Le chasseur F-35I Adir d’Israël a un « talon d’Achille » que personne n’avait vu venir

Le chasseur F-35I Adir d’Israël a un « talon d’Achille » que personne n’avait vu venir

Le F-35I Adir, fleuron de l’aviation militaire israélienne, fait face à un défi inattendu. Ce chasseur furtif de cinquième génération, conçu pour dominer les cieux, se trouve au cœur d’une controverse juridique internationale. Une situation qui pourrait compromettre son efficacité opérationnelle et soulève des questions sur l’utilisation des technologies de pointe dans les conflits modernes.

Par Paolo Garoscio – armees.com – Publié le 1 décembre 2024

Chasseur F 35i Adir Disrael Faiblesse Inattendue Decouverte
Le chasseur F-35I Adir d’Israël a un « talon d’Achille » que personne n’avait vu venir – © Armees.com

L’organisation non gouvernementale palestinienne Al-Haq a récemment intenté une action en justice à Londres. Son objectif ? Mettre un terme aux exportations de composants britanniques destinés à la flotte de F-35 israélienne. Cette démarche juridique vise le Département britannique du Commerce et des Affaires, accusé de fournir des pièces essentielles pour ces avions de chasse de pointe.

Al-Haq affirme que ces exportations sont illégales, arguant que les F-35I auraient été utilisés pour frapper des zones civiles à Gaza. L’ONG souligne :

  • L’utilisation confirmée des F-35 dans les attaques sur Gaza
  • Le largage de bombes de 2000 livres sur des zones densément peuplées
  • La nécessité d’un contrôle accru sur l’utilisation de ces armes sophistiquées

Cette action en justice intervient dans un contexte déjà tendu. Le Royaume-Uni avait suspendu environ 30 licences d’exportation d’armes vers Israël en septembre, invoquant des préoccupations liées au droit humanitaire international. Néanmoins, les composants du F-35 avaient été exemptés de cette suspension, le gouvernement britannique arguant de « implications sérieuses pour la paix et la sécurité internationales » en cas d’arrêt de ces exportations.

Chasseur F 35i Adir Disrael Faiblesse Inattendue Decouverte 2

Implications pour la flotte mondiale de F-35

L’affaire soulève des questions cruciales sur la chaîne d’approvisionnement mondiale du programme F-35. Si la plainte d’Al-Haq aboutissait, cela pourrait avoir des répercussions bien au-delà d’Israël. En effet, le F-35 est utilisé par plusieurs pays alliés, et son système de production repose sur une collaboration internationale complexe.

Voici un aperçu des enjeux :

Bien que la plainte soit peu susceptible d’arrêter les opérations israéliennes à court terme, elle met en lumière la scrutiny croissante sur l’utilisation du F-35 et pourrait compliquer l’approvisionnement futur de la flotte mondiale.

Le débat sur l’utilisation militaire et les droits humains

Cette affaire s’inscrit dans un débat plus large sur l’équilibre entre sécurité nationale et respect du droit international humanitaire. Les Forces de Défense Israéliennes (FDI) réfutent les accusations d’utilisation inappropriée du F-35I Adir. Elles mettent en avant la complexité du conflit à Gaza, notamment :

L’utilisation par le Hamas de boucliers humains et d’infrastructures civiles pour ses opérations militaires. La présence d’un vaste réseau de tunnels sous les zones urbaines, surnommé le « Métro de Gaza ». La nécessité d’utiliser des armements de précision pour minimiser les dommages collatéraux.

Toutefois, les groupes de défense des droits humains persistent dans leurs allégations. Ils pointent du doigt les lourdes pertes civiles et la destruction massive d’infrastructures à Gaza. Cette situation soulève des questions éthiques sur l’emploi d’armes hautement sophistiquées dans des zones densément peuplées.

Le cas du F-35I Adir illustre ainsi la difficulté de concilier avancées technologiques militaires et protection des populations civiles en temps de conflit. Il met également en lumière les défis juridiques et éthiques auxquels font face les nations développant et exportant des systèmes d’armement avancés.


Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Un parapluie nucléaire franco-britannique pour l’Europe est-il envisageable ?

Un parapluie nucléaire franco-britannique pour l’Europe est-il envisageable ?

Le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait être synonyme, à terme, d’un désengagement américain de la protection du Vieux Continent. Dans une telle hypothèse, la France et le Royaume-Uni pourraient-ils faire bénéficier leurs alliés de leur force de dissuasion nucléaire ?


De l’avis de nombreux observateurs, la victoire de Donald Trump annonce le retour de l’isolationnisme américain. Dès lors, le débat au long cours autour de l’autonomie stratégique européenne revient sur le devant de la scène. Si cette notion d’autonomie stratégique comporte une composante conventionnelle et industrielle évidente, une nouvelle question émerge dernièrement : en cas de désengagement de Washington, les Européens pourraient-ils eux-mêmes assurer la protection du continent au niveau nucléaire ?

Hormis la Russie, seuls deux pays européens disposent aujourd’hui de l’arme nucléaire : la France, avec 290 têtes nucléaires, et le Royaume-Uni, qui en compte 225. Au regard de la redéfinition de l’ordre mondial qu’une nouvelle présidence Trump pourrait entraîner, les capacités nucléaires de ces deux pays prennent une importance singulière.

Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron souhaite relancer le débat sur la dissuasion nucléaire en Europe. Il évoque notamment la possibilité d’étendre la protection de l’arsenal français aux alliés européens – une option dont l’importance n’échappe à personne à l’heure où la Russie menace d’utiliser son arsenal dans le cadre du conflit avec l’Ukraine. Les Britanniques, quant à eux, n’étant pas dans la même dynamique pour l’instant, préfèrent continuer de déléguer la protection nucléaire du continent aux Américains.

En tout état de cause, l’extension des garanties nucléaires française et britannique pour la sécurité collective du Vieux Continent poserait des problèmes doctrinaux d’une grande complexité.

La position française : de la protection nationale à la solidarité européenne ?

Depuis que la France s’est dotée de l’arme nucléaire en 1966, sa doctrine de dissuasion repose sur une notion fondamentale, très gaullienne et jusqu’à récemment jamais remise en cause par les présidents français successifs : l’arme nucléaire ne doit servir qu’à la protection des « intérêts vitaux » de la nation.

Ces intérêts vitaux n’ont jamais été clairement définis, mais ils tiennent, a minima, aux éléments indispensables à la survie et à la souveraineté du pays. Cette définition très large maintient sciemment une forme d’incertitude, pour ne pas divulguer trop d’informations à de potentiels adversaires dans l’éventualité d’une attaque.

Cependant, les crises géopolitiques et les tensions croissantes entre la Russie et le camp occidental, marquées par la formulation de menaces nucléaires par Vladimir Poutine, ont conduit Paris à remettre en cause les éléments fondamentaux de cette doctrine.

En février 2020, lors d’un discours à l’École de guerre, Emmanuel Macron a déclaré que la France était prête à s’engager dans un « dialogue stratégique » avec ses partenaires européens en vue d’explorer la meilleure façon d’intégrer l’arsenal nucléaire français dans la sécurité européenne globale – sans se substituer à l’OTAN, mais pour compléter la défense du continent. Le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a souvent critiqué avec virulence l’Alliance atlantique, incite encore plus la France et l’Europe à persévérer dans cette réflexion. Rappelons à cet égard que la doctrine de l’OTAN indique que les dissuasions française et britannique « participent significativement » à la défense du continent – sans préciser comment. Le temps semble venu d’apporter plus de clarté à cette question fondamentale.

Royaume-Uni : le poids de l’influence américaine

Contrairement à celle de la France, strictement souveraine en matière nucléaire, la dissuasion du Royaume-Uni demeure fortement dépendante vis-à-vis de l’Alliance atlantique. Son système de dissuasion repose en partie sur les missiles Trident, achetés aux États-Unis bien que les têtes nucléaires soient britanniques. La souveraineté britannique dans ce domaine n’est donc pas totale ; dès lors, la marge de manœuvre de Londres en ce qui concerne une éventuelle extension de son parapluie nucléaire au reste de l’Europe est limitée.

Néanmoins, la coopération nucléaire bilatérale entre Londres et Paris, formalisée par les traités de Lancaster House signés en 2010, peut contribuer à une telle évolution.

Il demeure que le Royaume-Uni risque de ne pas pouvoir s’engager pleinement dans une dissuasion à l’échelle du Vieux Continent sans l’accord de son allié américain…

Dissuasion européenne : les défis d’une ambition encore en gestation

Le président français encourage ses homologues européens à participer à l’élaboration d’une « culture stratégique commune ». En matière de dissuasion nucléaire, cette approche se heurte toutefois aux réalités politiques et aux réticences de certains pays européens, qui considèrent qu’ils ne seront jamais aussi bien protégés que par le bouclier américain.

En outre, la dissuasion nucléaire française n’a jamais été conçue pour protéger l’ensemble de l’Europe et sa capacité reste limitée face aux arsenaux nucléaires plus vastes de la Russie. Avec ses quelque 300 têtes nucléaires (600 au milieu des années 1980) en cohérence avec son concept de « stricte suffisance », la France dispose certes d’un arsenal dissuasif crédible, mais cette capacité reste insuffisante pour couvrir toutes les éventualités d’un conflit de haute intensité impliquant plusieurs États européens.

De plus, l’idée de déléguer ou de partager cette dissuasion nucléaire est politiquement et diplomatiquement difficile. Certains pays européens, comme l’Allemagne et les États scandinaves, pourraient considérer la mise en place d’une dissuasion nucléaire commune (qui trancherait avec la situation actuelle car la dissuasion américaine est depuis des décennies un objet récurrent du dialogue sur les questions nucléaires entre les États-Unis et la Russie) comme une provocation à l’égard de la Russie allant à l’encontre des objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération qu’ils défendent activement. Les pays scandinaves et l’Allemagne sont particulièrement sensibles à la relation avec la Russie, en raison de leur proximité géographique avec cette dernière et de leur histoire. Une initiative de dissuasion commune pourrait être perçue par Moscou comme un geste hostile, risquant d’intensifier les tensions.

Enfin, une difficulté majeure persiste du point de vue doctrinal. La dissuasion entre deux acteurs repose sur la notion de crédibilité. Cette dernière existe sous deux formes : technique (la capacité d’une frappe d’atteindre son objectif) et psychologique (l’adversaire, pour être dissuadé, doit être certain que l’autre est prêt à lui faire subir un bombardement nucléaire, quitte à être frappé encore plus durement en retour). À titre d’exemple, la France peut apparaître crédible aux yeux de Moscou si elle menace de détruire des infrastructures russes en cas d’attaque russe visant le territoire français ; mais le sera-t-elle autant si elle menace de s’en prendre à la Russie en cas d’attaque russe contre la Pologne, quitte à s’exposer à voir en retour Paris rasée par les bombes russes ? Ce n’est pas certain… La question est centrale et suppose l’existence d’intérêts vitaux communs européens qui restent à définir.

Une perspective peu crédible… pour l’instant

Aujourd’hui, la dissuasion nucléaire franco-britannique ne peut pleinement se substituer à la garantie américaine. Le dépassement des stricts intérêts vitaux français constitue un jalon vers une sécurité collective renforcée, mais une telle ambition nécessite un engagement fort des autres États membres et un consensus sur la stratégie nucléaire en Europe.

En fin de compte, la dissuasion nucléaire élargie est une idée à explorer, mais elle ne pourra atteindre son plein potentiel qu’à la condition qu’une approche coordonnée, intégrée et acceptée par l’ensemble des puissances européennes puisse se faire jour. Or une telle perspective semble difficilement envisageable à ce stade.

La politique de l’administration Trump sera donc décisive pour qu’une évolution puisse avoir lieu. Dit simplement, son éventuelle politique isolationniste face à l’agressivité russe doit faire peur notamment à l’Allemagne et à l’Europe orientale. Si le président américain transforme l’OTAN en coquille vide et si Vladimir Poutine poursuit sa politique agressive après un hypothétique règlement du conflit l’opposant à l’Ukraine, alors la situation pourrait peut-être évoluer…

Protection du combattant et résilience des transmissions, deux impératifs capacitaires pour l’infanterie de demain

Protection du combattant et résilience des transmissions, deux impératifs capacitaires pour l’infanterie de demain

– Forces opérations Blog – publié le

Quels équipements pour le fantassin de demain ? C’est à cette question qu’ont cherché à répondre des Journées nationales de l’infanterie placées sous le prisme de « la technologie au centre, le fantassin au coeur ». Deux impératifs sont désormais dans le collimateur de l’armée de Terre, l’un portant sur la protection du combattant et l’autre sur la résilience des systèmes d’information.

Intercepteur i-X, robot HE441, brouilleur SPART ou encore munition téléopérée ORQA. Ces noms n’évoqueront sans doute rien et ce ne sera pas surprenant, car aucun de ces systèmes n’est en service dans l’armée de Terre. Du moins, pour l’instant, car chacun représente néanmoins une piste de réflexion pour adapter l’équipement de l’infanterie française à l’heure où celle-ci se transforme en profondeur. C’est avec cet enjeu d’adaptation capacitaire en tête que l’armée de Terre et une soixantaine d’industriels français et étrangers se sont prêtés au jeu de la prospective lors d’une démonstration sur le camp de Bergerol des Écoles militaires de Draguignan (Var). Temps fort des JNI, trois tableaux ont exploré ce que pourrait être la mission de reconnaissance offensive d’un groupement tactique interarmes à dominante infanterie dans un futur proche. L’occasion de revenir sur plusieurs dizaines de matériels novateurs susceptibles d’accroître l’efficacité opérationnelle de l’infanterie. 

« Il y a des opportunités d’innovation et d’évolution qui sont très importantes. Il y a un intérêt à saisir l’esprit de ces évolutions, de cette innovation pour distinguer celles qui seront vraiment utiles et qu’on pourra intégrer pour qu’il y ait ensuite une évolution tactique », constatait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, en marge de cette démonstration. Deux priorités se démarquent selon lui pour l’infanterie : la protection du combattant et la résilience des systèmes d’information opérationnelle et de commandement (SIOC). 

Face à la transparence du champ de bataille, mieux se protéger « serait, pour l’infanterie, la priorité absolue aujourd’hui ». Se protéger en leurrant ou en brouillant l’adversaire, en se dispersant, en privilégiant le mouvement, en se cachant autrement, en exploitant l’environnement : qu’importe la carapace, blindage et camouflage ne suffisent plus pour contrer « cette menace aérienne qui est de plus en plus prégnante, qui fait que des drones démultiplient la façon de voir le champ de bataille ».

Ainsi, la section d’infanterie motorisée montrée aux JNI agissait sous la protection d’un boîtier individuel HADDES que MC2 Technologies a conçu pour détecter et discriminer les drones jusqu’à une portée de 3 km. Une fois détectée, la menace 3D doit ensuite être neutralisée selon « le critère du moindre coûts financier ». Hormis l’arme laser HELMA-P de Cilas et son tir à « quelques euros », l’auto-protection du groupe de combat pourrait s’élargir à quelques idées simples, immédiatement disponibles et souvent à usage multiple. C’est le cas d’un fusil semi-automatique de calibre 12 ETD. Tirant de la grenaille de plomb, sa portée en lutte anti-drones limitée à une cinquantaine de mètres est contrebalancée par  un panel d’effets allant du combat en localité à la neutralisation d’individus par l’utilisation de munitions non létales.

La grenaille de plomb, autre solution pour protéger le fantassin face à la menace des drones

Se pose en parallèle la problématique de la survie des SIOC, la réactivité du commandement étant intimement liée à leur résilience et à leur efficacité. D’autres voies sont à l’étude pour compléter un socle constitué, à l’échelon du GTIA, de la radio CONTACT et du système d’information du combat SCORPION. Illustration avec cette section d’aide à l’engagement débarqué (SAED) équipée du système radio SILVUS commercialisé par FGH. Ce réseau multidomaine permet d’interconnecter tous les intervenants, jusqu’aux équipements cynotechniques. Son réseau maillé haut débit transmet autant la phonie que les données, les flux vidéo et la géolocalisation amie (Blue Force Tracking). Ce BFT était pour l’occasion amené par les balises individuelles AGENA-M de SYANS. Chiffrée, cette capacité est générée de manières autonome et furtive par l’émission d’un signal court et très faible à une échéance pré-déterminée en amont. Les réseaux civils offrent une opportunité indéniable pour transmettre des données mais représentent aussi un risque, notamment en matière d’interception. C’est pourquoi Thales a planché sur un kit d’hybridation intégré sur véhicule et permettant d’utiliser les infrastructures existantes en sécurisant les communications pour diminuer ce risque tout en conservant une capacité militaire durcie. 

Derrière les unités connues, les JNI revenaient également sur l’émergence de la section de renseignement et de guerre électronique (SRGE), cette « section des effets spécialisés » préfiguratrice de ce que pourrait être l’unité robotisée d’infanterie de demain et dont le volet capacitaire plus spécialisé demeure embryonnaire. Agile et discrète, cette SRGE à double visage requiert de se pencher autant sur sa dotation en munitions téléopérées et robots terrestres qu’en outils de brouillage local, de leurrage et de localisation. Des systèmes dont l’infanterie est dépourvue, mais pour lesquels des solutions existent. En témoigne ce module de déception conçu par Spherea. Monté sur un drone, il reproduit à l’identique les signaux électromagnétiques et autres communications amies. De quoi, par exemple, faire croire à l’ennemi qu’un sous-GTIA blindé manoeuvre en deuxième échelon de la force qui s’infiltre dans son dispositif. Il devra donc mobiliser des moyens et perdra du temps à infirmer l’information. 

Contre les drones, la SRGE pourrait bénéficier d’un capteur STM4000 de Flying Eye capable de discriminer les drones amis des ennemis jusqu’à 10 km en analysant les gammes de fréquence utilisées. Une fois détecté, le système adverse pourra être brouillé par le système SPART de MC2 Technologies. Le tout, doté d’une réelle agilité par l’emport sur un 4×4 léger Masstech S4 de Technamm ou sur le HUTP de Haulotte, deux véhicules non protégés mais peu onéreux, rapides et rustiques. 

Le Masstech S4 de Technamm, l’un des véhicules susceptibles de répondre à l’exigence de légèreté et de discrétion des SRGE

« Ce qui m’intéresse dans certains aspects de cette démonstration, ce sont justement des technologies qui sont peu chers, accessibles mais qui vont démultiplier l’efficacité », résumait le CEMAT. Ce dernier en est cependant conscient : la technologie ne s’oppose pas à la masse et va de pair avec la rusticité. Il s’agit dès lors de construire « des unités qui soient capables d’utiliser au maximum la technologie tout en gardant la capacité de se replier vers des capacités plus traditionnelles et rustiques, mais avec lesquelles elles iront moins vite ». L’exemple type, c’est celui du GPS et de la boussole.

« Il y a aujourd’hui un bouillonnement technologique absolument extraordinaire, qui est poussé notamment parce que, malheureusement, il y a une guerre », poursuivait le CEMAT. Ce bouillonnement, l’armée de Terre cherche à l’exploiter au mieux en privilégiant davantage les achats en boucle courte. Une logique de « patchs successifs » matérialisée à partir de solutions disponibles sur étagère pour répondre aux besoins urgents sans pour autant éluder la conduite de grands programmes structurants. Ce rééquilibrage entre l’immédiat et le futur, l’armée de Terre l’a déjà matérialisée par l’acquisition de drones DT-46 et d’engins de bréchage mécaniques de zone minée avec le soutien de la force d’acquisition réactive de la Direction générale de l’armement. L’expérience pourrait tout à fait être reproduite pour « saisir les innovations qui permettraient de démultiplier ce que nous avons », indique le CEMAT. 

Exploratoire, la démonstration des JNI n’aboutira sans doute pas à l’adoption de l’ensemble des moyens présentés à Draguignan. Plusieurs questions restent en effet en suspens face à un panorama technologique « très intéressant mais à sédimenter, à réfléchir ». « Est-ce que cela fonctionne vraiment et en quoi cela apporte quelque chose aux unités ? », souligne un chef d’état-major pour qui se pose aussi la problématique du volume. « J’ai une armée de 77 000 hommes et femmes. Comment passe-t-on, le cas échéant, à l’échelle ? ». Sans oublier « l’importance de combiner un socle cohérent et complet » et d’ « utiliser au mieux les moyens octroyés dans un contexte budgétaire difficile », rappelait le général Schill jeudi dernier lors de la Présentation de l’armée de Terre. Autant d’enjeux dont s’emparent désormais les acteurs concernés, l’École de l’infanterie et la STAT en tête.

La dimension aéroterrestre, un enjeu stratégique pour l’armée de Terre

La dimension aéroterrestre, un enjeu stratégique pour l’armée de Terre

IHEDN – publié le 25/11/2024

https://ihedn.fr/lundis-de-lihedn/la-dimension-aeroterrestre-un-enjeu-strategique-pour-larmee-de-terre/


Mis en valeur lors de la présentation de l’armée de Terre la semaine dernière à l’École militaire, l’espace aéroterrestre est de plus en plus essentiel pour la mobilité tactique et stratégique. Décryptage.

Pour son édition 2024, la présentation de l’armée de Terre (PAT) mettait en avant les « Enjeux et finalités du milieu aéroterrestre » à l’École militaire. Un profane pourrait s’étonner : quel lien entre le milieu aérien et une armée terrestre ? La réponse est que ces liens sont très nombreux, et prennent une importance croissante dans l’évolution contemporaine des conflits.

Sur des théâtres de plus en plus complexes, la dimension aéroterrestre vise à accroître l’efficacité opérationnelle. Selon les opérations, il y a bien évidemment une coordination stratégique entre l’armée de Terre et l’armée de l’Air et de l’Espace. Mais en son sein même, l’armée de Terre recèle aussi des capacités aériennes, qui composent la dimension aéroterrestre avec les forces au sol.

Les principaux usages aéroterrestres sont les suivants : renseignement et surveillance par drones et capteurs aériens, appui feu aérien pour les forces terrestres, transport tactique et logistique, opérations aéromobiles et parachutistes, et enfin défense sol-air contre les menaces aériennes.

La plus connue des capacités aéroterrestres est sans doute l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). Disposant d’environ 300 aéronefs (surtout des hélicoptères), elle sert au repérage des cibles, au combat antichars ou au transport de soldats, apportant à l’armée une mobilité rapide et un appui feu crucial pour les unités déployées.

L’ALAT inclut des hélicoptères de combat (comme le Tigre), d’assaut (NH90 Caïman), et un modèle multitâches, le Guépard (Airbus H160M).

Aboutissement d’un programme lancé en 2017, le Guépard brille par sa polyvalence, puisqu’il remplace 5 modèles précédemment utilisés au sein de l’ALAT : les Fennec, Gazelle, Panther, Alouette III et Dauphin.

Le Guépard (Airbus H160M)
Le Guépard (Airbus H160M).

L’autre composante majeure de la dimension aéroterrestre est la large flotte de drones de l’armée de Terre. Il peut s’agir de drones tactiques, de renseignement, de contact… Plusieurs étaient la semaine dernière à la PAT.

Drone à voilure fixe, le SQ20 est utilisé comme cible aérienne pour l’entraînement au tir antiaérien à l’arme légère d’infanterie, à la mitrailleuse ou au canon mitrailleur. Le RQ-11 Raven, lui, est un drone de combat léger de conception américaine.

Le drone SQ20.
Le drone SQ20.
Le drone RQ-11B-RAVEN.
Le drone RQ-11B-RAVEN.

Les sapeurs-sauveteurs (militaires de la sécurité civile) utilisent aussi des drones, par exemple pour avoir un soutien visuel en intervention, notamment sur des sites inaccessibles ou dangereux. C’est les cas des différentes variantes des drones DJI Matrice ou Mavic.

Les drone DJI matrice 300 / drone DJI matrice 30T / drone DJI Mavic 3T.
Les drone DJI matrice 300 / drone DJI matrice 30T / drone DJI Mavic 3T.

Autre appareil présent à l’École militaire, le mini-drone AVATAR, développé par DGA Techniques terrestres et l’Agence innovation défense, sera un drone de combat embarquant des capteurs et un fusil d’assaut HK-416 à tir laser.

Le projet AVATAR.
Le projet AVATAR.

Dernière fonction cruciale de la dimension aéroterrestre, la préparation d’artillerie, avec la gestion de l’espace aérien pour des tirs longue portée (avec des canons Caesar ou des lance-roquettes unitaires par exemple).

Le programme Scorpion de modernisation des capacités de combat, qui fête cette année ses 10 ans, est crucial pour la dimension aéroterrestre, puisque son système d’information du combat unique facilite les communications sol-air entre tous types d’appareils : par exemple, les véhicules blindés nouvelle génération comme le Griffon, le Serval ou le Jaguar sont équipés de capteurs et de systèmes d’information avancés qui leur permettent de recevoir et partager en temps réel des données tactiques, en lien notamment avec les moyens aériens d’observation.

La miniaturisation et les nouvelles technologies permettent ainsi une intégration de plus en plus poussée des capteurs, des systèmes d’armes et des centres de décision. Combinant puissance aérienne et expertise terrestre, la dimension aéroterrestre constitue une réponse efficace aux menaces modernes. Grâce à ses moyens avancés et à une coordination étroite entre les forces, elle offre une capacité unique d’intervention, de protection et de projection de puissance, essentielle pour les conflits d’aujourd’hui et de demain.

Ukraine : les services secrets présentent les fragments d’un missile russe vu pour «la première fois» depuis le début de la guerre

Ukraine : les services secrets présentent les fragments d’un missile russe vu pour «la première fois» depuis le début de la guerre

L’armée russe a tiré ce missile expérimental jeudi à Dnipro en «réponse», selon le Kremlin, aux récentes attaques ukrainiennes menées contre la Russie avec des missiles américains et britanniques.

Les services secrets ukrainiens (SBU) ont montré dimanche à un petit groupe de journalistes, dont l’AFP, les fragments d’un nouveau missile balistique russe, identifiés jeudi par le président russe Vladimir Poutine comme étant «Orechnik», une arme inconnue jusque-là qui a frappé selon lui une usine d’armements à Dnipro.

Quelques heures après ce tir présenté par le Kremlin comme un «signal» aux Occidentaux et à Kiev, Vladimir Poutine s’était vanté de la réussite de la frappe russe avec un nouveau missile hypersonique, qu’il avait baptisé «Orechnik». L’armée russe a tiré ce missile expérimental en «réponse», selon le Kremlin, aux récentes attaques ukrainiennes menées contre la Russie avec des missiles américains et britanniques.

Lieu tenu secret

La rencontre entre le SBU ukrainien et les journalistes s’est déroulée dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité. Le SBU a ainsi montré des débris métalliques, plus ou moins grands, alignés sur un faux gazon, issus d’un missile russe tiré jeudi, affirme-t-il, contre la ville de Dnipro, là où «Orechnik» a frappé selon Moscou l’usine du groupe ukrainien PivdenMach qui produit notamment des composants pour missiles.

Des parties d’un missile balistique, que la Russie a utilisé dans une frappe vers la ville de Dnipro cette semaine. Valentyn Ogirenko / REUTERS
SBU
Les services secrets ukrainiens ont assuré que c’était «la première fois» que les forces ukrainiennes voyaient un tel projectile depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Valentyn Ogirenko / REUTERS

À cette occasion, les services secrets ukrainiens n’ont pas souhaité confirmer publiquement qu’il s’agissait de débris d’«Orechnik» mais ont assuré que c’était «la première fois» que les forces ukrainiennes voyaient un tel projectile depuis le début de l’invasion russe en février 2022. «Cet objet n’avait jamais été documenté par les enquêteurs de sécurité auparavant», a indiqué un enquêteur du SBU prénommé Oleg, expliquant qu’il s’agissait «d’un missile balistique», ce qui correspond à «Orechnik». L’enquêteur a assuré que Kiev donnerait «des réponses» ultérieures sur les caractéristiques précises du missile présenté.

Selon Vladimir Poutine, qui a esquissé jeudi soir quelques caractéristiques d’«Orechnik», ce missile hypersonique «à portée intermédiaire» peut aller à la vitesse de Mach 10, soit «soit 2,5 à 3 kilomètres par seconde».

Vendredi, lors d’une réunion télévisée avec des responsables militaires, le maître du Kremlin a assuré que Moscou avait une réserve de ces missiles «prêts à l’emploi». Il a également ordonné sa production en série et son utilisation ultérieure lors d’essais, notamment «en situation de combat», après avoir lancé jeudi que la Russie était «prête» à «tous» les scénarios dans son conflit contre l’Ukraine et l’Occident.

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, la cohérence est plus importante que la « masse »

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, la cohérence est plus importante que la « masse »

https://www.opex360.com/2024/11/24/pour-le-chef-detat-major-de-larmee-de-terre-la-coherence-est-plus-importante-que-la-masse/


« Venez vous y frotter : », a lancé le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], dans un récent entretien accordé au quotidien Var Matin pour répondre à ceux qui décrivent l’armée française comme étant « échantillonnaire ».

Cette dernière est « complète et souveraine. Son format fait partie de l’idée stratégique fondamentale de la France : nous voulons avoir notre destin en main et donc nous voulons avoir un socle cohérent et complet. Cela passe par la dissuasion nucléaire qui nous protège. Cela implique aussi qu’on fasse un certain nombre de choix, notamment en termes de taille. Mais notre armée est faite pour se battre, pas pour défiler. Et je peux vous affirmer que l’armée française fait le job », a ensuite développé le général Schill.

A priori, ce propos a suscité beaucoup de réactions, à tel point que le CEMAT a dû préciser sa pensée via le réseau social LinkedIn.

Ainsi, l’expression « armée échantillonnaire » renvoie au débat sur l’équilibre à trouver entre la « masse », la technologie et la cohérence. L’idéal serait évidemment de concilier les deux… Mais encore faut-il en avoir les moyens, et pas seulement au niveau financier.

Ce débat – certes ancien – a repris de la vigueur depuis le début de la guerre en Ukraine, voire avant. La question de la « masse » est plus compliquée qu’il n’y paraît étant donné qu’elle concerne non seulement les effectifs mais aussi les équipements, les munitions et la logistique, qui reste le nerf de la guerre.

En 2020, la British Army avait expliqué qu’elle misait sur la robotisation pour pallier son manque d’effectifs.

« Nous pourrions avoir une armée de 120 000 soldats, dont 30 000 pourraient être des robots », avait expliqué son chef d’état-major, à l’époque. Mais cela ne règle qu’une partie du problème : la raison d’être des robots terrestres est d’amplifier les effets sur le terrain et non de se substituer aux fantassins. En outre, il s’avère qu’ils ont besoin de « davantage de soldats » que prévu pour pouvoir fonctionner. Du moins, c’est la conclusion à laquelle est arrivée l’US Army, à l’issue d’une expérimentation récente.

Quoi qu’il en soit, pour le général Schill, la « masse » est évidemment un facteur de supériorité. « Je la recherche », écrit-il. Mais « la cohérence prime », a-t-il ajouté.

La masse « se décline à trois niveaux : interne en garantissant les équilibres entre les armes et fonctions opérationnelles [masse cohérente], interarmées car rien ne se fait seul [masse souveraine] et interalliés pour peser avec un rapport de force suffisant [masse critique, au sein d’une coalition] », a ensuite détaillé le CEMAT.

L’objectif de l’armée de Terre est donc d’avoir une « masse cohérente » afin de « garantir [sa] crédibilité dans les phases successives du conflit ». Ce qui suppose, le cas échéant, qu’elle soit capable de « marquer la détermination » de la France. « Quand je dis ‘venez-vous y frotter’, je crois à notre capacité à intimider, à décourager nos adversaires », a expliqué le général Schill.

En attendant, la « masse » de l’armée de Terre, selon lui, est conforme au « format d’armée souverain qui s’inscrit dans notre doctrine de dissuasion. Et elle est suffisante pour lui permettre d’être une « nation cadre au sein d’une alliance » et de « protéger dès aujourd’hui les Français, notre territoire comme nos intérêts face aux menaces du bas du spectre jusqu’aux plus sophistiquées ».

« La transformation en cours de l’armée de Terre a pour objectif de consolider la cohérence en ajustant mêlée, appuis et soutiens pour combattre jusqu’à la haute intensité. L’armée de Terre assure ainsi son contrat moral, celui d’être prête dès ce soir en ‘faisant le job’ tout en innovant pour être au rendez-vous des défis de demain », a conclu le CEMAT.

Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale

Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale

Par Paolo Garoscio – armees.com –  Publié le 21 novembre 2024

Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale
Urgence pour l’armée française : Dassault sommé d’accélérer les livraisons de Rafale – © Armees.com

Le 20 novembre 2024, lors d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes de défense (AJD), le chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, Jérôme Bellanger, a exprimé une inquiétude croissante quant au retard potentiel des livraisons des avions Rafale par Dassault Aviation. Cette situation critique découle de l’engagement de la France à fournir à l’Ukraine une partie de sa flotte de Mirage 2000-5 dès le premier semestre 2025. La question se pose alors : comment compenser ce déficit et maintenir une aviation de chasse opérationnelle et efficace ?

Contexte et enjeux stratégiques

En juin dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé la cession d’un nombre non précisé de Mirage 2000-5 à l’Ukraine, une décision motivée par le soutien militaire dans le cadre de la guerre en cours contre la Russie. Cette annonce a des répercussions directes sur le format et la disponibilité de l’aviation de chasse française. L’armée de l’air et de l’espace se trouve donc dans l’urgence de renouveler ses effectifs pour préserver ses capacités opérationnelles.

Selon les propos de Jérôme Bellanger, cette reconfiguration forcée « percute un peu le format de l’aviation de chasse ». Pour pallier ce manque, le ministère des Armées envisage une accélération des livraisons des Rafale, une solution ambitieuse mais complexe à mettre en œuvre.

Les défis industriels pour Dassault Aviation

L’accélération des livraisons des Rafale pose un double défi : industriel et logistique. Dassault Aviation est déjà sous pression avec un carnet de commandes rempli, notamment pour des clients étrangers comme l’Inde et les Émirats arabes unis. Dans ce contexte, répondre aux exigences françaises nécessiterait une réorganisation des chaînes de production.

Chiffres clés :

  • 6 Mirage 2000-5 : nombre prévu pour l’Ukraine d’ici 2025.
  • 3 Rafale par an : capacité moyenne de production pour la France.
  • 4 à 6 mois : délais moyens pour la fabrication et les tests d’un Rafale.

Le défi réside donc dans la capacité de Dassault à augmenter ce rythme sans compromettre la qualité ni retarder les livraisons pour ses autres clients.

Implications pour l’armée française

L’armée française, en cédant ses Mirage 2000-5, réduit temporairement sa capacité aérienne. Les Rafale, bien que technologiquement supérieurs, ne seront pas immédiatement disponibles en nombre suffisant pour combler ce vide. Cette situation soulève des questions stratégiques cruciales :

Une dépendance accrue aux alliés ? L’OTAN pourrait être sollicité pour combler ce déficit temporaire.

Un budget sous pression. L’accélération de la production pourrait engendrer des surcoûts. À titre d’exemple, le coût unitaire d’un Rafale est estimé à environ 80 millions d’euros, sans compter les coûts d’entretien et de formation des pilotes.

Un impact diplomatique. Honorer ses engagements internationaux tout en répondant aux besoins nationaux met la France dans une position délicate.

Pour répondre à ces défis, une collaboration étroite entre Dassault Aviation et le ministère des Armées est impérative. Plusieurs pistes sont envisagées :

  • Augmentation temporaire des capacités de production. Cette option nécessiterait l’embauche de personnel et des investissements dans les infrastructures.
  • Priorisation des commandes françaises. Cela pourrait cependant nuire aux relations avec les clients internationaux.
  • Mise en service accélérée des Rafale déjà construits. Une solution à court terme mais avec des implications techniques.

Paolo Garoscio
Paolo Garoscio

Journaliste chez EconomieMatin. Ex-Chef de Projet chez TEMA (Groupe ATC), Ex-Clubic. Diplômé de Philosophie logique et de sciences du langage (Master LoPhiSC de l’Université Paris IV Sorbonne) et de LLCE Italien.

Le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine utilise le mortier de 120 mm avec le blindé Serval

Le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine utilise le mortier de 120 mm avec le blindé Serval


Jusque dans les années 2000, les régiments d’infanterie utilisaient des mortiers lourds de 120 mm RT F1 [ou Mo 120 RT], tractés par des Véhicules de l’avant blindé [VAB]. Puis, il fut décidé que ces pièces seraient mises en œuvre par les artilleurs, les fantassins des sections d’appui devant alors se contenter de mortier de 81 mm légers longs renforcés modèle F1 [Mo 81 LLR F1].

Vingt ans plus tard, dans le cadre de son nouveau plan de transformation élaboré à la faveur de la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, l’armée de Terre est finalement revenue sur cette décision, l’objectif étant de renforcer les capacités d’appui-feu des régiments d’infanterie, avec la création de 21 sections de mortiers de 120 mm. Dans le même temps, l’artillerie ne perdra pas au change puisqu’elle recevra 54 Mortiers embarqué pour l’appui au contact [MEPAC] de 120 mm montés sur des véhicules blindés multirôle [VBMR] Griffon.

La 13e Demi-brigade de Légion étrangère [DBLE] a été la première unité d’infanterie à se réapproprier des mortiers de 120 mm, tractés par des VMBR Griffon. Et cela, grâce au concours du 3e Régiment d’Artillerie de Marine [RAMa]. Depuis, la communication autour de ce sujet a été discrète…

Cela étant, le 19 novembre, la 11e Brigade Parachutiste [BP] a fait savoir que le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa] venait de devenir le « premier à combiner l’emploi des mortiers de 120 mm » avec celui des VBMR légers Serval. « La section mortiers lourds permet ainsi à l’infanterie aéroportée de renforcer les appuis d’urgence au contact du régiment », a-t-elle commenté.

Le 3e RPIMa a donné plus de détails via le réseau social Instagram. Ainsi, a-t-il expliqué, « recrée en 2024 », sa section « mortiers lourds » est désormais en « pleine montée en puissance », grâce à sa participation à « divers exercices sur plusieurs camps nationaux ». Et d’ajouter : « Les parachutistes de la Compagnie d’Éclairage et d’Appui se sont parfaitement réappropriés cette nouvelle capacité. Une campagne de tirs aura lieu prochainement pour parachever un cycle de formation et d’entraînement dynamique ».

Pour rappel, le mortier de 120 mm tracté est mis en œuvre par six servants. D’une portée maximale de 13 000 mètres s’il utilise des munitions à propulsion additionnelle, il peut tirer jusqu’à 20 coups par minute si nécessaire [et six en cadence « normale »].

Photo : 3e RPIMa – armée de Terre

Missile intercontinental russe tiré sur l’Ukraine : un acte «extrêmement grave» si confirmé, réagit la France

Missile intercontinental russe tiré sur l’Ukraine : un acte «extrêmement grave» si confirmé, réagit la France

Les résidents marchent sur le site d’une frappe de missile russe, au milieu de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, à Dnipro, Ukraine, le 21 novembre 2024.
Les résidents marchent sur le site d’une frappe de missile russe, au milieu de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, à Dnipro, Ukraine, le 21 novembre 2024. Mykola Synelnykov / REUTERS

Cette frappe constituerait «surtout une poursuite de l’attitude escalatoire de la Russie», a indiqué le Quai d’Orsay, tout en soulignant qu’à ce stade, la France n’avait «pas eu la confirmation» d’un tel tir.

«Si ce tir était confirmé, il s’agirait d’un événement extrêmement grave», réagit la diplomatie française

Un tir de missile intercontinental de la Russie sur l’Ukraine serait «un événement extrêmement grave» s’il était avéré, a estimé jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. «Il est évident que si ce tir était confirmé, il s’agirait d’un événement extrêmement grave et il s’agirait surtout d’une poursuite de l’attitude escalatoire de la Russie», a indiqué Christophe Lemoine, tout en soulignant qu’à ce stade, la France n’avait «pas eu la confirmation» d’un tel tir.

Le «voisin fou» russe utilise l’Ukraine comme «un terrain d’essai», dénonce Zelensky

Le «voisin fou» russe utilise l’Ukraine comme «un terrain d’essai», a dénoncé Volodymyr Zelensky dont l’armée de l’air a accusé Moscou d’avoir tiré jeudi, pour la première fois de l’Histoire, un missile intercontinental sur son pays.

«Toutes ses caractéristiques: vitesse, altitude sont celles d’un missile balistique intercontinental. L’expertise est en cours», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Telegram. «Notre voisin fou (…) utilise l’Ukraine comme un terrain d’essai», a-t-il ajouté, estimant que cette attaque inédite montre «à quel point (Vladimir Poutine) a peur».

Un tir de missile intercontinental russe marquerait «une escalade», selon Downing Street

Un tir de missile intercontinental de la Russie sur l’Ukraine serait «irresponsable» et marquerait «une escalade» de la part de Moscou, a déclaré jeudi le porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer.

«Les informations provenant d’Ukraine sont profondément préoccupantes (…) Si c’était avéré, ce serait un nouvel exemple d’un comportement immoral, irresponsable, qui marquerait une escalade de la part de la Russie», a indiqué le porte-parole à des journalistes.

Selon Londres, les Russes préparent depuis «des mois» le tir d’un nouveau missile balistique

Le ministre britannique de la Défense a affirmé que les Russes préparent «depuis des mois» le tir «d’un nouveau missile balistique», sans toutefois confirmer le lancement d’un missile intercontinental par Moscou vers le territoire ukrainien.

«Il y a aujourd’hui des informations de presse, non confirmées, selon lesquelles la Russie a tiré un nouveau missile balistique vers l’Ukraine, ce qu’ils (les Russes) préparent depuis des mois d’après ce que nous savons», a déclaré John Healey devant la commission Défense du Parlement britannique.

Le ministre a par ailleurs à nouveau refusé de confirmer que des missiles de croisière britanniques Storm Shadow avaient été tirés par l’Ukraine vers la Russie. Le ministère russe de la Défense a annoncé jeudi avoir abattu deux missiles de ce type tirés par l’Ukraine et qui visaient son territoire, sans préciser le lieu ni le moment de cette interception.

«Les actions des Ukrainiens sur le terrain parlent d’elles-mêmes, n’ayez aucun doute que le gouvernement britannique accroît son soutien pour l’Ukraine», a toutefois indiqué John Healey, rappelant avoir discuté avec ses homologues ukrainien Roustem Oumierov mardi, et américain Lloyd Austin dimanche.

«Je ne vais pas rentrer dans les détails opérationnels du conflit. Cela mettrait en péril la sécurité des opérations et en fin de compte, le seul qui bénéficierait d’un tel débat public est le président (russe Vladimir) Poutine», a-t-il répété.

Le ministre britannique de la Défense John Healey. Kin Cheung / REUTER

La frappe dans la profondeur : un nouvel outil pour la compétition stratégique ?

La frappe dans la profondeur : un nouvel outil pour la compétition stratégique ?

par Héloïse Fayet et Léo Péria-Peigné – Études IFRI –|Date de publication :

Atteindre la profondeur du dispositif ennemi pour l’affaiblir et faciliter l’obtention d’un résultat opérationnel ou stratégique est un objectif majeur des armées. Quels sont les moyens nécessaires pour mener des frappes dans la profondeur dans un double contexte de haute intensité et de renforcement des défenses adverses ?

Des militaires américains et koweïtis mettent en oeuvre des HIMARS et des BM-30 Smerch lors d'un exercice au Koweït en janvier 2019
Des militaires américains et koweïtis mettent en oeuvre des HIMARS et des BM-30 Smerch lors d’un exercice au Koweït en janvier 2019 – US Department of Defense

Un différentiel stratégique

Depuis l’hiver 2023, le blocage du front ukrainien pousse les belligérants à recourir davantage aux frappes dans la profondeur, à la recherche d’un effet militaire devenu impossible à obtenir sur la ligne de front. Aux missiles balistiques et de croisière classiques viennent s’ajouter des modèles de drones ou de munitions guidées de plus en plus variés, capables d’exploiter les failles de la défense adverses et de s’attaquer à différents types d’objectifs à haute valeur ajoutée. Ce recours intensif aux frappes dans la profondeur a entraîné une prise de conscience des nations européennes quant à leur vulnérabilité face à ces menaces et leurs capacités limitées en la matière. Peu utilisés depuis la fin de la guerre froide, les systèmes de frappes en Europe sont en majorité des vecteurs air-sol très performants mais disponibles en petites quantités. Quant aux capacités sol-sol, elles sont souvent réduites à des reliquats de systèmes pour la plupart hérités de la guerre froide.

Élaborée au cours du premier conflit mondial pour surmonter – déjà – le blocage de la ligne de front, la frappe dans la profondeur se développe et se diversifie tout au long du XXe siècle à mesure que se perfectionnent les bombardiers à long rayon d’action, puis les roquettes et missiles à longue portée. Très liée à partir des années 1960 aux enjeux nucléaires, la frappe dans la profondeur conserve cependant une dimension conventionnelle importante. La fin de la guerre froide et l’éloignement de la perspective d’un conflit en haute intensité à parité réduit l’utilisation de ces capacités et contraint une évolution conceptuelle, faute de ligne de front susceptible de déterminer une profondeur à frapper.

Une dissémination sur tous les théâtres de conflits 

L’effort technologique ne s’interrompt pourtant pas, et différents programmes s’attachent à améliorer la vitesse, la précision ou même la furtivité des effecteurs de frappe dans la profondeur. En outre, d’autres théâtres voient se développer d’importants arsenaux en la matière. La Chine travaille ainsi à se doter de capacités susceptibles d’interdire ses approches régionales aux forces américaines, y compris en développant des vecteurs à très longue portée capables de menacer les bases américaines au Japon, aux Philippines voire au-delà. En réaction, les États-Unis, mais aussi des acteurs aux moyens plus réduits comme la Corée du Sud, se dotent et déploient des armes capables de faire peser une menace significative sur le théâtre. Le développement autonome de capacités de frappe à longue portée fait aussi partie intégrante de la stratégie régionale de l’Iran et de ses relais d’influence face à Israël mais aussi vis-à-vis de ses compétiteurs régionaux potentiels.

Après des décennies d’érosion progressive de la régulation internationale de ces moyens de frappe dans la profondeur, l’Europe voit le dispositif russe évoluer à grande vitesse à l’épreuve du terrain ukrainien. Les salves de missiles s’enrichissent de drones à longue portée, démultipliant les profils de vol et complexifiant d’autant la tâche de la défense anti-aérienne des deux camps. Relativement simples à fabriquer et moins coûteux que des missiles de croisière modernes, ces vecteurs sont utilisés par des acteurs non étatiques comme les Houthis et constituent une menace sensible pour les armées européennes dont les défenses actuelles sont d’abord pensées pour des menaces du haut du spectre. Le conflit en Ukraine interroge donc les capacités européennes de frappe dans la profondeur, mais aussi leur défense face à ces menaces.

Quel modèle pour la France ?

La France dispose en la matière de capacités solides, mais peu nombreuses. L’armée de l’Air et de l’Espace ainsi que la Marine nationale peuvent compter sur les missiles de croisière SCALP et MdCN que des programmes en cours doivent compléter par des vecteurs plus performants d’ici la fin de la décennie. Cependant ces munitions ont été acquises en quantités limitées faute de moyens et plusieurs dizaines de SCALP acquis ont en outre été cédées à l’Ukraine. L’armée de Terre, de son côté, ne dispose plus que d’une poignée de lance-roquettes dont le retrait du service doit commencer à partir de 2027. De plus, elle n’est pas dotée des munitions à longue portée présentes dans les inventaires d’autres armées en Europe et ne peut tirer à plus de 80 kilomètres (km). Le conflit en Ukraine ayant souligné le besoin de disposer d’une capacité à plus longue portée pour s’attaquer à un dispositif adverse plus étalé et dispersé au-delà de la portée de l’artillerie-canon standard, le remplacement de ces systèmes doit marquer une montée en gamme à 150 km et plus pour une capacité terrestre française plutôt négligée depuis la fin de la guerre froide, faute de besoin et de budgets.

Développer une capacité de feux terrestres à plus longue portée doit aussi permettre à la France de remplir ses obligations vis-à-vis du dispositif OTAN dans le cadre d’un corps d’armée français complet, d’autant que le développement d’une capacité de frappe dans la très grande profondeur, audelà de 1 000 km est à l’étude dans un cadre européen multinational. Les capacités navales et aériennes bénéficient elles aussi de programmes de développement de vecteurs plus manoeuvrants et rapides ou plus furtifs, menés en coopération avec le Royaume-Uni.

Alors que la compétition internationale se fait de plus en plus agressive et décomplexée, les capacités de frappe dans la profondeur y prennent une part plus importante, contraignant tous les acteurs à s’y intéresser, sous peine d’être mis en situation de vulnérabilité, d’un point de vue offensif comme défensif.


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La frappe dans la profondeur : un nouvel outil pour la compétition stratégique ?

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Héloïse FAYET

Héloïse Fayet

Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l’Ifri

Domaines d’expertise : ​

  • Dissuasion nucléaire (doctrines et armements des États dotés)
  • Prolifération nucléaire et balistique
  • Géopolitique et forces armées du Moyen-Orient
  • Stratégie et politique du renseignement

 

 
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Léo Péria-Peigné

Léo Péria-Peigné est chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri où il travaille au sein de l’Observatoire des conflits futurs sur la prospective capacitaire en matière d’armement et sur l’emploi des systèmes d’armes à venir. Il travaille également sur l’emploi d’armement conventionnel en conflit asymétrique, notamment en Afghanistan.

Spécialiste des questions d’industrie de défense et sur la Turquie après un master en relations internationales et intelligence économique à Sciences Po Lille, il a rejoint l’Ifri début 2022 à l’issue de deux années dans le conseil et l’intelligence économique dans le domaine de l’armement et un passage au Commandement des opérations spéciales.