L’occident n’a aucun équivalent à ce nouveau « monstre volant » chinois de 10 tonnes capable d’évoluer en parfaite autonomie pendant 15 heures

L’occident n’a aucun équivalent à ce nouveau « monstre volant » chinois de 10 tonnes capable d’évoluer en parfaite autonomie pendant 15 heures


L'occident n'a aucun équivalent à ce nouveau
L’occident n’a aucun équivalent à ce nouveau « monstre volant » chinois de 10 tonnes capable d’évoluer en parfaite autonomie pendant 15 heures

Le nouveau drone chinois qui change les règles du jeu.

La Chine franchit un nouveau cap en dévoilant ce qui pourrait être la dernière version de son drone de combat de longue endurance, surnommé CH-7 (Caihong-7 ou « Arc-en-ciel-7 »). Avec une capacité de charge utile record de 10 tonnes et une vitesse maximale de 926 km/h, ce drone promet de transformer les stratégies de surveillance, de reconnaissance et de combat aérien. L’apparition de nouvelles images et vidéos de ce mastodonte militaire sur les pistes chinoises a relancé l’intérêt pour cette technologie impressionnante, qui pourrait bien révolutionner le monde des véhicules aériens non habités (UAV).

Une présentation inattendue pour un nouveau colosse autonome : Le CH-7

Les dernières photos du CH-7, montrant le drone en mouvement sur une piste, révèlent un design largement optimisé, avec des ailes allongées et une structure générale plus imposante. Paré d’une couleur jaune pâle — souvent associée aux phases de test en Chine — le CH-7 pourrait être prêt pour des démonstrations en vol d’ici peu. À en juger par ses dimensions augmentées par rapport aux versions précédentes, ce drone pourrait représenter une étape critique pour l’aviation militaire chinoise. Selon les analystes, ce modèle pourrait rivaliser avec certains des drones de reconnaissance les plus avancés au monde.

Des caractéristiques techniques qui repoussent les limites

Les dimensions et les capacités du CH-7 en font un drone d’exception. Mesurant environ 26 mètres d’envergure pour une longueur de 10 mètres, il est capable de transporter jusqu’à 10 000 kg de matériel, incluant des capteurs sophistiqués, des équipements de surveillance, et potentiellement un arsenal de frappe. L’architecture furtive du CH-7, avec son entrée d’air dorsale et sa soute interne, vise à réduire au maximum sa signature radar, le rendant difficile à détecter pour les systèmes de défense.

Caractéristique Spécification
Envergure 26 mètres
Longueur 10 mètres
Charge utile 10 000 kg
Vitesse maximale 926 km/h
Endurance Jusqu’à 15 heures
Hauteur maximale Supérieure à 10 000 mètres
Type de moteur Turbofan non spécifié
Capacité furtive Entrée d’air dorsale, signature radar réduite

Missions potentielles : bien plus qu’un simple drone de reconnaissance

Bien que le CH-7 soit principalement conçu pour les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR), ses capacités permettent d’envisager des missions de frappe en profondeur. Grâce à son endurance en vol pouvant atteindre 15 heures, ce drone pourrait surveiller des cibles éloignées, pénétrer des espaces aériens hostiles, et transmettre des informations stratégiques en temps réel. Les analystes spéculent également sur la possibilité que le CH-7 soit armé, pouvant ainsi être utilisé comme un outil de dissuasion dans des zones de conflit sensibles, tout en évitant les pertes humaines.

Une technologie en constante évolution inspirée des modèles américains

La première apparition publique du CH-7 remonte à 2018 lors du salon aéronautique Airshow China, où une maquette du drone avait été dévoilée. À l’époque, ce design semblait s’inspirer de l’UCAV américain Northrop Grumman X-47B, mais les versions ultérieures du CH-7 montrent une évolution propre, s’alignant davantage avec d’autres drones chinois comme le GJ-11 « Sharp Sword ». Sa ressemblance avec le RQ-180 en développement aux États-Unis renforce l’idée que la Chine investit massivement dans le développement d’UAV capables de missions complexes et furtives, démontrant ainsi sa volonté de rivaliser avec les grandes puissances mondiales en matière de technologie militaire.

 

Un potentiel d’exportation qui pourrait bousculer le marché mondial

Le CH-7 pourrait ne pas se limiter à l’arsenal chinois. Des rumeurs évoquent la possibilité que la Chine envisage d’exporter ce modèle de drone, ce qui ferait d’elle un fournisseur incontournable sur le marché des drones militaires. En raison des restrictions imposées par des régimes comme le Missile Technology Control Regime (MTCR) aux États-Unis, plusieurs pays se voient refuser l’accès aux technologies UAV américaines de pointe. Dans ce contexte, le CH-7 pourrait répondre à la demande de nombreuses nations à la recherche de drones avancés pour des missions de surveillance et de défense, ce qui renforcerait l’influence de la Chine.

Ce que signifie l’avènement du CH-7 pour l’avenir de l’aviation militaire

L’arrivée du CH-7 pourrait marquer un tournant pour les missions de combat aérien. En redéfinissant les capacités des UAV grâce à des innovations en matière de charge utile, de furtivité et de portée, la Chine projette une nouvelle vision de la guerre et de la surveillance modernes. Si le CH-7 est effectivement mis sur le marché international, il pourrait attirer des acheteurs qui, en raison de restrictions, ne pouvaient pas accéder à des drones de haute technologie. Cet appareil a le potentiel de transformer les opérations militaires en offrant une autonomie accrue et une flexibilité stratégique pour une grande variété de missions.

Cet article explore l’impact de la sortie du CH-7, un drone chinois révolutionnaire, capable de missions de reconnaissance et de frappe, et son potentiel sur le marché international. Avec des caractéristiques exceptionnelles en termes de vitesse, de furtivité et de charge utile, le CH-7 se place comme un acteur majeur dans l’évolution des drones militaires, promettant de modifier les équilibres technologiques et géopolitiques dans un secteur en pleine croissance.

L’écrasante victoire électorale de Trump sonne-t-elle la fin de « la chasse aux sorcières » judiciaire ?

écrasante victoire électorale de Trump
Photo : Donald J. Trump – Facebook – DR

 

Après sa victoire électorale sans appel, Donald Trump a réaffirmé son innocence qualifiant à plusieurs reprises l’acharnement judiciaire dont il était victime de « poursuites fictives » et de « guerre juridique ». Alors que deux autres affaires au niveau de l’État sont en cours, le ministère de la Justice a annoncé mercredi 6 novembre qu’il cherchait à clore deux affaires pénales fédérales concernant le président élu.

L’écrasante victoire électorale de Trump sonne-t-elle la fin de « la chasse aux sorcières » judiciaire ?

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L’écrasante victoire électorale de Trump sonne-t-elle la fin de « la chasse aux sorcières » judiciaire ?

 

  1. Les affaires fédérales :
  • L’affaire des documents classifiés lors de l’émeute du Capitole

Donald Trump a été inculpé de 37 chefs d’accusation fédéraux en juin 2023 suite à l’enquête du procureur spécial Jack Smith sur l’émeute du Capitole du 6 janvier 2021. Smith a dirigé une enquête sur la conservation de documents classifiés. Trump a plaidé non coupable de tous les chefs d’accusation.

L’équipe de campagne de Donald Trump avait demandé une pause partielle sur la base de la décision rendue par la Cour suprême, selon laquelle un ancien président bénéficie d’une immunité substantielle contre les poursuites pour les actes officiels commis pendant son mandat, mais pas pour les actes non officiels.

La juge Aileen Cannon a finalement rejeté l’affaire contre Trump en juillet 2024, estimant que Smith avait été nommé de manière inappropriée au poste de conseiller spécial en vertu de la clause de nomination de la Constitution.

La clause de nomination stipule : « Les ambassadeurs, les autres ministres publics et les consuls, les juges de la Cour suprême et tous les autres fonctionnaires des États-Unis sont nommés par le Président, sous réserve de l’avis et du consentement du Sénat, bien que le Congrès puisse confier la nomination des fonctionnaires subalternes au Président seul, aux tribunaux ou aux chefs de département ». (Source : Where do Trump’s legal cases stand after massive election win ? par Haley Chi-Sing, Fox News, 8 novembre 2024).

Or Smith n’a jamais été confirmé par le Sénat.

Smith a fait appel de la décision en août dernier avec le document indiquant : « le procureur général a validé la nomination du procureur spécial, qui est également correctement rémunéré ».

Coup de tonnerre…. Le procureur Jack Smith a dû mettre un terme à ses poursuites contre le président élu Donald Trump avant le jour de son investiture.

Dans un courrier obtenu et publié par Fox News Digital, le 8 novembre 2024, le président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Jim Jordan et le représentant Barry Loudermilk, ont écrit à Smith. Ils craignent que le procureur spécial, ainsi que les procureurs impliqués dans les enquêtes sur le président élu Donald Trump, ne « purgent » les dossiers pour échapper à toute surveillance et exigent qu’ils produisent au Congrès tous les documents liés aux enquêtes avant la fin du mois de nombre.

Jordan et Loudermilk ont prévenu le que Bureau du conseiller spécial devait respecter le processus de transparence et n’était pas « au-dessus de toute responsabilité pour ses actes » :

« Nous réitérons nos demandes, détaillées dans l’annexe ci-jointe et incorporées aux présentes et nous vous demandons de produire l’intégralité du matériel demandé dans les plus brefs délais, mais au plus tard avant le 22 novembre » ont-ils écrit. (Source : Jordan demands Smith retain all records related to Trump prosecutions as special counsel’s office wind down, par Brooke Singman, Fox News, publié le 8 novembre 2024).

Jordan et Loudermilk demandent à Smith de fournir des informations sur l’utilisation du personnel du FBI au sein de son équipe- une demande faite pour la première fois en juin 2023- afin de savoir si « l’un des employés du FBI a déjà travaillé sur d’autres questions concernant le président Trump ».

Les responsables du ministère de la Justice cherchent à clore les affaires pénales fédérales contre Trump alors qu’il se prépare à prêter serment pour un second mandat à la Maison-Blanche, ce qui conforte bien l’impossibilité de poursuivre un président en exercice.

A ce titre, les responsables du ministère de la Justice ont cité une note du Bureau du conseiller juridique déposée en 2000, qui soutient l’argument se rapportant au Watergate, selon lequel il s’agit, pour le ministère de la Justice, d’une violation de la doctrine de la séparation des pouvoirs que d’enquêter sur un président en exercice.

De telles « procédures interfèreraient indûment, de manière directe ou formelle, avec la conduite de la présidence ».

  • L’affaire d’ingérence électorale

Le fameux procureur spécial Smith a également déposé un autre acte d’accusation dans son enquête contre Trump en août 2023.

Ce dernier a été inculpé de quatre chefs d’accusation fédéraux découlant de l’enquête, notamment de « complot » en vue de frauder les États-Unis, de « complot en vue d’entraver une procédure officielle », d’entrave et de tentative d’entrave à une procédure officielle et de « complot contre les droits ».

Trump a plaidé non coupable de tous les actes d’accusations et a fait valoir « qu’il devait être à l’abri des poursuites pour les actes officiels accomplis en tant que président des États-Unis (Source : Where do Trump’s legal cases stand after massive election win ? par Haley Chi-Sing, Fox News, 8 novembre 2024).

En juillet dernier, la Cour suprême, dans sa décision sur l’immunité présidentielle, a renvoyé l’affaire à un tribunal inférieur.

Trump a été inculpé une deuxième fois en août 2024. Le nouvel acte d’accusation a maintenu les accusations criminelles précédentes tout en modérant les actes d’accusations, après la décision de la Cour suprême, en se référant aux conversations que le président Trump aurait eu avec son vice-président de l’époque, Mike Pence. Smith a soumis un dossier de 165 pages, dans lequel il espérait exposer des preuves suffisantes pour traîner le président Trump en procès.

Or, la juge Tanya Chutkan a ordonné, quelques semaines avant l’élection présidentielle, que davantage de preuves soient rendues publiques.

Un procureur général nommé par Donald Trump pourra immédiatement mettre un terme à toutes les affaires fédérales portées par l’actuel procureur spécial Jack Smith, à Washington, DC et en Floride. Les procureurs et les juges locaux devront arrêter « leur show ».

  • Les cas d’État :
  • L’affaire Stormy Daniels : le juge Juan Merchan a un très sérieux problème à résoudre

Le 47ème président élu, Donald Trump doit être encore jugé dans son procès pénal à Manhattan ce mois-ci. Le juge Juan Merchan doit se prononcer sur le rejet ou non des accusations à son encontre, après la décision de la Cour suprême sur l’immunité présidentielle.

Pour rappel, Donald Trump a été reconnu de 34 chefs d’accusation notamment de falsification de documents commerciaux, à l’issue de son premier procès pénal, à Manhattan, en mai dernier. Le procureur Alvin Bragg s’est employé à démontrer que Trump avait falsifié des documents commerciaux pour dissimuler un paiement de 130 000 dollars, à l’ancienne star du porno Stormy Daniels avant l’élection de 2016 pour faire taire l’intéressée quant à une présumée liaison qu’il aurait entretenue avec elle en 2006. Trump a toujours clamé son innocence dans l’affaire.

Le président élu a plaidé non coupable dans cette affaire. Il avait dénoncé le procès comme une imposture, tout en qualifiant Merchan de « corrompu » et coupable de « conflits d’intérêts » faisant référence directement aux liens familiaux du juge avec le Parti démocrate. Trump a également fustigé l’affaire comme une « guerre juridique » entretenue par le ticket Biden-Harris pour anéantir sa campagne électorale.

Trump est dans l’attente de sa sentence, qui doit être prononcée le 26 novembre prochain, soit quatre mois de retard par rapport à la date initiale du jugement qui avait été fixée au 11 juillet 2024.

Les avocats de Trump ont expressément demandé au juge Merchan d’annuler le verdict de culpabilité en mettant en avant la décision de la Cour suprême, qui a statué en juillet dernier sur l’immunité substantielle dont bénéficient les anciens présidents dans l’exercice de leurs fonctions, lors de poursuites concernant des actes non officiels.

Le 15 octobre dernier, la Défense de Donald Trump avait également demandé le transfert de son dossier pénal, de New York, à un tribunal fédéral sur la base de cette même décision de la Cour suprême. Le juge de district Alvin Hellerstein avait rejeté cette demande en septembre.

Les avocats de Donald Trump ont toujours soutenu que le bureau du procureur de district de Manhattan, Alvin Bragg « avait violé la doctrine concernant l’immunité présidentielle devant le Grand jury et à nouveau, lors du procès de leur client, en se basant sur des actes officiels du président Trump qui ont eu cours lors de son premier mandat ». L’utilisation de preuves issues d’actes officiels, dans de telles procédures, devant le Grand jury et au procès, serait susceptible de violer la Constitution et de menacer la capacité de tous futurs présidents dans l’exercice de leur fonction présidentielle.

La décision de Merchan est attendue le 12 novembre.

Le juge Merchan a démontré qu’il n’était pas un juge ordinaire. Un juge normal aurait rejeté cette affaire. Toutefois, en cas de refus, parce qu’il s’agit d’une demande d’immunité, la défense de Donald Trump aura le droit légal de faire immédiatement appel.

Dans tous les cas, en vertu de la clause de suprématie, il est fort probable que le ministère de la justice intervienne : ni Merchan, ni la cour d’appel ne pourront imposer une peine d’emprisonnement à un président en exercice. Cette affaire restera en suspens jusqu’à ce que Trump quitte le pouvoir.

 Merchan n’ira pas à l’encontre de la plus haute cour du pays. Il serait impossible de disséquer l’affaire et de séparer les preuves rattachées à la vie privée de Donald Trump avant qu’il ne soit président aux « actes officiels » durant la première administration Trump

Il est donc très probable que l’affaire Stormy Daniels et celle de Fanni Willis soient terminées.

En rejetant les accusations, la balle sera dans le camp du Procureur de district de Manhattan, Alvin Bragg. Là encore, il est peu probable que Bragg rouvre le dossier. Le président Trump aura pris ses fonctions et le ministère de la Justice agira en vertu de la clause de suprématie selon laquelle aucune plainte pénale ne peut être portée à l’encontre d’un président en exercice tant qu’il est président.

Andrew McCarthy, ancien procureur adjoint des États-Unis pour le district sud de New York a également écrit dans un éditorial que Donald Trump ne risquerait aucune peine de prison dans cette affaire :

« Comprenez-bien que Trump n’ira pas en prison même si Merchan le condamne à une peine d’emprisonnement. Bien que les accusations relèvent de crimes, elles ne sont pas suffisamment graves selon la loi de New York pour mériter une détention immédiate. Trump sera libéré sous caution en attendant l’appel. Étant donné que Trump ne sera pas envoyé de toute façon à Rikers Island par un juge de Manhattan, il serait prudent de reporter la sentence et de permettre à Trump de poursuivre son appel concernant son immunité. Cela éviterait l’inconvenance de soumettre le prochain président des États-Unis, à une condamnation et une peine au pénal alors qu’il est sur le point de prendre ses fonctions » a- t-il précisé.

« La guerre juridique a été terrible pour tout le pays. La victoire retentissante de Trump devrait sonner le glas » a ajouté McCarty (Source : Where does Trump’s New York sentencing stand after massive election win ? par Emma Colton, Fox News, le 7 novembre 2024).

  • L’affaire électorale en Géorgie de 2023

Le président élu a été inculpé en août 2023, après une enquête criminelle de plusieurs années, menée par des procureurs d’État sur la base de présupposées tentatives de faire annuler l’élection présidentielle de 2020. Il a été en effet inculpé en août dernier avec 18 coaccusés sur ses « efforts présumés » pour renverser l’élection présidentielle de 2020 dans l’État. Trump a plaidé non coupable de tous les chefs d’inculpation.

En mars 2023, le juge du comté de Fulton, Scott McAfee a rejeté six chefs d’accusation portés contre Donald Trump, affirmant que la procureure de district Fani Willis, n’avait pas fourni suffisamment de preuves détaillées. Un mois avant, le juge du comté de Fulton, Scott McAfee a également rejeté deux autres chefs d’accusation criminels contre Trump affirmant que Willis et les procureurs de Géorgie n’avaient pas l’autorité de porter ces accusations sur la base du dépôt présumé de « faux documents devant un tribunal fédéral ».

La procureure de district n’a connu que des échecs dans cette veine tentative de faire traduire Trump en justice.

Le cours des événements a été ensuite bouleversé lorsqu’il a été révélé que Willis aurait eu une « liaison inappropriée » avec Nathan Wade, un procureur qu’elle avait engagé pour l’aider à porter l’affaire contre Trump. Plus précisément, c’est en février dernier, que Michael Roman, un membre du GOP et coaccusé dans l’affaire, a lancé des accusations selon lesquelles Willis aurait eu une liaison avec Wade, qu’elle avait engagé pour poursuivre l’affaire de « racket » en novembre 2021. D’autres coaccusés ont formulé des allégations similaires, selon lesquelles Willis aurait bénéficié financièrement de sa relation avec lui, en passant des vacances de luxe. Wade, a été à l’issue de ces révélations, démis de ses fonctions.

La Cour d’appel de Géorgie a ensuite suspendu la procédure en juin dernier, jusqu’à ce que soit portée l’affaire visant à disqualifier Willis. La cour a également déclaré qu’elle entendrait l’argument de Trump visant à disqualifier Willis, le 5 décembre, soit un mois après sa réélection.

Avec 14 coaccusés restants dans l’affaire de Géorgie, c’était irréaliste de croire que l’affaire serait jugée avant les élections. L’ordonnance de la Cour d’appel a envoyé deux signaux sérieux : le premier, visant les paiements effectués à Nathan Wade et la relation que Willis entretenait avec lui puis le second, se rapportant au discours malavisé de Willis depuis une chaire d’église, qualifiant les accusés de « racistes ».

En effet, Fani Willis avait prononcé un discours dans une église d’Atlanta en janvier 2024, affirmant que Wade et elle-même étaient surveillés en raison de leur « race », ce que le juge McAfee a réprimandé dans une ordonnance du tribunal.

Les Américains ont réélu Donald Trump avec une majorité écrasante. Son mandat est ainsi conforté. Il est désormais tout à fait clair qu’ils souhaitent mettre fin à cette « militarisation du système judiciaire ». Les électeurs ont été clairement perturbés par la pratique systématique des Démocrates, consistant à utiliser les forces de l’ordre et les procédures judiciaires comme des « armes » contre leur principal rival politique.

De plus, dans ces affaires pénales, Trump a quelques cartes non négligeables à jouer, particulièrement à un moment de célébration nationale.

L’immunité est censée pouvoir être immédiatement examinée par les tribunaux supérieurs- la Défense n’a pas à attendre la condamnation et la peine pour faire appel. Par conséquent, les avocats de Trump soutiendront qu’ils pourront faire appel de la décision d’immunité (dans le cas du juge Merchan), bien avant que la peine ne soit prononcée- et ce, devant les deux niveaux d’appel, de New York et potentiellement devant la Cour suprême des États-Unis.

Les affaires ne disparaîtront pas pour autant, cela ne placerait pas Donald Trump au- dessus de la loi. Elles seraient tout simplement « suspendues » afin que l’État ne soit pas en position d’interférer avec la capacité du gouvernement fédéral à gouverner- ce qui est le principe au cœur de la clause de suprématie de la Constitution.

Les Démocrates auront-il tiré la leçon de la victoire écrasante de Trump ? Car la guerre juridique est avant tout anti-américaine.

Le président Biden pourrait donner un exemple puissant de bon sens politique, en agissant comme président unificateur, à l’aube de quitter ses fonctions, en graciant son prédécesseur et son successeur. N’oublions pas que son fils Hunter, reste dans l’attente de sa sentence pour port d’armes et fraude fiscale…


écrasante victoire électorale de Trump
Angélique Bouchard

Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.

300 milliards de dollars au soleil

300 milliards de dollars au soleil

par Olivier DUJARDIN – CF2R – TRIBUNE LIBRE N°161 / novembre 2024


A la date d’août 2024, l’Ukraine a reçu plus de 300 milliards d’euros[1] d’aide des pays européens, des États-Unis et d’autres alliés. L’Union européenne prévoit également de lui octroyer 35 milliards d’euros supplémentaires en 2025[2].

Certains considèrent que cet engagement financier est justifié, estimant que l’avenir de l’Europe se joue en Ukraine : « les véritables enjeux du conflit en Ukraine dépassent les questions de territoires et visent à remettre en cause notre modèle européen de société démocratique. (…) La cessation des hostilités ne servirait qu’à permettre à la Russie de reconstituer ses forces afin de repartir à l’assaut de ses voisins occidentaux, à commencer par les pays baltes et la Pologne[3] ».

Face à ces arguments et à d’autres qui vont dans le même sens, évoquant une guerre existentielle pour l’Europe et insistant sur la nécessité de soutenir l’Ukraine à tout prix, se pose toutefois la question de leur pertinence : les raisons avancées sont-elles réellement fondées ? Étudions-les une à une.

 

  1. « La guerre d’Ukraine est une remise en cause de notre modèle de société démocratique »

Cette affirmation est souvent relayée, mais l’argumentation reste floue : en quoi la défaite de l’Ukraine ou l’installation d’un gouvernement pro-russe menacerait-elle notre modèle de société démocratique ? L’Ukraine a déjà connu des gouvernements « pro-russes » sans que cela ait affecté nos institutions. D’ailleurs, nos relations avec des États peu démocratiques, comme les monarchies du Golfe, ne semblent pas remettre en cause notre propre modèle. Si l’Ukraine se situe géographiquement en Europe, l’impact de cette proximité reste limité, notamment sur le plan économique : en 2021, les échanges commerciaux entre la France et l’Ukraine n’étaient que de 2,1 milliards d’euros[4], bien en deçà des 4,8 milliards avec l’Arabie saoudite[5]. Ces échanges commerciaux montrent que les relations avec un pays peu démocratique ne posent pas nécessairement de dilemme moral. Nous ne partageons pas les mêmes valeurs, et après ?

Alors oui, la Russie essaie d’influencer les opinions publiques européennes. Mais là encore, la propagande russe, tant dénoncée, est à relativiser. Tous les médias russes ont été censurés et nous sommes bien davantage exposés à la propagande ukrainienne, sauf si l’on considère de manière totalement manichéenne que seuls les Russes mentent. De plus, la propagande russe qui nous parvient est automatiquement présentée comme telle, dénoncée et décortiquée. On aimerait, de la part de nos médias, autant de rigueur face à la propagande ukrainienne ou même américaine. L’affrontement dans le domaine communicationnel n’est qu’un pan de notre affrontement indirect avec Moscou. Les jours où les choses s’apaiseront diplomatiquement avec la Russie, nous verrons aussi cette guerre de communication se calmer.

Moscou n’a que faire de notre modèle de société. Les Russes ont le leur et nous le nôtre. Cela n’a jamais empêché les deux États d’entretenir des relations diplomatiques et économiques.

Donc non, dire que « les véritables enjeux du conflit en Ukraine dépassent les questions de territoires et visent à remettre en cause notre modèle européen de société démocratique » est un leurre qui ne repose sur aucun argument solide.

 

  1. « Arrêter les armées russes en Ukraine, c’est empêcher la guerre en Europe »

Un autre argument-phare assure que, si la Russie remporte la guerre en Ukraine, elle ne s’arrêtera pas là et nos propres pays deviendront alors des cibles. Selon cette logique, prôner la paix reviendrait à offrir à la Russie le temps de se préparer à mieux nous agresser par la suite. Cette vision est souvent comparée à « l’esprit munichois » – une analogie qui frôle le point Godwin[6] –, rappelant les erreurs passées d’apaisement qui rendraient la guerre inévitable. Mais une question essentielle reste en suspens : pourquoi la Russie voudrait-elle attaquer la Pologne, les États baltes ou la Finlande ?

Quel projet stratégique pourrait justifier pour Moscou une offensive contre des pays européens ? L’idée du rêve de reconstitution de l’empire soviétique est souvent invoquée par certains experts, mais cette hypothèse repose davantage sur des projections que sur des faits concrets. Poutine cherche sans aucun doute à maintenir la Russie comme une puissance mondiale crainte et respectée, mais cela est bien différent d’une ambition expansionniste visant à soumettre militairement l’Europe.

Certes, il est légitime de considérer le cas des pays baltes, où existent des minorités russophones importantes. Cependant, l’adhésion de ces États à l’OTAN rendrait une attaque russe extrêmement risquée, si tant est que Moscou en ait les capacités militaires et humaines. La Moldavie pourrait éventuellement être un objectif, mais encore faudrait-il que les forces russes soient capables d’y parvenir, un défi majeur étant donné leur situation actuelle sur le front ukrainien et la distance qu’il leur resterait à parcourir. Conquérir et occuper un pays hostile exige des ressources humaines que la Russie ne possède pas – que ce soit pour la Pologne, la Finlande, ou même l’Ukraine entière.

L’argument selon lequel soutenir militairement l’Ukraine aujourd’hui permettrait de protéger l’Europe d’un conflit futur avec la Russie relève donc davantage de la peur que de la réalité. Ceux qui promeuvent cette vision sont souvent les mêmes qui brocardent la performance militaire russe en Ukraine. Il est incohérent de railler l’armée russe pour ses faiblesses tout en la présentant comme une menace pour l’Europe entière. En réalité, cette prétendue menace russe joue sur des peurs irrationnelles et justifie ainsi le soutien militaire et financier à l’Ukraine auprès de nos populations.

 

  1. « Soutenir les Ukrainiens est une question morale, au nom de nos valeurs »

La Russie a attaqué militairement et violé les frontières d’un pays qui ne la menaçait pas directement, enfreignant par là-même le droit international ainsi que les mémorandums de Budapest. L’armée russe a également commis et commet des crimes de guerre lors de ce conflit. C’est une réalité tout à fait condamnable sur le principe, mais il ne faudrait pas non plus oublier que l’armée ukrainienne a commis et commet également des crimes de guerre. Malheureusement, toute guerre expose à ce genre de « dérapages » et les exemples récents ne manquent pas.  

Maintenant, ces violations du droit international ne sont pas l’exclusivité de la Russie et l’indignation qui touche nos opinions n’est pas vraiment du même ordre selon qui commet ces actes. Personne ne songe à appliquer des sanctions à la Turquie, ni à critiquer publiquement Ankara pour son invasion et son occupation illégale de l’île de Chypre depuis 1974. Nous semblons nous en accommoder très bien. Nous pourrions parler de l’invasion de l’Irak en 2003 et des crimes de guerre perpétrés en toute impunité par l’armée américaine (prison d’Abu Ghraïb par exemple) sans que cela n’ait provoqué de grandes protestations chez nous. Que dire de la situation actuelle à Gaza et au Sud-Liban, si ce n’est que, là encore, les protestations sont pour le moins modestes malgré les très graves crimes de guerre qui y sont commis. Personne n’a envisagé d’imposer de lourdes sanctions économiques à l’État d’Israël et ni à inculper son Premier ministre et la démarche de la Cour pénale international semble au point mort malgré la demande émise. De même, nous continuons à soutenir Paul Kagamé, président du Rwanda, qui appuie le mouvement M23 responsable de très graves exactions en République démocratique du Congo. Et la liste des exemples pourrait continuer, car elle est encore longue.

Certes, il y a bien sûr les nouveaux « missionnaires » des plateaux TV, défendant l’idée de l’universalisme de nos « valeurs » qui devraient s’imposer au monde et qu’il convient donc d’inculquer à tous, à coups de canons s’il le faut. Mais de quoi s’agit-il quand on nous parle de la défense de « nos valeurs » ? De quelles valeurs parle-t-on exactement vu qu’elles semblent à géométrie très variable ? Cet argument n’apparaît alors que comme un argument moral destiné à susciter l’émotion, bien éloigné d’une réflexion équitable quant aux principes de justice.

 

  1. « Il convient de faire respecter le droit international »

En théorie, l’ONU est censée instaurer un certain ordre mondial auquel chaque État doit se conformer. Cependant, dans la réalité, le monde n’a jamais été véritablement régi par le droit, mais bien par la loi du plus fort. La géopolitique pourrait se résumer par une réplique célèbre d’Audiard dans 100 000 dollars au soleil où le personnage de Jean-Paul Belmondo déclare : « Tu sais, quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent. »

Transposée au contexte international, cette citation pourrait devenir : « Quand les pays dotés de l’arme nucléaire parlent, ceux qui n’en disposent pas écoutent. » Même si cette vision est simpliste, car la dissuasion conventionnelle joue également un rôle important, il n’en demeure pas moins que seuls trois pays – les États-Unis, la Russie et la Chine – ont réellement la capacité d’imposer leur volonté. La France et la Grande-Bretagne quant à elles ne disposent pas de moyens de dissuasion conventionnelle suffisamment importants et se trouvent donc reléguées au second rôle de dans l’ombre de la puissance américaine. Quant aux autres États, ils se placent plus ou moins dans l’orbite de l’un de ces trois blocs ou, s’ils sont suffisamment puissants comme l’Inde, parviennent à maintenir une position d’équilibre.

Il ne s’agit pas ici de cynisme, mais d’une simple observation de la réalité. Si la géopolitique mondiale fonctionnait autrement, il n’existerait pas de membres permanents au Conseil de sécurité de l’ONU avec un droit de veto, ce privilège permettant à ces nations de s’affranchir du droit international quand cela sert leurs intérêts. En définitive, ce qui prime dans les relations internationales, ce n’est pas la stricte adhésion aux règles, mais la protection de ses intérêts et la préservation de sa sphère d’influence.

 

  1. « Les États sont libres de nouer les alliances qu’ils souhaitent »

Cet argument est souvent évoqué : l’Ukraine, en tant que pays souverain, devrait pouvoir choisir librement ses alliances, que ce soit avec l’OTAN ou l’Union européenne, sans devoir en référer à Moscou. Théoriquement, cela semble parfaitement justifié, mais la réalité est plus complexe.

Les États-Unis, durant la Guerre froide, ont largement façonné leur « étranger proche » – le continent américain –, intervenant directement pour s’assurer de la loyauté des gouvernements. Ils n’ont pas hésité à orchestrer des coups d’État et à soutenir des régimes dictatoriaux pour préserver leur influence régionale. Cette politique persiste aujourd’hui : l’embargo sur Cuba, par exemple, n’a pas de justification sécuritaire directe – l’armée cubaine n’a jamais représenté une réelle menace pour les États-Unis – mais relève de cette logique de contrôle de leur voisinage.

La Chine adopte une approche similaire en renforçant sa présence en mer de Chine méridionale, construisant des îles artificielles qu’elle militarise. Cette stratégie s’étend également à la Corée du Nord dont l’existence, en tant que zone tampon avec la Corée du Sud, offre à Pékin une profondeur stratégique précieuse. En somme, à l’instar des États-Unis sur le continent américain, la Chine façonne son voisinage immédiat en Asie pour préserver ses intérêts stratégiques.

De son côté, la Russie considère l’OTAN comme une menace potentielle depuis des décennies[7]. Dès les années 1990, les désaccords se sont multipliés et l’intervention de l’Alliance en 1999 contre la Serbie a renforcé sa perception d’une organisation perçue comme agressive et soumise aux intérêts américains. Sa progression vers ses frontières est vue par Moscou comme une atteinte directe à sa sécurité. Bien que le Kremlin instrumentalise en partie cette méfiance pour consolider son régime, cette attitude découle aussi d’une frustration ancienne liée à son exclusion progressive du système de sécurité européen, auquel elle souhaitait pourtant être intégrée.

Le Kremlin estime que l’OTAN ignore les intérêts de sécurité de la Russie et refuse de la considérer d’égal à égal. Certains analystes russes considèrent les interventions de l’OTAN en Afghanistan et en Libye comme des actions de déstabilisation de la région, minant la crédibilité de l’Alliance. Que cette vision soit fondée ou non, il est essentiel de comprendre que c’est là la perception de Moscou. George Friedman[8] rappelle l’importance de la « profondeur géographique » pour l’état-major russe, soulignant que son immense territoire a toujours joué un rôle clé dans la résistance aux tentatives d’invasion au fil de l’histoire. Moscou attribue donc une importance stratégique aux zones tampons pour assurer sa sécurité, une logique qui n’est pas si différente de celle des États-Unis ou de la Chine, qui cherchent également à établir des « glacis protecteurs. »

Historiquement, les grandes puissances ont toujours agi de la sorte, soumettant leurs voisins moins puissants pour s’assurer une profondeur stratégique face à leurs rivaux géostratégiques. En réalité, le choix des alliances a rarement été libre pour les pays, mais souvent influencé, voire imposé, par la puissance dominante de leur sphère régionale.

 

  1. « Soutenir l’Ukraine pour lui permettre d’obtenir un rapport de force favorable en vue des négociations »

Cet argument a émergé lorsque l’évidence s’est imposée : l’Ukraine ne pouvait plus raisonnablement espérer une victoire militaire décisive face à la Russie ni atteindre ses objectifs de guerre. Désormais, l’objectif de l’Occident est de renforcer la position militaire de Kiev pour lui permettre d’imposer un rapport de force favorable et obtenir une paix « juste », selon les termes de Zelensky, bien que les contours de cette paix restent indéfinis. Concrètement, cela impliquerait un prolongement du conflit jusqu’à ce que la Russie se voit contrainte à des concessions majeures envers l’Ukraine.

Or, sur le terrain, la situation militaire semble se dégrader de plus en plus vite pour l’Ukraine[9] et l’aide militaire des pays occidentaux se réduit progressivement. Il apparaît ainsi peu probable que des pourparlers se concluent sans d’importantes concessions ukrainiennes. Cette évolution amène à s’interroger sur les réels bénéfices d’une poursuite de la guerre pour l’Ukraine, alors que les semaines et mois à venir pourraient voir une détérioration encore plus marquée de sa situation militaire.

Cet argument paraît donc manquer de pertinence et vient s’ajouter à une suite de justifications de plus en plus discutables pour éviter de poser la question de fond sur les véritables raisons du soutien à l’Ukraine et les objectifs concrets poursuivis.

Si les arguments avancés pour justifier notre soutien à l’Ukraine semblent discutables, pourquoi notre gouvernement et ceux d’autres pays européens se montrent-ils si investis dans cette cause ? Et, plus encore, pourquoi n’énoncent-ils pas clairement les raisons réelles de cet engagement ? Peut-être que ces motivations cachées sont moins liées aux intérêts stratégiques européens qu’à ceux de Washington ? Le sabotage des gazoducs Nord Stream n’est plus attribué à la Russie et les enquêtes diligentées par les riverains de la Baltique sont abandonnées les unes après les autres sans avoir rien donné, ce qui est peut-être un indice parmi d’autres du véritable responsable… Chacun se fera son opinion sur ces questions.

Aujourd’hui, le débat ne devrait pas uniquement porter sur la poursuite ou non du soutien à l’Ukraine, mais sur les motivations véritables qui le justifient. Les citoyens ont le droit de comprendre les raisons de cette aide, notamment en France, dans un contexte où les décisions budgétaires de 2025 imposeront 60 milliards d’euros d’économie alors même que 3 milliards ont été transférés à Kiev en 2024. N’est-ce pas précisément cette transparence qui est censée nous différencier des régimes autoritaires comme celui de la Russie ?

Cette réflexion n’implique pas un rejet du soutien à l’Ukraine, mais appelle plutôt à poser des objectifs clairs et réalistes. Le soutien militaire et financier ne peut se prolonger efficacement que si nos moyens financiers, industriels et militaires[10] sont pris en compte. Comme le souligne Pascal Boniface[11], « il ne faut pas confondre le souhaitable et le possible ». Nous pouvons nourrir de nombreuses aspirations, mais seules celles réalisables méritent d’être poursuivies.

Enfin, il devient nécessaire de cesser de brandir une morale façonnée pour la circonstance, nous incitant à aider l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra ». Une position durable exige des justifications honnêtes et des objectifs concrets surtout à l’heure où les États-Unis de Donald Trump pourraient se détourner de la question ukrainienne et nous laisser seuls dans cette posture.


[1] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/08/20/l-allemagne-fait-partie-des-pays-qui-ont-le-plus-aide-l-ukraine-depuis-le-debut-de-l-invasion-russe_6126677_4355775.html

[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/10/10/les-europeens-s-accordent-sur-une-nouvelle-aide-financiere-a-l-ukraine_6347851_3210.html

[3] https://www.senat.fr/rap/r23-254/r23-254-syn.pdf

[4] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/UA/relations-commerciales-bilaterales-france-ukraine

[5] https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2023/10/22/les-echanges-commerciaux-bilateraux-entre-la-france-et-l-arabie-saoudite-au-1er-semestre-2023

[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin

[7] https://www.areion24.news/2020/05/06/la-russie-et-son-environnement-securitaire/

[8] Politologue américain, fondateur et ancien dirigeant de la société de renseignement Stratfor.

[9] https://cf2r.org/actualite/situation-militaire-critique-pour-lukraine-quelles-options/

[10] https://cf2r.org/reflexion/laide-occidentale-peut-elle-priverkiev-dune-victoire/

[11] https://www.youtube.com/watch?v=ilO15MREl0A

Point de situation des opérations du jeudi 31 octobre au jeudi 7 novembre

Point de situation des opérations du jeudi 31 octobre au jeudi 7 novembre


EUROPE

 

Soutien militaire à l’Ukraine

 

Dans le cadre de la mission d’assistance militaire de l’Union européenne (EUMAM) à l’Ukraine, la France poursuit son soutien par des formations complètes et adaptées aux besoins exprimés par le partenaire.

En France, la formation progressive de la brigade « Anne de Kyiv » se poursuit. Après des modules dédiés aux formations sur les savoir-faire individuels du combattant, le travail se concentre maintenant sur la manœuvre des sections (30 à 40 combattants) au sein des compagnies (150 à 200 combattants). La progressivité de la formation dispensée permet une meilleure efficacité de la chaine de commandement à tous les échelons.

Par ailleurs, en Pologne, la formation du bataillon ukrainien se poursuit, mettant l’accent sur les cadres de contact, dont l’esprit d’initiative est un véritable vecteur de supériorité.

Flanc oriental de l’Alliance : activités de coopération opérationnelle

 

Sur le flanc oriental de l’Alliance, les armées françaises poursuivent leur engagement pour la sécurité régionale.

En Estonie, du 26 au 27 octobre, les soldats de la compagnie d’infanterie légère française déployée dans le pays se sont entrainés au combat interarmes avec leurs homologues estoniens dans le cadre d’un scénario favorisant l’intégration du drone dans la manœuvre tactique. Ainsi, l’Estonian defence league a renseigné avec ses drones les actions de reconnaissance conduites par les sections de Serval françaises. Ce type d’entrainement démontre le haut niveau d’expertise des deux armées dans le cadre d’une coopération bilatérale privilégiée.

 

Plus au sud, les soldats de la mission AIGLE qui appartiennent au bataillon multinational de l’OTAN en Roumanie sous commandement français poursuit les activités de coopération opérationnelles.

Le 30 octobre, les exercices DACIAN FALL 24 et CARPATHIAN ARCH 24 se sont terminés par une synthèse dynamique. Cette manœuvre interalliée a été réalisée au travers d’un scénario simulant un conflit sur le flanc est de l’Alliance. Cette séquence a illustré le haut niveau de préparation et de cohésion entre les alliés roumains, français, belges, luxembourgeois, espagnols, polonais, portugais, macédoniens du Nord et américains. Enfin, cette semaine, le bataillon multinational a accueilli un premier détachement espagnol. L’arrivée de ce détachement s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du bataillon multinational vers le niveau brigade sous le commandement de la France.

Enfin, cette semaine, le bataillon multinational a accueilli un premier détachement espagnol. L’arrivée de ce détachement s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du bataillon multinational vers le niveau brigade sous le commandement de la France.

 

Cette semaine a également été marquée par le début de l’exercice OTAN DYNAMIC FRONT. Ce dernier est conduit simultanément en Allemagne, en Pologne, en Estonie, en Roumanie et en Finlande pour la partie française. Mené du 4 au 24 novembre, cet exercice regroupe 33 nations participantes. Dans ce cadre, les militaires sont déployés dans des conditions climatiques très exigeantes. Ainsi, les artilleurs du 93e régiment d’artillerie de montagne ont rejoint la Finlande le 3 novembre. Les CAESAR ont été acheminés par voie ferrée depuis la France jusqu’en Suède, à la frontière avec la Finlande. Il s’agit d’une manœuvre logistique d’ampleur puisque le détachement français s’est déployé en autonomie au-delà du cercle polaire, à 3300km de leur base de départ, illustrant la mobilité stratégique de l’OTAN. Cet entraînement annuel de plus de 5000 soldats de l’Alliance vise ainsi à éprouver les capacités d’action communes entre alliés.

 

Par ailleurs, dans le ciel européen, un A330 MRTT de l’armée de l’Air et de l’Espace a participé à deux missions de ravitaillement en vol au profit d’avions de combat grecs, italiens et espagnols dans le cadre de l’exercice de frappe aérienne dans la profondeur de l’OTAN NEPTUNE STRIKE 24- 2.

Ces ravitaillements en vol, effectués dans le cadre des missions OTAN de réassurance sur le flanc est de l’Alliance, attestent de la capacité à conduire des missions complexes avec un haut niveau d’interopérabilité.

De plus du 4 au 8 novembre, 3 Rafale sont déployés sur la base aérienne de Zagreb en Croatie ainsi que 3 Rafale sur la base aérienne de Spangdhalem en Allemagne et un A330 MRTT en Pologne. Le déploiement prend la forme d’une dilution rapide et agile des moyens, avec une empreinte logistique la plus légère possible, conformément au concept ACE (Agile Combat Employment) de l’OTAN. Ces missions aussi appelées MORANE en France s’inscrivent dans le cadre des missions AIR SHIELDING de l’OTAN. L’objectif est simple : compliquer la solution de ciblage de l’adversaire sur les matériels à haute valeur ajoutée.

Plus particulièrement, le 6 novembre, les armées ont participé à un exercice de combat aérien simulant dans le ciel roumain une incursion d’un force aérienne adverse. Cette mission de l’OTAN a ainsi fictivement opposé dans un environnement complexe des F16 roumains renforcé du dispositif MAMBA de défense aérienne français face aux F18 espagnols et aux Rafale français.

La réactivité, la cohésion et l’efficacité des alliés participant à l’exercice démontrent leur capacité à se défendre dans l’espace aérien.

Atlantique Nord : activités opérationnelles

 

Dans l’Atlantique Nord, les activités opérationnelles se poursuivent dans le cadre de la posture défensive et dissuasive de l’OTAN sur le flanc est.

Depuis le 24 octobre, le chasseur de mines tripartite (CMT) Croix du Sud a quitté Brest pour son déploiement opérationnel en Baltique. Ainsi, il a rejoint le 31 octobre le Task Group de guerre des mines de l’OTAN (SNMCMG 1), composé de bâtiments allemands, lituaniens, belges, estoniens et néerlandais. Ensuite, le 4 novembre, la Croix du Sud et l’ensemble de la force OTAN ont débuté leur patrouille pour se déployer au large de l’Estonie et neutraliser des engins explosifs issus des deux guerres mondiales.

En parallèle, le 30 octobre, après sa patrouille en direction de la mer de Norvège, le patrouilleur de haute-mer (PHM) Commandant Blaison a rejoint le Task Group OTAN (SNMG1) au large de Bergen

Méditerranée centrale : activités de préparation opérationnelle

 

 

Par ailleurs, dans le sud de l’Europe en méditerranée centrale, une frégate de type La Fayette (FLF) participe à l’opération IRINI. En complément, un détachement d’avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) déployé à la Sude (Crète) assure aussi des vols de surveillance maritime au profit de cette opération. Lancée le 31 mars 2020, l’opération EUNAVFORMED IRINI vise à faire respecter l’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de la Libye avec des moyens aériens, spatiaux et maritimes.

PROCHE ET MOYEN-ORIENT

 

Méditerranée orientale : activités de préparation opérationnelle

 

Au Proche-Orient, face à la situation actuelle et s’appuyant sur des moyens régulièrement positionnés en Méditerranée orientale, les armées ont renforcé à titre de précaution leur dispositif militaire afin d’être en mesure de faire face à toute détérioration de la situation.

Ainsi, le 30 septembre, les armées françaises ont déployé un porte-hélicoptère amphibie (PHA) dans la région sur court préavis. Bâtiment polyvalent, il dispose de plusieurs capacités de projection par air ou par mer, ainsi que d’une capacité d’appui sanitaire pour un bâtiment qui a une vocation d’état-major embarqué. Le dispositif déployé est à la fois modulable et réactif.

En méditerranée orientale, une frégate multi-mission continue de patrouiller afin de maintenir la capacité d’appréciation autonome de situation de la France dans la zone. Cette semaine, elle a notamment conduit plusieurs activités opérationnelles conjointes avec la frégate allemande FGS Ludwigshafen.

En complément, depuis le 13 octobre, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) opère depuis La Sude (Crète) pour conduire des missions de surveillance au profit de la sûreté maritime.

Forces françaises aux Emirats Arabes Unis (FFEAU) : activités opérationnelles

 

Plus au sud, en mer Rouge, depuis le 15 octobre, la frégate française déployée au sein de l’opération européenne ASPIDES continue ses accompagnements de navire de commerce pour garantir la liberté de navigation de Suez à Ormuz.

 

A terre, aux Emirats arabes unis dans le cadre de l’accord de coopération bilatéral franco-émirien, la 27e brigade de chasseurs alpins française et la 11e brigade de montagne des Forces armées émiriennes, s’entrainent ensemble au combat en zone montagneuse au cours de l’exercice DHIAB AL JABAL. Plus de 200 soldats manœuvrent et conduisent des campagnes de tir au travers de thèmes tactiques créés conjointement et

répondant aux besoins du partenaire hôte. Cet exercice s’intègre dans le cadre d’une coopération bilatérale étroite et démontre la pertinence du dispositif français au PMO.

Irak : coopération opérationnelle

 

En Irak, le dynamisme des activités opérationnelles illustre la qualité du partenariat de confiance unissant les Forces armées irakiennes et françaises.

Ainsi, les Rafale de la base aérienne projeté au levant ont poursuivi leur participation au sein de la Coalition au-dessus de la zone afin de lutter contre Daech. Du 24 au 31 octobre, ils ont effectué 18 sorties aériennes, pour un total de 71 heures de vol.

Le 29 octobre, ces mêmes Rafale ont également conduit des entraînements de combat air-air avec les forces irakiennes. Ces vols Partner Nation Integration ont permis un échange privilégié entre les forces françaises et les forces irakiennes.

 

Toujours, en Irak, la formation du 3e bataillon du désert débuté le 24 septembre dernier s’est achevée le 01 novembre. S’inscrivant dans le cadre du traité de coopération bilatéral, la Task Force LAMASSU placée sous le contrôle opérationnel des Forces françaises aux Emirats arabes unis vise à s’entrainer avec le partenaire aux manœuvres de combat en milieu désertique.

DAMAN : activité opérationnelle

 

Par ailleurs, au Sud-Liban, malgré l’intensification du conflit, les contingents de casques bleus maintiennent leurs positions sur ordre du Force Commander de la FINUL.

La Force Commander Reserve (FCR), unité de réaction et d’intervention armée par la France et la Finlande, demeure en posture d’alerte. Elle s’engage quotidiennement, sur décision du commandement de la FINUL pour maintenir la mobilité de la force dans l’ensemble de la zone. La FCR poursuit aussi sa mission de surveillance permanente de l’espace aérien et de détection des tirs d’artillerie.

La FCR effectue quotidiennement des reconnaissances d’axes dans la zone d’opération de la FINUL. Les détachements interarmes ont pour mission de rétablir la praticabilité des axes obstrués en s’assurant de l’absence de munitions non explosées et en déblayant les gravats liés aux destructions. Ces actions réaffirment la liberté de manœuvre de la FINUL au plus proche de la zone des combats.

Ces activités opérationnelles permettent une appréciation directe de l’évolution du conflit.

Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) : coopération opérationnelle

 

Dans la corne de l’Afrique, la France poursuit son engagement aux côtés de la République de Djibouti. Ainsi, du 27 octobre au 2 novembre, les Mirage 2000-5 des FFDj ont effectué 22 sorties aériennes. Ces vols s’inscrivent dans le cadre de la préparation opérationnelle des pilotes dans le domaine de la défense de l’espace aérien djiboutien.

AFRIQUE

 

En Afrique, les armées françaises s’engagent au quotidien auprès de leurs partenaires pour mener des actions de coopération, adaptées aux besoins de chaque pays.

Golfe de Guinée : coopération opérationnelle

 

Dans le golfe de Guinée, le porte-hélicoptère amphibie (PHA) Dixmude déployé en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la mission Corymbe a fait escale du 30 octobre au 2 novembre à Pointe-Noire en République du Congo.

Après la fin du stage SIREN la semaine dernière, cette escale a été marquée par le lancement le 4 novembre de l’édition 2024 de l’exercice de sécurité maritime GRAND AFRICAN NEMO 24.

Depuis 2018, GRAND AFRICAN NEMO est devenu un rendez-vous annuel majeur de coopération opérationnelle et réunit cette année 18 nations du golfe de Guinée aux côtés de la Marine nationale ainsi qu’une dizaine de partenaires multinationaux. Cette septième édition qui se déroule dans cinq zones d’exercices allant du Sénégal à l’Angola a pour objectif de contribuer au renforcement de l’expertise des marines participantes. Ces entrainements renforcent ainsi la capacité à agir ensemble dans les domaines de lutte contre la pêche illégale, la piraterie, la pollution maritime, les trafics illégaux et le sauvetage en mer. S’étendant sur 5 707 kilomètres de rivages de l’Afrique de l’Ouest, le golfe de Guinée est une région maritime de premier plan. Située à la croisée des grandes routes maritimes, la région abrite d’importantes ressources naturelles, notamment pétrolières, halieutiques et minérales, qui sont propices à la convoitise et au développement d’activités illicites.

Depuis le sommet de Yaoundé de 2013, la Marine nationale participe trois à quatre fois par an aux patrouilles conjointes African NEMO et à l’exercice annuel majeur Grand African NEMO, qui agrège un plus grand nombre d’unités et de centres opérationnels.

Eléments français au Sénégal (EFS) : coopération opérationnelle

 

Par ailleurs, en Mauritanie, du 20 septembre au 2 novembre, dix-sept militaires de la Marine nationale mauritanienne appuyés par un spécialiste des Éléments français au Sénégal se sont perfectionnés dans le domaine de la surveillance maritime. Cette séquence visait à développer une expertise approfondie de guetteur sémaphorique pour contribuer au renforcement de la sécurité des côtes mauritaniennes. La continuité de ce partenariat à la demande du partenaire consolide l’outil de défense national mauritanien, contribuant directement à la sécurité régionale en Afrique de l’Ouest et au contrôle efficace de ses espaces maritimes.

INDOPACIFIQUE

 

Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) : activité opérationnelle

 

En Indopacifique, dans la journée du 31 octobre, la frégate de surveillance (FS) Floréal a réalisé une saisie d’une centaine de kilos de drogue sur un bateau de type caboteur à 90 nautiques (environ 166 km) au nord des côtes de La Réunion.

Lors de sa montée à bord, l’équipe de visite du bâtiment de la Marine nationale a constaté la présence de drogues à l’intérieur du caboteur.

Cette opération est le fruit d’une coopération interservices. Elle a été réalisée par les Forces Armées dans la Zone Sud de l’Océan Indien, en coordination avec le préfet, délégué du gouvernement pour l’Action de l’Etat en Mer.

Cette opération contribue à assurer la stabilité régionale et à protéger les populations.

Forces armées de Polynésie française (FAPF) : activité opérationnelle

 

 

Enfin, après une patrouille dans l’océan Pacifique entre les Philippines et le Japon dans le cadre de la mission ASIE 24.2, la frégate de surveillance (FS) Prairial a accosté le 05 novembre dans le port de Maizuru au Japon.

Le Prairial est maintenant engagé aux côtés du F200 Gardian déjà présent au Japon, dans la mission de surveillance Enforcement Coordination Cell ECC/AETO. Cette mission vise à lutter contre les contournements des sanctions établies sur la Corée du Nord par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

 

ANTILLES – GUYANE

 

Forces armées en Guyane (FAG) : activités opérationnelles

 

Par ailleurs, en Guyane, suite à une période de sécheresse sans précédent, le fleuve Maroni et plus largement l’ensemble des cours d’eaux sont arrivés à un niveau d’étiage ne permettant plus la navigation.

Dans ce contexte, les FAG se mobilisent activement pour mener la mission d’assistance aux populations isolées et dépendantes du fleuve.

Cette mission s’est traduite par le transport de 45 élèves de Trois Sauts à Camopi. La livraison de denrées de premières nécessités débute aujourd’hui par rotation de CASA.

La mission d’assistance à la population témoigne ainsi de l’engagement des FAG à répondre avec réactivité aux besoins des populations locales. D’autre part, les FAG continuent d’assurer en permanence les opérations de lutte contre l’orpaillage et la pêche illégales.

 

Forces armées aux Antilles (FAA) : coopération opérationnelle

 

En Martinique, le 3 novembre, 25 soldats des forces armées d’Haïti (FAD’H) sont arrivés dans le cadre d’un partenariat militaire opérationnel (PMO) entre la France et Haïti. L’objectif de ce partenariat est de favoriser un partage de connaissance dans les opérations militaires au milieu des populations civiles et répond à un besoin exprimé par le partenaire.

Les Forces armées aux Antilles contribuent ainsi à la sécurité et à la stabilité régionale de la zone caraïbe.

Victoire de Donald Trump : 5 leçons pour les États-Unis

Victoire de Donald Trump : 5 leçons pour les États-Unis

Republican presidential candidate former President Donald Trump gestures as he is surrounded by U.S. Secret Service agents as he leaves the stage at a campaign rally, Saturday, July 13, 2024, in Butler, Pa. (AP Photo/Evan Vucci)/PAEV401/24196042886688//2407140320

par Jean-Baptiste Noé – Revue Conflits – publié le 7 novembre 2024


La victoire nette et massive de Donald Trump permet de dégager cinq leçons pour les États-Unis. Analyse de Jean-Baptiste Noé.

Le premier point, c’est la victoire totale et complète de Donald Trump. Un véritable raz de marée. D’abord avec la conquête de la Maison-Blanche, où il gagne les grands électeurs et le vote populaire, ce qui n’avait pas été le cas en 2016. Sa victoire est donc encore plus large qu’en 2016. Ce raz de marée républicain s’exprime également dans la victoire au Sénat et à la Chambre des représentants. Les républicains sont d’ores et déjà majoritaires au Sénat et devraient l’être à la Chambre. Dans les deux cas, ils ont repris plusieurs sièges aux démocrates. À quoi s’ajoute le contrôle de la Cour suprême où les juges conservateurs sont majoritaires.

Deuxième point : c’est la défaite des commentateurs et des « experts ». La plupart des commentaires tenus ces dernières semaines se sont révélés faux. Non par erreur d’analyse, mais parce que beaucoup sont davantage dans la propagande que dans la volonté de comprendre les États-Unis. Ils annonçaient une élection très serrée, « sur le fil du rasoir », il n’en fut rien. Cette large victoire est le meilleur schéma pour la démocratie américaine. Il aurait été tout à fait redoutable que l’élection soit aussi serrée qu’en 2016 ou en 2020, avec des cascades de contestations. Ou pire en 2000, quand il fallut attendre plusieurs semaines pour avoir les résultats. C’est d’ailleurs l’une des possibilités avancées par Alexandre Mendel dans ses chroniques. Preuve de l’utilité de parcourir les États-Unis et de connaitre l’ensemble du pays, et pas seulement New York ou Washington.

Dès la chronique du 16 octobre, il annonçait la possibilité d’une victoire nette dans l’article intitulé « La dynamique est désormais dans le camp Trump ».

Dès mi-octobre, les démocrates ont compris qu’ils avaient perdu l’élection présidentielle, ce qui n’empêchait pas les commentateurs et les experts habituels de dire que ça allait être très serré.

Attribuer l’étiquette de « nazi » ou de « fasciste » à Trump et à ses électeurs ne résout pas le problème politique et empêche de comprendre les motivations du vote. L’aveuglement idéologique a fait le reste. À ce stade, on peut se demander si c’est seulement de l’incompétence ou si c’est aussi du mensonge.

Les démocrates s’empêchent de comprendre les Américains

Troisième point : la défaite intellectuelle des démocrates. Jouer la carte de la morale, expliquer qu’il faut voter pour Obama parce qu’il est noir, pour Clinton parce que c’est une femme et pour Harris parce qu’elle additionne les deux ne fonctionne pas. Faire campagne sur le genre, l’identité, la race non plus. Les électeurs américains attendaient des réponses sur le chômage, l’inflation et la sécurité pas sur les pensées de laboratoire des universités américaines. La défaite de Kamala Harris signe la fin de la période Clinton, ouverte par l’élection de Bill Clinton en 1992. Barack Obama et Joe Biden étaient dans leur filiation, tout comme Harris. C’est désormais terminé et il faudra passer à autre chose en 2028.

Quatrième point : la transformation intellectuelle du parti républicain. Donald Trump a très largement gagné même s’il n’est pas au niveau de l’époque Nixon (1972), Reagan (1984) qui avaient obtenu presque tous les États. Nixon avait eu quasiment tous les États en 1972. George Bush en 1988 était la continuité des années Reagan. S’il a perdu en 1992, ce n’est pas parce que le reaganisme était épuisé, mais parce qu’il a affronté un dissident, Ross Perot, qui a obtenu près de 19% des voix, empêchant Bush de remporter un certain nombre d’États qui auraient dû lui revenir. Lorsque George Bush est intronisé président des États-Unis en 1988, il dit qu’il s’engage à ne pas augmenter les impôts. Or il a augmenté les impôts pendant son mandat, d’où la dissidence de Perot. En 1996, il fait 8% des voix et, là aussi, Bill Clinton n’obtient pas la majorité des voix. Clinton a gagné par deux fois avec les grands électeurs, mais sans le vote populaire. Jusqu’en 1996, les républicains font plus de voix que les démocrates.

Georges Bush fils change la philosophie des républicains dans les années 2000 en adoptant le néo-conservatisme. Doctrine qui n’est pas éloignée de celle d’Obama. Les républicains des années 2000 sont plus éloignés de Reagan que Trump aujourd’hui.

Donald Trump a changé la doctrine des républicains et a transformé leur logiciel intellectuel

Ce qui fait que lorsque Barack Obama gagne en 2008, beaucoup de commentateurs expliquent que les républicains ne pourront plus jamais gagner les élections présidentielles. Pourquoi ? Parce que du fait du changement démographique aux États-Unis, les femmes, les latinos, les noirs votent naturellement pour les démocrates.

Donald Trump a changé la doctrine des républicains et a transformé leur logiciel intellectuel.

Cinquième point : la question de l’avenir du trumpisme. Donald Trump a 78 ans, donc a priori c’est son dernier mandat. On le voit mal se présenter à 82 ans pour un troisième mandat. Et donc, sitôt élu, se pose aussi la question de sa succession. Et notamment de savoir qui de JD Vance ou de Ron DeSantis pourra lui succéder.

Finalement, la question qui s’ouvre aujourd’hui, ce n’est pas tellement celle du mandat de Donald Trump que de celle de l’avenir du trumpisme. Et notamment si les Américains, les républicains vont opter pour un trumpisme sans les extravagances, sans les côtés arrogants et crispants de Donald Trump et savoir si cela peut leur permettre d’ouvrir une nouvelle parenthèse reaganienne.


Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d’économie politique à l’Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.

La solution à deux États est un mirage

La solution à deux États est un mirage

Entretien avec Stéphane Amar

Eyal Warshavsky / SOPA Images//SOPAIMAGES_EWarshavsky240902ew020/Credit:SOPA Images/SIPA/2409031444

par Revue Conflits – publié le 6 novembre 2024

https://www.revueconflits.com/la-solution-a-deux-etats-est-un-mirage-entretien-avec-stephane-amar/


Journaliste et reporter, Stéphane Amar a consacré plusieurs ouvrages à la guerre en Palestine. Pour Conflits, il revient sur la surprise tactique du 7 octobre 2023, les succès de Tsahal et l’impasse de la paix.

Stéphane Amar est journaliste et reporter. Il a notamment publié Le Grand secret d’Israël (2019).

Propos recueillis par la rédaction.

Israël remporte des succès militaires sur tous les fronts : Gaza, Liban, Cisjordanie et même Iran avec l’élimination d’Ismaïl Haniyeh en plein Téhéran et le raid aérien réussi du 26 octobre. Comment expliquez-vous cela alors que le 7 octobre l’armée et les services de renseignement ont échoué ?

De mon point de vue, le 7 octobre ne marque pas un échec de l’armée ni même des services de renseignements, mais de l’idéologie dominante en Israël, c’est très différent. Cela a été largement documenté : les agents du renseignement et les militaires chargés de la surveillance de la bande de Gaza avaient alerté à d’innombrables reprises sur le risque d’une invasion à grande échelle. Je pense notamment au rapport « Jericho wall » qui décrivait assez précisément les intentions du Hamas ou aux multiples avertissements des observatrices de Tsahal qui décrivaient les préparatifs des miliciens palestiniens à quelques dizaines de mètres de la frontière. Lors d’une ronde, un soldat a même indiqué que le cadenas d’une porte de la barrière de sécurité avait été forcé. Son supérieur lui a simplement conseillé d’en installer un nouveau. À tous les échelons, les responsables militaires ou politiques ont été incapables de prendre la mesure de la menace. À l’exception notable d’Avigdor Lieberman qui hurlait dans le désert.

Les dirigeants israéliens estimaient que le Hamas, croulant sous les dollars du Qatar et de l’aide internationale, n’avait aucun intérêt à risquer une confrontation majeure avec Israël d’autant que les précédents affrontements de 2008, 2012 et 2014 avaient été marqués par une disproportion flagrante des pertes en vies humaines. En outre, ils estimaient le Hamas incapable de concevoir et de réaliser une opération militaire aussi audacieuse et précise : centralisation extrême de la prise de décision, destruction des caméras de surveillance à l’aide de drones, utilisation d’ULM, etc.

Sur ce plan la faillite est totale. Mais force est de constater que l’invasion du Hamas a été refoulée en moins de 24 heures. À l’aube du 8 octobre, Tsahal avait repris le contrôle de l’intégralité du territoire et neutralisé les derniers miliciens palestiniens. En ce sens, je ne considère pas que l’armée israélienne a échoué. Elle a simplement été victime des errements des élites israéliennes. Les spectaculaires succès du renseignement et des unités combattantes depuis le 7 octobre prouvent que les capacités offensives et défensives de Tsahal restent à la hauteur de leur réputation.

Quelles conséquences ces succès tactiques vont avoir sur le conflit israélo-palestinien ? En d’autres termes, quel nouvel horizon se dessine avec l’après Hamas et l’après Hezbollah ?

Ces deux campagnes soulignent l’importance du renseignement et la nécessité d’une présence militaire sur le terrain. À Gaza, Israël a pâti d’une mauvaise analyse des informations, mais aussi, sans doute, du démantèlement de son réseau d’informateurs au sein de la population gazaouie depuis le retrait de 2005. Face au Hezbollah, en revanche, la profondeur de l’infiltration s’est révélée précieuse. À cet égard, la formidable opération des bipeurs a marqué un point de rupture dans le conflit et précipité le délitement de la milice chiite.

À Gaza, on s’achemine donc très probablement vers le maintien d’une présence militaire sur le long terme, au moins dans le nord de la bande, sur l’axe central de Netzarim et sur l’axe de Philadelphie le long de la frontière égyptienne. Au sud-Liban, Israël va tenter de trouver un accord avec l’armée libanaise pour empêcher le retour et le réarmement du Hezbollah et très probablement instaurer une étroite zone tampon le long de la frontière.

Mais la principale conséquence du 7 octobre concerne un terrain dont on parle moins : la Cisjordanie. L’offensive à Gaza s’accompagne d’une intensification de la lutte contre les groupes armés, souvent liés au Hamas, en Cisjordanie. Ces actions se concentrent dans quelques bastions islamistes, dont le quartier de réfugiés de Tulkarem, situé à quelques centaines de mètres seulement de la frontière israélienne. Plusieurs spécialistes militaires estiment que ces groupes armés préparaient une invasion du territoire israélien sur le modèle du 7 octobre. Rappelons que nous sommes-là à une quinzaine de kilomètres de l’agglomération de Tel-Aviv, le poumon économique d’Israël. En Cisjordanie aussi l’occupation militaire devrait se poursuivre. Elle s’accompagne du reste d’une intensification de la colonisation qui conduira selon toute vraisemblance à une annexion au moins partielle du territoire.

Les Israéliens sont-ils prêts à soutenir une telle politique ? Quid de la solution à deux États ?

La principale raison de l’aveuglement collectif qui a conduit à la catastrophe du 7 octobre réside dans l’adhésion au dogme de la solution à deux États qui infuse dans les élites israéliennes depuis les années 1990. Cette idéologie à l’origine des accords d’Oslo soutient que la séparation entre Israéliens et Palestiniens et la reconnaissance d’une souveraineté à ces derniers conduira à la paix ou, du moins, à un certain apaisement. Elle a commandé les retraits des villes palestiniennes de Cisjordanie à partir de 1995, le retrait du sud-Liban en 2000 et le retrait de la bande de Gaza en 2005.

Dans ces trois cas, le désengagement de Tsahal a débouché sur une dramatique aggravation du conflit.

La solution à deux États suppose que le conflit repose sur un contentieux territorial et que les deux peuples pourront vivre côte à côte paisiblement lorsqu’un compromis sera trouvé. Or, ni l’OLP de Yasser Arafat, ni le Hamas n’envisagent un partage du territoire, mais plutôt une « libération de la Palestine de la rivière à la mer ». Ce slogan ne résonne pas seulement sur les campus occidentaux, il imprègne la charte du Hamas, les médias palestiniens, les manuels scolaires, les réseaux sociaux, etc. Même si toute comparaison s’avère forcément hasardeuse, côté israélien, la montée en puissance du nationalisme religieux exclut également tout compromis sur ces territoires fondateurs de l’identité hébraïque. On peut choisir d’ignorer ces dimensions, mais cela ne change rien et cela empêche de penser d’autres solutions. En attendant, Israël continuera d’exploiter sa supériorité militaire en poursuivant son implantation en Cisjordanie.

Comment imaginer que les États-Unis soutiennent Israël dans cette voie ?

Quel que soit le prochain président des États-Unis, ses leviers d’action resteront très limités. Pour Israël, l’occupation militaire de la Cisjordanie constitue, on l’a vu, un impératif sécuritaire de première importance. La colonisation de ce territoire répond, elle, à des impératifs d’aménagement du territoire, d’espace vital, si on peut utiliser ce terme quand on connaît sa résonance historique. Le pays connaît une très forte croissance démographique et les deux grands centres urbains, Tel-Aviv et Jérusalem, frôlent la saturation. Le seul foncier abordable se trouve dans les environs immédiats de ces agglomérations : en Cisjordanie. La démographie est le principal moteur de la colonisation, bien davantage que l’idéologie du grand Israël. Je ne vois aucune pression diplomatique capable d’enrayer ce processus.

Observez-vous un réel changement d’attitude des pays arabes ou un simple rapprochement opportuniste face à la menace iranienne ?

Les deux se mêlent. Il est évident que les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite voient d’un bon œil les déboires des proxys de l’Iran et de la République islamique elle-même face à Israël. Ces deux pays, qui se sont cassé les dents face aux Houthis, se réjouissent de l’affaiblissement de l’axe chiite. Cela explique leur grande modération dans la condamnation d’Israël et même, concernant les Émirats et Bahreïn, la poursuite enthousiaste des accords d’Abraham. Mais le véritable changement viendra d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite. Le royaume envoie des signaux contradictoires, signe des tensions qui agitent les dirigeants saoudiens sur ce dossier. Il me paraît évident que le futur maître du pays, le prince Mohammed Ben Salman, réalisera ce rapprochement. La région prendra alors un visage très différent et, je l’espère, marchera vers une inexorable pacification.

Georgie, Moldavie, Ukraine : le reflux géopolitique euro-atlantiste

Georgie, Moldavie, Ukraine : le reflux géopolitique euro-atlantiste

Pierre-Emmanuel Thomann* – CF2R – NOTE D’ACTUALITÉ N°659 / novembre 2024

*Docteur en géopolitique

La victoire du parti « Rêve géorgien » en Géorgie, le mauvais résultat lors du référendum sur l’adhésion à l’UE en Moldavie – où la majorité des Moldaves résidents ont voté NON, tandis que le OUI n’est passé qu’avec les voix de la diaspora dans l’UE et dont la légitimité est douteuse –, mais aussi l’élection présidentielle dans ce pays remportée par la présidente sortante Maia Sandu avec les voix de la diaspora de l’UE (elle est Roumaine et a été formatée par sa carrière précédente aux États-Unis), signifient en réalité un renversement de la tendance à l’extension inéluctable de l’espace euro-atlantique et annonce le reflux géopolitique de l’UE mais aussi de l’OTAN.

En effet, suite à la victoire géopolitique de plus en plus inéluctable de la Russie en Ukraine, où la seule inconnue réside dans le nouveau tracé de la frontière à la suite du processus de réunification russe, les citoyens et gouvernement des pays qui ont fait partie du monde russe (et s’en rapprochent à nouveau) ont appris de l’histoire récente. Ils ont remarqué que les pays qui se sont positionnés comme États-fronts contre la Russie sont devenus un champ de bataille entre les États-Unis et la Russie au détriment de leur sécurité et de leur économie, et ont perdu des territoires au cours cet affrontement.

Le positionnement du parti « Rêve géorgien » est ainsi le plus en phase avec les intérêts de sécurité de la Géorgie. Les Géorgiens lucides ont bien compris que positionner leur pays comme instrument de Washington pour encercler la Russie (cf. carte) ne pouvait qu’aboutir à en faire un champ de bataille au seul profit des Américains et de leurs supplétifs de l’OTAN et de l’UE, qui cherchent à les instrumentaliser. La promesse du « Rêve géorgien » était de refuser un politique de sanctions contre la Russie (ce qui détruirait l’économie géorgienne) et d’éviter un nouveau conflit avec la Moscou. D’où le résultat des élections en sa faveur, malgré la tentative de changement de régime raté de la présidente Salomé Zourabichvili, qui travaille pour les intérêts euro-atlantistes sous couvert d’élargissement à l’UE. Les intérêts de la Géorgie sont secondaires pour l’UE qui ne s’intéresse qu’à son « occidentalisation », c’est-à-dire à la réorienter géopolitiquement pour la détacher de Moscou et imposer son modèle de démocratie libérale d’inspiration américaine en synergie avec Washington et l’OTAN. Pour survivre comme civilisation, et au vu de sa position géographique (en Asie) et de sa culture, la Géorgie a intérêt à se rapprocher du monde russe dont elle a fait partie : c’est le sens de la géohistoire. L’occidentalisation (américanisation) de la Géorgie promue par les idéologues admirateurs de l’Occident américanisé, ferait disparaitre la Géorgie comme entité civilisationnelle, c’est donc une dangereuse illusion. Il en va de même pour l’Ukraine et la Moldavie qui risquent l’alinéation géopolitique et culturelle en s’occidentalisant.

Les Géorgiens ont appris des conflits récents en observant la défaite inéluctable du régime de Kiev qui a fait l’erreur stratégique funeste de se positionner comme État-front contre la Russie. Il ont aussi l’expérience de la guerre Russie-Géorgie de 2008 déclenchée par l’ancien président Mikhaïl Saaskachvili, promoteur des intérêts américains et finalement lâché par Washington qui lui avait pourtant promis à long terme une adhésion à l’OTAN avec pour résultat de provoquer la Russie, comme en Ukraine. Ce conflit de 2008 a constitué la première guerre du monde multipolaire : les États-Unis, qui ont tenté, via à la Géorgie, de poursuivre l’élargissement de leur stratégie d’encerclement et de fragmentation de l’Eurasie pour imposer le monde unipolaire, n’ont pas pu absorber ce pays en raison de la réaction russe. Ils continuent cependant de soutenir les forces politiques favorables à l’occidentalisation pour reprendre la manœuvre contre Moscou, à un moment plus favorable.

Après l’échec, pour l’UE, des deux évènements électoraux en Géorgie et en Moldavie, et la défaite des États membres de l’OTAN en Ukraine, c’est un scénario alternatif qui se profile. L’OTAN et l’UE, telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui, ne s’élargiront ni à la Géorgie, ni à l’Ukraine, ni la Moldavie. La réforme de ces deux institutions aux paradigmes de plus en plus obsolètes – défendre la stabilité et la prospérité européennes dans un nouvel ordre géopolitique post-américain, car créées pendant le Guerre froide et consolidées lors du monde unipolaire après la disparition de l’URSS – est une illusion. Les États membres de l’UE et de l’OTAN se diviseront de plus en plus sur la question de l’élargissement et les citoyens de l’UE y sont de plus en plus largement opposés. Seuls les gouvernements vassalisés à Washington y sont favorables et cherchent à accélérer le processus pour éviter que ces pays coopèrent avec Moscou. La visite du Premier ministre hongrois Victor Orban à Tbilissi pour féliciter la victoire électorale du gouvernement géorgien a torpillé toute velléité de l’UE de promouvoir un changement de régime et annonce la fragmentation géopolitique croissante de l’UE, mais aussi de l’OTAN, sur cette question. Les angles morts de la politique d’élargissement de l’UE englobent aussi : l’ambition géopolitique de l’Allemagne – qui cherche à reconstruire sa zone d’influence en Europe centrale et orientale au détriment de la Russie sous le parapluie nucléaire américain –, le projet d’annexion de la Moldavie par la Roumanie, les visées polonaises dans l’Ouest de l’Ukraine (Silésie) et la France, au départ réticente à l’élargissement, mais qui s’est alignée pour contrebalancer l’Allemagne. Tous ces projets sont surtout susceptibles d’aboutir au dépeçage géopolitique de ces pays candidats, dans la pure tradition de la géopolitique du XIXe et XXe siècles.

 

Le Sahel après le retrait français par Bernard Lugan

par Bernard Lugan – AASSDN – publié le 3 novembre 2024

https://aassdn.org/amicale/le-sahel-apres-le-retrait-francais_par_bernard-lugan/


Après la mort de 52 des meilleurs enfants de France tombés pour défendre des Maliens et des Nigériens préférant émigrer en France plutôt que se battre pour leurs pays respectifs, que devient le Sahel depuis le retrait français des années 2022 et 2023 ? 
La région est en effet sortie de l’actualité française, d’une part parce que l’Ukraine et le Moyen-Orient attirent tous les regards ; d’autre part, en raison de la situation intérieure hexagonale. Or, à bas bruit, se poursuit l’extension des territoires contrôlés par les islamistes, par les trafiquants de drogue et par les passeurs de migrants. 

Avec des moyens dérisoires à l’échelle du gigantesque théâtre d’opérations saharo-sahélien, – plus de 8 000 000 km2 de désert et plus de 3 000 000 km2 de Sahel -, Barkhane, qui n’était que de passage, n’était évidemment pas en mesure de refermer ces plaies ethno-raciales ouvertes depuis la nuit des temps et qui sont à la base des guerres actuelles. 

Aujourd’hui, les Russes comprennent à leur tour qu’ils ne peuvent agir sur les constantes millénaires qui conditionnent les définitions politico-sociales régionales. Ils ne peuvent pas davantage résoudre les problèmes liés à la démographie, à la sous-administration et à l’inexistence d’Etats sans profondeur historique qui associent tout à fait artificiellement des Nord blancs et des Sud noirs immémorialement antagonistes. 

L’ignorance des constantes ethno-historico-politiques régionales et d’un milieu dans lequel les populations ont une tradition de violence en raison de la concurrence pour les maigres ressources en eau ou en pâturages, a fait qu’un conflit localisé à l’origine au seul nord-est du Mali, limité à une fraction touareg, et dont la solution passait par la satisfaction de revendications politiques légitimes de cette dernière, s’est transformé en un embrasement régional échappant désormais à tout contrôle. 

Un désastre qui s’explique par une erreur originelle de diagnostic. La polarisation sur le jihadisme fut en effet l’alibi servant à masquer la méconnaissance des décideurs français, doublée de leur incompréhension de la situation. Comme je n’ai cessé de le dire et de l’écrire depuis au moins deux décennies, le jihadisme saharo-sahélien est en effet, et d’abord, la surinfection de plaies ethniques séculaires et même parfois millénaires. 

Or, comme il vient d’être dit, nul n’étant en mesure de cautériser ces dernières, les malheureuses populations continueront donc à vivre dans la terreur. 

N’en déplaise aux tueurs de mémoire, nous assistons bien en réalité au retour à la longue durée régionale. Une situation qui avait été mise entre parenthèses entre les années 1890 et 1960, durant la brève parenthèse coloniale, quand la France s’est ruinée avec application pour assurer la paix aux populations, pour les soigner, pour les nourrir, pour tracer des routes, lancer des ponts, bâtir dispensaires, hôpitaux, écoles…

Bernard Lugan
Editorial du 1er novembre 2024
https://bernardlugan.blogspot.com/

834 millions de dollars pour appuyer le recrutement du Corps des marines

834 millions de dollars pour appuyer le recrutement du Corps des marines

Photo U.S. Marine Corps by Lance Cpl. Janell B. Alvarez.

Le Corps des Marines (USMC) est bien décidé à attirer de plus nombreuses recrues dans ses rangs en 2025. Les efforts de communication et de marketing lancés depuis cinq ans commencent à payer, même si globalement le recrutement reste malaisé. D’où le recours à une entreprise spécialisée qui a fait ses preuves depuis 2019.

Pour l’année fiscale 2023 (FY 2023), l’USMC avait besoin de 33 000 nouvelles recrues; il a réussi à recruter 33 323 Marines. Parmi eux, 28 921 soldats d’active et 4402 réservistes.

Pour la FY 2024, l’objectif était de recruter 30 500 nouveaux Marines dont 27 500 soldats d’active et 3000 réservistes. Objectif atteint de très peu (voir mon post précédent sur le bilan 2024 du recrutement US).

Pour l’année fiscale 2025 (FY 2025), le Corps des Marine Corps s’est fixé comme objectif le recrutement de 29 300 nouveaux soldats d’active soit une hausse de 1 800 hommes et femmes, comme confirmé par le général Bowers, patron du recrutement de l’USMC.

Externaliser la com’

Pour atteindre ses objectifs, l’USMC a de nouveau passé un marché avec une société privée. Il s’agit de Wunderman Thompson LLC, une agence de marketing de New York qui a déjà travaillé avec l’USMC dans le cadre d’un marché d’une valeur de 639 millions de dollars octroyé en 2019. Le nouveau marché a une valeur estimée à 834 millions de dollars.

Voir ici une des vidéos élaborée alors pour le recrutement en 2020.

Et celle de 2021 vraiment orientée « recrutement ».

Enfin, voir ici une autre vidéo (plus dynamique encore, intitulée: « U.S. Marine Corps: Shifting Threats ») conçue en 2022.

Voici l’avis d’attribution du nouveau marché de 5 ans, reconductible pour la même durée:
Wunderman Thompson LLC, Atlanta, Georgia, has been awarded an $834,090,640 contract. This hybrid (firm-fixed-price and cost, indefinite-delivery/indefinite-quantity, single-award) contract is to provide full-service advertising agency support to furnish supplies and services to enhance the Marine Corps’ recruiting efforts. Work will be performed at Atlanta, Georgia, with an expected completion date of December 2029. This contract includes one five-year option period which, if exercised, could bring the cumulative value of this contract to $1,914,649,380. Fiscal 2025 operation and maintenance (Marine Corps) will be obligated at the time of contract award, $10,000 in. This serves as the contract minimum guarantee. All other funding will be made available at the task order level as task orders are awarded. This contract was competitively procured via SAM.gov and seven proposals were received. The Marine Corps Installations Command Contracting Office, Arlington, Virginia, is the contracting activity (M9549425D0001). (Awarded Oct. 31, 2024).

Reportage – Donbass : des populations divisées

Reportage – Donbass : des populations divisées

 Mikhail Tereshchenko/TASS/Sipa USA/38156926/MB/2203141231

par Pierre-Yves Baillet – Revue Conflits – publié le 2 novembre 2024


Depuis 2014, le Donbass est au cœur de la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Les deux belligérants s’affrontent férocement pour le contrôle de ce bassin industriel et minier. Les Ukrainiens clament que les mouvements séparatistes ne sont que des excroissances de Moscou et souhaitent restaurer l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie, quant à elle, affirme venir protéger des populations russes d’un régime nazi qui les persécute. Cependant, sur le terrain, la situation est plus complexe que ce qu’affirment Kiev et Moscou. Reportage.

Pierre-Yves Baillet, depuis le Donbass

La région nommée « Donbass » regroupe les oblasts (division administrative de l’ex-URSS) de Louhansk et de Donetsk. Louhansk ou Lougansk a une superficie de près de 27 000 km² et est peuplé d’environ 1 million et demi d’habitants. Pour une superficie équivalente, l’oblast de Donetsk est plus peuplé, il abrite plus de 4 millions d’habitants. Ainsi, avec ses 5 millions d’habitants, le Donbass regroupe à lui seul plus de 11 % de la population ukrainienne. Au siècle précédent, les populations de ces provinces ont connu la colonisation, la déportation, les massacres et l’immigration. En résulte des populations d’origines diverses et aux identités multiples et notamment une importante minorité russe. Selon un recensement de 2001, le Donbass est, après la Crimée, la région d’Ukraine comportant le plus de population d’origine russe. Celles-ci représenteraient environ 39 % de la population totale.

Une région au cœur des tensions

Le changement de régime en Ukraine en février 2014 est engendré par la Révolution de Maïdan. En réponse, des manifestations anti-Maïdan éclatent dans plusieurs villes orientales du pays et plus particulièrement dans le Donbass. « Ces protestations ont été baptisées “Printemps russe” à cause du soutien que leur apporte Moscou. Soutenus par des forces de sécurité russes, les protestataires anti-Maïdan se sont emparés des bâtiments administratifs, dans plusieurs villes ». Le 11 mai de cette même année se tient un référendum qui entraîne la proclamation d’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk (DNR et LNR). En février 2015, les belligérants se retrouvent en Biélorussie pour ratifier les accords de Minsk. Ce traité divise le Donbass en deux zones. La première sous l’autorité ukrainienne et la seconde est contrôlée par les séparatistes pro-russes qui obtiennent 16 000 km (soit 3 % du territoire global) et une bonne partie des ressources minières. Cependant, aucune des parties ne respecte les accords et les combats vont continuer.

Reportage au Donbass (c) Pierre-Yves Baillet

« Nous n’avons pas peur des soldats russes »

L’invasion massive de février 2022 va accentuer les fractures entre les populations du Donbass et engendrer un important exode. Plusieurs associations dont l’ONG ukrainienne Vostok SOS sont chargées d’aider les populations et d’évacuer les civils des zones de combats. Malgré un flux de réfugiés important, les bénévoles sont souvent confrontés à des habitants qui refusent de partir malgré le danger. Certains, notamment les plus âgés, ne sont pas prêts à abandonner le peu de biens qu’ils possèdent. D’autres en revanche attendent l’arrivée de l’armée russe. Depuis le 24 février, les volontaires de Vostok SOS interviennent, mettant leur vie en danger, dans toutes les villes victimes de bombardements. Au mois d’avril, les volontaires prenaient en charge les habitants de Sievierodonetsk et de Lysychantks dont plusieurs milliers ont fait le choix de rester malgré l’intensification des combats et la progression de l’armée russe.

À l’instar d’un habitant de Sievierodonetsk qui, malgré sa maison détruite, déclarait alors « Nous n’avons pas peur des soldats russes. Ce qui nous terrorise, ce sont les bombardements. Ce qui s’est passé à Boutcha ne se passera pas à Sievierodonetsk.[1] » Alors qu’aujourd’hui Sievierodonetsk et Lysychantks sont tombées aux mains des forces armées russes, des cas similaires se répètent dans les villes de Slovianks et de Bakhmut, prochaines cibles de Moscou.

« Ces jours-ci, Severodonetsk subit des lourds bombardements. La ligne de front s’approche, est très proche de la ville. Et nous sommes entrés ici pour faire sortir les gens. Nous avons sauvé environ 20 personnes âgées, des personnes qui avaient vraiment besoin de soins. Oui, nous avons réussi à trouver leurs adresses. Nous les avons pris en voiture pour les faire sortir de la ville qui subit des bombardements quotidiens réguliers et qui est déjà très endommagée. Il y a du verre partout sur les routes. Les câbles des trolleybus pendent comme une toile d’araignée. Ce type de scénario est très mauvais. Les gens devraient vraiment quitter cet endroit, beaucoup le font déjà. Nous sommes ici pour récupérer au moins ces gens qui ne sont pas capables de se déplacer par eux-mêmes et pour les emmener en sécurité. Et oui, c’est ce que nous avons fait aujourd’hui. Nous avons mis 20 personnes en sécurité ici à Sloviansk. »

Reportage au Donbass (c) Pierre-Yves Baillet

« Bandera n’est pas notre héros ».

Depuis plusieurs mois, Mikola et Eduard, deux volontaires de Vostok SOS, ont été confrontés à de nombreux refus et ont même été pris à partie par des locaux. Comme l’explique Eduard, une part non-négligeable de la population dans la région du Donbass, soutient la Russie. Selon lui, c’est le résultat d’un important travail de propagande. Mikola raconte :

« Parfois, notre travail est compliqué. Un jour dans la ville de Siversk, un homme nous a violemment interpellés en nous disant d’arrêter de venir évacuer les gens. Selon lui, nous étions là pour vider la ville de ses habitants. » Eduard ajoute : « Une autre fois, une dame et sa famille ont refusé d’être évacuées, car elle nous disait avoir vu à la télévision que les réfugiés souffraient, qu’ils n’avaient aucun endroit où loger et qu’ils mourraient de faim. Alors que pas du tout, nous leur fournissons tout le nécessaire ! La propagande russe a aussi beaucoup joué sur l’enrôlement forcé. Il est vrai que les hommes ne sont pas autorisés à quitter le territoire, mais c’est normal en temps de guerre et il n’y a jamais eu de problèmes majeurs à cause de cela. Cependant, des familles entières refusent de partir de peur de plus revoir un frère, un père ou un fils. Cela nous pose quelques problèmes, mais nous continuerons d’aider les gens dans le besoin et d’évacuer ceux qui le veulent ! »

Cependant, Eduard confie qu’il est inquiet de certains discours prononcés par les ultranationalistes ukrainiens. Il ne comprend pas pourquoi le russe devrait être interdit.« Pourquoi ne pourrait-on pas avoir deux langues en Ukraine ? Je peux être ukrainien et parler le russe. Je suis ukrainien et fier de l’être, tous les jours je risque ma vie face aux Russes. Nous sommes ukrainiens, mais ici Bandera n’est pas notre héros. »

Reportage au Donbass (c) Pierre-Yves Baillet

Les ressources minérales de l’Ukraine :

L’Ukraine est largement connue comme une puissance agricole. Mais en tant que gisement de matières premières, elle abrite 117 des 120 minéraux et métaux les plus utilisés, ainsi qu’une source importante de combustibles fossiles. Les sites web officiels n’indiquent plus la géolocalisation de ces gisements ; le gouvernement, invoquant la sécurité nationale, les a supprimés au début du printemps. Pourtant, l’analyse de SecDev indique qu’au moins 12 400 milliards de dollars de gisements énergétiques, de métaux et de minéraux ukrainiens sont désormais sous contrôle russe. Ce chiffre représente près de la moitié de la valeur en dollars des 2 209 gisements examinés par l’entreprise. Outre 63 % des gisements de charbon du pays, Moscou s’est emparé de 11 % de ses gisements de pétrole, de 20 % de ses gisements de gaz naturel, de 42 % de ses métaux et de 33 % de ses gisements de terres rares et d’autres minéraux critiques, dont le lithium. La Russie possédait déjà, depuis 2014, la majeure partie des ressources du Donbass.

[1] Les entretiens ont été réalisés entre mars 2022 et juillet 2022