Avec sa nouvelle génération de treillis, l’armée française muscle son camouflage, “efficace en ville, en forêt, dans le désert ou la neige“
Plus ergonomiques, mieux pensés, et surtout bien plus efficaces : les nouveaux treillis de l’armée de terre font évoluer le bariolage et les couleurs pour la première fois depuis les années 1990. Distribué depuis le mois de mars, le BME (bariolage multi-environnement) marque un tournant décisif dans l’équipement des militaires français.
Voilà 35 ans que le motif et les couleurs des treillis de l’armée de terre n’avaient pas évolué. C’est désormais chose faite, avec l’arrivée en fin d’année 2024 du treillis BME (bariolage multi-environnement). Fini le bariolage polychrome du Centre-Europe introduit dans les années 90. Place à six couleurs dont le blanc, la principale évolution.
“Le noir de l’ancien treillis était visible à l’infrarouge. Le nouveau est adapté à tous les environnements. Il est efficace en ville, en forêt, dans le désert ou dans la neige”, décrit le lieutenant Vincent du 152e régiment des Diables Rouges à Colmar (Haut-Rhin), appartenant à la 7e brigade blindée (BB), dont l’état-major est à Besançon (Doubs).
Des évolutions non négligeables étant donné que les militaires avaient auparavant deux treillis distincts : un pour le désert et un pour la forêt. La texture est également nouvelle avec des motifs striés et des formes cassées qui remplacent les formes simples et régulières. “Elles se fondent mieux dans les paysages et le regard met plus de temps à capter une silhouette”, explique le lieutenant Vincent.
Tromper la vue de l’ennemi
De quoi faire des économies tout en assurant une meilleure efficacité. “Sur le terrain, trois secondes de plus pour être détecté, ça peut faire un avantage tactique énorme”, souligne le Colmariens. Selon le ministère des Armées, ces treillis augmentent de 25% le délai de détection des militaires.
Sur le terrain, trois secondes de plus pour être détecté, ça peut faire un avantage tactique énorme.
Lieutenant Vincent
152e régiment des Diables Rouges à Colmar
À partir du mois de mars, les 7 500 militaires de la BB ont été les premiers à en être équipés. La prochaine est la deuxième brigade blindée, jusqu’à équiper progressivement toute la France d’ici le mois de décembre. “Ça fait l’unanimité chez tous les militaires. On aime bien le changement pour aller dans l’efficacité”, indique le lieutenant Vincent.
Outre les couleurs, la coupe et le confort ont aussi été repensés : pantalon équipé d’un zip, veste cintrée, poches sur les côtés pour ne pas gêner le port des gilets tactiques… “C’est ergonomique pour la vie de tous les jours et pour le terrain, se réjouit le lieutenant Vincent. Il s’adapte à la morphologie de tout le monde.”
Un coût de 200 milliards d’euros
Des treillis “inspirés du MultiCam américain” nés au sein de la Section technique de l’armée de Terre (STAT), avec le Service du commissariat des armées et la Direction générale de l’armement, dont les premiers travaux de conception ont débuté en 2016. Trois versions évaluées plus tard, toute l’armée de terre doit en être équipée. Un investissement du ministère des armées d’environ 200 milliards d’euros, dans le cadre de la loi de programmation militaire.
Chaque militaire dispose de trois treillis, avec possibilité de renouvellement annuel – les stocks étant prévus pour anticiper l’usure, particulièrement sur les opérations sur le terrain, comme l’explique le lieutenant Vincent : “Ils peuvent vite s’user, mais s’il y a une cérémonie, il faut quand même que l’on présente bien !”