Les effectifs de l’armée russe après deux ans et demi de guerre en Ukraine

Les effectifs de l’armée russe après deux ans et demi de guerre en Ukraine


En plus d’une victoire militaire en Ukraine, les dirigeants russes souhaitent constituer d’importants effectifs militaires en vue d’un éventuel conflit avec l’OTAN dans l’espace Baltique et la péninsule de Kola. Les prévisions actuelles comptent sur une augmentation des effectifs militaires russes d’environ 350 000 hommes, pour atteindre un total de 1,5 million de soldats et d’officiers. Dans le contexte du conflit qui se déroule actuellement en Ukraine, cet objectif ne peut être atteint sans une nouvelle vague de mobilisation massive.

Soldats de l'assaut russe au combat. 11 juin 2023
Soldats de l’assaut russe au combat. 11 juin 2023 © Dmitriy Kandinskiy/Shutterstock.com

En 2024, les pertes humaines irréversibles d’environ 30 000 soldats par mois sont à peu près équivalentes à l’afflux de soldats sous contrat et de volontaires, qui constituent l’essentiel de l’effectif militaire russe apte au combat au cours de la même période. Cette nouvelle vague de mobilisation a été reportée car le Kremlin se méfie des conséquences politiques potentiellement négatives qu’elle pourrait avoir dans le pays. En outre, l’armée russe souffre d’un déficit de personnel de commandement et d’armes pour les nouvelles unités qu’il est prévu de créer. D’une manière générale, plus la guerre en Ukraine se prolonge, plus la machine militaire russe se détériore. Par conséquent, en fournissant à l’Ukraine l’aide nécessaire pour poursuivre la guerre, l’Occident affaiblit le potentiel militaire de la Russie et augmente le temps qu’il faudra à Moscou pour reconstituer ses forces armées une fois que la guerre sera terminée. Cependant, la pression exercée par la guerre sur la société et le système politique ukrainiens pourrait provoquer une crise politique dont l’issue serait imprévisible, tant sur le plan national qu’international.

Yuri Fedorov est titulaire d’un doctorat et spécialiste des questions politiques et militaires russes. Il a travaillé à l’Institut d’études américaines et canadiennes et à l’Institut de l’économie mondiale et des affaires internationales, tous deux basés à Moscou. Il a enseigné pendant plusieurs années à l’Institut des relations internationales de Moscou. Après avoir quitté la Russie en 2006, Yuri Fedorov a vécu en Europe, où il a d’abord occupé le poste de chercheur à la Chatham House, au Royaume-Uni. Depuis 2008, il travaille comme journaliste en République tchèque. Il est membre du syndicat des journalistes de la République tchèque et auteur sur la branche Russie de Radio Svoboda. Son dernier ouvrage, publié en 2024, s’intitule The Ukrainian Front of the Third World War.


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Les effectifs de l’armée russe après deux ans et demi de guerre en Ukraine

Protection du combattant et résilience des transmissions, deux impératifs capacitaires pour l’infanterie de demain

Protection du combattant et résilience des transmissions, deux impératifs capacitaires pour l’infanterie de demain

– Forces opérations Blog – publié le

Quels équipements pour le fantassin de demain ? C’est à cette question qu’ont cherché à répondre des Journées nationales de l’infanterie placées sous le prisme de « la technologie au centre, le fantassin au coeur ». Deux impératifs sont désormais dans le collimateur de l’armée de Terre, l’un portant sur la protection du combattant et l’autre sur la résilience des systèmes d’information.

Intercepteur i-X, robot HE441, brouilleur SPART ou encore munition téléopérée ORQA. Ces noms n’évoqueront sans doute rien et ce ne sera pas surprenant, car aucun de ces systèmes n’est en service dans l’armée de Terre. Du moins, pour l’instant, car chacun représente néanmoins une piste de réflexion pour adapter l’équipement de l’infanterie française à l’heure où celle-ci se transforme en profondeur. C’est avec cet enjeu d’adaptation capacitaire en tête que l’armée de Terre et une soixantaine d’industriels français et étrangers se sont prêtés au jeu de la prospective lors d’une démonstration sur le camp de Bergerol des Écoles militaires de Draguignan (Var). Temps fort des JNI, trois tableaux ont exploré ce que pourrait être la mission de reconnaissance offensive d’un groupement tactique interarmes à dominante infanterie dans un futur proche. L’occasion de revenir sur plusieurs dizaines de matériels novateurs susceptibles d’accroître l’efficacité opérationnelle de l’infanterie. 

« Il y a des opportunités d’innovation et d’évolution qui sont très importantes. Il y a un intérêt à saisir l’esprit de ces évolutions, de cette innovation pour distinguer celles qui seront vraiment utiles et qu’on pourra intégrer pour qu’il y ait ensuite une évolution tactique », constatait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, en marge de cette démonstration. Deux priorités se démarquent selon lui pour l’infanterie : la protection du combattant et la résilience des systèmes d’information opérationnelle et de commandement (SIOC). 

Face à la transparence du champ de bataille, mieux se protéger « serait, pour l’infanterie, la priorité absolue aujourd’hui ». Se protéger en leurrant ou en brouillant l’adversaire, en se dispersant, en privilégiant le mouvement, en se cachant autrement, en exploitant l’environnement : qu’importe la carapace, blindage et camouflage ne suffisent plus pour contrer « cette menace aérienne qui est de plus en plus prégnante, qui fait que des drones démultiplient la façon de voir le champ de bataille ».

Ainsi, la section d’infanterie motorisée montrée aux JNI agissait sous la protection d’un boîtier individuel HADDES que MC2 Technologies a conçu pour détecter et discriminer les drones jusqu’à une portée de 3 km. Une fois détectée, la menace 3D doit ensuite être neutralisée selon « le critère du moindre coûts financier ». Hormis l’arme laser HELMA-P de Cilas et son tir à « quelques euros », l’auto-protection du groupe de combat pourrait s’élargir à quelques idées simples, immédiatement disponibles et souvent à usage multiple. C’est le cas d’un fusil semi-automatique de calibre 12 ETD. Tirant de la grenaille de plomb, sa portée en lutte anti-drones limitée à une cinquantaine de mètres est contrebalancée par  un panel d’effets allant du combat en localité à la neutralisation d’individus par l’utilisation de munitions non létales.

La grenaille de plomb, autre solution pour protéger le fantassin face à la menace des drones

Se pose en parallèle la problématique de la survie des SIOC, la réactivité du commandement étant intimement liée à leur résilience et à leur efficacité. D’autres voies sont à l’étude pour compléter un socle constitué, à l’échelon du GTIA, de la radio CONTACT et du système d’information du combat SCORPION. Illustration avec cette section d’aide à l’engagement débarqué (SAED) équipée du système radio SILVUS commercialisé par FGH. Ce réseau multidomaine permet d’interconnecter tous les intervenants, jusqu’aux équipements cynotechniques. Son réseau maillé haut débit transmet autant la phonie que les données, les flux vidéo et la géolocalisation amie (Blue Force Tracking). Ce BFT était pour l’occasion amené par les balises individuelles AGENA-M de SYANS. Chiffrée, cette capacité est générée de manières autonome et furtive par l’émission d’un signal court et très faible à une échéance pré-déterminée en amont. Les réseaux civils offrent une opportunité indéniable pour transmettre des données mais représentent aussi un risque, notamment en matière d’interception. C’est pourquoi Thales a planché sur un kit d’hybridation intégré sur véhicule et permettant d’utiliser les infrastructures existantes en sécurisant les communications pour diminuer ce risque tout en conservant une capacité militaire durcie. 

Derrière les unités connues, les JNI revenaient également sur l’émergence de la section de renseignement et de guerre électronique (SRGE), cette « section des effets spécialisés » préfiguratrice de ce que pourrait être l’unité robotisée d’infanterie de demain et dont le volet capacitaire plus spécialisé demeure embryonnaire. Agile et discrète, cette SRGE à double visage requiert de se pencher autant sur sa dotation en munitions téléopérées et robots terrestres qu’en outils de brouillage local, de leurrage et de localisation. Des systèmes dont l’infanterie est dépourvue, mais pour lesquels des solutions existent. En témoigne ce module de déception conçu par Spherea. Monté sur un drone, il reproduit à l’identique les signaux électromagnétiques et autres communications amies. De quoi, par exemple, faire croire à l’ennemi qu’un sous-GTIA blindé manoeuvre en deuxième échelon de la force qui s’infiltre dans son dispositif. Il devra donc mobiliser des moyens et perdra du temps à infirmer l’information. 

Contre les drones, la SRGE pourrait bénéficier d’un capteur STM4000 de Flying Eye capable de discriminer les drones amis des ennemis jusqu’à 10 km en analysant les gammes de fréquence utilisées. Une fois détecté, le système adverse pourra être brouillé par le système SPART de MC2 Technologies. Le tout, doté d’une réelle agilité par l’emport sur un 4×4 léger Masstech S4 de Technamm ou sur le HUTP de Haulotte, deux véhicules non protégés mais peu onéreux, rapides et rustiques. 

Le Masstech S4 de Technamm, l’un des véhicules susceptibles de répondre à l’exigence de légèreté et de discrétion des SRGE

« Ce qui m’intéresse dans certains aspects de cette démonstration, ce sont justement des technologies qui sont peu chers, accessibles mais qui vont démultiplier l’efficacité », résumait le CEMAT. Ce dernier en est cependant conscient : la technologie ne s’oppose pas à la masse et va de pair avec la rusticité. Il s’agit dès lors de construire « des unités qui soient capables d’utiliser au maximum la technologie tout en gardant la capacité de se replier vers des capacités plus traditionnelles et rustiques, mais avec lesquelles elles iront moins vite ». L’exemple type, c’est celui du GPS et de la boussole.

« Il y a aujourd’hui un bouillonnement technologique absolument extraordinaire, qui est poussé notamment parce que, malheureusement, il y a une guerre », poursuivait le CEMAT. Ce bouillonnement, l’armée de Terre cherche à l’exploiter au mieux en privilégiant davantage les achats en boucle courte. Une logique de « patchs successifs » matérialisée à partir de solutions disponibles sur étagère pour répondre aux besoins urgents sans pour autant éluder la conduite de grands programmes structurants. Ce rééquilibrage entre l’immédiat et le futur, l’armée de Terre l’a déjà matérialisée par l’acquisition de drones DT-46 et d’engins de bréchage mécaniques de zone minée avec le soutien de la force d’acquisition réactive de la Direction générale de l’armement. L’expérience pourrait tout à fait être reproduite pour « saisir les innovations qui permettraient de démultiplier ce que nous avons », indique le CEMAT. 

Exploratoire, la démonstration des JNI n’aboutira sans doute pas à l’adoption de l’ensemble des moyens présentés à Draguignan. Plusieurs questions restent en effet en suspens face à un panorama technologique « très intéressant mais à sédimenter, à réfléchir ». « Est-ce que cela fonctionne vraiment et en quoi cela apporte quelque chose aux unités ? », souligne un chef d’état-major pour qui se pose aussi la problématique du volume. « J’ai une armée de 77 000 hommes et femmes. Comment passe-t-on, le cas échéant, à l’échelle ? ». Sans oublier « l’importance de combiner un socle cohérent et complet » et d’ « utiliser au mieux les moyens octroyés dans un contexte budgétaire difficile », rappelait le général Schill jeudi dernier lors de la Présentation de l’armée de Terre. Autant d’enjeux dont s’emparent désormais les acteurs concernés, l’École de l’infanterie et la STAT en tête.

De 2300 à 600: le rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique présenté à Macron

De 2300 à 600: le rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique présenté à Macron

A Gao, au Mali en novembre 2021. Photo P. CHAPLEAU

 

Personne n’a oublié qu’en février 2023, le président français Emmanuel Macron a annoncé une prochaine « diminution visible » des effectifs militaires français en Afrique. Un an plus tard, on apprenait que Jean-Marie Bockel, éphémère ministre de la Coopération de l’ancien président Nicolas Sarkozy en 2007, était chargé d’une mission sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique.

Il était alors prévu qu’un rapport serait remis au Président à la mi-juillet 2024.

Lundi, Jean-Marie Bockel a remis au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, a annoncé l’Elysée. Ce rapport prône un partenariat « renouvelé » et « coconstruit ».

« Les recommandations s’inscrivent dans la volonté de mise en œuvre d’un partenariat de défense renouvelé, répondant aux besoins exprimés par nos partenaires, et coconstruit avec eux, dans le plein respect de leur souveraineté », a ajouté la présidence sans commenter les constats et les recommandations. L’AFP précise d’ailleurs en ce 26 novembre que le plan de réduction « ne devrait pas faire l’objet d’annonces formelles ».

La mission de l’ancien secrétaire d’Etat à la Coopération sous l’ancien président Nicolas Sarkozy concernait les quatre pays où sont implantées des bases militaires françaises sur le continent, hors celle de Djibouti. Ces quatre pays sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Gabon. Au début de l’été dernier, deux sources proches de l’exécutif et une source militaire avaient confié à l’AFP que le projet visait à conserver une centaine de militaires au Gabon (contre 350 alors), autant au Sénégal (contre 350) et en Côte d’Ivoire (600 auparavant) ainsi que quelque 300 au Tchad (contre 1000). Soit un passage de 2300 militaires des forces prépositionnées à 600, volume qui constituera peut-être le « dispositif socle » dont parlait Jean-Marie Bockel, il y a quelques jours sur France24.

A noter qu’en avril 2024, la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale a tenu à prendre part à la réflexion sur l’avenir de la politique française de défense en Afrique en organisant, à partir du mois de novembre 2023, un large cycle d’auditions sur les mutations stratégiques du continent. Son Rapport d’information n°2461 est à lire ici.

Photographies et dessins : Afghanistan. No Woman’s Land

Photographies et dessins : Afghanistan. No Woman’s Land

Par Mélissa Cornet, Pierre Verluise – Diploweb – publié le 24 novembre 2024

https://www.diploweb.com/Photographies-et-dessins-Afghanistan-No-Woman-s-Land.html  


Mélissa Cornet effectue des travaux de recherche en Afghanistan depuis janvier 2018 pour des think tanks locaux ou internationaux. Entre janvier et juin 2024, elle réalise un reportage sur les droits des femmes afghanes avec la photographe irano-canadienne Kiana Hayeri. Ce reportage, « No Woman’s Land », est exposé jusqu’au 18 décembre 2024 à Paris, sur le Port de Solférino, face au Musée d’Orsay. Exposition extérieure, accès libre, ouverte au public 24 h / 24 h, 7 jours sur 7. En partenariat avec la Ville de Paris.
Propos recueillis par Pierre Verluise, docteur en Géopolitique, fondateur du Diploweb.com.

En 2024, l’Afghanistan se trouve plongé dans une combinaison de crises interconnectées. La crise humanitaire est sans précédent, avec un effondrement économique qui entraîne des niveaux de pauvreté et de malnutrition catastrophiques. Les droits humains sont également dans une situation critique, avec des groupes vulnérables, notamment les femmes et les minorités, qui font face à des restrictions sévères et à une exclusion croissante. L’exposition présentée documente la condition actuelle des femmes et des filles afghanes sous le régime taliban. A ne pas manquer, actuellement à Paris, bientôt aux Pays-Bas, à La Haye

Pierre Verluise (P. V. ) : Vous présentez à Paris, Port de Solférino, une exposition «  No Woman’s Land  », consacrée à la situation des droits des femmes en Afghanistan réalisée en 2024 avec Kiana Hayeri dans le cadre de la 14e édition du Prix Carmignac. Nous en présentons ci-dessous trois photos, mais pouvez-vous nous en dire plus sur cette exposition, son accueil et ses suites possibles ?

Mélissa Cornet (M. C. ) : L’exposition « No Woman’s Land » est le fruit d’un travail de terrain mené sur six mois en collaboration avec Kiana Hayeri, qui se consacre à illustrer la condition actuelle des femmes et des filles afghanes sous le régime taliban. L’objectif central de l’exposition est de montrer le contraste poignant entre la résilience des femmes afghanes et la répression systématique à laquelle elles sont confrontées dans leur quotidien. À travers des portraits intimes et des récits personnels, nous avons cherché à révéler les aspects souvent invisibles de leur lutte pour l’autonomie, la dignité et la liberté de choix.

 
Afghanistan. 2024. No Woman’s Land
Une affiche déchirée montre comment les femmes sont censées se couvrir le visage : avec une burqa, ou chadari, qui couvre tout le visage, ou avec un niqab, qui ne laisse que les yeux découverts. © Kiana Hayeri pour la Fondation Carmignac
Kiana Hayeri / Fondation Carmignac

L’accueil de l’exposition a été profondément significatif : les visiteurs ont réagi non seulement par une profonde empathie envers ces femmes, mais aussi avec un sentiment d’injustice qui dépasse les frontières. Ce que nous espérons désormais, c’est que « No Woman’s Land » continue de voyager pour sensibiliser un public international, avec une deuxième étape confirmée aux Pays-Bas, à La Haye, en décembre 2024 et un site interactif en construction. Nous envisageons également des publications qui approfondiraient ces récits et des débats autour des mécanismes de soutien aux droits humains. Par ailleurs, cette exposition est un appel à l’action pour la communauté internationale, en soulignant le besoin urgent d’interventions concrètes pour protéger les droits fondamentaux des femmes afghanes.

P. V. : Au vu de vos expériences de terrain en Afghanistan de 2018 à 2024, comment ont évolué les droits des femmes, en particulier après le retour des taliban [1] au pouvoir le 31 août 2021 ?

M. C. : Avant 2021, les femmes en Afghanistan bénéficiaient d’une fragile, mais réelle, expansion de leurs droits, dans les domaines de l’éducation, de la participation politique, et de l’accès à l’emploi. Si ces acquis demeuraient limités et souvent précaires, ils représentaient néanmoins une avancée significative. Depuis le retour au pouvoir des taliban en 2021, c’est la trajectoire inverse, et les femmes ont vu leurs libertés réduites à un point critique : interdiction d’accéder à l’éducation secondaire et universitaire, restrictions draconiennes de leurs déplacements sans accompagnement masculin, et exclusion systématique des espaces publics, économiques et sociaux.

 
Gardi, district de Ghos, Nangarhar, Afghanistan, 13 février 2024.
© Kiana Hayeri pour la Fondation Carmignac.
Kiana Hayeri / Fondation Carmignac

Légende de la photo ci-dessus : Gardi, district de Ghos, Nangarhar, Afghanistan, 13 février 2024. En l’absence de bâtiments scolaires dans le district de Gardi Ghos, des classes sont installées pour les élèves, entre deux routes principales, sous le soleil et sur un sol en terre battue. Alors que les garçons peuvent suivre leur scolarité jusqu’à la douzième année, les filles n’ont accès à l’école que jusqu’à la sixième année. Aujourd’hui, les filles ne sont autorisées à étudier que jusqu’à la sixième année et sont exclues des écoles secondaires et des universités. Dans certains districts, sur décision locale des autorités, les filles n’ont pas le droit d’aller à l’école au-delà de la 3e année. Cependant, des écoles clandestines installées dans des maisons, des mosquées ou des espaces alternatifs continuent d’éduquer les filles, au prix d’un risque élevé. © Kiana Hayeri pour la Fondation Carmignac.

Le régime actuel cherche non seulement à restreindre leurs droits, mais aussi à effacer leur présence visible de la sphère publique. Cette régression est structurelle, visant à établir une société où les femmes sont entièrement marginalisées et invisibilisées. Les effets psychologiques et sociaux de cette situation sont dévastateurs, non seulement pour les femmes elles-mêmes mais pour la société afghane dans son ensemble, qui se trouve ainsi privée de la contribution active de la moitié de sa population.

P. V. : Quelles sont les différentes crises qui affectent fin 2024 l’Afghanistan ? En admettant qu’elle existe, la « communauté internationale » a-t-elle directement ou indirectement des parts de responsabilité dans ces crises ?

M. C. : En 2024, l’Afghanistan se trouve plongé dans une combinaison de crises interconnectées. La crise humanitaire est sans précédent, avec un effondrement économique qui entraîne des niveaux de pauvreté et de malnutrition catastrophiques. Les droits humains sont également dans une situation critique, avec des groupes vulnérables, notamment les femmes et les minorités, qui font face à des restrictions sévères et à une exclusion croissante. Par ailleurs, l’isolement politique et économique du pays exacerbe cette crise multidimensionnelle, les sanctions et le gel des avoirs ayant contribué à l’effondrement des systèmes de services publics essentiels.

En ce qui concerne la responsabilité de la communauté internationale, elle est complexe et ambivalente. Le retrait militaire chaotique de 2021 a laissé un vide que les taliban ont rapidement rempli, sans pour autant que des solutions durables soient mises en place pour stabiliser le pays. Par ailleurs, l’approche punitive adoptée par certains pays en matière d’aide humanitaire et au développement a accentué l’isolement du régime mais a surtout privé le peuple afghan de ressources vitales. Il y a donc une part de responsabilité dans l’échec de l’établissement de conditions propices à une stabilité durable, qui aurait pu permettre une meilleure transition pour les afghans.

P. V. : Les récents décrets des Taliban ont encore restreint les libertés des femmes, y compris l’interdiction de chanter et de lire en public. Comment ces mesures affectent-elles la manière dont les États occidentaux peuvent répondre à la situation en Afghanistan ?

M. C. : Les restrictions imposées aux femmes par le régime taliban placent les pays occidentaux dans une position diplomatique extrêmement délicate. D’une part, collaborer avec les taliban pour garantir un accès humanitaire et une stabilité minimale n’est pas populaire avec les opinions publiques occidentales. D’autre part, refuser tout dialogue empêche tout levier d’influence directe et, par conséquent, toute possibilité d’exercer une pression pour des changements même minimes.

 
Afghanistan, Jalalabad, province de Nangarhar, 12 février 2024
Muska, 14 ans, est récemment rentrée du Pakistan et rêve de poursuivre ses études, permises là-bas et limitées en Afghanistan. « Je préférerais vivre au Pakistan, où je pourrais au moins m’éduquer ». Récemment, ses parents ont accepter de la marier au fils de leur propriétaire, en échange d’un puit et de panneaux solaires. © Kiana Hayeri pour la Fondation Carmignac
Kiana Hayeri / Fondation Carmignac

Ces décisions génèrent un effet boomerang aux niveaux social et politique. En tolérant l’oppression en Afghanistan, certains États risquent de banaliser la répression de genre dans le discours international, voire de légitimer indirectement d’autres régimes autoritaires. Cela pourrait également alimenter une dynamique de repli dans les politiques migratoires et de sécurité en Occident, alors que des milliers d’Afghans, et surtout des Afghanes, cherchent à quitter leur pays.

P. V. : Quelles actions vous semblent les plus efficaces pour soutenir les droits des femmes Afghanes ?

M. C. : Les actions les plus efficaces pour soutenir les droits des femmes afghanes passent par un engagement de terrain et une coopération internationale qui privilégie la sécurité et l’autonomisation des femmes afghanes. Le soutien aux ONG locales, l’établissement de fonds sécurisés pour les femmes afghanes, et un plaidoyer constant dans les instances internationales sont des leviers cruciaux. Il est aussi essentiel que les voix des femmes afghanes soient mises au premier plan dans les forums et débats, afin que leurs revendications soient intégrées dans les processus de prise de décision.

Quant au rôle des féministes occidentales, leur solidarité est indispensable et doit s’incarner par des actions concrètes, au-delà des simples déclarations , par exemple en collaborant directement avec les associations afghanes et en amplifiant les récits des femmes sur le terrain, ou en soutenant les voies de migration légales pour les femmes afghanes, et en les accueillant à bras ouverts en Europe et lors de leur processus d’intégration.

P. V. : Tournons-nous vers l’avenir. Quels sont vos espoirs pour l’évolution des droits des femmes afghanes et comment envisagez-vous de continuer à plaider pour leur autonomisation ?
M. C. : Nos espoirs pour les femmes afghanes sont indissociables d’une vision de long terme qui mise sur l’éducation, le soutien psychologique et l’autonomisation économique comme leviers de transformation.

Dans un avenir idéal, nous espérons une évolution vers un meilleur respect des droits humains, notamment ceux des femmes, de manière pacifique. Après des décennies de conflit, personne ne veut aujourd’hui d’une transition violente. Pour notre part, nous poursuivrons nos efforts par des expositions, des publications, et des partenariats tel que celui que nous avons actuellement avec Amnesty International.

L’exposition « No Woman’s Land » est actuellement exposée à Paris, port de Solférino, en contrebas du Quai Anatole France, jusqu’au 18 décembre 2024. Ce reportage a été réalisé grâce au soutien du Prix de Photojournalisme de la Fondation Carmignac.

Copyright Novembre 2024-Cornet-Verluise/Diploweb.com


[1] NDLR : Taliban : cette appellation est le pluriel de « taleb » (instruit, dans le sens coranique) et ne prend donc jamais de « s ».

La dimension aéroterrestre, un enjeu stratégique pour l’armée de Terre

La dimension aéroterrestre, un enjeu stratégique pour l’armée de Terre

IHEDN – publié le 25/11/2024

https://ihedn.fr/lundis-de-lihedn/la-dimension-aeroterrestre-un-enjeu-strategique-pour-larmee-de-terre/


Mis en valeur lors de la présentation de l’armée de Terre la semaine dernière à l’École militaire, l’espace aéroterrestre est de plus en plus essentiel pour la mobilité tactique et stratégique. Décryptage.

Pour son édition 2024, la présentation de l’armée de Terre (PAT) mettait en avant les « Enjeux et finalités du milieu aéroterrestre » à l’École militaire. Un profane pourrait s’étonner : quel lien entre le milieu aérien et une armée terrestre ? La réponse est que ces liens sont très nombreux, et prennent une importance croissante dans l’évolution contemporaine des conflits.

Sur des théâtres de plus en plus complexes, la dimension aéroterrestre vise à accroître l’efficacité opérationnelle. Selon les opérations, il y a bien évidemment une coordination stratégique entre l’armée de Terre et l’armée de l’Air et de l’Espace. Mais en son sein même, l’armée de Terre recèle aussi des capacités aériennes, qui composent la dimension aéroterrestre avec les forces au sol.

Les principaux usages aéroterrestres sont les suivants : renseignement et surveillance par drones et capteurs aériens, appui feu aérien pour les forces terrestres, transport tactique et logistique, opérations aéromobiles et parachutistes, et enfin défense sol-air contre les menaces aériennes.

La plus connue des capacités aéroterrestres est sans doute l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). Disposant d’environ 300 aéronefs (surtout des hélicoptères), elle sert au repérage des cibles, au combat antichars ou au transport de soldats, apportant à l’armée une mobilité rapide et un appui feu crucial pour les unités déployées.

L’ALAT inclut des hélicoptères de combat (comme le Tigre), d’assaut (NH90 Caïman), et un modèle multitâches, le Guépard (Airbus H160M).

Aboutissement d’un programme lancé en 2017, le Guépard brille par sa polyvalence, puisqu’il remplace 5 modèles précédemment utilisés au sein de l’ALAT : les Fennec, Gazelle, Panther, Alouette III et Dauphin.

Le Guépard (Airbus H160M)
Le Guépard (Airbus H160M).

L’autre composante majeure de la dimension aéroterrestre est la large flotte de drones de l’armée de Terre. Il peut s’agir de drones tactiques, de renseignement, de contact… Plusieurs étaient la semaine dernière à la PAT.

Drone à voilure fixe, le SQ20 est utilisé comme cible aérienne pour l’entraînement au tir antiaérien à l’arme légère d’infanterie, à la mitrailleuse ou au canon mitrailleur. Le RQ-11 Raven, lui, est un drone de combat léger de conception américaine.

Le drone SQ20.
Le drone SQ20.
Le drone RQ-11B-RAVEN.
Le drone RQ-11B-RAVEN.

Les sapeurs-sauveteurs (militaires de la sécurité civile) utilisent aussi des drones, par exemple pour avoir un soutien visuel en intervention, notamment sur des sites inaccessibles ou dangereux. C’est les cas des différentes variantes des drones DJI Matrice ou Mavic.

Les drone DJI matrice 300 / drone DJI matrice 30T / drone DJI Mavic 3T.
Les drone DJI matrice 300 / drone DJI matrice 30T / drone DJI Mavic 3T.

Autre appareil présent à l’École militaire, le mini-drone AVATAR, développé par DGA Techniques terrestres et l’Agence innovation défense, sera un drone de combat embarquant des capteurs et un fusil d’assaut HK-416 à tir laser.

Le projet AVATAR.
Le projet AVATAR.

Dernière fonction cruciale de la dimension aéroterrestre, la préparation d’artillerie, avec la gestion de l’espace aérien pour des tirs longue portée (avec des canons Caesar ou des lance-roquettes unitaires par exemple).

Le programme Scorpion de modernisation des capacités de combat, qui fête cette année ses 10 ans, est crucial pour la dimension aéroterrestre, puisque son système d’information du combat unique facilite les communications sol-air entre tous types d’appareils : par exemple, les véhicules blindés nouvelle génération comme le Griffon, le Serval ou le Jaguar sont équipés de capteurs et de systèmes d’information avancés qui leur permettent de recevoir et partager en temps réel des données tactiques, en lien notamment avec les moyens aériens d’observation.

La miniaturisation et les nouvelles technologies permettent ainsi une intégration de plus en plus poussée des capteurs, des systèmes d’armes et des centres de décision. Combinant puissance aérienne et expertise terrestre, la dimension aéroterrestre constitue une réponse efficace aux menaces modernes. Grâce à ses moyens avancés et à une coordination étroite entre les forces, elle offre une capacité unique d’intervention, de protection et de projection de puissance, essentielle pour les conflits d’aujourd’hui et de demain.

Afrique : le rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français présenté à Macron

Afrique : le rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français présenté à Macron

https://www.lefigaro.fr/international/afrique-le-rapport-sur-la-reconfiguration-du-dispositif-militaire-francais-presente-a-macron-20241125


Des soldats français au Tchad, en 2022.

Des soldats français au Tchad, en 2022. AURELIE BAZZARA-KIBANGULA / AFP

 

Les nouvelles modalités de la présence militaire française en Afrique prévoient une réduction significative pour ne conserver qu’un détachement de liaison permanent.

L’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel, a remis lundi au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, qui prône un partenariat «renouvelé» et «coconstruit», a annoncé l’Élysée. «Les recommandations s’inscrivent dans la volonté de mise en œuvre d’un partenariat de défense renouvelé, répondant aux besoins exprimés par nos partenaires, et coconstruit avec eux, dans le plein respect de leur souveraineté», ajoute la présidence.

La mission de l’ancien secrétaire d’État à la Coopération sous l’ancien président Nicolas Sarkozy concernait les quatre pays où sont implantées des bases militaires françaises sur le continent, hors celle de Djibouti: Sénégal, Côte d’Ivoire, Tchad et Gabon.

Abaisser les forces prépositionnées

Contrairement aux autres pays où il s’est entretenu tant avec les autorités qu’avec des représentants de la société civile, Jean-Marie Bockel n’a pas pu se rendre à Dakar et émettre des recommandations concernant le Sénégal, en raison des élections présidentielles et législatives qui s’y sont déroulées ces derniers mois. Selon le plan envisagé par l’exécutif et qui ne devrait pas faire l’objet d’annonces formelles, la France prévoit d’abaisser les forces prépositionnées dont elle dispose sur ses emprises militaires.

Le 6 novembre, Jean-Marie Bockel avait confirmé, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense, la réduction de voilure sans dévoiler de chiffres, arguant alors que les données étaient classifiées. Au début de l’été, deux sources proches de l’exécutif et une source militaire avaient confié à l’AFP que le projet visait à conserver une centaine de militaires au Gabon (contre 350 alors), autant au Sénégal (contre 350) et en Côte d’Ivoire (600 auparavant) ainsi que quelque 300 au Tchad (contre 1000).

Les nouvelles modalités de la présence militaire française en Afrique prévoient une réduction significative pour ne conserver qu’un détachement de liaison permanent et dans le même temps d’adapter l’offre de coopération militaire aux besoins exprimés par ces pays, explique-t-on à Paris.

L’Allemagne intervient à Bruxelles, via ses ONG, pour imposer sa politique énergétique. La France et la filière nucléaire en font les frais.

par Louis du BREIL – AASSDN – publié le 14 novembre 2024

https://aassdn.org/amicale/l-allemagne_intervient-a-bruxelles-via-ses-ong-pour-imposer-sa-politique-energetique-la-france-et-la-filiere-nucleaire-en-font-les-frais/


L’économie, c’est de l’énergie transformée. Ce ne sont pas aux industriels allemands qu’il faut le rappeler. L’explosion des prix de l’électricité depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine les a remis face au désastre de la destruction de leurs capacités nucléaires depuis la mise en place de l’Energiewende dans les années 1990. Dans ce processus suicidaire, Berlin s’en est pris à l’avantage comparatif français dans le secteur énergétique afin de promouvoir sa propre industrie des énergies renouvelables (ENR)[1] et maintenir sa domination économique en Europe. L’Allemagne mène ainsi une guerre de l’information antinucléaire contre la France en s’appuyant sur ses réseaux influents dans les couloirs de Bruxelles et sur un attirail de fondations politiques au service de ses intérêts.

Commentaire AASSDN : Cet article retrace parfaitement le déroulement des actions menées par l’Allemagne contre les intérêts supérieurs français pendant plus de 25 ans.
De nombreux responsables politiques français ont collaboré souvent pour des raisons politiciennes avec des organismes allemands dont l’objectif était d’affaiblir les capacités énergétiques et donc économiques de notre pays.
La guerre notamment économique est un état permanent. Nos alliés, qui ne sont pas nos amis, chercheront toujours quand ils le pourront à nous affaiblir pour nous dominer. Il est donc urgent que nos dirigeants, mais aussi tous les Français prennent conscience de cette réalité aux conséquences graves et combattent vigoureusement ces actions souterraines menées contre nos intérêts fondamentaux non seulement par les grandes puissances (Etats-Unis et Chine) mais également au sein de l’UE.

Origines et développement de l’Energiewende 

Dans la société allemande d’après-guerre traumatisée par les bombardements américains à Nagasaki et Hiroshima, puis par la peur d’une guerre nucléaire généralisée entre les deux blocs lors de la crise des euromissiles en 1977, l’énergie nucléaire a rapidement suscité une aversion naturelle au sein de la population. C’est d’abord ce terreau réceptif qui a fait le succès des militants antinucléaires en Allemagne. Dès 1980, émerge l’idée d’une « transition énergétique » (Energiewende[2]) qui fixe pour horizon l’abandon progressif des énergies fossile et nucléaire au profit des ENR. Ce rêve trouve immédiatement un écho favorable dans le public allemand et des relais politiques dans le jeune parti écologiste Die Grünen, qui accède au pouvoir dans le cadre de la coalition noir-vert avec la CDU au début des années 1990. C’est alors que la promotion des ENR est devenue le fer de lance d’un discours idéologique puissant reposant sur la « bonne conscience » environnementale et l’ostracisation des défenseurs de l’énergie nucléaire[3].

Le tournant énergétique se situe en 1998 lors de la première coalition rouge-verte[4] dirigée par G. Schröder. Il propose deux lois faisant de l’Energiewende un agenda politique pour l’Allemagne. La première[5] renforce le soutien au développement de la filière des ENR (en garantissant des prix de vente supérieurs au prix du marché au détriment du consommateur) et la deuxième[6] programme un abandon du nucléaire échelonné dans le temps. Concrètement, les centrales nucléaires existantes étaient condamnées à la fermeture tandis que la construction de nouvelles centrales était interdite. Cette transition est à nouveau accélérée en 2011 dans la foulée de la catastrophe de Fukushima, lorsque Angela Merkel annonce la fermeture anticipée de la totalité des centrales allemandes à horizon 2022[7]. En avril 2023, les trois derniers réacteurs nucléaires du pays sont finalement fermés[8]. Le rêve vert des écologistes est devenu réalité.

L’Union européenne mise au pas

L’abandon précipité du nucléaire a exposé l’économie allemande aux aléas climatiques et aux incertitudes de l’intermittence des ENR. Pour réguler l’instabilité de sa production énergétique, l’Allemagne dépend de la coopération des pays voisins pour liquider sa surproduction en exportant ou pour compenser son déficit de production en important. Sa survie énergétique étant désormais en jeu, elle n’a pas hésité à mobiliser son influent réseau de lobbyistes à Bruxelles pour défendre ses intérêts et imposer son modèle énergétique[9].

Cette influence s’est traduite de trois manières[10]. En 1996, la directive 96/92/CE vise à développer les débouchés allemands en favorisant les interconnexions des réseaux électriques européens dans le cadre du marché européen de l’électricité. En 2007, l’UE s’engage dans la libéralisation du marché européen de l’énergie et la directive 2009/28/EC, pour ne citer qu’elle, est reformulée sous la pression du lobbying allemand pour maintenir des tarifs de rachat avantageux aux producteurs d’ENR[11]. Enfin, l’Allemagne a vampirisé les subventions de la Banque européenne d’investissement en excluant le nucléaire du label vert de la taxonomie (exclusion levée en 2022). En revanche, le gaz fossile – notamment russe –, essentiel à l’économie allemande pour remplacer le nucléaire, est quant à lui considéré comme une énergie de transition. En d’autres termes, n’est durable ou décarboné que ce qui assure la pérennité et l’hégémonie du modèle énergétique allemand.

Une bête à abattre : le nucléaire français

Il est clair que le lobbying allemand sur la taxinomie avait un bouc émissaire : la France et son fleuron EDF[12]. La sortie du nucléaire ayant mécaniquement augmenté les prix de l’électricité outre-Rhin, le risque pour l’Allemagne était une perte intolérable de compétitivité pour son industrie alors qu’à sa frontière se vendait de l’électricité 2,5 fois moins chère. Henri Proglio, ancien PDG d’EDF, déclarait ainsi à l’Assemblée nationale : « Comment voulez-vous que ce pays qui a fondé sa richesse, son efficacité, sa crédibilité sur son industrie accepte que la France dispose d’un outil compétitif aussi puissant qu’EDF à sa porte ? Depuis trente ans, l’obsession allemande est la désintégration d’EDF ; ils ont réussi[13] ! »

Dans un premier temps, EDF avait pourtant bien reçu la nouvelle de la libéralisation du marché européen. Il était théoriquement gagnant puisqu’il proposait les meilleurs tarifs du marché. Mais l’Allemagne, sous couvert de la commission bruxelloise, a eu tôt fait de pointer du doigt la position monopolistique d’EDF sur le marché français et d’exercer une pression constante pour qu’il se plie à ses exigences[14]. La docilité d’une naïveté impensable des gouvernements français pour s’y conformer s’est traduite par l’adoption de la loi NOME en 2010 et du dispositif ARENH qui en découle. Cette loi contraignait EDF à vendre chaque année un quart de sa production nucléaire à prix coûtant (42€/MWh) à ses « concurrents » qui n’existaient pas, c’est-à-dire des intermédiaires de la filière qui ne produisaient aucune énergie. EDF était riche, il fallait qu’elle donne sa rente nucléaire. C’était absurde, et la France l’a fait par dévotion à l’idée qu’elle se fait de l’Europe. En dix ans, le cours de l’action EDF a baissé de 80 % et l’entreprise a été ruinée[15]. L’Allemagne avait obtenu gain de cause.

L’arsenal de fondations allemandes dans la guerre de l’information 

Dans cette entreprise de sabotage du nucléaire français, l’Allemagne s’appuie sur plusieurs fondations politiques au premier rang desquelles se trouvent Heinrich Böll et Rosa Luxembourg, financées par Berlin à hauteur de 500 millions d’euros par an[16].

C’est le cas de la fondation Heinrich Böll qui coordonne depuis 2016 des opérations d’influence contre le nucléaire français en finançant un large panel d’ONG-relais comme le Réseau Action Climat (qui regroupe 27 associations nationales telles Greenpeace France, WWF ou Sortir du nucléaire). En 2022, la fondation recevait 67 % de ses financements du gouvernement allemand et de l’UE et concentrait plus de 50 % de ses activités à l’étranger. En lien étroit avec le parti vert allemand, elle s’occupe essentiellement de produire et de financer du contenu et des rapports à diffuser dans la presse et les sphères politiques, octroyer des bourses pour la recherche universitaire écologique ou encore rencontrer les élites françaises et soutenir la création de partis politiques comme EELV. Or, les contenus qu’elle propose vouent systématiquement aux gémonies les déchets nucléaires, les risques nucléaires ou l’obstination de l’État français et d’EDF dans le nucléaire ; et n’hésitent pas à aller jusqu’à la désinformation en stipulant que l’énergie nucléaire est polluante et manque de fiabilité[17]. Et ne manquent jamais de vanter les mérites de l’Energiewende allemande ou de l’avenir des ENR.

La fondation Rosa Luxembourg, si elle n’a pas d’antenne en France, s’attaque aux intérêts énergétiques français à l’étranger à commencer par l’extraction d’uranium. Elle participe par exemple à la publication d’un Atlas de l’uranium[18]en 2022, financé par le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement allemand, et qui dénonce le néocolonialisme de la France au Niger et les dangers sanitaires de l’exploitation du minerai par Orano (ex-Areva). Comment ne pas y voir la main de Berlin qui cherche à miner la filière nucléaire française, imposer cette idée fausse dans les esprits de l’Hexagone que le nucléaire est néfaste pour l’environnement et soutenir sa propre industrie dans les ENR ?

Conclusion

Devant les ingérences allemandes contre l’indépendance énergétique française, un constat s’impose : les conflits d’intérêts et les antagonismes entre pays n’ont pas miraculeusement disparu en Europe après 1945. N’en déplaise à un certain pacifisme idéaliste, la géopolitique reste le terrain des rapports de force entre les États, même dans l’Union européenne. « Les États n’ont pas d’amis », disait le général de Gaulle. Pourtant, l’Élysée ne cesse de brandir la bannière de « l’amitié franco-allemande » tandis que la page Wikipédia de cette expression n’existe pas en allemand, mais seulement en français, en esperanto et en suédois…

Louis du BREIL

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[1] Énergies renouvelables.

[2] Du rapport de 1980 publié par l’Okö Institut, un institut de recherche sur l’environnement, qui s’intitule « Energie-Wende : Growth and Prosperity Without Oil and Uranium ».

[3] C’est dans ce contexte que le chancelier Helmut Kohl impose la loi de tarif de rachat de 1991 qui impose aux entreprises de distribution d’acheter de l’électricité issue des énergies renouvelables à un tarif supérieur aux prix de marché.

[4] Coalition entre les socio-démocrates du SPD et les verts de Die Grünen.

[5] Loi Erneuerbare Energien Gesetz (EEG), promulguée en avril 2000.

[6] Loi sur l’énergie atomique, entrée en vigueur en 2002.

[7] Frédéric Lemaître, « La conversion d’Angela Merkel en faveur d’une sortie du nucléaire », Le Monde, 1er avril 2011.

[8] Jens Thurau, « Germany shuts down its last nuclear power stations », Deutsche Welle, 14 avril 2023.

[9] Inga Margrete Ydersbond, « Multi-level lobbying in the EU: The case of the Renewables Directive and the German energy industry», Fridtjof Nansen Institute, octobre 2012.

[10] Rapport de l’EGE de mai 2021, « J’attaque ! Comment l’Allemagne tente d’affaiblir durablement la France sur la question de l’énergie ? »

[11] Margot de Kerpoisson, « Blitzkrieg énergétique : l’Allemagne en campagne contre le nucléaire français », Conflits, 1er mai 2022.

[12] Voir le rapport de l’EGE daté de juin 2023, « Ingérence des fondations politiques allemandes & Sabotage de la filière nucléaire française ».

[13] Commission d’enquête du 13 décembre 2022.

[14] Tribune collective, Énergie : « Pour retrouver une électricité bon marché, il faut se défaire des exigences de Bruxelles », Le Figaro, 5 juin 2023.

[15] Charles Gave, « AREVA, ALSTOM, EDF, nous avons la meilleure fonction publique au monde », Institut des libertés, 30 janvier 2022.

[16] Rapport de l’EGE, « Rapport d’alerte – Ingérence des fondations politiques allemandes et sabotage de la filière nucléaire française », 22 juin 2023.

[17] https://www.greenpeace.fr/nucleaire-la-fable-de-la-fiabilite/

[18] https://rosaluxna.org/wp-content/uploads/2022/01/Uranatlas2022_franzosisch.pdf

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Ukraine : les services secrets présentent les fragments d’un missile russe vu pour «la première fois» depuis le début de la guerre

Ukraine : les services secrets présentent les fragments d’un missile russe vu pour «la première fois» depuis le début de la guerre

L’armée russe a tiré ce missile expérimental jeudi à Dnipro en «réponse», selon le Kremlin, aux récentes attaques ukrainiennes menées contre la Russie avec des missiles américains et britanniques.

Les services secrets ukrainiens (SBU) ont montré dimanche à un petit groupe de journalistes, dont l’AFP, les fragments d’un nouveau missile balistique russe, identifiés jeudi par le président russe Vladimir Poutine comme étant «Orechnik», une arme inconnue jusque-là qui a frappé selon lui une usine d’armements à Dnipro.

Quelques heures après ce tir présenté par le Kremlin comme un «signal» aux Occidentaux et à Kiev, Vladimir Poutine s’était vanté de la réussite de la frappe russe avec un nouveau missile hypersonique, qu’il avait baptisé «Orechnik». L’armée russe a tiré ce missile expérimental en «réponse», selon le Kremlin, aux récentes attaques ukrainiennes menées contre la Russie avec des missiles américains et britanniques.

Lieu tenu secret

La rencontre entre le SBU ukrainien et les journalistes s’est déroulée dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité. Le SBU a ainsi montré des débris métalliques, plus ou moins grands, alignés sur un faux gazon, issus d’un missile russe tiré jeudi, affirme-t-il, contre la ville de Dnipro, là où «Orechnik» a frappé selon Moscou l’usine du groupe ukrainien PivdenMach qui produit notamment des composants pour missiles.

Des parties d’un missile balistique, que la Russie a utilisé dans une frappe vers la ville de Dnipro cette semaine. Valentyn Ogirenko / REUTERS
SBU
Les services secrets ukrainiens ont assuré que c’était «la première fois» que les forces ukrainiennes voyaient un tel projectile depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Valentyn Ogirenko / REUTERS

À cette occasion, les services secrets ukrainiens n’ont pas souhaité confirmer publiquement qu’il s’agissait de débris d’«Orechnik» mais ont assuré que c’était «la première fois» que les forces ukrainiennes voyaient un tel projectile depuis le début de l’invasion russe en février 2022. «Cet objet n’avait jamais été documenté par les enquêteurs de sécurité auparavant», a indiqué un enquêteur du SBU prénommé Oleg, expliquant qu’il s’agissait «d’un missile balistique», ce qui correspond à «Orechnik». L’enquêteur a assuré que Kiev donnerait «des réponses» ultérieures sur les caractéristiques précises du missile présenté.

Selon Vladimir Poutine, qui a esquissé jeudi soir quelques caractéristiques d’«Orechnik», ce missile hypersonique «à portée intermédiaire» peut aller à la vitesse de Mach 10, soit «soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde».

Vendredi, lors d’une réunion télévisée avec des responsables militaires, le maître du Kremlin a assuré que Moscou avait une réserve de ces missiles «prêts à l’emploi». Il a également ordonné sa production en série et son utilisation ultérieure lors d’essais, notamment «en situation de combat», après avoir lancé jeudi que la Russie était «prête» à «tous» les scénarios dans son conflit contre l’Ukraine et l’Occident.

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, la cohérence est plus importante que la « masse »

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, la cohérence est plus importante que la « masse »

https://www.opex360.com/2024/11/24/pour-le-chef-detat-major-de-larmee-de-terre-la-coherence-est-plus-importante-que-la-masse/


« Venez vous y frotter : », a lancé le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], dans un récent entretien accordé au quotidien Var Matin pour répondre à ceux qui décrivent l’armée française comme étant « échantillonnaire ».

Cette dernière est « complète et souveraine. Son format fait partie de l’idée stratégique fondamentale de la France : nous voulons avoir notre destin en main et donc nous voulons avoir un socle cohérent et complet. Cela passe par la dissuasion nucléaire qui nous protège. Cela implique aussi qu’on fasse un certain nombre de choix, notamment en termes de taille. Mais notre armée est faite pour se battre, pas pour défiler. Et je peux vous affirmer que l’armée française fait le job », a ensuite développé le général Schill.

A priori, ce propos a suscité beaucoup de réactions, à tel point que le CEMAT a dû préciser sa pensée via le réseau social LinkedIn.

Ainsi, l’expression « armée échantillonnaire » renvoie au débat sur l’équilibre à trouver entre la « masse », la technologie et la cohérence. L’idéal serait évidemment de concilier les deux… Mais encore faut-il en avoir les moyens, et pas seulement au niveau financier.

Ce débat – certes ancien – a repris de la vigueur depuis le début de la guerre en Ukraine, voire avant. La question de la « masse » est plus compliquée qu’il n’y paraît étant donné qu’elle concerne non seulement les effectifs mais aussi les équipements, les munitions et la logistique, qui reste le nerf de la guerre.

En 2020, la British Army avait expliqué qu’elle misait sur la robotisation pour pallier son manque d’effectifs.

« Nous pourrions avoir une armée de 120 000 soldats, dont 30 000 pourraient être des robots », avait expliqué son chef d’état-major, à l’époque. Mais cela ne règle qu’une partie du problème : la raison d’être des robots terrestres est d’amplifier les effets sur le terrain et non de se substituer aux fantassins. En outre, il s’avère qu’ils ont besoin de « davantage de soldats » que prévu pour pouvoir fonctionner. Du moins, c’est la conclusion à laquelle est arrivée l’US Army, à l’issue d’une expérimentation récente.

Quoi qu’il en soit, pour le général Schill, la « masse » est évidemment un facteur de supériorité. « Je la recherche », écrit-il. Mais « la cohérence prime », a-t-il ajouté.

La masse « se décline à trois niveaux : interne en garantissant les équilibres entre les armes et fonctions opérationnelles [masse cohérente], interarmées car rien ne se fait seul [masse souveraine] et interalliés pour peser avec un rapport de force suffisant [masse critique, au sein d’une coalition] », a ensuite détaillé le CEMAT.

L’objectif de l’armée de Terre est donc d’avoir une « masse cohérente » afin de « garantir [sa] crédibilité dans les phases successives du conflit ». Ce qui suppose, le cas échéant, qu’elle soit capable de « marquer la détermination » de la France. « Quand je dis ‘venez-vous y frotter’, je crois à notre capacité à intimider, à décourager nos adversaires », a expliqué le général Schill.

En attendant, la « masse » de l’armée de Terre, selon lui, est conforme au « format d’armée souverain qui s’inscrit dans notre doctrine de dissuasion. Et elle est suffisante pour lui permettre d’être une « nation cadre au sein d’une alliance » et de « protéger dès aujourd’hui les Français, notre territoire comme nos intérêts face aux menaces du bas du spectre jusqu’aux plus sophistiquées ».

« La transformation en cours de l’armée de Terre a pour objectif de consolider la cohérence en ajustant mêlée, appuis et soutiens pour combattre jusqu’à la haute intensité. L’armée de Terre assure ainsi son contrat moral, celui d’être prête dès ce soir en ‘faisant le job’ tout en innovant pour être au rendez-vous des défis de demain », a conclu le CEMAT.

Mélodie en sol-sol par Michel Goya

Mélodie en sol-sol

par Michel Goya – La Voie de l’épée – publié le 24 novembre 2024

Réunion au Kremlin.

Bon, il faut répondre absolument à cette autorisation d’emploi des armes à longue portée occidentales sur notre sol.

Mais, c’est déjà le cas depuis longtemps en Crimée et dans nos nouvelles provinces d’Ukraine…

Je parlais de notre vrai sol, crétin !

Dans ce cas, on n’a pas beaucoup d’autre solution que d’agiter la peur nucléaire.

Oui, mais on l’a déjà fait 20 fois. Il faut augmenter la dose, mais sans aller trop loin. Un dernier avertissement avant l’avertissement terminal qui précédera l’ultime avertissement où on emploiera peut-être un peu de nucléaire pas méchant. Une simple déclaration menaçante ne suffira pas.

Un exercice de déploiement ?

Déjà fait !

Une demi-mise en alerte ?

Déjà fait !

Des essais en Nouvelle-Zemble ?

C’est prévu, mais c’est déjà employer un peu de nucléaire et il faut surtout quelque chose tout de suite. Ce sera peut-être l’étape suivante.

Il y a toujours l’idée de modifier la doctrine nucléaire que l’on a lancée il y a quelques mois. On peut la publier demain.

Bonne idée, je prends. Autre chose ?

J’ai une idée, chef. On utilise depuis longtemps des missiles contre l’Ukraine des missiles conventionnels capables de porter éventuellement des charges nucléaires et si on faisait l’inverse en frappant conventionnellement une ville ukrainienne avec un missile stratégique nucléaire ? Pour le coup, cela foutra la trouille à tout le monde.

Pas mal, mais c’est peut-être un poil trop.

On peut refroidir un peu en n’utilisant pas un de nos précieux missiles intercontinentaux, mais un missile intermédiaire toujours en cours de développement depuis 13 ans.

C’est le truc que l’on avait camouflé en missile intercontinental parce qu’on n’avait pas le droit de construire des missiles intermédiaires à l’époque ?

Oui, c’est ça, chef, le RS-26.

Bonne idée. Il faut avertir les Américains au moment du tir, pour qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation, on va l’utiliser dans une zone symbolique – par exemple là où les Ukrainiens fabriquaient les missiles intercontinentaux – et je dirai que c’est juste un essai pour un engin nouveau. Comme cet essai sera forcément une réussite, je louerai ensuite les avancées prodigieuses de la science et de l’industrie russe. Sur un malentendu, cela peut passer. Mais au fait à quoi ça sert d’avoir un missile à portée intermédiaire ?

A refaire le coup des SS-20, chef. Avec ça on ne menace vraiment que les poules mouillées européennes, mais pas les États-Unis. On peut menacer, comme à l’époque des SS-20, de détruire toutes les bases européennes où sont stockés les bombes B-61 et donc le parapluie nucléaire américain en Europe. Le président des États-Unis serait alors placé devant un dilemme : soit il utilise contre nous des armes stratégiques américaines avec une riposte sur les États-Unis, soit il lâche les Européens qui deviennent alors très vulnérables.

Je retiens l’idée. J’annoncerai qu’on va les produire en série, même si je ne suis pas sûr qu’on ait les moyens de le faire. Avec ces armes intermédiaires, et notre armée plus puissante que jamais, on pourra se permettre beaucoup de choses une fois que la guerre en Ukraine sera terminée, surtout si les Américains se désengagent de ce continent.

Vous êtes génial chef !

Je sais. Résumons la manœuvre de peur : je fais une ou plusieurs déclarations à la fois méchantes et maîtrisées, on publie la nouvelle doctrine avec l’idée qu’une attaque aérienne conjointe massive sur notre sol pourra justifier de l’emploi de l’arme nucléaire et on lance un missile intermédiaire quelque part. Bien entendu, tous les relais : chefs d’État sympathisants, chefs de partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite, influenceurs, faux médias, idiots utiles chanteront en cœur le couplet du « C’est la faute à Joe Biden et à ses vassaux européens qui veulent nous entraîner dans la troisième guerre mondiale ». Cela freinera au moins toutes les initiatives en faveur de l’Ukraine. En avant !