L’Armée de Terre française peut-elle se tourner vers le char KF-51 Panther de l’allemand Rheinmetall ?

L’Armée de Terre française peut-elle se tourner vers le char KF-51 Panther de l’allemand Rheinmetall ?


Armée de Terre française peut-elle se tourner vers le char KF-51 Panther de l’allemand Rheinmetall ?


Ça y est .. ils ont craqué... C’est probablement en ces termes que l’immense majorité des lecteurs, tout du moins les plus mesurés d’entre eux, ont abordé ce nouvel article au titre un tantinet provocateur. En effet, le nouveau char KF-51 Panther présenté par son concepteur, l’allemand Rheinmetall, lors du salon Eurosatory 2022, est aujourd’hui le principal outil dans les mains de son Pdg, Armin Papperger, pour tenter de faire dérailler le programme franco-allemand MGCS qui vise à concevoir, précisément, le remplaçant du char français Leclerc comme du Leopard 2 allemand. Développé en fonds propres, le Panther est proposé par Rheinmetall à quiconque montre un intérêt pour acquérir un nouveau char lourd, y compris dans des montages pour le moins improbables. Comment, dans ce cas, peut-on ne serait-ce qu’imaginer que la France puisse se tourner vers ce blindé, alors même qu’elle développe le MGCS et modernise le Leclerc ?

Comme souvent, le point de vue par lequel on aborde un problème conditionne sensiblement le raisonnement et donc la conclusion que l’on peut y apporter. Ainsi, aujourd’hui, les autorités françaises comme l’opinion publique du pays, soutiennent activement le concept d’armée globale pour les armées françaises, à savoir une force armée disposant de la majorité des capacités requises pour répondre à un champs d’utilisation très étendu. C’est ainsi que l’Armée de terre dispose à la fois de forces adaptées à l’engagement de haute intensité symétrique qu’à la projection de forces en environnement dissymétrique, que la Marine dispose d’une composante aéronavale enviée de nombreux autres pays et d’un savoir-faire en matière de suprématie navale et de projection de puissance très élargi, et que l’Armée de l’Air est apte à soutenir ces deux armées dans l’ensemble des scénarios d’emploi.

Qui plus est, la France dispose d’une dissuasion à deux composantes, par ailleurs technologiquement très avancée, lui conférant un poids sensiblement égal à celui de la Chine dans ce domaine. Ce qui est encore plus rare, la France dispose d’une base industrielle et technologique Défense, ou BITD, elle aussi globale, lui conférant une très grande autonomie d’action et de décision quant à l’emploi de ses forces armées, ainsi qu’un atout de poids sur la scène internationale grâce aux exportations d’armement.

L’Armée de Terre ne va moderniser que 200 de ses 226 Leclerc encore en service

Pour y parvenir, la France consacre chaque année plusieurs Milliards d’Euro pour financer les programmes de Recherche et de Développement de la BITD, de sorte à conserver des armements aussi performants sur le terrain qu’attractifs sur la scène export, ce qui lui permet notamment d’engranger d’importantes recettes budgétaires et fiscales liées à ce dernier aspect et permettant d’alléger le fardeau budgétaire pour les finances publiques, en particulier grâce à certains équipements stars des exportations comme l’avion Rafale, le canon CAESAR, le sous-marin Scorpène ou la frégate FDI. Dans ce contexte, la question posée en titre de cet article, apparait probablement inutilement provocante.

Pourtant, pour peu que l’on étudie avec méthode et objectivité le sujet, il apparait que la conception de certains équipements, notamment les chars lourds, engendre en France des coûts loin d’être compensés par les recettes à l’exportation, mais également loin d’offrir un bénéfice opérationnel ou politique suffisamment significatif pour justifier de tels développements, plutôt que de se tourner vers des solutions proposées par des partenaires internationaux, et qui pourraient s’avérer plus économiques et moins contraignantes tant pour l’acquisition que pour la mise en oeuvre de ces équipements. On continue ?

Pour poser le sujet, il est important d’en définir les paramètres. Et aujourd’hui, le plus contraignant d’entre eux concernant la flotte de chars lourds français n’est autre que la dimension du parc. Ainsi, si l’Armée de terre avait acquis plus de 1300 chars AMX-30 entre 1966 et 1980, elle n’aura reçu que 488 chars Leclerc à partir de 1993, ce qui contraint le Ministère de la Défense à ventiler les couts de développement, soit 1,8 Md€, sur un nombre réduit de coque, amenant le char à un prix d’acquisition unitaire de 15 m€ par char en 1995 (soit 26 m€ en euro 2023), là où, à la même époque, le Leopard 2A5 était proposé à 6m€ (soit 11 m€ 2023).

Il est évidemment possible d’ergoter sur les capacités supérieures du Leclerc vis-à-vis de son homologue allemand. Pour autant, le faible volume de la commande française, ainsi évidement qu’un calendrier très malchanceux (du point de vue industriel) avec la fin de la Guerre Froide, fit du Leclerc un programme très déficitaire du point de vue des finances publiques, ce même en tenant compte des 388 chars acquis par les Emirats Arabes Unis. Au delà des surcouts d’acquisition, le périmètre réduit de la flotte, ainsi que du marché export, a considérablement handicapé les opportunités de modernisation du blindé depuis son entrée en service, les chars français ayant très peu évolué depuis leur livraison initiale.

Berlin envisage d’acquérir une flotte complémentaire de chars de génération intermédiaire pour durcir sa composante haute intensité

La situation autour du Leclerc ne va certainement pas s’améliorer dans les années à venir alors que, dans le cadre de la LPM 2019-2025, la modernisation prévue du parc de l’Armée de terre ne portait que sur 200 unités. Et alors que le rôle du char de combat a été mis en évidence de manière incontestable face à ses détracteurs par la guerre en Ukraine, la planification française demeure inchangée, avec 200 exemplaires armant 3 régiments de chars et une compagnie de 3 régiments d’infanterie mécanisée jusqu’en 2035 et l’arrivée espérée du MGCS. Or, si le développement et l’amortissement d’un programme de char lourd ont déjà été lourdement handicapés par un format de moins de 500 unités à la fin des années 80, on imagine ce qu’il pourrait en être avec un format de flotte à 200 exemplaire, 250 en étant optimiste et en tenant compte de machines d’entrainement et de réserve, alors même que les couts de développement vont être beaucoup plus importants du fait de l’évolution technologique.

Ce d’autant que le marché export sur lequel sur successeur du Leclerc pourrait arriver en 2035, MGCS ou autre, pourrait bien avoir bien davantage de points communs avec le marché 1990 du Leclerc qu’avec le marché 1970 de l’AMX-30. En effet, les offres se multiplient aujourd’hui sur la scène internationale, avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme le K2 Black panther sud-coréen, l’Altay turc et le VT4 chinois, alors que les acteurs traditionnels américains, allemands et russes, semblent déterminés à conserver leurs parts de marché dès maintenant. Dit autrement, un successeur au Leclerc qui entrerait en service en 2035 comme visé par l’Armée de terre, pourrait bien arriver exactement entre deux vagues d’acquisitions à l’échelle mondiale, celle en cours aujourd’hui et celle qui débutera en 2045 pour remplacer précisément les chars acquis en ce moment.

Il est évidemment possible qu’à l’avenir, au delà de l’exécution de la future LPM 2024-2030, le format des forces blindées lourdes puisse être appelé à évoluer positivement, ce qui permettrait d’étendre la surface d’application des couts de conception. En outre, si le remplaçant du Leclerc est effectivement le programme MGCS franco-allemand, ces couts seront répartis également entre la France et l’Allemagne, alors que le volume de production sera lui au moins multiplié par deux. On est sauvé ? C’est possible, et c’est incontestablement aujourd’hui le plus important argument en faveur de ce programme de coopération.

Toutefois, il convient de garder à l’esprit que l’histoire des programmes de ce type a montré qu’ils avaient aisément tendance à déborder des prévisions budgétaires et de leur calendrier initialement établi, parfois au point de venir neutraliser les bénéfices espérés de la coopération. D’autre part, des informations concordantes et de plus en plus insistantes laissent entendre que Berlin envisagerait de viser une échéance opérationnelle à 2045 pour le MGCS, tout en achetant à court terme une nouvelle flotte de chars de génération intermédiaire (Panther ou Leopard 2A8) et en modernisant ses Leopard 2A6 pour assurer l’interim, alors que les points de friction entre Nexter et Rheinmetall, notamment au sujet de l’armement principal du char, n’ont pas été arbitrés.

Le démonstrateur E-MBT est une alternative attractive pour la France si celle-ci entend continuer à jouer un rôle sur le marché des chars de combat dans les 2 décennies à venir.

Dans ce contexte, il n’est pas absurde de s’interroger objectivement sur la pertinence, pour Paris, de s’engager dans le développement d’un remplaçant du Leclerc, y compris en coopération, plutôt que de se tourner vers une acquisition sur étagère européenne ou internationale. Et dans cette hypothèse, il apparait que l’industriel, mais également le pays, qui seraient prêts aux plus grandes concessions afin de vendre 200 de leurs chars de génération intermédiaire, seraient probablement Rheinmetall et l’Allemagne, le premier qui pourrait enfin trouver son client export, et non des moindres, pour lancer la production de son Panther, le second pour aligner les calendrier français et allemands au sein de MGCS, tout en créant un précédant industriel qui, jusqu’ici, n’a jamais eu lieu entre Paris et Berlin à un tel niveau.

Quant à l’Armée de terre, elle disposerait d’un char plus moderne que ne le sera le Leclerc modernisé et surtout bien mieux protégé grâce au système hard-kill du Panther. Une autre alternative serait le K2PL polonais de conception sud-coréenne, lui aussi performant et probablement plus économique que le Panther, qui ouvrirait d’importantes opportunités pour accroitre les coopérations industrielles et opérationnelles entre Paris et Varsovie.

Bien évidemment, d’autres solutions existent, la plus évidentes étant d’engager rapidement le développement du char E-MBT précisément pour saisir l’opportunité commerciale du moment en ouvrant le programme à d’autres partenaires, comme la Grèce mais également l’Egypte, les EAU ou l’Arabie Saoudite, des pays qui tous vont devoir prochainement moderniser leur parc blindé lourd dans les années à venir. Pour autant, ce qui apparaissait initialement comme une hérésie méritant le pire des châtiments, apparait, de toute évidence, bien moins hérétique une fois l’ensemble des paramètres et des contraintes encadrant le sujet posé.

Plus globalement, si le choix de disposer d’une Armée Globale contrainte par ses effectifs et son budget relève d’un arbitrage politique, le fait de se doter, ou pas, d’une BITD globale, en revanche, découle directement des formats effectifs constatés dans les armées, ou des partenariats industriels et politiques qu’il est possible de fédérer autour de ces sujets. De toute évidence, la pire des solutions, ou tout au moins la plus onéreuse et la moins efficace, serait d’imposer artificiellement à cette BITD un caractère global sans disposer du format des armées suffisant pour justifier une telle décision.

Défense : la France prévoit de commander 130 blindés pour remplacer ceux envoyés en Ukraine

Défense : la France prévoit de commander 130 blindés pour remplacer ceux envoyés en Ukraine


Un véhicule blindé Jaguar de l'armée française à Paris lors du défilé du 14 Juillet en 2022.

Un véhicule blindé Jaguar de l’armée française à Paris lors du défilé du 14 Juillet en 2022. LUDOVIC MARIN

Le ministère des Armées a annoncé ce vendredi le remplacement progressif des chars légers AMX-10 livrés à Kiev.

Le ministère français des Armées prévoit de commander 130 blindés supplémentaires – 38 Jaguar et 92 Griffon – pour remplacer les chars légers AMX-10 et véhicules de l’avant blindé (VAB) cédés à l’Ukraine. Dans un amendement au projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 déposé avant l’examen du texte en séance à l’Assemblée nationale, le gouvernement prévoit d’ici 2030 d’avoir en parc 238 Jaguar, des engins blindés de reconnaissance et de combat dotés d’un canon de 40 mm, contre 200 prévus dans une première mouture du texte.

De même, il table dorénavant sur un total de 1437 blindés Griffon en 2030, contre 1345 prévus initialement. Fin 2023, il est prévu que l’armée ait 60 Jaguar et 575 Griffon. «Pour ne pas peser sur le format des armées, le gouvernement financera hors ressources budgétaires de la LPM le recomplétement de matériels plus anciens cédés à l’Ukraine», précise le gouvernement dans l’exposé de cet amendement.

Préserver le format des armées

La France a donné depuis janvier plusieurs dizaines -elle se refuse à en préciser le nombre exact- de blindés AMX-10, des engins de reconnaissance équipé d’un canon, et de VAB de transport de troupes. Le remplacement de ces blindés anciens, qui commençaient à être progressivement retirés du service, ne se fait pas sur la base d’un ratio d’un pour un, a-t-on affirmé dans l’entourage du ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Il s’agit d’un «remplacement par des capacités équivalentes pour préserver le format des armées afin de répondre aux contrats opérationnels», selon cette source. «Le rythme de livraison de ces blindés supplémentaires se fera avec le souci de limiter les pics de charge des industriels concernés et en cohérence avec la livraison des équipements annexes (telles que les infrastructures)», précise le gouvernement dans l’exposé expliquant son amendement.

Le projet de loi de programmation militaire prévoit 413,3 milliards d’euros de ressources pour les armées entre 2024 et 2030. Pour porter l’effort dans certains domaines clés, le gouvernement a prévu d’étaler la livraison de nombreux matériels. Le parc final de 300 Jaguar et de 1.818 Griffon est dorénavant prévu en 2035, contre 2030 prévus par la précédente LPM.

La Roumanie pourrait acquérir environ 250 chars américains M1A2 Abrams

La Roumanie pourrait acquérir environ 250 chars américains M1A2 Abrams

https://www.opex360.com/2023/05/17/la-roumanie-pourrait-acquerir-environ-250-chars-americains-m1a2-abrams/


 

Et celui-ci vient d’être donné par la commission de la Défense de la Chambre des députés. Ainsi, l’armée roumaine sera autorisée à se procurer 54 chars M1A2 Abrams « modernisés », dont 12 devraient être prélevés dans l’inventaire de l’US Army, ainsi que des simulateurs et des munitions. Selon le site spécialisé Defense Romania, l’investissement prévu est de l’ordre d’un milliard d’euros.

Cela étant, Bucarest a visiblement l’intention d’aller plus loin par la suite, les députés ayant approuvé la phase I d’un programme beaucoup plus vaste. En effet, citant le général Cătălin Tomescu, le quotidien Adevărul avance que l’armée roumaine a en réalité besoin d’environ 250 nouveaux chars afin de pouvoir équiper cinq bataillons. Et cela permettrait le retrait de ses T-85M1 Bizonul, développé à partir du T-55, mis en service au sein du Pacte de Varsovie dans les années 1950.

« Cinquante autres chars seront très probablement commandés en 2024. L’achat des 150 restants sera, à ma connaissance, négocié après 2026 », a affirmé le général Tomescu, avant de souligner que la mise en service des M1A2 Abrams « posera quelques problèmes de fonctionnement », notamment au niveau des infrastructures.

Le choix du M1A2 Abrams par l’armée roumaine pourrait ouvrir la voie à une coopération étroite avec la Pologne, qui en a commandé 366 exemplaires [dont 116 d’occasion], notamment au niveau du maintien en condition opérationelle [MCO] et de la formation des équipages, une « Abrams Tank Training Academy » ayant récemment été créée sur le site polonais de Biedrusko.

Par ailleurs, à l’instar de la Pologne, et outre la question des chars, la Roumanie envisage d’acquérir de chasseurs-bombardiers américains F-35A et semble intéressée par l’obusier automoteur sud-coréen K-9 Thunder.

« L’accroissement du budget de la défense permettra de lancer plusieurs programmes d’armement pluriannuels de façon simultanée, mais aussi d’assurer une dotation nécessaire en matière d’équipements militaires, grâce à l’acquisition de systèmes modernes et robustes », a récemment expliqué le colonel Octavian Biclineru, attaché de défense de la Roumanie, lors d’une auditon à l’Assemblée nationale. Et d’ajouter : « Les dépenses liées à la défense atteindront 2,5 % de notre PIB à partir de 2023. Jusqu’ici, la part était de 2 %. J’ignore si l’exécution budgétaire a permis d’atteindre 2 % mais les crédits correspondants ont été accordés ».

De nouveau des AMX-10 RC pour l’Ukraine et de la formation à Canjuers

De nouveau des AMX-10 RC pour l’Ukraine et de la formation à Canjuers

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 15 mai 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Emmanuel Macron et son homologue ukrainien se sont rencontrés dimanche soir à Paris. Les présidents de l’Ukraine et de la République française ont publié une déclaration dont voici un extrait:

« Le soutien militaire que fournit la France depuis le début de la guerre pour permettre à l’Ukraine de se défendre se poursuit et de nouvelles livraisons sont en préparation pour tenir compte en permanence des besoins les plus urgents et les plus immédiats de l’Ukraine dans le renforcement de ses capacités de défense. La France vise à fournir des capacités complètes dans tous les domaines. Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC.« 

Effectivement, une seconde livraison à l’Ukraine d’AMX-10 RC doit intervenir sous peu (photo ci-dessus 37e brigade d’infanterie de marine ukrainienne qui en est équipé). 

La formation des équipages est annoncée de nouveau à Canjuers, le mois prochain. Ces soldats font partie des 2 000 militaires ukrainiens que dont la France a annoncé la formation sur son territoire. 

Blindés et équipages devraient aussi rejoindre la 37e brigade formée en février dernier et qui fait partie du corps d’infanterie de marine ukrainien. 

Voici l’intégralité de la déclaration de dimanche:
« Les présidents de l’Ukraine et de la France ont réaffirmé leur condamnation sans équivoque de la guerre d’agression que mène actuellement la Russie contre l’Ukraine.

L’Ukraine a fait preuve d’une remarquable détermination dans l’exercice de son droit intrinsèque à la légitime défense contre cette attaque injustifiée ne faisant suite à aucune provocation. La Russie doit retirer l’ensemble de ses forces militaires du territoire de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues, immédiatement, totalement et sans conditions. La France et l’Ukraine appellent expressément la Russie à se retirer de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dont la saisie et la militarisation irresponsables par les forces armées russes constituent une grave menace. La France maintient son attachement inébranlable à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. Elle rend hommage à la détermination et au courage du peuple et des forces armées ukrainiens et elle prend acte de leur contribution significative à la sécurité du continent européen et d’autres pays. Elle continuera d’apporter un soutien politique, financier, humanitaire et militaire à l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, individuellement et par la coopération internationale avec l’Union européenne, l’OTAN, les Nations unies et d’autres organisations. En défendant la sécurité du continent européen, la France, l’Ukraine et d’autres partenaires préservent également l’ordre international fondé sur des règles de droit.

Le soutien militaire que fournit la France depuis le début de la guerre pour permettre à l’Ukraine de se défendre se poursuit et de nouvelles livraisons sont en préparation pour tenir compte en permanence des besoins les plus urgents et les plus immédiats de l’Ukraine dans le renforcement de ses capacités de défense. La France vise à fournir des capacités complètes dans tous les domaines. Dans les semaines à venir, la France formera et équipera plusieurs bataillons avec des dizaines de véhicules blindés et de chars légers, dont des AMX-10RC.
En outre, la France concentre ses efforts sur le soutien des capacités de défense aérienne de l’Ukraine afin de défendre sa population contre les frappes russes. En plus de sa contribution nationale, la France participe activement aux mesures de l’Union européenne et de l’OTAN en matière d’assistance militaire à l’Ukraine et de formation des soldats ukrainiens. Au-delà de l’assistance militaire, la France a fourni à l’Ukraine une assistance civile, comprenant notamment une aide financière, humanitaire et d’urgence. En particulier, la France a envoyé en Ukraine deux laboratoires ADN mobiles pour renforcer la capacité de l’Ukraine à poursuivre les auteurs de crimes de guerre. Cette aide continuera de monter en puissance. La France soutient l’initiative ukrainienne pour une paix juste et durable reposant sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le Plan de paix ukrainien prévoit une série d’objectifs importants, dont un grand nombre sur lesquels la République française travaille déjà. La France exprime son soutien au Plan de paix ukrainien et se déclare prête à coopérer avec l’Ukraine pour assurer une participation internationale aussi large que possible à un Sommet mondial pour la paix qui sera organisé dans les mois qui viennent sur la base du Plan de paix ukrainien et d’éventuelles autres propositions de bonne foi. L’Ukraine et la France sont déterminées à lutter contre l’impunité et elles soulignent leur ferme volonté de traduire en justice les auteurs de crimes de guerre et d’autres atrocités commis dans le cadre de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.

La France participe aux efforts internationaux déployés actuellement, en coopération avec l’Ukraine, pour faire en sorte que les responsables rendent des comptes en créant un mécanisme approprié de poursuites pour le crime d’agression. Un large soutien international est crucial à cet égard afin de fournir une légitimité internationale maximum tout en garantissant que les responsables politiques seront poursuivis. Par conséquent, la France, tout en participant au groupe restreint sur la responsabilité des auteurs de crimes d’agression contre l’Ukraine, encourage d’autres pays à les rejoindre et à susciter un soutien international pour la création d’un tribunal ad hoc. La France se félicite de l’accord sur un nouveau Centre international chargé de poursuivre le crime d’agression contre l’Ukraine à La Haye et appelle de ses vœux son lancement dès que possible.

L’Ukraine et la France réaffirment leur soutien aux enquêtes du Procureur de la Cour pénale internationale qui constituent une étape vers la possibilité de demander des comptes et elles ont pris note des mandats d’arrêt délivrés par la Cour. La France a apporté un soutien supplémentaire à la Cour pénale internationale pour améliorer ses capacités dans le cadre de la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine. L’Ukraine et la France s’accordent sur la nécessité d’accroître nos pressions collectives sur la Russie par de nouvelles sanctions afin d’affaiblir la capacité de ce pays à poursuivre sa guerre d’agression illégale. En outre, elles conviennent de la nécessité d’intensifier les efforts pour garantir une mise en œuvre efficace des sanctions et empêcher et prévenir le contournement de ces sanctions dans et par des pays tiers.

L’Ukraine et la France continueront de travailler ensemble et avec d’autres pays pour élaborer des mécanismes d’indemnisation des pertes, blessures et dommages causés par l’agression russe. À cet effet, le registre international des dommages qui sera présenté lors du sommet de Reykjavik du Conseil de l’Europe les 16 et 17 mai 2023 constitue une étape importante. Nous continuerons d’examiner les options appropriées pour financer le mécanisme d’indemnisation, notamment une base juridique solide pour l’utilisation des actifs russes immobilisés et gelés au profit de la reconstruction de l’Ukraine et à titre de réparation. L’Ukraine et la France restent déterminées à aider les pays qui souffrent des conséquences de la guerre russe, notamment pour réduire les effets de la crise alimentaire. À cet égard, la France souligne l’importance des efforts systématiques de l’Ukraine pour continuer l’initiative céréalière de la mer Noire et lancer le programme humanitaire « Grain from Ukraine » qui vise à améliorer la sécurité alimentaire mondiale.

L’Ukraine apprécie vivement le soutien de la France au programme humanitaire « Grain from Ukraine » et elle encourage le renforcement du soutien concerné. L’Ukraine se félicite du fait que la France a organisé la conférence internationale du 13 décembre qui a permis la création du mécanisme de Paris afin de mieux coordonner l’aide d’urgence. La France est déterminée, avec les organisations internationales et ses partenaires, à participer au relèvement et à la reconstruction de l’Ukraine après la guerre. Dès à présent, il est important de jeter les bases d’un engagement ambitieux à long terme qui ouvrira des perspectives concrètes et permettra au peuple ukrainien de reconstruire son pays. Il est essentiel d’impliquer tous les partenaires concernés, y compris les entreprises privées et au plan international, afin de garantir l’appui financier, les investissements et les connaissances nécessaires pour permettre à l’Ukraine de bâtir un avenir prospère. L’avenir de l’Ukraine et de son peuple est au sein de la famille européenne.

L’Union européenne a déjà reconnu la perspective européenne de l’Ukraine et lui a accordé le statut de pays candidat. La France soutient fermement l’Ukraine dans ses efforts de réformes et dans sa volonté de remplir les conditions nécessaires d’ici la fin 2023. Elle attend avec intérêt le rapport de la Commission européenne pour commencer les négociations d’adhésion. L’Ukraine et la France appellent l’Union européene à continuer de soutenir le pays dans tous les domaines. En ce qui concerne le soutien militaire, elles se réjouissent des accords trouvés récemment pour livrer davantage de munitions et de missiles à l’Ukraine, notamment grâce à l’élargissement de la base industrielle européenne.

En outre, l’Ukraine a un rôle clé à jouer au sein de la nouvelle Communauté politique européenne et œuvrera au succès du sommet de Chisinau, avec la France et la Moldavie.

Dans le cadre de l’OTAN, la France continue de mettre l’accent sur le soutien immédiat à l’Ukraine. Elle maintient son ferme soutien au renforcement de la capacité de l’Ukraine à se défendre et rappelle que l’Ukraine a le droit de choisir ses propres arrangements en matière de sécurité. La France soutient pleinement la Commission OTAN-Ukraine, qui permettra d’accroître et d’élargir la coopération en cours afin d’aider l’Ukraine à poursuivre son chemin vers la famille euro-atlantique, conformément à la Déclaration de Bucarest. L’Ukraine et la France se réjouissent à la perspective d’aborder ces questions au sommet de l’OTAN qui se tiendra à Vilnius en juillet 2023. »

 

La DGA diffuse les images des essais du char Leclerc porté au standard XLR

La DGA diffuse les images des essais du char Leclerc porté au standard XLR

https://www.opex360.com/2023/05/10/la-dga-diffuse-les-images-des-essais-du-char-leclerc-porte-au-standard-xlr/


En réalité, et selon Nexter, un prototype avait été remis à la DGA en décembre 2022. Et cela afin de lui permettre de procéder aux évaluations technico-opérationnelles, en lien avec la Section technique de l’armée de Terre, en vue de la qualification de ce nouveau standard du Leclerc.


Ce 10 mai, la DGA a diffusé des images de ces essais, réalisés à Bourges par DGA Techniques Terrestres. Et d’expliquer qu’ils ont consisté à « vérifier » que les modifications apportées au char lors de sa modernisation n’affecteront pas ses capacités de tir. Ce qui, au vu de la vidéo, ne semble pas être le cas, bien au contraire.

« Cette rénovation vise en premier lieu à l’intégration du char Leclerc dans la bulle infovalorisée SCORPION », via notamment le SICS [Système d’information du combat de SCORPION] et la radio CONTACT, rappelle la DGA.

En outre, poursuit-elle, sa capacité d’agression est augmentée, avec l’ajout d’un tourelleau téléopéré de 7,62 mm [camouflé sur les images, ndlr] pour le combat urbain et une nouvelle conduite de tir pour utiliser des munitions à effet ou déclenchement programmable. Enfin, sa protection contre les mines et les roquettes est renforcée. À noter que ce dernier point n’est pas précisé dans les communications officielles.

Pour rappel, et selon la Loi de programmation militaire [LPM] encore en vigueur, il était encore récemment question de doter l’armée de Terre de 200 chars Leclerc XLR avant 2029. Mais cet objectif est réduit à 160 d’ici 2030 dans le projet de LPM 2024-30, la cible finale devant finalement être atteinte en 2035.

L’armée de Terre veut un nouveau missile anti-char « abordable » et « répondant à des besoins précis »

L’armée de Terre veut un nouveau missile anti-char « abordable » et « répondant à des besoins précis »

 

https://www.opex360.com/2023/05/09/larmee-de-terre-veut-un-nouveau-missile-anti-char-abordable-et-repondant-a-des-besoins-precis/


Pour l’essentiel, l’armée de l’Air & de l’Espace ainsi que la Marine nationale en seront les principales bénéficiaires… En effet, selon son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, l’armée de Terre disposera d’une enveloppe de 2,6 milliards d’euros sur la période 2024-30 pour financer l’acquisition de ses munitions, dont « 16 millions de munitions ‘petit calibre’, 300’000 obus de mortiers, 3’000 missiles moyenne portée et 2’000 munitions télé-opérées ».

Or, selon un rapport du Sénat, publié en 2018, un Missile Moyenne Portée [MMP, appelé maintenant Akeron MP] coûtait à l’époque près de 198’000 euros l’unité. Aussi, l’achat de 3’000 exemplaires consommerait le quart du budget alloué à l’armée de Terre pour ses munitions. Celui-ci aurait-il dû être plus élevé? C’est, en tout cas, ce que laissent entendre les propos tenus par le général [air] Cédric Gaudillière, chef de la division « Cohérence capacitaire » de l’État-major des armées, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en avril [le compte-rendu vient d’être publié].

« Avec les 16 milliards d’euros alloués aux munitions, il est prévu de commander plus de 6’000 munitions complexes telles que des missiles antichar, anti-navires, air-air ou de croisière, ainsi que des torpilles, et d’en livrer plus de 4’000. Notre objectif est de compléter les stocks de munitions complexes et de remédier aux fragilités identifiées dans certains secteurs », a d’abord précisé le général Gaudillière.

Et d’ajouter : « Dans le détail, environ 11 milliards d’euros sont consacrés aux programmes à effet majeur, qui incluent des munitions complexes, tandis que 3 milliards permettront d’acheter des munitions plus classiques comme les obus et 2 milliards, d’assurer le maintien en condition opérationnelle de l’ensemble des munitions. Une rénovation des munitions à la moitié de leur vie peut en effet être nécessaire pour en garantir l’efficacité car certains de leurs composants deviennent obsolètes après environ douze ans d’utilisation ».

Mais plus généralement, l’approche retenue pour élaborer le projet de LPM 2024-30 consiste à « privilégier la cohérence avant la masse »… Cela étant, l’un des leviers pour générer de la masse est la « différenciation ».

Ainsi, a expliqué le général Gaudillière, il a été décidé de « ne pas commander 10’000 missiles antichar » de haute technologie, « longs et coûteux à produire ». Et s’il a été fait le choix d’acquérir « plusieurs milliers de missiles de haute technologie MMP développés par MBDA », il est aussi question de « travailler simultanément sur un missile différencié à bas coût, répondant à certaines besoins spécifiques, tels que les tirs de char en milieu urbain », a-t-il dit.

De tels missiles peu onéreux existent déjà… Comme par exemple le NLAW. Conçu par Saab Bofors Dynamics et produit par Thales Air Defence pour un prix unitaire de 20’000 livres sterling, il a démontré l’étendue de ses capacités en Ukraine puisque engins livrés par le Royaume-Uni aux forces ukraniennes seraient responsables de la destruction de 30 à 40% des 600 blindés que les forces russes ont perdus entre le février et avril 2022.

Par ailleurs, en janvier dernier, la Direction générale de l’armement [DGA] a commandé un nouveau lot de roquettes anti-char AT4 F2 [ou NG, pour nouvelle génération] auprès de Saab Bofors Dynamics pour 24 millions d’euros. Et cela en complément des missiles Eryx.

Mais, a priori, le ministère des Armées envisage le développement d’un nouveau missile anti-char peu onéreux. « En utilisant les leçons tirées de l’expérience ukrainienne, nous travaillons à la conception d’un missile abordable et pouvant être acquis en grande quantité, et qui réponde à des besoins opérationnels précis », a en effet avancé le général Gaudillière.

Par ailleurs, celui-ci a aussi laissé entendre que l’approvisionnement en obus de 155 mm pour l’artillerie était actuellement compliqué, alors que 20’000 ont récemment été commandés.

« La livraison des 20’000 obus ne sera pas aussi rapide qu’espéré, car les poudres, qui arrivent d’Allemagne, se trouvent sur le chemin critique. Nous recevrons les premiers obus l’année prochaine, mais la livraison s’accélérera à partir de 2025 », a-t-il dit.

D’où l’intérêt de relocaliser une filière poudre en France, et plus précisément à Bergerac, via le groupe Eurenco, comme l’a annoncé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, en février dernier.

En attendant, il s’agit de « faire autrement »… Et de se lancer dans le recyclage. « Nous avons trouvé [dans l’Établissement Principal des Munitions] de Brienne-le-Château des munitions d’artillerie : nous allons utiliser les poudres, les reconditionner à Bergerac et fabriquer des charges modulaires pour des munitions de 155 millimètres », a en effet expliqué le général Gaudillière. « Nous ne nous interdisons plus rien et nous déployons des processus novateurs ; si nous parvenons à livrer des charges modulaires plus rapidement, l’arrivée de certains des composants de ces 20’000 munitions pourrait être avancée », a-t-il conclu.

Photo : Missile Eryx tiré lors d’un exercice au Royaume-Uni – MoD

Vers une solution intermédiaire pour faire le lien entre le Leclerc et le char franco-allemand du projet MGCS?

Vers une solution intermédiaire pour faire le lien entre le Leclerc et le char franco-allemand du projet MGCS?

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D’ailleurs, de l’aveu même de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, ce retard commence à devenir préoccupant… alors que, dans le même temps, le ministère allemand de la Défense envisage de passer une importante commande de chars Leopard 2A8.

Au début, le programme MGCS ne devait pas poser de problème particulier, notamment au niveau du partage des tâches [à 50-50], étant donné que la co-entreprise KNDS, formée par le français Nexter et l’allemand Krauss-Maffei Wegmann [KMW] avait été mise sur les rails pour le mener à bien. Seulement, l’arrivée dans le projet de Rheinmetall – qui mise par ailleurs sur son char KF-51 « Panther » – a bousculé les équilibres… D’où les difficultés à se mettre d’accord sur les questions industrielles et technologiques.

Cependant, le 2 mai, lors de son audition par les députés de la commission de la Défense, dans le cadre de l’examen du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, s’est voulu rassurant, malgré les difficultés.

« Ce n’est pas parce qu’on dit que c’est compliqué ou que l’on est inquiet que ça va dans le mur. Nous avons la volonté, de toute manière, d’avoir un avenir à notre feuille de route de char de combat. C’est suivi au plus haut niveau de l’État. Et donc, là aussi, il y a des jalons […] qui nous permettront de développer des solutions alternatives si jamais on se rend compte que le programme MGCS ne se réalise pas comme prévu », a expliqué M. Chiva aux députés. À noter que cette démarche vaut aussi pour le Système de combat aérien du futur [SCAF].

Cela étant, a poursuivi le DGA, il « n’y a pas d’inquiétude à avoir » pour l’instant, précisant que huit MTD [Main Technical Demonstrateurs] devraient être lancés », après avoir fait l’objet d’une récente discussion entre M. Lecornu et son homologue allemand, Boris Pistorius. Toutefois, le programme MGCS doit compter treize MTD… Et M Chiva n’a pas précisé ceux qui ont été évoqués par les deux ministres. En tout cas, a-t-il assuré, « nous sommes en train d’essayer d’accélérer » et « nous sommes très conscients des différents […] points de passage obligés afin de pouvoir conserver notre capacité opérationnelle en matière de char de combat ».

À noter que le MGCS n’est cité qu’une seule fois dans le projet de LPM 2024-30. Et pour dire qu’il « doit préparer l’avenir du combat terrestre ». Ce qui est vague… En outre, le texte confirme que l’armée de Terre pourra aligner 200 chars Leclerc portés au standard XLR… dont 160 en 2030, les quarante derniers devant lui être livrés au cours des cinq années suivantes. À moins qu’il en aille autrement…

En effet, le char de combat du futur n’est qu’un élément du programme MCGS, lequel vise à mettre au point d’autres capacités [robots terrestres, drones, combat collaboratif, munitions, etc]. Aussi, son développement pourrait être remis à une échéance plus lointaine… D’où l’éventualité d’une « solution intermédiaire » pour remplacer le Leclerc d’ici-là.

Cette hypothèse a été évoquée par Nicolas Chamussy, le Pdg de Nexter, à l’occasion d’une nouvelle audition à l’Assemblée nationale, ce 3 mai. « Le MGCS reste en ligne de mire pour la préparation de l’avenir d’un programme de char de combat en coopération avec l’Allemagne. […] Il faudra une solution intermédiaire, d’une manière ou d’une autre, pour succéder au char Leclerc. Solution qui s’impose petit à petit, du fait du contexte ukrainien et de l’arrivée de chars avec de nouvelles capacités », a-t-il dit.

Pour répondre à ce besoin de solution intermédiaire [déjà évoquée par M. Lecornu, selon lui], « on a proposé le concept d’E-MBT, un char qui capitalise sur les compétences et les acquis en Allemagne et en France du groupe KNDS », a précisé le Pdg de Nexter.

Cet E-MBT « fait clairement partie des solutions envisagées en réponse à la demande du ministre de trouver une solution intermédiaire, quoi qu’il arrive », a insisté M. Chamussy.

Probablement que l’on en saura davantage quand M. Lecornu sera auditionné par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées… où à l’occasion des débats sur le projet de LPM 2024-30.

Orion 4: les sapeurs d’Angers ont ouvert la voie aux Leclerc de la 2e brigade blindée

Orion 4: les sapeurs d’Angers ont ouvert la voie aux Leclerc de la 2e brigade blindée

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 4 mai 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Ils n’étaient qu’une quarantaine sur les quelque 12 000 soldats français et étrangers engagés dans Orion 2023, le plus grand exercice militaire de ces trente dernières années; mais les sapeurs angevins du 6e régiment du génie ont rempli leur mission avec efficacité.

La phase 4 de l’exercice Orion s’est jouée ces quinze derniers jours dans l’est de la France, dans un quadrilatère de 400 km sur 250 km, en partie dans les camps de Champagne (Suippes, Mailly, Sissonne, Mourmelon, Bitche) mais aussi en terrain libre, sous l’œil intéressé des populations locales.

A Givry-sur-Aisne, un bourg de 300 habitants sur les bords de la rivière, les curieux étaient nombreux, dès le petit matin, pour observer la manœuvre des engins du génie. « Les militaires du 6e RG ? Ils sont déjà à l’œuvre et préparent le franchissement« , explique le colonel Cedric Méreuze qui commande le 31e régiment du génie. « Pourquoi ce franchissement ? Parce que les ponts sur la rivière ont été détruits ou endommagés par l’ennemi qui se replie. Parce qu’il faut faire franchir l’Aisne aux unités de la 2e brigade blindée qui a lancé sa contre-attaque ».

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Selon le scénario de la phase 4 d’Orion, l’État Mercure souhaite rétablir son influence régionale sur l’État Arnland. Il a d’abord apporté un soutien matériel et financier à la milice Tantale en lutte contre les forces gouvernementales d’Arnland. Puis il a lancé une attaque aéroterrestre pour faire reculer les forces d’une coalition rassemblée, sous commandement français et sous mandat Onu et Otan, pour protéger l’intégrité de l’État Arnland. Les brigades alliées, soutenues par l’aviation et l’artillerie, ont d’abord contenu les assaillants puis ont contre-attaqué ; d’où l’impératif et rapide franchissement de l’Aisne par les unités blindées en vue d’une action décisive.

« A six heures du matin, le génie de combat a aménagé deux points de passage sur la rivière », explique le major Patrick, le chef de la section du 6e régiment du génie d’Angers qui renforce le 31e régiment du génie de Castelsarrasin. « En 15 minutes, nous avons déployé un engin de franchissement de l’avant qui permet des franchissements continus aux véhicules jusqu’à 70 tonnes puis un pont flottant motorisé (PMF) ».

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Le major commande la quarantaine de sapeurs angevins dont le sergent Jonathan. Lui a supervisé la mise en place du PMF qui « peut être utilisé comme un pont ou comme un bac naviguant d’une rive à l’autre ». Aussitôt les engins de franchissement installés, les VBL (véhicules de combat légers) de la 2e brigade blindée ont traversé la rivière et lancé des patrouilles alors que les chars Leclerc blindés frappés de la croix de Lorraine du 12e régiment de cuirassiers franchissaient l’Aisne à leur tour en vue de la bataille de Mourmelon.

Mission accomplie pour les sapeurs : la contre-offensive franco-alliée a pu se poursuivre victorieusement.

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Les chars légers AMX-10RC cédés par la France à l’Infanterie de marine ukrainienne sont prêts à faire feu

Les chars légers AMX-10RC cédés par la France à l’Infanterie de marine ukrainienne sont prêts à faire feu

https://www.opex360.com/2023/04/18/les-chars-legers-amx-10rc-cedes-par-la-france-a-linfanterie-de-marine-ukrainienne-sont-prets-a-faire-feu/


 

Quoi qu’il en soit, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait alors assuré que les AMX-10RC seraient envoyés en Ukraine dans les deux mois à venir [soit en mars]. Et qu’ils seraient opérationnels une fois achevée la formation des équipages et des techniciens ukrainiens.

Le nombre de chars prélevés dans l’inventaire de l’armée de Terre [qui est en train de les remplacer progressivement par des Engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar] n’a jusqu’à présent jamais été officiellement précisé. Cependant, et sous réserve que les documents présentés comme émanant du Pentagone soient authentiques, au moins 14 exemplaires ont été livrés à la 37e Brigade de l’Infanterie de Marine ukrainienne, qui était encore en cours de création il y a encore peu.

Et, a priori, celle-ci est désormais prête à les utiliser. En effet, ce 18 avril, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksii Reznikov, a publié une vidéo montrant des AMX-10RC aux couleurs ukrainiennes en train de manoeuvrer. Et d’après la teneur de son message, ils sont aptes au combat.

« Les Marines ukraniens accueillent leur nouvelle monture de fabrication française : l’AMX-10! Nous l’avons essayé avec nos combattants et sommes convenus de l’appeler le ‘fusil de sniper rapide sur roues », a affirmé M. Reznikov, qui n’a pas manqué de remercier MM. Macron et Lecornu ainsi que [et surtout] « tous les Français » pour leur « soutien indéfectible ».

« Ces engins rapides et modernes, dotés de puissants canons, nous aideront à libérer notre territoire », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, il est possible que les techniciens ukrainiens aient apporté quelques modifications à ces AMX-10RC, l’un des interlocuteurs de M. Reznikov ayant assuré qu’ils pouvaient rouler à 120 km/h [contre 85 km/h selon les données techniques] su le « mécanicien peaufine quelque chose ». Propos sérieux ou Galéjade?

Cela étant, l’Ukraine pourrait prochainement recevoir un second lot d’AMX-10RC. « Je suis en train de regarder comment nous pouvons éventuellement faire une deuxième vague de cessions. Je suis en train de préparer un certain nombre de décisions pour le président de la République parce que ces [blindés]commencent à être bien pris en main par le partenaire ukrainien », a en effet récemment déclaré M. Lecornu, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

À cette occasion, le ministre a expliqué la raison pour laquelle la cession de chars Leclerc est exclue. « Je pense que nous n’aurions pas entraîné grand-chose avec des chars Leclerc. Pour cela, il aurait fallu exporter. […] L’exportation du char Leclerc, en revanche, a été timide. Par ailleurs, nous n’en produisons plus », a-t-il dit. Et d’insister : « La décision qui a été prise n’est pas liée à un tabou politique : elle est, au contraire, très opérationnelle ».

Berlin envisage de passer une importante de commande de chars Leopard 2A8 auprès de Krauss-Maffei Wegmann

Berlin envisage de passer une importante de commande de chars Leopard 2A8 auprès de Krauss-Maffei Wegmann

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Pour rappel, ce projet sous direction allemande est bloqué à la phase d’architecture dite SADS Part 1, lancée en 2020. Et cela en raison de désaccords sur les choix technologiques et le partage des tâches entre les industriels concernés. En outre, l’arrivée du groupe Rheinmetall dans ce programme, imposée par la partie allemande, a bousculé les équilibres dans la mesure où la co-entreprise KDNS, formée par Nexter et Krauss-Maffei Wegmann, devait initialement tenir un rôle prépondérant.

En tout cas, M. Lecornu a raison d’être inquiet… Selon l’édition allemande du magazine Capital, un rapport confidentiel remis à la commission du Budget du Bundestag [chambre basse du Parlement allemand, nldr], estimerait que l’objectif de voir se concrétiser le MGCS d’ici 2035 « n’est plus réalisable ». Et d’avancer que les « questions précédemment controversées » ne pouvaient « toujours pas être réglées », notamment dans quatre des huits « domaines technologiques » cruciaux, à commencer par celui de l’armement du futur char.

Quoi qu’il en soit, ce rapport fait écho aux propos qu’ont pu récemment tenir des sources industrielles allemandes et dont l’hebdomadaire économique « Wirtschaft Woche » s’est fait l’écho. Ainsi, pour celles-ci, le développement d’un nouveau char n’est pas une priorité dans la mesure où, actuellement, le Leopard 2A7+ engrange les commandes et qu’il a du potentiel pour évoluer.

« Le Leopard 2 restera probablement un produit de choix pendant un certain temps », a même estimé Susanne Wiegand, la Pdg du groupe Renk, qui produits certains composants du char allemand. Pour autant, cela n’empêcherait pas la poursuite du programme MGCS, le char de combat ne devant être qu’un « système » parmi d’autres [robots, drones, capteurs, etc].

Un autre signe peu encourageant pour l’avenir de ce char franco-allemand du « futur » est la commande qu’envisage de notifier Berlin à Krauss-Maffei Wegmann.

Ainsi, d’après des informations d’Europäische Sicherheit & Technik [ESUT], les 18 Leopard 2A6 cédés par la Bundeswehr à l’armée ukrainienne devraient être remplacés par autant de Leopard 2A8 [et non des Leopard 2A7+ comme précédemment avancé], via un accord-cadre contenant des « options pour la livraison d’un nombre à trois chiffres de chars de combat du même type ».

« Pour la première fois depuis 1992, […] la Bundeswehr recevra des chars de combat entièrement nouveaux à partir du milieu des années 2020 », avance ESUT.

Doté d’une nouvelle motorisation et de systèmes de protection active, ce Leopard 2A8 sera développé à partir du Leopard 2A7HU, commandé à 44 exemplaires par la Hongrie en 2018. Il devrait servir de marche-pied version plus évoluée.

Évidemment, et si cette orientation se confirme, le projet de char franco-allemand n’aura d’intérêt que pour Paris… qui devra alors trouver une autre solution pour le remplacement de ses Leclerc, dont 160 [sur 200 initialement prévus] seront revalorisés d’ici 2030. Par ailleurs, Rheinmetall en sera aussi pour ses frais avec son KF-51 « Panther », dévoilé l’an passé, lors du salon EuroSatory. De même que le démonstrateur E-MBT, développé conjointement par Nexter et Krauss-Maffei Wegmann.