L’armée ukrainienne a capturé l’un des plus récents chars russes

L’armée ukrainienne a capturé l’un des plus récents chars russes

http://www.opex360.com/2022/09/19/larmee-ukrainienne-a-capture-lun-des-plus-recents-chars-russes/


 

Aussi, des unités russes contraintes de battre en retraite devant l’avancée de l’armée ukrainienne ont laissé certains équipements de premier plan derrière elles… Dont un véhicule R-381T2M faisant partie du système de guerre électronique R-381TM Taran-M. Cet engin, capturé dans la région de Kharkiv, permet d’intercepter les communications par radio.

Le R-371TM Taran-M est une évolution du R-381 Taran, un système mis au point durant la Guerre Froide pour non seulement intercepter les communications mais aussi géolocaliser les sources émettrices. Normalement, pour donner la pleine mesure de ses capacités, il se compose de cinq à sept véhicules. Mais chacun d’entre-eux peut être utilisé de manière indépendante.

Si les performances du R-381 Taran sont documentées, ce n’est pas le cas pour son successeur… D’où l’intérêt de la capture faite par l’armée ukrainienne… D’autant plus qu’il s’agit de la première de ce type de matériel. Cela étant, en mars, un autre système de guerre électronique, savoir un Krashuka-4, utilisé pour brouiller les communications, les radars et autres signaux GPS, a connu un sort identique. Trouvé dans la région de Kiev, il aurait été remis aux forces américaines…

 

Par ailleurs, l’armée ukrainienne a annoncé une autre prise. Le 18 septembre, celle-ci a annoncé, via Twitter, avoir mis la main sur un char T-90M « Proryv-3 », l’un des plus modernes en dotation au sein des forces terrestres russes. Celles-ci en ont perdu au moins un autre au combat, en mai dernier.

« Le dernier char russe T-90M a été retrouvé dans la région de Kharkiv en parfait état. Nous demandons à son propriétaire de contacter l’armée ukrainienne. Veuillez vous identifier par un signe : un drapeau blanc », a ironisé l’état-major ukrainien, qui en a profité pour diffuser des photographies montrant l’intérieur de cet engin.

Les premiers T-90M ont été livrés à l’armée russe en avril 2020 par Uralvagonzavod [UVZ]. D’une masse d’environ 50 tonnes, propulsé par un nouveau moteur diesel de 1130 chevaux, ce char est une évolution du T-90A, mis en service au début des années 1990.

Bénéficiant de quelques technologies développées pour le T-14 Armata [le futur char russe, ndlr], le T-90M est doté d’un canon lisse 2A46M-4 de 125 mm, système de contrôle de tir automatisé « Kalina », d’une protection active « Relikt » et d’une mitrailleuse téléopérée de 12,7 mm. Il est estimé que l’armée russe en compte une soixantaine d’exemplaires.

Celui qui a été récupéré par l’armée ukrainienne est en bon état [si ce n’est qu’il semble avoir un problème au niveau d’une chenille, ce qui expliquerait qu’il ait été abandonné]. Il a été trouvé sous une bâche « Nakidka », fabriquée avec un matériau censé absorbé les ondes radars.

Outre ce T-90M, et toujours dans la région de Kharkiv, l’armée ukrainienne a aussi récupéré un T-62, c’est à dire l’un des chars les plus… anciens des forces russes.

SCORPION : Le 1er Régiment Étranger de Cavalerie a reçu ses premiers blindés Jaguar

SCORPION : Le 1er Régiment Étranger de Cavalerie a reçu ses premiers blindés Jaguar

http://www.opex360.com/2022/08/25/scorpion-le-1er-regiment-etranger-de-cavalerie-a-recu-ses-premiers-blindes-jaguar/


 

Ainsi, 38 légionnaires du 1er Régiment Étranger de Cavalerie [REC], dont 18 pilotes et tireurs ainsi que 20 chefs d’engins, étaient attendus en mai dernier à Canjuers pour débuter leur formation « Jaguar ».

« L’équipage au complet [chef d’engin, pilote et tireur] doit se rendre au 1er RCA pour six semaines d’instruction. Une fois que l’ensemble du personnel d’une unité élémentaire sera formé, les régiments viendront percevoir les Jaguar », avait alors expliqué l’armée de Terre.

Cette phase est désormais derrière le 1e REC puisque cette unité de la Légion étrangère vient de recevoir ses deux premiers EBRC Jaguar, ce qui marque une nouvelle étape pour le programme SCORPION, après la mise en service des Véhicules blindés multi-rôles lourds [VBMR] Griffon.

 

« Une nouvelle ère s’ouvre au 1er REC. Les Jaguar arrivent au camp de Carpiagne. Le Royal Étranger devient le premier régiment des forces à s’équiper de cette nouvelle génération de blindé », s’est réjoui le colonel Henri Leinekugel Le Cocq, son chef de corps.

D’une masse d’environ 25 tonnes, aérotransportable, le Jaguar est armé d’un canon de canon 40 mm télescopé, de missiles Akeron MP [ex-MMP, fournis par MBDA, ndlr] et d’une mitrailleuse téléopérée de 7,62 mm. Affichant une excellente mobilité grâce à ses six roues motrices et un train arrière directeur, il est doté d’une protection élévée contre les mines, les engins explosifs improvisés [EEI] et autres menaces balistiques.

Mis en œuvre par un pilote, un tireur et un chef d’engin, le Jaguar dispose d’une autonomie de 800 km et peut rouler à la vitesse de 90 km/h sur route. « Bénéficiant de technologies innovantes en matière d’équipements et de capteurs, il a pour vocation de prendre part à des combats en zones urbaines ou montagneuses », souligne le ministère des Armées.

Selon la Loi de finances 2022, le groupement d’entreprises formé par Nexter, Arquus et Thales doit livrer 18 Jaguar de plus à l’armée de Terre d’ici la fin de cette année. Le programme SCORPION prévoit d’en mettre 300 exemplaires en service d’ici 2030. Le Régiment d’Infanterie Chars de Marine [RICM] devrait être la prochaine unité à troquer ses AMX-10 RCR contre des Jaguar.

Photo : 1er REC

MGCS : Nexter répond à Rheinmetall en diffusant les images impressionnantes des essais de son canon ASCALON

MGCS : Nexter répond à Rheinmetall en diffusant les images impressionnantes des essais de son canon ASCALON

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En quelque sorte, l’industriel d’outre-Rhin avait tiré le premier en dévoilant, en juillet 2020, vidéo à l’appui, un canon de 130 mm L/51 associé à un chargeur automatique de « pointe », devant augmenter « significativement la létalité à une période où les menaces se multiplient ».

Les images diffusées à l’époque par Rheinmetall montrèrent un obus traverser plusieurs plaques blindées. Ce qui ne pouvait que faire de l’effet. Depuis, le groupe allemand a présenté le KF-51 « Panther », un nouveau char doté de ce canon de 130 mm, lors de l’édition 2022 du salon de l’armement terrestre EuroSatory.

De son côté, et après avoir mené des essais avec un char Leclerc équipé d’un canon de 140mm, Nexter a présenté, en avril 2021, le concept ASCALON [pour Autoloaded and SCALable Outperforming guN], c’est à dire un nouveau canon « destiné à traiter les menaces lourdes de dernière génération tout en permettant d’anticiper les menaces du prochain demi-siècle ».

Conçu selon une architecture ouverte, avec des solutions techniques devant arriver à maturité d’ici 2025, le canon ASCALON utilise des munitions télescopées, stockées dans une tourelle à chargement automatique. De quoi accroître significativement la puissance de feu d’un char. « La chambre optimisée concilie des performances opérationnelles d’exception avec un niveau d’énergie proche des 10 mégajoules pour les munitions cinétiques, tout en demeurant en deçà du niveau de pression interne des calibres actuels », avait par ailleurs expliqué Nexter.

En outre, il est aussi question qu’ASCALON puisse tirer des munitions « intelligentes pour des tirs au-delà de la vue directe », ce qui ne pourra que réduire la vulnérabilité du char qui en sera équipé.

 

Un an plus tard, Nexter a mené les premiers essais de ce canon en mai, à la faveur d’une campagne de tir organisée à Alcochete, au Portugal. Si l’industriel n’a pas pu en produire les images lors d’EuroSatory 22, il s’est rattrapé en diffusant une vidéo intitulée « Sur la route du MGCS », via les réseaux sociaux, le 28 juin. Et, visiblement, ASCALON tient ses promesses pour le moment.

Les essais de ce canon de 140 mm [pour une masse d’environ trois tonnes] ont permis de « valider une première définition de concept », a précisé Dominique Bouchaud, le responsable du programme ASCALON chez Nexter. Et d’insister sur le potentiel d’évolution et les performances qu’est susceptible de procurer cette arme.

Du Gros, du beau, du lourd (2ème partie)

Du Gros, du beau, du lourd (2ème partie)

par Blablachars – publié le 24 juin 2022

https://blablachars.blogspot.com/2022/06/du-gros-du-beau-du-lourd-2eme-partie.html


Après les VCI (Véhicules de Combat d’Infanterie) que Blablachars vous a récemment présenté, le blog complétement blindé s’est intéressé aux « stars » de la catégorie des engins blindés chenillés, les chars de bataille. Dans ce domaine, Eurosatory a permis de découvrir, voir et approcher l’ensemble des productions en service ainsi que quelques engins prometteurs, démonstrateurs technologiques ou combinaisons judicieuses de l’ancien et du moderne. Les engins exposés durant cette semaine parisienne ont permis de confirmer que le char n’était pas mort et qu’il était bien de retour chez les militaires (pour ceux qui l’avaient abandonné) et chez les industriels, qui ont pu présenter leurs innovations dans le domaine, aux côtés des engins existants.

C’est avec le vétéran du salon que débute ce tour d’horizon blindé. Le M1A2 présenté par la 3ème Division d’Infanterie américaine n’était certainement pas le char le plus moderne du plateau mais il était certainement celui qui avait le plus servi et certainement dans des contrées lointaines au vu des nombreuses traces de peinture sable affleurant sous le camouflage centre-Europe. Le char exposé était un M1A2 SEP V2, entré en production à partir de 1990 et intégrant les premiers sous ensembles numériques, comme des écrans multifonctions, une unité de gestion numérique du moteur (DECU Digital Engine Control Unit), de la tourelle (TEU Turret Electronics unit) et du châssis (HEU Hull Electronics Unit), tous reliés à un bus numérique. La 3ème Division devrait entamer sa transformation sur M1A2 SEPV3 après son déploiement en Europe.

 

M1A2 SEP V2 « dans son jus »

Un autre engin d’une génération plus ancienne était également visible sur les extérieurs du salon. Cependant cette antériorité ne concernait que le châssis, qui était celui d’un Leopard 1 sur lequel la firme belge John Cockerill Defense a astucieusement « greffé » une tourelle 3105, armée comme son nom l’indique d’un canon rayé de 105mm. Le résultat obtenu, même s’il doit encore être affiné, envoie un message clair aux pays utilisateurs de chars plus anciens. Si le châssis choisi est celui du Leopard 1, utilisé aujourd’hui par le Brésil, rien n’interdit en effet de penser que cette modernisation pourrait être appliquée à des chars autres que le Leopard 1. A l’heure ou de nombreux pays souhaitent réintégrer le char de bataille dans leur arsenal, l’assemblage proposé par John Cockerill constitue une piste de modernisation à ne pas négliger ; Pour des raisons évidentes de cout, mais aussi parce que le calibre de 105mm reste d’actualité comme le montre le programme MPF (Mobile Protected Fire) en cours aux États-Unis. La pose de la tourelle 3105 sur le châssis du Leopard a nécessité la mise en place d’une entretoise conséquente qui accentue le défaut de tourelle, et de façon indirecte la vulnérabilité du char. Cependant ce bémol sera certainement compensé par l’adjonction d’un blindage composite, ou d’autres dispositifs de protection comme les chaînes anti-RPG que John Cockerill a placé sur l’arrière de la tourelle. Au final, cet assemblage illustre les possibilités existantes de modernisation de chars anciens et ouvre d’intéressantes perspectives.

C’est à l’intérieur du salon qu’il fallait se rendre pour découvrir sous forme de maquettes une famille dont les succès futurs pourraient bien bouleverser les données du marché mondial des chars. Cette famille était exposé dans le pavillon sud-coréen, plus précisément sur le stand de Hyundai Rotem, constructeur du K2. Trois modèles étaient présentés, à savoir le K2 originel en service dans l’armée de Séoul, le K2NO proposé à la Norvège pour le remplacement de ses Leopards 2 et enfin le K2PL dont la route vers la Pologne semble de plus en plus tracée, au vu des des dernières infos sur le sujet. Le K2 désert n’était pas exposé mais une photo en arrière plan rappelait aux visiteurs que le char avait effectué des tests en environnement désertique confirmant les informations parues il y a quelques mois. Il faut noter que le char visible sur la photo ne possède que six galets comme le K2 d’origine tandis que la version présentée à Edex 2021 était basée sur un châssis à sept galets. Hyundai Rotem a peut être entrepris le développement d’une version spécifique pour répondre aux demandes d’éventuels pays clients (Égypte ?) certainement différentes des besoins du Sultanat d’Oman, où le char sud-coréen est régulièrement donné vainqueur. La différence entre les deux engins proposés dans la zone MENA serait similaire à celle existant entre le K2NO et le K2PL. La maquette de ce dernier était accompagnée de la légende « The Indigineous main Battle Tank of Poland » tandis que celle du K2NO était définie comme  » Norway Export version of K2″. Quoiqu’il en soit la relative discrétion sud-coréenne n’empêche pas de constater le dynamisme du constructeur du K2 qui s’apprête à mettre un pied dans l’Europe des chars, au nez et à la barbe des industriels régionaux. 

Le K2 : Du désert au grand Nord !

K2 NO

K2 PL : L’artisan du succès

 

En l’absence de contribution italienne et britannique, c’est aux industriels français et allemands que revenaient la lourde tâche de défendre les couleurs européennes sur le salon. Pour cela les trois industriels concernés (KMW, Nexter et Rheinmetall) avaient imaginé des stands permettant une réelle mise en valeur de leur production  bien que témoignant d’une approche radicalement différente du sujet. Du côté de Rheinmetall, la vedette s’appelait KF-51 Panther dont la présentation avait été annoncée par plusieurs teasers et images diffusées par la firme allemande. Le KF51 était donc installé sur le chemin menant au pavillon (climatisé !) afin que personne ne puisse le rater. Visuellement très réussi, l’engin ne manquait pas de susciter la curiosité et de nombreuses questions auxquelles les éléments de langage « maison » permettait d’apporter des réponses précises. Sur le châssis, le train de roulement et le GMP sont les seuls éléments que le KF51 partagent avec son cousin Leopard2, le reste étant d’origine Rheinmetall comme le système de protection active Strike Shield ceinturant les flancs du char. Système à propos duquel notre interlocuteur nous a affirmé qu’il était efficace contre les munitions KE ou Flèche sur l’arc avant du char. Côté tourelle, les innovations semblent se bousculer avec des postes d’équipage standardisés, dominés par des écrans multifonctions, deux palonniers (à droite et à gauche) regroupant les actionneurs de la majorité des fonctions du char, un système de chargement automatique contenant 20 obus répartis dans deux caissons ou encore la possibilité d’embarquer un quatrième homme, sans oublier le canon de 130mm. Toutes ces innovations sont contenues dans un engin d’un poids n’excédant pas 60 tonnes, caractéristique qui semble avoir été une des principales exigences du développement du char. Bien que nombreuses, ces innovations ne doivent pas être réduites à la seule participation de Rheinmetall au programme MGCS, car elles révèlent la vision de la firme allemande dans le domaine des chars pour les 20 prochaines années.

KF51 Panther

Poste chef KF51

 

Il faut peu de temps pour se rendre du stand Rheinmetall à celui de KNDS, où l’aménagement du stand permet une mise en valeur élégante et ordonnée des productions du groupe franco-allemand. Comme les années précédentes et depuis la création de KNDS, le stand « commun » est organisé autour de deux pavillons distincts et de zones d’exposition propres à chacune des entités. On peut donc découvrir sur la partie gauche du stand les matériels développés et produits par KMW tandis que la partie droite est dévolue aux productions de Nexter. Le résultat (volontaire ?) de cette séparation est que, si vous souhaitez voir des engins blindés chenillés rendez vous côté allemand, alors que pour les véhicules médians à roues, c’est du côté français que cela se passe ! 

Le stand KNDS

Sans hésiter et fidèle à sa passion Blablachars se dirige vers les chars et le premier engin visible dans cet espace « germano-chenillé » n’est autre que le Leclerc Rénové, qui pourtant ne doit pas grand chose à KMW ! Il est suivi de l’EuroMBT qui fait son retour (envisagé par Blablachars avant le début du salon) sous la forme d’un démonstrateur technologique et par la dernière version du Leopard 2. La disposition des engins invite à une comparaison quasi instantanée entre le char français et son concurrent allemand, simplement séparés par l’EuroMBT. La juxtaposition des deux chars permet de mesurer l’écart qui s’est creusé depuis de longues années entre les deux engins, concrétisant la différence entre un char qui a bénéficié depuis le début de sa carrière d’investissements réguliers et un char objet d’investissements minimalistes pour lequel une mise à jour est prévue par le biais d’une timide modernisation. En élargissant la comparaison, on s’aperçoit que la conception innovante du Leclerc le place encore parmi les meilleurs chars du monde et que les solutions adoptées ont fait école et sont devenues aujourd’hui des must have des blindés modernes. Le Leopard 2 dans sa dernière version, pourtant basé sur un châssis d’une génération antérieure est aujourd’hui un engin abouti, résultat d’une longue évolution ponctuée par développement de sept versions principales et d’au moins huit adaptations. La rénovation Scorpion du Leclerc sera la première évolution majeure du char après la production de trois séries (S1, S2 et SXXI) et d’une version export. Le Leclerc en avance sur son temps lors de son arrivée dans les forces, n’a connu aucune évolution majeure, faute de budget et certainement de volonté. Le déclassement qui le guette dans les dix prochaines années peut être évité par un programme de modernisation ambitieux dont le contenu et le financement doivent être définis dès aujourd’hui. 

Le Leclerc XLR

Le Leopard 2

Ce constat un peu amer est accentué par la présence de l’EMBT, vitrine technologique du savoir-faire des industriels impliqués, qui permet de constater que les technologies existent et peuvent être intégrées dès maintenant sur un char en service. On retrouve ainsi sur le démonstrateur des équipements tels qu’un système de protection active, une RWS armée d’un canon de 30mm destinée à la lutte anti drone, la possibilité d’embarquer un quatrième homme, opérateur système en attendant l’arrivée de l’intelligence artificielle, sans oublier le chargement automatique. L’architecture de la tourelle réellement novatrice illustre la volonté de rompre avec l’agencement traditionnel d’un char. Autre avancée technologique visible, le canon ASCALON, présenté avec ses munitions à côté de l’EMBT. Il est dommage mais parfaitement compréhensible que des aléas de calendrier aient empêché le montage de cette arme sur l’EMBT. Une telle combinaison aurait utilement contribué à renforcer le caractère innovant de l’engin exposé en démontrant la réalité de son intégration et constitué un symbole fort des capacités d’innovation de KNDS.  

EMBT

Le canon ASCALON

Munitions ASCALON

 

Les différences techniques et conceptuelles existant le KF51 et l’EMBT ne doivent pas être analysées au seul filtre du programme MGCS, dont les solutions techniques ne sont encore pas définies, certaines technologies n’étant pas encore disponibles ou suffisamment matures pour envisager leur intégration immédiate. L’opposition de style entre les deux engins démontre l’importance de l’innovation dans le domaine et la nécessité de consentir les investissements nécessaires pour disposer d’un engin adapté, sous peine d’être rapidement déclassé. Au-delà des différences techniques, les deux engins symbolisent chacun la vision de leurs concepteurs de l’avenir du char, accordant tous deux une place essentielle à l’innovation. 

Ce tour d’horizon démontre que le char est bien de retour dans la pensée militaire et dans les projets des industriels et ce en dépit des assertions répétées de nombreux experts, annonciateurs compulsifs et obsessionnels de sa mort à l’occasion de chacun de ses engagements. Le retour du char ne se traduit pas uniquement par le développement et la production de chars neufs, mais aussi par des initiatives dans le domaine de la modernisation de chars en service. Car neuf ou modernisé le char reste l’engin le plus puissant du champ de bataille terrestre, seul capable de manœuvrer pour détruire l’adversaire. Son retour dans la chose militaire, que Blablachars évoquera prochainement ne doit pas être considéré comme la résurgence de guerres passées mais plutôt comme la marque des conflits futurs dans lesquels la notion de puissance jouera un rôle essentiel.

Les défauts de la cuirasse: quel avenir pour les chars et les blindés?

Les défauts de la cuirasse: quel avenir pour les chars et les blindés?

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 23 juin 2022

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Marc Chassillan, qui a passé 35 ans dans l’industrie de défense (Nexter, Panhard, Arquus) et est professeur d’architecture des systèmes d’armes à l’ENSTA, est un grand spécialiste des véhicules de combat. Il s’interroge sur la prochaine génération de blindés sur fond de guerres en Ukraine et dans le Haut-Karabagh (photos Reuters et AFP). 

La guerre en Ukraine a relancé le débat sur le futur des blindés. Est-ce une surprise ?
Ce genre de questionnement est une constante dans l’histoire militaire. La cavalerie française au Moyen-Âge a connu des désastres et des heures de gloire. Les uns ont dit que c’était son crépuscule et d’autres qu’elle était irremplaçable. En Israël, lors de la guerre du Kippour, le même jour, des chars israéliens se sont fait hacher par les Égyptiens sur la ligne Bar Lev et d’autres ont sauvé Israël sur le Golan en taillant en pièces les Syriens. En Ukraine, on a tous vu les images de carcasses éparpillées, de scènes de désolation avec des colonnes de chars calcinés… Or, ce que les Ukrainiens réclament à cor et à cri, ce sont des blindés !En fait, les armes valent par l’emploi que l’on en fait, par la doctrine qui dirige leur utilisation et par la formation des soldats qui les utilisent. 

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Pourquoi un tel débat récurrent sur l’avenir du char ?
En période de disette budgétaire, tous les lobbies s’activent pour arracher l’argent sur les thèmes qu’ils défendent. Comme l’armée de Terre n’a pas engagé ses chars depuis 1991, sauf pour quelques opérations d’interposition (ex-Yougoslavie) ou de renforcement des frontières de l’Otan, la conclusion raccourcie sur l’utilité des chars tombe comme un couperet. Et puis l’orage s’abat soudainement sur l’Ukraine. 
Ensuite il y a le débat lancé par ceux qui parlent trop vite et qui dénoncent tout, ou par ceux qui ne privilégient que l’une ou l’autre des quatre fonctions essentielles du blindé : la mobilité, la puissance de feu, l’information et la protection. Alors que ces dimensions sont indissociables, on a tendance à n’en privilégier qu’une ou deux. En France, parce que depuis 20 ans, on s’est concentré sur la lutte antiguérilla, on privilégie la roue, très adaptée aux terrains des opex, plutôt que la chenille, et en matière de protection on renforce les blindages pour faire face aux Engins Explosifs Improvisés.
Or les agressions modernes ont changé la donne. D’où des exigences de protection balistique en hausse, ce qui conduit à des masses en inflation constante. 
Ce sont des choix que détermine le combat de haute intensité…Bien sûr, il faut donc prendre en compte les agressions modernes : celle des drones, celle des munitions plongeantes ou rôdeuses. La menace désormais vient du ciel et elle vise la partie la plus vulnérable des blindés : leur toit ou les compartiments moteurs. Si l’on privilégie la protection contre les agressions par le dessus, on va mettre en ligne des chars de 80 tonnes. Ces chars, techniquement faisables, coûteront cher à produire et à entretenir, consommeront beaucoup et s’avèreront être des engins quasiment inemployables. 

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Qu’est-ce que vous préconisez ?
C’est bien de faire grossir la caisse des blindés pour mieux accueillir des fantassins suréquipés et alourdis, mais le volume a presque doublé. D’un volume de 6 m3 dans le VAB, nous sommes passés à plus de 12 m3 dans le Griffon, sans que le nombre de fantassins n’ait augmenté. La silhouette ne s’est pas affinée : le toit du VAB était à 2,15 m et celui du Griffon culmine à 2,63 m. Le blindé Boxer australien pèse 38 tonnes et le sommet de sa tourelle est à 3,5 m ! Il faut stopper cette inflation des masses et des silhouettes qui rend les véhicules extrêmement vulnérables. Il faut des blindés plus bas, plus rapides, plus furtifs et mieux protégés aux bons endroits.
Il faudrait aussi revenir à des considérations sur les vertus du tir : l’identification, l’acquisition, la précision. Il faut tirer plus vite et plus loin, ce qui permet de réduire cette inflation des masses des blindés et de ne pas sur-blinder, donc alourdir, les véhicules. Car tirer le premier reste la meilleure des protections. Le concept de combat collaboratif y contribuera mais les armements devront là gagner en nombre et en puissance.
Il faut aussi revenir sur le choix de la roue. Il a été très pertinent depuis trente ans, compte tenu de nos engagements en particulier en Afrique. Or, il ne faut plus négliger le facteur terrain, surtout si nous intervenons en Europe de l’est, voire en Asie, et aussi dans des villes détruites où le franchissement des obstacles est malaisé. Le chenillé est un gage de mobilité. Mais seulement 7 % du parc de l’armée de Terre est chenillé. Ce ratio est supérieur à 20 % dans toutes les armées occidentales.

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Justement parlons de mobilité et de motorisation…
Pour propulser des engins plus lourds, il faut des motorisations plus puissantes et elles sont très consommatrices en carburant. L’entrée en service des blindés Griffon, Jaguar, Serval va faire bondir la consommation de l’armée de Terre de 700 000 à un million de mètres cubes. Les projets d’hybridation, à condition qu’ils tiennent leurs promesses, ne corrigeront cette augmentation qu’à la marge. Quant aux applications de l’hydrogène et l’électricité dans le domaine militaire, elles sont compliquées. On ne sait pas encore faire un char électrique et les armées ne savent pas encore se passer des moteurs thermiques.
En outre, le maintien en condition des moteurs thermiques va devoir être planifié. Qui peut garantir qu’un Griffon aujourd’hui propulsé par un moteur de camion verra son maintien en condition opérationnelle assuré en 2045 quand les fournisseurs actuels de moteurs ne fabriqueront plus que des batteries et des moteurs électriques. L’application sans discernement des formes civiles au domaine militaire ne peut conduire qu’à des sur-spécifications coûteuses.

Les armées françaises sont-elles conscientes de ces paramètres ?
On a quelquefois prévu le futur avec un rétroviseur. L’armée de Terre devrait impérativement et rapidement réfléchir à une stratégie de plateformes à un moment où la notion de puissance terrestre revient en force. Il faudra prendre des orientations fortes.
Il faut aussi restaurer notre puissance de feu. Notre capacité d’agression, ce n’est pas grand-chose aujourd’hui avec seulement 58 Caesar et 13 lance-roquettes LRU . Il s’agit aussi de reconstruire une défense antiaérienne que l’on a complètement liquidée puisque depuis des années nous agissons en situation de confort opératif absolu et nous n’avons pas eu en face de nous ni artillerie, ni drones ni avions de combat. L’Ukraine, à ce titre, offre une grille de lecture extrêmement cruelle de nos insuffisances. Il faut réagir mais il ne faut pas mettre 5 ans pour le faire.

Le projet franco-allemand de char de combat torpillé par le KF-51 « Panther » de Rheinmetall?

Le projet franco-allemand de char de combat torpillé par le KF-51 « Panther » de Rheinmetall?

par Laurent Lagneau – Zone militaire – publié le 14 juin 2022

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Lancé en juillet 2017 par la France et l’Allemagne, le programme MGCS [Main Ground Combat System] vise à mettre au point un système de combat terrestre centré sur un nouveau char lourd destiné à remplacer le Leclerc français et le Leopard 2 allemand.

Au départ, cette coopération s’annonçait simple, notamment grâce au rapprochement de Nexter et de Krauss-Maffei Weigmann via leur filiale commune KNDS. Rapprochement qui favorisait un partage à 50-50 des tâches entre les industriels français et allemands. Seulement, la situation s’est par la suite compliquée, Rheinmetall s’étant invité dans le projet, avec la bénédiction du Bundesministerium der verteidigung [BMVg, l’équivalent allemand de la DGA française], qui en assure la maîtrise d’ouvrage.

Résultat : le MGCS est maintenant embourbé, à cause de désaccords entre les industriels. Ce qui fait que la phase d’étude de définition de l’architecture du système [SADS Part 1], lancée en 2020, sera prolongée jusqu’en 2023, alors qu’elle aurait dû s’achever en janvier 2022. Ce délai supplémentaire, explique-t-on côté français, doit permettre de trouver un nouvel accord sur la répartition des tâches, en respectant le principe du 50-50 entre les deux parties.

Pour rappel, l’un des points de blocage porte sur le canon de char de combat [et donc sur les obus]. D’un côté, KNDS, et en particulier Nexter, défend son concept « Ascalon » [Autoloaded and SCALable Outperforming guN], qui utilise des munitions télescopées, stockées et intégrées dans une tourelle à chargement automatique. Ce qui permettrait, a priori, une augmentation de 70% de la puissance de feu par rapport à un canon standard de 120 mm.

De son côté, Rheinemetall veut imposer une nouvelle tourelle munie d’un canon de 130 mm/L51, associé à un « chargeur automatique de pointe ». Et ce concept a été intégré au KF-51 Panther, le nouveau char de combat que l’industriel allemand vient de dévoiler à l’occasion du salon de l’armement terrestre EuroSatory 2022.

Dans le détail, d’une masse de 59 tonnes, le KF-51 Panther intégre donc le « Rheinmetall Future Gun System », qui, composé d’un canon de 130 mm et d’un chargeur totalement automatisé, aurait une portée 50% supérieure à celle des canons de 120 mm, tout en ayant une cadence de tir « inégalée ». Une mitrailleuse coaxiale de 12,7 mm vient en complément, de même qu’une autre, de 7,62 mm, installée sur la nouvelle station d’armes télécommandée « Natter ». Rheinmetall précise que plusieurs options seront proposées, dont la capacité à mettre en oeuvre des munitions rôdeuses de type HERO 120, mises au point pour la lutte anti-char par l’israélien Uvision.

Pouvant être associée aux robots terrestres de la gamme Mission Master de Rheinmetall, dont une nouvelle version, appelée « Mission Master XT – Fire Support », peut également être armée de munitions rôdeuses HERO-120, le KF-51 « Panther » est conçu autour d’une architecture numérisée conforme à la norme NGVA [NATO Generic Vehicle Architecture], définie par l’Otan. Doté du capteur optique panoramique SEOSS, ses armes sont toutes connectées à un système de contrôle de tir informatisé comprenant des viseurs jour/nuit et des télémètres laser.

Par ailleurs, Rheinmetall insiste sur l’autoprotection de son nouveau char , un point important si l’on en juge par les retours d’expérience [RETEX] de la guerre en Ukraine. Le KF-51 Panther dispose d’un système à trois couches : active contre les missiles antichars et autres menaces « cinétiques », réactive et passive. Il dispose également d’un système de reconnaissance intégré par drone pour déceler les menaces au plut tôt et d’une capacité de détection de tir.

Offrant une aide à la décision reposant sur l’intelligence artificuelle, le KF-51 a été conçu pour être mis en œuvre par trois hommes. Mais il a de la place pour en accueillir un quatrième, notamment pour piloter les drones. Mais une version autonome [c’est à dire sans équipage] est envisagée.

Cela étant, Rheinmetall n’a rien dit au sujet du groupe motopropulseur… Si ce n’est qu’il donnera au KF-51 aura une autonomie supérieure à 500 km [et qui sera donc inférieure à celles du Leopard 2 et du Leclerc].

Le KF-51 a été développé en interne, sur fonds propres et « indépendamment » du MGCS… qu’il va très probablement concurrencer. « Le Panther apparaît ainsi comme un successeur potentiel du char de combat Leopard et des véhicules de combat similaires », fait valoir Rheinmetall.

Et il est aussi une réponse au char russe T-14 Armata… Ce qui, dans le contexte actuel, est un argument qui ne laissera pas insensible certains pays d’Europe centrale, voire la Bundeswehr. D’ailleurs, celle-ci aurait toute l’attention d’Armin Papperger, le Pdg de l’industriel allemand… D’autant plus qu’elle bénéficiera d’un investissement de 100 milliards d’euros, via la création d’un « fonds spécial ». En outre, le Panther pourrait devenir opérationnel assez rapidement… alors que le MGCS est embourbé et que l’année de sa mise en service est par conséquent incertaine.