Trois ans pour livrer un embryon de DSA d’accompagnement

Trois ans pour livrer un embryon de DSA d’accompagnement

– Forces opérations Blog – publié le

Le compte à rebours est lancé pour KNDS France, chargé de fournir deux nouvelles variantes du Serval pour permettre à l’armée de Terre de muscler son bouclier anti-drones et de reconstruire une défense sol-air d’accompagnement au profit des forces déployées en opération. L’objectif ? Livrer des plateformes et des munitions abouties dans moins de 36 mois. 

Ces deux véhicules attendus par l’armée de Terre, ce sont les Serval « lutte anti-drones » (LAD) et Serval « défense sol-air » (DSA). Deux membres parmi d’autres d’une nouvelle famille « sol-air basse-couche » (SABC) de ce blindé 4×4 produit par KNDS France et Texelis dans le cadre du programme SCORPION. Et une capacité sur les rails depuis décembre 2024 avec la notification par la Direction générale de l’armement (DGA) d’un contrat majeur à KNDS France.

Fraction majeure des 600 M€ investis fin 2024 pour muscler la DSA française, ce contrat global prévoit non seulement le développement et la qualification des plateformes et des munitions associées mais aussi la livraison de 24 Serval LAD et 30 Serval DSA. Pour l’un comme pour l’autre, ces tranches initiales dépassent déjà les cibles fixées par la loi de programmation à horizon 2030, établies à 12 Serval LAD et 24 Serval DSA.

« C’est vraiment une course contre la montre », résume un représentant de KNDS France. Restent en effet moins de trois ans pour développer et fournir une capacité suffisamment mature que pour entamer le processus de qualification étatique, préliminaire obligatoire aux premières perceptions par les régiments d’artillerie. Celles-ci sont attendues en fin de LPM, potentiellement à compter de 2029. 

Le Serval LAD sera une solution complète intégrant un tourelleau téléopéré ARX30 et son canon de 30 mm, des antennes radio-fréquences, un système de commandement et de contrôle (C2) et un radar de détection et de suivi sur mât télescopique. Complexe, l’objet est aussi nouveau. Pour KNDS, « il faudra donc être excellents sur chacune des briques ». Aller vite suppose notamment de « faire travailler un certain nombre de gens ayant une grande expérience en matière de LAD » en misant sur des briques éprouvées et éventuellement adaptées. 

Le choix du radar embarqué, par exemple, na pas été officialisé mais l’intention serait de pousser la solution proposée par CS Défense, division d’un groupe devenu l’un des maîtres d’œuvre du programme interarmées PARADE (Protection déployAble modulaiRe Anti-DronEs). Combiné avec le viseur de l’ARX30, le radar constituera la brique essentielle pour traquer, identifier et suivre efficacement des « objets tout petits, qui vont plutôt vite, volent au ras du sol et dont le spectre est très large ».

Le contrat français vient surtout soutenir le développement de l’ARX30 et de ses munitions, engagé sur fonds propres et poursuivi aujourd’hui autour d’un unique prototype. Conçu à Bourges, ce tourelleau suit en quelque sorte la voie tracée par sa « grande soeur » de Satory, la tourelle de 40 mm RapidFire. « Les équipes échangent beaucoup. Le moment est complexe, car c’est l’heure des choix », nous explique-t-on. Construit autour du canon court 30M781MPG de l’hélicoptère d’attaque Tigre, l’ARX30 sera « redessiné » pour gagner en compacité et descendre en dessous des 850 mm de hauteur. 

Le futur Serval LAD, élément central de la LAD dite « spécialisée »

Autre choix acté, l’ARX30 embarquera un viseur non panoramique, donc doté d’un débattement inférieur à 360° et partiellement asservi au canon. « Un moyen de s’assurer que la ligne de visée reste proche de celle du canon », précise KNDS. Le choix de ce viseur n’est pas affermi à ce jour, mais « quelques perles » ont été identifiées en France. Rien n’est acté, mais la démarche tendrait à première vue vers un duel entre deux candidats ayant des approches différentes : d’un côté une solution très aboutie et directement disponible et de l’autre un produit plus innovant mais exigeant un peu de patience. Léger, l’ARX30 exige cependant de plancher sur un Serval à toit renforcé tant pour augmenter la capacité d’emport que pour compenser l’effort de recul du canon, de l’ordre de 650 kg contre 240 kg pour un armement de 12,7 mm.

D’autres évolutions sont annoncées pour l’ARX30 par un industriel engagé dans une feuille de route à deux vitesses. La double entrée par exemple, cette capacité soutenue par un financement européen mais qui arrivera « plus tard » et pourra être l’objet d’un rétrofit. Son enjeu ? Dédoubler l’approvisionnement en munitions, offrir un choix au tireur et renforcer par là le caractère « multi-cibles » de l’ARX30, dont les 2 km de portée sont également étendus aux menaces de surface.

Les spécificités de la lutte anti-drones exigent par ailleurs de travailler sur une munition dédiée. L’obus airburst conventionnel est aujourd’hui la voie privilégiée pour « envoyer de la ferraille dans les airs » plutôt qu’une solution s’inspirant d’un obus antiaérien A3B conçu pour la tourelle RapidFire et dont la fin du développement était lui aussi notifié en décembre. Cette version airburst bénéficiera d’une quinzaine d’années de travaux entamées avec le calibre 25 mm et suivies avec le 40 mm. Le choix d’une fusée 100% électronique et non plus mécanique amène un challenge de taille pour les équipes munitionnaires : le degré d’utilisation des MEMS, ces composants électromécaniques ultra miniaturisés soumis aux contraintes extrêmes du domaine pyrotechnique. L’objectif sera de tenir a minima six secondes en vol, une performance qui suppose de maîtriser la consommation d’énergie avant l’impact donc de miser sur une électronique à la fois limitée et frugale. « Aujourd’hui, nous savons faire cette munition », assure un industriel pour qui il est « tout à fait jouable » de déboucher sur un produit mature dans le délai imparti. 

Si le Serval LAD est conçu pour opérer en autonomie, il est logiquement prévu de l’intégrer dans la chaîne DSA de l’armée de Terre. Il y rejoindra un Serval DSA que l’armée de Terre a rebaptisé « Tourelle MISTRAL ». Celui-ci reposera principalement sur une tourelle ATLAS RC armée de deux missiles MISTRAL 3 et d’une capacité d’autodéfense rapprochée, en attendant un MISTRAL 3+ espéré d’ici deux à trois ans. Ce véhicule sera complémentaire du Serval SATCP, cette autre version du véhicule de patrouille blindée adaptée pour l’emport d’un lanceur MISTRAL sur trépied et dont les premiers exemplaires sont attendus pour l’an prochain. 

Deux autres versions du Serval – non contractualisées à ce jour – viendront compléter un segment pour l’instant centré sur les effecteurs : l’une, un « PC DSA », pour la coordination des feux et l’autre pour l’emport d’un radar en bande X pour la détection et le suivi de cibles. Le radar Giraffe 1X de Saab, testé avec succès durant les Jeux olympiques et paralympiques de l’été dernier, serait en pôle position. Une nouvelle génération est déjà dans les cartons de l’entreprise suédoise. La commande de ces deux briques manquantes est attendue pour « cette année ou l’année prochaine ».

Sauf écueil majeur, l’armée de Terre disposera d’une première solution nativement conçue pour la LAD à la fin de la décennie. La montée en gamme se poursuit en parallèle en misant entre autres sur l’adaptation de matériels à l’origine non conçus pour cette mission, à l’image du VAB ARLAD Std 2 et du canon de 20 mm PROTEUS. Un premier éventail de moyens qui viendra armer la section LAD créée dans chaque batterie de défense sol-air. Demain, les déclinaisons du Serval permettront de reconstruire une DSABC d’accompagnement perdue depuis le retrait du système Roland. Combiner la mise sous blindage des équipages et la mobilité du porteur, c’est en effet récupérer des capacités de protection de convoi en mouvement ou de suivi de la manœuvre en avant du dispositif et jusqu’au plus près de la FLOT, la ligne de contact. 

L’armée de Terre gagnera aussi en souplesse, ces nouvelles ressources l’autorisant à constituer une bulle anti-aérienne selon la mission, l’adversaire et les systèmes disponibles. Le radar en bande X, le C2 propre à l’armée de Terre et en cours de développement, et les effecteurs seront autant de briques à assembler pour garantir une forme de cohérence dans chaque section et batterie. Rien n’empêcherait, par exemple, de rassembler trois Serval Tourelle MISTRAL et autant de Serval LAD au sein d’une section de circonstance. Bref, une perspective parmi d’autres d’un nouveau chapitre qui ne pourra s’écrire qu’une fois les délais tenus.

Spatial Militaire français : Attention au déclassement

Spatial Militaire français : Attention au déclassement

par André Rougé* – Revue Conflits – publié le 27 mars 2025

*André Rougé, au nom du groupe défense des Horaces.

https://www.revueconflits.com/spatial-militaire-francais-attention-au-declassement/

La France veut se doter d’une stratégie spatiale nationale. Il y a urgence tant le pays risque le déclassement

François Bayrou a annoncé jeudi 6 mars le lancement d’une mission gouvernementale afin d’établir d’ici à juin une « stratégie spatiale nationale » devant permettre à la France de « rester une puissance de premier rang mondial ».

Cette mission n’est pas inutile, tant le secteur spatial français a souffert des deux révolutions spatiales portées par SpaceX : les lanceurs, dits réutilisables, et la constellation télécom en orbite basse Starlink. La viabilité économique du programme Ariane 6 est désormais fortement remise en cause à moyen terme et malgré les 18 lancements commerciaux signés avec Amazon, Arianespace reste une société commerciale déficitaire. Les autres pays européens n’ont pas souhaité contribuer à la viabilité du lanceur européen et l’Allemagne développe même un lanceur concurrent d’Ariane 6.

Le Commandement de l’Espace pousse vers un changement de stratégie, mais il se heurte au conservatisme de la DGA et des industriels TAS et ADS.

Outre le développement du programme Ariane 6, la France a beaucoup investi dans l’accès à l’Espace : 5 programmes de micro-lanceurs (dont la viabilité technologique et commerciale reste hypothétique), 2 démonstrateurs de lanceurs réutilisables et 5 nouveaux pas de tirs en Guyane. L’urgence est désormais clairement de passer de systèmes à deux ou trois satellites – télécoms, observation ou écoute- à des systèmes de constellations de plusieurs dizaines de satellites. Les grandes puissances spatiales militaires (USA, Chine, Russie) possèdent toutes des constellations qui leur assurent une revisite importante des zones d’intérêt pour les satellites de renseignement et une couverture beaucoup plus large pour les satellites de télécom. Par ailleurs, nos satellites militaires sont aujourd’hui de « big juicy target » et la perte de l’un d’entre eux a des conséquences majeures. Les constellations permettent donc d’assurer la redondance du service, une meilleure revisite et complexifient les actes hostiles. Le Commandement de l’Espace pousse vers ce changement de stratégie, mais il se heurte au conservatisme de la DGA et des industriels TAS et ADS. L’État devrait pour le moins exiger, en contrepartie, qu’ils aient la capacité de répondre aux nouveaux besoins des forces, et ce à des prix raisonnables.

Aujourd’hui les satellites militaires et civils français et européens dépendent des données américaines pour assurer leur sécurité en orbite

L’augmentation du nombre de satellites de renseignement optique et écoute doit s’accompagner d’une montée en puissance de notre capacité d’analyse et de valorisation de la donnée, une donnée acquise et non traitée est une donnée perdue. Cet effort sur l’analyse des données spatiales permettra d’accentuer notre effort vers des zones géographiques aujourd’hui moins prioritaires, comme le Pacifique, où nos intérêts sont primordiaux. Il faut encourager des sociétés de surveillance de l’espace (SSA) à y implanter des capteurs radars et optiques pour surveiller les parties d’orbites invisibles depuis la métropole. Aujourd’hui les satellites militaires et civils français et européens dépendent des données américaines pour assurer leur sécurité en orbite. Paradoxalement la France dépense énormément pour garantir sa souveraineté d’accès à l’Espace, mais peu d’argent pour assurer sa souveraineté en surveillance de l’Espace.

Augmenter nos capacités de renseignement de façon massive pour obtenir une utilisation tactique et opérationnelle des données spatiales, assurer la redondance de nos communications par la mise en orbite de constellations télécoms en orbite basse et assurer l’autonomie de la surveillance de l’Espace va nécessiter d’engager de gros budgets militaires.

Le spatial militaire français a été pendant des années une grande réussite, mais aujourd’hui, il doit se réinventer, car il risque sinon le déclassement par les autres puissances militaires spatiales.

Ces engagements devront tout d’abord être compensés par des économies sur d’autres domaines moins essentiels du spatial militaire. Les déclarations du Président Macron visant un budget de la défense jusqu’à 5% du PIB relevant encore du vœu pieux, la prudence doit donc nous pousser à proposer une stratégie pour le spatial de défense dans une enveloppe seulement légèrement supérieure à l’actuelle. Des économies sont possibles en arrêtant les développements peu pertinents ou peu prometteurs, comme ceux d’action dans l’Espace, les missions d’observation hyperspectrale ou tout simplement en utilisant davantage les talents des agents de l’État du CNES plutôt que de payer des ingénieurs de TAS ou ADS !

Le spatial militaire français a été pendant des années une grande réussite, mais aujourd’hui, il doit se réinventer, car il risque sinon le déclassement par les autres puissances militaires spatiales. À cet égard, la priorité à accorder au lancement de constellations spatiales est une nécessité tant pour le renseignement que pour les communications de nos forces déployées sur les futurs champs d’opérations.

Les missions spatiales pour 2030-2035 se décident aujourd’hui, il faut aujourd’hui des actes forts et courageux, pour reprendre la devise du Commandement de l’Espace : Res non verba !

A propos du « Mystérieux » Char chinois !

A propos du « Mystérieux » Char chinois !

par Blablachars – publié le 25 mars 2025

https://blablachars.blogspot.com/2025/03/a-propos-du-mysterieux-char-chinois.html#more


Les images relayées par de nombreux internautes, d’un « mystérieux » prototype chinois de char semblent indiquer que la Chine, comme plusieurs autres pays, cherche à réduire le gabarit de ses futurs engins blindés et plus spécialement de son prochain char. Au-delà d’une simple réduction des dimensions, les modifications supposées s’accompagneraient aussi d’une augmentation de certaines performances du futur engin, qui pourrait être synonyme d’une modification de la doctrine de l’Armée Populaire de Libération (APL) dans le domaine. Depuis de longues années, les chars sont systématiquement employés au sein d’ensembles interarmes au sein desquels ils sont le plus souvent utilisés au profit des autres armes et très rarement comme une force de rupture autour de laquelle les autres composantes s’organisent. Cette relative stabilité doctrinale a connu peu d’évolutions, allant de pair avec l’introduction d’une nouvelle génération de chars. Le char mystère, probablement doté de technologies innovantes pourrait bouleverser cet équilibre et entrainer d’importantes modifications doctrinales au sein de l’APL.

L’emploi de chars en grand nombre au sein de dispositifs interarmes dont on peut voir de nombreuses illustrations sur les images diffusées par l’APL, repose sur l’utilisation par cette dernière de chars polyvalents, techniquement simples et dotés d’une puissance de feu conséquente. Le traité sino-soviétique d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle signé en 1950 permet à Pékin de bénéficier de l’appui soviétique pour le développement de ses chars, avec la construction en 1956 d’une usine destinée à produire le T-54A, qui est mis en service en 1959 sous l’appellation de type-59, armé comme son « cousin » soviétique d’un canon de 100mm. Les productions chinoises qui suivent ce premier engin contiennent peu d’innovations techniques et la faible qualité des chars chinois est compensée par la mise en service de nombreux exemplaires. A la fin des années 1960, l’APL compte jusqu’à 8000 chars dont une majorité de Type 59. Ce choix se traduit par l’adoption au fil des années de versions successives d’un même char sur lesquelles les évolutions techniques sont limitées et souvent liées à l’apport de technologies étrangères comme le canon L7 britannique intégré sur le Type 69 (lui même dérivé du T-62 soviétique) pour donner naissance au Type 79. Le Type 96 mis en service à la fin des années 1980 est la dernière évolution du Type 69 développé à la fin des années 1970.

La mise en service du Type 98 et de son évolution le Type 99, marquent une première inflexion de la doctrine blindée chinoise qui privilégie l’aspect technique des engins au détriment de la masse, qui semble se rapprocher des usages en cours dans les armées occidentales. La mise en service du Type-15 à la fin des années 2010 concrétise la seconde tentative de développement d’un char léger répondant à un besoin spécifique. A la fin des années 1950, le développement par la firme NORINCO d’une version allégée du Type 59 conduit à la mise en service du Type 62 capable de combattre sur des terrains difficilement accessibles au char d’origine. Pour atteindre cet objectif, la firme chinoise diminue le calibre du canon qui passe de 100 à 85mm ainsi que l’épaisseur du blindage et simplifie les systèmes embarqués. Ces différentes solutions permettent au Type-62 d’afficher un poids de 21 tonnes, inférieur de 15 tonnes au poids du Type 59 dont il est dérivé.

En dépit d’une réduction de la puissance du moteur qui passe de 520cv sur le Type 59 à 430cv sur le Type 62, la mobilité du Type 62 est considérablement améliorée par rapport à celle du Type 59, amélioration symbolisée par un rapport poids/puissance de 20.5cv/t, largement supérieur à celui du Type-59 s’établissant à 14.4 cv/t. Le Type 15, qui est aussi le premier char chinois « non inspiré » d’un modèle russe, ne bouleverse cependant pas la doctrine chinoise d’emploi des blindés, mais s’inscrit plutôt dans une démarche identique à celle de la conception du Type 62.  Comme pour ce dernier, la réduction de calibre de l’armement principal, qui passe de 125 à 105mm et le recours à des matériaux composites pour le blindage structurel de l’engin permettent d’arriver à un poids de 33 ou 36 tonnes. Cette variation est liée à l’éventuel montage d’un pack de blindage réactif additionnel. La mobilité est également favorisée par l’installation d’un moteur de 1000 cv associé à une transmission entièrement automatique, tandis que les traditionnelles barres de torsion laissent place à une suspension hydropneumatique. Ces choix permettent au Type 15 d’afficher un rapport poids/puissance de 27.8 ou 30.3 cv/t, en fonction du poids de l’engin, le rendant particulièrement adapté au milieu pour lequel il a été développé. Sa première apparition en 2019, six ans après le retrait des derniers Type 62, précède son déploiement dans la région du Ladakh au sein des unités de l’APL stationnées dans la zone frontalière, objet de tensions entre Pékin et New Delhi. Ce déploiement a été suivi en juin 2021 de la mise en service du Type 15 au sein de l’infanterie de marine chinoise.

 

 

A l’inverse des engins précédents, le mystérieux char aperçu ces derniers mois pourrait marquer une inflexion majeure de la doctrine chinoise en matière d’emploi des blindés. L’engin dont le poids serait inférieur à 40 tonnes et doté d’une tourelle téléopérée pourrait être servi par un équipage réduit à deux hommes. L’armement principal serait constitué d’un canon rayé de 105mm, une solution similaire à celle retenue pour le Type-15 mais aussi aux Etats-Unis pour le M10 Booker. L’appellation « Assault gun » retenue pour cet engin par l’armée américaine illustre parfaitement le rôle pour lequel le Booker a été conçu, tout comme son évaluation par la 82ème Division Aéroportée ! Pourrait-on imaginer la 11ème Brigade Parachutiste évaluant un engin chenillé de 40 tonnes armé d’un canon de 105mm, capable de fournir un appui-feu de proximité aux unités parachutistes ? Le calibre 105mm qui a subi une éclipse de plusieurs années face aux armements de 120 ou 125mm semble redevenir d’actualité grâce à aux améliorations apportées aux munitions utilisées. Ainsi, les informations (non confirmées) concernant l’armement du char chinois font état de la possible utilisation de munitions flèche de nouvelle génération dont l’efficacité serait similaire à celles des obus flèche de 125mm de génération précédente utilisés par le Type 99. Cette réduction de calibre favorise l’emport d’une plus grande quantité de munitions, qui serait de 38 obus sur le Type 15 et de 42 coups sur le M10 Booker, autorisant la conduite de missions d’appui-feu de plus longue durée. Autre possibilité offerte par ces engins et probablement par le futur char chinois, la réalisation de tirs indirects permise grâce aux qualités de l’arme, à l’intégration de dispositifs de visée adéquats et aussi par le débattement en site. Le choix d’une tourelle téléopérée augmente cette possibilité, comme l’illustre l’exemple de la tourelle 3105 de John Cockerill Defense capable d’atteindre une élévation maximale de 42°,  supérieure à celle du M10 Booker de +20° et du Type 15 atteignant +18°. Ces deux engins utilisant une tourelle habitée dont l’intrusion en châssis constitue une limite mécanique au débattement vertical. 

 

 

La conception de l’engin chinois semble privilégier la mobilité et la compacité qui pourraient entrainer une modification de la doctrine au profit d’un emploi privilégiant la mobilité et la « discrétion ». A côté de ces caractéristiques qui contribuent à augmenter la survivabilité du char, la diminution du blindage structurel serait compensée par le recours à un système de protection active, comme le GL-6 dévoilé en février dernier.

Le caractère encore incertain des informations disponibles à propos de ce nouvel engin, laisse subsister de nombreuses inconnues sur son niveau de développement. La présence de différents modèles sur les images disponibles permet de penser que les travaux sur le futur engin se poursuivent et que plusieurs solutions sont probablement explorées. Cependant, la récente mise en service du Type 15 ainsi que son emploi spécifique empêchent de considérer ce char mystère comme son remplaçant mais plutôt comme un nouveau char. On sait que la Chine travaille sur un char de nouvelle génération, dont l’engin entrevu présente apparemment de nombreuses caractéristiques telles qu’une tourelle téléopérée, le positionnement de l’équipage dans le châssis, un gabarit réduit ou encore une mobilité accrue. L’hypothèse d’un équipage de deux hommes laisse entrevoir un recours à des solutions technologiques comme l’intelligence artificielle pour l’accomplissement de certaines tâches, normalement dévolues à un équipier humain. L’apparition de nouvelles images permettra de préciser certaines informations et de dissiper les doutes existant sur ses caractéristiques mais aussi sur son possible emploi au sein de l’APL. De façon plus générale, il est probable que le degré de sophistication des futurs engins imposera de profonds changements doctrinaux qui permettront aux équipages de tirer le meilleur parti des technologies embarquées parmi lesquelles figurera probablement l’intelligence artificielle. Plus compact, plus mobile, mieux protégé, plus puissant et versatile, le char médian a tout pour devenir le standard des futurs plateformes blindées.

 

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

Le 3e Régiment du Génie a ajouté près de 4 tonnes de protections supplémentaires à ses blindés Griffon

https://www.opex360.com/2025/03/24/le-3e-regiment-du-genie-a-ajoute-pres-de-4-tonnes-de-protections-supplementaires-a-ses-blindes-griffon/


Selon l’armée de Terre, le Véhicule blindé multirôle [VBMR] Griffon offre une meilleure protection aux combattants grâce à un « blindage plus performant » que celui du Véhicule de l’avant blindé [VAB], à un tourelleau téléopéré et à des « capteurs de dernière génération ». Aussi, son poids total autorisé en charge [PTAC] est de 24,5 tonnes, pour une motorisation de 400 ch lui permettant de rouler à la vitesse maximale de 90 km/h.

Dotée d’un treuil à l’avant, d’un crochet de remorquage et de modules propres aux missions assurées par les sapeurs [appui à la mobilité et au déploiement, déminage, contre-mobilité, etc.], la version « Génie » du Griffon a été présentée à l’École du Génie d’Angers, en septembre 2020. En réalité, il ne s’agissait encore que d’un prototype, conçu en tenant compte des observations faites quatre ans plus tôt par un groupe de combat du 31e Régiment du Génie [RG].

« Le projet a ainsi intégré pour la première fois ces sapeurs pour qu’ils apportent leur vision ‘terrain’ aux concepteurs et industriel concernés. Faire participer les soldats à la création des équipements permet à l’armée de Terre de disposer de matériels modernes, performants, en phase avec les réalités du terrain et les besoins des hommes », avait expliqué l’armée de Terre, à l’époque.

Le premier Griffon « Génie » fut ensuite présenté à la Direction générale de l’armement [DGA] pour des « opérations de vérification » en septembre 2021. Puis, les livraisons purent commencer.

Cependant, ces blindés sont-ils suffisamment protégés ? La question peut se poser après que, via le réseau social Facebook, le 3e RG a indiqué qu’il venait d’ajouter des protections supplémentaires à six d’entre eux, sans en préciser la raison.

« Nos maintenanciers ont réalisé le montage du blindage de nos Griffon, ajoutant près de 4 tonnes de protection par véhicule », a ainsi affirmé le 3e RG, après avoir salué un « travail d’équipe exemplaire ».

En effet, ce « défi », relevé avec l’appui de l’atelier ROUE et du 8e Régiment du Matériel [RMAT], a nécessité 1 520 heures de travail [soit 63 jours en continu]. Il a consisté à renforcer les portières et les flancs des Griffon concernés. Ces derniers, « désormais prêts pour les missions, portent fièrement leurs noms historiques : Sedan, Rocroy, Sébastopol, Chevalier Bayard, Capitaine Pigouche, Alger 1830 », a conclu le 3e RG. À noter que ces VBMR seront déployés en Roumanie, dans le cadre de la mission Aigle, conduite sous l’égide de l’Otan.

Reste à voir si cette masse supplémentaire ne va pas exercer trop de contraintes sur certains composants mécaniques de ces Griffon [embrayage, freins, suspension, etc.], comme cela a pu être le cas pour d’autres engins, comme le Véhicule blindé léger [VBL]

Photo : Griffon dotés d’un kit de protection supplémentaire, à Mourmelon – 3e RG / armée de Terre

A méditer en cas d’embrouille avec Trump: la France aussi est dépendante aux armes et technologies militaires américaines

A méditer en cas d’embrouille avec Trump: la France aussi est dépendante aux armes et technologies militaires américaines

Un Reaper français au Niger en 2021. Photo P. Chapleau

Les tensions croissantes avec l’administration Trump doivent-elles inquiéter les pays de l’Union européenne dont la dépendance en matière d’armement d’origine américaine constitue une fragilité stratégique? L’Europe est effectivement lourdement dépendante des États-Unis en matériel militaire, comme l’a admis la Commission européenne dont le récent livre blanc prône la préférence européenne en matière d’acquisition d’armement.

Si les deux tiers des armements achetés par les pays de l’Union européenne sont acquis auprès des États-Unis, ce n’est pas le cas de la France dont l’industrie de défense, globalement florissante, permet au ministère des Armées de s’équiper sur le marché français.

Il reste toutefois un certain nombre de domaines où Paris doit se tourner vers l’allié américain et son complexe militaro-industriel pour acquérir des technologies ou des équipements (certains avec des restrictions). Ces achats se font dans le cadre de Foreign Military Sales (FMS) dont le montant récent est chiffré à 6,2 milliards de dollars par le Département d’Etat.

Petite revue de détail des technologies ou des armements en cours de livraison ou fournis au cours des quinze dernières années par les équipementiers US avec la bénédiction du Pentagone. Cet état des lieux, qui ne prend pas en compte la multitude des composants et autres hardware/software américains intégrés aux armements français, montre qu’une éventuelle brouille avec les Etats-Unis aurait des conséquences néfastes dans au moins trois domaines regardant la défense.

Des lance-roquettes unitaires

En 2016, selon la DSCA (la Defense Security Cooperation Agency), la France a acheté aux Etats-Unis 13 Guided Multiple Launch Rocket System (GMLRS) pour un coût de 90 millions de dollars. Ces lance roquettes unitaires équipent le 1er régiment d’artillerie mais quatre pièces ont été fournies à l’armée ukrainienne. Le reste, vieillissant, mériterait d’être remplacé.

C’est ce que prévoit la LPM 2024-30. Avec une solution souveraine dans le cadre du programme « Frappe longue portée terrestre » (FLP-T) sur lequel travaillent deux consortiums, l’un formé par MBDA et Safran, l’autre par Thales et Ariane Group. A moins que l’urgence opérationnelle ne pousse à acheter des M142 HIMARS américains (un matériel éprouvé) proposés par l’américain Lockheed-Martin ou des PULS du groupe israélien Elbit Systems. A moins encore que le programme ELSA (European Long Range Strike Approach), qui rassemble la France, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni, ne soit choisi à cause de son actuelle pertinence politique.

Des missiles 

Des commandes ad hoc de bombes Paveway (5 000 à partir de 1999, selon le SIPRI) et de missiles ont été faites par Paris dans le cadre de besoins ponctuels liés aux activités opérationnelles lors des opex. Selon les chiffres de la DSCA, Washington a ainsi livré 260 missiles antichars Javelin après un feu vert du Congrès en 2010.

Pour armer ses hélicoptères Tigre et ses drones MQ-9 (lire ci-dessous), Paris a acheté des missiles AGM-114R2 Hellfire (200 en 2015, 260 en 2016, 1 515 en 2023).

Plus récemment, en 2023, la France a été destinataire d’un lot de munitions rôdeuses Switchblade 300 dans le cadre d’un contrat passé entre l’US Army et la firme américaine AeroVironment, Inc. Un premier contrat d’une valeur initiale de 231 millions de dollars au profit de l’armée de Terre US a été augmenté de 64,5 millions de dollars en mars 2023 de façon à permettre la fourniture de systèmes au profit de deux armées étrangères, dont les armées françaises.

Des drones MQ-9

Après une décision prise en 2013 par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, l’armée de l’Air a été équipée en drones Reaper construits par la société américaine General Atomics Aeronautical Systems, Inc. Le Congrès avait donné son feu vert pour 16 drones mais 12 seulement ont été achetés. Le marché d’une valeur de 1,5 milliard de dollars incluait les drones, des pièces détachées, les software, la formation des personnels français et un soutien technique américain (le contractor logistics support). Pour les douze drones Reaper MQ-9 de l’armée de l’Air et de l’Espace qui dépendent de la 33e escadre Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque (ESRA), installée sur la base aérienne 709 de Cognac, ce CLS coûtera en 2025 48,5 millions de dollars.

Cette dépense annuelle somme toute limitée s’inscrit toutefois dans une vraie dépendance de l’AAE. Pour Cédric Perrin, sénateur et président de la commission défense du Sénat, cette dépendance envers les États-Unis est vraiment forte. Cité par mon confrère Pascal Samama, il a rappelé que « nous ne sommes pas propriétaire des images. Si les Américains récupèrent la boite à images qui est dans le Reaper, ils peuvent le faire, nous priver de ces images et même nous empêcher de survoler tel ou tel territoire. Les Américains peuvent décider de l’usage que l’on fait de nos drones ».

Des catapultes électromagnétiques

2025 sera l’année du « dossier de lancement et réalisation » (DLR) avant la commande effective du futur porte-avions, le PA-Ng. Je rappelle que Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique réaliseront la plateforme et TechnicAtome les chaufferies nucléaires.

Les catapultes seront fournies par le groupe américain General Atomics qui fournira trois « Electromagnetic Aircraft Launch Systems » (EMALS), pour un coût estimé à plus de 1,3 milliard de dollars. Ces trois catapultes électromagnétiques de nouvelle génération ont été développées par General Atomics pour les porte-avions de la classe Gerald R. Ford de l’US Navy.

Comme l’a bien résumé Guillaume Aigron dans le blog Secret Défense, « la France se trouve dans une position délicate car ces systèmes sont actuellement produits uniquement par les États-Unis. Le constructeur américain General Atomics est le seul à maîtriser ces technologies, déjà déployées sur le porte-avions USS Gerald R. Ford. Cette situation place la France dans une position de dépendance technologique vis-à-vis de son allié transatlantique»

Les catapultes électromagnétiques qui équiperont le PA-Ng reposent sur le principe de l’induction magnétique. Des circuits électriques, situés de part et d’autre des rails de catapultage, génèrent un champ magnétique mettant en mouvement un chariot mobile sur lequel est fixé l’aéronef. L’alimentation de ce moteur linéaire est contrôlée de manière à être ajustée à la masse de l’avion ou du drone à catapulter et à la vitesse finale nécessaire à son catapultage. Des systèmes de stockage et de restitution d’énergie, situés en amont des moteurs, permettent de lisser les appels de puissance vis-à-vis de l’installation de production électrique du navire lors de l’utilisation des EMALS.

Guet et transport aériens

Restons dans le domaine aéronautique avec un trio de contrats. D’abord celui des avions de guet aérien AWACS (Airborne Warning and Control Systems) qui date des années 1990. L’armée de l’Air et de l’Espace dispose de quatre E-3F (des Boeing 707 modifiés de 35 ans d’âge) basés à Avord, sur la base aérienne 702 où ils sont exploités au sein de la 36e escadre de commandement et de conduite aéroportés. Eux aussi vieillissants, ils pourraient être remplacés par des E-7A Wedgetail, développés par l’Américain Boeing (et retenus par l’Otan), ou par le système GlobalEye du Suédois Saab.

Deuxième contrat, celui deux C-130J et des deux KC-130J désormais installés à Evreux avec des appareils similaires de l’armée de l’Air allemande. Soit cinq aéronefs C-130J-30 et cinq aéronefs KC-130J achetés aux États-Unis en 2015 et livrés à partir de septembre 2018. A noter que le soutien technique de la flotte des C-130 français a un coût annuel d’une cinquantaine de millions de dollars versée à l’entreprise américaine Lockheed Martin Aeronautics Co.

Un Rafale Marine et un E-2 Hawkeye sur le pont du Charles de Gaulle, à Subic Bay, le 23 février 2025. (Photo by TED ALJIBE / AFP)

Enfin, un autre contrat, lui en cours depuis 2020, concerne la livraison à la Marine nationale de trois avions de guet aérien E-2D Advanced Hawkeye Aircraft pour remplacer l’actuelle flotte française d’E-2C Hawkeye 2000 entrés en service dans la Marine nationale en 1998. Le premier des E-2D est en construction aux USA depuis décembre dernier. Livraison prévue en 2027. La valeur initiale du marché était estimée à deux milliards de dollars mais l’addition s’est déjà alourdie de quelques 450 millions de dollars.

Dassault envisage de livrer jusqu’à cinq Rafale par mois dans les années à venir

Dassault envisage de livrer jusqu’à cinq Rafale par mois dans les années à venir


Le patron du groupe Eric Trappier confirme les volumes dont a besoin l’armée française évoqués par le ministre des Armées, à savoir une vingtaine de Rafale pour l’armée de l’air et une dizaine pour la Marine nationale.

Dassault Aviation envisage de monter rapidement en cadence et « étudie la possibilité » de livrer jusqu’à cinq Rafale par mois comme demandé par Emmanuel Macron face aux turbulences géopolitiques, a déclaré son PDG Eric Trappier dans une interview au JDD. Le président français a annoncé mardi que l’Etat allait « accroître et accélérer les commandes de Rafale » au bénéfice de l’armée de l’air dans le cadre de nouveaux investissements de défense décidés face à la « bascule » géopolitique.

« En 2020, nous livrions moins d’un Rafale par mois. Aujourd’hui, nous en sommes à plus de deux par mois et nous allons encore augmenter le rythme (…) Nous prévoyons d’atteindre trois Rafale livrés par mois l’année prochaine, et quatre à partir de 2028-29, a déclaré le PDG du groupe français.

« Nous avons entendu l’appel du président et étudions la possibilité de passer à cinq Rafale par mois. Il n’y a pas encore de commandes concrètes, mais nous souhaitons anticiper. Avons-nous suffisamment de surface ? Faut-il recruter ? Les sous-traitants pourront-ils suivre ? Les motoristes seront-ils capables de répondre à la demande ? Nous avons lancé l’étude », a-t-il ajouté. Il a confirmé les volumes dont a besoin l’armée française évoqués par le ministre des Armées, à savoir une vingtaine de Rafale pour l’armée de l’air et une dizaine pour la Marine nationale.

Convaincre le Portugal

Interrogé pour savoir si le Rafale a une carte à jouer face à l’imprévisibilité de Donald Trump alors que des commandes de F-35 américain sont suspendues, Eric Trappier a dit que Dassault était « prêt à fournir » ses services. Dassault souhaite notamment « proposer » son avion au Portugal. « C’est un pays de l’Union européenne et de l’Otan. Il disposerait des mêmes capacités d’interopérabilité que nous dans le cadre de l’Alliance, donc cela semble logique », a ajouté Eric Trappier.

Il a dit avoir « confiance » concernant la livraison de Rafale en Inde, un contrat en préparation depuis longtemps. « Pour nous, c’est aussi une opportunité d’étendre nos chaînes de production en installant une ligne sur place, destinée aux besoins indiens, mais qui pourrait également servir dans notre montée en puissance. »

« J’ai connu la période où le Rafale était décrié. Aujourd’hui, il est devenu l’alpha et l’oméga car il sait tout faire et il est 100% français« , a-t-il dit, en critiquant au passage le modèle d’Airbus, géant de l’aéronautique européen « si grand qu’il ne sait plus ce qu’il fait » et inapproprié, selon lui, pour l’Europe de la défense.

Emmanuel Macron veut relancer son «Service national universel»


Emmanuel Macron prononce un discours devant un Mirage 2000 et un Rafale à la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur, France, le 18 mars 2025.

Rarement un discours d’Emmanuel Macron aura suscité autant de réactions immédiates que le dernier en date. C’était le 5 mars dernier, en direct à 20 heures sur France 2. «La patrie a besoin de vous et de votre engagement», a déclaré le président français, en costume et cravate noirs.

En invitant ses concitoyens à ne pas sous-estimer le danger que représente la Russie pour l’Europe et la France dans un monde de plus en plus incertain, le président français a peut-être même déclenché davantage de réactions qu’il ne l’aurait souhaité.

Le peuple semble en tout cas avoir pris l’appel présidentiel au pied de la lettre: 86% des Français, selon un sondage Ipsos, se sont déclarés favorables au rétablissement du service militaire obligatoire. Près de trente ans, donc, après son abolition.

Pas une «option réaliste»

À peine le sondage était-il paru que celui qui est également chef des armées – le plus haut gradé militaire de France est, lui, chef d’état-major des armées (CEMA) – a tenté de freiner la dynamique qu’il avait déclenchée. Le service militaire obligatoire n’est pas une «option réaliste», a-t-il souligné lors d’un entretien accordé en fin de semaine dernière à des titres régionaux.

La France «n’a plus la base, plus la logistique» pour remettre en place une conscription. «À partir du moment où on est allé vers la professionnalisation de nos armées, focalisées sur l’opérationnel, les réemployer pour encadrer 800’000 jeunes […] n’est absolument pas un schéma opérant», a-t-il indiqué.

Mais, a-t-il précisé, il présentera dans les semaines à venir un «grand nouveau projet» de réforme du Service national universel (SNU), «afin de correspondre aux besoins de la nation et aux priorités identifiées». Le SNU est l’un des thèmes favoris d’Emmanuel Macron depuis qu’il est au pouvoir.

Dissuasion nucléaire

Revenons d’abord sur l’option «irréaliste». Jacques Chirac avait mis au rebut le service militaire obligatoire dans les années 90. La loi est entrée en vigueur en 1997. Aujourd’hui âgé de 47 ans, Emmanuel Macron est le premier président de l’Hexagone à ne pas avoir fait son service militaire.

L’abolition de la conscription avait en fait déjà été envisagée sous la présidence de Charles de Gaulle. La puissance de la dissuasion nucléaire acquise à l’époque avait réduit l’importance d’une défense conventionnelle. Jacques Chirac a acté cet état de fait avec la fermeture de bases et la vente de nombreuses casernes.

Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren de classe Barracuda de la marine française, amarré dans le port de Toulon, avec un drapeau français visible à l’arrière-plan.

Quand Emmanuel Macron dit aujourd’hui que la France n’a «pas de base et pas de logistique» pour un retour à la conscription, il dit vrai. Tout manque: infrastructures, instructeurs, matériel… Sans parler de l’argent nécessaire à la reconstruction d’une armée d’un million de membres permanents.

L’armée professionnelle française compte environ 200’000 soldats. Il est prévu d’augmenter quelque peu l’armée de réserve, avec un réserviste pour deux soldats professionnels d’ici à 2035. Le nombre total de réservistes atteindrait alors les 300’000 membres.

Des clivages qui bougent

À la télévision française, on débat désormais pour savoir s’il ne serait pas plus intelligent que chaque jeune Français – et chaque jeune Française qui le souhaite – fasse son service. Les clivages politiques traditionnellement liés à la question sont en train de bouger.

Jusqu’à présent, c’est presque exclusivement la droite bourgeoise et l’extrême droite qui plaidaient en faveur du service militaire obligatoire. Le camp de droite voit dans l’armée une école de la République et – une vision très controversée – le moyen éprouvé d’enseigner les valeurs de la nation aux personnes issues de l’immigration: en position de respect devant le drapeau tricolore, en entonnant la Marseillaise. L’extrême droite parle d’assimilation.

La gauche, elle, a toujours pensé que c’était à l’école et à elle seule de faire des jeunes de toutes origines des citoyens responsables, au fait de leurs droits et devoirs. Mais les frontières idéologiques ne sont plus aussi nettes, comme le prouvent les 86% du sondage. C’est sans aucun doute dû à l’actualité géopolitique brûlante et à ce que le locataire de l’Élysée a qualifié de «menace» le 5 mars dernier.

Une sorte de creuset de la République

Emmanuel Macron veut maintenant redessiner le SNU. Un projet qui avait failli être mis au placard pour des raisons d’économies: alors premier ministre, Michel Barnier avait voulu le sacrifier afin de récupérer quelques milliards d’euros pour son budget d’austérité, faisant dire qu’il démantelait un pilier du macronisme. Mais Michel Barnier est tombé après seulement trois mois de mandat – et le SNU a survécu.

L’idée avait été lancée par Emmanuel Macron avant sa victoire de 2017. C’était même une de ses promesses de campagne: celle d’un lieu où les Français pourraient à nouveau se rencontrer au-delà des classes sociales, une sorte de creuset de la République, et ce pour une durée minimale d’un mois.

Le SNU, qui aurait été effectué dans des établissements militaires ou civils éloignés du lieu d’origine, était prévu pour des jeunes de 15 à 17 ans. Au programme, obligatoire: vie commune, lever matinal, lever du drapeau, hymne national, port de l’uniforme et cours d’instruction civique.


Mais la mise en œuvre s’est vite avérée compliquée et coûteuse, et l’ «obligatoire» s’est rapidement transformé en «facultatif». Même avec des ambitions réduites, la concrétisation n’a cessé d’être repoussée. Comme souvent, une grande annonce n’a pas résisté à la réalité.

Le président français veut donc redéfinir le SNU pour qu’il soit en phase avec son époque. Comment exactement? Ce n’est pas encore clair. La tranche d’âge sera-t-elle élargie? Le SNU sera-t-il à nouveau rendu obligatoire?

Il semble en tout cas que les Français soient désormais prêts à accepter des obligations qu’ils auraient refusées il y a peu.

Protection du combattant : L’armée de Terre évalue le casque intégral Ronin

Protection du combattant : L’armée de Terre évalue le casque intégral Ronin

https://www.opex360.com/2025/03/19/protection-du-combattant-larmee-de-terre-evalue-le-casque-integral-ronin/


Développé par le CIEC [Centre Interarmées du Soutien Équipements Commissariat, ex-CESCOF], avec l’appui de la Section technique de l’armée de Terre [STAT], le casque F3 est l’un des éléments essentiels du programme « Combattant 2020 ».

Offrant une protection contre les éclats et les balles de 9 mm grâce à sa coque aramide [kevlar], le casque F3 se distingue des modèles précédents par une « surface d’accrochage » plus importante qui, associée à des « rails de fonction », permet d’augmenter significativement sa capacité d’emport d’accessoires, comme les jumelles de vision nocturne.

Mais d’autres évolutions sont envisagées. Ainsi, l’an passé, la Direction générale de l’armement [DGA] a dévoilé le casque TAP F3+, censé préserver les « capacités biomécaniques et physiologiques » du combattant. Plus léger tout en étant plus résistant, grâce à des fibres de polyéthylène à ultra haut poids moléculaire [UHMWPE], il pourrait être doté du système SLAC [pour Système de Localisation Acoustique pour le Combattant] afin de permettre à un fantassin de localiser l’origine d’un tir et de détecter des drones FPV.

Cela étant, le TAP F3+ est d’une facture classique… Ce qui n’est pas le cas du casque Ronin, lequel fait actuellement l’objet d’une évaluation menée par l’armée de Terre, via son « Battle Lab ».

« Le casque Ronin redéfinit les standards en matière de protection balistique et de technologies intégrées pour les forces spéciales. Connu pour son design futuriste et ses capacités exceptionnelles, ce casque apporte une protection renforcée sur le terrain tout en offrant des options de personnalisation à la pointe de la technologie », explique en effet la Section technique de l’armée de Terre [STAT].

Conçu par la firme japonaise Devtac, le Ronin est un casque intégral pouvant résister à des balles de 9 mm. Le modèle évalué par le Battle Lab Terre est doté d’une vision tête haute [les informations tactiques s’affichent dans le champ de vision du combattant] et peut recevoir des jumelles, des caméras et différents capteurs grâce à des rails Picatinny. Enfin, il dispose d’un système de refroidissement par ventilation.

« Le Battle Lab Terre est actuellement en mode exploratoire pour évaluer son potentiel d’intégration dans des opérations tactiques modernes. Cette démarche pourrait ouvrir la voie à de nouvelles innovations dans les équipements de protection pour les forces militaires et de sécurité », a conclu la STAT.

Armées : Lecornu veut «une vraie réserve professionnalisée» jusqu’à 100.000 hommes

Armées : Lecornu veut «une vraie réserve professionnalisée» jusqu’à 100.000 hommes

Par John Timsit – Le Figaro  Publié le 13 mars 2025

https://www.lefigaro.fr/politique/armees-lecornu-veut-une-vraie-reserve-professionnalisee-jusqu-a-100-000-hommes-20250313


Invité jeudi soir de France 2, le ministre des Armées a rejeté l’hypothèse d’un retour du service militaire obligatoire : «Combattre est incontestablement un métier.»

Préparer l’armée de demain. Face à la «multiplication des crises en même temps» qui constitue une «fragilité potentielle» pour le paysSébastien Lecornu a appelé jeudi soir sur France 2 à «renforcer considérablement notre réserve». «On a 205.000 militaires avec un objectif à 210.000. L’avenir c’est une vraie réserve professionnalisée, c’est ce que le président de la République m’a demandé. L’idée est d’arriver à 100.000», a fait valoir le ministre des Armées. Qui se projette sur les décennies à venir, bien au-delà donc de 2027, année où prend fin le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron : «Il y a quelques années, on avait un réserviste pour six militaires d’active. L’objectif, c’est d’avoir un format d’armée où on a un réserviste pour deux militaires d’active. Ça a beaucoup de valeur.»

Alors qu’un retour du service militaire obligatoire, supprimé en 1996 par Jacques Chirac, est plébiscité par une majorité de Français, Sébastien Lecornu remarque que ce sont bien souvent des «arguments sociaux qui sont avancés – la mixité, la capacité à passer son permis de conduire -» par les partisans du dispositif, moins finalement son «utilité militaire». «Aujourd’hui, combattre ou avoir des missions militaires est incontestablement un métier, a martelé le Normand. Mais si on la projette beaucoup, on a besoin de forces de réservistes sur lesquelles il va falloir accélérer».

«Une forme de guerre des étoiles»

Outre l’élargissement de la menace russe dans le contexte de la guerre en Ukraine, Sébastien Lecornu a également mis en garde jeudi soir contre une «militarisation de l’espace». «Nous sommes la génération d’êtres humains qui allons connaître ce qui pourrait être une forme de guerre des étoiles», a alerté le ministre des Armées, citant de possibles «destruction de satellites» par «aveuglement» ou par «armes à énergies dirigées ou laser». «Si nous ne nous réveillons pas sur ces enjeux, nous pouvons décrocher.»

Synthèse de l’article du Figaro sur la réserve militaire

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a affirmé sur France 2 sa volonté de renforcer la réserve militaire française en la professionnalisant, avec un objectif de 100.000 réservistes. Cette initiative vise à faire face à la multiplication des crises et à renforcer la capacité de réaction de l’armée, qui compte actuellement environ 205.000 militaires d’active. L’objectif est de parvenir à un ratio d’un réserviste pour deux militaires d’active, contre un pour six actuellement.

Rejetant l’idée d’un retour au service militaire obligatoire, Lecornu souligne que combattre est un métier nécessitant une formation et un engagement spécifique, contrairement aux arguments sociaux souvent avancés par les partisans de cette réintroduction.

Le ministre a également alerté sur la militarisation de l’espace, évoquant une possible « guerre des étoiles » impliquant la destruction de satellites par des armes à énergie dirigée ou laser, un enjeu stratégique majeur pour la défense nationale.

Toutefois, un commentaire critique souligne que les moyens alloués à la réserve sont insuffisants, avec des réductions budgétaires impactant la durée des missions et les frais de déplacement. Il remet en question la faisabilité d’une réserve professionnalisée si les réservistes ne sont mobilisés que quelques jours par an, mettant en doute la réelle application de cette ambition.

Pourquoi un sous-marin Barracuda français a-t-il fait surface au Canada ?

Pourquoi un sous-marin Barracuda français a-t-il fait surface au Canada ?

La présence du sous-marin français FS Tourville au Canada intrigue. Test stratégique ou démonstration de force ? Décryptage des enjeux derrière cette apparition.

par Jean-Baptiste Leroux – armees.com -publié le

Un sous-marin Barracuda a effectué sa première traversée transatlantique. Defense.gouv
Un sous-marin Barracuda a effectué sa première traversée transatlantique. Defense.gouv | Armees.com

L’apparition d’un sous-marin d’attaque français Barracuda dans un port canadien a suscité de nombreuses interrogations. Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, certains y voient un signal politique fort. Mais la vérité se trouve ailleurs : cette opération s’inscrit dans une démarche purement technique et industrielle.

Un test grandeur nature pour le FS Tourville

La présence du FS Tourville à Halifax, en Nouvelle-Écosse a suscité de vives réactions dans le contexte international actuel. Pourtant, elle répond à un objectif clair : démontrer les capacités des sous-marins français. Ce navire de la classe Barracuda, conçu par le groupe français Naval Group, a effectué sa première traversée de l’Atlantique pour tester ses performances en conditions réelles.

Le Canada prévoit en effet de moderniser sa flotte sous-marine avec l’acquisition de six à douze nouveaux sous-marins d’ici 2035. En février dernier, Ottawa a sollicité plusieurs constructeurs, dont Naval Group, pour obtenir des informations sur leurs modèles. Face à cette opportunité commerciale majeure, estimée à 40 milliards d’euros, la France a donc décidé de mettre en avant son expertise.

Le Barracuda, Un atout technologique pour le Canada

Les exigences canadiennes sont particulièrement élevées. Le pays, qui possède le plus long littoral du monde, recherche des sous-marins capables de naviguer sous la banquise arctique et d’opérer dans des conditions extrêmes.

Le Barracuda présente plusieurs atouts qui pourraient convaincre la Marine royale canadienne. Doté d’un système de propulsion avancé et d’une autonomie prolongée, il est conçu pour des missions de longue durée. De plus, sa furtivité et ses capacités en matière de renseignement en font un outil stratégique de premier plan.

Une compétition internationale acharnée

La France n’est pas seule dans cette course. D’autres acteurs européens et asiatiques sont en lice pour répondre à l’appel d’offres canadien. En octobre dernier, le ministre de la Défense canadien, Bill Blair, a confirmé que plusieurs pays étaient sollicités pour ce projet.

Naval Group peut cependant s’appuyer sur un succès récent : la vente de quatre sous-marins Barracuda aux Pays-Bas pour près de 5 milliards d’euros. Un précédent qui pourrait jouer en faveur de la France et renforcer ses chances d’emporter le contrat canadien.

Une opération sous haute surveillance

L’épreuve de test du FS Tourville ne s’arrête pas à Halifax. Le sous-marin doit encore effectuer des exercices en conditions réelles dans les eaux froides du Grand Nord. Des essais d’endurance et de navigation sous la glace sont prévus pour prouver la capacité du Barracuda à répondre aux exigences canadiennes.