéploiements français du Sahel (du Mali en particulier), les forces françaises ont éprouvé leurs procédures et maîtrisent les étapes des sorties de théâtre. Ce qui ne signifie pas que ce type d’opération est sans risques et sans surprises.

Une partie de matériel prendra certainement la route maritime pour regagner la métropole. Des ports du Cameroun pourraient être utilisés. A moins que les infrastructures portuaires de la Guinée Equatoriale, notamment le port de Bata, ne puissent aussi servir pour ce transit.

Actualisation
Ce vendredi, « 120 soldats français ont décollé de l’aéroport militaire de N’Djamena à bord d’un Airbus A330 Phoenix MRTT, à destination de la France », selon un communiqué publié sur la page Facebook du ministère tchadien des Armées. Interrogée par l’AFP à Paris, l’armée française n’a pas commenté cette annonce. Mais des photos du départ de ces soldats circulent sur les réseaux sociaux:

 

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024

Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024


En ce jour particulier qui devrait être celui de la paix, de la fraternité et du partage, que vous soyez en famille, en opération, de permanence, seuls ou avec vos frères d’armes, Zone Militaire vous souhaite un joyeux Noël 2024.

Chaque année, il est d’usage d’accompagner ce court message de Noël par un poème. Cette fois, ce sera un texte du commandant Antoine de Saint-Exupéry, tiré de son ouvrage « Citadelle ».

Mais j’ai bâti à l’heure de la garde mes sentinelles. Et il est quelqu’un, ici, pour manger. Leur repas est bien autre chose que soins accordés au bétail pour accroissement du tour du ventre. Il est communion dans le pain du soir des sentinelles. Et certes chacune l’ignore.

Cependant de même que le blé du pain, à travers eux, se fera vigilance et regard sur la ville, il se trouve que la vigilance et le regard qui embrasse la ville, à travers eux, se fait religion du pain. Ce n’est pas le même pain qui est mangé. Si tu désires les lire dans leur secret qu’ils ignorent eux-mêmes, va les surprendre au quartier réservé, quand ils courtisent les femmes. Ils leur disent :

« J’étais là, sur le rempart, j’ai entendu siffler trois balles à mon oreille. Je suis demeuré droit, n’ayant point peur. »

Et ils plantent dans le pain leurs dents avec orgueil. Et toi, stupide, qui écoutes les mots tu confonds avec une vantardise de soudard la pudeur de l’amour. Car si le soldat raconte ainsi l’heure de ronde c’est bien moins pour se faire grandiose que pour se complaire dans un sentiment qu’il ne peut dire. Il ne sait pas s’avouer à lui-même l’amour de la ville. Il mourra pour un dieu dont il ne sait dire le nom. Il s’est déjà donné à lui, mais il exige de toi que tu l’ignores. Il exige de soi-même cette ignorance.

Il lui paraît humiliant de paraître dupe de grands mots. Faute de savoir se formuler il refuse par instinct de se soumettre à ton ironie son dieu fragile. De même qu’à sa propre ironie. Et tu vois mes soldats jouer les matamores et les soudards – et se complaire à ton erreur – pour goûter quelque part, au fond d’eux-mêmes, et comme en fraude, le goût merveilleux du don à l’amour.

Et si la fille leur dit : « Beaucoup d’entre vous – et c’est bien dur – mourront en guerre… », tu les entends approuver bruyamment. Mais ils approuvent par des grognements et des jurons. Cependant elle éveille en eux le plaisir secret d’être reconnus. Ils sont ceux qui mourront d’amour.

Et si tu parles d’amour, alors ils te riront au nez ! Tu les prends pour des dupes dont on tire le sang avec des phrases de couleur ! Courageux, oui, par vanité ! Ils jouent les matamores par pudeur de l’amour. Ainsi ont-ils raison car il arrive que tu les voudrais dupes.

Tu te sers de l’amour de la ville pour les convier au sauvetage de tes greniers. Se moquent bien de tes greniers vulgaires. Te feront croire par mépris pour toi qu’ils affrontent la mort par vanité. Tu ne conçois point véritablement l’amour de la ville. Ils le savent de toi le repu. Sauveront la ville avec amour, sans te le dire, et injurieusement, puisque tes greniers logent dans la ville, ils te jetteront comme un os au chien, tes greniers sauvés.

Illustration : Légion étrangère

La nouvelle formule « islamiste 2.0 » du « jihadisme institutionnalisé »

La nouvelle formule « islamiste 2.0 » du « jihadisme institutionnalisé »

ihadisme politique
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Alexandre Del Valle – Le Diplomate Média – publié le 18 décembre 2024

https://lediplomate.media/2024/12/la-nouvelle-formule-islamiste-2-0-du-jihadisme-institutionnalise/alexandre/monde/mena/moyen-orient/terrorisme-moyen-orient/


D’après des spécialistes du jihadisme, comme le germano-égyptien Asiem el Difraoui ou l’américain, Aaron Y. Zelin, la victoire de Joulani et du Hay’at Tahrir al Cham contre le régime Bachar el-Assad a signé la victoire du « jihadisme politique » comme stratégie de conquête. Ce phénomème nouveau, que nous avions qualifié dans nos écrits d’« institutionnalisation du jihadisme », est un véritable tournant dans l’histoire de l’islamisme international. La Syrie est en effet, plus efficacement encore que les Talibans, le premier terrain d’essai de cette catégorie hybride, qui va probablement être un casse-tête sécuritaire pour de nombreux pays et pour tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre l’islamisme radical et qui croyaient naïvement que l’islam politique comme celui des Frères musulmans ou de la Turquie d’Erdogan représentaient peut-être LA solution alternative au jihadisme, incapable de conquérir le pouvoir et d’administrer un Etat.

Le « Sham » du HTS, dont la Syrie est le noyau-dur, va redevenir un pôle d’attraction du jihadisme et du panislamisme européen et proche-oriental, même si son leader a dit renoncer au jihad global et a rompu avec Al-Qaïda. La conquête de la Syrie n’est que l’une des étapes d’un projet jihadiste régional. Le terme de « Hay’at Tahrir Sham » désigne en effet la « libération de la Syrie élargie au sens de tout le Proche-Orient (Jordanie, Liban, Palestine Israël, Syrie, etc) … D’ailleurs, si Al-Joulani est apparu avec le drapeau syrien de la Révolution, jadis prohibé par les Jihadistes de DAECH, il a également parlé depuis la mosquée des Omeyades de Damas, devant un autre drapeau, blanc, qui symbolise la couleur de l’islam, que Joulani ne renie aucunement puisqu’il a dédié sa victoire à la Oumma Islamique (Oumma al -islamiyya) et non pas la Syrie…

En fait, le HTS a mis en œuvre une stratégie d’adaptation proche de celle, dite « par étapes », des Frères musulmans, adeptes d’un salafisme réformiste, (Salafiyya islahiyya) apparemment plus moderne, mais qui poursuit le même objectif final du Tamkine planétaire ou Califat universel. Le génie du pragmatique Joulani est que sa formule politique va permettre de réunir dans une même expérience victorieuse tous les degrés de l’islamisme radical, un processus initié par les Talibans depuis le départ des Etats-Unis d’Afghanistan, mais que Joulani a plus de capacité à faire triompher puisque deux de ses parrains directs, la Turquie membre de l’Otan et le Qatar qui abrite une base américaine, sont structurellement liés à l’Occident et peuvent contribuer au processus de transition politique et d’institutionnalisation de l’islamisme jihadiste, deux options de l’islamisme qui ont longtemps été impossibles et qui se sont violemment combattues. Cela ne veut pas dire qu’Al-Qaïda, le Hamas, les Frères musulmans, le Milli Görüs turc, le Jamaà islami pakistanais et l’Etat islamique, mouvances aux milles divergences, vont fusionner ou même arrêter de se combattre ou d’être tantôt alliés tantôt rivaux ou ennemis, mais l’expérience du « jihadisme politique », synthèse de l’islam politique à la Frères musulmans et du jihadisme à la Al-Qaïda, va attirer des partisans issus de toutes les nuances de l’islamisme sunnite, des plus institutionnelles aux plus jihadistes et révolutionnaires.

Revenons à la chute d’Assad qui a permis de consacrer l’institutionnalisation du Jihad de Joulani

Pour revenir à la chute d’Assad, la priorité actuelle de Abou Mohamad al-Joulani, de son vrai nom Ahmed al-Charaà, est l’instauration d’un nouveau régime capable à terme d’instaurer son hégémonie sur tout le territoire syrien, donc capable de fédérer dans un futur Etat les rebelles islamistes fréristes et pro-turcs, les salafistes jihadistes qui l’ont suivi dans sa démarche, les anciens rebelles de 2011 sunnites et pas forcément islamistes mais conservateurs, et les minorités ethniques kurdes, turkmènes, arméniennes, assyro-chaldéennes, chrétiennes, chiites, alaouites et druzes y compris. Or force est de constater qu’avec 30 à 40 000 hommes, soit moins que l’Armée Nationale Syrienne – avant les ralliements récents, puisque l’ANS dispose de 50 000 soldats et mercenaires, ses troupes réellement fidèles issues comme lui d’Al-Qaïda/Al-Nosra et autres salafistes ralliés depuis 2017 (et le changement de nom en HTS) sont limitées. Les Kurdes insoumis ne vont pas plier facilement face à l’ANS pro-turc et au HTS pro-Qatari qui veulent soumettre au nouveau pouvoir islamiste le Kurdistan/Rojava autonome et ses Forces Démocratiques Syriennes (FDS), dont le noyau-dur sot les YPG kurdes proches du PKK turco-kurde. Les Druzes sont eux aussi armés, bien que n’ayant pas de forces miliciennes officielles, et ils sont encore épargnés car ils sont assez difficiles à soumettre dans leurs montagnes du sud-Ouest du pays frontalier d’Israël et du plateau du Golan occupé par Tsahal et habité par des frères Druzes avec qui ils sont en contact et solidaires en cas d’attaque islamiste.  Une partie des chefs druzes a d’ailleurs appelé à être rattachés à Israël, où les Druzes sont les seuls arabes ayant des hautes positions dans l’armée et totalement fidèles à Israël. Quant aux anciens militaires du régime, bien qu’amnistiés, ils ne sont pas encore considérés assez fiables pour qu’une grande armée nationale postrévolutionnaire et post-Assad soit opérationnelle rapidement contre les forces séparatistes. Pour ce qui est du Djebel Ansariyya, la montagne alaouite, bien qu’officiellement désarmée et ayant été abandonnée par les troupes d’élites alaouites du Général pro-russe Souheil Hassan (« Le Tigre ») et de la division de Maher Al-Assad, partis vers l’Irak, il pourrait devenir rebelle et se réarmer rapidement dans ses fiefs et donc créer lui aussi des difficultés si les persécutions et vengeances massives arrivaient, d’où l’actuelle prudence de Joulani. Mais combien de temps le leader du HTS pourra-t-il contenir ses troupes salafistes-jihadistes assoiffées de vengeance et de sang, habitués à couper des têtes et les empêcher d’agir conformément à la doctrine du Jihad qu’ils n’ont jamais reniée ?

Joulani va-t-il vraiment réussir à devenir Charaà et troquer si facilement son nom de guerre jihadiste ?

De ce fait, ce n’est qu’une fois le pouvoir du HTS déployé partout, ce qui nécessitera la difficile soumission de l’ANS pro-turque, en plus de la soumission des zones rebelles kurdes, que Joulani pourra montrer progressivement son vrai visage : la pleine application de la Charià en Syrie, après une première annonce d’une version soft visant à rassurer minorités et l’Occident. Faire progressivement du « Cham » un pays attrayant tant pour des salafistes radicalisés du monde entier frustrés de ne pas avoir pu faire le Hijra (émigration ») à l’époque de gloire du « Dawla » (l’Etat, sous-entendu islamique, EI), que pour des millions de sunnites syriens revanchards qui vont goûter à la formule islamiste après tant de décennies de répression de la part des « apostats » alaouites et de leur Etat sécularisé baathiste et nationaliste.  Joulani va finalement rétablir plus efficacement que DAECH, un Etat islamique qui sera parrainé ou reconnu rapidement par des puissances liées à l’Occident, Turquie, Qatar, Koweït, Arabie saoudite. Toute une génération d’islamistes va idéaliser le succès de Joulani, qui a réussi en en finir avec les alaouites-baathistes d’Assad, « ennemis de l’islam », presque sans tirer un coup de feu, en récupérant les efforts des rebelles et des Syriens lassés de la corruption et du régime totalitaire syrien. Il va donc y avoir un appel d’air vers la Syrie, surtout la poche d’Idlib, le foyer de jihadistes français, d’Omar Diaby/Omsen. Car la zone d’Idlib va rester bien plus islamiste-jihadiste que les autres places syriennes étant donné que les jihadistes vaincus en 2016-2017 se sont réfugiés dans l’incubateur d’Idlib et y ont vécu selon la Charià salafiste et sous protection indirecte turque depuis des années.

L’excitation malsaine de la mouvance jihadiste extérieur et le pouvoir d’attraction du Sham

Pour le procureur national antiterroriste, Olivier Cristen, qui a évoqué une surveillance accrue de la “djihadosphère”, cette victoire très médiatisée de HTS – bien qu’en réalité l’ANS et les brigades de rebelles du Sud ont aussi joué un rôle important – a créé une sorte “d’excitation malsaine” des pro-jihadistes français pour qui le Cham est un quasi-lieu de pèlerinage califal. Rappelons qu’au sein du HTS et des groupes autonomes qui ont dû lui prêter allégeance, d’autres groupuscules jihadistes et islamistes étrangers demeurent attachés au jihad global, comme les légions ouïghoures, qui soutiennent leur peuple en Chine. Avec des groupes de jihadistes d’Asie centrale, du Caucase, maghrébins ou francophones, ils représentent encore quelques milliers de personnes qui vont être utilisés, comme lors de la conquête d’Alep fin novembre, comme kamikazes pour enfoncer des lignes adverses lors d’offensives, notamment contre les Kurdes, les Druzes ou les Alaouites en cas de résistance. On sait par ailleurs que certains terroristes de France, dont l’assassin de Samuel Paty, Abdoullah Anzorov, fils de réfugiés Tchétchènes, était en contact avec des jihadistes d’Idlib, comme cela a été confirmé le 4 novembre et le 10 décembre derniers lors des procès des tueurs de l’enseignant. L’influence même du HTS sur Anzorov a été attestée devant les juges par l’un de ses complices repentis, Ismael Gamaev, qui a révélé qu’il « participait activement »  à un groupe Snapchat crypté, avec des membres cette organisation, lesquels auraient lancé un appel à tuer les caricaturistes de Mahomet, et auprès de qui il aurait confirmé l’accomplissement de ce « jihad punitif ».

Quid des 300 djihadistes français disparus des radars ?

Sur 1500 volontaires français venus faire le Jihad et leur Hijra (« émigration » islamique imitant celle de Mahomet à Médine en 622, sorte d’Alyah jihadiste), on sait que beaucoup sont morts, mais d’autres ont survécu. Ainsi, Omar Diaby alias Omsen a été donné pour mort plusieurs années durant avant finalement de réapparaître dans un documentaire. Ensuite, lorsque les islamistes du HTS ont libéré les prisonniers des geôles du régime de Bachar al-Assad, deux djihadistes Français y ont été identifiés parmi les prisonniers, mais les experts sont certains qu’ils sont très probablement plus nombreux. 300 jihadistes français sont dans la nature, disparus, et susceptibles de réapparaître, tandis que la poche d’Idlib en abriterait au moins 120. Enfin, il y a toujours la possibilité d’une résurgence de l’État islamique, actuellement très affaibli, divisé en petites cellules éparses, mais à qui le chaos ambiant pourrait également profiter. Certes, la priorité d’Al-Joulani, semble axée sur l’instauration d’un nouveau régime en Syrie, ce qui nécessite des concessions verbales et juridico-politiques de transition. Les mêmes consignes ont été données par l’ancien homme d’économie et de culture Al-Bachir, récemment nommé Premier Ministre de la Syrie de Joulani, mais ce fidèle du chef de HTS ne manie-t-il pas lui aussi la taqiya, le mensonge pieux, comme son chef ? L’avenir le dira. Toujours-est-il qu’il va y avoir un appel d’air vers la Syrie, car indépendamment même  de la pseudo modération de Bachir et Joulani, qui est motivée par l’urgence de lever les sanctions économiques occidentales et la Loi Caesar américaine qui pénalise toute reconstruction, pour de nombreux jihadistes, le pouvoir de fascination du Sham est intacte et le HTS est celui qui a fait tomber l’apostat Bachar. Pour les islamistes salafistes français, le Sham demeure avec l’Afghanistan libérée des Américains, le seul « véritable Dawla islamiyya » (Etat islamique), au monde, fruit d’un « jihad béni », où la Charià salafiste va être appliquée et l’est déjà dans la région du HTS au nord. Si cette Charià devient officielle dans tout le pays, les bons musulmans salafistes n’ayant pas le droit de vivre parmi les « Mécréants » pourront venir y accomplir leur Hijra, leur « émigration » sainte, vers cet Etat islamique paré qui plus est de l’auréole et du prestige du jihad vainqueur face aux laïques, mécréants et apostats baathistes et alaouites. A cet effet, le charisme de recruteurs propagandistes comme d’Omar Diaby, en liberté et ayant prêté allégeance au HTS, va attirer des jeunes radicalisés de France et d’Europe qui ont été frustrés de ne pas avoir pu rejoindre le jihad syrien contre Bachar et qui vont « enfin » réaliser leur rêve dans le cadre d’une « excitation malsaine” évoquée par le procureur national antiterroriste, Olivier Cristen

À lire aussi : Le Sommet d’Astana : Opération de la dernière chance pour la Syrie 


 

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